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Dans la plupart des écoles de formation et dans les académies militaires, l’essentiel des curricula est basé sur deux types d’enseignements : opérationnel et général. L’enseignement opérationnel, plus ancré, est généralement porté sur la stratégie, l’art de la guerre, la connaissance des armées, la connaissance interarmées, l’approche globale, les missions d’opération de sécurité, éthique et commandement en opération, etc.345 Quant au module de l’enseignement général, il peut porter sur l’analyse géopolitique, les enjeux de défense, l’actualité du continent africain, la technique d’expression, le management, etc. Ces curricula, à terme, permettent de construire le meilleur profil du soldat (africain) qui impose des sujétions particulières allant jusqu’au sacrifice suprême, car « les valeurs militaires sont basées surtout sur des valeurs éthiques spécifiques et revêtent un caractère obligatoire. Elles peuvent se traduire par un ensemble de règles de comportement personnel et collectif auxquelles doit obéir tout militaire pendant ou en dehors de l’exercice de ses fonctions »346.

L’éthique est ici le maître mot sur lequel est adossé un pan essentiel des curricula de formation au métier des armes. Ainsi, outre les conditions civiques et civiles à remplir en préformation, le soldat est tenu de servir d’interface éthique entre le métier et la société. Malheureusement, certains soldats dans les pays du Nord et plus encore dans les pays du Sud, coupables du déni d’humanité, appliquent la torture stricto sensu chaque fois qu’ils sont en déploiement. La réponse idoine à apporter, dans ce cas, est l’application des réponses juridiques. Généralement, le corpus écrit, très normatif, national et international, adressé aux

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D. Bangoura, Les armées africaines : 1960-1990, Paris, CHEAM, 1992, pp. 153-154. 345

Lire en complément J. D. Biyogue-Bi-Ntougou, Les politiques africaines de paix et de sécurité, Paris, L’Harmattan, 2010.

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SeFaFi, « Forces armées, crise politique et démocratie », Observatoire de la vie politique, 21 mai 2010, repris par V. R. Mampionona Arizay, « Rôles et missions des Forces Armées dans une démocratie naissante. Le cas de Madagascar », Friedriech Ebert Stiftung, Policy Paper 5, octobre 2013, p. 5 ; http://www.fes- madagascar.org/media/publications/Publications_2013/Roles_et_missions_des_Forces_Armees_dans_une_demo cratie_naissante.pdf.

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soldats et contenant leurs droits et devoirs ainsi que leurs droits en conflits armés, est sans équivoque. Toutefois, dans les pays du Sud, l’armée a la réputation d’être en avant-garde de la répression et du mépris des droits de l’homme ainsi que de la négation de l’éthique militaire. Ce déficit d’éthique est encouragé par la « fraternité de corps » qui corrompt souvent l’« esprit de corps », entendu comme sentiment d’appartenance à un corps collectif, organisé et porteur de valeurs sacrées, lesquelles les rassemblent et les élèvent.

S’agissant de la coopération militaire internationale, elle se décline en deux volets. Le premier volet concerne les exercices conjoints (manœuvres), débutés en 1965, accentués en 1975 et repris depuis plus d’une décennie eu égard à la conjoncture sécuritaire volatile (terrorisme international, piraterie maritime, trafic illicite des armes et cocaïne, etc.)347. Il s’agit, en réalité, des actions de coopération en matière de renforcement des capacités dans le domaine des opérations de paix. À titre d’illustration, on peut citer : la coopération avec la France dans le cadre du RECAMP, avec les USA dans le cadre de l’ACRI et la participation aux opérations organisées dans le cadre de la CEEAC (Biyongho 2003348). Dans ce registre, l’un des exercices historiques de la France en Afrique est la manœuvre de N’Diambour II349, organisée par la France et le Sénégal.

347 Pour un aperçu global sur la coopération militairede la France en Afrique, lire T. S. Possio, Les évolutions

récentes de la coopération militaire française en Afrique, Paris, Publibook, 2007.

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Il s’agit des exercices militaires organisés entre les troupes des États membres de la CEEAC (1 000 hommes) avec pour objectifs le tissage et la consolidation des liens entre les différentes armées, le renforcement des capacités des pays membres relativement aux questions telles que les crises humanitaires, le maintien de la paix en situation d’instabilité constitutionnelle ou encore des exercices préparatoires pour une éventuelle opération de la FOMAC.

349 R. Luckham en faisait la description suivante : « N’Diambour II. En novembre 1979, l’État Bleu mobilise ses forces armées à la suite de tensions dans les relations avec son voisin, Rouge. Le gouvernement de Bleu craint une invasion de Rouge dans une de ses provinces, la Casamance, ou bien des opérations de commandos contre des garnisons ou des centres administratifs. Le 19 novembre, le gouvernement de Bleu demande l’aide du gouvernement d’Azur auquel il est lié par un traité de défense. Azur répond sans hésitation et mobilise des forces d’intervention d’infanterie de manne près des côtes de Bleu. Le 7 décembre, les forces de Rouge envahissent la Casamance. Azur envoie des avions et des parachutistes à Dakar. Le 8 décembre, une nouvelle menace, de la part de l’État Orange, se déclare sur le flanc oriental des forces armées de Bleu. En conséquence, Bleu fait appel au traité de défense avec Azur. Au cours d’une opération en commun, du 9 au 13 décembre, les envahisseurs (rouges) et (oranges) sont pris en tenaille entre des troupes motorisées et aéroportées venant de l’Est et une force amphibie débarquée sur la côte ouest par des navires d’Azur. Les exercices terminés, le président Senghor, son Premier ministre, son ministre de la Défense, les chefs d’état-major des forces armées sénégalaises et françaises (le général Fall et le général Méry), ainsi que l’inspecteur des Troupes de marine et des Forces extérieures (le général Duval) président une revue militaire et un banquet pour les troupes. Du côté français, celles-ci comprennent un détachement mécanisé de quatre cents hommes du 21e Régiment de chasseurs parachutistes, une unité logistique du 14e régiment parachutiste de commandement et de soutien, des hélicoptères du 5e Régiment, des hélicoptères de combat et de la 33e Flotille d’hélicoptères de la marine française, des avions de reconnaissance Bréguet-Atlantique, des chasseurs-bombardiers Jaguar, des avions de transport Transall (omniprésents), le navire porte-avions Foch et six autres bâtiments de guerre, y compris les navires de débarquement qui avaient porté des chars et des blindés sur les plages de Casamance ». Lire R. Luckham, « Le militarisme français en Afrique », Politique africaine, no 6, mai 1982, p. 95.

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Le second volet de la coopération militaire internationale avec les pays africains, opérationnel, concerne la formation spécialisée des armées africaines dans plusieurs domaines : lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), lutte contre le terrorisme, lutte contre une insurrection, etc.