FACULTÉ
DEMÉDECINE
ETDE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1808-1899 M» Sî
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU TRAITEMENT
PAR L'ÉLECTRICITÉ
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement le 9 Décembre 1898
François AUI>I AU
Né à Tulle (Gorrèze), le 16 février
1876.
Élève duService de Santé de la Marine
Examinateursde laTlièse:•
MM. BOURSIER professeur Président.
LANELONGUE professeur j
CANNIEU agrégé
(
Juges.' FIEUX agrégé
Le Candidat répondra aux questions
qui lui
serontfaites
sur lesdiverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMKIUE DU
MIDI
—PAUL CA.SSXGNOL
91 — RUE PORTE-DIJKAUX — 91 189 8
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doven — M. PITRES, doyen honoraire.
pîtOF
13S SRU IISMM. MICÉ \
DUFHJ Y
[ ^>1,°^esseui's honoraires.
Moussôus. "!!!!!!!!!
Clinique interne.
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe..
Pathologie et théra¬
peutique générales.
VERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecineopératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAYET.
ACiil95fi 85 S EIW
section de médecine(Pdtliolog MM. CASSAET. |
AUCHÉ.
SABRAZÈS.
MM.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGON1É.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants PIÉGHAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
Cliniquemédicale des
maladiesdesenfants A. MOUSSOUS, Chimiebiologique.. .
DEN1GÈS.
Ë\UK€I€U :
ieinterneet Médecinelégale.) MM. Le DANTEC.
HOBBS.
etaccouchements
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Palholoi
Anatomie
Accouchements. CHAMBRELENT FIEUX.
section de cu1huugie (MM.BINAUD. I
externe BRAQUEHAYE 1
j
CHAYANNAZ.j
section des sciences anatomiques et physiologiques
}MM.
PRINGETEAU
|Physiologie MM. PAGHON.
I CANNIEU. Histoirenaturelle BEILLE.
sectiondes sciencesphysiques MM. S1GALAS. I Pharmacie...
Physique
€ O il BS& €4»sa a» Si151115 A T A 9 31 95S :
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques
Clinique desmaladies desvoies
urinaires
Maladies du larynx, desoreilles et
du
nez MaladiesmentalesPathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférence d'Hydrologie etMinéralogie
Le Secrétaire dela Faculté:
M. BARTHE.
MM. DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
GARLES.
LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les
Thèsesquiluisontprésentées doiventêtreconsidérées commepropres à leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leur donnerniapprobation ni improbation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Faible témoignage de mon profond
amouret de mon éternellerecon¬
naissance.
A MES FRÈRES
E
MUg >vSv:,
'îj |g|;| :
A tousceuxqui sesont
intéressés à moi
A mes chers Camarades et Amis
LORO, MOUILLA C ET
MO ULINIER
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BOURSIER
PROFESSEUR DE CLINIQUE GYNÉCOLOGIQUE A LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES^HOPITAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE
OFFICIER D'ACADÉMIE
Au momentdequitter la
Faculté,
nous nevoudrions
pas manquerà
latouchante coutumequi nouspermet
d'assurer de notre gratitude tous
ceuxenvers lesquels nous avons
contracté de si fortes dettes de
recon¬naissance, tant àlaFaculté quedans les
Hôpitaux. Nous
nousadres¬
sons en particulier ici h
M. le professeur Boursier, dont
nous avonssuivi avecprofit l'enseignement
clinique si pratique. Nous le remercions
très sincèrement dugrand honneur
qu'il
nous afait
enacceptant la
présidence de cettethèse
que nousaurions voulu plus digne d'un tel
maître. QueM. le professeur Pitres,
dans le service duquel
nous avons passéuneannée, reçoive ici l'expression de notre bien vive reconnais¬
sance pour sa
bienveillance et
sessavants conseils. M. le professeur
Bergoniéa
droit
à toutenotre gratitude
pourles précieuses leçons qu'il
n'a cessé de nousprodiguer pendant
le
stageque nous avonsfait dans
son service. Nous ne saurionstrop remercierici M.
le
DrX. Debédat,
dont lesconseils éclairésne nous ont jamais
manqué
pourla composi¬
tion de ce modestetravail. Nous remercions également notre
camarade
Erdinger,ancien externeà la clinique électrothérapique, qui
amis, avec
sonobligeance
habituelle, à notre disposition
sesconnaissances pratiques.
INTRODUCTION
Letraitement électrique en
gynécologie
aété et est encore
très discuté depuis
quelques années. Tour à tour portée aux
nuespar lesuns,
mise
audernier rang par les autres, l'élec-
trolyse commence
cependant à prendre place dans la théra¬
peutique
.gynécologique; et c'est bien parce que cette place
n'avait pas
été déterminée dès le début que certains auteurs
avaient tenu en suspicion sa
valeur réelle. Il faut l'avouer,
les
applications de l'électricité
enmédecine ont été bien
compromises
parles louanges dont elles ont été l'objet. Sur¬
tout depuis
qu'Apostoli,
endonnant son nom à une
méthodedéjà ancienne, a
vulgarisé la thérapeutique du cou¬
rant continu en
gynécologie, de quels pouvoirs n'a-t-on pas
gratifiécetraitement? Malheureusement, pas plus en gynéco¬
logieque dans
les autres affections du cadre nosologique, la
thérapeutique
n'est
pasune.Et certes, l'on s'explique le dédain
decertains médecins pour
Télectrothérapie après les mé¬
comptes
qu'ils
enont
eus,mécomptes dus à un manque
d'indications et de règles
déterminées.
