FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1899-1900 N° 30
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DU
T 1
AVEC ECTROPION
(LE PERMANGANATE DE POTASSl
THÈSE
POUR LE DOCTORAT ENMÉDECINE
[Présentée et soutenue publiquement le8 Décembre 1899
PAR
Sulpice-Henri-Jean-Louis
TR A ISS ACNé à Montvert (Cantal) le 19 janvier 1870.
/MM. PICOT, professeur Président.
Examinateurs de la Thèse: MOUSSOUS,professeur...
j
I PRINCETEAU, agrege Juges.
- CHAMBRELENT, agrégé...)
LeCandidat répondra aux questionsqui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
G.
GOUNOUILHOU,
IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINEII, RUE GUIRAUDE, II
1899
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES. Doven honoraire.
MM.
Clinique interne Clinique externe. . .
Pathologie etthérapeu¬
tiquegénérales. . .
Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire .
Clinique d'accouchements.
Anatomie pathologique. .
Anatoinie
Anatomie générale et histologie...
Physiologie
PROFESSEURS
MICÉ . . \
AZAM DUPUY
MOUSSOUS . . .
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE
Professeurs honoraires.
YERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
GANNIEU.
Médecinelégale .
Physique . . . .
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie . . .
Matière médicale.
Médecineexpérimentale . Clinique ophtalmologique.
Clinique des maladieschi¬
rurgicalesdesenfants .
Cliniquegynécologique Clinique médicale des
maladies desenfants Chimie biologique . .
MM.
MORACllE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ÉCHAUD.
BOURSIER.
. . VIAULT.
. JOLYET.
Hygiène LAYET.
AGRÉGÉS EN EXERCICE:
section de médecine (Pathologie interneetMédecinelégale..)
A MOUSSOUS.
DENIGÈS.
MM CASSAET.
AUCHÉ.
SABRAZÈS.
MM. LeDANTEC.
HOBBS.
Pathologie externe.<
Anatomie
section de chirurgie et accouchements
MM.DENUCÉ.
VILLAR.
) BRAQUEHAYE [ CHAYANNAZ.
section des sciencesanato.miques et physiologiques
IMM.PRINCE-TE AU. I Physiologie . . . MM.
PACHON,
' ( N... | Histoire naturelle.
BEILLE.
section des sciences physiques
Physique MM.SIGALAS. —Pharmacie . . . . M.
BARTHE.
. IMM. CHAMBRELENT.
Accouchements,
j FIEUX.
COURS COMPLÉMENTAIRES:
MM.DUBREUILH.
Clinique des maladies cutanéeset syphilitiques MM. DUmuj-mj
Clinique desmaladiesdes voies urinaires
^miraF
Maladiesdu larynx,des oreilles etdunez. .
9
;ToIVTnlarlioc . ... . ... REG1B.f
DENUGE.
Maladiesmentales Pathologie externe. . .
Pathologie interne. . . .
Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hvdrologieetminéralogie
RONDOT.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
N...
lagrange.
CARLES.
LeSecrétairedelaFaculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinionsémisés ^ Thèses qui luisont présentées doivent être considérées commepropres
à leurs aut '
qu'elle n'entend leurdonnerniapprobationni improbation.
A LA
MÉMOIRE
DE MONPÈRE
A LA
MÉMOIRE
DE MAMÈRE
A LA
MÉMOIRE
DE MA FEMMEA MES
REAUX-PARENTS
A MA SŒUR
■ r : -■
!•
A MA TANTE MADAME
BERGANTIÈRE
faible hommage de reconnaissance pour l'affection et ledévouementqu'elle n'a cessé de me témoigner.
A MONSIEUR ET MADAME C.
PETISNÉ
dont j'apprécie l'affectueuse sympathie
et les marques d'intérêt.
A MES ONGLES FARGUES
A MON
MAITRE ET AMI M. Henry SOYMIER
PHARMACIEN DE PREMIÈRE CLASSE LAURÉAT DE L'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
a mes amis
MONSIEUR LE DOCTEUR A.
BRIAL
MONSIEUR LE DOCTEUR A.
DARCOURT
MONSIEUR Louis
BROUSSEAU
PHARMACIEN
A MES MAITRES
DE LA FACULTÉ ET DES HOPITAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR M.
