Mgr. LE COMTE D'ARTOIS,
Dépofée,
àfon
arrivée àMadrid,
dansfein
du
T.R, Doin Jérome
,
Grand
Inquifiteur,&
rendue publi- quepar
les ordres deSon
Altejfepeur
donner à laNation un témoi
,authentique de
fon
repentir.__ Confiteor Dco Populo. ” '
Seconde
édition.R U X E L LE s,
£T SE TROUVE A PARIS,
Chez le Secré^re des
Commandements de Mgr.1Archevêque de Pans.
Etchez touslesSupérieurs desCommunauté*
, même
celledeS. Lazare.
Le Août
ipgg.Son Altesse
Al
é'- i'id'4
J*,'
î.
3
CONFESSIO N
Générale
So!sr
Altesse Sèrénissimb
Mgr. LE COMTE D’ARTOIS.
Les yeux
remplisde larmes, que
la rage feule faifoit couler, déteftant
moins
foninfâme
conduite,que
pé-nétré
de
regretde
n’en pas recueillir de fruit, S.A.
S.Monfeigneur
leComte
d’Artois arriva à
Madrid,
après avoirpenfé éprouver
âLyon
la fureur légi- time^ d’unpeuple
juftementirrité :
-
tantôt il fe repréfentoit la
perte des careffes lubriques
de
fon illuftrebelle-fœur
, lesemportemens de
laTribade Polignac;
enfuitel’ambition fuccé-
A
ij( 4
^ )
doit à ce reffouvenir
amer
-, les réfle- xions fmiftres affiégeoient foncœur
;&
le défefpoirde
n’avoirpu confom-
.mer
fon exécrable forfait ,augmeu-
toit l’affreufe fituation
de
cecoupable
Prince. ,
>
1 »
Eh quoi
! fe difoit-il,,doutantmê-
»
me de
fonexiftence5fuis-jebienmoi
?» quelle révolution !
&
quelleen
lera» la fuite?
Ceft donc envain ^ue
l’a-»,
mour,
cette paiTiontyrannique, m’a
» fait tout entreprendre : adultéré ,
» prefquealTaffin,j’aivioléles droitsles
» plus refpeftables,
ceux de
fraternité»
&
d’époux.Ce
fontles fruits adulté-» rins d’une
union réprouvée
qui doi-»
vent un
jour régir laMonarchie
» Françaife.
Au fond du cœur mepri-
» faut le
Monftre
qui fecondoitmes
»
vues
criminelles, j’ai contribue à» fes plaifirs,
pour me
frayerun che-
»
min
qui pûtme conduire au Troue;
»un
infïanîde
plus , laFrance
était>>à
moi
; les Minlftres m’étoient de-»
voués
5 la lâche trahifon
me domioit
nia moitié des fuiTrages, la force&
lanviolencem’affuroit
de
l’autfe:un
Ëfe->>t€uii,
un
Barentin,
parvenus
à s’em- nparerdu timon de
laMonarchie,
n avoienî
dépofé
dansmon
fein le fer->’
ment
facré d’une odieufe&
indignenfidélité.
Un
inftant,
un
feul inftantna
tout détruit :du
faîte des gran-o
»deurs je
tombe
dans l’aviliffement,
» l’horreur
&
l’exécration font les feuls» feinimen-s
que
j’infpire,
& mon nom
» déformais
ne
fera plusque
le fignal»de
la terreur& de
l’efFroi,Quel
partiprendre
? Divinités in-»fernales !
vous
à qui j’ai toujours fa-»crifié
, préfidez
maintenant
àmes
»idées ;
ma
raifon efl: bouleverfée,
»
foyez-moi
propices,
&
jevous voue
»un hommage
éternel.(
6
)5^Mais quel
rayon de
lumière vciis.»faites luire à
mes yeux
,&
quel fen-»>timent
vous
faites naîtreen mon
»
cœur
!Déjà mon
efpoir fe rétablit.»0
Satan ,mon
génie tutélaire,non,
»ce n’eft point
en
vainque
je t’in-évoque!
