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b) Les Appareils Idéologiques d’État

Les Appareils Idéologiques d’État que nous appellerons AIE visent, comme les Appareils Répressifs, à produire et à reproduire les forces sur lesquelles reposent l’État.

Néanmoins, les AIE fonctionnent de façon moins explicite et procèdent par influence et subjectivation de la force ouvrière responsable de la production. Les AIE assignent les rôles dans la société et se veulent les garants de valeurs véhiculées par l’Appareil d’État et qui ont pour but de contenir tout débordement, toute dérogation susceptible de perturber le système.

Nous avons retenu cinq AIE apparents dans les romans de Collen, à savoir: la famille, la religion, l’éducation, la censure et les lois.

– La famille dans Boy: l’identité sociale face à l’identité ancestrale

Le roman Boy commence avec une incursion dans la vie de la famille Burton habitant Karo Lalyann. Krish Burton vient d’un milieu prolétaire et est le fils cadet de ses parents, l’aîné, nous l’apprenons, est décédé. Très vite, le roman enchaîne avec une succession de détails sur le milieu familial de Krish, ou plus exactement sur le ressenti du jeune homme à propos de son univers familial. Nous entendons démontrer qu’à travers ces détails, Collen veut dépasser le simple cadre familial et toucher à un cadre plus large: la société et la famille en tant que structures sont liées et les répercussions pour le jeune descendants d’immigrés engagés n’en sont que plus saillantes. Comme le souligne Fanon, la société est une représentation amplifiée de la famille si bien qu’il y a une correspondance directe entre les deux institutions. Soyons plus clairs: les structures sociales telles qu’elles sont définies par la classe dominante à la tête de l’Appareil d’État se retrouvent dans la structure familiale de sorte que l’idéologie dominante soit à la fois reflétée et entretenue par la famille en tant que AIE: « La société est véritablement l’ensemble des familles. La famille est une institution, qui annonce une institution plus vaste: le groupe social ou national »169.

Les premiers mots du narrateur, Krish, touchent à l’identité: « At home they call me

‘Boy’. Both of them. I’m telling you » (B 1). Le jeune est appelé « garçon » générique l’identifiant non pas comme un personnage à part entière mais comme un sujet défini par son

169 Frantz Fanon, Peau Noire masques blancs, op.cit., p. 121.

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genre: c’est un individu mâle, sans prénom et très jeune170. Ses parents sont qualifiés par le pronom « them »: « eux ». Les premières lignes du roman évoquent la dépersonnalisation admise par la famille qui appelle un fils « Boy » et qui, en retour, sont appelés « them ». Il ne s’agit plus d’individus à part entière mais bien de sujets, soumis à des qualifications génériques et grammaticales. Ce n’est que plus tard que nous apprendrons que « Boy » s’appelle Krish et c’est lorsqu’il aura quitté sa famille qu’il sera appelé de son prénom tout au long de son escapade. Placer la thématique de la dépersonnalisation en tête de son roman c’est, pour Collen, faire ressortir de façon plus cinglante l’importance de la quête identitaire qui va suivre: il s’agira pour « Boy » de retrouver un nom et cela, hors du cadre familial.

D’ailleurs, la subjectivation de l’individu va plus loin lorsque Collen fait intervenir l’interpellation de Krish par ses parents: « Boy ! ». Il est hélé à plusieurs reprises, sept fois en tout, prend soin de préciser le roman. Nous sommes là dans le principe d’interpellation althussérien qui assigne non seulement un dénominatif au sujet mais vise à susciter de lui une réaction. En l’appelant ainsi, les parents de Krish veulent qu’il sorte de sa chambre pour aller chercher ses résultats scolaires. Krish a bien sûr du mal à quitter sa chambre, il résiste mais doit céder. Néanmoins, cette résistance place déjà Krish en opposition au cadre familial:

