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5. Exposé des résultats

5.4 Analyse réflexive des parents concernant les devoirs

Passons à présent à la dernière partie de ce chapitre. Ici, les parents sont invités à faire une réflexion supplémentaire au sujet des devoirs et de faire un lien entre la première partie qui était plus axée sur leur pratique et la deuxième partie, où ils ont détaillé et questionné la directive (annexe 10, tableau 6).

5.4.1 Similitudes entre pratique et directive

Ici le but est de prendre un peu de recul et d’essayer de revenir sur l’ensemble de l’entretien.

En fait huit mamans retrouvent dans leur pratique ce qui est énoncé dans la directive. Parmi ces mamans, il est intéressant de relever quelques éléments énoncés lors des entretiens.

Comme par exemple, les propos de Celina qui reconnaît se retrouver dans ce qui est dit dans la directive, mais en pratique elle déclare que ce n’est pas quelque chose qu’elle peut appliquer.

Hélène non plus ne se situe pas dans la directive. Elle l’explique en ces mots : « ce n’est pas la vérité. Par rapport à l’autonomie, j’essaye, mais ce n’est pas concluant ». Toutefois, elle ajoute que la directive montre l’image qu’elle se faisait des devoirs, avant de les vivre avec son fils.

Pour sa part Marina exprime le fait de ne pas rejoindre dans la pratique la directive en

Karène est très étonnée du contenu de la directive. Elle trouve d’ailleurs que si ce « qui est écrit était appliqué, on s’y retrouverait un peu plus » ce qui montre bien qu’elle ne ressent pas ou presque pas de lien entre la directive et sa pratique.

Pour finir, deux mamans (Catherine et Jacqueline) qualifient cette directive d’utopique.

Pensent-t-elles finalement que celle-ci n’est pas applicable ou que son contenu n’est pas assez mis en pratique par les enseignant-es ? Ces deux questions restent malheureusement sans réponses définitives, n’ayant pas assez d’éléments pour tenter d’y répondre. Toutefois, ces propos sont déjà apparus lors des entretiens, ce qui montre que certaines mamans ne considèrent pas pouvoir mettre en application la directive. À la vue des paroles des mamans, il semble qu’elles trouvent la directive trop contraignante ou trop difficile à appliquer par les enseignant-es et, loin de s’en plaindre, comprennent les difficultés que pourraient rencontrer les enseignant-es.

5.4.2 Idéal des mamans quant aux devoirs

Pour être au plus fidèle possible aux propos recueillis, voici un tableau qui fait part de manière détaillée de l’idéal de chaque maman quant aux devoirs.

Tableau 6 : Idéal des mamans

Prénoms Idéal

Ludivine

Lorsqu’elle était à l’école primaire, faisait partie d’une classe pilote qui n’avait pas de devoirs. De cette expérience, elle a retiré la difficulté qu’il s’en est suivi une fois arrivée au cycle, où là elle avait des devoirs. C’est pourquoi elle est pour les devoirs. De plus, son fils ne présente pas de difficulté scolaire et se met volontiers à faire ses devoirs. Le seul “reproche’’ qu’elle pourrait adresser aux devoirs concerne le matériel. Elle voudrait pouvoir sortir de la configuration « papier-crayon » pour les devoirs qui se voient déjà beaucoup dans la classe.

Stefania

Voudrait plus de devoirs pour sa fille. Elle souhaiterait que celle-ci n’ait « pas le temps pour penser à autre chose ». Mais ce plus devrait être différencié. Dans le cas de sa fille, elle demanderait plus de dictées et plus de mathématiques.

Catherine Trouve la quantité de devoirs satisfaisante. Elle trouve important d’avoir des

devoirs, bien que parfois cela « l’arrangerait de ne pas avoir à intégrer les devoirs dans leur vie ». Cependant, elle ne voit pas « comment on pourrait faire sans ».

Celina

Souhaiterait qu’il y ait une cellule « devoirs » au sein de l’école. « Le vendredi après-midi, au lieu de faire du dessin, d’instaurer un moment où les élèves peuvent faire leurs devoirs et poser des questions à l’enseignante ». Ainsi, à la fin de la semaine, les enfants auraient « bouclé » leurs devoirs et pourraient se plonger dans les nouveaux, sans avoir du travail à rattraper à domicile.

Carole Souhaiterait avoir plus de devoirs. Surtout en 2P, car elle trouve conséquent le saut qu’il y a entre la 2ème primaire et la troisième primaire.

Hélène

Voudrait que les devoirs soient clairs pour elle. L’information transmise aux parents n’est pas nécessaire. Elle ajoute aussi qu’elle souhaiterait voir des devoirs différenciés, choisis en fonction des difficultés de l’enfant. De plus elle se plaint que les devoirs « sont un combat. Pas contre les devoirs, mais contre son fils, à cause des devoirs ».

Joana Est satisfaite des devoirs qu’elle connaît. Elle pense que la quantité de devoirs donnés est suffisante, car il n’est pas nécessaire d’en avoir trop.

Jacqueline

Souhaiterait qu’il n’y ait pas de devoirs à rendre chaque jour. Elle préférerait que son enfant rende tous ses devoirs le même jour. Jacqueline voudrait que « le délai de reddition soit le choix des parents ».

