• Aucun résultat trouvé

L’ÉMERGENCE DU CONSERVATISME MODERNE ET LA RÉVOLUTION CONSERVATRICE INACHEVÉE

1.1.2.2. Affirmation des tensions entre républicains conservateurs et

Rockefeller Republicans au début des années soixante

En parallèle au renouveau intellectuel du conservatisme, on voit apparaître au tournant des années soixante les premières tensions visibles entre les républicains modérés de l’establishment du parti – les « Républicains à la Rockefeller » (Rockefeller Republicans) – et les républicains conservateurs opposés au New Deal, partisans d’un conservatisme beaucoup plus radical et plus en phase avec la base conservatrice qui commence à se structurer sur le terrain. Ces derniers développent un discours sur la nécessité d’un retour aux fondamentaux du conservatisme et se lancent dans une campagne de dénonciation des républicains modérés, considérés comme partisans du statu quo et jugés trop conciliants avec la majorité au Congrès.

L’effort qu’ils engagent alors pour repositionner le Parti républicain sur une base idéologique conservatrice est une tâche d’envergure. En effet, outre le retour des démocrates à la Maison Blanche, l’élection présidentielle de 1960 confirme surtout l’incapacité du Parti républicain à faire approuver les idées conservatrices par le suffrage universel. Huit ans plus tôt, l’élection de 1952 lui avait, certes, permis de regagner le contrôle de l’exécutif mais elle avait surtout assuré une certaine continuité au consensus sociolibéral. Républicain modéré acquis aux fondamentaux du New Deal et du keynésianisme, Dwight Eisenhower est loin d’incarner les valeurs du conservatisme tel que le conçoit l’aile droite émergeante du Parti républicain, qui s’était alors rangée derrière la candidature du sénateur Robert A. Taft. En 1960, celle-ci prend fortement ombrage de l’accord conclu entre Nixon et les républicains modérés sous l’influence de Nelson Rockefeller, accord que Viguerie désigne comme « the infamous midnight pact of Fifth Avenue »156, et qui ne fait que marginaliser le candidat une fois l’élection perdue. Ainsi, la dichotomie conservateurs orthodoxes-révolutionnaires / conservateurs réalistes s’affirme dès le tournant des années soixante. Elle constitue un des paradigmes fondamentaux de l’histoire du Parti républicain depuis.

Suite à la défaite de Nixon, c’est le gouverneur de l’état de New York, Nelson Rockefeller, qui s’impose à la tête de l’establishment du Parti républicain. Héritier de la famille d’industriels du même nom, il est l’archétype du républicain de la côte Est. Centriste

75

de tendance sociolibérale, il est la bête noire des républicains conservateurs qui, à l’approche de l’échéance de 1964, se rangent derrière le sénateur de l’Arizona, Goldwater. Fait notable, on compte une femme parmi les figures de proue de la frange conservatrice radicale du Parti républicain. Originaire de la ville d’Alton dans l’Illinois, catholique, avocate et mère de famille, Phyllis Schlafly prend la tête d’un mouvement qui vise à mettre en échec les républicains à la Rockefeller et à faire nommer Goldwater à la candidature républicaine. Le parcours de Schlafly pour imposer l’orthodoxie conservatrice au Parti républicain permet de prendre la mesure des divisions entre modérés et révolutionnaires au sein du GOP. Son exploration confirme l’évolution de la dichotomie entre conservateurs réalistes/modérés et conservateurs radicaux/révolutionnaires.

Conservatrice convaincue et ardente défenseuse des valeurs traditionnelles, Schlafly s’implique sur tous les fronts. Vice-présidente du chapitre de l’Illinois de la National

Federation of Republican Women (NFRW), elle est également directrice de recherche à la Cardinal Mindzenty Foundation de Saint Louis dans le Missouri157 et animatrice de l’émission de radio hebdomadaire, America, Wake Up. Lors de la précédente élection présidentielle, elle s’était déjà prononcée en faveur du sénateur de l’Arizona pour le poste de colistier de Nixon en le décrivant de façon très flatteuse lors du congrès annuel de la NFRW:

« He’s a man of fine principles and a good vote getter »158. Au lendemain de la défaite des républicains, elle avait été nommée membre du comité pour la reconstruction du GOP de l’Illinois, organisation regroupant différentes figures républicaines dont l’objectif était de lui donner un nouveau souffle : « […] to toughen Republican fiber and enlist the efforts of citizens who wish to contribute to the party »159.

