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Chapitre 6 : L’internet au quotidien, l’école « Maurice Carême »

1. Les TIC à l’école « Maurice Carême »

Au fil du temps, les TIC se sont immiscées, peu à peu, dans l’école. L’impulsion donnée par Jérôme, le directeur, n’y est certainement pas étrangère. Toutefois d’autres facteurs interviennent aussi. En nous y attachant, et en les replaçant dans leur contexte, nous tenterons donc de saisir plus précisément les usages, mais aussi d’en comprendre les limites voire les non-usages.

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L’aide est financière et liée aux ressources humaines (délais réduits pour le remplacement, personnel supplémentaire)

1.1. Oppositions et adhésions dans le corps enseignant

Notre arrivée dans l’établissement, en septembre 2011, nous a plongé directement dans le cœur de notre sujet. A la réunion de pré-rentrée, les informations dispensées sont nombreuses. Les enseignants, réunis autour d’une grande table, écoutent (avec plus ou moins d’assiduité) les propos de Jérôme, le directeur. La salle des professeurs a la particularité d’être également la salle informatique. Derrière nous, une dizaine d’ordinateurs sont soigneusement alignés, protégés par des cloisons de bois.

Au cours de la réunion, Nadine prend la parole. Son ton est sec, son attitude autoritaire et peu complaisante avec ses collègues. Elle évoque l’état de santé délicat d’une enseignante ayant exercé dans l’établissement quelques années auparavant, reprochant à certains de colporter des propos faussés sur son état, à d’autres de ne pas prendre de ses nouvelles. L’ambiance est pesante, le malaise est palpable autour de la table. La réunion reprend son cours et Jérôme rappelle quelques éléments déontologiques de base, appuyant fortement sur l’importance du secret professionnel, insistant sur ce point et « les dérives possibles sur Facebook ». Le ton est posé, les propos sont fermes et sans ambiguïté : « Si j’apprends par quelqu’un ou que je vois moi-même des choses sur Facebook qui concernent l’école, vous aurez à me l’expliquer dans mon bureau ! Je ne veux pas voir, ni apprendre, qu’après la réunion, quelqu’un a été mettre sur Facebook que nous avons tel nombre d’élèves, que ceci ou cela. C’est clair ? ! »

La fermeté des propos ne laisse pas de doutes. L’école a dû rencontrer un problème de ce type précédemment et le directeur ne souhaite pas que cela se reproduise. Percevant le malaise, nous ne nous permettons pas d’interroger les enseignants sur le sujet.

Dans la suite de la réunion, quelques points divers sont au programme, entre autres celui de l’achat de manuels scolaires, agréés par le Ministère et pour lesquels l’école reçoit une subvention. La liste des manuels est accessible en ligne et en fichier informatique. Jérôme explique que le fichier est volumineux et qu’il ne l’a pas imprimé mais qu’il l’enverra par mail aux enseignants. Nadine prend alors la parole (c’est un euphémisme car elle coupe plutôt la parole à Jérôme). « Ah oui, c’est bien… Et comment on fait quand on n’a pas internet ? C’est toujours la même chose ! Tout le monde n’a pas un ordinateur, Jérôme ! ». Le directeur ne se démonte pas, rappelant que l’école dispose de postes informatiques et qu’ils sont juste derrière elle, à disposition de tous : « Madame Nadine, je ne t’empêche pas de venir ici consulter tes mails. Il suffit d’allumer les ordis derrière toi. » Nadine se tait, les traits du visage crispés. Son non-verbal en dit long, bien plus long que ses paroles.

L’avenir confirmera notre impression. Nadine ne donnera pas suite à la demande. Ce refus se maintiendra les années suivantes, alors même qu’elle disposera, par la suite, d’un ordinateur connecté à internet dans sa salle de classe.

Les discussions autour de la communication via internet reviendront, à plusieurs reprises, ponctuer les réunions pédagogiques. Au fil du temps, elles s’amenuiseront pour finir par devenir anecdotiques. Face à l’opposition de certains membres du personnel, Jérôme renoncera à l’unique envoi par mail des informations, dupliquant celles-ci par une impression d’un document qu’il déposera dans les casiers.

