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Mémoire sur des ossements trouvés dans les graviers stratifiés des environs de Mategnin (canton de Genève)

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Mémoire sur des ossements trouvés dans les graviers stratifiés des environs de Mategnin (canton de Genève)

PICTET, François-Jules

PICTET, François-Jules. Mémoire sur des ossements trouvés dans les graviers stratifiés des environs de Mategnin (canton de Genève). Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, 1845, vol. 11

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108701

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1 / 1

(2)

DES OSSEMEI\TS

/

MDMOTRD

SUR

TROUVÉS

DANS TAS GRAVIHRS STBATIX'IES

DES ENVTRONS DE MATTECNTN (CANTON DE cENÈvE)

F.-J. PICTET,

}ROFESSEUR DE ZOOLOGIE AT D'ANATOMIE COMPARdB A L'ÂCÂDÉilIE DD GBNùVR

(Extrait du lome XI rles itlémoires de Ia Société de Physique et d,Histoire uaturelle, ) PAR

GENEVE,

IMPRIIVIERIE DB JUI,ES.GME FICK, RUE DE CORRATERIE.

1845

(3)

mn'ilroIH'n'

DES OSSEMEl\TS

SUR

TnoûvEs

DANS LES GRAvIERS sTRAtmÉs

DEs DNvTRoNS'r.DE MÀTTEcNTN (cexron, nn cnxÈvn)..

'----€ocPo'---- -

II' y

a quelques, années que UI:

Ie

conseiller d'État Fazy, alors maire de

la

commune de Meyrin? nous

prévint

que l'on

avait trouvé de

nombreux. ossements dans

une

carrière de

gravier, en

exploitation

près de

Mattegnin. L'importance

des débris

organiques fossiles

pour établir l'âge relatif

des terrains est

si

grandel

{ue

nous nous occupâmes immé- diatement

de faire recueillir

avec soin tous ces ossernents.

(4)

h

rTrÈrIoIRE suR DEs ossnM$Nrs

M. Fazy voulut bien surveiller lui-même les ouvriers, et, grâce

à

ses soins éclairés, notre Musée en possède aujourd'hui une collection assez considérable.

Le premier point à constater était leur gisement (1).

ll

im- portait de savoir si ils avaient été déposés en même temps que

('t) lU. le professeur A. Favre a bien voulu me communiquer quelques obser- vations qu'il a faites sur le gisement de ces fossiles et sur la nature des graviers qui les renferntent :

Note su,r les grauiers qui conti'ennent les os fossiles,

Au prenrier coup d'æil , les graviers dus lesquels on a trouvés les ossements paraissent appartenir à l'étage inférieur du terrain diluvien de Genève

,

mais

un examen plus approfondi des environs du hameau de Mattegnin fait voir que ces graviers font pârtie de l'étage supérieur de ce terrain. En effet, voici la section que présente la carrière de gravier de la commune de Mattegnin, en partant de la partie supérieure et en descendant :

4o Un ou deux pieds de terrc végétale;

2" A.rgile sableuse, faisant pâte avec I'eau, nonlmee terre à pisé, terre bLanche ou gLa:ppe par les paysâns qui s'en serYent pour des constructions. Elle contient uire assez grande quautité de cailloux roulés dont, les uns appartiennent aux ter- rains cle cristrllisation des Àlpes; ce sont des granites, des prologines, des quarz, des schistes cristallins, eto., et les autres sont des calcaires en général de cou- leur foncée. Ces derniers sont fréquemment striés ou rayés à leur surface, ce qui leur clonne beaucoup de rapport' avec les roches TtoLies par les glaciers. Cette couche n une épaisseur vat'iuble; daus Ia carrière clle n'est guère que de 18 pouces, tandis qu'à quelques centaines de mètres de là

,

près de l\Ieyrin

,

les

paysar,ts rssurent qulelle est de l0 pieds'

5" Graviel ou bêton plus ott moins tenace suivant la plus ou moins grande quantité de ciment stalactatique qui soude les cailloux les uns aux aulres. Ces cailloux sont trè's-variés, nais non striés à leur surface. On voit parfois des lits de sable à peu près horizontaux qui divisent cetle masse de graviers d'une manière

