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Contact de langues et enseignement scientifique : pour une prise en compte de la terminologie.

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Academic year: 2022

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Des Langues et des Discours en question

Contact de langues et enseignement scientifique : pour une prise en compte de la terminologie.

Introduction

Lorsqu ’on parle de contact de langues, on songe ra- rement au discours scientifique et encore moins à l’enseignement des sciences. Pourtant, nous avons tous une idée de la situation sociolinguistique de cet ensei- gnement du fait du changement de langue d’enseignement. Et nous sommes, nous, davantage à l’écoute de ces changements, ne serait-ce que parce qu’appartenant à la communauté universitaire nous ne manquons pas d’être sensibles à la situation qu’ont vé- cue et que continuent de vivre certains de nos collègues des filières scientifiques.

C’est donc sur l’aspect sociolinguistique de l’enseignement scientifique que porte la présente étude, et particulièrement sur la terminologie.

Avant d’envisager les problèmes de terminologie, nous voudrions en présenter la situation.

1. Situation de la terminologie en Algérie

Précisons que de par la faible activité scientifique en Algérie, la terminologie est prise en charge par les instances pédagogiques, contrairement à ce qui se fait ailleurs, par exemple en Europe, où dans la plupart des pays, il existe des organismes spécialisés dans ce do- maine.

Aussi les informations obtenues, l’ont été à partir d’entretiens menés auprès du Responsable de l’Inspection des Sciences Physique de Constantine. Il était, au moment de cette étude, chargé d’établir au ni- veau régional, la liste des termes de physique utilisés dans le cadre de l’enseignement secondaire, en vue de confectionner un lexique de ces termes. Cet Inspecteur nous aura donc appris que ce n’est que très récemment que l’Algérie s’est donnée une politique terminologique.

Cette prise en charge tardive de la terminologie s’explique par la situation particulière qu’a connue notre pays en matière d’arabisation.

Guidoum

© Cahiers de la recherche du SLADD N°01 octobre 2002

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Une fois la politique linguistique établie, c’est presque dans l’urgence qu’elle s’est réalisée. Aussi pour des résultats rapides, l’Algérie n’a-t-elle pas hésité à faire appel à la coopération de nombreux enseignants arabophones du Moyen Orient : égyptiens, iraquiens et syriens.

Or il se trouve que déjà pour l’ensemble de ces pays s’est posé un problème de normalisation de la terminologie arabe. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté de trouver des solutions communes, notamment lors de séminaires et de colloques qui la plupart du temps avaient pour thème l’unification de la langue arabe. Cette difficulté d’instaurer une norme com- mune est à imputer à la position retranchée des pays concernés, chacun dési- rant imposer sa propre terminologie comme étant la seule capable de repré- senter l’ensemble des pays arabes.

Cette situation n’est problématique que dans le cadre de la commu- nication interarabe, car pris séparément ces différents pays peuvent commu- niquer à l’intérieur de leurs frontières respectives sans que cela ne pose de désagrément.

C’est ce qui différencie l’Algérie qui constitue en quelque sorte un terrain où circulent des termes concurrents. Cette « polynomisation », pour employer le terme de F.Gaudin peut gêner ou freiner la communication scientifique.

Or l’intérêt d’une terminologie d’un domaine donné c’est de tendre à l’univocité et de limiter les dénominations, de manières à réduire les pro- blèmes de communication.

Et si la synonymie et la polysémie sont considérées comme des ri- chesses dans la langue courante, elles constituent des handicaps dans la transmission des connaissances.

Conscient de ces problèmes, on voudrait les régler en instaurant une norme algéro-marocaine dans un premier temps pour ensuite élaborer une norme maghrébine. Il existerait en effet deux tendances en terminologie : l’école marocaine et l’école orientale qui est déjà plus ou moins présente en Algérie, ainsi que nous le soulignions plus haut.

Voilà donc ce qu’il en est de la situation de la terminologie de ma- nière générale.