Chapitre 6 : L’internet au quotidien, l’école « Maurice Carême » Au fil du temps, adhésion et opposition se réduiront pour laisser davantage la place à un sentiment d’indifférence. L’arrivée des TBI ne déchaînera pas l’enthousiasme pas plus que l’opposition. Le Wi-Fi réclamé, un temps, ne franchira pas les portes de l’école. Par contre, le déploiement du réseau 3G et sa démocratisation dans les forfaits téléphoniques viendra largement combler les attentes des enseignants.

1.2. Des initiatives individuelles

Au sein de l’école, les divergences sont assez marquées entre les enseignants. Si certains, comme Nadine, montrent une opposition marquée à l’usage d’internet dans leur travail, d’autres l’introduisent, subrepticement ou ouvertement, au sein de leur classe et de leurs pratiques. C’est le cas, notamment, de Stéphane et Vincent.

Stéphane enseigne en 6e primaire. Au début de notre étude, un objet attire notre attention, sur son bureau : un ordinateur. Il est le seul, au sein de l’école, à en disposer. Surpris de cette dichotomie avec ses collègues, nous l’interrogeons sur l’origine et l’usage de cet outil. « Je l’ai acheté moi-même. Tu sais, c’est super pratique ; je suis connecté directement à la photocopieuse, j’ai tous mes documents sous la main et, quand j’en ai besoin, je peux me connecter à internet. » Chaque matin, la classe de Stéphane est le lieu de rencontre des enseignants arrivant à l’école. Alors que l’établissement dispose d’un local pour les professeurs, c’est sa classe qui reste le centre névralgique de l’activité matinale. On pourrait légitimement s’en étonner : son local est situé à l’étage, n’offre pas une disposition propice aux échanges, ni l’accès à une machine à café. Mais la classe de Stéphane dispose d’un attrait qui apparait comme prédominant : sa connexion à internet. Tous les matins, l’ordinateur est le vecteur de la musique, diffusée via Youtube. Au fur et à mesure des arrivées, d’aucuns s’emparent de la machine pour partager, avec les collègues présents, un article de presse, une image humoristique, des photos personnelles, … L’ordinateur définit ainsi un espace de rencontre et d’échanges, similaire à celui généré par la « machine à café » dans d’autres établissements ou dans les entreprises.

Dans la classe de Vincent, enseignant en 2e primaire, les ordinateurs sont présents en nombre. Les machines s’alignent le long du mur de la classe. Elles ne sont pas récentes mais fonctionnent encore correctement, aux dires de l’enseignant. Leur provenance est différente : il s’agit de récupération, dons de parents ou d’entreprises régionales souhaitant se séparer d’une machine jugée obsolète. L’usage de Vincent diffère fortement de celui de Stéphane. Les ordinateurs sont exclusivement à destination des élèves. Il nous explique que, durant la semaine et selon les activités, les élèves y ont accès pour effectuer des exercices d’entrainement. L’utilisation d’internet est assez réduite : les élèves sont orientés sur des sites définis par l’enseignant ou sur quelques logiciels installés préalablement.

Au cours de notre première année d’observation, nous n’avons que rarement pu observer cette utilisation. L’interrogeant sur ce faible usage, Vincent nous répond que les machines « vieillissent mal », que leur utilisation devient de plus en plus compliquée. Finalement, à la rentrée scolaire suivante, les ordinateurs ont totalement disparu. L’instituteur nous explique

les avoir emmenés à la déchetterie durant l’été afin « de faire plus d’espace et de mieux organiser sa classe ».

Cette situation n’est pas spécifique, loin s’en faut, à l’établissement observé. Dans de nombreuses écoles, l’équipement informatique est composé, d’une part, par les machines délivrées par le Ministère et, d’autre part, par des achats personnels, des dons ou de la récupération. Comme nous avons pu le souligner plus avant, les ordinateurs fournis dans le cadre du plan d’équipement doivent être rassemblés dans un local spécifique et sécurisé. Cette configuration convient peu aux enseignants qui préfèrent, dès lors, s’équiper eux- mêmes pour ainsi « garder la main » sur les usages qu’ils en font.

