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C Thèses médicales : les difficultés repérées dans le cadre de l’annonce sont inhérentes à la manière de

C.2 Annonce et espoir

Tout l’art de l’annonce d’un diagnostic ou d’un pronostic consiste à informer le patient de son état de santé tout en laissant « la porte ouverte à l’espoir », Hoeffelman donne un exemple de la manière de faire pour en arriver à ce « maintien » de l’espoir au moment de l’annonce de l’inéluctable mort : « Par exemple : « Les personnes qui ont un cancer du type du vôtre et de développement similaire vivent en général de tant à tant d’années » ou « ont un pronostic de 5 ans d’autant ». Le choix du qualificatif « similaire » permet au malade de connaître sa vérité, en évitant toute prédiction et en laissant la possibilité à la réaction « Mais moi, je ferai autrement … ! »117.

C.3

Répétition de l’information

Hoeffelman note que dans l’annonce de diagnostic ou de pronostic il apparaît un phénomène, somme toute assez courant, et qu’il nomme « surdité sélective ».

Il s’agit de ces moments où le patient ayant été informé de manière complète de la nature de son affection, de ses conséquences et des traitements possibles, semblent avoir bien compris sur le moment et malgré tout reposent des questions pour lesquelles il a déjà obtenu des réponses.

Pour l’auteur, il s’agit d’un « mécanisme psychologique de protection » permettant d’intégrer progressivement des nouvelles pénibles. Et l’attitude à adopter dans ces circonstances est la répétition de l’information déjà donnée jusqu’à ce qu’elle soit pleinement entendue.

Dans ce contexte nous pouvons nous trouver devant deux cas de figure. Ou bien le sujet est dans une phase de sidération qui l’empêche effectivement de recevoir l’information dans son intégralité et dans l’après-coup de l’annonce sera éventuellement disponible et en demande pour entendre l’ensemble des informations le concernant, auquel cas il s’agit bien évidemment de répondre à son attente.

Ou bien, nous avons affaire à un sujet qui se positionne dans la méconnaissance et fuira toute tentative de confirmation ou de réitération de l’information auquel cas, il ne sera pas lui-

117

même en état de demander des compléments d’informations et vivra comme une violence le fait de lui répéter ce qu’il ne veut surtout pas entendre.

C.4

Techniques de communication

Dans son article L’annonce de mauvaises nouvelles, un défi de communication, A. Franks118

reconnaît une grande difficulté dans le fait d’annoncer et de recevoir l’annonce d’un diagnostic.

Elle propose une stratégie de communication qui permettrait de réduire les risques de plainte et de mécontentement chez ceux qui reçoivent ce qu’elle appelle une « mauvaise nouvelle » quelque soit la nature de cette mauvaise nouvelle : l’annonce d’un diagnostic de maladie grave, ou de pronostic.

Elle situe la difficulté des médecins dans l’acte de l’annonce au niveau de leur formation universitaire qui ne laisse pas ou peu de place à la communication. Elle préconise donc la nécessité d’inclure cette formation à la communication afin que les annonces de diagnostic et de pronostic se passent dans de meilleures conditions, à savoir qu’elles laissent la place à la possibilité de la prise en charge médicale.

C’est là en effet un souci fréquent chez les médecins préoccupés par la thérapeutique que de sauvegarder la compliance des patients aux traitements prescrits, qu’ils soient à visée curative ou palliative.

Selon certains auteurs119

« L’annonce de ce diagnostic (d’une maladie à risque létal) relève d’un art qui ne s’improvise pas. Elle fait du médecin un « porteur de mauvaise nouvelle » et de la manière dont il la communique vont dépendre la qualité de la prise en charge du patient, sa compliance aux traitements, sa relation –comme celle de sa famille – au monde médical »120.

118

Franks, A.(1997), L’annonce des mauvaises nouvelles, un défi de communication. , 1997, vol. 4, n° 2. –p. 61-65

119 Landry-Dattée, N., Théodore,.Ch., Vélardo, D., ( 2005), La relation équipe soignante / familles en fin de vie, in Hirsch,

E., (sous la direction de), Face aux fins de vie et à la mort. Etiques et pratiques professionnelles au cœur du débat, (2005) Espace éthique, Vuibert. P. 103-107.

120

Ici encore l’annonce bien faite est celle qui sert la relation patient médecin, l’annonce peut bien se faire à condition d’en connaître l’art et la manière.

Les auteurs constatent l’écart qui existe entre ce que le médecin énonce et ce que le patient et la famille entendent. Pour pallier à ce « malentendu » ils conseillent de répéter l’information autant que nécessaire.

Cependant, ils notent la difficulté que cela représente pour le médecin d’avoir à répéter les mauvaises nouvelles.

Selon Ladouceur121 l’annonce de mauvaises nouvelles se doit d’être soutenue par une certaine habileté à la communication qui ne peut qu’être enseignée. Au Québec, il existe en ce sens des collèges de médecins qui forment les médecins de famille à l’exercice de l’annonce de mauvaises nouvelles.

L’essentiel de la démarche proposée par l’auteur est de savoir prendre le temps nécessaire à cette annonce, mesurer le niveau du désir de savoir manifesté ou non par le patient, doser l’information en fonction des réactions du patient et maintenir l’espoir vivant.

On voit bien là cette ambivalence dans le fait de l’annonce où l’auteur préconise la nécessité de la faire mais craint en même temps une conséquence incontournable quand la menace de mort se fait sentir : l’anéantissement de l’espoir.

Ce maintien de l’espoir est un point sur lequel butte de manière récurrente les médecins quand ils sont mis en demeure de faire une annonce de pronostic létal.

C.5

La communication triangulaire

En 2005, Aubry122 tente de remédier à aux effets néfastes de l’annonce en proposant un modèle possible de communication.

L’objectif selon lui est de communiquer avec le malade, pourrait-on dire « coûte que coûte ». Au point que devant une personne qui se montre fermée à tout échange concernant son état, il

121 Ladouceur, R. (2002). 122

proposera « d’utiliser une communication dite triangulaire en s’adressant à une tierce personne pour atteindre en réalité la personne fermée. (Il précise qu’) on utilise souvent cette technique en soins palliatifs où l’angoisse qui étreint les patients les ferme à une écoute directe et les ouvre à une écoute indirecte »123.

Il conseille là de mettre en place une forme de forçage du désir du sujet à ne pas entendre ce qui touche son état, sans s’interroger sur ce qui fait le fond de cette angoisse du sujet, notamment lorsqu’il se trouve en soins palliatifs.

C.6

Difficultés de l’annonce inhérentes au