RIVIÈRE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ
ACCOUCHEUR DES HOPITAUX
MÉDECIN EN CHEF DUBUREAU DE BIENFAISANCE
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
M. LE Dr PICOT
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
DU
ÏMITIIT DIS IÈ1ÏB III COL
AVEC ECTROPION
LE
PERMANGANATE DE POTASSE
PRÉLIMINAIRES
S'il existe des affections rebelles à tout traitement, ou tout
au moins demandant des soins continus pendant de longues semaines, c'est à coup sûr
celles qui intéressent les organes
génitaux tant internes qu'externesde la femme. Après avoir
suivi pendant longtemps les
différents services de gynécologie
de l'hôpital Saint-André et
de la Faculté de médecine, nous
avons été frappé de voir
revenir incessamment
auxconsul¬
tations les mêmes malades; les traitements que
l'on pouvait
leur faire subir les amélioraient pendant un
certain temps, les
guérissaient même au moins en apparence;
puis, après
quelques semaines d'absence, la
patiente reparaissait avec les
mêmes lésions, quelquefois
plus accentuées. S'il faut néces¬
sairement tenir compte de la
réinfection certaine, pendant la
suppression de tout traitement, il
faut bien
sedire aussi que
les microbes du pus n'avaient que
trop facilement trouvé un
terrain tout disposé à les
recevoir et
quecette muqueuse
génitale n'était pas encore
complètement guérie quand la
malade avait cessé de venir.
Cependanttout aété employé,
depuis les
moyensde douceur
dans les cas bénins où les lésions étaient
insignifiantes
— 14 —
jusqu'aux moyens de force que la chirurgie tient à sa dispo¬
sition lorsque les désastres étaient plus accentués.
A quoi tient donc cette résistance exaspérante à la théra¬
peutique? Tantôt à un état général mauvais ou simplement diatliésique qui doit être traité parallèlement à l'organe malade, telles les arthritiques, les névropathes; tantôt, il faut
bien le dire, à l'inefficacité réelle des moyens employés soit
par suite du médicament lui-même, soit par suite du terrain inapte à subir soninfluence, soitpour toute autre raison. C'est dans ces conditions que la chirurgie intervient quelquefois trop vite. Les lésions persistent, résistent; la suppression de
tout ou partie de l'organe malade fait disparaître la maladie
avec la lésion. Mais ce n'est pas là une méthode absolument
scientifique. Avant d'y arriver, il fautêtre sûr que rien ne peut réussir, soit du fait de l'étendue ou de lagravité de la lésion,
soit après l'échec des traitements moins radicaux.
Des expérimentations récentes faites par Goubarev nous ont poussé à appliquer et à vérifier l'action du permanganate
de potasse employé pur à l'état pulvérulent dans les cas parti¬
culièrement de métrite localisée au col et s'accompagnant d'ectropion de la muqueuse. C'est le résultat de notreobser¬
vation faite à la consultation de M. le D1' Rivière, que nous apportons aujourd'hui en réclamant l'indulgence de nos maîtres.
Notre travail sera divisé en trois parties. Dans lapremière,
nous nous occuperons très sommairement des métrites en
général, en nous arrêtant quelques instants sur la métrite
du col avec ectropion; nous passerons en revue rapidement
les divers traitements, tant médicaux que chirurgicaux, qui
ont été préconisés contre ces affections.
La deuxième partie sera consacrée à l'étude du perman¬
ganate de potasse dans ses propriétés et ses applications
diverses.
Dans la troisième partie, enfin, après nos observations,
nous donnerons les indications, les contre-indications et les
résultats du traitement, en mêmetemps que nous indiquerons
sa technique opératoire.
— 15 —
En terminant ce rapide
exposé, qu'il
noussoit permis de
remercier nos maîtres de
la Faculté de Bordeaux. Partout,
dansles services hospitaliers comme
à la Faculté, nous avons
trouvé auprès d'eux
l'accueil le plus bienveillant et le désir
manifeste denous être utiles.
Si nous avons contracté vis-à-vis
de tous
unedette de recon¬
naissance pour leur
enseignement et
pourleurs bons procédés
ànotre égard, il en est
qui
serappellent particulièrement à
nos souvenirs.
M. leProfesseur Piéchaud, si
sympathique à tous ceux qui
l'approchent,
étudiants
oumalades, restera toujours le maître
dont nous nous plaisons à
admirer la science, la probité
professionnelle, le
dévouement et la bonté.
M. le Professeur Badal et M. le
Professeur agrégé Beille
n'ont cessé de nous témoigner des marques
de sympathie
pendant toute la durée
de
nosétudes.
M. le Professeur agrégé
Bavière, à qui je dois le sujet de
cette thèse, sait avec
quelle sincère admiration j'ai toujours
suivi son enseignement.
Malgré
saretraite prématurée, j'ai
le bonheur de profiter encore
de
sesleçons. Qu'il me
permette de lui offrir, avec ma
gratitude, l'hommage de mon
respectueux attachement.
Nous noussouviendrons aussi des cliniques
si intéressantes
dont M. le Professeur Picot a le secret. Sa
longue pratique,
son expérience, ses
observations méthodiques donnaient à ses
causeries, au lit du malade, une
clarté et
uneprécision qui
nous rendaient chaquejour
plus attachante l'étude de la méde¬
cine et plus indispensable
la parole de ce maître. En nous
faisant le grand honneur
d'accepter la présidence de notre
thèse, il s'est acquis denouveaux
titres à notre reconnaissance;
nousle prions d'en agréer
l'expression la plus sincère.
