2. Aspects méthodologiques de l’implantation cochléaire
2.6. Evaluation de la compréhension du langage
2.6.3. La batterie CRIC pour l’évaluation de la perception du langage
Le test des Paires Minimales (PM)
Le test des paires minimales a été développé par M. Deriaz. Il s’agit d’un test comprenant 18 paires de mots, les mots de chaque paire ne se différenciant que par un seul phonème. Les 18 paires sont divisées en 3 niveaux de difficulté croissante (voir Tableau 2.1).
On présente à l’enfant une planche avec deux images (p. ex: sapin-lapin, coq-phoque, château-bateau…). La thérapeute prononce à voix normale (et en empêchant toute lecture labiale par l’enfant) le mot correspondant à un seul des deux objets de la paire, et l’enfant doit désigner l’image correspondant au mot entendu. Le score est exprimé par le pourcentage de mots correctement identifiés. Ce test a l’avantage de pouvoir être répété à l’infini puisqu’il ne
Tableau 2.1 Test des Paires Minimales
Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3
1. sapin-lapin 7. gâteau – râteau 13. gâteau – bateau 2. chat – rat 8. gomme – pomme 14. poule – boule 3. lit – loup 9. pull – poule 15. biche – bûche 4. château – bateau 10. chapeau – chameau 16. poussin – coussin
5. coq – phoque 11. bouche – mouche 17. fer – verre 6. balle - boule 12. balle - bol 18. nid – nez
L’échelle “Capacity of Auditory Performance” (CAP)
L’échelle CAP est une échelle de catégories de performances auditives de l’enfant [Archbold et coll, 1998] (voir Tableau 2.2 ci-dessous). Cette échelle distingue 8 niveaux de performance bien adaptés à l’évaluation de l’enfant, allant du plus bas - le niveau 0 – lorsque l’enfant ne réagit pas aux bruits environnants, au plus élevé – le niveau 7 - lorsqu’il est capable d’utiliser le téléphone avec un interlocuteur connu.
Les 8 niveaux du CAP sont une simplification très schématique de tous les niveaux de performance qu’un enfant peut atteindre dans son environnement sonore. Grâce à cette simplification, tout thérapeute peut évaluer de façon rapide et compréhensible la performance auditive d’un enfant. Le CAP est particulièrement utile lorsqu’il est nécessaire de spécifier rapidement les capacités auditives d’un enfant pour prendre des décisions, au niveau éducationnel ou thérapeutique. Cette échelle permet aussi au thérapeute de suivre chaque étape de l’entrainement logopédique (Deriaz, 2009)
Tableau 2.2 Echelle « Capacity of Auditory Performance » (CAP) Niveau 0 Inattentif aux bruits de l’environnement Niveau 1 Attentif aux bruits de l’environnement Niveau 2 Répond à quelques sollicitations verbales Niveau 3 Identifie les bruits de l’environnement
Niveau 4 Comprend quelques mots sans l’aide de la lecture labiale Niveau 5 Comprend des phrases courantes sans l’aide de la lecture labiale Niveau 6 Comprend une conversation sans l’aide de la lecture labiale Niveau 7 Utilise le téléphone avec un interlocuteur connu
Le PBK est un test de répétition de mots monosyllabiques phonétiquement balancés. Il a été conçu en anglais par Haskins (Master’s thesis, Northwestern University) en 1949 et il est considéré comme un des tests les plus difficiles parmi les tests destinés aux enfants de moins de 7 ans [Lachs et coll, 1999]. Nous utilisons sa version française qui a été élaborée par l’équipe du Centre d’Implantation Cochléaire de l’Institut St Pierre à Palavas-Les-Flots, France (communication personnelle, Vieu A., Lupi A., Lanvin L. et Uziel A.).
Ce test est composé de 4 listes de 50 mots, comprenant chacune 150 phonèmes (voir Tableaux 2.3 ; 2.4 ; 2.5 et 2.6). La thérapeute prononce avec une voix normale (et en empêchant toute lecture labiale par l’enfant) un des mots choisi aléatoirement dans la liste et l’enfant doit le répéter. Le score est exprimé en pourcentage de mots (ou de phonèmes) répétés correctement.