Le développement des outils mobiles (ordinateurs portables, tablettes, smartphones) a exacerbé la pratique du BYOD, c’est-à-dire le fait d’apporter, sur son lieu de travail, son propre matériel informatique. Nombreux sont les enseignants à amener leur ordinateur portable à l’école ; certains n’hésitant pas à enfreindre les règles pour utiliser leurs outils. Ainsi, lors d’une récréation, nous nous étonnons de voir Juliette surfer sur internet, depuis sa tablette, alors que l’école ne dispose pas de réseau Wi-Fi. Avec un petit sourire, traduisant tant une certaine gêne qu’un peu d’espièglerie, l’institutrice nous explique : « C’est pas très compliqué. D’ici, on capte le réseau d’Eugène, le monsieur qui habite juste à côté. Comme il n’a pas protégé son réseau, tu peux te connecter à internet. » Les autres acquiescent, ajoutant que selon le lieu occupé dans l’école, il est possible de « choper » une connexion chez tel ou tel voisin de l’établissement.

Ces pratiques sont le reflet d’un certain « bricolage », caractéristique du travail enseignant. Il est courant dans le métier de récupérer du matériel, d’en détourner les usages pour mener l’une ou l’autre activité. L’informatique et l’usage d’internet n’échappent pas à la règle. Par ailleurs, il est important de souligner que cette pratique génère une certaine fierté chez les instituteurs. S’ils déplorent parfois manquer de matériel ou expriment leur souhait de disposer d’une connexion sans fil à internet, le fait de « bricoler », de trouver une solution alternative leur procure un sentiment de fierté, une certaine satisfaction.

1.3. De l’observation participante à la fonction de « personne-ressource »

Lorsqu’à la fin de l’année scolaire 2010-11, nous avons rencontré le directeur de l’école, nous lui avons présenté notre objet de recherche, son contexte et nos objectifs. Il était convenu que nous occuperions une place particulière à la rentrée scolaire suivante. Afin de nous permettre d’observer différentes pratiques, d’élargir le plus possible notre champ d’observation, il nous confia un poste de « maître de remédiation ». Nous n’avions donc pas de classe attitrée, notre mission consistant à prendre en charge des groupes d’élèves dans une perspective de différenciation des apprentissages. Notre action pouvait se passer au sein d’une classe, en appui au titulaire, ou dans un local distinct avec un groupe d’élèves défini.

Nous n’avons pas occulté notre recherche auprès des enseignants qui composent l’équipe éducative de l’école « Maurice Carême ». Si certaines interrogations, voire quelques

Chapitre 6 : L’internet au quotidien, l’école « Maurice Carême » suspicions, ont émaillé les premiers mois de notre présence, le temps a fait son œuvre nous laissant davantage l’image d’un collègue à temps partiel que celle d’un chercheur en immersion.

Nos tâches et nos responsabilités s’en sont également ressenties. Aux activités de remédiation sont venues s’en greffer d’autres, bien plus en lien avec internet et l’informatique. Les premières demandes émanèrent des enseignants. Conscients de notre sujet de recherche, ils avaient associé notre objet d’étude avec des compétences informatiques. D’aucuns nous sollicitaient pour une aide à la mise en page d’un document, d’autres pour connecter leur ordinateur personnel au réseau de l’école, … Cette fonction s’institutionnalisa davantage par une demande de la direction. L’école disposait d’un site internet, géré bénévolement par le conjoint d’un membre du personnel qui avait quitté l’établissement pour d’autres fonctions. Depuis, le site n’était que rarement mis à jour et chaque modification était sujette à un temps d’attente relativement long. Jérôme nous demanda donc de prendre en charge cette tâche, tout en laissant « carte blanche » sur les aspects graphiques et techniques.

En juin 2012, nous primes donc la fonction de webmestre du site de l’école, devenant, ce faisant, la personne de référence à laquelle transmettre informations et photos à diffuser sur internet. La transition se passa presque naturellement dans l’équipe et les collaborations se mirent en œuvre rapidement. Au fil des mois, la fonction se diversifia et s’enrichit. A côté de la mise à jour du site apparurent des demandes pour mettre à jour les logiciels des ordinateurs, pour adapter des documents numériques, pour s’approprier les fonctions des Tableaux Blancs Interactifs (TBI) acquis par l’école. Au terme de cette année scolaire, notre posture de chercheur avait disparu, notre fonction d’enseignant s’amenuisait au point tel que, lors de la fête de l’école, en mai 2013, le directeur nous présenta aux parents présents, comme « Monsieur Informatique »132.

