FACULTE
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
a-Hstistée isoo-isoi
N» 83
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 1HJ TRAITEMENT
DE
LA MÉRALGIE PARESTHÉSIQUE
UIESE l'Otll! LE DOCTORAT EN MEDECINE
présentée et soutenue publiquement le 31 Juillet 1901
Louis-Edmond GRASSETEAU
Né à Ligueux(Gironde), le 6novembre 1875.
MAI. MOUSSOUS, professeur... Président.
.
, . PICOT,
professeur...
examinateursde la lliese { AUCHÉ, agrégé } .lunes.
MOURE, ch. decours.
Le Candidatrépoudra aux questions qui lui seront faites sur
les diverses
parties de l'Enseignement médical.
15011DM AUX
*1
MI'151 Mle11 1K Y. CA 1) 0K 10117 — HUE l'OQUEI.Ih-MOI.lÈRli — '7 (ANCIENNE HUE MONTMÉJÀN)
1901
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.... Doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ.\ j
DU PU Y Professeurshonoraires.
MOUSSOUS )
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Médecinelégale MORACHE.
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LE DANTEC.
LeSecrétaire de laFaculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août 1819, laFacultéaarrêté queles opinions émises dans les hèsesqui
qui sont présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et qu'ele n'entend
leur donner ni approbation ni improbation.
En terminantnos
études,
nousaimons à adresser à 110s maî¬
tres
distingués de la Faculté et des hôpitaux nos remerciements
les
plus sincères.
Que M. le professeur agrégé Sabrazès, qui a bien voulu nous
donner le
sujet de notre thèse, reçoive l'expression de notre
profonde reconnaissance. Nous n'oublierons jamais les bonnes
leçons
qu'il
nous aprodiguées à sa consultation de l'Hôpital
Saint-André.
Nous remercions M.
le professeur Moussous du grand hon¬
neur
qu'il
nous afait
enacceptant la présidence de notre thèse,
et des sages
conseils qu'il
nous adonnés pendant le temps mal¬
heureusement
trop court
quenous avons passé dans son service.
Nous n'avons pas
ajouté à notre thèse d'index bibliographi¬
que,
les différents auteurs étant cités dans le cours de ce travail.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU TRAITEMENT
DE
CHAPITRE PREMIER
La
méralgie paresthésique
aété décrite en 1895 par Bernhardt
et par
Roth. Depuis cette époque, un assez grand nombre d'ob¬
servations ont été
signalées. Dans le mémoire de MM. Sabrazès
et Cabannes
(1)
nous enretrouvons soixante-deux. Lenoir, dans
sa thèse,
inspirée
parM. Sabrazès (Rordeaux, 1899), en a ajouté
trente-sept. Dans la thèse de Brisard (Paris, 1900), nous retrou¬
vons de nouvelles observations.
La publication la plus récente
sur ce
sujet est celle de Dopter, qui a fait, dans la Gazette des
hôpitaux du 23
mars1901,
unerevue générale de la question.
Dans ces divers travaux, on
s'est préoccupé surtout de la symptomatologie et de la pathogénie de la méralgie paresthé¬
sique, qui est considérée
commeétant sous la dépendance d'un
trouble
(parfois d'ordre névritique) dans la sphère du nerf
fémoro-cutané.
(1) Reçue demédecine, 1897.
— 14 —
Le traitement de la
méralgie paresthésique n'a
pasété l'objet
de recherches
précises
;c'est
cechapitre de thérapeutique
quenous abordons dans notre thèse.
A
■priori, le
traitement devrait être enrapport
avecla
cause de la maladie.Passons
rapidement
en revueles
causesdiverses qui
ontété
incriminées. Les unes sontd'origine externe
:les plus impor¬
tantes sont le traumatisme et le
froid; les
autres,d'origine interne,
sont desinfections, des intoxications
et desdyscrasies.
Ces dernières sont
quelquefois très difficiles
àapprécier.
Ajoutons
quel'influence du
sexe etdes professions entre
pourune
part parmi les
causesprédisposantes de la méralgie.
Ce
qui
nousfrappe surtout, c'est
quele malade
seplaint de
sensations
subjectives d'engourdissement, de fourmillement, de tiraillement, de brûlures,
alorsquela
peauest souvent insensi¬
ble au contact, à la
température et à la douleur.
On
peut pincer, piquer les malades
sansqu'ils éprouvent
par¬fois une
impression pénible. Il existe quelquefois aussi
une tbermo-anesthésieplus
oumoins accusée.
Les troubles sensitifs sontd'intensité et de
qualité variables.
Tantôt on neconstateque
de l'hypoesthésie tactile
etde l'hypo- algésie,
tantôt au contraire unehyperesthésie
aupincement et à
la
piqûre.
De même pour
la sensibilité subjective, certains malades
res¬sentent un tiraillement,
profond,
une sortede rétraction
muscu¬laire, tandis
qued'autres éprouvent
unesensation de
peau morte,de fourrure, d'engourdissement,
etc.Nous n'entrerons pas
dans d'autres détails
surl'histoire
etla symptomatologie de la méralgie paresthésique. Quant
à sa pa¬thogénie, les
auteurs sontd'accord
pour penserà
unenévrite plus
oumoins profonde, parfois très légère, du fémoro-cutané.
il semble que
les infections
etles intoxications jouent, le plus souvent, le rôle de
cause occasionnelle. C'étaitdéjà,
en1896, l'opinion de MM. Sabrazès
etCabannes, dont
nous allonsreproduire textuellement les paroles dans leur travail
surla
méralgie paresthésique (Revue de médecine,
août1896).
