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Une approche comparée des « politiques du pèlerinage » ottomanes et mogholes à l’époque moderne

époques médiévale et moderne

Carte 2. Itinéraire de voyage d’Ibn Jubayr

C. Une approche comparée des « politiques du pèlerinage » ottomanes et mogholes à l’époque moderne

Au début du XVIème siècle – qui voit l’affirmation des empires ottoman et moghol –, les approvisionnements du Hedjaz sont directement menacés par les navires portugais qui veillent à s’assurer du monopole du commerce des épices. Le chérif de La Mecque offre alors la suzeraineté sur le Hedjaz au sultan ottoman Sélim Ier qui vient de conquérir Le Caire en 1516. Geste surtout symbolique mais qui tend, au même titre que la transmission des insignes du califat abbasside ou que la défense revendiquée de l’orthodoxie sunnite face aux Séfévides chiites de Perse, à conférer un surcroît de légitimité à cette dynastie non-arabe désireuse de s’affirmer comme « puissance musulmane »192. L’investissement fort des Ottomans dans l’organisation du pèlerinage à La Mecque participe de cette quête de légitimité en même temps qu’il permet à ce jeune empire, dont le centre politique – Istanbul – est plus que jamais éloigné des Lieux Saints, d’affirmer sa souveraineté sur ses confins193. A l’instar des pèlerinages nationaux de l’Europe

190 C'est ainsi que l’existence d’un mahmal yéménite est attestée dès 1297, ainsi que celle d’un mahmal irakien en

1319.

191 Itinerario di Ludovico Barthema Bolognese, Milano, Ed. Alpes, 1929, pp. 113-115.

192S. Faroqhi, Pilgrims ans Sultans. The Hajj under the Ottomans 1517-1683, Londres New York, I.B. Tauris & Co

Ltd, 1994.

193 R. Mantran, L’Empire Ottoman du XVIe au XVIIIe siècle. Administration, Economie, Société, Londres, Variorum

59 moderne194, le hajj est, à sa manière, constitutif de l’identité et de la formation du nouvel Etat ottoman.

Soucieux de continuité, les califes ottomans innovent peu en matière d’organisation du pèlerinage. Serviteurs des Lieux Saints, ils défendent leur préséance par une politique active d’évergétisme. Les fondations pieuses (wuqûf) destinées à secourir les pauvres du Hedjaz sont élargies ; en Egypte notamment où de nouveaux villages agricoles sont intégrés dans leur périmètre afin d’augmenter les livraisons de blé. Chaque année, une dizaine de navires chargés de grains partent de Suez pour approvisionner le Hedjaz. Les notables religieux se voient accorder de nombreuses faveurs sous forme de cadeaux ou de dons en argent. Les Lieux Saints font l’objet de campagnes d’embellissement – toute nouvelle construction ou réparation doit faire l’objet d’une autorisation du calife d’Istanbul – tel l’aqueduc de Zubayda réparé à plusieurs reprises. Le statut religieux de cette province lui vaut de bénéficier de privilèges dérogatoires comme des franchises fiscales ou l’exemption de service militaire. Mais c’est aussi l’époque où des puissances musulmanes concurrentes comme l’empire perse, le royaume du Maroc ou l’empire moghol rivalisent de largesses. Les Musulmans d’Inde, par exemple, ont pris l’habitude de faire parvenir aux chérifs mecquois des dons en or et en argent. La fréquence des libéralités semble même s’être accélérée sous l’impulsion des chérifs eux-mêmes, lesquels délèguent chaque année des représentants à Delhi en vue d’obtenir des faveurs spéciales pour les Lieux Saints. Au fil de leurs conquêtes, les empereurs et princes moghols ont par ailleurs conservé, voire élargi les legs pieux des Etats soumis, tel l’hospice de La Mecque constitué par l’Etat du Gujarat afin de servir d’école, et de refuge pour les pèlerins195. La générosité d’Istanbul devant rester sans égale, les chérifs mecquois sont souvent contraints, sur la pression des gouverneurs (wâli ou vali) ottomans, de refuser ces libéralités.

