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5. Exposé des résultats

5.3 Connaissance et analyse de la directive « devoirs »

5.3.4 Analyse point par point de la directive

Dans cette partie de l’analyse, il s’agit de connaître la position de personnes interrogées par rapport à quelques affirmations extraites de la directive. Les mamans pourront s’exprimer sur ce que préconise la directive. Il s’agit de savoir plus avant ce que pensent les personnes interrogées du contenu de la directive qu’elles découvrent. Comment réagissent-elles ? Qu’en pensent-elles ? Cette analyse permet par ailleurs de répondre à la question de recherche suivante : Quel regard portent les parents interrogés sur les objectifs, les principes, le contenu et la durée présentés dans la directive « devoirs » ? (annexe 10, tableaux 5.1, 5.2, 5.3)

La directive vise à favoriser l’autonomie à travers les devoirs.

Pour neuf mamans sur onze, cette affirmation est juste. Toutefois, elles expriment que ce n’est pas toujours facile selon les enfants. Catherine va même jusqu’à dire que cette affirmation est

« utopique ». Ludivine explique que c’est important, qu’avec les devoirs, son fils a quelque chose qui lui appartient « pour lequel il n’y pas de copains et pas la maîtresse ». Celina souligne qu’elle trouve positif que les devoirs visent l’autonomie, mais qu’il faut tout de même avoir accès à certaines informations à la maison. Carole et Jacqueline relèvent l’importance d’arrivée à l’autonomie, mais cela de manière progressive. Jacqueline en revanche est totalement d’accord avec cette affirmation. Elle explique qu’elle doit dire à son enfant de faire des devoirs, mais qu’ensuite celui-ci doit s’y plonger seul. En revanche, pour Marina et son fils, les devoirs ne favorisent pas l’autonomie, alors que Karène pense que les devoirs visent à favoriser l’autonomie, mais « pas de la bonne manière ».

Quelques-unes d’entre elles m’ont avoué trouver que leur enfant était trop « petit » pour être entièrement autonome. L’autonomie serait ainsi une question d’âge pour les mères interrogées ? De plus, certaines mettent en avant une volonté d’accompagner l’enfant vers

cette démarche. Elles font écho à certains éléments mis en exergue dans la partie théorique de ce mémoire. Tout d’abord, en agissant de la sorte, les parents rappellent la présence de l’enseignant-e. Celui-ci ou celle-ci impose des tâches aux élèves et leur demande de faire ces activités. À la maison, les parents tiennent ce rôle en exigeant de leurs enfants qu’ils se mettent au travail. Ensuite, la théorie nous apprend qu’il faut amener l’enfant vers l’autonomie, la lui apprendre. Les familles essayent d’aller vers cet apprentissage de manière progressive.

Les devoirs proposent à l’élève de transposer dans sa vie quotidienne les apprentissages qu’il a accomplis à l’école.

De cette affirmation ressort trois éléments des propos recueillis. Tout d’abord, huit mamans interrogées ne trouvent pas que les devoirs soient réellement un lien entre la vie quotidienne et l’école. Ensuite, certaines comprennent ce lien, mais affirment que leurs enfants n’arrivent pas à voir les rapports qui peuvent être établis entre leurs devoirs et leurs vies de tous les jours, leurs préoccupations quotidiennes. Finalement, il semble que ce lien entre les apprentissages et la vie de l’élève en dehors de l’école soit plus présent au fil des années scolaires. À ce sujet, Catherine estime qu’en 3 ou 4P, ce lien devient de plus en plus évident.

Ainsi l’on peut voir que ce qu’il se dégage de ces éléments, est le fait que seules certaines mamans sont conscientes du rapport entre les devoirs et le quotidien, toutefois, aucun enfant ne parvient à réaliser que ce lien existe. S’agit-il du type de devoirs qui est donné par les enseignants qui restent trop dans le domaine du scolaire ?

Les devoirs offrent à l’élève la mise en pratique et la consolidation des connaissances acquises en classe.

Dix mamans répondent par l’affirmative à la question de savoir si « Les devoirs offrent à l’élève la mise en pratique et la consolidation des connaissances acquises en classe ». A la vue de ces chiffres l’on peut voir que la quasi totalité des mamans sont convaincues de retrouver dans les devoirs ce que leurs enfants travaillent à l’école. Pour savoir cela, elles se basent sur ce que racontent leurs enfants des apprentissages faits à l’école et comparent avec les exercices à faire à domicile. Ludivine explique que son fils apprend l’imparfait à l’école et que la dictée à apprendre à la maison contient des verbes à l’imparfait. Cette manière de

travaillées en classe. De plus, il s’agit bien ici de « mise en pratique » et de « consolidation », ne laissant aucune place à la nouveauté. Les mamans constatent à travers les devoirs de leurs enfants, que ceux-ci n’apportent aucune activité qui n’aurait pas été déjà travaillée en classe au préalable. Il s’agit donc bien d’un travail de consolidation.