«La
méralgie paresthésique n'a nullement ta signification d'une
entité
nosologique
:c'est
unsyndrome lié à
unealtération quel¬
conque
du fémoro-cutané.
Si ce
syndrome
a unephysionomie qui constraste %vec la
banalité ordinaire des
troubles d'ordre névritique, cela tient
autrajet et à la situation du nerf qui est en cause. Ce nerf che¬
mine d'abord dans
l'épaisseur d'un muscle indispensable à la
station debout et à la marche,
le
psoas ;il
serecourbe ensuite brusquement
surle rebord de l'échancrure innommée et côtoie
un second muscle,
le
tenseurdu fascia Jata, dont les contrac¬
tions
pendant la marche vont encore le mettre à l'épreuve en le
comprimant et
enle tiraillant.
Dès lors, il sera
aisé de comprendre la pathogénie de la
méralgie paresthésique. La position superficielle, le parcours
et les
rapports musculo-aponévrotiques du fémoro-cutané
l'exposent à tout instant à être violenté; il en résulte une ten¬
dance
plus marquée
sansdoute, suivant les prédispositions
individuelles,
àla paresthésie douloureuse, susceptible de
s'accuser à la suite de
longues marches
oude la station debout prolongée, paresthésie d'autant plus imminente que le nerf
n'est pas
toujours absolument normal. Une névrite légère qui
serait
peut-être à jamais restée latente dans un autre territoire
nerveux, se
révèle dans la sphère de la branche antérieure du
fémoro-cutané,
tilet
nerveuxbeaucoup plus vulnérable que la
plupart des autres nerfs de sensibilité générale.
Quand
ces mêmesconditions étiologiques existent des deux
côtés,
naturellement l'affection est bilatérale.
Nous sommes donc
conduits
àenvisager la méralgie
pares¬thésique
comme unsyndrome qui n'est que l'expression d'une
névrite
plus
oumoins profonde du nerf fémoro-cutané.
Cette névrite
peut être due à
unecompression ou à un trau¬
matisme directs, ou
bien elle dépend de
ceque les rapports anatomiques du nerf incriminé le prédisposent non seulement
aux
injures extérieures, mais encore à des tiraillements et à
des
phénomènes congestifs.
Cette modification du
nerf peut être liée aussi à une infection,
— ](» —
à une intoxication ou encore h une lésion du
système
nerveux central.Dans bien des cas, la station debout et la marche
prolongée
semblent avoir créé de toutes
pièces la méralgie paresthésique
;mais,
enréalité, elles n'interviennent parfois
que pourdonner
le branle à la maladie sourdement
préparée
par un processus de névrite latente.Les
symptômes qui trahissent alors l'état
de souffrance du nerfrappellent les divers troubles qui accompagnent les
com¬pressions
nerveuses engénéral.
»L'importance des
causes occasionnelles banales concordeavec l'efficacité des
procédés thérapeutiques vulgaires, tels
que la balnéation chaude sulfureusepréconisée
parM. Sabrazès.
CHAPITRE II
Nous allons passer en revue
les divers traitements qui ont été essayés clans la méralgie paresthésique. Nous
nouscontenterons d'indiquer l'âge, la profession, les antécédents des malades et l'origine de la maladie. Quant
auxtraitements et,
aleurs effets,
nous les
reproduirons d'après le texte même des observations
que nous avons
recueillies.
Observation I Roth, tirée de Brisard.
M. M..., juge
d'instruction, 41
ans.Méralgie d'origine inconnue.
Traitement. — Après six séances
d'électrisation (courants conti¬
nus),
la plaque anesthésique diminue
enétendue et
enintensité. Le
malade quitte Moscou avec
prescription de faire du
massage.Six ans
après(en février 1891), Roth revit le malade. La paresthésie a dimi¬
nué en hauteur; elle n'occupe
plus
quele tiers
moyende la face
externe de la cuisse. Plus de douleurs. Les douleurs musculaires
ont aussi disparu.Pour
le
reste,le malade
secomporte
comme aupa¬ravant.
Observation II
Roth,tirée de Sabhazès etCabanaes.
s
M. N... P..., médecin, 4(3 ans.
Syphilis. Méralgie à la suite d'un
refroidissement.
Traitement. —Depuis
1892,
sousl'influence du
massage,la mala¬
die s'est atténuée au point
qu'actuellement (mars 1893), il
y aseule¬
ment une
hypoèsthésie légère. La douleur pendant la marche
semontre rarement.
Grasseteau ' 2
— 18 —
Observation III
Rotiî, tiréedeSabrazèsetCabannes.
P. D..., 28 ans, femme anémique.
Méralgie
sans cause apparente.Traitement. — Massage, électricité statique, hydrothérapie, et fer
àl'intérieur. L'état général s'était amélioré, mais les douleurs etles plaques paresthésiques persistaient. La limite supérieure de la pla¬
que s'étaitconsidérablement abaissée; en1891, elle étaitàmi-cuisse.
Observation IV Roth, tirée de SabrazèsetCabannes.
