H° 67. Paraissant le 15 clechaquemois. 15 Déezmbpe 1929,
Abonnement ( FRANCE•• • ^•
auBulletin (unan;
j
Etranger. 50 fr.Adresserlemontant desAbonnementskl'Institut duPin.— C. C.Bordeaux 9237
Le Numéro.
France... 3f50 Étranger. 5f »
BULLETIN
DE
L'INSTITUT du PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches
agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
s{
\ .
\ Y^-V.
I. Articles originaux
SOMMAIRE
Pages
AII9 Réactions chimiques des champignons qui attaquentlebois,parLéoPatrickCurtin
(à suivre) 317
E I 16 Etudeenvue del'emploi dans les gazogènes
du boisdistilléauxbassestempératures,
par MM. G. Dupont, Jf.-L. Lussaud
etJ.Allard 323
Pages II. Documentation
C II88-93 Petite Documentation 327
D II 129-147 Petite Documentation 328
J
MODE DE CLiRSSIpIGATIOjM DE NOS DOCUMENTS
A. Généralités.
B. Récolte et traitement des résines.
C. Essences de térébenthine, terpènes et dérivés.
D. Constituants solides des résines et leurs dérivés.
I Articles originaux.— IIDocumentation.
E. Dérivéschimiques dubois.
F. Cellulose de bois.
G. Documentsdivers.
Adresser la Correspondance :
INSTITUT^SU FIN. Faculté ôcs Sciences, 20, Cours Fasteur, BORDEAUX
Le Directeur technique reçoit les lundi elmercredi de 15 heuresà 19heures.
L« UUUUIIL1-, CONSTRUCTEUR, ll9, Boulevard Victor-Emmanuel IH
-BORDEAUX
I
Bureaux et Ateliers: COURRET & IVEORLANNE, Rue Gay, 4 - TaLENGE (près la rouis de Toulouse) |
PROCÉDÉS
LES PLUS MODERNES pourla Distillation
etle Traitement Des Gemmes ôe Pin
APPAREILS
SPECIAUX APPAREILS A DISTILLER
entous genres
Distillation à feu nu
Distillation à vapeur Distillation
î en marche continue par le vide
et parla vapeur.
Concessionnaire desProcédés CASTETS
MANUTENTION MÉCANIQUE
DES GEMMES
CHAUDIÈRES A VAPEUR, Installations complètes d'Usines
pour lapréparation
despâtestérébenthines et le
traitement des colophanes I Filtres, Malaxeurs
Cuves de décantation Sécheurs Etuves à Colophane
POMPES, WAGONNETS SPECIAUX PLATEAUXA COLOPHANE
Dépotoirs pour le litrage
des barriques MACHINES. MOTEURS, PYLONES, RESERVOIRS
— Plans — Devis — Etudes sur demande
Téléphone 58.88 — Références nombreuses France et Pays Etrangers — R- fiom- Bordeaux 2339 B
goudrons végétaux pour tous usages
BRAIS NOIES GRAS & SECS » GLUS MARINES
PEINTURES
&ENDUITS
J. CANOUET •
LE BOUSCAT-BOSDEAUX (Gironm!
H° 67. Paraissait le 15 de chaque mois. 15 Déeenobfc 1929.
BULLETIN
DE n
L'INSTITUT DU PIN
Sous le contrôle de l'Institut des Recherches agronomiques
et rattaché à la Faculté des Sciences de Bordeaux
A. ii. 9
RÉACTIONS
CHIMIQUESDES
WMPIGHS II MTMIEIT LE 118
ParLéo Patrick Curtin
C. R.desséances de l'AmericanWood-Preservers's Association à Montréal — 23 janvier 1928
(Traduit del'américain)
INTRODUCTION
Depuis plusieurs années, la Western Union Tele- graph Cy a entrepris des recherches dans le but
de développer de nouveaux procédés de préserva¬
tion du bois. Bien que ses expériences sur les po¬
teaux créosotés aient montré que la créosote était
un très bon préservatif, l'usage de tels poteaux n'a
pas donné entière satisfaction dans certaines loca¬
lités. Il en était de même dans la construction des chariots pour l'armée, où il était nécessaire d'obte¬
nir des bois imprégnés susceptibles d'être peints
d'une façon satisfaisante. Il fut, en conséquence,
décidé de rechercher un préservatif qui fut : 1° Utilisable en grande quantité.
