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?Chemin foncier

4.2.2.1 Bâtiment 2, état 1

Localisation

A une altitude de 471 m, le bâtiment 2 occupe la bordure d’un petit replat sur le versant oriental de l’anticlinal du Banné ;

B3 6 S2 S4 S3 13 12 18 15 17 16 14 21 22 23 24 29 25 26 27 28 30 19 20 S1 B2 B1 SE UA-24961 1σ 80-220 ap. J.-C. UA-33155 1σ 125-230 ap. J.-C. 8 9 10 11 1 2 3 5 4 7 Cp 37 Cp 11/41 Cp 35 0 5 m Pa Pa Pa Pa Pi Pa Al Pa Fy Fy Erodé N

Fig. 98. Alle, Les Aiges, phase 2. Plan du bâtiment 2 et des structures connexes, situation des coupes 37, 11/41, 35 et résultats des datations 14C. B1 : bâtiment 2 ; B2 : appentis au bâtiment 2 ; B3 : construction sur poteaux ; S : solin ; SE : seuil ; Pa : paroi à claire-voie effondrée ; Pi : pile en plaquettes calcaires ; Al : alignement de blocs cal-caires . 1, Fy : foyers ; 2, 3, 5 : fosses ; 4, 6-20, 23-24, 26-29 : trous de poteau ; 21-22, 30 : piquets ; 25 : sillon bordé de tuiles. En filigrane : bâtiment 3 ultérieur (phase 3).

à l’est, la façade a été établie à l’amorce de la reprise de la pente, toutefois peu prononcée à cet emplacement (fig. 97). L’angle sud-est de l’édifice en question recouvre presque en totalité le grenier antérieur établi sur poteaux, selon une orientation iden-tique. Cette construction initiale a été datée de La Tène D2 à Vespasien au plus tard (bâtiment 1, chap. 3.5).

Stratigraphie

La couche archéologique et les structures relatives à cette phase 2 (fig. 99, couche B1 ; fig. 98) occupent la partie som-mitale d’un niveau de limons brunifiés à charbons de bois de l’Holocène (couche 3), marqué à sa base par des bioturbations (chap. 2.4). Ce dépôt colluvié repose sur des lœss du Pléisto-cène, établis sur un socle calcaire très karstifié (couche 4). Les vestiges de la phase 2 sont recouverts par les couches archéolo-giques des aménagements postérieurs (fig. 99, C1 et D6). Cette situation prévaut sur la majeure partie de l’aire du bâtiment 2, à l’exception de l’angle nord où l’érosion a par ailleurs effacé la quasi-totalité des vestiges gallo-romains. Sur l’ensemble du site, ces derniers sont scellés par des colluvions de limons bruns qui se sont mises en place du Moyen Age à l’époque actuelle (couches 2 et 1).

Plus précisément, le niveau archéologique B1 comporte dans une matrice de limons brun foncé de nombreux fragments de tuiles de petites dimensions, altérés par le feu (teintes gris bleuté à rouge) et parfois scorifiés. On y trouve aussi beaucoup de charbon de bois ainsi que des graines carbonisées ; le mobi-lier manufacturé, peu abondant, est représenté surtout par des tessons de céramique, des clous et deux fibules, complétés par des ossements de faune et des témoins du travail du fer. Cette couche occupe l’aire interne de l’édifice ainsi que celle couverte par un appentis construit plus tard contre la façade sud (chap. 4.2.2.2). Vers l’aval, au nord et à l’est de la bâtisse, elle s’étend de 1 à 2 m à l’extérieur des parois de cette der-nière ; il s’agit là de dépôts correspondant à un déplacement de la couche archéologique lors des travaux de terrassement ultérieurs.

Il faut noter que le sol de circulation du bâtiment 2 est constitué des seuls limons naturels du substrat sédimentaire. Cette situa-tion signifie que la distincsitua-tion d’avec le mobilier de l’occupasitua-tion antérieure du site (phase 1) est difficile à opérer, d’autant plus que les bâtisses principales des phases 1 et 2 (bâtiments 1 et 2) se superposent (fig. 97 ; chap. 3.5.1).

Fondations

Cet édifice, à partir de son état initial (état 1), a subi quelques transformations durant sa période d’utilisation (états 2 et 3), estimée au plus à 150 ans. Toutefois, ces modifications se rap-portent seulement à un agrandissement (état 2) et à la réfection d’une façade (état 3). La succession de ces réaménagements apparaît de manière évidente, mais le moment de leur réalisa-tion reste inconnu. De surcroît, il n’est pas possible de relier les structures occupant l’aire interne du bâtiment à un état particu-lier ; on peut tout au plus supposer qu’elles étaient présentes à la fin de l’exploitation de cette construction.

472,00 471,00 B1 D6 2 1 3 4 C1 M2 M3 M4 M5 M6 M1 M2 S2

Solin S2 (projection) : phase 2 Solin S5 (projection) : phase 4

470,00 Phase 2 Phases 3 et 4 S5 Phase 4 Phase 3

Fig. 99. Alle, Les Aiges, phase 2. Coupe 37. Situation de la couche archéologique (B1) et d’un solin (S2, projection) relatifs au bâtiment 2. Au-dessus, niveaux archéologiques (C1) et mur M2 du bâtiment 3, phase 3, puis couche archéologique (D6) et solin (S5, projection) de la phase 4. 1 : humus ; 2 : limons de colluvions ; 3 : limons de colluvions brunifiés à charbons de bois ; 4 : lœss du Pléistocène supérieur ; socle calcaire.

Fig. 100. Alle, Les Aiges, phase 2. Vue latérale en coupe de deux assises du solin S1, formant la base de la façade ouest du bâtiment 2. Au-dessus, niveaux archéologiques relatifs au bâtiment 3, phases 3 et 4.

