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Tout au long de ce travail, nous avons tenu compte de l’évolution de la recherche qui, particulièrement en qualitatif, s’adapte au fur et à mesure du terrain. En effet, le

questionnement est évolutif et le chercheur se doit de faire des va et vient constants entre théorie, terrain, analyse afin d’améliorer la recherche. C’est la raison pour laquelle on parle souvent d’un modèle d’adaptation continue où la problématique n’est pas complètement élaborée jusqu’à la fin. La recherche n’étant pas un processus linéaire, l’échantillonnage, bien que préparé à l’avance, a été modifié selon les informations obtenues avant ou pendant la réalisation du terrain ainsi qu’en raison des analyses préliminaires réalisées.

L’échantillon consistant dans la sélection des personnes rencontrées et/ou les organismes étudiés, le problème se pose quand il s’agit d’un milieu morcelé et complexe comme l’est celui du contrôle de la prison où l’on a pu identifier différents mécanismes de contrôle avec de multiples représentants dans chacun des pays étudiés. Cet état de fait a eu pour conséquence la nécessité de construire cet échantillon avant la réalisation du terrain tout en faisant preuve de souplesse en opérant des modifications guidées par la réalité et l’accessibilité du milieu lui-même ainsi que la pertinence établie à travers l’analyse. En effet, notre échantillonnage ne cible pas la reproduction statistique de la population étudiée ni la production d’un échantillon de manière aléatoire mais vise la sélection des personnes ou des milieux les plus susceptibles de nous aider à répondre à nos objectifs de recherche. C’est, en effet, en ciblant les milieux etles personnes adéquates et en utilisant des méthodes qui nous permettent de chercher des informations en profondeur que nous pouvions comprendre et rendre compte du phénomène étudié.

En collectant des données sur les mécanismes tantôt communs aux deux pays, tantôt spécifiques, nous avons adopté un échantillon par contraste qui visait l’hétérogénéité. Comme l’indique le tableau suivant, nous avons analysé pour réaliser cette thèse plus de 300 documents produits par les mécanismes de contrôle auxquels s’ajoutent de nombreux textes issus la consultation des 25 sites internet de ces organismes. Nous avons analysé également le contenu de 49 entrevues et 8 discussions plus informelles avec les acteurs de ces contrôles. Finalement nous avons réalisé une dizaine d’observation du travail de ces mécanismes de contrôle.

Tableau 1 : Terrains de recherche et outils de cueillette

Documents et Publications

Rapports

périodiq Rapports spéciaux Bulletins Newsletter Journaux Documents internes ou inédits Lois, Arrêts Projets Directives Site

web Entrevues Observde terrain ONU 5 2 4 * CE 2 1 5 * CEDH 1 27 * 1 2 Contrôle supranl CPT 15 8 3 3 * 4 EC 32 3 2 4 * 9 (+1) 5 Ombudsm provincx 17 3 3 5 * 2 Contrôle ombuds Médiateur République 1 1 3 2 2 * Parlement Canada 2 * 2 Parlement France 2 27 * 3 (+1) Juges 4 Canivet 1 1 CNDH 1 1 1 * 1 CNDS 3 1 2 2 * 1 Contrôle politique Comités canadiens 7 CCC 4 5 2 * 3 (+4) 3 C de S 4 APT * 2 ACAT 1 4 2 * 1 HRW 1 4 * PRI 1 1 2 * OIP 3 3 34 2 * 3 CR 5 2 * 1 EF 1 1 1 * 1 ODD 2 5 * 1 ARSQ 1 3 4 * 1 LDH 1 2 * 1 Contrôle citoyen JH 2 * 1 AP * 1 Divers SCC * 1 (+2) TOTAL 83 49 61 31 79 25 49 (+810) 10

10 Le chiffre entre parenthèse indique des entrevues plus informelles et courtes qui, bien que non enregistrées, ont été utilisées dans le cadre de cette thèse.

Parmi l’ensemble hétéroclite de documentation analysée, il est possible de distinguer les publications ou rapports produits périodiquement (souvent annuels) par les mécanismes de contrôle et ceux qui sont produits en raison d’activités spéciales ou de préoccupations ponctuelles touchant le sujet des établissements de détention. Nous avons également travaillé sur les bulletins, newsletters ou autres magazines produits et distribués par les mécanismes de contrôle. Dans certains cas, nous avons eu accès à certains documents inédits ou internes qui révèlent les priorités, les projets, les stratégies et les bilans des actions des contrôles. Finalement nous avons utilisé les documents officiels touchant à la création et le fonctionnement des mécanismes de contrôles qu’il s’agissent de conventions, lois, directives, règlements, jurisprudence ou encore de projets et de propositions formels. Malgré le volume que représente cette documentation, nous insistons sur le fait que, relativement à d’autres objets d’étude, la faible quantité et le contenu succinct des documents concernant le contrôle des établissements de détention dans les deux pays étudiés nous ont permis de consulter la grande majorité et parfois l’intégralité de ceux-ci.

Pour enrichir l’analyse documentaire, près de cinquante d’entrevues ont été réalisées dans les deux pays concernés. Les interviewés ont été choisis et contactés en raison de leur implication dans les organismes de contrôle des pays concernés. Cependant, comme l’indique le tableau précédent, le nombre d’interviewés ne fut pas, comme initialement prévu, également réparti entre les divers mécanismes de contrôle. Le terrain ayant révélé que chaque mécanisme de contrôle étudié se composait d’un nombre extrêmement variable d’acteurs concernés (entre une dizaine et plus de mille), nous avons opté pour une stratégie d’entrevue qui tenait compte de cette variation (de une à 9 entrevues par contrôle). Il convient de souligner que nous nous sommes, également, adaptée aux possibilités dictées par le terrain et la volonté des personnes contactées. Si un organisme, comme l’Enquêteur correctionnel, avait planifié de nous faire rencontrer un plus grand nombre de personnes que nous l’avions prévu, nous n’avons certes pas refusé cette opportunité en raison de

considérations d’échantillon. Les entrevues ont été, le plus souvent, réalisées dans les bureaux des personnes interviewées et toutes, à l’exception de deux, ont été enregistrées et plus tard retranscrites. La durée moyenne était d’environ 1h40, les deux extrêmes ayant été une entrevue de 15 minutes et une entrevue de 3 heures.

Finalement, nos données ont été complétées par quelques séances d’observation des activités des contrôles, la plupart ayant lieu dans les établissements de détention. Si notre projet envisageait, à l’origine, une plus grande utilisation des techniques d’observation, cette ambition fut révisée en cours de recherche en raison de limitations de temps, de moyens, de faisabilité ainsi que des difficultés d’accès aux lieux d’observation. Nous avons donc procédé sporadiquement à quelques observations qui constituent davantage des éléments de compréhension et de contextualisation qu’un véritable outil de recherche. Cependant les observations réalisées se sont révélées particulièrement riches et nous ont permis une compréhension plus en profondeur des contrôles observés. Il apparaît évident qu’une recherche centrée sur un seul mécanisme de contrôle aurait pleinement bénéficié de cette technique de cueillette de données malheureusement peu réalisable dans le contexte d’une recherche comparée aux multiples objets comme la nôtre.