rebelle aux ordres parentaux, il se révèlera rebelle aux règles sociales. Le problème identitaire est capital ici: Krish veut sortir de lui-même, il ne se reconnaît pas dans son cadre familial qui devient pour lui une prison: « If only. Or, if only I could be a something else instead of being me » (B 6). Krish voudrait être autre chose que lui. Il pense au suicide: « Naked I see myself, as I open the desk drawer in front of me. Inside I find a snake of turquoise-coloured rope » (B 5). L’AIE symbolisée par la famille impose une identité qui ne convient pas au personnage et cela lui est inacceptable. Les personnages chez Collen pensent à la mort lorsqu’il y a trahison identitaire et afin de se sauver, Krish aura à partir en quête de lui-même, c'est-à-dire en quête d’une identité de fils d’immigré n’appartenant aucunement à la structure sociale bourgeoise.

En effet, les racines ancestrales de Krish semblent avoir été cadrées, organisées, structurées par des forces extérieures. La symbolique de cela se traduit à travers la mention du cadre en bois, cossu et massif qui encadre le portrait de son grand-père: « And there she stands, pointing up at the photograph of her father-in-law, who is my grandad, hanging up on the hallway wall » (B 2). Krish souligne la beauté du cadre et ajoute qu’il semblerait que le

170 « Boy » se traduit comme « Garçon » qui renvoie à un individu de sexe masculin et plutôt jeune. Or, Krish, nous l’apprenons, a pris part aux examens de HSC (équivalent au Bac dans le système mauricien). Il serait donc âgé entre 18 et 20 ans. Krish Burton serait donc un jeune homme, majeur, plutôt qu’un « garçon ».

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cadre soit plus important que le personnage: « Like the frame is more important than the photo » (B 2). L’ancêtre est encadré, contenu par un objet matériel. Ce n’est plus un ancêtre avec une histoire et un passé mais un visage qui semble piégé par un cadre de bois. Krish le juge avec condescendance: « Mr Self-Importance himself » (B 2). Le grand-père ici est assimilé à la trahison identitaire: c’est le cadre qui prime pour les Burton, pas l’individu.

Seule la structure compte. Par ailleurs, un autre débat s’articule autour de ce cadre. Il est en effet à noter, qu’à côté de ce grand-père richement vêtu et débordant de fierté, il y a une grand-mère, c'est-à-dire une jeune épouse dont le visage est recouvert par son sari nuptial et qui tient la tête baissée. Krish dira: « Maybe she’s on my side » (B 2). Il semble ressentir plus d’affinités avec cette femme soumise, brimée et effacée par le grand-père pompeux. Krish, le fils de prolétaire se sent proche de la femme qui, comme lui, vit l’oppression du « cadre » social. Krish reconnaît dans la souffrance de sa grand-mère son propre emprisonnement. La famille, en plus de dérober l’identité du sujet, entretient également la hiérarchie patriarcale qui s’exerce à la fois dans la société et dans la famille car la militarisation et la centralisation de l’autorité dans un pays entraînent automatiquement une recrudescence de l’autorité paternelle.

Tout comme sa grand-mère, Krish est soumis et sa famille devient son oppresseur. Il dira à plusieurs reprises qu’il se sent tenu d’obéir, que son obéissance lui est arrachée malgré lui de sorte que le jeune homme se sente comme un pantin, déshumanisé, coupé de toute liberté de décision: « So, anyway, as usual I obey. That’s the problem with me. I listen too much » (B 2), « Usually, I do everything she says. That’s my problem » (B 4), « The fancy green and pink pattern of her silk shawl as she pulls it over her arm, a kind of screen that bars my view » (B 1). Ici, Krish dit qu’il écoute trop, qu’il agit trop en fonction de ce qui est attendu de lui et qu’il a la vue obstruée par les vêtements en soie de sa mère. Ces trois citations traduisent ici l’anéantissement des sens du sujet: l’ouie, la vue, l’action. Krish ajoute d’ailleurs qu’il se sent étouffé par le parfum de l’eau de toilette de sa mère et ajoute plus loin qu’elle le force à manger de sa main: « and pops her fingers into my mouth, and flicks the food off on my tongue with her thumb. She feeds me. » (B 3). Tous les sens du sujet sont parasités par la famille, mobilisés par elle. Krish est envahi d’un sentiment de révolte qu’il manifeste à travers un chapelet de jurons. Néanmoins, il avoue se laisser faire. La famille, en contrôlant les sens mêmes du jeune homme, en obtenant qu’il réagisse aux interpellations génériques qui lui sont lancées (« Boy ! ») se dessine comme un redoutable appareil idéologique. L’oppression est telle que Krish se sent étouffer: « I can’t find enough air to breathe in this place. So suddenly, I storm out of my room » (B 9). La famille devient cellule