D’Artois fera toujours d’Ar-»lois
, l’ennemi
de
laNation
,&
ton»fidele fupp'ôt. »
C’eft ainfi
que
raifonnoit l’indigne rejetton d’un fang'illuftre j c’eftun Bourbon
quidans
foncœur prononce
le
ferment
affreux d’accabler lepeu-
plede
fa haine ;& pour
l’aider ày
réuffir , la Politique fuit
de
la'Cour
Françaife
&
le fuit 'enEfpagne pour
l’infeâerde
tout fon poifon. 'Quel changement &
quel affreuxtableau d’hypocrifie
va nous
préfenterS.
A.
arborant l’étendartde
l’humi- lité, pouffant des foupirs affeftés parintervalle5Te frappantla poitrine;telle eft la
maniéré que
leComte
d’Atois ^ paroiffant fe traîner àpeine, emploie pour
fe préfenterau Tribunal
alFoiblide
rinquifition.Son
titre qu’ila
tantde
foisméconnu
, l’honneurde
fohdont
il s’eftrendu
tantde
foi^nom
indigne
, le font parvenir
aux
piedsde Dom Jérôme
,grand
Inquifiteur..Après
avoir frappé trois fois la terrede
fon front , fuivant Tufage ,hum-
blement
baifé lepan de
la robedu R.
P.Hypocrite
y d’Artois s’exprimeen
fes termes t«
O mon Pere
!organe
facréde
»la Majefté
Divine
, c’eft àvos ge-
»
noux que
je viens réclamer lami-
»îéricorde d’un
Dieu dont
jeredou^
»te le
courroux
; puis - je efpérer» d’obtenir
quelque
grâce ?Le nom-
bre
de mes
iniquités eft Cigrand
y»
que
j’ai tout lieude
défefpérerdu
»pardon. C'eft
en en
dépofant le far-A
ivI
»
deau
dans votre feinque/je vous
»fupplierai ^
d’employer
auprèsde
»lui votre intercefllon : ce n’eft j)as
>>feulement
Je
cride ma
confciencequi m’affaille r: c’eft
encore
les gé-miffemens
d’un^peuple que
j’ai reii-»
du
malheureux., Arrifande
-fon in- fortune-, faquifere eftmon
ouvrage.»J’ai égaré le plus tendre des freres ,
>>
un Roi vertueux
; j’ai faitun Mo-
»narque
foible : j’aiaveuglé
toute>>_une NationvTur fes qualités royales,
»
&
la deftruéH'pn totaledu Royaume
>> étûit le
vœu de mon
.cœur
•: j’en>>aurois fans,
doute vu
l’accompliffe-»ment,
fi l’Êtrefuprême
n’avoit re-gardé
les Françaisen
pitié.Daignez donc
,ô mon Pere
,me
réconcilier
avec moi
-même
! L’c-» norinité
de mon crime m’a rendu
«vil à
mes
propresyeux
^*la naif-^>fance, le
rang,
dévoientme
ren-»<}re i’exempîe
de TUnivers
: la baf*»feffe
de ma
conduitem’en
arendu
»i’opprobre. » .
Le
P^eligieux ,trompé
par cette douleur apparente&
les démonftra-tions
de
ce faux repentir , entre- pritde
confoler S.A. en
lui difant :efpérez , efpérez tout^
mon
fils^de
lagrâce
Divine
, filavoix
publiquecon- damne avec
raifon le tiffu d’abomi- nationsque vous avez oommifes
,« l’aveu
que vous
allezen
faire , la»pénitence
que
leTrès -Haut vouà
»
impofera
parmon
minifcere , fera» le
fondement de
votre retour à la» vertu 5
&
le premier a£le de votre»réfignation à fa jufiice :
defcendez
» dans votre
cœur, & courbez- vous
»
devant
l’Imagede
votreDieu,
»Un
preüenî bienque
ce cosn-mandement
propageoit la ragedans
(
lO
)k cœur de
S. A. toute la terrecon-
noit Forgueil
de
ce Prince ,&
ilne
falloir pas
moins que
la néceffitépour
qu'^il s’y fournît.La
néceffité , cette loi impérieufe , lui crioitaux
oreilles : Superhe , humilie’-toi
^
Tout
le
détermina
à embraffer ce parti.Après donc
quelquesmoments
d’un feintanéanîiffement^S.A.
pouffantdes foupirs , fitau grand
Inquifiteur la coiifeffion desatrocités qui le rendront à jamais rob)etdu
mépris& de
lahaine.