L’encadrement des déplacements constitue une autre dimension de cette « politique du

hajj ». Le mahmal égyptien est maintenu dans ses principales fonctions comme dans son

organisation, au prix cependant d’une modification de sa symbolique ; à l’occasion de la cérémonie de départ, ce n’est plus le sultan mais seulement son représentant, le gouverneur du Caire, assumant le rôle de chamelier du Prophète, qui confie à l’amîr-al-hajj le soin de conduire à bon port la caravane sacrée. Car le point de départ de la voie impériale s’est déplacé du Caire à Damas. En plus d’être reliée directement à Istanbul, la métropole syrienne constitue la principale étape des pèlerins de l’Orient ainsi que la porte d’entrée des premiers voyageurs européens vers

194 B. Maes, Le Roi, la Vierge et la Nation, op. cit.

195 M. Pearson, Pilgrimage to Mecca : the Indian Experience, 1500-1800, Princeton, M. Wiener Publishers, 1996,

60 l'Arabie. Elle constitue aussi un carrefour commercial, d’où la vocation marchande assumée par cette caravane jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle196. C’est désormais à la caravane de Syrie (al-Rakb al-Shâmi) qu’il incombe de représenter le sultan lors du hajj et d’acheminer les cadeaux faits par ce dernier aux habitants des Lieux Saints ainsi qu’un tapis, transporté sur un

mahmal, destiné à couvrir la tombe du Prophète à Médine. Tout en revendiquant sa préséance sur

la caravane d’Egypte aux cérémonies d’Arafat, la caravane syrienne lui emprunte son organisation d’ensemble. Seule différence, les agents de la caravane – parmi lesquels figurent des émirs chargés des finances et des approvisionnements – sont nommés par les notables syriens et la charge d’amîr al-hajj est confiée aux représentants des grandes familles et non à des officiers nommés par le pouvoir central. Mais ce trait distinctif s’estompe à la faveur de la fragilisation de l’Empire au XVIIIe siècle pour devenir bientôt l’apanage du seul pacha de Damas197.

Cette recentralisation doit toutefois être nuancée au regard de la grande autonomie dont jouissent les autres provinces de l’Empire dans l’organisation de leurs caravanes. Chaque année, le dey d’Alger ou le bey de Tunis se réservent en effet le droit – très formel – d’autoriser le départ en pèlerinage de leurs sujets198. La durée du voyage des deux caravanes officielles, chargées toutes les deux de remettre les revenus des biens habous199 destinés aux pauvres du Hedjaz, est établie très précisément de manière à rejoindre dans les temps la caravane du Caire. A l’instar du mahmal égyptien, seuls les frais de l’amîr al hajj et de ses agents sont pris en charge par la puissance publique ; les pèlerins accompagnant la caravane – on les estime entre 300 et 400 au début du XIXème siècle pour la seule régence d’Alger – doivent pourvoir à leurs propres besoins.

A Alger, le départ du convoi fait l’objet d’une cérémonie officielle où le waqil des habous de La Mecque et de Médine remet au mufti d’Alger la somme destinée aux pauvres des Lieux Saints, laquelle est ensuite répartie – pour des raisons de sécurité semble-t-il – entre l’ensemble des pèlerins présents. Puis, c’est au tour d’un représentant du beit-el-mal de se voir remettre l’état nominatif des bénéficiaires de ces secours, dans la proportion d’un tiers pour les pauvres de

196 R. Tresse, Le Pèlerinage Syrien aux Villes Saintes de l’Islam, Paris, Imprimerie Chaumette, 1937. 197 S. Faroqhi, op. cit., p. 53.

198 AOM, 3F/6, gouvernement des possessions françaises de l’Afrique du Nord. Registre des délibérations du conseil

d’administration du 17 septembre 1835 au 25 décembre 1836. Ce document est reproduit en annexe (n°1). Mentionnons ici cependant un possible effet de source destiné à justifier le régime des autorisations mis en place par les autorités coloniales françaises en Algérie.