(5)

TRQUVIIS DÀNS LES ENVIRONS DE MÀTTEGNIN. 5

les graviers, ou

si

on pouvait attribuer

leur

enfouissement à

quelque cause postérieure plus spéciale. Des découvertes ana- logues à celle de ces

débris,

faites tlans divers points de notre canton, étaient, en

effet,

plusieurs

fois

restées inaperçues, parce qu'on

n'y

avait vu que le résultat d'événements tout mo- dernes.

plus ou moins régulière. Dans la partie supérieure, ces graviers présentent des teintes ferrugineuses

I

c'est dans cette couche qu'on a découvert les ossements.

Epaisseur : l0 à {2 pieds.

4o Ghise grossière, remarquablement tenâce

,

faisant pâte avec I'eau , mé-

tangé d'une grande quantité de cailloux de différentes natures. Les cailloux cal- caires sont striés. Quoique roussâtre cette couche est souvent nommée rcffe blanche par les paysans. Epaisseur indéterminée.

Le gravier, à ossements repose donc sur une terre argileuse contenant des cailloux striés, C'est, comme je I'ai dit ailleurs (Consid.érations géologiques sur Ie rnont Salèae et sur les temaâns des enuirons de Genèue

;

1845 , p. 7 /*)

,

un des prih- cipaux caractères du terrain diluvien cataclystique. Ce gravier fait donc partie de ce terrâin, et c'est oe que je tenais à prouver. En parcourant les environs de Mat- tegnin, on peut se convaincre que c'est un dépôt local bien moins étendu que I'alluvion ancienne auquel il ressemble, et semblable par position géologique aux dépôts de sable de Frontenex, de Malagnou, de Cartigny, etc., cités par M. Necker (Etudes géologiques dans les Apes ; l, 248, 259, etc,).

Quaut à I'alluvion ancienne qui s'étend borizontalement dans le fond de la vàllée de Genève, sans jamais se retever ni contre le Jura ni contre les Alpes, peut-être ponrrait-on Ia regarder comme âppartenant au terrain tertiaire supérieur etcomme étantcontemporaine da terrain d,'attérissentent anciende la Bresse, décrit par M. Elie de Beaumont. Je n'avance ce rapprochement qu'avec beaucoup de doute, car les caractères qui sont tirés du gisement de ce terrain et de la présence d'une petite quantité de lignite, ne sont pas, je I'avoue, assez rranchés pour mo- tiver complétenent ce rapprochement.

Alphonse Ftvne, professeur.

(6)

6

uÉlrornn sut DEs ossEMENrs

M.

Necker? en particulier, clans

""s Etudes géologiques sur

les Alpes (t.

I, p.

262 et suiv.), parle d'ossements de bæufs trouvés dans des sables, près de Chancy. Ce savant géologue est disposé à penser q.u'ils doivent leur origine à ce que n dans

,.

des temps sans cloute historiques, mais très-reculés

à

en

o juger par l'état de ces os et

à

une époque d'une grande épi-

< zootie, des troupeaux entiers

de

gros bétail auront été en- o fouis dans ces sables.

,

Mais cette explication ne peut pas s'étendre aux ossements de lVlattegnin. J'ai, h diverSes reprises, visité la carrière où on les a trouvés et j'ai retiré moi-même plusieurs squelettes. Je les ai constamment trouvés à une profondeur d'au moins sept à

dix pieds au-dessous de la terre que remue la

culture, et

sous des lits de gravier très-clairement

et

régulièrement stratifiés.

Je n'ai jamais vu gue la direction des couches et leur continuité fussent

le

moins du monde altérées au-dessus de ces débris

organiques.

Il faut

d'ailleurs remariluer que

tout le

plateau cle Matte- gnin est recouvert de ces graviers

diluviens,

et qtr'il

n'y

a

ni

grandes ondulations, ni coupures,

ni

ruisseaux

qui y

déran-

gent la superposition des couches. Les graviers qui renferment les ossements sont composés de petites pierres

plus

ou moins aplaties, disposées en strates très-visibles, alternant avec du sable très-fin.