«
Non
-feulementmon Révérend
Pere
,je vais parma
fincérité cher-^cher à
regagner
les faveurs céîeftes\mais encore
jeveux que mon
re-pentir foit public ^
&
dévoilerà
la.n
Nation
,
que
j’accablois d’outrages 5'>> les forfaits
que
je vaisdépofer dans
»votre fein. Puifte
un Peuple
quime
dételle
,
avec
raifon , oublieren
(II
)»
partieque
je fuis le principede
>>fon défaftre ,
& ne me
pas facri-»fier à fa
vengeanee
,en voyant
les»larmes
de
fangque
leremords me
>tfait verfer.
»Je gliflerai
rapidement
furmes
premières années. L’éducation des
»Princes , fi brillante
en apparence
,»mais vicieufe
en
tous fes points ,» fut la bafe
de ma
conduite:un
ca-» raftere
méchant
, férocemême
^ an-»nonçoit déjà dans
mon
enfance à la»
Nation
Françaifeque
je ferois fon» opprefleur.
»Tout
favorifoit alors lepen-
»chant décidé qui
me
portoitau
»mal. La mort de Louis XV,
l’é-^élévation
de mon
frere aîné , fabon-
» té naturelle qui éloignoit
de
fon»
ame
lefoupçon du crime,
facon-
>y fiance
, fa fécurité
, les
acclama-
I
( )
Mtions 5 les éloges
de
fon peuple, Taf-1uroient
de
la félicité publique ÿU
»Ia croyoit éternelle. Hélas ! quelle étoit fon erreur 1 il ignoroit
que
les»Princes
de
fonSang,
fonfrerememe,
'»fon
propre
frere,
que
tout devoir» rendre les protefteurs chéris
de
la»
Nation,
travailloientfourdement
à»fa deftruftion.
>>
Ce
futdu moment que
la diffi->>patiôn
&
les exceffives 'prodigalités>^penferent épuifer l’immenfité
de
^mes moyens
,
que
je m’égarai ,me
>>perdis 5 l’injuftice
me domina
v 1^>>foif brûlante des richeffes Adnt
me
»
tourmenter
/JJe
n’ypus
réfifter,
-
&
rien
ne
put réprimer les concuffions?^que je^mis'en.ufage
pour augmenter
»
mes
revenus. Je tyrannifaimes
vaf-»faux ; infenfible
à
leurs peines, à» leurs fatigues , je les rançonnai fans Mpitié,
&
je plus fouyent je facrihai(
13
)»,au hafard
du
jeuou
à la vîteffe d’unachevai
anglais, ce fruitde
la ra-»pine & de
la vexation.»
Non
, jamais jene
puisme
ren-»dre
affezcoupable, ô mon Pere
>>il faut',
que
dis-je , il faut ?Thon-
»
neur que
j’outrageai , la Religion»
que
je méprifai , la douleurque
je» reffens , tous ces juftes motifs
me
»font un
devoir ,me
contraignentà
N>vous accufer quelle étoit alors la» noirceur
de mon ame &
l’indignité»de mes
fentimens.Oui
,mon
Pere,»c’étoit
peu pour mon
lâchecœur
»d’opprimer ainfî l’infortuné ; le -
»plus pur
de
fon fang fuffifoit à peine»
pour
étancher la foif cruelledont
»>j’étois dévoré.
Promenant
fur ley>
Trône
des regardsenvieux
, je
mau-
»diffois le deftin
de
m’avoir fait» naître le plus jeune
de mes
freres ;»je l’accufai d’injuftice,
&
dès cemo^
. (
M
)^
ment
jevouai
àmon
frere, à
mon
Roi
,une
hainedont
ilne
tarda pas àéprouver
les barbares effets.• » Je m’appliquai férieufement
à
>>connoître fur quel
fondement un
»
Monarque
établiffoit fagrandeur
;»je reconnus
qu’elle étoit fixée fur»l’équilibre ,
& que peu de
chofe fuf->> firoit à lui faire perdre*
La
tendreffe»
du Peuple
l’avoit toujoursmaintenu
:»je
travaillai à l’anéantir ,& jy
parvins.
Les
infâmes agentsque
je»produifis
au
Miniftere fervirentmes
»
complots
,&
le meilleur desRois
,
» féduit , égaré
, perdit par degrés
»l’amour
du
Français.O mon
pereltels furent les premiers pas
que
je fisdans
la carrièredu
crime.»L’état affreux
de
laFrance
efl:mon
'ouvrage. Jevous
l’accufe , wj’avoismédité
fa,.ruine,&
fa perte(
M
)»»étoit l’aliment qui nourriflbit
mon
»>ambition.