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carcérale et Krish veut se projeter au-delà d’elle afin de libérer son identité du « cadre » photo de bois de son grand-père paternel.

Son identité rêvée, Krish la conçoit comme abstraite, libre de tout paramètre et en opposition directe avec toute définition catégorique. En opposition du cadre familial nous avons un descriptif abstrait, hors structure: « Maybe something huge and seethrough, something moving outwards, blowing up, distending, spreading out thinner and thinner like a bubble, out into the sky, then getting so thin that it turns into ether and it’s gone. That kind of something » (B 6). Krish s’imagine rapetisser et être absorbé par la terre. Son identité serait liée aux éléments, à des mouvements, à des formes. L’hybridité est ce qui caractérise le discours du jeune homme et c’est à travers cette hybridité qu’il cherchera à se reconnaître.

Pour Frantz Fanon, la famille voile au sujet sa véritable identité: le sujet Noir ne peut se connaître que lorsqu’il quitte le cadre familial qui l’empêche de réaliser qu’il est foncièrement différent des blancs: « Le Noir, dans la mesure où il reste chez lui, réalise à peu de choses près le destin du petit Blanc »171. Ce même commentaire peut s’appliquer au cadre postcolonial mauricien. La famille de Krish véhicule les valeurs instituées par l’ancien colon devenu bourgeois de la classe dominante. Baignant dans ces valeurs mais les ressentant comme une oppression suffocante, Krish a l’intuition d’une autre identité, cachée par l’Appareil d’État et qu’il veut retrouver. Comme l’indique Fanon, il faudra pour cela que le jeune homme quitte la famille et la société. Le roman, à travers l’escapade de Krish, fait allusion au marronnage, c'est-à-dire à la fois à la quête instructive du traditionnel Bildungsroman et à la quête historique touchant au passé esclavagiste de l’île. Krish, en retournant dans les bois, part sur les traces de ses ancêtres et donc, sur les traces de sa véritable identité. A son retour, symboliquement, cette mère-symbole des valeurs familiales se rangera à sa cause. Collen exprime à travers cette mère devenue plus confiante et moins rigide, le triomphe de Krish sur l’idéologie familiale: « My mother seems to have grown up » (B 196).

– L’AIE religieux: la cause des femmes

Chez Collen, la religion, et plus particulièrement la religion catholique, est associée à la souffrance des femmes. Le roman Getting Rid of It s’ouvre sur un terrible dilemme pour Jumila: il faut qu’elle se débarrasse de son fœtus mort sans éveiller les soupçons des autorités.

Le problème de la légalisation de l’avortement est d’emblée posé dès les premières pages du

