• Aucun résultat trouvé

4.12 Interactions

5.1.1 Activité

74

5. LES SOCIÉTÉS DE SERVICES EN LOGICIELS LIBRES : L’EXEMPLE DE MAKINA CORPUS.

5.1 Makina Corpus

– Personnes interviewées : Jean-Pierre Oliva (directeur général), Philippe Julien, Mose – Site de référence :http://www.makina-corpus.com/

Makina Corpus est une SS2L (Sociétés de Services en Logiciels Libres) qui fournit des services et des applications Internet et télécom. Elle est implantée en France, au Royaume-Uni et en Espagne.

Elle a été créée par un ingénieur télécom ayant une longue expérience du conseil. Il a des affinités pour le libre mais plus en tant qu’utilisateur que développeur. Il est toujours présent comme directeur général et pilote les grands orientations stratégiques.

5.1. MAKINA CORPUS 75

Zope

Zope est un serveur d’application et de contenus, soutenu par une importante communauté. Il permet notamment de donner la possibilité à des personnes non-techniques de gérer des sites complexes.

Zope n’est pas développé par Makina Corpus, et aucun Makiniste ne participe pour l’instant de manière soutenue à son développement.

CCMS

Le Collaborative Content Management System est un outil de gestion de site web par interface web, écrit en php, fondé sur un stockage de fichiers en xml, avec une authentification modulaire ldap, mysql ou fichier texte. Ses caractéristiques sont de donner accès via une interface utilisateur ergonomique à tous les éléments constituant un site web évolué, multi-domaines et multilingue : système de gabarits personnalisables, styles de texte enrichis, gestion de variables en fonction du contexte. Cet outil est destiné à faire collaborer les différents intervenants d’un site : le design, le contenu, le référencement peuvent être gérés de front.

Son auteur principal est Mose.

CCMS ne s’inspire pas directement de logiciels propriétaires, bien qu’il en existe néanmoins ayant des objectifs semblables. Il s’inspirerait plutôt d’autres outils libres, comme cWriter (voir infra.), spip ou dacode1, outils ayant émergé à la même époque que les premiers brouillons de Mose.

Comme cWriter (on sent la patte de l’auteur), l’originalité de ce logiciel vient de la combinaison d’élé-ments classiques par ailleurs, l’agencement de l’interface créant un contexte spécifique à cette application.

Les points forts du CCMS sont l’historisation infinie, l’usage d’un rich text2à l’instar de wikiwiki3ou de spip, mais paramétrable par l’utilisateur, un très profond niveau de paramètres pour influer sur les mécaniques de visualisation du site...

Le principe du CCMS est issu d’un pratique quotidienne de la fabrication de sites depuis les débuts du web. Les solutions mises en place correspondent à des besoins de production immédiats. L’ancêtre du CCMS a été développé quelques mois avant l’existence de Makina Corpus, en février 2001. Il était alors destiné à deux usages distincts, la gestion du site claranet4d’une part, et celle du site de Cardionews [Mose]

(association de cardiologues) d’autre part. Celui pour claranet n’a jamais abouti, mais celui de cardionews a été finalisé, et son exploitation est gérée à présent par keo.net5. Les premiers sites commandés a Makina Corpus ont bénéficié du gabarit de gestion, qui s’est affiné au fil des sites, en se confrontant à différentes contraintes (frames ou non, besoin de formulaires personnalisés, maquettes atypiques, multitude de sites avec une même maquette, etc.).

Le packaging en vue de sa diffusion en libre a commencé en septembre, pour s’achever en décembre 2001.

La mise en ligne, début janvier 2002 a été l’occasion de prises de contacts positives, et Makina Corpus a bon espoir pour la phase d’appropriation qui est en cours. (Voir également section Communauté).

1Respectivementhttp://savannah.gnu.org/projects/cwriter,http://www.spip.org/ethttp://www.dacode.org/

2L’utilisateur n’est pas obligé de connaître les codesHTMLpour le gras, par exemple, il lui suffit d’entourer le mot qu’il souhaite en *gras* par des étoiles, ce qui ne romp pas le fil de saisie du texte et traduit bien visuellement l’idée de graissage.

3http ://c2.com/cgi/wiki ?WelcomeVisitors

4http://www.claranet.fr/Prestataire Internet où se trouvait Mose avant de rejoindre Makina Corpus. Voir section RH.

5Autrement dit, le service associé au logiciel est effectué par un tiers.

76

5. LES SOCIÉTÉS DE SERVICES EN LOGICIELS LIBRES : L’EXEMPLE DE MAKINA CORPUS.

cWriter

Le Rédacteur Collaboratif (cWriter est le nom anglais) est un outil en php et mysql qui propose un envi-ronnement en ligne de collaboration rédactionnelle pour un groupe de 10 a 100 personnes6. Le contexte de rédaction a été agrémenté de fonctionnalités destinées a favoriser la collaboration autour de la rédaction : sys-tème rédacteur / collaborateur, planning partagé, annuaire, formulaires de contact, téléchargement de fichiers, banque de liens, accès aux statistiques de consultation, version imprimable, version intégrale de chaque docu-ment, système de verrouillage en écriture, inclusion de commentaires dans le corps d’un docudocu-ment, etc.