Les
confeils&
les fages» repréfentations d’une
époufe
ver- tueufene
mirent pasde
frein àma
>»rage effrénée; elle
ne
fit qu’allumer»>mon
relTentiment; je l’accablai
» d’outrages
,
&
lesmoins
détefiables»*
que
je lui fis effuyer , futde
lui waffocier les plus viles Catins&
les«plus
lubriques Courtifannesde
ce»fiecle.
»Sortant
de
fes bras,
où
lecaprice»
me ramenoit
par fois, je
ne
lailTai» jamais fubfifter
aucun doute
fur»
mon
intention,
& ne
lui diffimulois»point
que
le devoir ni le fentiment»n’avoient
aucune
part àmes
carelTes.>Je pouffai la barbarie jufqu’à l’inf- ntruire
de mes
déréglemens. J’affichai»la dépravation , fans avoir la poli-
» tique
de
voilermes
déporremens.c )
»
Violemment incommodée
indigejlion de hifcuits de Savoie
(i)>
t>je vai's^ dis-je à
mon
cocher, prendre i>du thé à Paris.La Duthé
, -'cetteinfâme
créature , cette'' exécrable» Meffaline fortie
de
la fange des plus>>fales
de
la Capitale , devint»mon
idole&
l’objetde mon
-culte»
& de mes hommages.
Je les lui oifns*>
en
public ;&
bravantinfolemment
»la cenfure
de mon Roi
, l’indigna-»tion d'un
Peuple que
je méprifois,wje
forçai'ceux
^ qui 'étoient fous»
ma dépendance
à plier legenou devant
l’odieufe proftituéeque
j’a-w'dorois. \
wO mon digne '&
très-Révérend"(i) Jeu.de mots fur Marie-Thérefe de Savoie,Comteffe d’Artois,
&
laEhjthe, P....û renommée
, dont le faûe ecrafoit celuide la Majefté Royale^Pere
lC
17
)»Pere, <ïômment,
fensmourir de
»
honte, vous
faire le détailde mes
»Cûurfes noéiurnes, les orgies fcan*
» daleufes
que
j’ycommettois
, les
»rifques
que
j’ycourus? Compromis
»
dans
les plus noirs taudions ,»
avec
les fcélérats&
le rebutde
la»
populace; un
Princedu fang Royal,
»
un
Freredu Roi, mangeoit, buvoit
»familièrement
avec
Cette race ab-»je£le,
&
m’affimilantavec eux de
» cette forte
, je
ne
rougilTois pas»de me
déclarer leur confrère&
leurappui.
»
Un mal
affreuxgerma dans mon
»fein : ce noir poifon
, diftillé par le
«»libertinage,
penfa
devenir funeffeà
»*
ma digne &
adorable époufe. Alors»>je ceffai
de
fréquenter ces obfcurs 8tn dégoûtants repaires, fans
cependant
^»en devenirplus fage
j 6c je préfeptiai
B
X
(
i8
)»» de' r
ouvcaux vœux
à la proftitu*» lion.
»
CoRtat
, cettevolage Aâtice dont
»la
renommée-
publioit les charhiants»attraits,
enflamma mon
cçeurde
la» paffion la plus vive,
&
lans m’arrêter» à l’indigne fource
dont
elle eft».fortie
(i),
fansaucune
confidéra-’s/tion
pour
fon état, fi incompatible»
avec mon rang &
m’étourdis fur la baffeffe
dont
jeme
»rendois coupable
j je bravai la cla-meur publique
fur le tableau fincere' (i)
La
Coûtât éft file d’tme revendeufe de fruits'ôc d\uiMouchard
deRobe
-courte.Son
frere, facripant de la première claff^exerce encore cette honorable fonction5.
&
cette héroïne de couliffes eft fans contredit PAarice la plus déréglée de tous, les
théâtres. ,
(
19
)»
de
fesabominables mceufs
j je fis
de
I
»
Contât ma
divinité.i
»C’efi
dans
les embraffenientsde
» cette Prêtreffe
de
Priapeque
j’é->*puifai tous les refforts
de
la fauffe\oitpte
;
pour me
piaire elleme
«dévoila
tous les fecretsde
l’Aiétin,«dont
la pratique m’a depuis toujours'» étéchere. Je m’énervai par la bruta-
»lite
de mes
révoltants tranfports, £c_»>je
nayois
pluspour
la célefte ccnj-»
pagne que
le Ciel m’avoitdonnée,
»
que
la froideur la plus infultante._ » Bâfrâtelle.