-
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
Avant de parler du traitement des métrites, il est bon de
connaître la lésion que l'ona à combattre, de savoir au moins sommairement comment et pour quelles raisons elle s'établit, pourquoi elle persiste et quel est sonaspect habituel.
Lamétrite, ainsi que son nom l'indique, est une inflamma¬
tion de l'utérus. C'est la définition la plus simple, partant la meilleure. Cette inflammation, provoquée par des causes mul¬
tiples et variées, venant se produire sur les différentes parties
de l'organe de la gestation, doit nécessairement se manifester par des symptômes différents, surtout selon la réaction de l'individu.
Ainsi que le fait remarquer Pozzi, il faut établir une diffé¬
rence très marquée entre les métrites proprement dites et les pseudo-métrites dues aux corps fibreux, aux inflammations de l'un ou des deux ovaires, aux lésions pelvi-péritonéales ou aux tumeurs des annexes.
La métrite proprement dite a dû, à sontour, être l'objet de divisions et declassifications particulières, établies tantôt sur
l'étudede lamarche de la
maladie, tantôt sur le siège ou sur 1
éliologie,
l'anatomiepathologique, etc.De pareilles
classifications,
fondées sur un seul caractère choisi par la libre volonté d'un auteur, ne peuvent avoir qu'unevaleur relative et n'ontpasla valeur d'une classification— 18 —
naturelle. Cependant, selon
M. Pozzi,
onpeut,
enchoisissant
le caractère clinique dominateur,
établir la division
en :Métrite inflammatoire aiguë; Métrite hémorragique; Métrite catarrhale;
Métrite douloureuse chronique.
Ces lésions peuvent être
étudiées séparément
surle corps el
sur le col utérin, et les différences
anatomiques et histologi-
ques entre ces deux
parties de l'utérus commanderont une
certaine différence entre les lésions et entre
les symptômes
observés. Nous n'avons pas à nous occuper
ici des lésions
anatomo-pathologiques
rencontrées dans les métrites; nous
laisserons complètement de
côté les lésions du corps utérin
qui n'ont aucun
rapport
avecnotre sujet
:nous verrons seule¬
mentunpeurapidement
les lésions principales des métrites du
col. Nous nevoulonspasdire par
cela
quele col utérin, le canal
cervical peuvent être
touchés
sans quela partie supérieure
de l'utérus soit malade, ou inversement;
l'indépendance de
ces deux régions n'est
jamais
et nepeut jamais être complète;
le plus souvent,
les lésions sont contemporaines et y évoluent
parallèlement.
Cependant, il peut
sefaire que l'inflammation
se localise plus
spécialement dans l'une
oul'autre de ces
portions. La
métrite cervicale prédomine ordinairement, car
le colutérin est plus exposé aux causes
vulnérantes. Si l'affec¬
tion débute par la muqueuse,
les altérations se propagent vite
et unevéritable métrite parenchymateuse
succède à une lésion
un peu
prolongée du col. Il peut arriver aussi, et c'est ce qui
nous intéresse
particulièrement,
queles lésions soient parfois
restreintes au col, dans
l'ectropion de cet organe causé, non
seulement par
l'épaississement de la muqueuse cervicale, ren¬
versée en dehors dans le vagin et
épaissie, mais aussi par
l'épaississement
du tissu conjonctif situé sous la muqueuse et
entre les faisceaux musculaires.
Dans
cetissu conjonctif, on
constate souvent des lésions
d'inflammation récente : les
faisceaux de tissu conjonctif sont
épaissis et des cellules
plates sont
interposées entre
eux.Le col peut offrir^au
voisinage de l'orifice externe, un aspect
— 19 —
rouge etdépoli, sans saillie ni dépression : c'est l'érosion pro¬
prementdite; l'ulcération présente une autre forme. Sur toute
la circonférence de l'orifice ou seulement sur une partie de
son pourtour existe une dépression apparente, généralement
circonscrite par un bord circulaire et dont la surface paraît
lisse et rouge ou encore veloutée et même villeuse. Après en avoir faitunelésion ayantunenatureparticulière, on remarqua
qu'elle n'était pas toute la maladie, mais seulement un symp¬
tômedu catarrhe utérin. L'ectropion a divisé davantage encore les anatomo-pathologistes; pour les uns, ce n'était qu'une
hernie de la muqueuse de l'intérieur du col, comparable à l'ectropion des paupières, mais pour d'autres il y avait sous cette apparence une réalité anatomique.
Yeit, Ruge, de Sinéty ont, dans des travaux récents, affirmé qu'il n'y avait pas destruction, mais au contrairenéoformation
de tissus; lorsqu'une déchirure permet à cette néoformation
dese développer librement à l'extérieur, elle déborde l'orifice
externe comme un parement de velours cramoisi sur une manche (Pozzi).