P. M..., commerçant, 43 ans; à 20ans, syphilis, obésité. Méralgie
il y a huit ans sans cause apparente.
Traitement. — Après deux séances de courants galvaniques, une notable amélioration s'estproduite, et actuellement après un traite¬
ment
prolongé, le
malade se Lient debout des journées entièressans souffrir.Observation V
Bellot, juillet 1895, tirée de Brisard.
Mmo G..., demeurantà Niort. Hémorroïdes. Méralgie àdébut insi¬
dieux.
Traitement. — Je prescrivis comme traitement un peu d'IIama-
melisVirginica à l'intérieur en raison de l'existencedesvarices, puis
des frictions àl'alcool camphrésur le membre malade.
Lorsque je revis Mme G..., huit jours après, la sensation de four¬
millement s'étaitlégèrement atténuée, mais les troubles de la sensi¬
bilitépersistaient.
Observation VI
Wœcke deIIubertsbourg, tirée de Sabrazès et Gabannes.
Observation personnelle. Pas d'antécédents. Faux pas du
pied
droit.
Méralgie
paresthésique.— 19 —
Traitement. — Après une
durée de trois mois,
sousla seule
influence de frictionsalcooliques et
du
massage,la paresthésie dis¬
parut presque complètement;
il
nesubsista d'elle qu'une
vague sen¬sation impossibleà définir.
Observation VII Tirée de Sabrazès.
Freudrapporte
l'histoire clinique d'un
casde névralgie du fémoro-
cutané traitée par un de nosconfrères de
Wandsbeck, qui pratiqua
une névrectomie; le nerf était dévié de trois centimètres en dehors
de l'épine iliaque : cette
intervention fut suivie de guérison.
M. Devic, dansla Province
médicale
de 1893, citeun casde névral¬
gie relatif à un ouvrier
âgé de 32
ans, récemmentatteint de fièvre
typhoïde. Le repos futprescrit, puis des badigeonnagesà la teinture
d'iode, mais cette thérapeutique
sembla
aggraverle mal. L'amende¬
mentdes douleurs ne se fit.qu'après
l'emploi de
compresseschaudeslocales et d'onctions àl'acide salicylique.
Observation VIII Escat, Revue neurolique.
Observationpersonnelle. Névralgie provoquée parlamarche.
Des frictions térébenthinées et un petit
vésicatoire
surle tiers
inférieur de la cuisse n'ayant
produit
audébut
aucunrésultat, l'au¬
teur ne tenta à la suiteaucunemédication.
ObservationIX
Devic, Provincernédicale de Lyon, tirée de Brisaud.
Névralgieconsécutive àli fatigue.
« Je
prescrivis d'abord le
reposet les badigeonnages à la teinture
d'iode qui
semblèrent augmenter plutôt les malaises. Au bout d'un
20 —
mois environ, je lui conseillai d'avoir recours: lo àl'application de
compresses locales, imbibées d'eau chaude etfréquemmentrenouve¬
lées; 2° à des onctions àl'acide
salicylique.
Au bout de cinq semai¬nes, les troublesde la sensiblité s'étaient fortementamendés; je ne
puis dire quelaété le résultat final, l'ayant perdu devuedepuis plus
d'un an ».
Observation X Dopter, thèse de Lyon, 189G.
F..., 40 ans,
méralgie
coexistant avec des varices au membre infé¬rieur gauche.
On a traité longtemps le malade par les vésicatoires. Lasensibilité
revenaitpendant unjour, puis disparaissaitde nouveau.
M. Bouveretapplique un vésicatoire qui n'a produitaucunemodi¬
fication.
On essaie l'électricité àl'aide de courants interrompus. Dans la
zone atteinte,l'anesthésie est absolument complète. Aucunesensa¬
tion d'aucune sorte à ceniveau.
Observations XI, XII, XIII.
Tirée de Brisard.
Knauer rapportetrois cas de
méralgie paresthésique.
Dans le
premier
cas,chez
unhomme de 30
ans, un peualcoolique,
la
méralgie
a étédéterminée
parle frottement du sabre. Au bout de
sixmois, une amélioration marquée avait succédé à l'administration
de douches froides de courte durée.
Deuxièmecas : Homme de 43 ans, employé, alcoolique. Méralgie
déterminée par la marche.
Sous l'influence du massage et des frictions sèches, il s'est produit
une amélioration légère.
Troisième cas : Femme de 22 ans qui a eu une fièvre typhoïde.
Méralgie double.
Laparestliésie et
les douleurs
se sontatténuées
sousl'influence du
pinceauélectrique
etdu
massage;la sensibilité tactile
a reparu.- 21 —
ObservationXIV
Pieraccini,Setlimanamedica, tiréede Brisard.
Ilomme âgé de 50 ans,
habitant la
campagne,robuste et souple
comme un jeune homme, sans tares nerveuses.
Méralgie paresthési-
que.
Contre ces douleurs, le malade avait
inutilement essayé de
nom¬breux moyens
thérapeutiques. La déclaration du malade était la sui¬
vante : « Aucun médecin n'estjamais
arrivé
àrien
».Observation XV
Stembo,tirée de Sabrazès etCarannes.
Un médecin de 60 ans, habituellement
constipé,
sansantécédents syphilitiques ni alcooliques,
aété exposé à de grandes fatigues qui
ontdéterminé une
méralgie.
