• Aucun résultat trouvé

Le bassin est-m´editerran´een, connaˆıt une tout autre situation avec au Nord comme au Sud le d´eveloppement d’une multitude de petitshubs

Le port grec du Pir´ee, longtemps premierhubde cet espace, enregistre 1,4 M EVP en 2007. Quitt´e

en 1996 par les armateurs Evergreen et Lloyd Triestino, qui ont pr´ef´er´e le nouveau venu Gioia Tauro,

il accuse une baisse consid´erable de son trafic. Mais les Grecs font jouer leur position de carrefour

entre l’Adriatique et la Mer Noire et se lancent dans une concurrence tarifaire et une am´elioration de

leurs infrastructures (tirant d’eau port´e `a 16,5 m et quai port´e `a 3100 m de longueur) afin d’attirer de

nouveaux armateurs. Le r´esultat ne se fait pas attendre. En 1997, Mediterranean Shipping Compagny

(MSC) quitte Marsaxlokk pour faire du port du Pir´ee son hub entre M´editerran´ee occidentale et

orientale.

Au niveau de l’Est du bassin, la situation est plus dispers´ee avec des ports chypriotes (Limassol,

Larnaca) et isra´eliens (Ashod et surtout Ha¨ıfa avec 0,8 M EVP) qui pourraient jouer un rˆole r´egional.

Des navires de lignes comme ceux de ZIM font escale `a Limassol et profite alors d’une flotte de

caboteurs bon march´e et sous pavillon de complaisance.

Au Sud, les ports ´egyptiens de Damiette et Port Sa¨ıd, situ´es au niveau de la sortie nord du canal

de Suez, sont devenus les hubs incontestables de cette M´editerran´ee orientale. Passages oblig´es sur

la route de Suez, ces ports ont vu leur trafic augmenter ces derni`eres ann´ees. Autour de Damiette

et Port Sa¨ıd, un r´eseau dense de lignesfeeders alimente les ports isra´eliens, libanais, syriens et turcs

(cf. fig. II.12). Damiette (0,9 M EVP), utilis´e comme port d’escale de la CMA-CGM, offre 8 places

`

a quais et un tirant d’eau de 14 m. Il est ´egalement desservi par une pl´eiade de puissants armateurs

comme Nippon Yusen Kaisha, Yang Ming Line ou Maersk depuis le rachat de PandO Nedlloyd. Il est

aujourd’hui dans une phase de modernisation et d’extension, en s’´equipant de nouveaux portiques,

en d´eveloppant les trafics rouliers et en renfor¸cant sa fonction de plate-forme logistique afin de rester

comp´etitif face au nouveau Suez Canal Container terminal (SCCT) de Port-Sa¨ıd.

La soci´et´e du SCCT, qui dispose d’une concession de 30 ans, a ´et´e cr´e´ee en janvier 2000 avec

une participation `a hauteur de 60% d’European Combined Transport (ECT, Pays-Bas) et AP Moller

Terminals, le solde ´etant d´etenu par les Egyptiens. Le terminal est r´ealis´e en deux ´etapes. La premi`ere

achev´ee en 2004 comprend la r´ealisation d’un quai de 1200 m et de 60 ha pour une capacit´e de 1,7

M d’EVP et accueille cinq portiques superpostpanamax. Le port doit encore s’agrandir grˆace `a une

seconde phase de travaux qui inclura la r´ealisation de 1200 m de quais suppl´ementaires. L’ambition

de ce nouveau port en eaux profondes est d’atteindre 3 M d’EVP par an en 2011, contrat en bonne

voie puisqu’il enregistre d´ej`a 2,6 Mt en 2007 et devient ainsi le premier hub du bassin oriental. Ce

nouveau port permet `a Maersk avec Algeciras, Tanger-Med et Gioia Tauro de compl´eter son r´eseau

m´editerran´een.

5.1 La M´editerran´ee portuaire 133

Figure II.12 – Un bipˆole pour les trafics en transbordement.

5.1.3 La M´editerran´ee, mer anim´ee par un dense r´eseau r´egional

Il est int´eressant d’observer l’organisation des r´eseaux r´egionaux des quelques op´erateurs poss´edant

des terminaux d´edi´es en M´editerran´ee, en particulier Maersk, CMA-CGM et Hanjin Shipping puisque

ces derniers op`erent sur le d´etroit de Gibraltar.

Les graphes ci-dessous (cf.fig. II.13, II.14 et II.15) repr´esentent les arbres cr´e´es par les lignesfeeders

de chaque op´erateur au d´epart d’un hub. En informatique, la caract´eristique d’un r´eseau en arbre est

une organisation hi´erarchique divis´ee en niveaux `a partir d’un nœud central de niveau sup´erieur.

L’analogie est rapidement faite avec le r´eseau en hub and spokes, les lignes feeders repr´esentant les

ramifications de l’arbre `a partir d’un tronc est-ouest. Chaque ligne `a comme point de d´epart un

terminal d´edi´e sur lequel a lieu une op´eration de transbordement depuis un navire-m`ere vers un navire

plus petit. Chaque feeder dessert ensuite un certain nombre de ports dans une zone g´eographique

qui reste circonscrite, puis retourne au terminal de d´epart (les retours ne sont pas repr´esent´es sur les

figures). Le r´eseau de Maersk apparaˆıt comme le mod`ele id´eal du hub and spokes puisqu’il offre une

desserte compl`ete et dense du bassin `a partir d’Algeciras, de Gioia Tauro et de Port-Sa¨ıd.