Une autre lésionprécoce du col déchiré est le renversement
des lèvresdu col, dont laprincipale cause réside dans la trac¬
tion exercée par les insertions duvagin sur le col divisé; elle
pousse à l'extrême l'ectropion de la muqueuse qui est d'autant plus marqué que celle-ci est devenue plus malade.
Au point de vue de la pathogénie, il faut bien remarquer que les inflammations utérines sont d'origine infectieuse. Les
microbes que l'on y trouve ont été étudiés depuis longtemps
et à defréquentes reprises. Le gonocoque est de tous le plus fréquemment coupable et distance de bien loin les autres
eocci de toute espèce.
Le travail de l'accouchement avec toutes les manœuvres qu'il comporte amène souvent des inflammations utérines; les examens, les touchers,les opérations pratiquées infectent plus
°u moins l'utérus et les déchirures qu'il entraîne servent de
porte d'entrée permanente à de nouvelles infections.
L'infection puerpérale de l'utérus, point de départ si fré¬
quent de la métrite consécutive, peut donc être, produite par
— 20 —
des germes pathogènes
provenant des
sourcesles plus diverses
etpouvant agir
isolément
ous'associer
pourdonner naissance
aux affections mixtes.
Les causes d'infection peuvent se rapporter
à quatre
causes principales surlesquelles
nous ne nousétendrons pas : la
menstruation, la copulation,
la parturition, le traumatisme. La
déchirure ou lacération du col a une influence
considérable
sur la durée de la métrite.
De même que les autres
lésions de l'utérus
oudes trompes,
les métrites se manifestent par un
ensemble de signes
aux¬quels on a
donné le
nomde syndrome utérin; ces signes sont
les mêmes dans toutes ou presque toutes
les affections des
organes génitaux
internes, mais chacun d'eux peut prendre le
pas sur lesautres et, par son
plus
oumoins d'acuité, amener
une différenciation dans la
symptomatologie générale. Les
principaux signes
du syndrome utérin sont la douleur, la leu¬
corrhée, la
dysménorrhée, la métrorragie, enfin les symptômes
du côté des organes voisins
(vessie, rectum)
ouéloignés (tube
digestif, système
nerveux). Voyons sommairement quelle est
la valeur de chacun de ces symptômes dans
les métrites,
quelle importance on
doit leur attacher.
La douleur qui attire tout
d'abord l'attention des malades
est spontanée; elle peut
siéger
aufond de l'utérus ou occuper
une des fosses iliaques, ce qui peut
être expliqué par la
coexistence d'une légère salpingite
catarrhale. La douleur
irradie vers les lombes; les fatigues, la
marche l'augmentent.
L'examen, surtout le palper
combiné
avecle toucher, exas¬
père cette douleur,
alors
quele toucher seul, qui n'atteint que
le col utérin, n'amène aucune
douleur
engénéral.
La leucorrhée existe toujours ou presque
toujours; elle
provient des
sécrétions exagérées du vagin et de l'utérus. On
peut distinguer
l'écoulement venant du col de celui formé par
le corps; le premier est
jaune,
peuvisqueux; le second est
gélatiniforme et
empèse le linge. Ces sécrétions contiennent
de nombreux micro-organismes appartenant
à des types
différents. La dysménorrhée ou
menstruation douloureuse
existe souvent par suite de
certains obstacles mécaniques a
— 21 —
l'expulsion du flux
menstruel. On peut avoir aussi des règles
plus abondantes que
normalement,
cequi constitue la ménor-
ragie ou de
véritables hémorragies
endehors des règles.
Dans ce cas, il y a métrorragie.
D'autres troubles peuvent
semanifesterdanslesfonctionsdesorganesvoisins; le ténesme vésical, les mictions plus
fréquentes attestent la part
que prend la vessie auxaffections utérines. L'intestin
setrouve
touché lui aussi, et la constipation, déjà
si fréquente chez la
femme en général, le devient
plus
encoredans
ces cas particuliers.La métriteretentit à distance surlesorganes de la digestion,
de la respiration et sur le système nerveux
qui réagissent
quelquefois vigoureusement. Les névroses
sont fréquentes
chez la femme malade et elles revêtent toutes les formes.
Mais les symptômes des métrites ne
doivent
pas nousretenir plus longtemps et nous allons nous occuper
des
traitements de différente nature, médicaux ou
chirurgicaux,
quiont été opposés aux inflammations
utérines.