L'amélioration a suivi l'électrisation sousforme
de
courantsconti¬
nus
(4
à5 milliampères) et de franklinisation.
Observation XVI
Koster, tiréedeSabrazès etCabannés.
Homme de 64 ans, bien portant,
qui
aété atteint
en1884 d'une
méralgieparesthésique à la suite d'un stationnement prolongé dans
les musées de Berlin.
Ces phénomènesne
cédèrent
pas au reposet exigèrent un massage
exécuté deux fois par
jour,
àla suite duquel il
nepersiste qu'un cer¬
tain malaise dans lazone du nerffémoro-cutanê à
droite;
àgauche,
la
guérison fut spontanée.
Observation XVII Benda,tiréedeSabrazèsetCabannes.
Serrurier, âgé
de 58
ans,qui est atteint de méralgie depuis trente
ans.
Lesapplications decourants
faradiques
modifient la paresthésie,mais si on les suspend, celle-ci reparaît.
Observation XVIII
Tirée de Sabrazès et Caban ni-s, Verhoogen,Journal médical deBruxelles, avril 1897.
Pharmacien âgé de 31ans
Méralgie
attribuée àl'usage
d'un poêle mobile à pétrole qui chauffaitl'appartement.
Aucune trace de syphi¬lis.
Le traitementa consisté dans l'administration d'iodure de potas¬
sium et dans l'application d'étincelles statiques au point malade. Ce dernier moyen a donné d'excellents résultats.
Observation XIX
Julius Donath, tirée deSabrazèset Cabannes.
Homme de 48 ans, négociant, dont le début de la
méralgie
re¬monte à huitans. Il futpincé fortement au milieu de lapartie anté¬
rieure et en haut de la cuisse droite par une femme ardemment
amoureuse.
On applique l'électricité et des frictions à
l'ichthyol,
qui n'ont donné aucunrésultat aprèsquinze séances.Observation XX Venturï. Thèse de Brisard, 1900.
Malade âgé de 62 ans, obèse, fut saisi, ily a vingtans,d'unesensa¬
tion de froid, qui détermina une
méralgie paresthésique.
Des bains et du massage prescrits dans ce cas ontatténué la mala¬
die, mais sans la guérir.
— 23 —
Observation XXI
Osler.Thèsede Brisard,1900.
A. B..., 32 ans, vu en
novembre 1893. Syphilitique depuis dix ans.
Fièvre
typhoïde il
y asept
ans.Un matin, en sortant du lit, il ressen¬
tit unecrampe dans
le membre inférieur droit qui persista sous forme
de méralgie
paresthésique.
Traitement. — Douches froides et massage.
Le malade
aété
revu le o décembre. Il boîte un peu, sanssavoir pourquoi, dit-il, mais il
marche mieux de lasorte, et sa
jambe
sefatigue moins. Il
setrouve
très soulagé par
le traitement, la jambe est beaucoup moins doulou¬
reuse.
Observation XXII
Lop. Presse médicale, 1899, tiréede Brisard.
Ilomme de 30 ans,vigoureux,
teint coloré, exerçant la profession
de
capitaine
aulong
cours.Vives douleurs méralgiques survenant
à la suite delamoindre fatigue.
Traitement. —Pulvérisationde
chlorure d'éthyle alternant
avecles
badigeonnages
d'essence de Wintergreen. Légère amélioration.
Revu le 28décembre.Toujours gène à
la marche et sensation de
plaque
de
cartonfaisant gouttière.
Troubles de la sensibilité objective
identique.
Observation XXIII
Brisard.Thèsede Paris,1900.
M. II..., officier.
Syphilis remontant à vingt ans. Depuis deux ou
troisans,
symptômes de méralgie.
Le traitement
spécifique, fait consciencieusement à plusieurs
reprises,
n'a
eu aucuneinfluence sur elle.
Observation XXIV Brisard. Thèse de Paris, 1900.
M. I)..., ingénieur russe. A eu la syphilis à 19 ans.
Méralgie
pares-thésique.
« L'an dernier, le traitement mercuriel n'a rien fait. Cet été, le séjour àla campagne avec un traitement phosphaté a coïncidé avec 1amélioration. Aujourd hui, ne sachant plus que faire,j'ai proposé
au malade la résection du nerf qu il n'a pas acceptée ».
CHAPITRE III
Ce que nous
devons considérer dans les vingt-quatre obser¬
vations que nous avons
recueillies, c'est que le traitement 11 a
jamais été efficace. Nous relevons parfois une amélioration pas¬
sagère, mais jamais
uneguérison.
Nous
parlerons d'abord du traitement interne, inspiré par la
cause même de la
méralgie. La syphilis
aune large part chez
les malades que nous venons
d'observer. Le mercure, l'iodure
de
potassium ont été employés et, fait étrange, ces médicaments
sont restés sans
résultat. Cependant il est rare qu une manifes¬
tation
syphilitique résiste au traitement mercuriel. C'est ce qu1
nous fait dire que
la méralgie paresthésique n'a pas de spécifi¬
cité; le
nerf fémoro-cutané peut être prédisposé, mais gardons-
nousdeconfondre cause
prédisposante avec cause occasionnelle.
Ajoutons
quedans deux observations citées plus loin, nos mala¬
des étaient des rhumatisants, et
chez
euxla méralgie s'est jouée
du traitementinterne pour
céder
autraitement local.