2° D'une grande toxicité vis-à-vis des formes in¬
férieures de la vie animale ou végétale.
3° D'une grande stabilité.
4° D'une basse conductibilité électrique.
5° non corrosif vis-à-vis du fer.
6° D'un prix de revient plus élevé.
Il apparut probable que les préservatifs bon mar¬
ché ne seraient trouvés que parmi des substances
inorganiques. Le pétrole, le plus abondant et le
moins cher des liquides organiques, n'est nulle¬
ment toxique. Il semblait également certain que l'agent toxique devait être en solution pour tuer
les champignons, parce que les organismes végé¬
taux ne peuvent absorber les particules solides.
Dans l'industrie de la préservation du bois, il a été posé en axiome qu'une substance doit être solu-
ble pour être toxique. Cette idée est clairement ex¬
primée par Bateman et Hemingsen, du Laboratoire
des Produits forestiers des Etats-Unis, dans un mémoire présenté au Meeting annuel de l'Associa¬
tion de l'American Wood Persever's à Chicago, III,
février 1925.
Les recherches sur le mécanisme de la protection
du bois, par des préservatifs, partent de deux hypo¬
thèses :
1° Tout préservatif du bois doit être capable
d'exercer un pouvoir vénéneux ou une action toxi¬
que sur les agents de destruction du bois.
2° Pour être effic'aces, les antiseptiques doivent
être suffisamment solubles afin d'exercer un pou¬
voir effectif dans l'organisme qu'on a l'intention
de détruire.
Dans le cas des bois attaqués par les champi¬
gnons, ceci signifie que le préservatif doit être assez soluble dans l'eau pour qu'on puisse l'injecter à
dose mortelle.
Il semblerait, par conséquent, qu'une forte toxi¬
cité, et la stabilité d'un préservatif inorganique
soient deux propriétés s'excluant mutuellement; si
le sel est fortement toxique, il doit être assez solu¬
ble, et s'il est soluble, il doit être enlevé, progressi¬
vement par l'effet de la pluie.
Si toutefois, il était démontré qu'une sécrétion
318 BULLETIN 1)E L'INSTITUTBU PIN — N° 67 - Décembre 1929
du champignon ou un commencement de décompo¬
sition du corps sur lequel il vit, a le pouvoir de
dissoudre certains sels de faible solubilité, le pro¬
blème consistant à trouver un préservatif inorga¬
nique à la fois toxique et stable, serait grandement simplifié.
Depuis plusieurs années, l'auteur pensait que la production de substances acides était fréquente et peut-être générale, dans toutes les plantes qui ne contiennent pas de chlorophylle. On sait depuis longtemps que de nombreuses bactéries, telles que le B. lacti-acidi et le B. acéti-acidi, produisent des acides, et aussi que ces produits acides accompa¬
gnent la croissance de certaines espèces. Les cham¬
pignons de destruction du bois sont les « saprophy¬
tes » vivant sur les matières végétales mortes. Puis¬
qu'ils ne contiennent pas de chlorophylle, ils ne peuvent produire la synthèse des hydrates de car¬
bone à partir du CO2 de l'atmosphère. Ils peuvent
toutefois hydrolyser, rendre solubles et absorber
les hydrates de carbone et les autres matières orga¬
niques, probablement produites par des plantes su¬
périeures. Le processus suivant lequel le champi¬
gnon met en solution sa nourriture est la sécrétion'
d'une ensyme ou ferment qui transforme les hy¬
drates de carboneinsolubles en substances solubles.
Les animaux peuvent être empoisonnés par une substance difficilement soluble, telle que l'arsénite
de cuivre, parce que leurs sucs digestifs acides met¬
tent la matière toxique en solution.
S'il peut être montré que les acides sont un sous- produit de la croissance des champignons, on com¬
prend que certains sels difficilement solubles puis¬
sent être solubilisés par ces acides. De tels sels doi¬
vent naturellement contenir au moins un ion toxi¬
que aux champignons pour être utilisés pour la préservation du bois. Ils doivent être également
des sels d'acides faibles, car les acides organiques faibles, produits par le champignon, n'auraient qu'un faible effet dissolvant sur un sel d'un acide-
fort difficilement soluble, tel que 'le sulfate de baryum.