Il

est d'ailleurs évident que ces graviers, situés

à

60

mètres au-clessus clu lac

et à

70 mètres au-dessus de

la

partie clu Rhône qui est la plus voisine de

Meyrin,

éloignés de

tout

cours d'eau consiclérable, ne peuvent

pas avoir

été

déposés par un acciclent spécial, et qu'ils doivent leur origine à

(7)

TRouvtis'DÀNs LEs ENvIRoNs DE MATTEGNTN. 7

la

cause générale

qui a

déposé les

terrains d'alluvion

du bassin du Léman.

Je crois donc que l'on peut considérer comme un fait certain que les animaux dônt on a trouyé les squelettes, ont vécu dans

notre vallée pendant l'époque

qui a

immédiatement précédé

le

dépôt cle ce terrain diluvien.

Je montrerai

plus

bas que tous ces animaux appartiennent aux mêmes espèces que celles qui vivent aujourd'hui dans le même pays.Dès lors la découverte de ces ossements peut pa- raître peu intéressante,

et il

semblera peut-être au premier coup d'æil qu'il

y

â peu d'instruction h tenir de,leur étude. Je

tâcherai, au contraire, de montret' ![ue ce

fait,

en apparence peu important, se lie en réalité avec les lois lesplus essentielles de la paléontologie, et peut influer sur la solution des questions les plus délicates. Mais auparavapt je dois prouver cetteidentité des espèces, et

j'ai

donné à cette comparaison le temps et l'at- tention que m'a paru mériter ce point essentiel, qui doit servir de base aux réflexions par lesquelles je terminerai ce mémoire.

1"

MÀMNIIFERES.

Musln.Lrcnps. On a trouvé quelques mâchoires et des os des membres tout à

fait identiques à ceux dt Soreæ ar&neuE.

Tlupns. Les ossenrents de taupes sont toujours très'caractéristiques êt dTune détermination frcile. Nons avons pu observer deux têtes complètes sauf la voute du crâne, deux faces, une mâchoire.iuférieure,et trois brssins. La comparaison .avec cinqsquelettes de l,aupes vivantes nous a montré une parfaite identité de for-

(8)

I

MÉMotRD snR DEs ossEMENrs

mes et de mesures. (Une des têres fossiles étai[ d'un qurtorzième plus petite, différence, commeon le voit, presque nulle) .

Mlnrns. Nous avons trouvé la plus grande partie du squelette d'une marte et queltlues fragmenls d'un second. La comparaison âvec les espèces vivanles nous a montré que les tleux individus fossiles av.rient le museau un peu plus court et plus large que la fouine et élaient identiques pour les folmes et les dimensions aux cleux squelettes de murtes que nous possédons (Mustelu rhartes).

Putors. Nous possédons un squelette complet et des parties de deux autres d'une espèce que nous avons comparer avec le Pûois com,mzro (dont nous

n'âvons qu'un squelette dans notre Musée). Le squelette le plus complet est, dâns toutes ses parties, d'un cinquième plus petit. Les débris d'un autre (bout du museau, tibia, humérus, vertèbre, rnâchoire inférieure) se sont trouvés, au con- traire, d'un dixième plus grand. Un tibia et un péroné d'un troisième sont égaux en longueur et en grosseur. Les formes sont identiques et i[ m'a été impossible de lrouver une différence.

Une autre espèce du même genre est aussi représentée drns les osse- ments que nous ayons étudiés par Ia partie occipitale d'une [ê[e, un humérus, trois fémurs, et un tibia. Elle est identique àla BeLette, et aucune différence de forme n'a pu être ohservée. Il firut toutefois remarquer que les dimensions sonl ulr peu plus,petites que celles de nos squelettes vivants. Tous les os fossiles que nous avons eus, quoique ayant les caractères d'os adultes, présentent, comparés

à ces squelettes, le rapport de 89 h {00. Je crois d'ailleursque I'on trouverait les mêmes différences et au tlelà clans la nature vivante.