Quant aux
deux
casde méralgie dont la cause a été attribuée
aux-hémorroïdes,
l'hamamelis virginica
aété totalement ineffi¬
cace.
Parcourons maintenant
la liste des traitements locaux qui ont
été
prescrits. Il
noussera difficile d'attribuer à chacun d'eux sa
valeur réelle, car
ils ont été donnés simultanément chez les
mêmes malades.
C'est l'électricité sous
toutes
sesformes qui doit entrer en première ligne
:électricité statique, courants galvaniques, cou¬
rants continus,
courants faradiques, etc. De loin en loin, quel¬
que
amélioration
aété signalée, mais, après plusieurs mois de
— 26 —
traitement,
onpeut
sedemander si
ce n'est pas unesimple
coïncidence. Et d'ailleurs l'amélioration n'est pas une
guérison;
nous entendons par
guérison
un arrêtbrusque dans le dévelop¬
pement du mal
et unecessation complète des symptômes dou¬
loureux sans récidive. On n'a
signalé rien de
ce genredans les
observations que nous venons
de reproduire.
Après l'électricité, c'est certainement,
le massagequi
aété le plus
enhonneur. Nous
avons à lui adresser les mêmes repro¬ches : pas
de guérison. Le
massages'adresse principalement
aux muscles dont il
empêche l'atrophie; il dissipe la tension
des tissus et active la circulation. Mais dans les cas de
méralgie paresthésique, les muscles
11e sontpoint compromis; la
peau seule est atteinte aupoint de
vuefonctionnel.
Passons aux
vésicatoires,
autrefois siefficaces, maintenant
sidiscrédités;
avouons queles résultats
ont été des moins satis¬faisants.
C'est ensuite la teinture
d'iode, qui n'a fait qu'augmenter les douleurs;
lesapplications de
compresseslocales, les
onctions à l'acidesalicylique, qui ont déterminé
un amendementléger.
Puis,
les frictions àl'ichthyol, essayées dans
un cas etqui
n'ont donnéaucun
résultat, après quinze jours de traitement.
Enfin, l'hydrothérapie froide elle-même, qui
aété incriminée
comme cause interne de la
méralgie,
aété essayée chez
unsyphilitique et
adéterminé
un peude soulagement.
Quant
au chlorured'éthylc
et auxbadigeonnages de salicy-
late de
méthyle, ils n'ont point modifié les troubles
de la sensi¬bilité chez un homme
vigoureux,
exerçantla profession de capitaine
aulong
cours.Voici maintenantles
paroles d'un malade de Pieraccini,
chezlequel
onavait inutilement essayé de nombreux
moyensthéra¬
peutiques
: «Aucun médecin n'est jamais arrivé
àrien
».Tels sont les nombreux traitements
qui ont été essayés, tels
sont les résultats. Médecins et malades ne
pouvaient être satis¬
faits. La
chirurgie intervint
et proposala résection du nerf
fémoro-cutané. C'était un traitement radical
qui devait faire espérer le
succès.Rappelons
enpassant
quel'idée de pratiquer
v
la résectiondu fémoro-cutané ne
vient
pasde Gbipault; Sabra-
zès et Cabannes
avaient déjà dit
: «Dans les cas invétérés, il
nous
paraîtrait logique d'aller à la recherche du nerf et d'en
pratiquer la résection pour mettre fin aux douleurs [Revue de
médecine,
1896,
page882, note 1). Voici le compte-rendu tiré
de l'article
publié
parDopter, dans la Gazette médicale du
23 mars 1901 :
1° Observationde
Chipciult.
—Résection du fémoro-cutané,
le 12 mars 1899.
Pendant la période de repos ayant suivi
l'opération, il
yeut
unmieux marqué. Mais dès que le malade
reprit
sesoccupations, la récidive se produisit. La seule modi¬
ficationconsiste en ce que
la
zoned hyperesthésie s'était trans¬
formée en zone
d'anesthésie, et
queles fourmillements, au lieu
d'occuper tout le territoire du fémoro-cutané, se distribuaient
en couronne à la
périphérie de
ceterritoire, empiétant de
3centimètres
environ
surla
zoneanesthésique et de 1 centi¬
mètre sur la
région à sensibilité normale. La gêne et la boite-
rie
qu'ils entraînaient étaient exactement les mêmes qu'autre¬
fois.
En avril,
mieux sensible. La malade
neboite presque plus,
les fourmillements ne
viennent
quele soir
aucoucher ; la zone
d'anesthésie s'est
réduite
à uneplaque large comme la paume
de la main,
située
àdeux travers de doigt en avant du grand
troehanter.
Revue en
mai, puis
enseptembre, puis en avril, elle parait
complètement guérie.
2' Observation de
Souques-Mauclaire.
—Opérée le 20 mai.
Résection sur une
longueur de trois à quatre centimètres. Puis
repos au
lit, étendue.
Depuis le 27 mai, la malade se lève toute la journée, aide les
infirmières, repasse
plusieurs heures sans éprouver la moindre
douleur. Seule
l'anesthésie
apersisté; elle s'est même agrandie,
son domaine occupe
aujourd'hui tout le domaine du fémoro-
cutané, et cette
anesthésie est complète.
En fin
juin, légère récidive, puis guérison complète.
3° Observation de
Chipciult,
—Horticulteur, opéré le 12juillet.