Nous resterons donc dans un
juste milieu entachant de
montrer,
pouf
le casqui
nousoccupe, d'après les avantages
èt les inconvénients du
courant continu,
savaleur et ses
indicationsdans certaines
formes de métrite hémorragique.
Dans un
premier chapitre nous passerons rapidement en
revue les divers
traitements qui ont été et sont encore em¬
ployés
contre les métrites hémorragiques. Nous donnerons
un léger aperçu
historique
surle traitement électrique.
Dans un second chapitre,
mettant
enparallèle le curettage
— 10 —
sanglantet
l'électrolyse,
nous montrerons les avantages dece dernier traitement; nous en tirerons les indications. Ici prendront place les observations que nous avons pu recueil¬
lirà cesujet.
Dans un troisième
chapitre,
nousdonnerons la technique opératoire, telle qu'elle estpratiquée dans leservice de M. le professeur Bergonié.Nous donnerons dans un dernierchapitre les conclusions que nous avons cru pouvoir tirer de ce modeste travail.
L'indexcomplet de la bibliographie de cette question cons¬
tituerait un volume à lui seul; nous donnons ici la liste des ouvrages que nous avons consultés pour la rédaction de cette étude.
CHAPITRE PREMIER
Divers traitements de la
métrite hémorragique.
Historique du traitement électrique.
Les traitements qui ont
été préconisés contre la métrite
hémorragique sont
nombreux, depuis les injections vagi¬
nales vulgairesjusqu'au
curettage de l'utérus.
Les moyens d'ordre
médical, longtemps les seuls, sont
encoreaujourd'hui non
seulement des adjuvants précieux,
mais encore les seulsremèdes dans certaines,
métrites hé¬
morragiques
à
typefoudroyant. Il est vrai
quedans ces cas,
où les hémorragiessont
très abondantes, où la malade n'est
plus
qu'un spectre
exsangue,la métrite
necompte plus: ce
qu'il fautcombattre, c'est l'anémie aiguë
;c'est pourquoi la
médication reconstituante aura dans ces
cas-là tous
sesdroits.
Contre la métrorragie elle-même
l'arsenal médical est ri¬
che, mais il n'est pas
toujours efficace.
Avant que
le traitement de la métrite hémorragique ne
rentre dans le domaine de la chirurgie et de
l'électricité,
ona tour à tour
préconisé le
repos aulit, les injections d'er¬
got de seigle,
de perchlorure de fer
;la digitaline a même
réussi dans des cas où l'abrasion et la
cautérisation n'ont
euaucun succès, comme le
montre
uneobservation de De-
caisne.
On a recommandé la glace sur
l'abdomen, les bains de
siège froids.
Gallard préconisait les injections d'eau froide.
Emmet
préférait les injections vaginales chaudes. On doit
les faire durer dixà
quinze
minutes; il faufe injecter deux à trois litres d'eau; celle-ci doit être portée à unetempérature
de 45°.
Nous citerons pour mémoire le
tamponnement,
dont on obtientencorede bons résultats dans certainesmétrorragies
abondantes.
Plus tard sont venus les caustiques. On fait usage des agents
chimiques
les plus variés : nitrated'argent,
acide nitrique, nitrate, acide de mercure, chlorurede zinc, per- chlorure de fer, teinture d'iode,créosote,
etc., etc.Lamédication parles caustiques a rendu de réels servi¬
ces et compteà son actif denombreux succès.
Mais tous ces traitements nesont, ensomme, que des pal¬
liatifs; ils s'adressent au symptôme hémorragie et non à
son substratum anatomique ; ce sont des traitements symptomatiques, qui ne
s'attaquent
pas du tout à la lésion elle-même, source desmétrorragies.
Lesdeux seuls traitements curatifs de la métrite hémorra¬
gique sont le curage sanglant et
l'électrolyse.
Imaginé, en 1846, par Récamier, perfectionné depuis par Doléris, lecu-rettage de l'utérus est resté
longtemps
le seul traitement curatif de la métritehémorragique,
bien que battu violem¬menten brècheau début. Aran disait de lui : «C'est un tir (à la cible, les yeux fermés ». Aune publication de M. Doléris
en faveur du curage de l'utérus, M. le professeur Pajot ré¬
pondait: « Il faut avoir une expérience personnelle très longue,une autorité bien grande et des observations bien nombreuses, ou êtreterriblement audacieux ou méridional pour écrire cle pareilles énormités. »
A ces attaques violentes, lecuragecle l'utérus a résisté et semblait être devenu le traitement de choix dans la métrite
hémorragique
lorsqu'est intervenu le traitementélectrique.
Depuislongtemps déjà plusieursauteurs avaient employé
le courant continu dans les cas de dysménorrée et de fibro¬
mes,
lorsqu'Apostoli,
en 1884, synthétisa lesprocédés deses devancierset put mieux les préciser grâce à l'introduction— 13 —
du
galvanomètre. Les succès qu'on obtint du courant continu
dans lescas defibrome,
surtout
aupoint de vue des hémorra¬
gies,
firent
penserà
cemode de traitement des métrites hé¬
morragiques.
C'est ainsi que Rotlie, vers 1880. relate le cas
d'une
dysménorrée membraneuse compliquée de métrorra-
gie
guérie
parle courant continu.
En 1881, Mann
rapporte
uneguérison dans un cas de iné-
trite cervicale avec
ménorragie.
Vers 1884, etles
années suivantes, M. Apostoli poussa la
question plus à fond et publia plusieurs cas de métrites
hémorragiques
guéris
parl'électrolyse.
