Cours 4: Le sens de la m´etrique 1
Cours 4. G´ eom´ etrie d’une surface courbe, g´ eom´ etrie d’un espace-temps courbe, le
trou noir de Schwarzschild !
Cours 4: Le sens de la m´etrique 2
R´ esum´ e du cours d’aujourd’hui
— R´esum´e du dernier cours sur la m´etrique : le produit
scalaire, la transformation des coordonn´ees d’un tenseur et un vecteur, une explication des vecteurs de base naturels pour les syst`emes de coordonn´ees curvilignes.
— Courbure intrinsique vs. courbure extrinsique.
— Interpr´etation physique de la m´etrique en explorant les exemples :
1. Exploration de la g´eom´etrie d’une sph`ere.
2. Exploration de la g´eom´etrie de Schwarzschild.
r´esum´e du cours 3 3
R´ esum´ e du dernier cours sur le calcul vectoriel sur une vari´ et´ e
pseudo-riemannienne
— Tous les vecteurs en quatre dimensions peuvent ˆetre ´ecriv´es comme :
V~ = a~e0 + b~e1 + c~e2 + d~e3 = V α ~eα o`u les ~eα sont les vecteurs de bases et V α sont les composants contravariants.
— Si nous changeons les vecteurs de bases, le vecteur ne change pas mais les coordonn´ees nouvelles, Aα0, sont li´ees aux
r´esum´e du cours 3 4
coordonn´ees ancients, Aβ, par une transformation lin´eaire : Aα0 = ∂xα0
∂xβ Aβ
o`u la matrice de transformation est donn´es par
∂xα0
∂xβ = Λα0β. (1)
— Les mathematiques de RR sont plus belles que ceux de m´ecanique newtonnienne. Comparons un changement de r´ef´erentiel inertiel dans lequel un observateur se deplace le long de l’axe X `a un vitesse constante v. Dans la m´ecanique newtonnienne, ¸ca implique un changement des vecteurs de position, de vitesse, d’impulsions etc. Il sont li´ees par une transformation de Galil´ee. Mais de la RR c’est simplement un changement des vecteurs de bases ! Et donc tous les
quadrivecteurs ne changent pas, mais bien sur les
r´esum´e du cours 3 5
coordonn´ees changent par une transformation lin´eaire de Lorentz :
(Λα0α) =
α = 0 α = 1 α = 2 α = 3
α0 = 0 γ −βγ 0 0
α0 = 1 −βγ γ 0 0
α0 = 2 0 0 1 0
α0 = 3 0 0 0 1
o`u,
β = v c ,
γ = 1
p1 − β2 . (2)
— On peut utiliser les vecteurs de bases duals ˜ωα aussi pour la base,
V~ = V α~eα = Vαω˜α
r´esum´e du cours 3 6
o`u Vα sont les composants covariants.
— Les composants covariants se transform sous un changement de base comme les vecteurs de base.
— On peut ais´ement se rappeler les transformations par l’id´ee d’´equilibrer des indices :
Vα0 = ∂xβ
∂xα0 Vβ
~eα0 = ∂xβ
∂xα0~eβ
˜
ωα0 = ∂xα0
∂xβ ω˜β (3)
— D’o`u viennent les vecteurs de base naturels ~eα et les bases duaux ? Voir p. 34 et p. 39 du cours 3.
r´esum´e du cours 3 7
R´ esum´ e du dernier : m´ etrique
— On prend le produit scalaire avec le tenseur m´etrique : A~ · B~ = g(A, ~~ B) ≡ gαβAαBβ
— Le tenseur m´etrique joue le double rˆole d’encoder la
g´eom´etrie et de nous dire comment faire le produit scalaire.