Cnroxs. lfous avons trouvé dans ces carrières un squelette presque com- plet qui a évidemment appartenu à

w

Renaid (Cani,s autpes). La dentition, la forme du crâne et celle des os paraissent tout à fait identiques à ceux d'un re- nard actuel de taille médiocre.

Rars. Nous avons trouvé de nombreux débris qui paraissent, se rapporter à

trois espèces de rats.

Les plus grands sont identiques de formes et de dimensions âvec ceux dt Rat noir et du flat à,uentre blanc (Mus leucogasterPict.). Ces deux espèces vivantes ne me paraissent pas pouvoir être distinguées par leurs os isolés. De nombreux squelettes que j'ai fait faire pour pouvoir apprécier leurs différences m'ont montré l'impossi,

(9)

TITOUVÉS DANS LES ENVIRONS DE MATTEGNIN. 9 llilité de reconnaître à iaquelle des deux espèces apparl,iennent ces fragnents osseux; mais le fait même que je signale a un certaitl intérêt zoologique.

Il

est

aclmis aujourd'hui par la plupart des naturalisles que I'Europe centrale ne possé- dait originairement aucun rat de grande taille, et que Ie rat noir d'abord et plus tald le surmulot ont été amenés pat' le commerce maritime. La découverte des ossemenls que je signale ici semblerait montrer qu'une espèce a vécu avanl les dernierc cataclysmes et probablement bien avant l'homme; et peut-être en fau- dra-t-i[ conclure que, si le rat noir est importé, le rat à Yentre blanc est âu cor- traire autochtone et a précédé I'homme dans nos contrées.

Les ossements de la seconde espèce sont abondants et se râpporteltt tout à fai[

par leurs formes à ceux dtt fuIulot (lllus syluaticu,y'. Les dimensions ont légèrement varié. Cornparés h la ntoyenne de taille de nos squeleltes,les ossentents fossiles

ont présenté des dillérences d'un cinquième, un septième, un huitième et un quatorzième en sus. Notts avons pu observer cinq têtes, dix fémurs , neuf tibias ,

deux humérus, un cubitus et cinq demi-bassins.

Deux fémurs et un cubitus plus petits trous onI parus identiques de formes et de dimensions à ceux de la Soaris (Mus nr,ttscuLus) .

Cllrplcxor,s. Des ossements de canrpagnols ont aussi été trouvés dans ces car- rières. lls se rappor'lent h deux espèces.

Les premiers, en plus petit nombre (une portion de crâne, une mâchoire, des rlents isolées et un til,ria), sont identiques.au Schermaus (Aruicola subtcrranerc).

Leur r:omparaison avec les vivants nlontre qu'ils sont égaux à leur moyenne.

Des os plus petits et plus nombt'ettx appartiennent, aa CampagnoL orelinaire (Ar- uicola aruulis). J'ai conrparé à tles sqeletf,es vivants deux faces, une mâchoire

intérieure, des dents, deux fémurs et un tibia, et j'ai trouvé la même identité de formes et les mênes variations insignifiantes dans la taille que j'ai signalées ci-dessus.

Cocnons. Les ossements qui se rapportent ilu genre des cochons ont tous ap- partenu à de jeunes individus, et par conséquenù ne permettent pâs une cont- parlison exacte pour décider leurs rapports aYec le sanglier ou aYec le cochon domestique. Ces ossements étaienu très-nombreux.

Boeurs. Les os appartenant au genre des bæufs ont tous présenté le même état d'inrparfait développemenl, que ceux des cochons. Tous ces osselnents sout jeunes et indiqueut des animaux âgés seulement de quelques mois. On ne peuI

2

(10)

10

ilrÉMorRn suR.DEs ossÉMnNrs

donc , pas plus que pour les cochons, décider si ils ont appartenu à une éspèce sauvâge ou à une race domestique.

Anrrr,opss. Un canon antérieur et un postérieur ainsi qu'un tibia ne peuyent être rappolités qu'au Chantois (Antilope rupicaprn). Je n'ai trouvé aucune clilférence lpprécirble ni pour h taille ni pour la forme.