Une prophylaxie bien comprise paraît
prévenir l'apparition
d'une métrite dans bien des cas où elle se produit actuelle¬
ment. Si l'accouchement s'effectuait avec une antisepsie ou tout au moins une asepsie parfaite, si les
médecins et
sages-femmes (ou les élèves dans les services
hospitaliers)
ne pra¬tiquaient le toucher avant et pendant le travail que
dans des
conditions d'asepsie rigoureuse, on
n'aurait certainement
pasaussi souvent des accidents imputables à ces manœuvres.
Si
actuellement l'on peut dire que l'infection
puerpérale n'a
pasledroit d'exister, il faut aussi quepareille
idée soit applicable
aux suites éloignées de l'accouchement.
Les instruments, quels qu'ils soient,
qui doivent entrer
encontact avec les organes génitaux ou
approcher de leur voisi¬
nage, doiventêtre indemnes de toute souillure, de toute action microbienne.
Les malades elles-mêmes ne doivent, la plupart dutemps,
incriminer qu'elles-mêmes des troubles qui surviennent
plus
tard. La grande majorité d'entre
elles,
parinsouciance,
pargloriole,
quelquefois, il faut le reconnaître, parnécessité,
— 22 —
quand il s'agit de malheureuses obligées de travailler quand
môme pour élever une famille, la grande majorité, dirons-
nous, quittent le lit après quelques jours, six, cinq, le jour
même de leur accouchement.
Commentl'involution utérineneserait-elle pas retardéedans
cesconditions? Et quoi de plus naturel que de voir successi¬
vement se manifester les divers symptômes d'une métrite
difficile à guérir?
Lorsque l'affection est installée, on doit la traiter et pour cela on s'adresse surtout, et avec raison, au repos au lit. Les injections chaudes prises au lit, les tampons glycérines, la
columnisation sont employés, et si l'état aigu persiste trop,
on peut avoir recours aux émissions sanguines localesparla
scarification simple ducol.
Dans toutes les formes de métrite, c'est le repos au lit et l'injection chaude qui sont surtout employés.
Onpeut agir plus directement surlamuqueuse utérine elle- même, soit en faisant un simple tamponnement,soit enfaisant
le drainage de la cavité. Onpeut aussi faire de l'écouvillonnage
ouporter au contact de la muqueuse un corps bactéricide ou
caustique.
On a employé dans cebut une quantité plus oumoinsconsi¬
dérable de corps oude préparations plus oumoinscomplexes: l'iodoforme enpoudre ouen suspension dans la glycérine, son mélange avecla vaseline, la créosote sous forme de glycérine
créosotée à des doses variables, l'ichtyolencrayonsouen
solu¬
tion dans la glycérine, ont été portés dans ces utérusmalades.
Le sublimé etle sulfate de cuivre incorporésàdes crayonsont joui d'une certaine faveur. Le sublimé est toujours
employé,
mais il doit être manié avec les plus grandes précautions.
Le
sulfate de cuivre est énergiquement repoussé par la
grande
majorité des gynécologistes. Il faut guérir une muqueuse,
il
nefaut pas la faire disparaître, et les accidents qu'il a causes
le fontreléguer au dernierrang de toutes les médications.
Tous ces procédés ont donné des résultats particuliers;
de
nombreuses observationsattestentleurefficacité; mais
malheu¬
reusement leur effet n'est pas constant, etce n'est
qu'après de
— 23 —
nombreux tâtonnements qu'on découvre
celui qui convient.
Aussiles recherches ne s'arrêtent-ellespas et
les observateurs
sont-ils toujours à
l'affût d'un agent plus sûr, plus constant,
qui donne
de plus grandes satisfactions.
Il arrive souvent que le traitement
médical
nedonne
pasles résultats qu'on attendait
de lui; la maladie persiste
ou s'aggrave etla chirurgie s'empare de la malade.
Le curettage enlève ou
doit enlever la plus grande partie de
la muqueuse, il ne compromet pas
trop la faculté de repro¬
duction; on le fait suivre
d'une cautérisation légère
oude
l'application d'iodoforme;
s'il
y aquelques polypes, on les
enlève.
Lorsqu'ilya uneulcération
du col,
onessaie tout
pourla faire
cicatriser, mais quand tous les moyens
ont échoué
ouquand
lesmalades, ne pouvant suivre un
traitement qui exigerait des
mois, demandent à être guéries
rapidement, fût-ce
auprix
d'une opération, le traitement
chirurgical rend alors les plus
grands services. On peut faire
l'excision de la
muqueuse malade, c'est-à-dire pratiquerl'opération de Schroder qui
donne d'excellents résultats, substitueune
surface saine à
unesurface malade, ne crée aucune cicatrice, n'est pas un
obstacle
pour la conception ou l'accouchement, et
permet d'obtenir
une guérison, surtout lorsque, avecune
ulcération unilatérale,
il existe du catarrhe cervical. Dans les cas où la métrite est
devenue chronique et qu'il n'existe pas
d'ulcération du col,
onpeut faire une autre opération devenue
actuellement
assezcourante. Le tissu cicatriciel est enlevé et on restitueaucol sa forme normale; de ce fait on supprime la cause
de douleur et
d'irritation. Cette opération porte le nom
de trachélorraphie,
mais est plus connue sous la
dénomination d'opération
d'Emmet.