— Une autre d´efinition du tenseur m´etrique est gαβ ≡ ~eα ·~eβ
— Dans une vari´et´e riemannienne, l’´el´ement lin´eaire est
vraiment une distance comme nous avons vu pour la sph`ere : ds2 = rs2dθ2 + rs2 sin2θ dφ2
— Dans une vari´et´e Lorentzienne, l’´el´ement lin´eaire est la
r´esum´e du cours 3 8
limite infin´etesimale de l’intervale de RR
∆s→0lim ∆s2 = ds2
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 9
Cours 4 : Interpr´ etation physique de la
m´ etrique
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 10
Courbure intrinsique vs. courbure extrinsique
— « La courbure extrinsique d´ecrit la mani`ere dont un espace est plong´e dans un autre de dimension plus grande. »
(Taillet et al., 2009)
— « La courbure intrinsique d´ecrit les propri´et´es g´eom´etriques de la surface elle-mˆeme. » (Taillet et al., 2009)
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 11
La sph` ere est courbe
— M´etrique pour la sph`ere :
ds2 = rs2dθ2 + rs2 sin2θ dφ2
— Le rayon, rc, d’un cercle centr´e sur l’axe des z : ds2
φ = r2sdθ2 ds
φ = Rsdθ rc =
Z θc 0
ds
φ = Rsθc. (4)
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 12
— Le p´erim`etre d’un cercle, pc : ds2
θ = rs2 sin2θc dφ2 ds
θ = Rs sinθc dφ pc =
Z 2π 0
ds
θ = 2πRs sinθc. (5)
— Rapport :
pc
rc = 2πsinθc
θc < 2π. (6)
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Courbure de l’espace-temps autour d’un trou noir de Schwarzschild
— La m´etrique de Schwarzschild
ds2 = (1 + 2Φ)dt2 − (1 + 2Φ)−1dr2 − r2(dθ2 + sin2θ dφ2), (7) o`u Φ = −GM/c2r, G est la constante newtonienne, c la
vitesse de la lumi`ere, M la masse. Donc Φ est comme le potentiel gravitational sauf que le fait que r n’est pas la distance au centre, c’est juste la coordonn´ee radiale. Ces coordonn´ees de Schwarzschild sont comme les coordonn´ees sph`erique : 0 ≤ θ ≤ π et 0 ≤ φ ≤ 2π sont les coordonn´ees angulaires ; r est la coordonn´ee radiale ; t est la coordonn´ee temporelle.
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 14
— Mais dt n’est pas un intervalle de temps, et dr n’est pas une petite distance. Il faut utiliser la m´etrique pour d´efinir les intervalles physiques. On va voir bientˆot !
— Consid´erons la sous-vari´et´e r = Rs, t = t0. On a dl2 ≡ −ds2
Rs,t0 = R2s(dθ2 + sin2θ dφ2). (8)
— Remarquez-vous que l’intervalle (au carr´e) peut ˆetre n´egatif ou positif. Quand il est n´egatif nous disons que il est « du genre espace »; l’intervalle positif est « du genre temps ».
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 14-1
Table 1 – Interpretation physique de l’intervalle ds2 < 0, dl = √
−ds2
dl = distance propre
dl = distance on mesure avec une r`egle ds2 > 0, √
ds2 = c dτ
dτ = temps propre
dτ = temps on mesure avec une horloge
Les mesures en RR et RG sont effectu´ees avec des horloges et des r`egles au repos. En fait, on define un r´ef´erentiel comme un essemble d’observateurs chaqun portant une horloge et une r`egle avec lesquelles ils font leurs mesures.
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G´ eom´ etrie de Schwarzschild est sph` erique symetrique
— C’est claire `a partir de Eq. (8) que les surfaces obtenues avec t = t0, r = Rs sont les sph`eres. Pourquoi ? Rappelez-vous que toutes les informations g´eom´etriques sont continues dans la m´etrique et donc l’´el´ement lin´eaire. Et d’ailleurs nous savons la m´etrique de la sph`ere a la forme de Eq. (8). Alors, elles sont des sph`eres.
