Analyse thématique des émissions

Pour dégager la relation entre le thème abordé et l’espace discursif qui lui est accordé, le nombre de mots de chaque épisode thématique a été calculé. Pour cela, nous avons pris en compte la transcription en wolof plutôt que la traduction francaise. Nous avons considéré comme mot chaque élément constitutif de chaque énoncé, par exemple dans l’énoncé en wolof « Mbokk yi, Sud Fm seen radio (Chers auditeurs, Sud FM votre radio) », nous avons considéré « Mbokk » comme un mot, « yi » comme un mot et ainsi de suite, ce qui donne un total de 6 mots. Sans surprise, puisque c’est leur raison d’être, les émissions abordent abondamment des thèmes religieux, comme le montre le tableau 2. Cependant, des différences existent entre les animateurs et selon les formats.

Tableau 2

Distribution en pourcentage des thèmes abordés dans les émissions selon les animateurs50

Thème

Émissions en solo

Émissions

avec auditeurs avec invité ou Émissions coanimateur Total Socé N = 25647 Sall N = 19542 Socé N = 8280 Sall N = 12062 Socé N = 6013 Sall N = 31534 Socé N = 39940 Sall N = 63138 Religion 79 86 85 39 26 14 72 41 Actualité 18 1 10 43 74 54 25 35 Histoire et société 4 13 5 18 0 32 3 24

N= le nombre de mots énoncés pour l’ensemble des épisodes regroupés sous chaque thème.

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De façon générale, ce tableau montre que la religion est le premier thème abordé par les animateurs. Mais pour Socé, elle arrive largement devant les autres thèmes, occupant 72 % du total, touts formats confondus. Pour Sall, les thèmes sont répartis de manière plus équilibrée, mais c’est néanmoins la religion qui récolte la plus importante part, avec 41 %, l’actualité étant en deuxième position, avec 35 %. Quant au thème « histoire et société », seul Sall y accorde une certaine importance, avec 24 % de l’espace discursif. Il faut néanmoins signaler que même lorsque les animateurs abordent les autres thèmes, la religion demeure présente, de manière latente : en effet, les animateurs donnent leur avis sur la société ou l’actualité en se fondant sur la religion51_.

Ce sont lors des émissions en solo que les animateurs accordent la plus grande part de leur attention au discours religieux, respectant de ce fait le contrat de communication implicite qu’ils ont établi avec leurs auditeurs. Les thèmes religieux sont développés à partir d’une sourate ou d’un verset, généralement présentés en arabe, et explicités en wolof, ce que nous verrons à la section suivante. Néanmoins, l’actualité et l’histoire permettent d’aborder des questions importantes que se posent les auditeurs : le magal, le gamou52, le tremblement de terre en Haïti, les tueries au Nigéria, les problèmes en Malaisie, le monument de la renaissance africaine53, etc. L’extrait 15, qui traite d’un sujet d’actualité, et l’extrait 16, qui aborde une question de société, montrent que les animateurs relient la vie courante à la religion, principalement à travers des invocations :

Exemple 15

Et nous avons aussi de la peine pour nos parents qui vivent là-bas en Haïti, c’est une très dure épreuve, qui leur arrive. C’est comme si elle est tombée sur le monde entier, parce qu’en le regardant, tu te sens concerné. Tu sens aussi son ampleur. Une capitale entière, vraiment, la terre a tremblé, vraiment c’est très dur. C’est pourquoi nous pensons que toute personne doit se sentir concernée en le voyant. Nous demandons à Allah pour qu’ils surmontent cette épreuve et

qu’elle n’ait lieu nulle part ailleurs dans le monde. Parce que tous les pays y

sont représentés, tous les pays font un parce que qu’importe où tu vas, tous les pays y sont représentés, tous les Sénégalais y sont, tous les pays y sont, et c’est

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De manière générale, lorsque les animateurs parlent de religion, cela peut concerner des règles de comportements en société et des préceptes fondamentaux de l’Islam.

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Le magal et le gamou sont deux cérémonies religieuses célébrées au Sénégal.

53 _{Monument construit à hauteur de millions par l’ex-président sénégalais et qui a suscité la controverse tant}

par rapport à son coût que par rapport à ses retombées financières, dont un pourcentage important revient à la fondation dudit président.

très dur, très dur vraiment, qu’Allah arrête l’épreuve là, et les aide, et leur

remplace ce qu’ils ont perdu (Socé, 15 janvier, solo). Exemple 16

Je reviens sur la sécurité sur les routes, Thiongane54 , euh, celui qui prend des gens d’un endroit, avec l’intention de les emmener à Tivaouane, avec l’intention de les emmener à Tivaouane, ou à Djassane, ou à Thiénaba, ou à Kaolack, à Diourbel ou à Touba55, ou partout où on célèbre le gamou, tu t’es arrêté, tu t’es arrêté et tu as dit aux gens que tu allais à tel endroit, ils t’ont demandé à combien est le billet? Tu lui as répondu que c’est tel montant,

ndeysaan, la personne te l’a donné, elle t’a donné son sac que tu as mis en haut,

elle est entrée et s’est assise, tu dois faire doucement jusqu’à ton arrivée et lui demander « Est-ce que c’est où tu voulais aller? ». Elle va répondre « oui », tu vas lui dire de descendre, elle va descendre et te remercier, « qu’Allah te

rétribue », tu vas dire « amen ». C’est le devoir du chauffeur en ce jour, celui

que tu, que tu emmènes, lui n’est pas pressé, et être pressé s’arrête au fait de prendre une voiture, professeur, si tu additionnes le fait que tu sois pressé à la vitesse de la voiture, tu en as deux, tu vas alors subir un préjudice, être pressé plus être pressé égal préjudice. Donc, n’additionne pas ton empressement et celui des autres (Sall, 21 janvier, solo).

Dans le cas des émissions au cours desquelles il y a interaction avec les auditeurs, ce sont souvent ces derniers qui déterminent le thème en posant des questions d’ordre religieux ou concernant d’autres thèmes. Il en ressort que pour Socé la religion est encore en première place, avec 85 %, alors que, pour le second animateur, l’actualité est plus importante, avec 43 %, suivie quand même de près par la religion, avec 39 %. Autrement dit, les auditeurs appellent principalement Socé pour qu’il réponde à des questions religieuses, tandis qu’ils appellent Sall pour qu’il traite de questions d’actualité ou de société.

Cette tendance est encore plus marquée lorsqu’il s’agit d’interactions avec des invités et des coanimateurs, où les questions strictement religieuses sont reléguées au second, voire au troisième, plan. Néanmoins, comme nous l’avons remarqué dans le cas des émissions en solo, la religion est présente puisque les animateurs ou même leurs invités ont tendance à expliquer les faits de société ou l’actualité en se fondant sur la religion. C’est le cas par exemple de Socé, qui a invité l’imam Bousri Sall afin que ce dernier explique, à partir du

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Coran, un fait de société, une aumône dite mortelle56, qui selon lui n’a aucun fondement religieux et en lequel, d’ailleurs, le musulman ne devrait tout simplement pas croire s’il a la foi.