Mouroxs ou CnÈvnns. Ûne verrèbre du cou prraîr devoir signaler l'existence d'urr mouton on d'une clrèvre, car elle est Lrop courte el, trop grosse pour pou-

voir ètre rapportée h un chirmois. Notre Musée ne possède pas de squele[tes de mouflons et de chèvres sâuvages, qui seuls pourraient fournir les moyens d'une détermination précise.

90

OISEÀUX

On u'a jusqu'à présent trouvé que des ossements en très-petit nombre el trop brisés pour pouvoir servir même à des déterminrrions génériques. Une por- tion de sternum d'un oiseau de la taille du geai indique une espèce de I'ordre des passereaux.

Cnlp.l.uns. J'ai pu étudier deux humérus et un sâcrum identiques de formes à

ceux du Crapaucl comnmn.Ils paraissent avoir appartenu à de grands individus, car les proportions ordinaires des cmpauds vivauts semblent, assigner à I'individt

fossile qui a possédé le plus grand humérus cinq pouces et dix lignes de la bouche à I'extrémité de l'ischyon, et quatre pouces sept lignesh celui auquel appartient le plus petit.

Gnnxourrrr,ns, Clest àt"la Grenouille uerte (Rana escuLentû que paraissent, se

rapporter;plusieurs os fossiles du genre des grenouilles. Je n'ai tronvé aucune différence appréciable de forme et de taille dans l'examen de deux humérus, d'un sacrum, d'un bassin et de plusieurs tibias.

tÉzlnns. Une mâchoire inférieure munie de vingt-six dents (une de plus que dans nos squelettes) et un bassin m'on[ paru pouvoir être complétement rap- portés âu Léxarcl uerL (Lacerta airidis).

(11)

TROUVÉS DÀNS LES ÛNVTRONS DE MÀTTEGNIN. 11

La

comparaison des'ossements fossiles

de nos

graviers avec

les

squelettes

des

espèces

vivantes montre, ce

me semble, avec une parfaite évidence, que tous les faits que l'on

a

pu

reclreillir jusqu'à présent prouvent que les animaux, qui ont peuplé notre vallée avant que les terrains diluviens aient

été

déposés, étaient identiques âux espèces actuelles. Cette conclusion est confirmée par l'examen de

quinze

espèces de

mammifères et de

trois

de reptiles. On

peut,

ce rne semble,

tirer

de

les conséqucnces suivantes.

J'y vois en premier lieu une

preuve

en faveur de

la

loi

de perrnanence des espèces.

Parmi

les arguments princi- paux sur lesquels repose ce principe important,

un

des plus souventinvoqués est la comparaison? avec les espèces actuelles, d'animaux conservés dans les anciennes sépultures d'Egypte.

Quancl

on voit

que

quatre mille ans n'ont

apporté aucune rnodification de forme, mêmes des plus légères, dans les sque-

lettes des crocodiles,

d'ibis,

cle chats, d'ichneumons, etc., on est autorisé

à

en conclure

la règle

générale que les espèces

conservent invariablement

leurs

caractères.

Les

ossements déposés dans nos graviers sont encore certainement plus an- ciens que ceux cl'Egypte et fournissent clonc une preuve plus positive.

Mais

ce

gui leur

donne surtout

un

degré d'intérêt plus grand est que

I'on a

souvent clit que, tout en reconnais- sant en

fait la

permanence des espèces dans

l'état

actuel du

globe, on

pouvait admettre aussi qu'aux époques cle boule- versernents géologiques) cles forces plus actives et cles change, ments atmosphériques plus intenses pouvaient amener clans

I'organisme cles modifications

plus

profondes.