En 1964, elle est plus que décidée à rallier une majorité de républicains à la candidature de Goldwater en qui elle voit un candidat susceptible de proposer un projet qui se distingue vraiment de celui du candidat démocrate. L’objectif est d’enrayer la logique dans laquelle s’enferre le parti et qui consiste, depuis l’accès de Franklin D. Roosevelt à la Maison Blanche, à ne présenter que des candidats acquis au fondamentaux du New Deal et du consensus sociolibéral, et donc incapables de marquer leur différence par rapport au candidat démocrate.

157 La Cardinal Mindszenty Foundation est la branche catholique romaine de la Christian Anti-Communist

League. Fred Schlafly, l’époux de Phyllis siège au conseil d’administration de la fondation, financée en partie

par Evershap and Shick, numéro 1 du matériel de rasage dans les années soixante. Voir Donald Janson, “Right Wing Groups Gain Drawing Financial Aid,” The New York Times, June 28th, 1965.

158 « Il est un homme de principes et en position de recueillir beaucoup de voix ». Marie Smith, “Rockefeller is G.O.P Ladies’ No.2 Choice,” The Washington Post, April 1st, 1960.

159 « Durcir la fibre républicaine et enrôler les citoyens souhaitant mettre leurs efforts au service du parti ». Robert Howard, “47 Appointed to Strengthen Illinois G.O.P,” The Chicago Daily Tribune, January 25th, 1961.

76

Pour Schlafly, la candidature de Barry Goldwater permettrait enfin au Parti républicain de proposer « un choix et non un écho », A Choice, Not An Echo, titre du livre qu’elle publie au printemps 1964 pour soutenir la candidature du sénateur de l’Arizona160. Outre les charges qu’elle porte contre le sociolibéralisme et ses dérives et la mise en garde faite au lecteur sur les dangers d’un possible mandat de Johnson, elle réserve l’essentiel de ses piques à la frange modérée du Parti républicain (Voir annexe n°1 « A Choice not an Echo »).

Le livre est une longue diatribe contre l’appareil républicain de la côte Est dont elle dénonce la mainmise sur le parti et sur le processus de nomination des candidats à la présidentielle depuis 1940. Selon elle, en refusant de donner la nomination à un candidat républicain capable d’engager un débat sur les questions de fond essentielles, ceux qu’elle nomme les « faiseurs de roi » se rendent coupables de connivence avec les démocrates : « The

secret kingmakers have made common cause with the Democrats who have had everything to gain and nothing to lose if Republicans made a weak campaign »161. L’objectif est donc de permettre que le Parti républicain se repositionne sur des bases idéologiques conservatrices pour s’extraire du Centre Vital et de le contraindre à se montrer beaucoup plus combatif à l’égard du Parti démocrate en affirmant sa différence sur les questions importantes. De plus, en adoptant une position très clairement anti-establishment, Schlafly contribue avec son livre à préparer le terrain à la « stratégie sudiste » (southern strategy) qu’engage Nixon lors de l’élection suivante.

Il s’agit donc de désigner un candidat qui fasse jeu égal avec le candidat démocrate. Convaincue que Rockefeller n’est pas du tout à la hauteur de la tâche, elle enjoint les Républicains à réfléchir à la personnalité la plus à même de remporter le match contre le président sortant : « The question for Republicans in 1964 is, at this crucial point in American

history, will we send in our bat boy? Or will we send in our Babe Ruth—a man who is not afraid or forbidden to take a good cut at all the major issues of the day? »162 La nomination d’un candidat capable de prendre ces questions à bras le corps permettrait par ailleurs de redonner son dynamisme à la vie politique en offrant la possibilité d’une vraie concurrence:

« Free competition has been the secret of America’s greatness. […] Like trials, political

160 Phyllis Schlafly, A Choice Not an echo: the Inside Story of How American Presidents are Chosen (Père Marquette: Alton, Illinois; 1964).