Qu’en est-il sur le terrain, quels genres de problèmes rencontrent les utilisa- teurs à savoir, les enseignants/chercheurs et les étudiants.

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2. Présentation de l’étude

Il nous faut préciser que l’étude que nous présentons ici, n’est qu’un sondage effectué auprès de huit personnes. Il n’a pour rôle que d’illustrer une situation, non d’en donner l’image exacte. En fait, il permettra à partir des problèmes rencontrés par les uns et les autres, des remises en question, notamment en ce qui concerne la norme que l’on désire établir.

2.1 L’Institut des Sciences de la Nature

Nous avons choisi d’effectuer le sondage au sein de l’Institut des Sciences de la Nature, parce qu’il présente différents avantages :

- en premier lieu, il nous a paru représentatif de la situation de con- tact de langue dans l’enseignement.

- Au moment de cette étude, il offrait la possibilité aux étudiants de choisir la langue d’enseignement des différents cursus proposés. Il y avait donc la filière francophone et la filière arabophone. Le décou- page n’était pas aussi tranchée dans la pratique, puisqu’il était pos- sible, par exemple, que dans la filière arabophone, un enseignant dispense son cours en français, faute d’effectif. Mais de manière gé- nérale, nous dirons que le discours scientifique de langue étrangère était présent, ne serait-ce que par la documentation.

- Cet institut présentait également l’avantage d’être interdiscipli- naire, la physique, la chimie y sont très présentes.

- Enfin, un module de terminologie était inscrit au programme, nous avions donc la curiosité de connaître le contenu d’un tel enseigne- ment. En fait, le service de la pédagogie avait pris l’initiative de le substituer au cours de langue (arabe/anglais.

2.2 Les sujets interrogés

Nos entretiens ont été menés auprès de :

- deux enseignants de terminologie (dont la spécialité était respecti- vement la biologie végétale et la biochimie)

- deux enseignants de formations arabophones (spécialistes en bota- nique et microbiologie)

- deux enseignants de formation francophone (spécialistes en bio- chimie et microbiologie)

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- enfin auprès de deux étudiants arabophones (en fin de cycle)

Pour ces entretiens nous avons utilisé le magnétophone, nous avons interrogé les sujets de manière semi directive, afin de pouvoir revenir sur les points qui nous intéressaient tout particulièrement.

2.3 Problèmes rencontrés en terminologie en tant que module enseigné

Les problèmes auxquels ont été confrontés les enseignants concernés consistaient :

- en premier lieu en un problème de méthode : chaque enseignant avait opté pour une méthode différente traduisant la conception que chacun se faisait de la terminologie. Pour l’un elle devait être étu- diée en contexte à partir de textes du domaine, pour l’autre il suffi- sait de donner la traduction arabe de différents termes à partir d’un dictionnaire.

- mais tous les deux mettent l’accent sur le nombre important de termes en langue arabe, pour une même notion. Ils adoptent d’ailleurs une attitude normalisatrice, puisqu’en donnant ce cours ils précisent aux étudiants les termes auxquels va leur préférence. Il s’agit le plus souvent d’emprunts qu’ils disent être des termes égyp- tiens. Ces termes présenteraient l’avantage d’être repérable dans les documents en français ou en anglais.

- enfin, il est clair que pour eux, ce cours n’aurait pas lieu d’être si des ouvrages lexicographiques avaient été disponibles.

2.4 Problèmes rencontrés en terminologie en tant qu’élément de trans- mission/réception de connaissances

Toutes les personnes interrogées sont confrontées d’une manière ou d’une autre à des problèmes de terminologie liés à la traduction. Toutefois, tous ne sont pas concernés par les mêmes problèmes.