Gependantla conviction n'entrait pas dans tous les esprits;
lecurettagerestait
le traitement spécifique, si l'on peut dire.
C'est ainsi qu'en
1888, M.Teillard-Chabrier, dans sa thèse sur
le traitementde la
métrite hémorragique, donne une indica¬
tion
générale
surla thérapeutique électrique de cette affec¬
tion, sans
conclure d'une façon catégorique": ce traitement
étant trop
d'actualité, dit-il,
pourque l'on puisse en donner
une opinion
ferme.
Mais les électrothérapeutes
tiennent bon. En 1889, à Berlin,
Brœse vante les bons
effets de la méthode d'Apostoli dans
lesmyomes
et les métrites hémorragiques.
En 1890,
l'électrothérapie,
pourle cas qui nous occupe,
semble entrer dans une
ère nouvelle. Cette même année, en
effet, Fraser
Wliigt
poseles conclusions suivantes au Con¬
grès
d'Edimbourg
: «Comme hémostatique, le courant con¬
tinu devrait être placé
à côté de l'ergot, mais avec cette
précieuse
différence toutefois que nombre de cas non in¬
fluencés par
l'ergot seront guéris par le courant. »
Malgré
tout cela, M. Trotewski écrivait encore, en 1894,
dans sa thèse : « S'il estun
point
surlequel tous les auteurs
qui se
sont occupés de gynécologie sont d'accord, c'est cer¬
tainementsur le
traitement des métrites hémorragiques :
tous donnentleur faveur au
curettage sanglant. »
Depuis,
plusieurs médecins, étudiant la question de plus
près,
ont publié de nombreuses observations et de nombreux
— 14 —
travaux sur la guérison des
métrites hémorragiques
par l'électrolyse. Citons enparticulier la thèse de M. Weil
surle
courant continu en
gynécologie, celle de M. Schmidt, les
Archives, d'électricité médicale, le Traité
cl'''électrothérapie
de M. Bordier, etc. Nous n'avons eu
qu'à
puiserdans
ces travaux divers pour montrerla réelle valeur de l'électrolyse
dans le traitement des métrites hémorragiques.
Si notre tâche s'était bornée là, elle aurait été par trop
facile ; aussi avons-nous cru faire œuvre un peu
plus
per¬sonnelle en essayant d'indiquer
dans quelles formes de
métrites hémorragiques ce
traitement s'impose.
CHAPITRE II
Curettage et
électricité. Indications de l'électrolyse.
Le curettage sanglant est une
opération chirurgicale;
on ne doit pas
dès lors le décider
sansqu'il
yait des
indications formelles, ni sans qu'auparavant on
ait
essayéun traitement médical. Si donc l'électrolyse qui, elle,
n'est
pas une
opération, qui
parconséquent n'a
pasles dangers
de la cliloroformisation,
produit les mêmes effets
quela
curette, on doit remplacerle curettage chirurgical
parle
curettage électrique;à plus forte raison, si
cedernier
a unesupériorité thérapeutique.
Passons en revueles différents typesde
métrites hémorra¬
giques etvoyons
le résultat
quel'on obtient de l'électrolyse
dans chacun de ces types.
Ici nous sommesembarrassé. Est-il si facile de définir la métrite hémorragique? Est-il
possible d'en déterminer les
formes? Certes, non. On donne souventle nom de métrite hémorragique à des métrorragies
qui
sontliées à
une cause plus éloignée, donton nesaisit
pasle substratum anatomi-
que. La
difficulté existe; aussi
nouspardonnera-t-on s'il
nous arrive, dans le cours dece travail, de dénommer métri¬
tes hémorragiques des
métrorragies
que nousn'aurons
purattacher à leur vraie cause. Et puisqu'il nous faut donner unedéfinition,iiousdonneronscellequenousavons recueillie
dans une des savantescliniques de M. le professeur Bour¬
sier:« Il fautentendre par
métrite hémorragique
touteaffec¬
tion utérine dans laquelle
l'hémorragie
esttrès développée
— 16 —
etconstitue à elle
seule tout l'appareil symptomatique de la
maladie.»
La métrite hémorragique
revêt trois types cliniques diffé¬
rents, comme nous
renseignait encore M. le professeur
Boursier, suivant
qu'elle atteint la vierge, la femme (après
un accouchementou
après
unavortement), la vieille femme
(après la ménopause). Nous étudierons donc l'action du cou¬
rantcontinu danschacun
de
ces cas.Nous y joindrons l'étude
du traitement des
métrites hémorragiques aiguës, chroni¬
ques,
des métrites hémorragiques forme de Quénu et des
métrorragies que
l'on observe dans les utérus fibromateux,
toutesaffections que
l'on trouve surtout chez la femme mûre,
maisaussi
parfois chez la vierge et chez la vieille femme.
Métrite
hémorragique virginale.
—On la rencontre sou¬
ventchez les
chlorotiques. Aussi certains auteurs ont-ils
voulu en faire une
hémorragie de la chlorose. Dans cette
forme, on
observe
unehyperémie glandulaire; la muqueuse
utérine subit de
profondes altérations
:elle devient végé¬
tante, fongueuse,
polypeuse.