Le premier état du bâtiment 2 montre une construction de plan rectangulaire (19,6 x 14,4 m) qui couvre une surface de 282 m2, l’aire interne atteignant 240 m2 (fig. 98). Les façades reposent sur des fondations constituées de solins, larges d’une soixan-taine de centimètres, conservés sur deux assises, atteignant une hauteur d’à peine 20 cm (fig. 103, S1 à S4). Celles-ci compren-nent en général un agencement de deux lignes de blocs cal-caires plutôt plats de 10 à 30 cm de longueur (fig. 100), en partie équarris, avec deux faces planes opposées et une troisième per-pendiculaire, formant le parement (fig. 101). Des cailloux cal-caires non taillés ont été utilisés pour combler les interstices ou parfois pour caler ou renforcer les bords de l’assise inférieure. Les ouvriers ont sans doute appareillé les éléments de l’assise

supérieure avec du mortier de chaux (fig. 102), mais ce matériau n’était préservé que par endroits ; sa surface n’a laissé apparaître aucune éventuelle empreinte de sablière basse.

L’état de conservation de ces fondations étroites varie selon leur emplacement ; assez bon à l’ouest et au sud, l’angle nord-est de l’édifice a été complètement effacé par l’érosion (fig. 103). La partie ouest du solin marquant la façade nord (S2) a été affectée par les constructions ultérieures, de même que l’angle sud-est de la bâtisse (angle S3 et S4).

A l’angle sud-ouest de l’édifice, les fondations ont été élargies sur un tronçon de 7,2 m (SE). A cet emplacement, le solin est remplacé par un radier de cailloux enfoncés dans le sol, amé-nagé sur une largeur de 1 à 1,2 m et recouvert ensuite d’une couche de mortier : ce dispositif constitue le seuil d’accès à la bâtisse.

Fig. 101. Alle, Les Aiges, phase 2. Vue d’une portion du solin S2, formant la base de la façade nord du bâtiment 2. B1 B2 Al Pi S2 S4 S1 S3 SE Erodé 0 5 m N

Fig. 103. Alle, Les Aiges, phase 2. Plan pierre-à-pierre des aménagements en dur du bâtiment 2 (B1 et B2), révélant leur état de conservation. S : solin ; SE : seuil ; Pi : pile de plaquettes calcaires ;

Al : alignement de cailloux calcaires. En

filigrane : bâtiment 3 ultérieur.

Fig. 102. Alle, Les Aiges, phase 2. Vue de l’angle nord-ouest du bâtiment 2, formé de l’intersection des solins S1 et S2. Des résidus de mortier sont perceptibles en surface des moellons.

S2

S1

Superstructure de l’édifice

Les parois principales du bâtiment étaient constituées de bois, plus précisément de planches étroites ou de lattes rectilignes entrecroisées de manière perpendiculaire, laissant apparaître des vides (parois à claire-voie, fig. 104 et 105). Rien de concret ne permet d’affirmer que ces interstices étaient bouchés ; si tel était le cas, il ne pouvait s’agir que de matière organique (mousse, végétaux ?), mais aucun colmatage de terre ou d’argile n’a été utilisé. En effet, la fin de l’utilisation de l’édifice est due à un incendie dévastateur qui a permis la conservation d’une partie des matériaux organiques constitutifs de sa superstruc-ture. Lors de cet événement, des pans de parois se sont abattus et certains ont été préservés dans l’aire interne ou à l’extérieur (fig. 98, Pa) ; or, entre ces éléments de bois, aucune terre rubé-fiée n’a été retrouvée, qui prouverait l’utilisation de terre crue pour le colmatage. D’après les dimensions des pans de parois étalés au sol, la hauteur des murs est évaluée à environ 5 m. Si ces parois à claire-voie formées de petites pièces en bois ont subsisté, les fouilles n’ont en revanche pas révélé d’éléments plus importants (poteau, poutre ou madrier carbonisés) ; ces pièces de bois ont dû être évacuées lors des terrassements relatifs à l’érection du bâtiment 3, lors de la phase 3. Des poteaux devaient toutefois exister dans les façades, non seulement pour y faire tenir les claies en bois, mais aussi pour donner une assise assez rigide aux pannes et chevrons de la charpente. Lors de l’état 3 du bâtiment 2, relatif à une réfection de la paroi orientale, le solin est démantelé et l’ossature de la façade est alors constituée de gros poteaux implantés en profondeur (fig. 98.7,10,14-15). Dans les autres parois externes et cela dès l’état 1 du bâtiment 2, ces éléments verticaux ont dû être posés sur les solins, peut-être sur une sablière basse établie sur ces fondations.

La restitution de la charpente de l’édifice reste hypothétique. Il est cependant certain que la toiture était constituée de tuiles. La surface interne du bâtiment montre bien quelques trous de poteau (fig. 98 et 106.4,6,8-9), mais leur disposition ne permet pas d’affirmer qu’il s’agissait de supports à des entraits, dont la portée devait atteindre presque 15 m. Dans ce but, on ne peut que supposer la mise en place de poteaux reposant à même le sol ou sur des piles formées de plaquettes calcaires, telle que l’unique exemplaire préservé au sud (fig. 103, B2 et Pi), dans le

sol de l’appentis. Pour le reste, aucun indice ne révèle une quel-conque partition de l’espace interne. Les quelques poteaux déjà mentionnés auraient également pu servir à aménager des cloi-sons, mais ce n’est que pure conjecture. Ils peuvent aussi avoir été installés lors d’une phase de réfection, pour soutenir une poutre endommagée.