161 « Les faiseurs de roi de l’ombre ont fait cause commune avec les démocrates qui ont tout à gagner et rien à

perdre à ce que les républicains mènent une campagne molle». Schlafly, Choice Not an Echo, 26.

162 « La question qui se pose aux républicains en 1964 est de savoir, à ce moment crucial de l’histoire de

l’Amérique, si nous allons envoyer notre ramasseur de balle ou l’un de nos mousquetaires, un homme qui n’a pas peur – ou à qui l’on n’interdit pas – de prendre les questions de fond du moment au revers ». Schlafly, Choice Not an Echo, 28.

77

campaigns should be competitive and adversarial »163. La notion sous-jacente à l’argumentation est que la frange sociolibérale/modérée du Parti républicain a rendu le fonctionnement des élections présidentielles contraire à l’esprit américain.

Court et facilement lisible – il est à peine plus long qu’une centaine de pages –, A Choice

Not An Echo constitue pendant les primaires de 1964 l’outil de campagne principal des

républicains conservateurs qui le distribuent à la sortie des meetings des concurrents de Goldwater, comme lors de celui de Nelson Rockefeller à Anaheim le 20 mai 1964164. Le livre connaît un tel succès que le secrétaire national du Parti démocrate intervient auprès de la commission électorale (Fair Campaign Practices Committee) pour que celle-ci exige du Parti républicain de désavouer le livre de Schlafly165.

Dans un contexte politique dominé par la pensée sociolibérale, la stratégie la plus probante pour attirer l’attention de l’électorat semble être celle qui consiste à développer un propos polémique et aborder de front son adversaire. En publiant A Choice Not An Echo, Schlafly donne ainsi le ton à l’approche communicationnelle des républicains conservateurs pour la campagne de 1964 et au-delà et se révèle pionnière dans l’art de créer la controverse. En attaquant les modérés, elle formalise également un des principes directeurs de la stratégie politique des républicains conservateurs : les charges lancées contre les « me, too

Republicans », ceux des républicains acquis aux fondamentaux du New Deal, préfigurent les

salves de Limbaugh, Savage et Ingraham à l’encontre de ceux qu’ils considèrent comme les

« RINOS », les « Republicans In Name Only », c’est-à-dire ceux qui ne sont que des

« républicains de papier ». Par son homophonie avec rhinoceros, l’acronyme suggère que ces Républicains sont en quelque sorte les « mammouths » du GOP.

Pour finir, très impliquée sur le plan de la communication, elle se montre particulièrement active également sur le plan de la stratégie politique. Après la sortie du livre, elle porte ses efforts sur une tactique visant à constituer une majorité de délégués conservateurs à la Convention Nationale des Républicains prévue le 13 juillet suivant à San Francisco. Pour cela, elle se fait élire déléguée le 14 avril et enjoint les membres de la Federation of

Republican Women de l’Illinois à faire de même le mois d’après166. Son action semble porter ses fruits puisque lors de la convention républicaine, l’aile dure du parti est adoubée, les

163 « La libre concurrence est le secret de la grandeur américaine. […] Tout comme les procès, les campagnes

politiques devraient être concurrentielles et adversatives ». Schlafly, Choice Not an Echo, 28-29.

164 Carl Greenberg, “Rockefeller Lays Water ‘Hijack’ to Goldwater,” Los Angeles Times, May 21st, 1964: 2.

165 “GOP Urged to Repudiate ‘Hate’ Books,” Los Angeles Times, October 9th, 1964: 7.

78

républicains modérés sont temporairement mis en échec et Rockefeller quitte la scène sous les huées des partisans républicains de la frange ultra-droitière du GOP.

