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2 Une augmentation du quota d’étudiants en soins infirmiers

21 Des options politiques contradictoires

Les études conduisant au diplôme d’Etat d’infirmier concernent 77 259 personnes (France non métropolitaine comprise) en 2004, soit 66,07% du nombre total d’inscrits dans une école de la santé (55 639 en 2000 soit 63,92% du nombre total d’inscrits dans une école de la santé). Le nombre total d’étudiants en soins infirmiers est en hausse depuis 2001 comme l’ont souhaité les pouvoirs publics.

Leur proportion au sein des autres étudiants inscrits dans une école de la santé est également croissante.

Les instituts de formation se partagent entre 265 établissements publics, 63 de statut privé à but non lucratif et 2 sous la tutelle de l’éducation nationale (Rapport ONDPS 2004)109. Une autre source évoque 332 instituts de formation en soins infirmiers (Marquier, 2006) 110. Ces instituts sont de taille variable. En Île-de-France par exemple, un institut accueille en 2004, 32 étudiants par promotion tandis qu’un autre en accueille 411 (Marquier, 2006, op. cit.).

Les étudiants sont répartis sur trois années, c'est-à-dire 28 548 en première année en 2004 (22 797 en 2000), 25 008 en seconde année (17 033 en 2000) et 22 570 en troisième (15 809 en 2000) pour la France métropolitaine.

En 2000, 14 593 candidats ont été présentés aux épreuves du diplôme d’Etat et 13 815 les ont passés avec succès. Cela représente un taux de réussite de 94,67%. Ce sont donc un peu moins de 14 000 infirmiers qui ont rejoint le marché du travail cette même année, nombre en baisse sensible par rapport aux années précédentes comme l’avait souhaité le gouvernement Juppé à partir de 1996. En effet, jusqu’alors, le nombre d’infirmiers diplômés chaque année était le suivant :

109 Rapport annuel de l’ONDPS (Observatoire national des professions de santé), Tome 3, Analyse de trois professions, La profession infirmière, 2004.

110 Marquier Rémy., Les étudiants en soins infirmiers en 2004, Ministère de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale, Ministère de la santé et de la protection sociale, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Etudes et résultats, n°458, janvier 2006.

Année de diplôme Nombre de diplômes délivrés

1996 15 173

1997 15 742

1998 14 596

1999 14 787

2000 13 815

2001 13 935

2002 15 262

2003 17 243

2004 19 571

Source : Marquier Rémy., La formation aux professions de la santé en 2004, Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, Ministère de la santé et des solidarités, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), série statistiques, n°86, août 2005.

Ce choix politique, qui depuis a montré ses limites, s’est inversé puisque dès la rentrée 2001 (diplôme 2004), le ministère décida une augmentation des quotas d’entrée en formation pour faire face à la pénurie de personnel infirmier en France. Ainsi, d’environ 22 000 étudiants de première année en 2000, le gouvernement propose d’en former 26 000 à partir de 2001 puis 30 000 dès les rentrées de septembre 2003 et février 2004.

En 2004, concernant la France métropolitaine, 20 447 candidats ont été présentés aux épreuves du diplôme d’Etat et 19 346 les ont passées avec succès ce qui représente un taux de réussite de 94,62%. Il est à l’évidence trop tôt pour conclure que le taux d’échec aux épreuves finales du diplôme d’Etat progresse comme certains observateurs ont pu le laisser penser puisque les chiffres de l’année 2004 rejoignent ceux observés en 2000.

En revanche, avec un quota prévu de 26 000 étudiants de première année et 19 346 diplômés, les tutelles regrettent que seuls un peu moins de 75% des étudiants sélectionnés deviendront infirmiers et rejoindront le marché du travail au terme des 37 mois de formation.

D’ailleurs, le Conseil économique et social a eu l’occasion de le rappeler par l’intermédiaire de Michel Pinaud qui, dans l’introduction de son rapport (2004, op. cit. 5) note que « lasituation actuelle de la pénurie générale d’infirmiers et/ou celui des grandes difficultés à trouver des personnels éducatifs diplômés en Ile-de-France illustrent les conséquences de la politique de réduction drastique des quotas d'élèves. Fait malheureux pour notre collectivité, on constate maintenant que nous manquons sensiblement de professionnels, au point de courir le risque de peiner à maîtriser les crises sanitaires qui pourraient survenir ». En guise d’illustration à cette préoccupante situation, plusieurs établissements de santé sur le territoire national ont alors choisi de procéder au recrutement d’infirmières

« non-françaises », espagnoles en particulier.