Fritsch est un des
premiers qui ait appliqué l'électrolyse à
ces formes de
métrite. Il déclare s'en être bien trouvé. Si
ce
procédé n'avait
pasl'inconvénient de causer des coliques
expulsives,
ceserait peut-être, dit le gynécologiste allemand,
le meilleur modede
traitement dans la métrite. Sa méthode
ne diffère guère
de celle de M. Apostoli : il introduit un pôle
positif'à forme d'hystéromètre dans l'utérus, et donne com¬
me chiffre maximum
d'intensité 250 mA- C'est vraiment
énorme; et
dès lors, il ne faut pas s'étonner que Fritsch
ait observé des
coliques expulsives chez ses malades,
il faut même s'étonner
qu'il n'ait eu que ces accidents :
250 mAest un
chiffre qu'il
nefaut jamais atteindre. Nous
verrons,
quand
nousparlerons de la technique opératoire,
que
le maximum à atteindre est de 120 à 150 mA, et que l'in¬
tensité habituelle
est de 50 à 70 mA. Il faut donc attribuer à
une intensité par
trop forte les accidents qui faisaient que
Fritsch n'osait mettre au
premier rang l'électrolyse dans la
métrite hémorragique
virginale. Et cependant il s'est bien
trouvé de ce mode de traitement. Nous n'avons pas
d'obser¬
vationsnouvellesàprésenter
à
nosjuges à
cesujet. Mais
nouscroyons tout
de même
quecette forme de métrite hémorra¬
gique doit
relever de l'électrolyse, mais d'une électrolyse
bien conduite.
Métrite
hémorragique déciduale.
—L'endométrite déci-
duale est la cause la plus
fréquente des métrorragies
pen¬dant la période
génitale de la vie de la femme. Son existence
est connue de date relativement récente. Les
auteurs anciens
savaient bien que la
rétention de la totalité
oud'une grande partie du placenta déterminait de graves phénomènes hé¬
morragiques
d'abord, infectieux ensuite, mais ils ignoraient
que
la présence dans l'utérus d'une simple villosité choriale,
souvent très petite,
est susceptible de
provoquerune perte
abondante et prolongée.
On l'observe
post partum, mais surtout post abortum
;aussi les auteursallemands donnent-ils
à cette affection le
nom d'endométrite
post abortum.
Quand les
hémorragies ont lieu après
unaccouchement ou
un avortementrécent, elles sont
rapportées à leur véritable
cause. Mais il n'en n'est plus de
même lorsque l'hémorragie
seproduit deux,
trois, quatre mois et plus encore après la
délivrance. La marche seule des
métrorragies peut mettre le
le médecin sur la voie du
diagnostic.
Quelles sont
les lésions observées et comment ces lésions
peuvent-elles produire les hémorragies?
On trouve éparssur
la
muqueuseutérine des îlots de ca¬
duque,
lesquels, formés de grandes cellules, peuvent donner
naissanceà des
polypes. Pour expliquer ces hémorragies, on
a pensé
à la théorie du resserrement incomplet de l'utérus et
de ses vaisseaux; mais
elle est applicable seulement quand
il s'agitde
rétention placentaire partielle ou de volumineux
cotylédons. Dans
le
casd'endométrite déciduale, due à de
simples
restes de la caduque, elle n'a rien à faire. Or, il n'y
pasdedéveloppemenl vasculairemarqué; ilestdonc probable
Au. 2
qu'il
s'agit d'une simple congestion réflexe
surune muqueuse
malade analogue à ce
qui
se passelors de polypes intra-
utérins.
Voilà la métrite hémorragique
déciduale; telles sont
ses lésions. Quel doitenêtre
sontraitement, le curettage
oul'é-
lectrolyse
?
Il est évident que dans
les hémorragies qui
seproduisent
peu
de
tempsaprès
unaccouchement
ouun avortement le
curettage seul peut en
être maître;
carelles sont dues à la
présence
d'une partie du placenta
oud'un cotylédon, qui
laissentbéantsles vaisseaux utérins : il faut donc
enlever
ce placenta ou cecotylédon, et la curette seule peut rendre ce
ce service.
Maisen est-il de mêmedans les métrorragies
qui
se pro¬duisent trois, quatre,
cinq mois et plus après
unavortement,
dansles véritablesmétriteshémorragiques
déciduales ? Nous
ne le croyons pas.
Ici les hémorragies sont dues
nonpas à
laprésence
d'un
corpsétranger, mais probablement à de la
congestion
utérine réflexe, et l'électrolyse vient
presquetou¬
jours à bout
de
cesmétrites. Qu'est-ce qu'il faut faire en effet?
Supprimer une muqueuse
malade
:l'électrolyse
nefait
pasautre chose,comme nous
tâcherons de le montrer à la fin de
ce chapitre.
La plupart
des observations
que nouspublions ici se rap¬
portent
à
cesmétrites hémorragiques déciduales. La guéri-
son, obtenue le plus
souvent
aubout de quelques séances,
montre la réelle valeur thérapeutique de
l'électrolyse. L'une
de ces observations en particulier est
bien intéressante; c'est
l'Observation VI que nous avons
recueillie dans la thèse de
M. Teillard-Ghabrier. Elle se rapporte
à
unefemme qui, à la
suited'un accouchement, a faitune
péritonite; elle
agardé
le litpendant
quatremois; le cinquième, les métrorragies
ontcommencé et ont des lors constitué tout
l'appareil
symp- tomatique del'affection. Que serait cette métrite, sinon
une métritchémorragiquedéciduale? Eh bien,
on atout fait à cette
malade : on lui a d'abord curette l'utérus, etl'on a
fait suivre
— 19 -
cecurettaged'une injection de perclilorure de fer. Le lende¬
main un écoulement sanguin persiste; un mois après, les métrorragies reparaissent. Onse décide alors à lui faire une
ovariotomie double. Un mois après elle semble guérie, lors¬
que les métrorragies recommencent de plus belle quelque tempsaprès. Alors trois séances de galvanocaustique sont faites par M. Apostoli, à un intervallede deuxjours chaque.