Tableau I.
Réactions acides des Champignons dans un sirop de culture malt-agar.
CHAMPIGNONS ORIGINE INDICATEUR
COULEUR ORIGINELLE
'basique)
COULEUR
DÉFINITIVE
(acide)
Fomes annonus pin blanc métliyl-orange jaune non changée
— —
rouge congo rouge non changée
— —
rouge métyl jaune indic. détruit
— — sulfonate alizarine de sodium rouge jaune verdâtre
— —
rouge propjd jaune indic. détmit
— — tournesol bleu rouge pourpre
— — acide rosolique rouge jaune pâle
— —
rouge neutre incolore indic. détruit
Lenzitessepiaria pinjaune du Sud sulfonate alizarine de sodium ronge jaune verdâtre
— -
methyl-orange jaune non changée
Lentinuslepideus — jaune non changée
— alizarine de sodium rouge jauneverdâtre
Polyporus pilotae châtaigner méthyl-orange jaune non changée
— — aliz. suif, de sodium rouge janneverdâtre
Polyporussulphurens chêne méthyl-orange jaune non changée
— — aliz. suif, de sodium rouge jaune verdâtre
Polyporus anceps sapin blanc — rouge foncé jaune verdâtre
— —
méthyhorange janneorangé non changée Polyporus schweinitzii sapin Douglas aliz. suif, de sodium rouge foncé jauneverdâtre
— —
méthyl-orange jaune orangé non changée Poria incrassata pin jaune du Sud aliz. suif, de sodium rougefoncé jauneverdâtre
— —
métyl-orange jauneorangé rouge rose Poria subacida sapin à baume suif. aliz. de sodium rouge foncé jaune verdâtre
— —
méthyl-orange jaune orangé rouge orange
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 6? - Décembre 1929 319 Tableau I [suite)
champignons origine indicateur
couleur originelle
(basique)
couleur définitive
(acide)
Stereum subpileatum chêneblanc aliz. suif, de sodium rouge foncé jaune verdàtre
— — méthyl-orange jauneorange rougeorange
Trametes pini sapin noir duCanada aliz. suif, de sodium rouge foncé jaune verdâtre
— — méthyl-orange jaune orange non changée
Polyporus betulinus bouleau aliz. suif, de sodium rouge foncé jauneverdâtre
— — méthyl-orange jauneorange rouge rose
Polystictus versicolor hêtre aliz. suif, de sodium rougefoncé jaune verdâtre
— — méthyl-orange jaune orange non changée
Lenzitestrabea cèdrerouge del'Ouest aliz. suif, de sodium rouge foncé jaune verdâtre
— — méthyl-orange jaune orangé nonchangée
Daedalia quercina chêne aliz. suif, de sodium rouge foncé jauneverdâtre
— — méthyl-orange jaune orange rouge rose
Goniophoracerebella aliz. suif, de sodium rouge foncé rougerose
— méthyl-orange jaune orange rouge rose
Meuliuslacrymans aliz. suif, de sodium rouge foncé jauneverdâtre
Merulius lacrymans méthyl-orange jaune orange rouge rose
PARTIE EXPERIMENTALE
Avant d'entreprendre des recherches sur les
pré¬
servatifs du bois, il était essentiel que l'exactitude
de la théorie sur la production des acides par les champignons des bois fut pleinement
démontrée.
On a eu des difficultés d'ordre pratique, au moins
.aucommencement, envue de montrer detelles réac¬
tions dans le bois. Il a paru judicieux cependant de
rechercher d'abord les réactions chimiques dans
les milieux nutritifs dans lesquels la croissance du champignon est beaucoup plus rapide que dans
le bois.
On a réalisé un grand nombre de cultures dans lesquelles on dissolva divers indicateurs colorés.