Tableau 2.3 Test de répétition de mots monosyllabiques phonétiquement balancés « PBK »
Liste I
1. pou 19. ours 37. mer
2. thé 20. pomme 38. feuille
3. vol 21. gauche 39. bise
4. banque 22. but 40. rêve
5. jeune 23. vigne 41. voile
6. cinq 24. chut 42. âne
7. jambe 25. table 43. montre
8. larme 26. film 44. lettre
9. feutre 27. chiffre 45. ciel
10. griffe 28. nuage 46. truc
11. fleur 29. chant 47. aile
12. pont 30. ski 48. eau
13. faim 31. cou 49. riz
14. bleu 32. noix 50. clé
15. pot 33. pied
16. jus 34. bon
17. nuit 35. mordre
18. zoo 36. plat
Tableau 2.4 Test de répétition de mots monosyllabiques phonétiquement balancés « PBK »
Liste II
1. être 19. croire 37. onze
2. os 20. ville 38. jour
3. langue 21. neige 39. seul
4. tombe 22. coq 40. chef
5. gaz 23. paille 41. niche
6. puce 24. sage 42. robe
7. douche 25. meuble 43. veste
8. tigre 26. souffle 44. barque
9. zèbre 27. risque 45. glace
10. trente 28. pièce 46. huître
11. clown 29. frère 47. vin
12. roue 30. chez 48. cru
13. deux 31. lit 49. feu
14. beau 32. gant 50. main
15. trou 33. drap
16. pré 34. brun
17. nom 35. fou
18. poivre 36. blé
Tableau 2.5 Test de répétition de mots monosyllabiques phonétiquement balancés « PBK »
Liste III
1. miel 19. noir 37. course
2. droite 20. flaque 38. peu
3. faux 21. pie 39. chou
4. chaud 22. du 40. pain
5. tu 23. un 41. lait
6. vie 24. sang 42. gros
7. lion 25. trois 43. bruit
8. vrai 26. front 44. bouée
9. bing 27. herbe 45. ange
10. femme 28. pêche 46. sauce
11. patte 29. cœur 47. rhume
12. goutte 30. bande 48. dire
13. huile 31. bulle 49. œil
14. sol 32. nappe 50. chose
15. sable 33. fille
16. vitre 34. sucre
17. match 35. ventre
18. boucle 36. gifle
Tableau 2.6 Test de répétition de mots monosyllabiques phonétiquement
Le Test de Répétition de Phrases Simples (TRPS).
Ce test fait partie du « Test d’Evaluation des Perceptions et Productions de la Parole (TEPPP) », élaboré par le Centre d’Implantation Cochléaire de l’Institut St Pierre à Palavas-Les-Flots, France [Vieu et coll, 1999] (tableau 2.7). Il a deux objectifs distincts: (1) déterminer la capacité de l’enfant à identifier des phrases courantes comportant des structures morphosyntaxiques variées et, (2) évaluer la qualité de la production du langage de l’enfant.
Le vocabulaire et les phrases utilisés correspondent à un niveau simple, centré sur trois thèmes différents (la chambre à coucher, le petit déjeuner et l’école) que l’enfant peut très vite cerner. Chaque thème correspond à une liste de 14 phrases présentant une gradation des difficultés. Les structures des phrases sont réparties en déclarative, impérative et exclamative (voir Tableau 2.7).
La thérapeute prononce à voix normale (et en empêchant toute lecture labiale par l’enfant) une des phrases choisie aléatoirement dans la liste et l’enfant doit la répéter. Le score est exprimé en pourcentage de répétitions correctes sur un totale de 60 syllabes et de 48 mots par
Tableau 2.7 : Test de répétition de phrases simples (TRPS)
B. LA CHAMBRE A COUCHER RESULTATS
Bonjour
L’échelle « Speech Intelligibility Rating (SIR) »
L’échelle SIR est une échelle d’intelligibilité de la parole développée par Allen et coll [2001].
Cette échelle (voir Tableau 2.8) permet de classer l’intelligibilité de la production du langage de l’enfant en 5 niveaux de performance, allant du plus bas, le niveau 1, lorsque l’enfant est seulement capable de prononcer quelques mots prédéterminés, au plus élevé, le niveau 5, lorsqu’il peut se faire comprendre facilement par tous dans des situations de la vie quotidienne. Cette évaluation est faite par les personnes directement impliquées dans la réhabilitation de l’enfant sourd.
Cette échelle a l’avantage de contourner la limitation majeure des tests cliniques qui souvent ne permettent pas d’évaluer la performance réelle des tout petits enfants. Pour des raisons psychologiques, ceux-ci se comportent de façon différente qu’ils soient à la maison ou à l’école. Pour cette raison, il existe parfois une grande discordance entre les évaluateurs quand il s’agit de tester cette catégorie d’enfants [Allen et coll, 2001]. L’échelle SIR est un moyen pratique d’évaluer de façon simplifiée le développement de l’intelligibilité du discours dans la vie courante et/ou de suivre son évolution dans le temps.
Tableau 2.8 « Speech Intelligibility Rating » (SIR)
Niveau 1
Seulement quelques mots prédéterminés reconnaissables en langue orale (le mode de communication principal de l’enfant
peut être la langue de signes).
Niveau 2 Le discours est inintelligible, avec apparition de mots intelligibles dans un contexte et avec lecture labiale.
Niveau 3 Le discours est compréhensible pour un interlocuteur avisé dans un contexte connu.
Niveau 4 Le discours est intelligible pour un interlocuteur naïf;
l’interlocuteur peut comprendre s’il se concentre.
Niveau 5 Le discours est compris pour tous; l’enfant est facilement compris dans les situations de la vie quotidienne.