61 La Mecque et de deux tiers pour ceux de Médine, parmi lesquels figurent de nombreux Maghrébins200.

Instituée sous la dynastie des Hafsides (1207-1574), la çorrah constitue l’institution centrale du hajj tunisien. Destinée aux pauvres des Lieux Saints, elle est traditionnellement remise, en présence du chérif de Kairouan, des principaux oulémas et des chefs de confrérie réunis dans la grande cour de la Zitouna de Tunis, au chef de la caravane tunisienne, en plus de ses lettres de créances auprès du chérif de La Mecque qui l’apparentent à un ambassadeur201.

Les caravanes de l’Empire moghol obéissent à d’autres considérations202. La voie de terre y est généralement délaissée en raison des relations tendues avec la Perse safévide. Le transport maritime connaît en revanche un essor décisif avec la prise du Gujarat en 1572 par Akbar. Le port de Surat devient le premier port d’embarquement vers les Lieux Saints et, avec près de quinze mille départs annuels – chiffres qui varieront peu par la suite – la voie maritime, autrement appelée « voie du Sud », devient une route majeure du pèlerinage à La Mecque. A l’instar des souverains ottomans, les empereurs moghols s’essaient, avec un succès mitigé, à sécuriser cette voie maritime contre les pirates. L’empereur Akbar notamment, désireux de renforcer les fondements islamiques de son régime, organise la première caravane officielle de l’Empire moghol, sous le commandement d’un agent officiel, le mir haj. En 1576, le navire « Ilahi », est spécialement affrété et les dépenses de pèlerinage entièrement prises en charge par le pouvoir. Si l’empereur renonce finalement de se rendre en pèlerinage, son épouse Salima Sultan Begum le remplace. Cette initiative n’est pas une nouveauté. Les sultans du Gujarat comme certains notables ont contracté l’habitude d’affréter un à plusieurs navires afin de permettre à des pèlerins pauvres d’effectuer le hajj en lieu et place de pèlerins plus aisés peu désireux d’affronter les épreuves de la traversée. Les successeurs d’Akbar conserveront cette habitude, notamment Shah Jahan. Chaque année de son règne voit le départ de deux navires de pèlerins vers La Mecque sous la conduite d’un mir haj203. Cette dernière fonction n’a cependant pas la périodicité de la charge de l’amîr al-hajj ottoman. Elle est assumée occasionnellement par un notable, à titre de service rendu et ne constitue nullement une charge convoitée, encore moins un accélérateur de carrière. Bien au contraire, pour un certain nombre de notables indiens le

200 Ibid.

201 M. Bel-Khodja, Le Pèlerinage de La Mecque, Tunis, Imprimerie française B. Borel, 1906, pp. 27-28. 202 M. Pearson, op. cit., pp. 79-104.

203 J. Richards, The Mughal Empire. The New Cambridge History of India (tome 5), Cambridge, Cambridge

62 départ vers les Lieux Saints équivaut parfois à une disgrâce consistant à éloigner indésirables et intrigants de la cour d’Agra.

Ces deux « modèles » de caravane officielle obéissent donc à des considérations politiques très éloignées et qui ne seront pas sans influer sur les attitudes respectives des empires français et britannique en tant que successeurs des deux empires. Ainsi les caravanes d’Egypte et de Syrie doivent-elles d’abord être entendues comme une manifestation de souveraineté. L’institution du

mahmal symbolise la protection du sultan sur le pèlerinage comme sa présence à l’occasion des