Le tableau suivant permet de visualiser l’évolution des flux d’entrée en première année :

Année de rentrée Nombre d’étudiants

1996 17 330

1997 15 981

1998 16 543

1999 18 183

2000 22 029

2001 24 498

2002 25 499

2003 27 276

2004 27 504

2005 30 000 ?

Source : Marquier Rémy., La formation aux professions de la santé en 2004, Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, Ministère de la santé et des solidarités, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), série statistiques, n°86, août 2005.

Les derniers chiffres officiels connus concernent l’année 2004 ; celui concernant l’année 2005 représente un quota souhaité par le ministère. En terme d’estimation, on peut rajouter qu’environ 10% des places offertes au concours ne sont pas pourvues mais avec des disparités régionales désormais habituelles (Dion, 2004, op. cit. 76). Les chiffres les plus récents, correspondant aux rentrées de septembre 2003 et février 2004, évoquent 28 120 places occupées pour un

quota de 30 000 soit 6,27% de déficit (Galaup, Garrachon, 2004, op. cit. 4).

Concernant l’année scolaire 2003-2004, en Île-de-France, 21,9% des places n’ont pas été pourvues ainsi que 11,5% en Nord/Pas-de-Calais (Marquier, 2006, op.

cit.). D’autres régions ne semblent pas connaître de difficultés pour atteindre leurs quotas. Cependant, il est encore trop tôt pour en conclure quoique ce soit concernant une évolution structurelle du volume de places vacantes à la hausse ou à la baisse.

Au total, et selon les estimations, entre 25 et 33% des places en formation prévues par les quotas ne déboucheront pas sur un diplôme d’Etat au bout des 37 mois. Ce constat d’une progression des échecs en formation préoccupe les divers représentants de la profession puisque l’on estime que le nombre d’étudiants quittant la formation est en augmentation de 150% depuis 2000 (Galaup, Garrachon, 2004, op. cit. 4).

22 Les échecs en formation : quelle réalité statistique ?

Selon des chiffres antérieurs à 2004, il faut noter qu’environ 15% des étudiants vont soit quitter la formation avant le diplôme d’Etat (départs volontaires ou exclusions), soit bénéficier d’un redoublement (Pinaud, 2004, op. cit. I-22). Le ratio étudiants diplômés/étudiants entrés en formation, consultable plus loin, permet de mesurer cette évolution.

Selon certaines estimations régionales plus récentes (Basse-Normandie par exemple), le nombre d’étudiants qui abandonnent la formation ou redoublent augmente. Désormais, on considère qu’environ 23% des étudiants admis en IFSI seront concernés (Dion, 2004, op. cit. 76). Au niveau national, un « taux de fuite » est calculé qui est estimé autour de 20% en 2004. Ce « taux de fuite » inclut les étudiants ayant redoublé au moins une année, ceux ayant dû interrompre momentanément leur formation (maladie, congé maternité), et les abandons en

cours d’études (DRASS Pays de la Loire, 2006)111. Le tableau suivant nous en présente la synthèse.

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Taux de fuite national 22% 19% 20% 18% 17% 18% 19% 24% 20%

Source : Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS), service statistique, Les étudiants en instituts de formation en soins infirmiers, Echo des stat. n°33, Pays de la Loire, février 2006.

De manière complémentaire, le tableau suivant montre comment le ratio (Etudiants admis en première année de formation/Etudiants diplômés) a pu se modifier depuis une vingtaine d’années.

111 Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS), service statistique, Les étudiants en instituts de formation en soins infirmiers, Echo des stat. n°33, Pays de la Loire, février 2006.

Année d’entrée en formation

Etudiants admis en première année de

formation

Etudiants diplômés Ratio Etudiants admis en première année de formation/Etudiants diplômés

1985 13 053 11 553 88,51%

1986 13 152 11 460 87,14%

1987 13 779 11 819 85,78%

1988 13 646 10 651 78,05%

1989 12 437 11 553 92,89%

1990 13 859 12 074 87,12%

1991 14 650 13 368 91,25%

1992 17 998 13 457 74,77%

1993 18 376 15 173 82,57%

1994 18 272 15 742 86,15%

1995 17 601 14 596 82,93%

1996 17 330 14 787 85,33%

1997 15 981 13 815 86,45%

1998 16 543 13 935 84,24%

1999 18 183 15 262 83,94%

2000 22 029 17 243 78,27%

2001 24 498 19 571 79,89%

Source : Marquier Rémy., La formation aux professions de la santé en 2004, Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, Ministère de la santé et des solidarités, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), série statistiques, n°86, août 2005.