2.4.1 La synonymie des termes arabes

La synonymie que nous avons évoquée tout à l’heure (lorsque nous avons parlé de polynomisation) pose un problème de sens pour les ensei- gnants de formation francophone peu habitués à la rencontrer dans les textes en langue française. Et elle pose un problème de choix du « meilleur terme »

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de manière à être compris de tous, pour l’ensemble des personnes interro- gées. Il y a toujours cette crainte que le récepteur ignore le terme utilisé.

2.4.2 L’emprunt, procédé de traduction, sujet à controverse

En fait, il suscite des jugements d’acceptabilité, qui correspondent à

« l’acceptabilité sociale » de la sociolinguistique en matière de néologisme.

Ces jugements sont fort différents selon que la personne interrogée est de formation francophone ou arabophone.

Les francophones ont tendance à ne pas considérer l’emprunt comme un terme arabe, leur sentiment est qu’il n’y a pas eu de traduction. Toutefois, certains termes n’ont pas à subir de traduction et doivent effectivement restés tel quel, parce que relevant d’une norme internationale comme les termes de chimie. En cela, ils rejoignent l’avis des enseignants arabophones.

2.4.3 Problème de l’absence d’équivalent de nombreux termes scienti- fiques

Cette réalité est mentionnée par toutes les personnes interrogées. Ce problème s’explique par la rapidité à laquelle, la science évolue, et au temps que prend la traduction des textes scientifiques. Aussi, contrairement aux notions de base qui présentent une multitude de dénominations, les notions plus ou moins récentes manquent de signifiants pour les représenter. La solu- tion adoptée pour contourner le problème, qui consiste à reproduire le mot dans la graphie arabe, et de mettre entre parenthèses, le terme français ou anglais, dans sa graphie latine, est intéressante parce qu’elle constitue, à notre sens, l’emprunt non assumé. Cette attitude, est une attitude de pru- dence, les personnes interrogées sont conscientes des problèmes que connaît la terminologie, il ne s’agit pas de contribuer à brouiller la communication en créant des termes en plus. D’ailleurs c’est clairement exprimé par un des enseignants qui estime qu’il n’a pas l’autorité nécessaire pour traduire. « Si chacun, dit-il, se mettait à traduire de son côté, il risquerait d’y avoir trop de termes concurrents ».

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3. Bilan

Il semble que les différentes remarques sont à reliées en grande par- tie au manque d’ouvrages terminographies. Mais l’élaboration de tels ou- vrages doit s’appuyer sur une norme représentative. Il faudrait donc com- mencer par en déterminer une. Mais sur quel critère devrait reposer le choix de cette norme ?

Il nous semble, à la suite de F. Gaudin, qui prône une sociotermino- logie, que le seul critère neutre pour déterminer une norme en terminologie est l’usage.

Les quelques opinions recueillies, sans bien sûr être représentatives, nous indiquent déjà qu’il y a des préférences au niveau de l’emploi de tel ou tel terme. Pourquoi ne pas procéder, à partir d’enquêtes, à un recensement des termes les plus utilisés, ou des procédés préférés par les enseignants, même si La tâche promet d’être ardue.

Bibliographie

Assal A., et alii, « Terminologie et sociolinguistique », in Cahiers de linguis- tique sociale n°18, édité par Gaudin F. et Assal A., 1991.

Benaman A., L’arabisation entre le principe et l’application en Algérie et dans le monde arabe, ed. SNED, Alger 1987

Corbeil JC., « Problématique de la synonymie en vocabulaire spécialisé », in La Banque Des Mots, n°7, C.I.L.F., 1974.

Gaudin F. « Terminologie : des problèmes sémantiques aux pratiques institu- tionnelles », Thèse de doctorat nouveau régime, Université de Rouen, 1990.

Labidi D., Sciences et pouvoir en Algérie, O.P.U., Alger, 1992

Rheda M.M. Et alii, Le rôle de l’arabisation dans le renforcement de la présence et de l’unité arabes. Etudes et discussion du séminaire organisé par le Centre d’Etude de l’Unité arabe, Beyrouth, mai 1992.

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