cérémonies d’Arafat. Sa visibilité se doit donc d’être forte204. Son organisation très minutieuse traduit par ailleurs une ingérence directe d’Istanbul dans la question du pèlerinage. La politique moghole du pèlerinage, en revanche, se rapproche plus d’une œuvre de bienfaisance sous la forme d’un patronage officiel. L’objectif est ici de permettre à des pèlerins pauvres d’accomplir une fois dans leur vie leur devoir sacré. Cette attitude est vivement critiquée par les autorités ottomanes contraintes de déplacer du haram des hordes d’indigents. Certes, des « services de charité » existent bien au sein des caravanes syrienne et égyptienne. Mais les indigents ne forment qu’une exception et l’assistance proposée se limite souvent au strict nécessaire. Ajoutons pour finir que les deux caravanes ne s’inscrivent pas dans le même horizon temporel. Le départ des caravanes d’Egypte et de Syrie est réglé sur le calendrier lunaire avec comme unique objectif d’arriver à temps pour les festivités, quand les navires indiens doivent se régler sur les moussons – les vents de mousson interdisent tout départ entre juin et septembre – et obéissent davantage au calendrier solaire qui est aussi celui des marchands, nouvel exemple de cette dissociation entre temps religieux et temps du marchand205. Ainsi les caravanes indiennes ne connaissent pas la régularité des caravanes cairotes ou damasquines avec leur départ à date fixe entre le seize et le vingt du mois de shawwâl. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces pèlerinages indiens n’aient pas obéi à un rituel, l’avènement du nouvel empereur donnant par exemple toujours lieu à l’organisation d’un pèlerinage officiel.

204 Sur l’organisation d’une « caravane du sultan à La Mecque » par les pensionnaires de l’Académie de France à

Rome lors du carnaval de 1748, où la satire cache difficilement le pouvoir de séduction exercé par cette institution, voir J-J. Guiffrey, La Caravane du Sultan à La Mecque, Paris, Didot, 1901.

63 D. Le hajj à l’heure de la « pax ottomanica »

A l’époque moderne, le hajj ottoman acquiert donc une importance sans précédent. Maîtres des routes du pèlerinage, les Ottomans en contrôlent jalousement les entrées et les sorties. Ainsi la route de Bassorah est-elle ouverte ou fermée au gré des tensions politiques, l’empire perse étant fréquemment accusé d’envoyer des espions à sa solde. La sécurité des voies terrestres est obtenue au prix du déploiement d’effectifs militaires importants, de la construction de fortins sur la route du pèlerinage mais aussi et surtout du versement de subventions annuelles aux tribus bédouines. La gestion de ces subventions est décentralisée : prélevés sur les budgets des provinces syrienne et égyptienne, les montants versés font l’objet d’une transaction annuelle entre l’amîr al-hajj et les cheikhs bédouins. Leur signification diverge de part et d’autre : contrepartie à la sécurité des routes pour les Ottomans, ces sommes sont considérées par les Bédouins comme la rémunération de prestations fournies aux pèlerins tout au long du trajet. Les montants en jeu varient selon le degré de stabilité politique de la région. Cette sécurité des routes doit cependant être quelque peu relativisée, les caravanes du Yémen et d’Irak ne bénéficiant pas par exemple des mêmes conditions d’acheminement que le mahmal égyptien ou celui de Syrie. Surtout, les difficultés extérieures rencontrées par l’empire ottoman au XVIIIe siècle se sont traduites par un affaiblissement de son autorité et un regain des attaques bédouines. Entre 1700 et 1780, la caravane de Damas doit être dispersée à dix-neuf reprises, sans compter la très meurtrière année 1757 quand un millier de pèlerins ottomans périssent sous les coups des Bédouins206.

Ces incidents mis à part, cette « pax ottomanica » entraîne un développement sans précédent du pèlerinage. Le voyageur turc Cheleby Evliya estime ainsi à 200 000 le nombre de pèlerins présents à Arafat au milieu du XVIIe siècle207. Avec près de quinze mille pèlerins en moyenne, les Indiens figurent alors comme l’une des premières cohortes du pèlerinage. Quant à la caravane du Caire, elle peut compter jusqu’à 40 000 voyageurs contre 30 000 pour celle de Damas208. Les communications plus aisées vers les Lieux Saints comme à l’intérieur du Hedjaz favorisent les échanges de toute nature comme l’attestent les récits de pèlerins maghrébins209. Le Marocain Al- Ayyashi (1628-1679) s'est ainsi rendu à trois reprises dans le Hedjaz : en 1649, 1653 et 1661. Il est resté de longs mois à La Mecque et Médine aussi bien qu'à Jérusalem ou au Caire. A chaque