Ces essais permirent de conclure que des acides
étaient produits par chaque champignon. Dans tous
les cas, les échantillons de milieu nutritif non ense¬
mencés et additionnés d'un indicateur furent pris
comme témoins. Ces échantillons stériles gardèrent
leur couleur basique primitive, montrant que le virage de l'indicateur qui se produisait dans les
échantillons ensemencés était dû seulement àl'acide
produit par le champignon. Des essais furent entre¬
pris avec 17 espèces importantes dans la destruc¬
tion du bois. Quatre cultures de chaque espèce
furent faites, suivant la formule type H : sirop de malt-agar. Les supports de gelée nutritive furent
alors ensemencés dans des conditions aseptiques
avec des cultures pures des divers champignons
cités ci-dessus. Ces cultures provenaient du « Fo-
rest Products Laboratory » de Madison-Wisconsin, grâce à la courtoisie du D' Richards.
Les culturesmentionnées dans le tableau I furent faites dans un milieu nutritif composé de 1,5 % d'agar et 2,5 % de sirop de malt. Cela donnait un gel consistant contenant environ 3,5 % de produits
secs.
Les expériences permirent de conclure que les champignons croissant dans ce milieu sécrétaient
des acides.
Le virage de l'indicateur précédait la croissance
du champignon de 1 à 2 mm.
En regardant à travers un support de culture de Pétri, additionnée d'alizarine-sulfonate de soude, le gel apparaissait, par transparence, sous l'aspect
d'un disque rouge brillant. Un jour ou deux après
la croissance visible du champignon, une tache jaune pâle apparaissait. Quelques jours plus tord,
la culture présentait un large disque jaune-verdâtre
dans le centre entouré d'un large anneau rouge.
En deux semaines, ou moins, la culture entière avait pris une teinte jaune-verdâtre pâle, sans au¬
cune trace de la couleur rouge basique primitive.
Cette couleur, jaune-verdâtre, est caractéristique
de l'acide alizarine-sulfonique, mais pour éviter
toute possibilité d'erreur, la culture entière a été plongée dans de l'eau chaude additionnée de carbo¬
nate de soude. La couleur rouge vif de l'indicateur
fut immédiatement rétablie, montrant ainsi que le
3^0 BULLETIN DE L'INSTITUT BU PIN —N° 67 - Décembre 19B9
changement de couleur était dû à l'acide produit
par le champignon. Le méthyl-orange est plus ca¬
ractéristique dans le cas où le champignon produit
suffisamment d'acide pour réagir sur cet indicateur
assez peu sensible. Quand la production d'acide est
moins abondante, l'alizarine-sulfonate de soude sera
employée. Le rouge-méthyle, le rouge-propyle et le rouge neutre, sontrapidement détruitspar les cham¬
pignons. Les deux premiers sont jaunes en milieu basique et tous les trois sont rouges en milieu suf¬
fisamment acide.
Dans les cultures avec les rouges méthyle et pro-
pyle, on remarqua qu'après le départ de la crois¬
sance du champignon, la brillante couleur jaune disparaissait rapidement sans production de rouge;
lorsque la'couleur jaune eût disparu, les milieux
de cultures furent fondus; quelques-uns furent essayés avec des alcalis, quelques autres avecl'acide sulfurique dilué. Aucune trace de l'indicateur ne fut trouvée dans ces essais; comme les.milieux non ensemencés avaient conservé leur couleur jaune inaltérée, il était évident que le champignon avait
détruit les indicateurs. Le tournesol est un excellent indicateur pour ces réactions, mais pas aussi satis¬
faisant que l'alizarine sulfonate de soude. L'acide rosoîique montrait la réaction acide habituelle avec le champignon, mais présentait l'inconvénient de disparaître même dans les échantillons stériles.. Il est aussi toxique, comme on peut le prévoir, à cause de sa fonction phénolique, et, pour cette raison, on
ne peut l'employer qu'à de très faibles concentra¬
tions. Tous les champignons produisaient suffisam¬
ment d'acide pour provoquer une réaction avec
l'alizarine-sulfonate de soude, indiquant une con¬
centration acide d'environ p.H.5 « Stereum subpil-
catum » et « Poria subacida» se montrèrent faible¬
ment acides vis-à-vis du méthyl-orange, correspon¬
dant à p.H.4. « Poria incrassata, Polyporus betuli-
mus, Coniophora cerebella. Merulius lacrymans » et « Daedalia quercina » donnèrent une réaction fortement acide avec le méthyl-orange, indiquant
une concentration d'ion d'hydrogène de p.H.3, ou moins. Le « Merulius lacrymans » paraissait pro¬
duire le plus d'acide, les cultures de méthyl-orange
viraient au rouge à une distance de 10 mm. au delà de la croissance visible du champignon. Ce cham¬
pignon est responsable des grandes pertes dans la destruction du bois par pourriture sèche.
