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Chapitre 3 Théories de l’apprentissage linguistique et acquisition de la langue

3. Théories de l’apprentissage linguistique

3.1 Behaviorisme et l’analyse contrastive de l’erreur

La théorie béhavioriste des apprentissages se développe dans les années 1950 à 1960. Bien qu’elle soit beaucoup critiquée par les linguistes dès sa naissance et qu’elle soit abandonnée dans les études actuelles sur l’apprentissage de la langue, son influence semble subsister encore dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères. Et certaines des ses postulats peuvent nous inspirer des stratégies pour remédier aux erreurs.

En ce qui concerne l’analyse contrastive fondée sur le behaviorisme, malgré ses apports restreints dans la pédagogie de l’erreur, certains fruits de ses recherches s’avèrent toujours raisonnables et convaincants. Pour ces raisons, nous tenons à les présenter ici.

Selon le behaviorisme, l’individu est conditionné par son environnement et tout apprentissage est considéré comme une formation d’habitude. Du point de vue behavioriste, le processus d’apprentissage est composé de trois maillons : stimulus – réponse – renforcement. A un stimulus, l’individu va produire une réponse, qui sera renforcée par la réaction de l’environnement (feedback). Si le renforcement est positif, la réponse tendra à réapparaître ultérieurement dans les cas similaires. Sinon, elle disparaîtra.

L’expérimentation la plus connue qui illustre cette théorie est celle du rat de Skinner. Un rat affamé est emprisonné dans une cage comportant un levier. Lorsque le rat touche le levier, une boulette de nourriture lui est donnée. Au début, le rat touche le levier par hasard, mais progressivement, à la suite de nombreux essais, il réalise le lien entre levier et nourriture : chaque fois quand il appuie le levier, une boulette lui tombe. Enfin le rat sera conditionné par ce renforcement positif et appuiera de plus en plus vite sur le levier quand il aura faim. Ainsi établit un apprentissage chez le rat. Le processus d’apprentissage pourrait être illustré par le schéma suivant :

Faim Levier Boulette Stimulus Réponse Renforcement

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Selon le behaviorisme, ce processus d’apprentissage peut être appliqué aussi aux êtres humains et par conséquent dans l’enseignement/apprentissage des langues. Pour que

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l’apprenant apprenne, il suffit de fournir un renforcement positif à l’égard d’une bonne réponse et de répéter plusieurs fois ce mécanisme pour que l’apprenant mémorise et automatise les structures langagières.

L’analyse contrastive de l’erreur a vu le jour en se basant sur le behaviorisme. L’idée principale de l’analyse contrastive est que l’erreur vient du transfert des habitudes établies dans l’apprentissage de la langue maternelle vers celles de la langue étrangère. Les ressemblances entre les deux langues favorisent la formation des habitudes langagières dans la langue cible, car le transfert est positif. Néanmoins, les différences entre les langues ne permettent pas le transfert d’habitudes et l’apprenant devrait consacrer plus de temps pour établir une nouvelle habitude différente de celle de la langue maternelle. Si l’apprenant transfère son habitude ancienne dans la langue cible, l’erreur apparaît. Il s’agit ainsi d’un transfert négatif.

Selon le behaviorisme, il est donc nécessaire de comparer les deux langues afin de trouver toutes les ressemblances et différences, car si on connaît extrêmement bien les différences entre les deux langues, on pourrait prévoir les difficultés et par conséquent éviter ou éliminer les erreurs.

Néanmoins, beaucoup d’erreurs prévues ne se produisent pas ou se produisent rarement dans la pratique de l’apprentissage. De plus, des apprenants de langues maternelles différentes commettent néanmoins des erreurs identiques. La distance et la proximité formelles entre les langues deviennent ainsi des facteurs susceptibles pour induire des comportements différents. Et les erreurs imputées à l’interférence existent également chez les élèves natifs. Par ailleurs, la notion de transfert positif ou négatif est en effet très difficile d’être déterminée. Dans la pratique, plusieurs processus d’apprentissage pourraient se combiner pour formuler une énonciation en langue étrangère. Il est donc impossible de répartir la proportion respective du transfert positif ou négatif. En ce sens, une comparaison terme à terme se complexifie et devient pragmatiquement peu faisable.

Bien que la position du behaviorisme soit rejetée par les chercheurs d’aujourd’hui, sa mise en valeur de l’automatisation dans l’apprentissage ne doit pas être abandonnée, car tout apprentissage ne doit pas s’arrêter à une phase initiale de résolution de problème dans laquelle le traitement des informations ou l’action pertinente est un processus lent et demande une dépense cognitive importante.

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Apres la phase initiale de résolution contrôlée des problèmes, ... l’apprenant entre

progressivement dans la phase qui va conduire à un traitement automatique. C’est un passage

graduel qui s’effectue par la pratique et par la réflexion sur cette pratique, une réflexion qui

peut évidemment elle aussi être facilitée et orientée par le tuteur.91

Cette phase d’automatisation est nécessaire dans tout apprentissage et le processus d’apprentissage préconisé par le behaviorisme : stimulus – réponse – renforcement peut faciliter son accomplissement. De plus, les exercices de mécanisme ayant pour but de diminuer la dépense cognitive et d’automatiser les réponses favorisent aussi le stockage des informations (savoirs déclaratifs) ou des procédures d’action (savoirs procéduraux) dans la mémorisation à long terme.

Quant à l’analyse contrastive, malgré toutes les critiques, elle démarre une étude systématique sur l’erreur et souligne l’influence de la langue maternelle dans l’apprentissage de la langue étrangère, ce qui a été effectivement approuvé dans de nombreuses recherches.