— 28 —
Nerf fémoro-cutané
volumineux,
parcourude veinosités
; résec¬tion sur six centimètres de
longueur.
Pendant la
période de
repos,anesthésie. Puis
en finjuillet, quand le malade reprit
sontravail,
nouvelles crises douloureu¬ses,
mais
moins fortes. Les douleurs sedisposaient
en couronne àlapériphérie du territoire
du fémoro-cutané. Larécidive dure environ un mois et,après avoir passé
par une acné,s'éteignit
peu
à
peu.Depuis la fin d'août il
ne souffreplus, il lui semble seulement qu'on lui tire la
peau par enbas,
àla partie inférieure de la
cuisse. La
plaque d'anesthésie
agardé
sesdimensions
anté¬rieures ».
Considérons
uniquement le
résultat de cetteopération et ad¬
mettons avec Brisard et
Dopter
queles douleurs méralgiques
ont totalement
disparu à plus
oumoins brève
échéanceaprès la
résection dufémoro-cutané. Cette
opération, hien entendu,
a été laite aupoint où le
nerfsortait dubassin,
parconséquent dans
le
voisinage de l'épine iliaque antéro-supérieure.
Eh bien ! si,
véritablement,
par cetteseule opération, la méralgie paresthésique est guérie,
nous nous croyons endroit
d'affirmer que
cette maladie
auniquement
pour causele
trau¬matisme ou le froid. En
effet, si
nousavions affaireàune névrite de tout le nerffémoro-cutané, la
résection devrait être faite à 1origine
même de ce nerf. Etalors, il
faut admettre quela
cause de la
méralgie n'a de
retentissement que surle trajet
du
nerf,
ou bien la résectionpréconisée
parles chirurgiens
n'est
qu'une opération toujours insuffisante.
CHAPITRE IV
Le but que nous nous
sommes proposé dans cette thèse a été
de faire ressortir
l'importance pratique d'un traitement nouveau
dont l'efficacité ne
peut
pasêtre mise
endoute d'après les
observations
qui suivent. Nos malades n'ont pas eu à se plain¬
dre de la
longueur du traitement et aucun d'eux ne s'y est
refusé comme pour
la résection du nerf fémoro cutané.
Cetraitement,
préconisé d'abord
parMM.Sabrazès et Caban-
nes a été ensuite
systématiquement appliqué par M. Sabrazès et
par nous
à tous les
casqui se sont présentés.
Ce traitementconsiste à
donner
auxmalades des bains sul¬
fureux.Nous insisterons
surtout
surla façon dont
cesbains doi¬
vent être donnés. Ce
n'est
pasindifféremment deux ou trois
bains par
semaine qui doivent être prescrits, comme cela a été
fait, mais bien un
bain
parjour. Voici d'ailleurs la méthode :
« Le malade doit,
prendre chaque
jour,jusqu'à sa guerison, an
bain
sulfureux très chaud, d'une durée de trois quarts d'heure. »
Nousinsisterons sur
la température et la durée du bain, car,
comme on va le voir dans
les observations qui suivent,
cen'est qu'au prix d'une régularité parfaite et dans l'application scru¬
puleuse de
cetraitement que nos malades sont arrivés à une
guérison complète qui s'était maintenue jusqu'au moment où
pour
la dernière fois nous les avons revus, c'est-à-dire quatre à
six mois
après la
cure.Commenous l'avons
constaté après
untraitement de huit à
dix
jours, il n'est resté
aucundes symptômes douloureux et
paresthésiques de méralgie. Plus de douleurs, plus d'anesthésie,
ni
d'hvperesthésie, rien
enun mot qui rappelât la méralgie
paresthésique
;dans
uncas le refroidissement local a persisté
— 30 -
pendant quinze jours après la cessation des
autressymptômes, puis
adisparu complètement.
Ainsi
donc,
àrencontre
de tous les traitementsappliqués jusqu'à
cejour, les bains sulfureux
onttriomphé de la maladie.
Faisons toutefoiscette restriction que
les
casguéris n'étaient
pas des cas deméralgie paresthésique invétérés De plus, les bains
chauds ont
l'avantage d'agir vite;
nousn'avons
pasconstaté de
récidive
après
cetraitement.
Quelle
est maintenant l'action des bains sulfureux sur le nerf fémoro-cutané? C'est unequestion à laquelle
nous ne pouvonsrépondre d'une façon précise;
nousespérons
quedes études
nouvelles viendront
jeter la lumière. Est-ce
parrévulsion
ou bien parsudation? Nous
nesaurions
nous prononcer.En tous
cas, comme en toutes
choses, il
faut considérer lafin,
nousnous
permettons de dire
quele traitement de la méralgie
pares¬thésique
parles bains sulfureux
estcelui qui
adonné les meil¬
leurs
résultats,
et parcela même doit toujours être essayé.
C'est
l'analogie entre diverses affections de pratiques
courantes,telles que
lombago, névralgie-sciatique, douleurs rhumatoïdes,
alfections à
l'origine desquelles le froid, les traumatismes,
etc., interviennent etqui cèdent souvent à la balnéation chaude sulfu¬
reuse
prolongée, qui
adonné l'idée
àM. Sabrazès de recourir
àce même traitement dans la
méralgie paresthésique. Est-ce la qualité sulfureuse du bain chaud qui
estl'agent de guérison?