171 Fanon, Peau Noire masques blancs, op.cit., p. 121.

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roman. Force est de constater, que jouxtant le problème de Jumila, des mentions de l’église, de la religion sont faites ponctuellement comme pour souligner une proximité entre les deux thématiques que sont l’avortement et l’église. L’île Maurice est appelée île paradis: « God saw Mauritius then He made Paradise » (GR 7). Cette précision sur l’île Maurice paradis arrive en plein tourment de Jumila qui vit l’enfer d’un avortement spontané et les souffrances qui en découlent. Un peu plus loin, les écoles catholiques sont mentionnées par le biais d’une lettre que reçoit Goldilox: « Il n’y a pratiquement plus de professeurs Catholiques dans les écoles du Gouvernement » ([sic] GR 20). Ici, la trivialité du dilemme posé par l’absence de professeurs catholiques vient rehausser le drame parallèle que vit Jumila et son amie Goldilox mise dans la confidence. Enfin, arrive la troisième amie, Sadna. Elle travaille à l’hôpital et est dévastée de ce qui arrive à Jumila. Alors que les trois femmes s’interrogent sur ce qu’il faut faire, l’église surgit de nouveau dans le texte: « A chapel inside each hospital. Hospitals are not religious places » (GR 28). L’église a également investi l’hôpital. Les premières pages du roman visent à démontrer une omni-présence de l’appareil religieux: l’île est un « paradis » infernal, l’éducation, le système de santé sont touchés de la religion. Le partage des premières pages du roman entre l’avortement et l’église n’est pas innocent et se confirmera à travers l’allusion à un rassemblement au collège du St Mary’s: « The bishop held this public conference at St Mary’s hall. Public. Everyone invited […] Against abortion » (GR 100).

Cette rencontre a effectivement bien eu lieu à l’île Maurice, au collège St Mary’s où les membres du MLF dont fait partie Lindsey Collen ont pris la parole pour s’insurger contre la position de l’église. Nous sommes ici dans l’illusion référentielle telle que l’évoque Riffaterre: la fiction s’interrompt pour laisser place au réel, rehaussant ainsi la force de la dénonciation voulue par l’auteur. Avec cette allusion, l’église est clairement rendue responsable de l’empêchement de la légalisation de l’avortement.

Outre de peser sur le système légal et influencer le gouvernement, l’église véhicule une autre idéologie présente chez Collen: il s’agit de l’idéologie de la dialectique pur/impur.

En effet, la femme, et plus particulièrement ce qui a trait à l’appareil reproductif de la femme, semble facilement associé à l’impur. Si elle déroge aux règles, la femme, de par sa fonction de reproductrice est vite qualifiée d’impure. Ainsi, dans There is a Tide, Shy se sent sale d’avoir ses règles « How could you blame periods for dirt ? » (T 60). L’avortement est tabou et tenu secret: « And the men, all cowering, shrinking men, kept in ignorance, pretending that cause of death is neither known nor understood, nor anything to do with them » (T 60). Ces idées de « saleté » et de « propreté » convaincront Shy de se « purifier » en s’interdisant toute

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forme de nourriture. Son but: atteindre la pureté sacrée et être digne de Dieu. L’impact idéologique véhiculé par l’église atteint son apogée avec ce personnage de Shy qui se laisse mourir afin de tenter de se racheter aux yeux de la religion. Lorsqu’elle est mariée, elle est appelée « spoilt goods », et retournée par son mari comme s’il s’agissait d’une marchandise.

Le registre de la saleté sera cautionné et entretenu par la religion et par l’institution du mariage.

L’oppression de la religion se traduit à la fois par les lois régissant l’avortement mais surtout par le mariage qui devient la manifestation des répercussions violentes découlant de la religion. Les romans de Collen font du mariage une épreuve pour la femme. Rita dans Getting Rid of It est battue par son mari. Sarah, la patronne de Goldilox préfère mourir que de rester enfermée par son époux. The Rape of Sita emprunte à la réalité extratextuelle pour citer l’exemple de Mantee. Cette jeune femme est violée par un homme. Elle raconte toute l’affaire à ses parents qui réagissent en soumettant au jeune homme un ultimatum: s’il n’épouse pas Mantee dans un délai d’un mois, ils se chargeront de le castrer. Mantee est alors mariée à son agresseur et l’honneur de la famille ainsi que celui de la jeune fille est alors sauvé. La conclusion à déduire ici est que la religion vient appuyer l’agression commise par l’homme et lui permet de se racheter. L’agression est couverte par la religion qui se veut ainsi, de la façon explicite, le garant de la violence étatique visant à soumettre les plus faibles. D’ailleurs, dans The Rape of Sita, Collen fait allusion à l’espoir d’un rachat, entrevu par Rowan pendant la scène du viol de Sita: il peut violer cette femme et prier ensuite pour le rachat de son crime:

« He, He, He will forgive me. God is a man » (ROS 191). L’état patriarcal et l’oppression qu’il symbolise en tant que hiérarchie structurée trouve un appui dans la croyance véhiculée par la religion. La religion se dessine chez Collen comme un appareil idéologique fort.

– Synthèse des AIE restants: L’éducation, les lois et la censure

Si les romans de Collen taillent la part belle à la famille et à la religion comme représentants des AIE, d’autres appareils idéologiques tels que l’éducation, les lois et la censure interviennent dans l’écriture collénienne. Certes à moindre échelle et ce qui nous a décidé à les regrouper.

Ce que nous retiendrons de l’éducation, évoquée essentiellement dans le roman Boy, c’est qu’il s’agit d’un système de classification, de catégorisation de l’individu en échec ou en

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succès. Krish n’a pas d’identité: il est appelé « Boy » par ses parents. Tout de suite après le roman enchaîne avec une autre annihilation identitaire: en plus de n’avoir pas de prénom, Krish est un « échec »:

I look for my name. Look up and look down.

There it is. Burton, Krishnadev.

Fail.

[…]

Everything’s in black and white now (B 14).

L’éducation vient appuyer la déshumanisation du sujet par l’idéologie. L’idée est ici de classer le sujet selon des critères spécifiques. L’éducation en tant qu’appareil idéologique entretient le système dialectique de l’État capitaliste qui consiste à catégoriser de façon rigide et définitive selon ce schéma évoqué par Krish: « Everything’s in black and white now » (B 14).

L’éducation, la famille et la religion veulent explicitement garder le contrôle sur le sujet: le définir, le limiter. Le contrôle est également exprimé par la volonté de maîtriser l’expression. L’idéologie fonctionne par la diffusion d’idées précises assemblées par l’État.

Qu’en est-il alors lorsque certains sujets tentent de sortir des marges de ces idées et d’en amener de nouvelles ? C’est là qu’intervient la censure, appareil idéologique incontestable venant prévenir tout débordement par la parole.

Le roman Mutiny exprime le danger que représente le « mot » pour l’État et toutes les précautions qui sont prises par l’Appareil étatique afin de maîtriser l’expression. Le mot est un danger appelant à la révolution, au désordre dans le système: Juna sera arrêtée parce qu’elle est syndicaliste, c'est-à-dire, susceptible de véhiculer des idées contraires à l’idéologie dominante. D’ailleurs, c’est aussi par les mots qu’elle sera arrêtée. Juna se retrouve en prison pour allégation: ce sont de simples mots qui ont servi à la faire condamner, des mots arbitraires, sans justification et émis par l’État pour l’éliminer. Il n’y a pas de sens dans l’arrestation de Juna et son procès s’articule autour d’arguments creux et irrationnels. Elle sera néanmoins emprisonnée.

Le mot est trop dangereux pour l’État pour être laissé libre. En prison, toute la révolte et la préparation de l’évasion reposeront sur des mots. Les prisonnières attendent les instructions de l’extérieur: « It’s both of us now, waiting for word. Expecting a visitor » (M 18). Ce sont les mots venus de l’extérieur qui orientent la révolte. Par ailleurs, pour résister à

Le mot est trop dangereux pour l’État pour être laissé libre. En prison, toute la révolte et la préparation de l’évasion reposeront sur des mots. Les prisonnières attendent les instructions de l’extérieur: « It’s both of us now, waiting for word. Expecting a visitor » (M 18). Ce sont les mots venus de l’extérieur qui orientent la révolte. Par ailleurs, pour résister à