L’élection présidentielle de 1964 demeure toutefois une épreuve douloureuse pour l’establishment républicain. D’une part, la nomination du sénateur de l’Arizona confirme la difficulté des républicains modérés à maintenir leur influence sur le parti : ces derniers regardent avec consternation l’ascendant que prend la frange radicale sur le GOP, certains allant jusqu’à refuser de soutenir Goldwater, comme Rockefeller par exemple. D’autre part, la victoire écrasante de Johnson – qui doit, certes, beaucoup au traumatisme causé par l’assassinat de Kennedy – indique également que les idées conservatrices peinent à trouver un écho favorable auprès de l’électorat qui ne semble pas prêt à faire confiance à une personnalité conservatrice aussi radicale que Goldwater. Enfin, sur le plan de la communication, l’élection de 1964 permet aux conservateurs de faire le constat amer du peu de crédit et donc du peu de couverture que leur accordent les médias traditionnels qui, quand ils se résolvent à s’intéresser à eux, ne le font que pour les fustiger. Alors secrétaire de l’organisation Young Americans for Freedom, Viguerie déplore l’hostilité des médias traditionnels à l’endroit des conservateurs: « The Goldwater campaign stripped us of any delusions that we could get a fair shake from the establishment’s mass media »167.

L’heure semble donc être à la morosité au sein du parti de l’éléphant. Pour autant, les républicains les plus conservateurs refusent de jeter l’éponge et poursuivent leur action pour faire infléchir la ligne directrice du parti vers les valeurs socles du conservatisme. Parmi eux, Schlafly se montre plus que déterminée à remettre les troupes en selle pour permettre à la frange conservatrice du GOP de prendre le contrôle du parti et c’est sur le front de la stratégie politique qu’elle va de nouveau concentrer ses efforts. En mai 1967, elle présente sa candidature à la présidence de la NFRW dont les quelques 500 000 membres pèsent de tout leur poids dans le processus de désignation du candidat républicain lors des conventions. Lors des élections de mi-mandat de 1966, les femmes républicaines avaient largement contribué au gain des 47 sièges à la Chambre et des 3 sièges au Sénat, ainsi qu’aux victoires dans les assemblées locales168. Elle est opposée à Gladys O’Donnell, républicaine modérée de Long Beach en Californie, qui déclare se présenter en tant que tant que « garden variety

167 « La campagne de Goldwater nous a définitivement débarrassés des illusions que nous pouvions avoir quant

à la possibilité d’être traités équitablement par les médias de masse de l’establishment ». Richard A. Viguerie,

“Conservative Test a New Secret Weapon”, America’s Right Turn: How Conservatives Used New and

Alternative Media to Take Power (Chicago, IL: Bonus Books Inc., 2004), 87-88.

79

Republican »169. L’élection à la fonction de présidente de la NFRW et la campagne qui la précède fournissent un exemple typique des tensions qui traversent le Parti républicain au milieu des années soixante : la crainte des modérées que Schlafly gagne la présidence de la fédération et qu’elle puisse ainsi se trouver en position de faire nommer un conservateur radical lors de la convention rend l’atmosphère des débats électrique. En mars, la commission de désignation de la présidente de la NRFW choisit Gladys O’Donnell, ce que Schlafly s’empresse de dénoncer : « Another attempt by the New York liberals to purge from office those who wholeheartedly supported Senator Goldwater in 1964 »170. La désignation

d’O’Donnell faisant l’objet d’une contestation, le choix de la nouvelle présidente est donc soumis au vote des groupes membres de la Fédération lors du Congrès biannuel de la NFRW, prévu les 5 et 6 mai dans la capitale fédérale.

Pendant la campagne, l’affrontement est sans merci. Le camp de Schlafly profite du flou de la procédure de vote pour multiplier le nombre de voix en sa faveur171. De façon à discréditer l’establishment républicain, Schlafly n’hésite pas non plus à accuser O’Donnell d’avoir menti dans sa lettre d’information en affirmant que Ray C. Bliss, président du RNC, soutenait sa candidature par crainte de l’influence néfaste que pourrait exercer Schlafly172. Du côté des partisans de Gladys O’Donnell, on tente de convaincre Schlafly de retirer sa candidature au prétexte que, mère de famille, elle ne serait pas en mesure de consacrer l’intégralité de son temps à sa fonction, et son refus affiché d’emménager dans le logement de fonction de la NFRW à Washington laisse planer le doute quant à son investissement dans la tâche173. Le spectre de la dissension plane sur les débats, chacune menaçant de quitter la NFRW avec ses troupes, et les membres de premier rang de la Fédération se rallient à O’Donnell par peur des divisions.