— Nous dissons que l’espace-temps ou g´eom´etrie de
Schwarzschild est sym´etrique sph`erique. En effet, on peut presque trouver la m´etrique Eq. (7) cherchant les
espace-temps qui sont ind´ependents du temps et sym´etriques sph`eriques. C’est la piste normalement utilis´ee pour
introduire l’espace-temps de Schwarzschild (Hobson et al.,
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 16
2010, §9.1) ou (Schutz, 2009, §10.1 et §10.2).
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G´ eom´ etrie de Schwarzschild : sens de r
— Pour calculer la surface d’une sph`ere, on a besoin d’une
´el´ement d’aire, dA, le produit de deux ´el´ements lin´eaires orthogonaux. Est-ce que dθ et dφ sont orthogonaux ? On calcule le produit scalaire entre les vecteurs de base
correspondant,
~eθ ·~eφ = gθφ = 0. =⇒ ~eθ, ~eφ sont orthogonaux
=⇒ dθ, dφ sont orthogonaux (9)
— La distance dans la direction ~eθ lors de changement de
coordonn´ee θ → θ + dθ est donn´ee par l’´el´ement lin´eaire dl2 en Eq. (8)
dl = √
gθθdθ = R0dθ (10)
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 18
— De la mˆeme fa¸con, on a une distance √
gθθdθ = R0 sin θ dans la direction ~eφ, et donc
dA = R20 sinθdθdφ. (11)
— On peut calculer la surface des sph`eres utilisant l’´el´ement lin´eaire dl2 en Eq. (8).
A =
Z π 0
Z 2π 0
dA =
Z π 0
Z 2π 0
(Rsdθ)(Rs sinθ dφ)
= R2s4π. (12)
— Attention ! ! Malgr´e la familiarit´ee de cet expression, on ne peut pas dire que Rs est la distance au centre de la sph`ere ! Les distances sont d´efinis par un int´egral de la racine carr´ee de l’intervalle du genre espace ; voir Table 1 ci-dessus. En effet, pour le trou noir de Schwarzschild il y a un singularit´e
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 19
de coordonn´ee `a r = rs ≡ 2M G/c2 o`u grr = (1 + 2Φ)−1 = 1
1 − 2M Gc2r
s
= ∞
— La sph`ere r = rs est l’horizon de trou noir de Schwarzschild.
Si vous traversez cette sph`ere vous ne pouvez pas resortir.
Mˆeme la lumi`ere ne peut pas ´echapper l’interieur de l’horizon d’un trou noir.
— Restons `a l’ext´erieur de l’horizon ! (L’analyse `a l’int´erieur de l’horizon est bizarre car r devient une coordonn´ee du genre temps et t devient une coordonn´ee du genre espace !).
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L’espace-temps de Schwarzschild est courbe
— On peut trouver les sph`eres dans l’espace plat (espace euclidien ou espace-temps de Minkowski `a un instant du temps). Nous l’avons d´ej`a fait en cours 4 ! Et donc jusqu’`a maintenant c’est n’est pas claire que l’espace est courbe autour d’un trou noire de Schwarzschild.
— Comparons la surface de deux sph`eres avec coordonn´ee
radiale r = R > rs et r = 2R. La surface de la deuxi`eme est 4 fois la premi`ere :
A2
A1 = 4(2R)2π
4R2π = 4.
— Dans l’espace plat, ¸ca implique que la distance entre les
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deux sph`eres est R. Mais dans l’espace-temps de Schwarzschild la distance est :
Z 2R R
q
−ds|t,θ,φ =
Z 2R R
√−grrdr =
Z 2R R
√ 1
1 + 2Φdr 6= R.
— L’espace dans l’espace-temps de Schwarzschild est courbe.
— La courbure d’espace n’est pas comme une sph`ere – c’est plutˆot comme un chapeau.
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 22
Figure 1 – Plongement du plan ´equatoriel coupant la terre. Il y a juste deux dimensions d’espace montr´es. L’hauteur est une dimension imaginaire pour montrer la courbure.