Les

espèces

(12)

t2

MÉuorRE suR DEs ossclrsNrs

fossiles de nos dépôts diluviens ont assisté h

un

cle ces chan- gements géologiques n elles ont habité

notre

vallée âvant les dépôts de graviers, et cepenclant elles ont continué identiques jusqu'à nous. Ne peut-on pâs

voir

là au moins une présomp-

tion

que les choses ont dtr, en général, se passer de mêrne" et ne peut-on pas en

tirer un

argument en faveur

de

I'opinion beaucoup plus probable que les grands événements géologiques ont bien

pu tuer

et détruire les espèces, mais non les modi-

fier

dans leurs formes.

Je crois ? en second

lieu,

que I'on

peut trouver

dans ces

faits une preuve

![ue

nos clépôts diluviens sont plus récents

que ceux de

la

plus grande partie de l'Europe. Les ossements que

j'ai

étudiés appar:tiennent, comme je

l'ai dit,

aux terrains diluviens de notre vallée, et cependant toutes les espèces anx- quelles ils se rapportent

vivent

encore. Or, la plupart des dé-

pôts diluviens

européens renferment

des

ossements d'élé- phants, de rhinocéros et d'autres espèces aujourd'hui éteintes.

Les

cavernes

sont

dans

le

même

cas, et ont

des ours et des grands chats

qui

sont aussi des espèces perdues.

Il

me parait proirairie d'après cela que les gravidrs de la plus grande partie de I'Burope ont été déposés,

et

que les cavernes ont

été

remplies des ossements remarquables

qui les

caractéri- sent, à une époque antérieure

à

celle oir se sont formés nos

derniers clépôts arénacés; et cluer par conséquent, Ie sol cle

notre vallée est

le produit

cl'un événement géologique cl'une date relativement récente.

Bn{in je tire

de

l'étude

cle ces mêmes ossements

)

une

troisième conclusion

qui

est

la

con{irmation d'une opinion

(13)

TROUVÉS DANS LNS ENVIRONS DE MATTEGNIN. 13

que

j'ai déjà

énoncée

ailleurs (Trai,të

élémentaire

de

Pa- léontologie,

t. I, p. 559).

Je crois que l'époque désignée par les géologues sous le norn d'époque diluvienne ne doit pas être distinguée de l'époque moclerne e car

je

crois que l'on peut dé- montrer

qu'il n'y a point.entre

elles de ces changements de

faunes, qui sont si

remarquables

cntre les

époques anté-

rieures.

Je

crois

que

la plus

grancle partie des espèces de l'époque tliluvienne vivent encore aujourd'hui. Je n'admets pas qu'aucune

ait

été créée au commencement seulement tle l'é- poque moderne. Je pense que les clépôts diluviens tl'Europe

ont

été formés par une série cl'événements partiels qui n'ont

point

interrompu d'une manière générale

la vie et

l'organi- sation à la surface de

la terre, et qui

ont

se borner à dé-

truire

quelques espèces.

La

démonstration de cette manière de

voir

repose sur une chaîne nombreuse cle

faits dont

ceux que

je

signale

ici

ne

forment qu'un anneau, et

pour

lesquels

je

renvoie aux

trai- tés de

géologie. Mes principaux arguments

sont,

en effet,

tirés de l'étude des

animaus fossiles

de

l'époque

dite

di- luvienne. I,,es cavernes et les graviers de I'Europe renferment beaucoup cle squelettes de mammifères qlue I'on ne

peut

pas distinguer des espèces actuelles

et un

très-petit nombre d'es-

pèces perdues. Presque

tons les

aninraux

qui

habitent au-

jourd'hui

nos contrées ont déjà existé à cette époque. Le loup"

le

renard, la tauper

le

blaireau, etc., etc., des cavernes, sont identiques

à

ceux

qui vivent

aujourd'hui. Les fossiles des

graviers cle Genève, viennento ce me semble, fournir une nou- velle preuve

i

car I'identité des espèces

y

est encore plus mar-

(14)

lll'

MÉMorRE sun DEs ossrlllnNrs

quée, et montre une époque de transition entle l'âge des ani*

maux des cavernes et les temps modernes. O", personne,

je

pense, n'a I'idée de tenniner l'époque diluvienne immédiate- ment après

le

dépôt du lirnon des cavernes,

et

de placer dans l'époque moderne

celui

des graviers cle Suisse. Dès

lors

le seul moyen de faire concorder ces faits est de réunir, comme

je

I'ai dit, l'époque diluvienne

à

l'époque moderne.