Devons-nous parler de ces
opérations radicales qui,
sousle
prétexte de faire disparaître chez
certaines malades des dou¬
leurs peut-être un peu vives, leur
enlèvent à tout jamais
1espoir d'une maternité consolante. On a poussé un peu loin
lachirurgie en enlevant les ovaires dans de
pareils
cas et sur¬tout enpratiquant l'hystérectomie,
suivie quelquefois de Tabla-
— 24 —
tion des annexes. Il faut donc être plus conservateurdans ces
questions où les bénéfices que donne l'opération sont dépassés
par les inconvénientsgraves qu'elle entraîne à sa suite.
Si nous résumons ces quelques lignes, nous voyons que les
métrites localisées au col ou généralisées à tout l'organe ont suscité unequantité infinie de traitements qui n'ont donnéque des résultats inconstants et quelquefois payés trop cher.
Nous cantonnant dans le domaine de lagynécologie médicale,
la plus courante en un mot, celle à laquelle beaucoup de pra¬
ticiens ont recours, nous laisserons de côté les opérationsque
nous avons citées, car elles ont leur valeur et leur nécessité et
nous savons que dans bien des casquelques-unes d'entre elles peuvent seules promettre le succès, soit qu'on les pratique seules, soit qu'elles n'arrivent que comme adjuvantes à un autre traitemeat.
Dans ces conditions, il estnaturel que dans les cliniques de
maladies des femmes où les malades refusent souventune opé¬
ration même insignifiante, comme dans la clientèle où une
intervention est toujours considérée comme un événement
grave par le dérangement, l'impression et les dépenses qu'elle entraîne, le médecin cherche un moyen simple de remédier à
des désordresassez sérieux.
On avait employé, comme nous avons vu, tous les antisep¬
tiques existants, onenavait même inventé denouveauxlorsque
un médecin russe, le Dr A. Goubarev, professeur d'obstétrique
et de gynécologie à la Faculté de médecine de Moscou, eut l'idée, en présence des bons résultats obtenus par M. le
DrKaczanovsky, de Saint-Pétersbourg, dans le lupus (*),
d'es¬
sayerle permanganate de potasse (MnCPK) contre
l'ectropion
du col utérin. L'importance de ces tentatives était énorme,
mais ellesgagnaient un intérêt supplémentaire dans ce
fait
quele permanganate de potasse était employé pur, à l'état
pulve"
rulentet appliqué directement sur la partie malade. En
effet,
Goubarev(2), après avoir découvert le museau de tanche au moyen d'un spéculum quelconque et avoir enlevé avec le
plus
P)Kaczanovsky,Semaine médicale,1898, annexes, p. ccvi.
(*) Goubarev,Semainemédicale,1899,n°10,p.80.
— 25 -
grand
soin les mucosités recouvrant l'orifice externe du col,
touchait l'ectropion avec une sonde de
Playfair entourée de
coton hydrophile saupoudré
de
permanganatede potasse; puis
il introduisait cette sonde dans la partie inférieure du canal cervical, laquelle est
d'ordinaire perméable. Sous l'influence
de ces applications, absolument
indolores, disait-il, et faites
tousles dixjours, Goubarev a vu la
leucorrhée diminuer rapi¬
dement, l'ectropion rétrocéder et le
col reprendre
sonaspect
normal, même dans les cas ayant
résisté à des cautérisations
répétées au moyen duthermocautère.
M. le professeur agrégé
Rivière
abien voulu vérifier
cemode de traitement, et c'est le résultat de cette
expérimenta¬
tion que nous allons donner. Mais auparavant,
et
pourbien
connaître l'agent dont nous nous
servirons,
nousallons étu¬
dier lepermanganatedepotasse
dans
sespropriétés physiques,
chimiquesetthérapeutiques;nousverrons
ensuite dans quelles
circonstances il a été employé, à quelles doses et
quel
aété
sonmode d'action. Ceci fait, après la constatation
de
sesrésul¬
tats, nous relaterons nos observations
personnelles et les
réflexions qu'elles nous ont suggérées.
LE PERMANGANATE DE POTASSE
Le permanganate de potasse (Mn04K) se présente sous
l'aspect de belles aiguilles prismatiques brillantes, presque
noires, à reflets métalliques et pouvant atteindre une
longueur de trois centimètres^), ou d'un rouge pourpre(2) quand on le regarde par transparence. Il est soluble dans quinze parties d'eau froide; sa solution est d'un brun violet
ou d'un rouge pourpre très beau. Les alcoolés donnent à cette
solution une teinte verdâtre enfaisant passer le permanganate
à l'état de manganate vert.