Son auteur principal est Mose.

Il s’inspire peu ou prou de logiciels propriétaires (Lotus) ou semi-propriétaires (BSCW), plus par les objectifs et usages souhaités que par l’interface et les fonctionnalités particulières et la démarche. Il a été développé suite à des tentatives de travail collaboratif sur ces plate-formes propriétaires qui se sont révélé impliquer de lourdes charges de gestion et une expertise spécifique non capitalisable. À l’époque (milieu des années 90), seul BSCW permettait d’envisager un contexte de travail collaboratif, mais la complexité de son interface a brisé l’appropriation dès les premiers essais. Le temps de développement a été étalé dans le temps, sur des années, au fil des expériences dans des communautés7 diverses, sans aucun plan stratégique préalable si ce n’est la volonté de construire touche après touche une meilleure fiabilité/fluidité de collaboration.

Son originalité provient de la combinaison de certaines de ses fonctionnalités, classiques par ailleurs, qui en font un produit qui ne ressemble qu’à lui-même. La plupart de ses fonctions n’ont rien d’original, mais leur agencement est le résultat de longues observations des usages. Quelques détails cependant sont moins courants, comme par exemple la conservation de chacune des étapes de saisie pour un retour historique infini.

L’intérêt du cWriter réside dans la concentration de fonctionnalités focalisées autour de la formalisation d’un document écrit, mais cet usage peut être detourné, et certains documents sous cWriter pourraient être décrits par ceux qui les fréquentent comme des places de débats, ou des systèmes de sondages.

Le premier jet du RC s’appelait ’el communiante’, un outil rapide de rédaction collaborative produit dès la sortie de php3, pendant l’été 98. Le but était de permettre la rédaction du dossier de suivi technique d’un événementiel qu’organisait Wanadoo, et qui avait pour l’occasion embauché les Internautes Associés dont Mose était un sattelite. Un contact à l’époque, Dominique Gros, consultant en Formation à Distance, a beaucoup travaillé à l’aspect fonctionnel et à la mise en place de postes de test. Mais c’était encore trop tôt, et la disponibilité en pointillé de Mose ne lui permettait pas de suivre les délais. Il a été réécrit plusieurs fois, portant le nom d’orc, arc, puis enfin rc.

Il a été deployé pour l’université de Clermont-Ferrand Amberlab [Mose], dans des cercles communau-taires de façon expérimentale (Cap-Corse puis Radio-Phare, mais aussi Acuarel8), et en interne chez Claranet pour la gestion de la base de connaissances.

En novembre 2000 le code source a été proposé à la communauté et diffusé sur Sourceforge, sous licence GPL. Il y a eu environ 300 chargements depuis, ce qui reste infime, et pourtant considérable (du point de vue de l’auteur qui reçoit autant de commentaires qui peuvent servir à améliorer le logiciel). Il faut noter

6Noter que 80 % des matériaux de cette monographie ont été construits à partir d’un RC spécialement dédié. L’auteur y avait posé ses questions, et divers contributeurs ont répondu et même échangé entre eux sur un document en construction.

7Prendre ce terme dans son sens premier de groupes de personnes ayant des affinités.

8Voirhttp://www.radiophare.net/. L’auteur de cette monographie a fait partie de cette petite communauté Acuarel composée de sociologues, économistes, géographes, ingénieurs informaticiens, étudiants et chercheurs, internautes de la première heure et humeurs de temps, s’étant rencontrés sur Internet ou dans des vies antérieures, et qui ont souhaité discuter ensemble en mai 98 du premier tome de Manuel Castells sur la Société en Réseau (Castells [1998]). Acuarel était un acronyme sur «Architecte, Concierge, Auteur, Rédacteur, Éditeur, Lecteur», rôles endossés par les Utilisateurs du RC.

5.2. LA PLACE DE LA COMMUNAUTÉ 77

cependant que Mose estime avoir été plus soutenu grâce aux sollicitations de ses proches, qui avaient passé le seuil d’appropriation, que par la ferveur de la communauté libre, ce qu’il explique, avec le recul, dû aux choix d’organisation du développement.

En effet, pour être libre (libéré de l’emprise de son auteur9), un logiciel doit avoir en premier lieu un script d’installation efficace, qui permettra à d’autres développeurs d’avoir une chance de tester, même si rien ne marche. Dans le cas de cWriter le script d’installation a été produit tardivement, et l’appropriation de cet outil par la communauté libre sera tardive. À vrai dire elle commence a peine.