Nous
l'ignorons
:Jusqu'ici
nous avonsemployé les bains sulfu¬
reux mais il serait intéressant de savoir si des bains
simples
administrés dans les mêmes conditions de
durée,
detempéra¬
ture, etc.,
n'aboutiraient
pas aumême résultat heureux.
Observation De MM. Sabrazèset Cabannes.
G. À..., GO ans, jardinier, se présente le 8 octobre 1899 à notre consultation de l'hôpital Saint-Ahdré avec les signes de la méralgie
du fémoro-cutané.
11 ya huit ou neufans, cet homme a eu une violente attaque de
rhumatisme articulaire aigu, avec
fièvre élevée
:toutes les join¬
tures ont étésuccessivement
intéressées. Après trois mois de séjour
au lit et une convalescence longue
(dix semaines), il est resté long¬
temps
affaibli
etsujet de temps à autre à quelques douleurs errati¬
ques.
Souvent même il avait
unpeu de fièvre, le soir vers cinq à
six heures, sanstoux
ni crachats. Mais jamais à cette époque il n'a
eu comme maintenantles
phénomènes douloureux de la méralgie
paresthésique.
On ne découvre dansses
antécédents
aucuneautre maladie, ni
blennorragie,
ni syphilis, ni alcoolisme. Il n'est pas non plus nerveux.
Marié, ila eu huitgarçons,
dont sept sont en très bonne santé ; l'un
d'eux (unjumeau) est mort
huit jours après sa naissance, de refroi¬
dissement.
Sa femme, qui
avait nourri tous
sesenfants, à succombé au bout
de deux ans à unemaladie
qu'il
nesait
pasdéfinir ; elle avait eu des
ganglions dans l'aine droite.
11 n'y arien à
signaler dans
sesantécédents héréditaires, personne
dans safamille n'a eu à sa
connaissance de rhumatisme ou de lare
nerveuse.
Etal actuel. — Lesphénomènes
de méralgie qui avaient fait leur
première apparition il
yacinq ou six ans, cessèrent après quelques
joursde durée.
11
y ahuit jours, ils ont reparu; le malade a été sur¬
prisen
plein travail
;occupé depuis le matin à une besogne pénible,
ila étéobligéde
l'abandonner, tellement étaient vives les douleurs
qu'il
éprouvait. Depuis
cetemps, les phénomènes, loin de s'atténuer,
ont
progressivement augmenté. Actuellement cet homme à cheveux
grisonnants,
de taille et de complexion moyennes, sans tendance à
l'obésité, ressent, dès
qu'il
selève
pourmarcher et qu'il pose le pied
parterre, une
douleur vive analogue à un tiraillement dans le pli de
l'aine droitàl'uniondutiers moyen et
du tiers externe. Aussi, afin
d'éviterou d'atténuer ce
tiraillement douloureux, il incline le tronc
et fléchit beaucoup la
jambe
surla cuisse à droite, surtout quand il
gravitune
pente. Sur terrain plat, la marche est plus aisée. Au bout
d'un quart
d'heure de marche, il est obligé de s'arrêter; la sensation
ressentie n'est,plus
celle d'un tiraillement limité, mais d'une brûlure
ardente avec picotementssur
toute la moitié externe de la face anté-
— 32 —
rieure de la cuisse,
depuis
le grand trochanter en haut,jusqu'à
deux ou troistravers de doigt du creuxpoplitéen arrière etjusqu'au cinquième inférieur de lacuisse enbas. Le malade est alors obligé
de s'arrêter et de s'asseoir : aux sensations précédentes succède bientôt un engourdissement notable, persistant même après un repos
prolongé,
et si le malade porte alors la main sur la région en¬dolorie, celle-ci est engourdie, comme morte,
indépendante
même dureste du membre et insensible à la chaleur de la main ou à un pin¬
cement.très vifs. Ces diversphénomènesse produisent dans le même ordre invariable, dès qu'il se remet en mouvement, aussi ne se
déplace-t-il qu'avecune extrême lenteur et il ne parcourt qu'en une
heure, avec peine, le trajet qu'il faisait aisément autrefois en une demi-heure. 11 souffre même au repos dans son lit si le membre est
complètement étendu, etpouratténuer la douleur il fléchit la cuisse
sur le bassin etlajambe sur la cuisse. La tlexion moyennejointe à la rotation en dehors constitue laposition la plus favorable pour le
malade. Lesmouvements de flexion forcée de même que ceux d'ex¬
tension complète avec rotation en dedans, réveillent immédiatement
un paroxysme douloureux.
A l'examen, on nedécouvre aucune différenceentre le volume des deux cuisses. 11
n'y
a pas non plus de ganglions inguinaux ou cru¬raux appréciables. Il existe une hernie inguinale très petite, mais
facilement réductibleàgauche. L'articulationcoxo-fémoraleestabso¬
lument libre et mobile etle bassin n'est nullement entraîné.