Le septième jour de ce traitement, les pertes ont cessé com¬
plètement et n'ontjamais reparu depuis.
Ceci nous sembleassez concluant.
Une autre observation moins concluante, il est vrai, n'en est pas moins intéressante. C'est celle qui se rapporte à une malade
(Obs.
IX)qui, après avoir été curettée,a subi le traite¬ment
électrique.
Une amélioration très sensible en a été laconséquence; peut-être même cette malade est-elle complè¬
tementguérie ; mais il ne s'est pasécoulé assez de temps de¬
puis les dernières séances électriques pour que l'on puisse
en tirer des indications formelles.
Nous croyonsdonc pouvoir dire, sans trop nous avancer,
qu'ici encore le traitement de choix est
l'électrolyse,
Après quelques séances d'électricité, il est toujours temps de faireun curettage ou une
liystérectomie
totale, sil'électrothérapie
ne donnait pas par hasard les résultats qu'on est en droit d'en attendre dans ces cas-là.
Métrite
hémorrhagique des
vieillesfemmes.
— « Qu'une femme enpleine
activité sexuelle, écrit le Pr Tillaux, soit atteinte d'endométrite granuleusehémorragique
à la suite de fausse couche, d'accouchement, d'excès de coït ou de va¬ginite
blennorragique,
on le conçoit aisément, mais que cette affection se rencontrechez les femmesayant heureuse¬ment franchi depuis de longues années
l'étape
de la méno¬pause, on en saisit difficilement la raison, et cependant il n'estpastrès rared'observer la maladie dans ces conditions, et elle porte principalement alors sur la muqueuse du col. »
«A la métrite virginale...
correspond à
l'autre pôle de la— 20 -
vie génitale de
la femme, dit Pozzi,ce qu'on pourrait appeler
la métrite de la ménopause.
Là,
encore,la même
causepré¬
disposante, une
vive congestion, intervient et prête le flanc à
toute cause efficiente d'inflammation utérine. »
Ces hémorragiesse
produisent
aumoment des dernières
règles,quelquefois deux, trois mois,
un anet plus après la
ménopause. La
plupart des auteurs pensent qu'elles sont
dues à des
phénomènes congestifs utérins,
enrelation
avecla cessation d'une ponte
ovarienne et d'une fluxion utérine périodique, et
nonà de l'artério-sclérose physiologique se
généralisantrapidement à cet âge de la vie à tout l'appareil
génital
(Collinet, thèse Paris 1887).
Les hémorragies de
la
ménopausesont
assezfréquentes,
mais il ne faut pas
oublier la fréquence bien plus grande
encore des métrorragies
symptomatiques d'épi thélioma
utérin. Lediagnosticsera
souvent d'une réelle difficulté. Les
travaux de M. Monod etdu professeur
Boursier, les observa¬
tions
qu'ils
ontpubliées à
cesujet sont là
pourle prouver,
ainsi que
la thèse soutenue
parnotre ancien camarade, le
Dr Dupuy.
Le plus
souvent
poursavoir si l'on
aaffaire à
unemétrite
hémorragique
delà
ménopause ouà
unehémorragie
symp- tomatiqued'un épi thélioma,
onfait à la malade
uneinjec¬
tion de perchlorure
de fer. Si l'hémorragie
cesse, on enconclut à une métrite hémorragique, sinon,
il n'y
a pasde
preuve
et le diagnostic reste
ensuspens.Ici l'électricitéaura, croyons-nous, un
double avantage.
Cette métrite hémorragique est due
à des phénomènes
con¬gestifs :
l'élec-trolyse doit
enavoir raison. Nous n'avons
pas
d'observations à
cesujet. Mais
ceshémorragies dues à
de la congestion
utérine, à de l'hyperémie glandulaire, doi¬
ventcéder à l'action hémostatique du courant
continu.
Pourquelles raisons
cesmétrites hémorragiques sans lésions im¬
portantes
de la
muqueuserésisteraient-elles à l'électrothéra-
pie,
alors
queles métrites hémorragiques déciduales s'en
trouvent sibien ?
Lesecond avantage
qu'aurait ici l'électricité,
ceserait de
fixerdéfinitivement sur lediagnostic. Si
l'hémorragie cède,
on a affaire à une métrite hémorragique de la ménopause, sinon, on se trouve en
présence
d'unehémorragie sympto-
matique d'unépithélioma. Ce n'est plus ici
comme avecle perchlorure de fer, qui peut avoir
uneaction efficace, mais
qui souvent aussi
n'en
a aucune ;dans
cedernier
cas, on hésite sur le diagnostic et sur laconduite à suivre. Après
l'électrolyse, nouscroyons quele doute
nepeut
pasexister
: insuccès de l'électrolyse,épithélioma utérin, d'où hystérec-
tomie vaginale.
Métrite
hémorragique aiguë.
—Ici il n'y
a pasmétrite
à proprement
parler. Ce sont des métrorragies qui
se pro¬duisent soit après un accouchement, soit avec une
infection
vaginale ouurétrale.L'hémorragie est reléguée
ausecond
plan ; et tout lemonde
estd'accord à
cesujet, il
nesaurait
s'agir de métrite hémorragique. Letraitement relève donc
descauses qui ontprovoqué ces
métrorragies.
Métrite
hémorragique fongueuse.
—Cette forme de métrite
s'observe à la suite de métrites anciennes, ou bien elle de¬
vient hémorragique
d'emblée.