Le « Poria incrassata » et le « Coniophora cere¬
bella » sont également d'importants agents depour¬
riture. Le « Coniophora cerebella », dans lescultures,
au méthyl-orange, fit d'abord virer l'indicateur au rouge, puis ledétruisit. Quand la culture eut atteint
6 cms de diamètre, elle apparut, par transparence,
sous la forme d'un disque blanc de 4 cms, de dia¬
mètre, entouré d'un anneau rouge d'un centimètre environ, lui-même entouré par une large bande jaune-orange. Le disque blanc représentait la por¬
tion du milieu dans laquelle le méthyl-orange avait
été acidifié et détruit; la partie rouge, celle où il
avait été acidifié sans être détruit, et la zone jaune- orange, la portion où il n'avait pas été attaqué. Les
limites des couleurs étant très accentuées, l'aspect
des cultures en était plus frappant. Il semblait cer¬
tain, étant donné la similitude des substances nutri¬
tives, que les réactions acides, accompagnant la
croissance des champignons en milieu de culture,,
devaient se retrouver dans la pourriture des bois;
il était cependant désirable de démontrer l'exacti¬
tude de cette supposition au moyen d'un champi¬
gnon se développant, cette fois, dans le bois. Après plusieurs insuccès, la preuve fut obtenue de la
manière suivante :
Un certain nombre de morceaux de bois d'aubier de pin jaune à courtes feuilles (southern shortleaf yellow pine) et de cèdre blanc, de 15 centimètres
de long, environ, et de 1 centimètre de section, fu¬
rent portés à ébullition pendant trois heures dans
une solution de carbonate de soude à 0,05 %, pour neutraliser les acides pouvant se trouver à l'état, naturel, dans le bois. Ils furent ensuite portés à
ébullition pendant trois heures, dans l'eau, afin de chasser l'excès de carbonate de soude. Les bâton¬
nets furent ensuite plongés dans une solution d'alizarine-sulfonate de soude, jusqu'àrougissement définitif. Après stérilisation à la vapeur à 15 livres,
de pression par pouce carré, chaque bâtonnet fut placé dans un tube à essai de 8 pouces, en contact
avec un petit bloc de bois sur lequel se développait
une culture pure de « Fomes annosus ».
Il était désirable de ne pas placer les bâtonnets, colorés en contact avec le milieu nutritif géîosé, type, car une partie du produit aurait pu pénétrer-
dans le bois par capillarité et donner des réactions susceptibles d'être attribuées au bois lui-même., Pour éviter une telle possibilité, les bâtonnets de pin jaune, stérilisés, de 15 centimètres de long envi¬
ron, furent placés dans des tubes à essai au fond
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 67 - Décembre 1929 321
desquels étaient 5 cm3 d'une gelée très épaisse dans laquelle une culture pure de « Fomes annosus » se développait. Les tubes furent gardés en position
verticale et les champignons recouvrirent graduelle¬
ment les bâtonnets. Au bout de six semaines, un
développement important de champignons couvrait
toutes les parties du bois. Des morceaux de 1 cm3
environ furent coupés au sommet de ces bâtonnets
et servirent de milieu d'inoculation dans les essais
avec les bâtonnets colorés avec l'indicateur. Un tam¬
pon de coton, au sommet du tube à essai, mainte¬
nait le bâton coloré en contact intime avec le mycé¬
lium recouvrant le bloc mère. La croissance partit
bientôt surles bâtonnetscolorés et la réaction acide fut clairement apparente 24 heures après. Les bâ¬
tonnets furent progressivement décolorés et 3
semaines après les extrémités inférieures des bâton¬
nets avaient perdu leur couleur rouge sur 1/3 à la 1/2 de leur longueuf; l'extrémité supérieure con¬
servait sa couleur primitive. Etant donné la toxicité
de l'indicateur, la croissance fut faible et il était aisé de voir le bois par-dessous.