Ce charmant
afylede
«la débauché,
devint le fanéfuaire»
de
la molleffe& du
libertinage;mes
» complaifants
&
délicatspourvoyeurs
» fournilToient tous les jours ce
temple
«de
nouvelles Déefles; j’ypromenois
«des
regards ianguifiants ;mes
feosBij
("lO
j1
»
émoufles par
les jouiflancesde
touS'«genres que
je m’étois procurées,né
«fe'ranimoient qu’à peine} ilfalloir les
» exciter par l’attrait
piquant de
la«
nouveauté
; c’eft ceque
je fis.»J’ofai jetter
un
œilprophane
fur«Madame
laDucheffe de Bourbon
t.«ce fetret
inconnu
"jufqu’alorsme!
«çouwe encore de honte & de
con-^« fufiOT t
mon aveu coupable
irrita fa,«
vertu.Défefpére de
ce refus , je!«l’infultai,
&
tout Paris fut témoin!,-«de
lavengeance de
fonépoux;
j’y*«fis
remarquer
la lâchetédont mon
»
cœur
eft fufceptible;&
je fiscon-
«noître à la
Nation
Françaife cqui-«bien
jeme
foucioispeu de démentir
»
& deshonorer un fang
illullre.»
Malgré
la politiquedont
je nie« fervois , l’infamie
de ma
conduite#coramençoit
à percer; l’indignation(
» foulevoit les efprits; les
éplgrammes
» fanglantes
&
méritées m’étoientnadreflees
de
toutes parts : jem’é*
» loignai
^ &
Gibraltar fut le théâtre»>que je choifîs
pour me
fignalerpar
»
de nouveaux
exploits.»
Vous
les connoiffez,ô mon Pere!
»radulation
me couronna de
lauriers,»
&
la véritéme
les arracha lhué
,»fifflé
de
tous les vraisbraves
, guer-»rier fans gloire , frere fans amitié
,
t>pere fans naturel ,
époux
ingrat,
»citoyen perfide , Prince fans déli-
» catelTe , il
ne manquoit
à tous ces»titres qui m’étoient diftribués
par
» toutes les
bouches &
lescœurs de
la Capitale
,
que
celuide
lâche pa-» triote.
Avec
jufticeon me
le décerna.» Aujourd’hui profcrit, rejetté
de mon
» augufte Famille, le
peuple
amis ma
» tête à prix : eût- elle
tombée
fous»fon
glaivevengeur
,& mon
cada-^C )
^vre
feuille par la poüffiere&
foule .aux
pieds, privé
de
fépulture , Je Mi’aiiroisque
foiblement expiémes
^
>>forfaits, ^
meftrre
que
je perdois reftimé^
la confiance publique , la ragé
;
s’accrut
dans mon ame
, lenom
;»Fràtiço s
me
devintodieux;
j’abhor- 'i»rai ion exiftence ,
&
j’aflfociaimon
s>fiirouche feflenriment à la barbare
&>R. .. .
que
le plusmalheureux
des '»Rois
avoir prife‘^enGermanie pour
^
»
former
lebonheur de
les jours.' 1
^>Nos cœurs
furent bientôt unis j *'i*îe
crime
le plus . arrorecimenta
cette union. Sans ép^ardaux
droits^I
wGü
fivcg, je fouiiîai lacouche nup-
.»tiale
^
&
fis féconder la Famille '»
Royale.
Plusde myRere
alors ;ne
j
» refpir nt plus tous
deux que
fureur j,vengeance
Jnous nous
affûtâmes,( i 3 )
des- Miniftres ;
nous nous
défîmes'*>^des
gens
vertueuxdont
lagêne
» continuelle contrarioit nos deffeins.
»*Nous
pillâmes leTréfôr
royal^&•
>^lePere
du
peuple, obfédéde
traîtres,»ignoroit le
malheur de
fes enfants,^^»
& Forage
affreux quimenaçoit
laMonarchie.