Selon M. Denigès(3), il a une grande intensité de coloration
et a, en solutionsuffisamment étendue, un spectre d'absorption
cannelé très caractéristique. La solution est décolorée par l'acide sulfureux et les corps réducteurs (Codex).
On l'obtient en faisant agir sur le peroxyde de manganèse (MnO2), de la potasse caustique (KOH), du chlorate
de
potasse (G103K), et enfin de l'acide azotique (Az03H).
Il a pour propriété principale de fournir de l'oxygène aux
matières oxygénables; c'est un agent d'oxydation des
plus
puissants; il se décompose au contact des substances orga¬
niques et laisse dégager l'oxygène qui, à l'état naissant,
agit
énergiquement et en provoque la destruction. Telle est
la
source de ses propriétés pharmaco-dynamiques. Il brûle
donc
(*) Douault, L'Officine.
(s)Dujardin-Beaumetz,Dictionnaire de matière médicale.
(3) Denigès,Traitéd'analyses.
— 27 —
lessubstances organiques, les
transforme
en eau et enacides
oxygénés, en
combinant
sonoxygène à leur hydrogène et à
leur carbone. En perdant son oxygène, il
forme
un ses- quioxyde brunde manganèse qui tache les mains et le linge
en noir.
C'est un antiseptique et un désinfectant
très actif; il fut
introduit dans la matière médicale par Condy en 1856, sous le nomde liqueur de Condy, pour
remplacer l'hypochlorite de
soude. La solution à 1/500 a été très
employée
enAngleterre,
sous le nom d'eau ozoïnée.
Le permanganate de potasse est
incompatible
avecla
glycérine, les infusions,
les décoctions,
en unmot toutes les
substances organiques. De même que
l'acide chromique, il
forme avec la glycérine des
mélanges détonants.
Son mode de préparation est assez important, car
si, dès le
début de son application en thérapeutique, vers
1860,
onn'avait pas obtenu des résultats
meilleurs
encore,cela tenait
précisément à la mauvaise fabrication
anglaise. Dans les pré¬
parations livrées on trouvait une certaine
quantité d'éléments
étrangers, et elles nereprésentaient pas pour
la médecine
uncorps suffisamment pur. Actuellement, on
l'obtient dans de
meilleures conditions, et sa pureté et son
efficacité ont
augmenté en même temps que son prixde revient diminuait
encore.
Les taches qu'il forme sur le linge et sur
les mains peuvent
être enlevées avec une solution d'acide chlorhydrique à
2 p. 100ou avec une solutiondebisulfite de
soude à 10
p.100.
Appliqué sur lapeau ensolution assez
étendue,
aucentième
par exemple, ildétermine de l'irritation
s'accompagnant d'une
douleur cuisante : si la solution est concentrée, il donnelieu à
des effets caustiques. Son action estencore
plus énergique
surles muqueuses etles plaies.
Ses propriétés sont nombreuses, nous
allons les
passer suc¬cessivement en revue.
Tout d'abord, on lui reconnaît un
certain pouvoir antisep¬
tique qui n'a pas paru suffisamment
établi pendant longtemps,
raais que certains auteurs ont trouvé
considérable. Parmi
— 28 —
ceux-ci, nous citerons Davaine,
Miquel, Koch, Tarnier
et Yignal.Dans sonAnnuairedeMontsouris pourl'année1884, Miquel
établit une liste des antiseptiques classés d'après leur valeur
absolue et établie de la façon suivante. Il prend un litre de
bouillon de bœufneutralisé et cherche quelle quantité de subs¬
tance antiseptique est nécessaire pour
s'opposer à
saputré¬
faction. Il trouve ainsicinq classes: la première
comprend les
substances éminemment antiseptiques; la seconde, les
subs¬
tances trèsfortement antiseptiques;la
troisième, les substances
fortement antiseptiques; la
quatrième, les substances modéré¬
ment antiseptiques; la cinquième, les
substances faiblement
antiseptiques.
TABLEAU DE MIQUEL
Pour s'opposer à la
putréfaction d'un litre de bouillon de
bœufneutralisé, il faut :
grammes
il
23 Eau45 Azotate£>6 Acide osmiqueBiiodurede
IodureBichlorurea -Joxygénéed'argentd'argentdemercure
mercure0,025
0,0300,050o,uou0,070fM50o,iou7 Acidechromique
0>200
8 Chlore N 0»250
grammes
9 Iode 0,25
10 Chlorured'or
O'2^
11 Bichloruredeplatine * * 0,30
II 1 12 Acidecyanhydrique
0,40
, 13 Ioduredecadmium *
0,5
Substances / 14 Brome . °'60
très fortement 1 15 Iodoforme
0,60
antiseptiques.