Cetteendométrite s'accom¬
pagne de la formation
de fongosités
parl'hypertrophie de
certainspoints de la muqueuse. De
Sinéty dit
quecertaines
fongosités peuvent être presqueuniquement composées de
vaisseaux et explique ainsi les
hémorragies. Outre
cesfon¬
gosités, on observe souvent une hypertrophie
glandulaire.
Comment secomporte ici
l'électrolyse?
M. La tour
(de Lyon), dans
sathèse, donne quelques obser¬
vations sur le traitement de la métrite hémorragique fon¬
gueuse par le curettage. Ces
observations,
peunombreuses,
n'entraînent pas la conviction,
d'autant plus qu'il
necite
aucun cas de malades qui,
guéries
parle
curettage,aient
subi au
préalable l'électrolyse. L'auteur, d'ailleurs,
necite
que pour mémoire le
traitement électrique dans cette affec¬
tion ; il en dit simplement
ceci
: « ....Enfin,
commele
con¬seille Villate dePeufeilhoux,
l'électrothérapie,
appliquéein
loco dolenti, produira une
amélioration sensible.
»— 22 —
M. Weil est plus concluant dans sa thèse. Dans sesconclu¬
sions il dit ceci : « Lesendométritesfongueusesavec ou sans
ectropion du col sont
justiciables
de l'intervention chirur¬gicale ». Il donne, en effet, une observation qui prouve l'in¬
succès complet de
l'électrolyse
dans ce cas. Nous reprodui¬sons ici cette observation
(Obs.
II). En tout cas, il y a un faitremarquable,
c'est que la malade, à laquelle on a fait plu¬sieurs séances de galvanocaustique pour cette affection,
avait déjà subi un curettage qui n'avait pas eu plus de suc¬
cès. On ne peut donc tirer de cette observation aucune con¬
clusion, ni d'un côté ni de l'autre.
Métrile
hémorragique forme de Quénu.
— C'est cette métrite queM. Schmidt appelle dans sa thèse métrite angio- mateuse, et qui a été bien étudiée pour la première fois par lui. Ason avis, c'est la seule affection utérine qui méritevrai¬ment le nom de métrite hémorragique. On l'observe le plus
souvent
après
trente ans,chez des femmes ayanteuplusieursenfants. « On ne note au début de l'affection ni avortement, ni retard de règles pouvant la faire soupçonner. L'examen physique
de l'utérus
ne présente rien decaractéristique.
La marche de l'hémorragie seule présente un caractère particu¬lier. Elle est progressive, les pertes n'ont aucune tendance à diminuer, elles restent les mêmes, entrecoupées seulement d'intervalles variables et ayant tendance à diminuer. C'est dire que la durée de l'affection est liéeau degré de résistance de la malade etqu'on voit survenir peu
à
peu tous les symp¬tômes des graves hémorragies.
« On rencontre dans la métrite angiomateuse une dilata¬
tion des vaisseaux embryonnaires dans la muqueuse. Cette dilatation peut arriver au type caverneux »
(Schmidt).
En 1893, M. Quénu a décrit dans cette métrite une prolifération vasculaire, de véritables angiomes. M. Pichevin a trouvé des lésions du même ordre dans le muscle utérin. Enfin, 011 observe de l'inflammation cellulaire autour des vaisseaux, inflammation qui aboutit à une sclérose partielle. »Le diagnostic de cette affection, on le conçoit, esttrès diffi¬
cile.
Pour ce qui est du traitement, n'ayant pas eu à observer cette forme de métrite, nous apportons ce qu'en a dit M.
Schmidt, ainsi qu'une observation
(Obs. VII)
qui vient à l'appui de sathèse
:« Cequi caractérise cette métriteangiomateuse aupoint de
vue thérapeutique, c'est l'insuccès du traitement médical,
comme du curettoge.
» C'est envain qu'on emploie toute la série des hémostati¬
ques : ergot, hydrastis canadensis, canabis indica, digitale;
c'est en vain qu'on applique des topiques variés : injections d'antipyrine, de salipvrine, grandes injections chaudes, teinture d'iode; ou qu'on modifie la muqueuse par les caus¬
tiques chimiques ou physiques
(électricité),
ou même qu'on pratique sa destruction par le curettage, rien n'y fait; on obtient un repos de quelques semaines, d'un mois ou deuxans au plus...
» Il faut donc avoir recours à une intervention sérieuse, telle que l'hystérectomie abdominale, qui est le procédé de choix. »
Ici donc insuccès complet de
l'électrothérapie;
insuccèsnon moins égal du curettage. C'estque dans cette métrite,
en effet, comme on a pu s'enconvaincre,lalésion principale, dominante, ne
siège
pas sur la muqueuse utérine, mais bien dans le muscle utérin, rempli de vaisseaux proliférés et de tissu scléreux.Métrite
hémorragique dans
un utérusfibromateux.
—Quandon n'observe pas chezune femme, qui perd beaucoup
en rouge, de traces de métrite dêciduale, de métrite angioma¬
teuse, etqu'on trouve un
utérus
un peu volumineux, onpeut diagnostiquer, sanstrop serisquer,
un état fibromateux de l'utérus occasionnantune métrorragie. C'està ce propos que le P1'Tillaux écrit dans son éminent traité de chirurgie cli¬nique : « Vous rechercherez s'il n'existe pas de fibrome
utérin. Rien de plus
simple à vérifier,
si le fibro-mvome est volumineux et appréciable au palperhypogastrique,
mais, s'il est de petit volume et sous-muqueux, la difficulté peutêtre insurmontable, si bien
qu'il faut selon moi,
en sepla¬
çant
aupoint de
vueexclusivement clinique, faire rentrer ces
cas dans l'endométrite
hémorragique, bien qu'il n'y
apasen
réalitéd'inflammation. »
Leplus
souvent,
cesmétrites hémorragiques marquent le
débutd'un fibrome, ou bien l'utérus
reste dans cet état fibro¬
mateux, n'amenant pas
d'autres symptômes que les hémor¬
ragies.
