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B Economie sur les coûts du développement urbain

Dans le document Forme Urbaine et Mobilité Quotidienne (Page 68-70)

Le deuxième avantage concerne les coûts du développement urbain en termes de

dépenses effectivement réalisées73. L’idée est que pour l’ensemble des réseaux (gaz,

électricité, voirie, etc.), la diminution des densités causée par l’étalement provoque un allongement des distances et donc un gonflement des coûts de construction et d’entretien.

Suite au renouveau de la problématique des densités dans les années 1990 (Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, 1999), la recherche s’interroge sur le lien entre la densité et les coûts de fourniture de certains services publics. Cependant, les résultats sont contradictoires et ne permettent pas de dégager de véritable consensus à ce propos. Nous exposerons l’influence de la densité sur les coûts de construction et de fonctionnement des logements puis aux coûts liés à la fourniture de biens et services publics locaux.

1. Les fortes densités étant obtenues par la prédominance des logements collectifs74,

des différences dans les coûts de construction des logements individuels et collectifs peuvent aboutir à la formation d’économies ou de déséconomies de compacité.

Les coûts de construction des logements neufs au m2 sont supérieurs pour l’habitat

collectif 75. Ce résultat est obtenu à partir de données sur 17 opérations réalisées entre 1998 et

1999, et d’une enquête auprès de constructeurs et de promoteurs concernant 33 opérations. On a cherché à maintenir constant le niveau de prestations des logements (Morlet, 2001).

Deux études apportent des conclusions contradictoires quant à la relation entre type et coût de fonctionnement des logements, notamment pour le chauffage. V. Fouchier (1997a) arrive à la conclusion que ces coûts sont moindres pour le logement collectif, en raison de phénomènes de diffusion de la chaleur et d’un plus faible volume à chauffer. Inversement, O.

73 Par opposition aux coûts sociaux de l’urbanisation, dans lesquels sont inclus notamment les coûts de la

mobilité.

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Même si V. Fouchier (1997a) montre que les formes urbaines peuvent varier largement pour une même densité, nous supposons que les logements collectifs sont associés à des densités élevées.

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Les coûts de construction comprennent le prix des travaux et les honoraires divers (architecture, ingénierie, contrôle technique et assurance dommage ouvrage).

I° Partie Chapitre II

68 Morlet (2001), à partir de données exhaustives (l’ensemble du parc de logements français), montre qu’il n’y a pas de différence significative de consommation énergétique pour le chauffage pour les logements individuels et collectifs construits après 1975. Des réglementations thermiques plus exigeantes et le développement de modes de chauffage plus économes peuvent expliquer ce résultat.

La mise en place de solutions énergétiques novatrices à moindre coût peut dépendre de la densité. La cogénération (ou CHP – Combined Heat and Power) est une technique de récupération des pertes de chaleur (jusqu’à 60% de la production) dans les centrales électriques et de redistribution via un réseau de canalisations (Nijkamp & Perrels, 1994). Des densités élevées sont une condition suffisante à la réduction des coûts de mise en place et d’entretien de ce réseau (Nijkamp & Pepping, 1998).

2. En ce qui concerne les coûts d’investissement et de fonctionnement des biens et services publics locaux, les conclusions sont contrastées et dépendent de la nature du bien ou du service étudié.

A partir d’un échantillon de 247 comtés américains et de la technique de la régression « par morceaux » (piecewise regression), H. Ladd (1992) teste empiriquement le lien entre la

densité et différentes variables de dépenses publiques locales76. Les dépenses courantes par

tête sont liées à la densité par une courbe en « U » dont le minimum s’établit à 250 hab./mile carré ; les dépenses en capital ne suivent pas une relation dont la forme est clairement établie, sans aucun coefficient significiatif au seuil de 5% ; enfin, les dépenses de sécurité (public

safety) par tête adoptent elles aussi une forme en « U », avec un minimum à 750 hab./mile

carré. Cette approche « va à l’encontre de la vue de l’ingénieur selon laquelle des densités élevées sont associées à de moindres coûts de fourniture des services publics. » (p. 292). L’explication réside sans doute dans le fait que les densités élevées fournissent « un environnement plus hostile (harsher) (…) qui nécessite davantage d’inputs publics pour un niveau donné de service » (p. 293).

La mesure de l’impact de la densité sur les coûts de l’urbanisation passe par une évaluation économétrique des charges des communes (Guengant, 1998). On opère dans les budgets locaux une distinction entre les dépenses en infrastructures (voirie, eau, assainissement, électricité), sensibles aux effets de réseau, et les dépenses de superstructures (écoles, piscines, parcs…), sensibles à des effets de congestion à partir de certains seuils de densité (Guengant et alii, 1995). Si les premiers peuvent être sensibles de manière plutôt linéaire aux densités, le montant des seconds dépendrait plutôt de la population totale, adoptant une forme en escalier selon des seuils de saturation qui obligent à fournir des équipements supplémentaires.

Les résultats obtenus par A. Guengant (1992) dans une étude sur les communes périurbaines de Rennes ne confirment pas ces hypothèses : les coûts de développement par logement des infrastructures comme des superstructures sont croissants avec la densité.

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Elle prend soin de contrôler les taux de variation de la population, dont l’influence sur le niveau de dépenses est notable.

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Toutefois, la correction des effets de gamme (des disparités d’équipements de superstructure offerts) fait disparaître cette relation croissante et laisse plutôt supposer une absence de relation avec la densité.

L’exemple du lien entre la densité et le coût de la collecte des ordures ménagères est représentatif de l’incertitude quant à l’effet de la densité urbaine sur le coût de fourniture des biens et services publics locaux : d’un côté ces coûts peuvent décroître avec la densité car les distances à parcourir sont plus faibles et le centre de collecte moins éloigné en milieu dense (SOFRES-Conseil, 1997) ; de l’autre ils peuvent croître, car la capacité de stockage est plus importante en habitat individuel, donc la fréquence de collecte est moins élevée et les coûts plus faibles (Prud’Homme & Yatta, 1995, pour 230 communes d’Ile-de-France).

Symptomatique également de l’incertitude concernant les effets des densités résidentielles sur les coûts de l’urbanisation, deux études utilisant les mêmes données arrivent à des résultats différents. L’étude de la R.E.R.C. (1974) conclut à une influence négative de la densité résidentielle sur une variable de coûts de l’urbanisation agrégée (comprenant les coûts de fourniture et d’entretien des infrastructures et des superstructures (écoles, routes, etc.), la construction de logements et les impacts environnementaux (pollution non automobile, consommation d’eau, etc.)). Cinq ans plus tard, D. Windsor (1979) reprend les mêmes données mais, en raison de l’emploi d’une méthodologie différente, nuance fortement les résultats de la R.E.R.C.

Le troisième avantage de la Ville Compacte est qu’elle permet un accès plus équitable à un certain nombre de biens et services urbains.

Dans le document Forme Urbaine et Mobilité Quotidienne (Page 68-70)

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