»L’exécrable Polîgnac, ce
monffre
» détefté , ce
monflre
indéfiniffable,
H
comme une quatrième
furie , fe joi-»gnit à la cabale
&
fe fitune
gloire» d’emdiriger les infignes
manœuvres*
Adorée de
laR,
. àlaquelle elle,avoir fait adopter fes.goûts infâmes,,, elle fe partageoit alternativement, wentr’elle
& moi
,& nous
avions^rfoTmé par cette intime réunion le
>>plus affreux trio-
>^Rien
ne
coûte à cette.Mégere
^Lufon ame
pafla dans, lamienne;.
le:B
iv(
14 y
)>?méme
géme nous anima
;nous
‘épui->».fâmes.la
France
jcrime
léger ^ qui>vne fufiifoit pas à* notre fureur5 la
»:4eftru6Hon totale de^ fes Habitants,
»,é|oit~le
vœu
le plus ardentde
notre\
»
Cond,
,Cont.
^de Cuiche
, tout»aulîi lâches
, auffi perfide
que nous,
>^^augfnenterent le
nombre
des tyransstv
de
la-Nation
Vnous
foufflâmes dans*>>le
cœur de
la Noblefle Taifreux poi-»fôn de
la difcorde.Nous
lui fîmes»
envifager fes droits violés , facrifiés#au
titrechimérique de Citoyen, &
Knous en fîmes
autantdennentis du
s>
peuple que de
la liberté,-‘ »
Notre
liguequi
paroifloit-îndef- truftible, grofixflbit-tous'les jours.'
»Déjà nous ne
gardionsplus lefecret, solevant'infolemment nos
têtes altîe->^re$ 3
nous
rejettionsavec dédain
les>>fupplications
&
les larmes desha-
n
bitans , rongés par Taffreufe mifèreque nous
avions fait naître: quelques»jours
de
plus,&
desfleuvesde fang
winondoient
la Capitale.Déjà
ils fé» préfentoient à
nos yeux
,& nous
»nagions d’avance
avec
raviflement» dans ces fources délicieufes.
»
Les
citoyens malTacrés l’unpar
nl’autre j les habitanségorgés
pary>
une
troupede
brigandsenrégimen-
tés,
aveuglément
foumife à nos or-» dres barbaresj les cadavres expirants
»les uns fur les autres : voilà,
mon
» pere , le trophée
que nous
voulions prélever à notre gloire immortelle,&
»le fpeftacle
enchanteur que nous nuus
ffpréparions.
»
La
ville réduiteen un monceau nde
cendres,coup
d’œil flatteur poiir«de nouveaux Néron,
préfentoità
< 26
).^rros -regards la^plus agréable perf^
»pe£Hve, &
les préliminaires les plus«langlants
annoncèrent
à la Patrie le•fignai horrible
de
la terreur& de
la>>profcriptionri
_
'
À.
»Cetîe affreufe confpiration tou^
» choit
au terme
fatalde
fon exécur-»tion; les maifons étoient déiignées
,
>>ceat ' mille habitants alloient périr
» viftimes
de
notre rage , lorfque I4»
main de
rÊtrefuprême détourna
lesP coups
cruelsque nous
allions porter»
& Fimprudence
trahitnos vues
cri^» mineiles.
»
Le
féroceLambefc
,-à la tête d’unef>troupe
de
tigres altérésdu fang
>>français , fe livre trop 'tôt
au
fen^»riment qui
nous
animoit ;aveugle
»
dans
fes horribles^ 'tranfports , il ncommence
l’alarme générale y&
(
î?
)«détruit nos projets par fa
prompS-
»tude &
fon impatience.»Les
miniftresde
notre ragené-
wtoient point prêts; nos fatellites qui n^étoientpointarrivés ; le
nombre
qui»
nous
avoitvendu
leurs bras&
leur»vie,
étoit trop foiblepour
oppofery à la vile
populace que nous
avions» juré d’exterminer ; défenfeurs
de
fes»jours 5
de
fon exiftence ,de
fa liber-^»îé, les citoyens s’ameutent5 s’arment
w
&
renverfenten un
inftant nos plus» cheres efpérances.