Début mai, c’est Gladys O’Donnell qui remporte la présidence de la NFRW 1 910 voix contre 1 494 ; Schlafly est défaite. S’ensuit alors une tentative de mettre en cause le camp de la présidente nouvellement élue en l’accusant d’avoir contribué à des irrégularités dans le

169 “A‘garden variety Republican’ who wants the party to move away from ‘emotional politics’.” “Two Bandy Charges in Race to Head G.O.P. Women,” The New York Times, May 3rd, 1967.

170« Une tentative de plus de la part des sociolibéraux de New York d’expurger les postes à responsabilité de ceux qui ont apporté un soutien sans réserve au sénateur Goldwater en 1964 ». Thomas J. Foley, “GOP

Women’s Leaders Trade Verbal Blows,” The Los Angeles Times, March 9th, 1967: 6.

171 “Mrs. Schlafly’s friends have been conducting a vigorous campaign, not only in public but behind the scenes,

including an effort to take advantage of a technicality in the voting rules by splitting larger groups in the federation where she has strong support into several smaller groups and thus getting additional votes.” Bill

Henry, “Ladies in a Hassle.”

172 The New York Times, May 3rd, 1967

80

déroulement du vote, notamment en faisant venir des bus entiers de femmes pour les faire voter en faveur d’O’Donnell alors qu’elle n’étaient pas habilitées à participer au vote174. Schlafly contraint le secrétaire national du RNC à prendre parti pour l’une des deux factions en demandant un audit de la campagne, ce qui lui est refusé. Sa démarche n’était cependant pas destinée à obtenir la révision du vote mais à alerter l’opinion publique sur les irrégularités du vote : « In making the complaint to Bliss, Mrs. Schlafly said she did not expect him to

change the election, but wanted to focus public opinion on the alleged irregularities»175. Ce

faisant, Schlafly inaugure là encore un des modes opératoires des conservateurs révolutionnaires : l’essentiel de la démarche ne réside pas dans l’obtention du résultat affiché mais dans l’opération de communication qu’elle constitue et qui permet de donner de la visibilité au conservatisme tout en mettant l’adversaire dans la difficulté. En cela la démarche de Schlafly annonce une fois encore les opérations mises en place par Limbaugh dans les années quatre-vingt-dix à deux mille, opérations fondées sur la même logique.

Le double échec de 1967 confirme à Schlafly que l’avenir du conservatisme se joue pour lors en dehors de l’appareil républicain, même s’il faut garder l’objectif de le faire changer. À cet égard, elle déclare: « Promised to fight for her brand of conservative candidates,

particularly for the presidential nomination »176. La NFRW irrémédiablement sous le contrôle des modérés, elle en fait sécession à l’été 1967. Toutefois, elle fait montre d’une grande habileté et d’une certaine finesse : au lieu de demander à ses soutiens de quitter la Fédération, elle encourage les clubs de femmes républicaines membres du NFRW qui la soutiennent à ne payer à la Fédération que la cotisation minimum et à envoyer le reste à l’Eagle Trust Fund qu’elle crée pour l’occasion177. En août 1967, The New York Times estime que, s’il est suivi, l’appel de Schlafly pourrait parvenir à détourner 45 000 dollars des coffres de la Fédération vers des actions de soutien aux candidats républicains au niveau local dont le projet obéit aux canons du conservatisme moderne, et non plus aux candidats soutenus par l’establishment républicain traditionnel178. Elle se montre donc stratège politique virulente, capable de mettre en échec les institutions du GOP au nom de la pureté idéologique. En parallèle, elle lance sa