Figure II.13 –L’arbre de Maersk en M´editerran´ee en 2011. 64 nœuds, 105 arˆetes. Le d´epart de chaque ligne s’effectue depuis un hub. Les couleurs et/ou pointill´es permettent de diff´erencier les lignesfeeders. Les retours au terminal de d´epart ne sont pas repr´esent´es. Source : www.maerskline.com. R´ealisation N. Mare¨ı.

Figure II.14 –L’arbre de CMA-CGM en M´editerran´ee en 2011. 40 nœuds, 57 arˆetes. Source : www.cma-cgm.fr. R´ealisation N. Mare¨ı.

Figure II.15 – L’arbre de Hanjin Shipping en M´editerran´ee en 2011. 12 nœuds, 10 arˆetes. Source : www.hanjin.com. R´ealisation N. Mare¨ı.

5.1 La M´editerran´ee portuaire 135

Des calculs de connectivit´e du r´eseau ont ´et´e effectu´es sur ces arbres, en l’occurrence par des indices

dits globaux, tels α et γ (cf. annexe E). Ces indices informent de la qualit´e du maillage puisque

la connectivit´e permet d’´evaluer la multiplicit´e des liaisons assur´ees dans le syst`eme par le r´eseau

(Ducruet, 2010b; Dupuy, 1985; Haggett, 1973). Cependant, les r´esultats sont insignifiants. Chaque

r´eseau recueillant des indices tr`es faibles (inf´erieur `a 0,07 pour les arbres de Maersk et de

CMA-CGM), la connectivit´e est alors tr`es limit´ee. Le r´eseau de Maersk enregistre `a quelques centi`emes pr`es

les plus faibles valeurs. Ces r´esultats sont dus `a la hi´erarchisation tr`es forte de ces r´eseaux et leur

organisation centrip`ete vers une plate-forme distributrice.

S’il est clair qu’une organisation avec une arborescence dense comme celle de Maersk est efficace

en termes de port´ee et de couverture d’un march´e, son d´efaut r´eside dans une trop grande importance

donn´ee `a unhubqui devient alors un maillon indispensable du syst`eme et donc la source d’une certaine

vuln´erabilit´e.

La connectivit´e apparaˆıt alors comme une propri´et´e antinomique de la notion d’´economies d’´echelle

puisque am´eliorer la premi`ere consisterait `a r´eduire le risque de rupture d’un maillon du r´eseau en

augmentant le maillage alors qu’ am´eliorer la seconde conduirait `a l’inverse c’est-`a-dire augmenter la

concentration du r´eseau autour d’une plate-forme distributrice et ´etendre alors le syst`eme portuaire

de niveau secondaire avec un d´eclassement de certains nœuds. Les op´erateurs sont donc confront´es `a

ce dilemme qu’ils r´esolvent en multipliant les hubs d’un secteur (Algeciras / Tanger-Med ; Tanjung

Pelapas / Singapour) et donc en exacerbant la concurrence entre plate-formes et la volatilit´e des trafics

portuaires.

Les graphes laissent ´egalement apparaˆıtre deux types de hubs. Ceux `a vocation de desserte

r´egionale qui se retrouvent au centre d’une arborescence fournie formant alors un syst`eme dewet-transit

`

a destination d’un ”arri`ere-pays r´etro-maritime”. Et ceux offrant un r´eseau secondaire tr`es r´eduit et

qui ont plutˆot une vocation de hub d’interchange entre les lignes r´eguli`eres intercontinentales faisant

escale au port. Toutefois, dans les deux situations, les conteneurs transbord´es sont manutentionn´es

deux fois, gonflant ainsi les chiffres de l’activit´e conteneurs. Ce sont les strat´egies des op´erateurs qui

donnent l’une ou l’autre des qualit´es `a un terminal.

Un second type de syst`eme d’´echange est bien implant´e en M´editerran´ee, celui empruntant le dense

r´eseau de lignes ro-pax. Ce type de lignes forme surtout l’armature d’un r´eseau intra-m´editerran´een

d’´echange nord-sud, mais qui a les potentialit´es de court-circuiter le trafic conteneur traditionnel au

sein du march´e r´egional. Ce syst`eme fonctionne sur un mode de manutention horizontale, en opposition

`

a la manutention classique

3

o`u les produits sont charg´es `a la verticale par des grues sp´ecialis´ees et

a une strat´egie de desserte propre, compl´ementaire de la seconde mais ´egalement concurrente. Les

conteneurs qui passent par le syst`eme ro-ro constituent d’une certaine mani`ere un manque `a gagner

pour la conteneurisation classique et donc pour les lignes feeders comme pour l’interchange entre

grandes lignes passant par les ports m´editerran´eens.

Il n’est pas ´evident d’´evaluer avec pr´ecision le nombre de conteneurs ou de semi-remorques,

empruntant ce r´eseau car les statistiques ne sont pas toujours claires `a cet ´egard, mais cette concurrence

est r´eelle en particulier pour des groupes comme Grandi Navi Veloci ou Grimaldi lines qui alignent des

Outline

Documents relatifs