/
46 Bromoforme >17 Chlorurecuprique
18 Chloroforme 0,
19 Sulfate decuivre '
III
Substances fortement
antiseptiques.
— 29 —
grammes
20 Acidesalicylique 1 »
21 Acidebenzoïque 1,10
22 Cyanuredepotassium 1,20
23 Bichromatedepotasse 1,20
24 Chromate neutrede potasse 1,30
25 Acide picrique 1,30
26 Gazammoniac, 1,40
27 Chlorured'aluminium 1,40
28 Chloruredethallium ' . " 1,50
29 Chlorure de zinc 1,90
30 Acide thymique 2 »
31 Chloruredeplomb 2 »
32 Chlorure decobalt 2,10
33 Chlorure denickel 2,10
34 Azotate decobalt 2,10
35 Sulfatedenickel 2,60
36 Essence demirbane 5,60
37 Azotated'urane 2,80
38 Acidesulfurique \
39 Acideazotique ( de 2 » à 3 »
40 Acidechlorhydrique \
41 Acidephosphorique '
42 Essenced'amandesamères 3 »
43 Acidephénique 3,20
44 Permanganatedepotasse 3,50
45 Azotate deplomb 3,60
46 Aniline 4 »
47 Alundechrome 4,20
48 Alunordinaire 4,50
49 Tannin 4,80
50 Acideoxalique 1
51 Acidetartrique \ de3 » à 5 »
52 Acidecitrique )
53 Sulfhydratede soude 5 »
Dans cette classification, le permanganate
de potasse arrive
le quinzième de la troisième
classe, le quarante-quatrième
de toute la série, bien loin derrière le
sublimé qui est qua¬
trième et le sulfate de cuivrevenant ledix-neuvième.
Exerçant sa puissance destructive sur
les organismes infé¬
rieurs, il supprime de ce fait
les fermentations putrides; il
détruit les mauvaises odeurs, et c'est cette
qualité qui le fit
employer au début, tant en
Angleterre qu'en Amérique et en
Allemagne. Les anatomistesde Leipsick, après avoir fait des
autopsies oudes dissections, faisaient
disparaître l'odeur cada¬
vérique en immergeant
simplement leurs mains dans une solu¬
tion de permanganate de potasse assez
étendue; l'action était
immédiate et la mauvaise odeur
disparaissait instantanément.
Nousverrons que la solution a
été employée dans des condi-
— 30 —
tions un peu identiques contre les sueurs fétides de la plante
des pieds, l'ozène, etc. Cosmao du Menez (*) dit que «la per¬
manganate enpoudre absorbe les mauvaises odeurs comme la
solution et décompose les produits de la putréfaction; son
action est plus persistante, mais elle ne paraît pas modifier
aussi heureusement la surface des plaies de mauvaise nature.»
Voyons maintenant quelles sont les propriétés que la théra¬
peutique pourra utiliser. Le permanganate de potasse est astringent, irritant ou caustique, selon le degré de concentra¬
tion de ses solutions : jusqu'à 1 pour 1000, il est simplement astringent; de 1 pour 1,000 à 1 pour 250, il est irritant; au delà de ce titre, il est caustique (Manquât) (2).
Il a été utilisé dans le traitement des plaies fétides et
gangreneuses. Demarquay (3), au retour d'un voyage en Angle¬
terre où le corps qui nous occupe était employé couramment, expérimenta dans son service les propriétés de ce dérivé du manganèse sur un certain nombre de blessés placés dans des
conditions particulièrement mauvaises. Dans une note qu'il communiqua à l'Académie des Sciences en 1863 et dans
diverses communications aux Sociétés savantes, ainsi que par les statistiques qu'il fit dresser, il fit beaucoup pour mettreen honneur l'emploi de ce corps, surtout si l'on considère que les pansements antiseptiques n'étaientpas encore connus.
Ce
chirurgien déclara que le permanganate de potasse étaitle
désinfectant par excellence; son efficacité en effet était remar¬
quable. Appliqué contre les plaies de mauvaise nature, affec¬
tions gangreneuses et diphtéritiques, scrofules et cancers ulcérés, ulcères phagédéniques, ozène, catarrhe purulent de
la
vessie, sueurs fétides, etc., le permanganate fait disparaîtreaussitôt la mauvaise odeur. Un autre expérimentateur cite
le
fait d'une jeune Anglaise de quinze ans, atteinte d'un ozène
tellement fétide que ses compagnes ne pouvaient rester
dans
la même chambre ou la même classe et que quelques-unes,
dès son entrée, étaient prises de nausées et de vomissements.
0). Cosmaodu Menez,Bulletin dethérapeutique, 1865,t. LXIX,p.433.
(2) Manquât, Traité élémentaire de thérapeutique, t. I, p. 148.
(3) Demarquay,Comptée rendus de VAcadémie des Sciences, t. II, 1863.