206 F. Peters, op. cit., pp. 161-162. 207 S. Faroqhi, op. cit., p. 180. 208 Ibid., p. 46.

64 étape, il participe aux débats théologiques de son temps210. A partir du XVIIIème siècle, La Mecque et Médine semblent d’ailleurs avoir supplanté Bagdad comme premier centre soufi du monde musulman211. Des étudiants de tout le dâr al-islâm se rendent dans les Lieux Saints pour y suivre les enseignements de maîtres soufis ou d’oulémas réputés. Ainsi en est-il de l’Algérien Muhammad ben ‘Abdarrahmaân Al- Guetchtoulî, fondateur de la confrérie de la Rahmâniyya, parti vers 1740 pour faire son hajj ou encore du Marocain Ahmad bin Muhammad Al-Tidjânî trente ans plus tard. La confrérie Naqchbandiyya notamment jouit d’une influence marquante sur la vie politique et religieuse. C’est dans cette voie que fut initié le futur fondateur de l’école de Dehli, Shah Waliullah (1703-1763) lors de son séjour mecquois entre 1731 et 1732.

A la circulation des idées, il faut ajouter celle des marchandises. « Hem ziyâret hem tijâret » – « moitié pèlerinage, moitié commerce » – dit un proverbe turc. « Hadjdj wa-hadjah » – « pèlerinage et affaires » – renchérit un dicton arabe. Exemptées de droits de douane, les caravanes du Caire et de Damas transportent avec elles des marchandises et du numéraire en or et en argent à destination des marchés de Djeddah et de La Mecque. La décennie 1780 constitue, sous bien des aspects, l’une des plus brillantes sur le plan de la richesse commerciale. En 1789, un ambassadeur britannique évalue le montant des transactions à trois millions de livres sterling dont cent mille pour la seule caravane d’Egypte212. Le corail, les perles et l’ambre de la mer Rouge s’y échangent contre des vêtements et des épices indiennes. Mais, porté par la mode européenne du café, le port yéménite de Mocha commence bientôt à supplanter celui de Djeddah.

Les pèlerins eux-mêmes contribuent à cette prospérité. Parti en pèlerinage en 1676-77 grâce à la générosité de la fille d’Arangzab, l’Indien Safi bin Wali Qazvini dépense au Hedjaz plus de mille roupies. L’inventaire après décès de pèlerins aux XVIIe et XVIIIe siècles réalisé par Gilles Veinstein montre en effet que les biens des pèlerins dépassent de très loin le minimum requis par un voyage pieux213. Pourtant pèlerins et marchands se côtoient mais ne se confondent pas. Si les pèlerins commercent, c’est principalement pour subvenir aux besoins de leur séjour car les prix des marchés mecquois sont élevés. De leur côté, les marchands musulmans peuvent profiter d’un séjour au Hedjaz pour accomplir leur devoir religieux, mais leur destination première reste le

210 A. El Mouden, art. cit., pp. 75-79.

211 M. Gaborieau et N. Grandin , « Le renouveau confrérique (fin XVIIIe-XIXe) », in Les Voies d’Allah, A. Popovic

et G. Veinstein (dir.), Fayard, 1996.

212 FO 24/1, rapport de M. George Baldwin, consul d’Alexandrie in Records of the Hajj, vol. 2, op. cit., pp. 653-654. 213 G. Veinstein, « Les pèlerins de La Mecque à travers quelques inventaires après décès ottomans (XVII-XVIIIe

siècles) », Revue de l’Occident Musulman et de la Méditerranée 31 (1981), pp. 63-71. Parmi ces inventaires, on trouve de nombreux objets sacrés comme des gourdes d'eau de Zemzem.

65 port de Djeddah, voué au commerce de gros de la mer Rouge214. Au sein de cette communauté marchande de la mer Rouge, les Indiens du Gujarat figurent en bonne position. Leur importance reste cependant difficile à évaluer. En 1810, on compte ainsi environ 250 résidents banyans à Mocha, comptoir plus important que Djeddah215.

Représentants de maisons de commerce indiennes, ils peuvent à l’occasion servir de relais dans la région à l’English East Indian Company qui redouble d’activité dans l’océan Indien depuis la conquête du Bengale en 1757.