A ce moment-là, lesmorceaux de bois furentenle¬
vés pour être examinés. Certains ne montraient
aucune trace de coloration rouge à leur partie inférieure, tandis que d'autres présentaient quel¬
ques bandes rouges provenant du dépôt de l'indi¬
cateur à l'intérieur du bois.
Les premiers échantillons décrits furent exposés
à des vapeurs ammoniacales quileur rendirent rapi¬
dement la coloration rouge de l'alcali. Cet essai
était nécessaire, car la couleur jaune verdâtre de
l'acide alizarine-sulfonique est rarement visible
avec le pin jaune.
Les échantillons de bois qui présentaient 1 ou 2
.stries rouges furent alors marqués au crayon de façon à encadrer les parties ne présentant aucune trace rouge. Les vapeurs ammoniacales rendirent
leur coloration rouge à tous ces échantillons, y com¬
pris les zones encadrées. La production d'acides,
par les champignons, a donc lieu aussi bien dans
le bois qu'en milieu nutritif artificiel.
Laproduction d'acides dans le sirop de malt-agar
fut également montrée au moyen de certains car¬
bonates insolubles, notamment le carbonate de strontium et de calcium. Un milieu nutritif conte¬
nant une solution de chlorure de strontium, dans la proportion équivalant à 1,5% de carbonate de strontium, fut préparé. A cette solution chaude, on
ajouta également une solution de carbonate de soude, suffisante pour précipiter le strontium à
l'état de carbonate. De telles gelées, sans le préci¬
pité de carbonate, sont translucides et laissent très bien passer la lumière. Avec le précipité de carbo¬
nate de strontium finement divisé, la culture est translucide, quelque peu semblable à un verre dé¬
poli. Le carbonate de strontium a une faible toxicité
et une innoculation de « Fomes annosus » donna
une faible mais dense et vigoureuse croissance de
ces cultures. A mesure que la croissance des cham¬
pignons augmentait, l'opacité disparaissait et la gelée devenait transparente, ne laissant plus voir
de traces de carbonate de strontium. Comme dans les réactions avec l'indicateur, le diamètre du dis¬
que transparent dans la culture opaque croissait
au fur et à mesure qu'augmentaient les progrès des champignons.
Les échantillonsde culturenoninoculés, qui con¬
tenaient également un précipité de carbonate, de strontium, conservaient leur opacité pendant toute
la durée de l'expérience.
L'expérience fut plus tard répétée avec des cul¬
tures contenant 0,75 % de carbonate de calcium,
avec des résultats identiques. Une solution de ces carbonates, difficilement solubles par les acides
des champignons, est tout à fait convaincante et constitue par elle-même la preuve de l'existence de
ces acides, puisqu'il n'y a pas apparence d'action
dissolvante par le milieu de nutrition lui-même.
Pour obtenir l'indication précise de la quantité
d'acide libéré par une croissance des champignons, l'expérience suivante a été faite :
10 cm3 d'une gelée de sirop de malt-agar, type,
furent préparés. Cette gelée contenait 300 mg. de
matière sèche et de l'alizatine-sulfonate de soude
en quantité suffisante pour la colorer en rouge;
10 mg. exactement de carbonate de soude furent
dissous dans la solution chaude. Après solidifica¬
tion, la gelée fut inoculée, dans des conditions asep¬
tiques, avec un échantillon de « Fomes annosus » d'un mm3 de volume environ. Le carbonate de soude contenu était d'environ 30 % de la concentration nécessaire pour arrêter complètement la croissance et, pour cette raison, la croissance fut faible et pro¬
gressamoins rapidement qu'en culture non toxique.
La croissance partit 5 jours après et en 7 jours elle
avait complètement décoloré le gel. Ceci signifie qu'un acide équivalent à 12 mg. d'acide acétique
322 BULLETIN 1JE L'INSTITUT LE PIN — N° 67- Décembre 1929
s'était produit, soit 4 % en poids du produit sec total.
Une deuxième culture contenant la même quan¬
tité de carbonate de soude et d'indicateur, mais non
inoculée, conserva sa couleur rouge vif sans alté¬
ration.
La culture décolorée par les champignons fut
ensuite dissoute dans l'eau chaude additionnée d'une solution diluée de carbonate de soude.La cou¬
leur rouge brillante originelle de la solution fut immédiatement restituée.