Néanmoins, une autre maman est persuadée que « 90% des acquis se font en classe en écoutant l’enseignante et en faisant les exercices, et que seuls 10% des acquis se font à la maison». Elle estime donc que le plus gros travail d’acquisition des connaissances se fait en classe, et que les devoirs servent, en quelque sorte, de révision.

Les devoirs sont en lien avec les besoins de l’élève.

Cette affirmation pose la question de savoir si les devoirs reçus par les enfants des familles interrogées sont adaptés aux besoins des élèves. Il en ressort que seule Marina affirme que son enfant a des devoirs adaptés à ses besoins. Son fils est en dans une classe spécialisée. Les devoirs de tous les enfants de cette classe sont adaptés aux différents niveaux et aux différents besoins. Elle explique toutefois que les élèves n’ont pas connaissance de cette procédure, ce afin de ne pas créer de compétition ou de comparaison entre eux. La directive demandant que les devoirs soient adaptés aux besoins des élèves, l’on peut se demander comment cela se fait-il que ceci se fasse uniquement dans la division spécialisée et que cela se fasse « en secret », du moins de manière à ce que les élèves ne soient pas au courant de cet état de fait.

Aussi, pour toutes les autre mères interrogées, les devoirs ne sont pas en lien avec les besoins de leurs enfants. Quoique émettant une certaine forme d’incertitude, elles essayent de se baser sur les devoirs des camarades de leurs enfants qui ont peu ou prou de difficultés et qui ont le même nombre et le même type de devoirs.

Les devoirs ne doivent pas faire l’objet d’une évaluation certificative.

En général, les mamans répondent que les devoirs ne sont pas évalués, en parlant des fiches à faire à la maison. Toutefois, presque immédiatement, elles mentionnent que la dictée est notée. En effet, les élèves ont souvent une dictée le vendredi, ou le jour de la reddition des devoirs. Certaines savent que la dictée est préparé en classe, en la recopiant, mais qu’ensuite, les élèves doivent la travailler, l’apprendre à la maison. Ce qui implique l’aide des parents. A

l’instar du contrôle des verbes. Ceux-ci sont effectivement travaillés en classe, mais une révision à la maison est nécessaire. Donc, les devoirs à proprement parler ne sont pas notés.

Toutefois, ce qui est travaillé et révisé à la maison fait plus tard l’objet d’une évaluation.

Par contre, le fils de Marina reçoit des bonus selon la qualité de ses devoirs. Elle explique qu’au bout de trois ou quatre bonus, les enfants peuvent choisir de ne pas prendre une fiche dans une discipline, pour leurs devoirs de la semaine suivante. En spécialisé, il n’y a pas de notes, toutefois, on assiste souvent à un système de renforcement positif. C’est le cas ici.

Les devoirs doivent pouvoir être accomplis par l’élève de manière autonome. Dans cet esprit, ils visent à rendre l’élève responsable de la gestion et de la réalisation de son travail à la maison.

À cette question, il est intéressant de voir que quatre mamans répondent quasiment la même chose « oui, mais il faut les accompagner là-dedans, car cela ne se fait pas tout seul ». Il y a donc une réelle prise de conscience que l’autonomie s’acquiert, mais pas toute seule. Il faut l’enseigner. Une maman dit même qu’elle n’est pas sûre que cet accompagnement se fasse en classe. Elle endosse donc ce rôle. Karène est beaucoup plus critique. Elle dit « pour moi cela ne veut rien dire. Ce n’est pas comme cela qu’on fait des apprentissages. Ce n’est pas en les laissant qu’on fait des apprentissages ». Elle entre donc aussi dans cet aspect de l’éducation à l’autonomie en ayant cette volonté d’accompagner son enfant vers cette démarche.

Les autres mamans trouvent tout de même cet alinéa intéressant en exprimant le fait que c’est à cela qu’il faudrait arriver. Elles montrent une réelle envie d’arriver à ce but, mais de manière progressive. À nouveau, certaines expriment le fait que leurs enfants sont trop

« petits » pour être déjà autonomes. De plus, Marina est tout à fait d’accord avec cet alinéa de la directive, trouvant qu’il est pertinent, cependant elle ne l’applique pas, car elle ne parvient pas à rendre son enfant responsable de son travail.

Les devoirs ne sont ni un rattrapage de ce qui n’a pas été fait en classe, ni un enseignement à domicile, ni un système de punition.