il

faut donc admettre qn'immédiatement après les derniers dépôts tertiaires a commencé l'époque moderne, qu'b l'origine de cette époque ont été créés

tous les

animaux

qui

habitent aujourcl'hui I'Durope et quelques autres espèces, tels qne les grands carnassiers des cavernes? certaines antilopes, etc. Des inondations plus ou moins générales, produites probablement en partie par les derniers soulèvements des Alpes, ont recou- vert à diverses reprises plusieurs parties cle I'Europe. Les plus anciennes sont celles qui ont rempli les cavernes; après elles viennent celles qui ont déposé les graviers de France, et les

plus rnodernes sont celles

qui

ont formé ceux de notre pays.

Ces inondations, et peut-être d'autres câuses,

ont fait

dispa-

raître

quelques espèces, comme nous en voyons encore s'é-

teindre aujourd'hui (telles

que

I'aurochs,

etc.

). Le

plus

grand nombre

a

subsisté

et

forme

la

faune'européenne ac-

tuelle.

Cette manière

de voir me

sernble

tout à fait

simple et naturelle. Toutefois,

je

comprends qu'on

y

puisse

faire

des objections, et

parmi

elles

j'en

prévois deux, auxquelles je rd- pondrai d'aYance.

[,a prernière est relative à I'homme. La réunion des époques

(15)

TRoUvÉs.I}ANs LnS ENvIRoNs DE MÀTTEGNIN. 75

diluvienne

et

moderne semble

mal

s'accorder

avec

sa tar- dive apparition et avec

le fait

qu'on

ne

trouve pas ses osse- men-ts à l'époque des cavernes.

J'ai

cléjà prévu cette objection dans:mon Traité'de Pal;ëontologi,e, et

j'ai fait

remariluer que

je

ne parle ici de l'époque

diluvienne

qu'en Europe,

et

qu'il

faut

distinguer

la

création de l'homme de sa

tardive

appari- tion dans ce pays. Je crois que I'espèce humaine n'a été témoin d'âucnne des grandes inondations européennes, et qu'elle n'y

est arrivée qu'après le dépôt des graviers. Mais rien ne nous

dit

qu'à cette époque elle n'habitât pas le continent asiatique) que

tout

s'accorde

à

tlémontrer comlne son berceau. Je crois que

la

géologie européenne n'a point à s'occuper cle la création de

l'homme, et que, clans 'l'ignorance'otr nous som.mes de la ma- nière dont les choses se sont passées en Àsie,

il n'y a

à cet égarcl aucun argument à invoquer contre I'idée que

j'ai

pro-

pos.ee ci-dessus.

On pourra

objecter, en second

lieu,

que

la

faune eul.o- péenne aurait été

trop

abondante,

si on

ajoute aux espèces

actuelles celles que les diverses inondations diluviennes ont détruites. J'ai déjà

dit que

ces dernières étaient

peu

nom*

breuses; et si on compare la faune actuelle tle I'Europe à celle de l'Àsie et de l'Amérique, on la trouve inliniment plus pauvre

en

nammifères;

celle

qui

aurait été créée au commencement de l'époque diluvienne

leur

serait encore

inférieure

sous ce

point

de vue.

Ces objections ne me paraissent pas ébranler l'opinion que

je

soumets

ici,

et

je

crois qu'on peut consiclérer comme très- probable que les divers gisements diluviens renferment une

(16)

t6

MÉMorRD sun DEs ossEMENTs rRollvtis, Erc.

série de faunes peu différenrtes les unes des autresr

gui

prou- ve,nt que l1époque diluvierme

et

l'ép,oque nuodern'e n'ont été en aucune rnanière ,séparées

par un

événement comparable

à

,ces révo'lutions der gùobe,

qui'onû, à

d'autres reprises, ameanti les espèces existanrtes ipotrr les renrplacer

par

d'au- tres eomp'lé,hr.nent diilféremûes.

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