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Figure 2 – Plongement du plan ´equatoriel coupant la terre – pers- pective plus famili`ere.
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 24
Explication qualitative
— Imaginez-vous que la Terre est homog`ene, sph´erique, et
qu’elle ne tourne pas. La g´eom´etrie autour d’elle serait celle de Schwarzschild. Et la g´eom´etrie ne change pas avec le
temps ; elle est permanente et fig´ee comme une statue. En fait, le trou noir de Schwarzschild a la mˆeme g´eom´etrie en dehors de l’horizon.
— On peut mettre en ´evidence la courbure d’un tranche d’espace ou d’espace-temps `a deux dimensions avec la cartographie (diSessa, 1981).
— On a vu que la sph`ere est courbe. Si je coupe la sph`ere en deux morceaux et que je mets les deux morceaux sur une surface plate, ils ne restent pas plats sur la surface. Si je le coupe en 4 morceaux, c’est toujours la mˆeme situation.
Cours 4 : Le sens de la m´etrique 25
— Si je le coupais en beaucoup de morceaux, j’aurais les morceaux tr`es minces. Je n’ai pas chang´e la courbure de chaque morceau mais et j’arriverais `a les aplatir avec
minimum distorsion ! Je vais utiliser cette id´ee tout `a l’heure !
— Ce n’est pas le cas avec le cylindre. Je peux le couper une seule fois, le d´ecouler, et il devient parfaitement plat.
— Pour la sph`ere je peux continuer de la couper en plusieurs morceaux jusqu’`a ce qu’ils paraissent plats, mˆeme si la
courbure reste la mˆeme que la sph`ere de d´epart. Et ¸ca c’est vrai pour n’importe quelle surface en deux dimensions si la surface est lisse. Une surface lisse a une courbure finie ; il n’y a pas de singularit´e.
— La courbure des bords des morceaux met en ´evidence la courbure globale de la surface. Pour reconstruire la surface globale, il faut mentalement «recoudre» les bords, sans d´etendre la surface, c’est `a dire ne pas changer la distance
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entre les points.
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Figure 3 – Qu’est-ce qu’il y a dans l’espace blanc sur la carte ? Par exemple, l’espace entre les deux cot´es de Grœnland ? Rien ! Il s’agit du n´eant ! La surface de la terre consiste uniquement en la r´egion color´ee de la carte !
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Courbure d’espace ` a 3 dimensions
— Rappelez-vous que nous parlons de la surface, une chose en deux dimensions. Nous avons, juste pour l’instant, imagin´e que la troisi`eme dimension d’espace n’existe pas. Bien
entendu c’est normal d’imaginer la surface courbe dans la troisi`eme dimension, mais ce n’est pas n´ecessaire de
r´eintroduire la troisi`eme dimension quand on recoud les bords des morceaux.
— ¸Ca c’est le grand effort d’imagination qu’on doit faire pour comprendre la courbure d’espace.
— Quand vous ˆetes `a l’aise avec cette id´ee de la courbure pour l’espace en deux dimensions, vous devez simplement faire exactement pareil pour l’espace en trois dimensions. C’est `a dire, vous devez imaginer qu’il est possible d’avoir une
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courbure dans l’espace `a trois dimensions. Je ne peux pas facilement le dessiner, mais ce n’est pas important.
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Bibliographie R´ ef´ erences
diSessa, A. A. (1981), An elementary formalism for general relativity, Am. J. Phys., 49(5), 401–411.
Hobson, M., G. Efstathiou, and A. Lasenby (2010), Relativit´e G´en´erale, de boeck, Bruxelles.
Schutz, B. (2009), A first course in General Relativity, Cambridge University Press, Cambridge UK.
Taillet, R., V. Villain, and P. Febvre (2009), Dictionnaire de physique, de boeck, Bruxelles.