L'expérience complète fut répétée sur une plus grande échelle, avec une culture contenant 3 grs. de
matière sèche et 100 mg. de carbonate de soude.
Dans ce cas, 2 semaines de croissance furent demandées pour faire virer au jaune la couleur rouge de la culture. Ceci indiquait qu'il s'était pro¬
duit une quantité d'acide équivalente à 113 mg.
d'acide acétique.
Il est probable que la production d'acides, dans
ces cas, fut anormalement élevée, grâce à la pré¬
sence de la base. Même si cette assertion est cor¬
recte, elle signifie que, en présence d'un sel d'un
acide faible, tel qu'un carbonate ou un arsénite, la production d'acide par les champignons a lieurapi¬
dement jusqu'à ce qu'une acidité normale soit atteinte, ou, si des produits toxiques solubles dans
l'acide sont présents, jusqu'à ce que les champi¬
gnons soient détruits par la matière dissoute.
Résumé.
Il a été démontré, avec 17 sortes de champignons*
d'une importance économique considérable, que ceux-ci sécrétaient des acides à des concentrations allant de pH5 à pH3 ou moins. La production d'aci¬
des est immédiate, même avec les croissances d'or¬
dre microscopique. Dans les croissances assez rapi¬
des pour en permettre l'étude, l'apparition de l'acide précède la croissance du champignon. (A suivre)
» — — — — —— —
MÉCANIQUE GÉNÉRALE
-INSTALLATION D'USINES
RÉSINEUX ■ CHAUDRONNERIE - SCIERIES ■ MACHINES A VAPEUR^_
Etabli ssements DORIAN Frères J eunes
MONT-DE-MARSAN
Spécialité de Machines à bois etMachines à vapeur Scies à rubanfixes et portativessurdeux et quatreroues
pourtravailler enforêt
Machinesàbûchettes pour la fabrication des allume-feux Machines à vapeur fixeset locomobiles
Spécialité d'appareils à distiller les produits résineux Alambicsperfectionnés pourcolophanesetbrais
Installations complètes pour l'étranger
Chaudières à vapeur tous systèmes - Grosse chaudronnerie Spécialité de soudure autogène
— 6 —
BULLETIN DE L'INSTITUT DU PIN — N° 6? - Décembre 1929 323 E i 16
ETUDE
a Vue fe l'Eus tas les Gazogènes
DU BOIS DISTILLÉ AUX BASSES TEMPÉRATURES
«(Recherches faites à l'Institut du Pin et subventionnées par l'Office national des Combustibles liquides).
IIIe PARTIE
Dans les deux premières parties de notre étude (1) nous avons montré, par des considéra¬
tions théoriques, qu'il devait y avoir un avantage
net à employer dans les gazogènes le bois distillé
à 275-290°. Dans le présent travail, nous avons
essayé de confirmer expérimentalement les résul¬
tats acquis par la théorie.
Appareil utilisé.
Pour entreprendre cette étude, nous avons fait
«construire un petit gazogène (Fig. I) qui est cons¬
titué de la façon suivante :
i
j
grammes de bois sec découpés en fragments de
4x4x4 en moyenne, est située au-dessus d'un- foyer B possédant un solide revêtement réfractaire.
A la partie supérieure du foyer débouchent quatre tuyères G en fonte. La grille O est fixée sur une
tige filetée permettant de régler la hauteur de la colonne de charbon incandescent. L'air qui vient
entretenir la combustion, entre dans le gazogène
par deux orifices E et passe entre le foyer et une cloison concentrique où il se réchauffe avant d'ar¬
river aux tuyères. ,
Les gaz formés dans le gazogène sont aspirés à
travers la grille, passent dans le cendrier F (muni d'une porte de nettoyage G) et dans le tube H. La trémie est fermée par un couvercle étanche, fixé
au moyen d'un étrier et d'une vis de pression. Une pince thermo-électrique P, traversant le couvercle, permet de mesurer la température dans le foyer.
A la suite du gazogène, ont été placés : 1° Un condensateur à serpentin I;
2° Un récipient J à quatre tubulures permettant
de recueillir le liquide condensé dans le réfrigé¬
rant;
3° Deux récipients K et L à deux tubulures, des¬
tinés à arrêter les poussières qui pourraient être entraînées et surtout à régulariser l'aspiration du ventilateur;
4° Un ventilateur Roots actionné par un moteur électrique et muni d'un by-pass pour régler l'aspi¬
ration;
(1) Voir le Bulletin de l'Institutdu Pin,n°57, du 15février, p.64.