Marina

N’émet aucun souhait quant à la directive ou quant aux démarches que pourrait faire l’enseignante. Son souci réside dans le fait de ne pas pouvoir appliquer les principes de la directive avec son fils, car celui-ci n’est pas capable de faire ses devoirs seul.

Valeria Trouve les devoirs très bien comme ils le sont actuellement.

Karène Voudrait que la directive soit appliquée. Elle estime qu’elle ne l’est pas, donc son idéal se retrouve dans ce qui est énoncé dans la directive.

À présent que les propos des personnes interrogées ont été reproduites, il s’agit de dégager des éléments de ces souhaits quant aux devoirs. Cela se fait en trois volet. Premièrement, les propositions qui sont émises, deuxièmement les plaintes, et troisièmement les mamans qui se disent satisfaites.

En premier lieu, il est important de relever que des mamans ont émis des propositions quant à ce qu’elles souhaiteraient voir apparaître dans les devoirs. Ludivine, par exemple, aimerait que le travail qui se fait à domicile soit différent de celui qui peut de faire en classe, en sortant des activités de type « fiches » et en proposant plus d’activités ludiques, ou des recherches qui

Celina qui propose de profiter de moments « plus libres » dans la classe pour créer une

« cellule devoirs ». Par cela, elle souhaite qu’une partie des devoirs, si ce n’est l’intégralité, puisse se faire dans le cadre de l’école. Cette proposition est intéressante, puisque, si l’on fait référence à l’horaire de l’écolier (annexe 6) et à la répartition hebdomadaire du temps d’enseignement (annexe 7), l’on se rend compte que deux heures trente par semaines sont

“libres’’. Ces deux heures et demie pourraient donc éventuellement servir aux devoirs comme l’imagine Celina. Ceci rejoint ce que dit Meirieu (2004, p. 29) « le fait de prendre du temps pour « faire ses devoirs en classe » permet, en réalité, une économie considérable de temps à moyen et à long terme ».

Abordons à présent le sujet des plaintes qu’ont émises certaines mamans. Stefania se plaint de la quantité des devoirs donnés à sa fille. Non pas que cela soit trop, au contraire, elle souhaiterait que sa fille aient une quantité plus importante de devoirs. Il semble pourtant ici, que cela ne soit pas une plainte du point de vue de la quantité de devoirs données par l’enseignante, mais plutôt une représentation propre de cette maman qui souhaite que sa fille

« soit occupée ».

Pour finir, toutes les mamans n’avaient pas des réclamations ou des souhaits à émettre, certaines sont satisfaites des devoirs tels qu’ils sont actuellement.

5.4.3 Le mot de la fin

En fin d’entretien, souvent les mamans sont revenues sur ce qu’elles avaient dit pour en faire une courte synthèse. À titre d’exemple, Catherine a ajouté : « moi je suis pour les devoirs. Je pense que ça permet d’autonomiser les enfants, mais il faut tout de même quelqu’un derrière.

Ça doit se faire petit à petit ». Hélène a glissé une note d’humour en cette fin d’entretien en disant que « les devoirs : c’est quelque chose pour enquiquiner les parents plus qu’autre chose ». Puis elle a ajouté sa volonté d’avoir des devoirs adaptés aux difficultés de son fils.

Ce qu’elle dit en premier est tout de même très intéressant, car cela montre que bien que les devoirs soient faits pour les élèves, les parents s’investissent énormément en eux, et cela non sans mal.

Jacqueline tenait à souligner qu’il ne faudrait pas supprimer les devoirs, mais qu’il serait important que les enseignants expliquent leurs bien fondés aux élèves et aux parents dès le

début de l’année scolaire, afin que les élèves comprennent leur sens, et que les parents sachent quel est leur rôle.

5.4.4 Synthèse

Ce dernier sous-chapitre revient sur les devoirs en ayant acquis une plus grande connaissance à leur sujet. En effet, après avoir discuté point par point de la directive, d’avoir pu manipuler des exercices, tel que cela est décrit dans la partie méthodologique de ce mémoire, les mamans ont pu revenir sur leur pratique et tenter de la comparer avec les éléments de discussion partagés lors de l’entretien. Cependant, les mamans ont préféré aborder cette fin d’entretien en se projetant dans leur idéal, plutôt que dans leur pratique explicitée en début d’entretien. Cette manière de faire apporte donc des éléments nouveaux à cette recherche. Il y a une dimension de désirabilité, ce que voudraient ces mamans. Ceci, malheureusement, rend difficile la comparaison entre le moment où les mamans n’ont pas pris connaissance de la directive et la partie de l’entretien où celles-ci connaissent les objectifs, les principes, le contenu ainsi que la durée des devoirs. Il est néanmoins intéressant de constater, que bien que les mamans ne reviennent pas sur leur pratique, elles apportent des éléments en lien avec des principes développés dans la directive. Ces éléments montrent essentiellement que la directive se rapproche de ce qu’elles souhaiteraient voir dans les devoirs.

6. Conclusion

Dans cette conclusion, je vais tout d’abord tenter de répondre aux questions de recherches qui sont à la base de ce mémoire. C’est en partant du questionnement que j’avais sur les devoirs, qu’est née cette recherche. Il est donc important d’y apporter des réponses, dans une forme d’aboutissement.

Dans un deuxième temps, je tiens également à faire un bilan général de cette recherche, qui aboutira sur un compte-rendu des apports et des limites de la recherche, tant au point de vue général que personnel.