Le traitement de cette affection
relève complètement de
l'électricité. En effet le
traitement de
cesmétrites hémorra¬
giques
doit être le même
quecelui des fibromes utérins. Or,
on sait que
l'électricité, dans
cescas-là, agit sur deux symp¬
tômes
principaux, la douleur et l'hémorragie. Les conclu¬
sions du travail présentépar
MM. les Prs Bergonié et Boursier
au Congrès de
Bordeaux ont suffisamment prouvé la chose.
La
plupart des métrites hémorragiques que nous venons
de passer en revue
relèvent donc de l'électrolyse. Mais
chacune deces formes peut
revêtir des types différents, au
pointde
vuede l'hémorragie. Ces types cliniques, nous lès
admettrons au nombre de
trois,
comme nousl'a enseigné
M. le
professeur Boursier
:Hémorragies
foudroyantes
;Hémorragies faibles,
mais constantes
; Hémorragiesirrégulières, répétées.
Le traitement électrique
devra-t-il être appliqué indiffé¬
remment à tous cestypes
cliniques? Nous
nele croyons pas.
Quand
l'hémorragie est foudroyante, le traitement est alors
purement médical. Localement, on fera desimpies injections
vaginales; on
remontera la malade par des toniques, on lui
fera des injections
sous-cutanées
ouintra-veineuses de
sérum de Hayem.
Ce n'est
quelorsque les accidents graves,
immédiats de l'hémorragie
seront combattus, qu'il faudra
traiter curativeulent la
malade, soit
parl'électrolyse, soit
par
le curettage, selon les indications.
Lesdeux autres types
cliniques peuvent relever du traite¬
mentimmédiat par
l'électricité.
- 25 —
Résumons-nous donc et posons
les indications d'une
électrolyse
dans les métrites hémorragiques.
1° Lamétrite hémorragique
de la: vierge doit être traitée par
l'electrolyse ;2° La métrite hémorragique
déciduale relève surtout du
* traitementélectrique;
3° La métrite hémorragique
de la ménopause relève égale¬
ment del'électrothéraphio. Nous avons vu que
dans
cecas le
diagnostic entre
cette métrite de la ménopause et une
hémorragiesymptomatique d'un épithélioma est très diffi¬
cile. L'électricité peut nous
servir dans la recherche de ce
diagnostic.4° L'endométrite hémorragiquefongueuse
paraît mieux
se trouver d'une intervention chirurgicale;5° La métrite hémorragique angiomateuse
de Quénu
demande une opération
plus sérieuse
quel'électrolyse
oule
curettage :
l'hystérectomie abdominale,
parexemple
; 6°Enfin, les métriteshémorragiques qu'on observe dans
». des utérus fibromateux relèvent uniquement
du traitement
électrolytique.Nous voyons donc que
là où le curettage sanglant réussit,
là aussi réussit l'électrolyse, et que
cette dernière semble
avoir une
supériorité marquée dans certain
cas.Gela ne doit avoir rien qui nous étonne.
Que fait
un curettage? Il enlève une muqueusemalade. L'électrolyse
enfait autant et le fait d'unemanière plus
sûre
etplus précise
à la fois.
Il peut se
faire,
eneffet,
que par uncurettage, même bien
fait, on
n'enlève
pastou.te la
muqueusemalade;
avecla
curette, il peut
très bien arriver qu'on supprime la partie superficielle de la
muqueuse,tout
enlaissant intacts les culs-
* de-sacglandulaires,
reliquat morbide qui suffira à entretenir
l'affection. Avec l'électrolyse, on ne
court
pasde pareils
risques :les culs-de-sac glandulaires ne peuvent être évités,
car ils sont d'excellents conducteurs
du fluide électrique;
aucunepartie
de la
muqueuse nepeut échapper à l'action
du courant.
— 26 -
Le courant continu, outre son action
hémostatique,
a une action antiseptique très marquée. Les expériences de d'Ar- sonval, de Charrin, de Gautier sont là pour le prouver. Ce pouvoir antiseptique serait dû aux dégagementsd'oxygène
et de chlore qui se font au pôle positif.
Est-ceuneraison suffisantepoufpratiquer l'électrolysesans faire au
préalable
un lavage antiseptique de la région vul- vaire, comme le voulait le Dr Brivois? Nous ne le pensons pas. Maiscette action antiseptique pourra dispenser le pra¬ticien de faire un lavage antiseptique intra-utérin.
Puisque le courant continu a une action aussi marquée,
pourquoi
a-t-il étéetest-il encorediscrédité? Pourquoi n'a-t-il pas la confiance de tous les gynécologues, dont quelques-uns lui
préfèrent,
de parti pris, le curettage?Cela tient, à notre avis, à plusieurs causes. Et d'abord,
l'électrolyse,
commele curettage, a des contre-indicationsqui
sont au nombre de deux: on ne doitpas faire l'élec¬trolyse, même avec un intensité moyenne, chez les cardia¬
ques; ce sera le seul moyen d'éviter la syncope; on ne doit
pas électriser les malades qui ontdes lésions suppurées des
annexes. Ces contre-indications d'ailleurs existent pour le curettage : chez le cardiaque, la chloroformisation est dan¬
gereuse ; on ne curette pas un utérus quand les annexes sontenflammées.