^Terribles
&
bouillonantsde
fu-» reur , les vaillants Parifiens
mena-
» cent nos jours
,
pour
lefquelsnous
»
commençons
à trembler. L’horreiir>>fe
répand,
le fang des traîtres coule:prifonniers dans Verfailles , tous les npaffages font obfirnés
,& nous voybns
»
avec
douleur letriomphe
national.JL
(
28
)"^lotirnée
malheureufe où nous Times
anéantir nos effroyables def«»
feins îLes
larmes couloientde nos
sjfjetix,:1a rage feule
en
faifoit naître«^lafotircej
nos amis, nos
partifans, fcélérats'ennemis du
patriotifme» cruellement mutilés, traînés dans la
fange,
leurs^coupables têtes portées» au bout dune
lahce, fembloient pré- j^fegerje
jufte fort quinous
étoit ré*^W'fervé,& auquel
la fuitenous
adé-
»
robes,mon
.Pere î Tindignation fe peint fur votre vilage ,& mainte-
nant
ellerégné dans
tous les coeurs, fuir ?où
allercacher ma honte mon
affliftîon ?'quel fera lepeu-
»)^ple affez ihfenfé
pour
accueillir&
»
protéger
lecrime
,.la trahifon&
la»fcéléfateffe ?
Comment
ofer préten->> dre à
un
alyle, à
un
refuge ?Mon
»nom'feul né
fera-t-il pas lepremier
(
^9
,);
chef de ma condamnation
?& ne
>> fera-ce pas rendre
nn
important fer-» vice
^ Fhumanité
,que de
plonger» un poignard
dans le feinde
celui»qui
vouloit êtrelui-même
lebour-
9>reau d’un peuple entier,
pour
repaî->>tre fes
yeux de ce
fanglantfpeâade
,»
&
faire jouirune femme
barbare&
impitoyable , des fruitsde
l’hor-» reur qu’elle a
conçue &
conferve.»
encore
dans fon feinpour
lesFran-
9fçais qui l’adoroient
au moment pü
irelle méditoit leur ruine.
»
Tonnez
furmoi, grand Dieuî
»
que
votre foudre écrafe fans mifé-»ricorde la déteftable furie
, l’objet
de mes
lâchesamours & de mes
cxi-ffminelles complaifancps. Périffent
de
n
même
les infâmes Princes qui fer- n virent nos perfidescomplots
5qu’un
trépasignominieux
foit le falairawdes
traîtresdont
laFrance
eft in-( 3
°)
» feftée ,
&
qui jouiffenten
paix du.»fruit
de
leurshonteux
larc ns.>>Paris J cette fuperbe cité, reine
»du monde, en
'proie à lafamine, n
offre plusqu’un
tableau pitoyable»
dont
la face ne'peut changer
qu’en détruifant les monftres qu’elle recele» dans fon‘iein. ' . .
'
‘O Maître fuprême
deshumains,
S>vous èxâucez une
partiede mes
»
vœux
!ün Prévôt
des'Marchands
,
»le
Gouverneur de
la baftille ,un
‘
Foulôn
, ‘un
Béfthier font déjà les'
W viâimes que
tu asabandonnés au
^ wreflentiment national, ihaflacrés par
*'
»un peuple
fecouant lejcng dé
l’op-» preffion
& de
la tyrannie.Leur
tré-"
»pas,
loin d’exciter la côrnpalSon ,»fait naîtrelajoie dans tousles
cœurs,
V &L les
lambeaux
fanglantsde
leurs w corps dédiiréV, font lés Holocauftesf> offerts à la liberté.
•>ïTremblez
Gondé
,Contî
Bour^“bon
,d’Énghîën
.>& vous
,mifér^
blés HTîiians de la mifere des
Fran-
çais !
Qoe
le fortde vos
femblablesv>
voUs
inipire un’ effroiconndueU &
»fi 'vous échàppeZ' à la légîtniie
ven-
> geance
publique, püïffe 1affreux fer^»pent
du remords
déchirer perpétuel-ment
votre fein ! ‘ .>>
Tel
eft,ô mon
Pere, le détail des» iniquités
que
l’orgueil&
l’ambitiou» m’ont fait
commettre
! Jeme
réfi-^gne
à lavengeance
divine,
&
rece->>vrai, fans
murmurer,
lecoup
quiy>
ne
tarderafûrement
pas à trancher le»>fil des jours d’un
infâme
profcritN. B. On
invite le Public àne
point ajouterde
foiau
repentir tar-dif
&
forcéde
S.A.
S.on en
doitdillinguçr toute la fauffeté. Prions
C
30
ïêulement
TArbitte des deftinéesque
derniers