Ces chiffres appellent plusieurs commentaires.

En premier lieu, on peut constater qu’en effet depuis la cohorte recrutée en 1997, le ratio « Etudiants admis en première année de formation/Etudiants diplômés » tend à diminuer. De 86,45% en 1997, nous en sommes à 79,89% en 2001. L’augmentation des quotas d’entrée en première année semble effectivement pour l’instant aller de pair avec un nombre croissant d’échecs en formation.

Ensuite, depuis deux années consécutives (cohortes recrutées en 2000 et 2001) le ratio « Etudiants admis en première année de formation/Etudiants diplômés » est inférieur à 80% ce qui n’était pas encore arrivé. Pour autant, par le passé, de tels chiffres ont été ponctuellement remarqués (à deux reprises) notamment concernant la cohorte recrutée en 1992 (74,77%). Notons que cette année 1992 correspondait à la fois à la mise en place du diplôme polyvalent ainsi qu’à une augmentation de quota au regard des besoins envisagés par le ministère. Ces deux facteurs peuvent raisonnablement constituer un élément d’explication plausible vis-à-vis du chiffre de 74,77% constaté. Hormis ce taux ponctuel inférieur à 80%, le ratio « Etudiants admis en première année de formation/Etudiants diplômés » se trouve généralement au-delà de 82 à 85%.

Enfin, ces chiffres restent malgré tout trop récents pour que l’on puisse y voir une profonde modification structurelle du devenir en formation des étudiants.

Les années qui viendront permettront d’affiner ces premiers éléments.

Un autre élément majeur doit être noté. Il concerne l’évolution du nombre de redoublements. En 2004, on constate que 3,4% des étudiants inscrits ont redoublé. Ils n’étaient que 2,8% en 2000, ce chiffre augmente donc de manière constante depuis (Marquier, 2006, op. cit.). Autre caractéristique, les filles (3,3%) redoublent moins que les garçons (4,4%) (ibid.).

23 Une profession qui reste majoritairement féminine

La population reste essentiellement féminine ; les étudiantes sont 66 758 soit 87,69% (48 366 soit 86,93% en 2000) de l’effectif total. La proportion d’hommes semble se maintenir entre 10 et 15% puisqu’en 2004, les femmes représentaient 86,88% (87,63% en 2000) des étudiants de première année. En outre, le taux de femmes diplômées est stable autour de 88% et ce, depuis 3

années (88% en 2002, 88,5% en 2003 et 88,3% en 2004). Autrement dit, comme nous le remarquions ci-dessus, les échecs des hommes en formation sont proportionnellement plus nombreux que ceux des femmes.

En formation cadre, nous observons entre 79 et 82% de femmes diplômées sur la période 1998-2004. Ainsi, les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à entreprendre une formation cadre.

Concernant les spécialisations, la situation diffère selon le type de formation engagé. Les infirmiers anesthésistes comptent 63,1% de femmes diplômées en 2004. Sur la période 1998-2004, ce taux évolue entre 63 et 73%. Les infirmiers de bloc opératoire comptent quant à eux 84,7% de femmes diplômées en 2004. Sur la période 1998-2004, ce taux évolue entre 84 et 88%. En puériculture enfin, et toujours concernant l’année 2004, on note 98,6% de femmes diplômées. Sur la période 1998-2004, ce taux évolue entre 98 et 99%.

Les hommes sont proportionnellement plus nombreux à engager une formation post-diplôme d’Etat. D’une manière générale, le nombre d’hommes en formation infirmière est plus important aujourd’hui qu’il ne l’était à la fin des années 80 ; les femmes représentant à l’époque plus de 90% de l’effectif total.En 1970, à titre de comparaison, plus de 95% des diplômés sont des femmes112.

Au total, et même si la proportion d’hommes qui s’engagent en formation puis dans la profession infirmière a augmenté depuis une vingtaine d’années, les femmes y restent très largement majoritaires exception faite des professionnels exerçant en secteur psychiatrique.