Ce glissement dans nos fonctions et dans la perception des individus est, à lui seul, un résultat de recherche qu’il nous convient de souligner. Si l’appellation « Monsieur Informatique » peut prêter à sourire, elle illustre surtout la perception que peuvent avoir les enseignants, mais aussi les parents, de ce champ d’actions. L’informatique n’est pas envisagée comme une compétence détenue par le plus grand nombre mais bien comme particulière, maîtrisée par un nombre réduit d’intervenants dans le champ éducatif. Ensuite, bien que notre présence dans l’école soit limitée dans le temps (que ce soit sur la fréquence hebdomadaire ou sur le long terme, celle-ci étant liée à notre recherche), nous nous sommes vus attribuer de nombreuses tâches de gestion et de déploiement de l’outil informatique. Interrogé à ce propos, Jérôme, le directeur, nous confia l’impasse dans laquelle il se trouvait, à l’instar de plusieurs autres chefs d’établissement : personne, dans l’équipe éducative, ne disposait des compétences nécessaires pour gérer le parc informatique, pour s’occuper du site de l’école. Cette situation n’est d’ailleurs pas spécifique à l’école « Maurice Carême ». Dans nombre d’établissements, la gestion du site, la

132 Il est, par ailleurs, intéressant de souligner que cette appellation sera maintenue par la suite, tant dans

l’équipe éducative qu’auprès des parents d’élèves. Ainsi, un an plus tard, lors de la remise des CEB aux élèves, plusieurs parents, ayant oublié notre patronyme nous ont interpelé sous la dénomination « Monsieur d’informatique ».

maintenance du parc informatique est déléguée à des prestataires externes, que ceux-ci soient bénévoles ou contractuellement liés à l’établissement scolaire.

1.4. Une politique du « pas à pas »

Au cours des trois années scolaires d’observation, nous avons pu noter une évolution importante de la place donnée à internet et à l’informatique en général. Celle-ci fut progressive, ciblée et distillée au fur et à mesure par la direction de l’école. Nous allons, dans cette partie, en analyser la progression et les conséquences sur les usages.

1.4.1. L’introduction de l’usage de l’email

La première évolution importante fut, sans conteste, l’usage de l’email comme mode de communication entre la direction et l’équipe enseignante. Comme nous avons pu le relater plus avant, l’opposition avait été particulièrement marquée, chez Nadine, lors de la réunion de pré-rentrée. Sans revenir sur sa décision, le directeur a opté pour une approche mixte : les emails jugés importants sont, systématiquement, couplés à une impression « papier » et les documents sont déposés dans les casiers des enseignants. Ainsi, lors de l’annonce d’une concertation ou de l’envoi d’un rapport de réunion, les documents sont envoyés par mail et imprimés pour chacun. Par contre, lorsqu’il s’agit d’informations moins officielles, celles-ci sont uniquement envoyées par mail, sans copie « papier ».

Cette approche a permis de contenter l’ensemble de l’équipe. Aucun reproche n’a été formulé par la suite sur le mode de diffusion des informations. Par ailleurs, nous avons pu observer que, peu à peu, le nombre de documents « papier » a considérablement diminué. L’usage de l’email a tendu à s’imposer, presque naturellement, même à l’égard des enseignants, comme Nadine, pourtant initialement opposés à cette pratique.