Dans larégion douloureuse précédemmentdécriteàlafaceexterne de la cuisse, il n'existe aucune modification trophique de la peau, pas d'anomaliede coloration, pasde
développement
des veines sous-cutanées, pasde
développement
adipeux anormal.L'émergence
dunerf fémoro-cutané est douloureux à la pression. Les sensibilités tactile et douloureuse sont très émoussées dans une zonelimitée en
hautpar une ligne passant à quatre travers de doigt au-dessous de l'épine iliaque antérieure et supérieure, en dedans par le couturier,
en bas par une ligne à convexité inférieure passant à. trois travers de
doigt
au-dessus de la rotule, remontant ensuite obliquement pour allerrejoindre le grand trochanter. Les dimensions de laplaqueanes- thésiques sont les suivantes : une hauteur de 30 centimètres(sur
laface externe de la
cuisse)
unelargeur de 18 centimètres
enhaut, de
30 centimètres en bas. Elle a donc une forme ovale irrégulière à grosse extrémité
inférieure.
L'insensibilité est égale sur tousles
points de
cettesurface etcha¬
quepiqûre
laisse
unepapule saillante à
sasuite. La sensibilité ther¬
mique est
également abolie dans
cetterégion. Il n'existe
pasde dysesthésie.
A l'application de
la main
surla plaque insensible, la température
locale est très diminuéerelativement aux points correspondants
du
côté opposé. Le thermomètre à
température locale donne les rensei¬
gnements
suivants
:31°3
àdroite, 33°6 à gauche.
La sensibilité électrique
(courants interrompus)
est trèsdiminuée
sur laplaque, le
malade
ne commence àsenLir qu'avec
unécarte-
inent de bobine de 10 centimètres. Avec cetteintensité le courant est insupportable à
gauche,
oùil faut
unécartement minimum de 13
cen¬timètres etdemi. Si on trace une raie sur la zone paresthésique et
une autre dans la région
symétrique de la cuisse opposée, la
rou¬geur
vaso-motrice
estplus précoce (une minute environ) et plus
mar¬quée à gauche
qu'à droite. Le réflexe d'Erb, qui
ne seproduit
qued'une façon très légère si on
pique la cuisse saine,
nes'observe
pas àla piqûre de laplaque anesthésique.
La sensibilité est normale surles autres parties du
membre ainsi
que sur le reste
du
corps.La force musculaire de cet homme est
nor¬male et correspond àla
conservation de la musculature des membres.
Lesréflexes rotuliens etpupillairessont
conservés
;les réflexes
tes- ticulaires sontabolis à droite et à gauche.On injecte un milligramme
de nitrate de pilocarpine
enpleine
plaqueanesthésique
àdroite et
unequantité égale dans la région symétrique
àgauche. Au bout de cinq minutes, à gauche, la
peau rougit, lespapilles
sont turgescenteset la
sueurperle à la base des
poils; après un quart
d'heure, les phénomènes s'accentuent, et
occu¬pent une zoneayant
les dimensions de la
paumede la main, et
une demi-heure aprèsl'injection, la
rougeurde la
peauet le hérissement papmaire persistent
encore,mais la sudation
neseproduit plus.
Dansl'intervalle, àdroite surla plaque,
il
nes'est fait
aucune mo¬dification. Ce n'est qu'au
bout d'une heure, alors
queles phénomènes
Grasseteau 3
sont encore manifestes à gauche, que se montre une rougeur peu intense des téguments à droite surla zoneparesthésique.
Le malade n'est pas d'un tempérament nerveux. Il
n'existe rien
de particulier ducôté des organesdes sens. Lavue est bonne. Cepen¬dant le champvisuel est rétréci : il mesure40Oià gauche danstousles
diamètres et le même degré à droite avec une étendue plus grandeà lapartie inférieure oùil atteint 50°.
On prescrit au malade 6 grammes de salicylate de soude parjour pendant cinqjours consécutifs.
16 octobre : Le traitement prescrit aété rigoureusement suivi : la
douleur est peut-êtreun peu moins vive, la sensibilitéàla piqûreun peu moins émoussée. Lemalade cesse le
salicylate
etprend pendant cinq jours un bainsulfureux
quotidien d'une demi-heure de durée ; les phénomènes paresthésiques et l'anesthésie locale disparaissent, cependant la marche n'est pas aussi aisée qu'autrefois. Cette balnéa- tion répétéene peut être continuée parce qu'elle réveille des dou¬leurs dans le genou droit et de
la fièvre
vespérale.22octobre : L'améliorationestconsidérable; la marche,plusfacile,
est encore un peu gênée par un léger tiraillement douloureux au niveau du point d'émergence
du
fémoro-cutané. Laplaque
estmoinsfroide au toucher, la sensation de peau morte n'y existe plus : la piqûre,le froid et
la chaleur
ysontressentis. L'extension
dumembre
avecrotation en dedansne produit qu'un léger retentissement dou¬
loureux au-dessus du grand trochanter. Le soir, le malade a, vers quatreheures, un peu
de lièvre
aveccéphalée légère.
Un injecte denouveau unmilligramme de pilocarpine endes points symétriques àdroite et à
gauche dans le territoire du fémoro-cutané.
Au bout de 10 minutes, il se produit des deux côtés de larougeur des tégumentsavec
saillie des papilles, la
sueurperle des deux
côtés,maisun peuplus
abondamment
à gauche.31 octobre : Lesdouleurs ont disparu etle maladeva bien; le soir,
à quatre heures,
il
éprouvequelques petits frissons, puis
unléger
mouvementfébrile avec céphalée, malaise, sueursabondantes; cela
dure trois à quatre heures.
Il
ne tousse pas,n'a
pasmaigri, n'a
jamaiseu defièvres intermittentes.
Ces accès quotidiens de fièvre