En second lieu, on ne devra, dans aucun cas,
dépasser
120ou 150 mA. Les accidents, les syncopes surtout, quelquefois mortelles, qui ont été signalés par les auteurs, doivent
être mis sur le compte d'une intensité trop forte.
On ne devra jamais arriver, à-l'intensité cherchée d'une fa ;on
brusque;
il nefaudra de même
pasfaire
cesser brus¬quement
le
courant. Outre que ceschangements
ou inter¬ruptions brusques de courant sont
très pénibles
pourles
malades, elles sontencore très dangereuses.On a également accusé le courant continu de rendre la
femme inféconde. Ceci est une erreur.
L'électrolyse,
pasplus que le curettage, ne
frappe
pasd'infécondité les fem-
mes qui en
subissent le traitement. Les observations de
M. Apostoli sont
là
pour entémoigner
: en1894,
auCongrès
de Rome, ce praticien
apporta vingt-deux observations de
fibromes traités par la
galvanocaustique intra-utérine et
suivis de grossesses.
Ainsi donc, en suivant une bonne
technique opératoire,
comme nous l'exposons au
chapitre suivant,
enobservant
lesindications et les contre-indications, on setrouvera bien du traitement électrique
dans-les métrites hémorragiques.
OBSERVATIONS
Observation I
(Weil, Thèse de Paris 1895.)
Camille J..., trente et un ans, est admise salle Sainte-Eléonore, le
10 novembre, pour des métrorragies qui durent
plus
de quinzejours
par moisou qui serépètentplusieurs fois dans
le mois.
Elle a étérégléeà quatorzeans, déflorée à
quinze,
mère àdix-sept.
A dix-huitans, fut atteinte d'une métrite hémorragique qui futsoignée
et guérie à Laënnec.
Jusqu'à l'âge de trenteans elle n'eut plus de
troubles du côté de l'uté¬
rus. L'an dernier,dit-elle, elle eut unepeur durant son époque mens¬
truelleet depuis ce temps-là elle souffre dans
le
bas-ventre etperd
d'une façon continuelle pendantle mois.
Etat actuel. — Les culs-de-sacsontabsolument normauxet souples;
l'utérus estfortement antéversé et on en sent nettementle fond dansle cul-de-sac antérieur du vagin: col volumineux, lèvres en
éversion
;l'hystérométrie
(8 centimètres)
ramènequelques fongosités.
Diagnostic. — Métrite hémorragique et
antéversion.
14 novembre. La malade nous déclarant qu'elle perd depuis
plus
de douzejourset que,le mois
dernier, elle avait perdu
presqueconti¬
nuellement, nous lui faisons une première
galvanocaustique positive
intra-utérine pendant 6 minutes: commençant
à25 mA et
nousarrêtant
à 75 mA.
20. La perte s'est arrêtée
le soir même de la première galvanocaus¬
tiqueetn'a reprisque
dans la nuit du 19
au20. La malade souffre tou-
jours un peu. Deuxième
séance
: onatteint 100 raA
:durée G minutes
; la maladesupportefort bien cetteintensité.24. Laperte s'est denouveau
arrêtée le 20
ausoir, mais
arepris le
23 aumatin; et aujourd'hui, àl'examen, on voit lesang
sourdre du col
en grande quantité; parcontre,
la malade
abien moins de douleurs.
Troisième séance intra-utérine positive : 100 mA, 5 minutes.
28. Laperte s'est arrêtée aprèsla séance du
24
et nes'est
pas repro¬duite. Quatrième séance, 110mA, 7 minutes.
1er décembre. Ni pertes sanguines, ni pertesblanches : la
malade
n'a plus de douleurs. Cinquièmeséance
:100 mA, 5 minutes.
Lesdouleursont totalement disparu; il n'y a ni hémorragies, ni per¬
tes blanches; le col, qui était légèrement
dépapillé
prèsde l'orifice,
secouvre de bourgeons. Sixième séance : 70 mA, 6 minutes.
8. La malade setrouve trèsbien : depuis un an, jamais elle n'était
restée silongtempssansperdre
de sang(du
24novembre
au8 décembre).
Septième séance : 140 mA. 6
minutes, facilement supportées.
10. Malheureusement, la malade, ayant fini sa peine, quitte Saint-
Lazare le 10 décembre, setrouvant très bien.
Donc, amélioration trèsrapide, si laguérison ne peut être
affirmée.
Observation II
(Weil, in Thèse de Paris 1895).
P...
(Anna), vingt-neuf
ans,entre salle Sainte-Eléonore, le 21 jan¬
vier 1895, pour des
métrorragies
trèsabondantes.
Premières règles à seize ans.
Mariée
àvingt,
quatreenfants. Une
fausse couche ilyadeux ans.Après cette
fausse couche, elle
a eude vives
douleurs etsouvent sesrègles deux
foisdans le même mois. Il
y a un an, souffranttrop violemment, elle sefit soigner
àl'Hôtel-Dieu
: onlui
donna des injections et on lui
mit des
tamponsglycérinés. Elle fut
tellement améliorée qu'elle put, deux mois après,
devenir
porteusede
pain. Mais sesdouleurs et
sespertes
netardèrent
pash la reprendre.
Aussi, en mai 1894, se
fit-elle
curetter.Amélioration passagère qui
nedura quejusqu'en