Dans cette configuration, l’usage de l’email reste donc fortement lié à une information généraliste, au transfert de pistes pédagogiques transmises à l’établissement. Ainsi, sur l’année scolaire 2011-2012, nous pouvons compter 69 mails dont

 4 portaient sur des informations administratives (accès à la fiche de paie en ligne, organisation d’un examen de capacités linguistiques, …)

 18 sur des informations internes à l’école (absence de la direction, calendrier du trimestre, réunion de concertation, passage du bibliobus133, …)

 47 étaient des informations liées à des ressources pédagogiques externes à l’établissement (transfert d’un supplément pédagogique à un hebdomadaire, information sur la visite d’un musée ou sur l’organisation d’activités avec des organismes extérieurs, …)

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Véhicule aménagé pour servir de bibliothèque, servant de substitut au bâtiment traditionnel, afin d'aller à la rencontre des lecteurs potentiels dans des quartiers éloignés du bâtiment principal.

Chapitre 6 : L’internet au quotidien, l’école « Maurice Carême » La fréquence des mails varie quelque peu selon les périodes de l’année sans toutefois marquer des fluctuations importantes. Sur base des données en notre possession, nous pouvons ainsi calculer, qu’en moyenne, deux mails sont transmis par semaine durant les années scolaires 2011-2012 et 2012-2013.

Période Nombre de mails

août-11 4 sept-11 6 oct-11 5 nov-11 10 déc-11 7 janv-12 8 févr-12 5 mars-12 4 avr-12 7 mai-12 11 juin-12 2

Figure 9 : Nombre mensuel de mails transmis par la direction de l'école "Maurice Carême" - Année scolaire 2011-12

L’année scolaire 2013-2014 montre une nette diminution de l’envoi d’email de la part de la direction. La fréquence chute presque de moitié, réduisant la moyenne à un unique envoi hebdomadaire.

Période Nombre de mails envoyés

Année scolaire 2011-2012 69 mails

Année scolaire 2012-2013 67 mails

Année scolaire 2013-2014 41 mails

Tableau 7 : Nombre annuel de mails transmis par la direction de l'école "Maurice Carême"

1.4.2. L’arrivée des TBI

Au cours de l’année scolaire 2012-2013, de nouveaux outils ont été introduits dans l’école : les tableaux blancs interactifs. Le premier fit son apparition au premier trimestre. Au cours d’une réunion, le directeur annonce que le TBI sera installé dans la classe de Stéphane, justifiant son choix par le fait qu’il faut « habituer les plus grands à un outil présent dans le secondaire ». Dans la discrétion de son bureau, le directeur nous apporte un complément d’informations : « La question ne se posait même pas, pour moi. Stéphane a déjà un ordinateur dans sa classe ; il est celui qui allait le plus vite et le mieux utiliser le TBI. Mais, tu comprends, je ne pouvais pas le dire comme ça, devant les autres ». Lorsque le nouveau tableau est installé, aucune contestation n’apparaît dans l’école. Chacun s’accorde sur son utilité dans la classe de 6e année. Lorsque nous tentons de sonder les autres sur leur désir de

disposer d’un tel outil dans leur classe, les avis sont unanimes : « C’est mieux ainsi. De toute façon, je ne vois pas vraiment ce que j’en ferai en classe » sont les réactions récurrentes que nous entendons.

Quelques mois plus tard, c’est dans la classe de Vincent qu’un TBI fait son apparition. Tout comme lors de l’installation du premier, nous ne notons aucune remarque négative sur le choix de l’enseignant. Cela apparaît « normal », justifié aux yeux des autres que nous sentons, par ailleurs, presque soulagés de ne pas avoir été choisi. Notre perception est confirmée en décembre 2013, lorsque Colette nous confie son angoisse de voir sa classe équipée d’un TBI, le cycle dans lequel elle enseigne étant le seul à ne pas avoir encore cet outil.

Si l’arrivée des TBI dans l’école n’a donc pas suscité beaucoup de réactions, c’est essentiellement grâce à leur répartition. En ciblant des enseignants favorables à l’usage des TIC au sein de la classe, le directeur s’est assuré une certaine adhésion à son projet. Mais comme le laisse suggérer les commentaires de Colette, la situation pourrait devenir plus complexe dans l’avenir. De par nos observations, nous pouvons confirmer une intégration totale de l’outil dans les classes des deux enseignants. Le TBI est utilisé quotidiennement, à différents niveaux. L’accès à internet, via ce support, est continu et l’usage du web, pour accéder à des informations ou à des exercices, s’est imposé au fil du temps et des pratiques.