Les réponses des mamans reviennent sur les trois volets de cette affirmation : le rattrapage de

Sept mamans sur onze affirment avoir observé dans les devoirs de leurs enfants du travail non terminé en classe. Une majorité de mamans peuvent donc dire que la première partie de l’affirmation « Les devoirs ne sont ni un rattrapage de ce qui n’a pas été fait en classe, ni un enseignement à domicile, ni un système de punition » n’est pas respectée. Il est important de souligner, qu’en référence à la présentation des mamans faite dans la partie méthodologique de ce mémoire, l’on peut voir que plusieurs familles habitent dans le même quartier et fréquentent les mêmes écoles. Cela peut donc être une cause de voir ce regroupement si important de mamans qui peuvent constater que leurs enfants ont du travail, normalement fait en classe, qui arrive à la maison. À ce sujet, Catherine parle du fait que ce serait un

« disfonctionnement dans la classe ». Elle estime qu’il n’est pas normal de devoir rattraper à domicile des tâches qui devraient être faites à l’école.

Concernant le deuxième volet, l’enseignement à domicile, Celina explique que lorsque son enfant n’a pas compris quelque chose en classe, et qu’elle doit le lui expliquer à la maison, elle considère cela en quelque sorte comme un enseignement à domicile. Carole rappelle également que beaucoup de familles font appel à un-e répétiteur-trice ou que des enfants vont aux études surveillées. Elle l’explique en ces mots : « cela veut dire qu’il y a quand même de la matière qui n’a pas été comprise en classe et qu’il faut une aide externe ».

Quant au système de punition, il ne s’agit pas à proprement dit de punition, cependant Celina trouve que pour son fils, les devoirs sont une punition, car il a envie de faire autre chose que cela en rentrant de l’école. Son fils, comme beaucoup d’autres enfants, préférerait jouer plutôt que de devoir s’asseoir à son bureau, ou à la cuisine, et faire ses devoirs. Cela n’est pas une punition, bien sûr, mais elle est ressentie comme telle par ces enfants.

Le samedi et le dimanche ne devraient pas être l’occasion pour les élèves de faire leurs devoirs, mais de laisser aux parents l’opportunité d’en prendre connaissance.

Seul le fils de Marina n’a pas de devoirs le week end. Il reçoit ses devoirs le lundi et doit les rendre le vendredi. Les autres mamans ont toutes l’opportunité de prendre connaissance des devoirs de leurs enfants le week end. Néanmoins, elles ne font pas qu’en prendre connaissance. Effectivement, huit d’entre elles profitent de ces deux jours de congé pour avancer les devoirs. Ludivine par contre essaye d’éviter de demander à son enfant de faire ses

devoirs le week end, préférant la semaine. Cependant, elle avoue qu’il arrive qu’il commence ses devoirs lors d’un dimanche pluvieux. A l’instar de la famille d’Hélène qui ne va pas se priver d’un week end, s’ils en ont l’occasion, ils profiteront du samedi et du dimanche pour avancer dans les devoirs, mais cela n’est pas une priorité ces deux jours-là. Par contre, la fille de Stefania commence ses devoirs le week end, sans sa mère. Celle-ci ne regarde les devoirs de sa fille que trois jours dans la semaine, le lundi, le mardi et le jeudi.

Les devoirs sont différenciés.

Cette question de la différenciation rejoint en quelque sorte l’affirmation qui demande que les devoirs soient adaptés aux besoins des élèves. D’ailleurs les résultats obtenus ici sont assez similaires à ceux analysés plus haut dans ce mémoire. En effet, six mamans sur onze affirment savoir que les devoirs de leur enfant ne sont pas différenciés. Elles ont pu discuter avec d’autres mamans ou pu observer des camarades de classe de leur enfant à la maison lors de moments de devoirs en communs et qui avaient la même quantité de devoirs et les mêmes exercices à réaliser. Trois mamans ne savent pas si les devoirs de leurs enfants sont différenciés. Si l’on fait référence à la partie sur les besoins de l’élève, l’on peut constater que dix avaient répondu que les devoirs n’étaient pas adaptés aux besoins spécifiques. Y a-t-il une différence d’interprétation entre ces deux questions ? Les mamans sont-elles revenues sur leurs positions ? Il semblerait du moins, que bien que ces deux questions soient très proches l’une de l’autre, les mamans les ont perçues comme étant différentes. De plus, ici entre une nouvelle information, Valeria explique qu’elle n’en a pas fait la demande à l’enseignante.

Selon elle, elle aurait la possibilité de le faire si elle estimait qu’il y avait trop ou pas assez de devoirs.

Comme pour la question sur les besoins des élèves, Marina sait que son fils (qui est en spécialisé) a des devoirs différenciés, en quantité et en qualité, selon ses besoins. Elle est la seule pouvant affirmer cette information, au contraire des autres mamans qui ne sont pas sûres de ce qu’elles avancent, mais se basent sur des indices qu’elles ont pu récolter.