ETUDE PRATIQUE AU GAZOGENE DE LA GAZEIFICATION DU BOIS DISTILLE
A DIVERSES TEMPERATURES
par MM. G. DUPONT, J.-L. LUSSAUD et J. ALLARD.
\
?#mr
Fig. I»
m BULLETIN 1)E L'INSTITUT LU PIN —- N° 67- Décembre 19B9
5° Un compteur permettant de mesurer le vo¬
lume de gaz dégagé.
Essais de gazogène.
La mise au point de notre gazogène a consisté
d'abord dans le réglage de la hauteur de grille. De
nombreux essais nous ont montré qu'une colonne
de charbon incandescent d'une vingtaine de centi¬
mètres paraissait convenable. Nous avons cherché également à obtenir une température de 1.000° aux tuyères avec différentes allures de marche. Nous n'avons pas pu obtenir (à cause, sans doute, des
faibles dimensions de notre appareil) des gaz à
haut pouvoir calorifique, mais nous n'y avons pas attaché une grande impo-rtance, attendu que notre
but était seulement de comparer entre elles les
différentes sortes de charbon.
Etude de la gazéification des divers charbons.
Nous avons gazéifié dans notre appareil, cinq
combustibles différents :
1° Du charbon de pin distillé à 275°
2°
3°
4°
à 250°
à 200°
à 550°
5° Du bois de pin non séché (15 p. 100 d'eau).
Les divers combustibles étaient découpés en frag¬
ments ayant trois ou quatre centimètres de côté.
Nous nous sommes efforcés d'opérer dans des con¬
ditions parfaitement identiques. Après quelques
essais infructueux, nous sommes arrivés à obtenir
une marche très régulière du gazogène que nous
avons conservée pour les divers essais. Nous avons effectué des prises de gaz à diverses périodes de la gazéification et nous avons analysé ces gaz à l'appa¬
reil d'Orsat. Nous avons également mesuré le
volume de gaz formé, le volume du liquide con¬
densé, ainsi que son acidité.
Voici les résultats que nous avons obtenu dans cinq essais consécutifs :
1° Charbon de bois de pin distillé à 275'
Poids de charbon : 2 kg. 100.
Volume de gaz : 9.500 litres.
1"pr.se 2eprise 3eprise 4e prise
CO2 12 12 10 10
0 2 1 1 2
CO . 10 13 15 10
H 7 16 12 6
N . 69 58 62 72
Liquide condensé dans le réfrigérant : 0 1. 416.
Acidité : 0 gr. 6 p. 100 en <CH3COOH.
Température au nivau des tuyères : 1.000°.
2° Charbon de bois de pin distillé à 250° r
Poids de charbon : 2 kg. 750.
Volume du gaz : 8.500 litres.
Composition des gaz :
Ireprise 2eprise 3eprise 4eprise'
CO2 . 12 12 12 12
O - 2 0 2 2
CO 14 16 14 10
H . 14,5 14.5 10 14
N 57,5 55,5 62 62
0 1. 630.
Liquide condensé dans le réfrigérant
Acidité : 1 p. 100 en CH3,COOH.
Température au niveau des tuyères : 1.000°.
3" Charbon de bois de pin distillé à 200° .:
Poids de charbon : 2 kg. 460.
Volume de gaz : 7.100 litres.
Composition des gaz :
lleprise 2eprise 3epris&
CO2 14 11
0 1 1
CO 10 S 10)
II 13 12 12
N 65 66-
Liquide condensé dans le réfrigérant : 0 1. 600.
Acidité : 0 gr. 7 p. 100 en CIDCOOH
Température au niveau destuyères: 900° à 1.000°.
4° Charbon de bois de pin distillé à 550° : Poids de charbon : 1 kg. 250.
Volume de gaz : 8.200 litres.
Composition des gaz :
Composition des gaz :
i,eprise 2*prise- 3°prise
CO2 10 8 10
O. 0 0 0
CO .. . . 14 18 12
H 7 8 8
N 69 66 70