L’enseignant fait un sondage régulier auprès des familles pour vérifier le bon déroulement des devoirs.

Seule Valeria, à travers une feuille rattachée aux devoirs, a un contact régulier avec l’enseignante au sujet des devoirs. Autrement, les autres se sentent libres d’aller parler des devoirs avec l’enseignante de leur enfant au sujet des devoirs, mais reconnaissent que les enseignantes, sauf parfois aux entretiens trimestriels, ne demandent pas de manière systématique et régulière comment se déroulent les devoirs. Il semble que les enseignant-es partent du principe que si les parents ont un problème avec les devoirs, ils peuvent se sentir libres d’en parler lors d’un entretien organisé à l’avance, ou à tout autre moment. Cependant, les enseignant-es ne font pas la démarche de faire un sondage à ce sujet, de manière régulière, laissant plutôt la discussion ouverte, et plus centrée sur ce point en cas de besoin.

Commentaires de la partie « contenu » de la directive.

À cette question, il me semble important de vous restituer les propos des onze mamans interrogées à l’aide d’un tableau. Ce tableau présente les commentaires recueillis en trois catégories. Tout d’abord, les mamans qui reconnaissent dans les devoirs de leurs enfants des éléments de la partie « contenu » de la directive, puis, les mères qui ne se retrouvent pas dans cette partie et finalement une catégorie exprimant le contenu partiellement reconnaissable dans les devoirs.

Tableau 5 : Commentaires du contenu de la directive

Prénoms

Partie « contenu » reconnaissable dans les

devoirs

Partie « contenu » non reconnaissable dans les

devoirs

Partie « contenu » partiellement reconnaissable dans les

devoirs Ludivine

La partie contenu ne correspond pas aux devoirs de son fils.

Stefania

La partie « contenu » de la directive correspond aux devoirs que sa fille a à effectuer.

Catherine

Ne retrouve dans cette partie que le premier point « renforcement des apprentissages et

développement de

démarches complexes » déception du fait que les devoirs ne sont pas différenciés

Carole

Pense que sa fille est encore trop jeune pour avoir ce genre de devoirs.

Elle pense que le contenu proposé est progressif.

Hélène Ne se retrouve pas dans

ce contenu.

Joana Confirme que sa fille a bien ce genre de devoirs.

Jacqueline

Reconnaît les devoirs de son enfant dans la première partie

Marina

Estime que son fils est encore trop petit pour faire par exemple « une préparation d’excursion » où ils doivent inventer des choses. Il y a une

Grâce à ce tableau, l’on peut se rendre compte que pour trois mamans, le contenu développé dans les devoirs n’est pas encore tout à fait visible dans les devoirs de leurs enfants. Souvent, ces mères ont relevé le fait que ce contenu est certainement évolutif, et que plus leurs enfants grandiraient, plus elles retrouveraient ces éléments dans leurs devoirs. À ce propos, Jacqueline et Carole soulèvent cette idée de progression dans les devoirs. Jacqueline, par exemple, remarque que son fils n’a pas encore eu dans ses devoirs les éléments présentés dans le dernier point de la directive soit : « prolongement d’activités plus globales et utilisation des apprentissages scolaires dans un cadre élargi : préparation d'une excursion scolaire, rédaction

d'une invitation à une fête d’école ». Elle reste donc sur la réserve en émettant l’hypothèse que son fils est peut-être encore trop jeune en 3P pour faire cela.

Loin de cela, quatre mamans ne reconnaissent pas du tout ce contenu dans les devoirs de leurs enfants. Hélène est de cet avis et explique même que « sur le papier ça à l’air très convivial, très sympathique ». Elle rajoute « c’est très scolaire les devoirs. Ce n’est pas mêlé à la vie de tous les jours » comme cela est préconisé dans la directive. Elle conclut en disant que cet état de fait la dérange, car si son fils pouvait faire un lien avec sa vie quotidienne, il arriverait peut-être à envisager ses devoirs autrement, de manière plus sereine.

Pour finir, quatre mamans pensent que les devoirs de leurs enfants offrent le contenu proposé par la directive.

L’on peut remarquer que les avis sont bien partagés pour cette question. S’agit-il du fait que certaines mamans n’ont pas encore croisé tous les types de devoirs proposés dans la partie

« contenu » de la directive car leurs enfants sont encore trop jeunes ? Il semblerait que c’est dans cette direction que tendent les avis des mamans, puisque plusieurs pensent que certaines propositions de la directive sont trop compliquées, ou pas encore adaptable au niveau scolaire de leurs enfants.

La durée des devoirs (une fourchette entre une demi- heure par semaine au début de la 1P, 3 heures en 6P).

Cette question de la durée est difficile, car il se peut qu’avec la même quantité de devoirs, un

Cette question de la durée est difficile, car il se peut qu’avec la même quantité de devoirs, un