MAP 411 : Analyse numérique et optimisation
TD2/TP1 (16 novembre 2016)
Différences Finies en temps et en espace
Corrections
Exercice 1
Equation de diffusion-chaleur Soient T un réel strictement positif, ν > 0 un coef- ficient de diffusion (unité : m 2 /s) et u 0 ∈ C 0 ( R ) une fonction donnée 1-périodique. On s’intéresse à l’équation de la chaleur :
Chercher u : R × [0, T ] → R 1-périodique telle que
∂u
∂t (x, t) − ν ∂ 2 u
∂x 2 (x, t) = 0 ∀(x, t) ∈ R ×]0, T [, u(x, 0) = u 0 (x) ∀x ∈ R.
(1)
6. Consistance. On suppose u(x, t) suffisamment régulière pour effectuer les développe- ments de Taylor.
U ¯ j n+1 − U ¯ j n
∆t = θ
U ¯ j n+1 − U ˜ j n
∆t + (1 − θ)
U ¯ j n+1 − U ¯ j n
∆t
On effectue respectivement pour chacun des deux termes un développement de Taylor à l’ordre 3 en temps en t n+1 respectivement t n , il vient :
θ u(x j , t n+1 ) − u(x j , t n )
∆t = θ
"
∂u
∂t (x j , t n+1 ) − ∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n+1 )
#
+ O(∆t 2 ) et
(1 − θ) u(x j , t n+1 ) − u(x j , t n )
∆t = (1 − θ)
"
∂u
∂t (x j , t n ) + ∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n )
#
+ O(∆t 2 ) En effectuant le développement à l’ordre 4 en espace des 2 autres termes intervenant dans η n j il vient :
−θν
U ¯ j+1 n+1 − 2 ¯ U j n+1 + ¯ U j−1 n+1
∆x 2 = −θν ∂ 2 u
∂x 2 (x j , t n+1 ) + O(∆x 2 ) et
−(1 − θ)ν
U ¯ j+1 n − 2 ¯ U j n + ¯ U j−1 n
∆x 2 = −(1 − θ)ν ∂ 2 u
∂x 2 (x j , t n ) + O(∆x 2 ) En regroupant, on obtient :
η j n = θ
"
∂u
∂t (x j , t n+1 ) − ν ∂ 2 u
∂x 2 (x j , t n+1 )
#
+ (1 − θ)
"
∂u
∂t (x j , t n ) − ν ∂ 2 u
∂x 2 (x j , t n )
#
−θ ∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n+1 ) + (1 − θ) ∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n ) + O(∆x 2 ) + O(∆t 2 )
= −θ
"
∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n+1/2 ) + O(∆t)
#
+ (1 − θ)
"
∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n+1/2 ) + O(∆t)
#
+O(∆x 2 ) + O(∆t 2 )
= (1 − 2θ) ∆t 2
∂ 2 u
∂t 2 (x j , t n+1/2 ) + O(∆x 2 ) + O(∆t 2 )
où on a noté t n+1/2 = (n + 1/2)∆t. Le schéma est donc consistant au moins à l’ordre 1 en temps et 2 en espace. Dans le cas où θ = 1/2 il est d’ordre 2 en temps, ce schéma est appelé schéma de Crank-Nicolson. L’ordre maximal est obtenu si u est de classe C 4 en espace et de classe C 2 en temps pour θ 6= 1/2 et de classe C 3 en temps pour θ = 1/2.
7. Stabilité L 2 du θ-schéma par analyse de Fourier. Rappellons le principe de l’étude de la stabilité L 2 par analyse de Fourier
(a) Pour tout 0 ≤ n ≤ N − 1, on introduit la fonction ˜ u n (x), 1-périodique, constante par morceaux telle que pour tout 1 ≤ j ≤ J :
u ˜ n (x) = U j n ∀x ∈]x j−
1 2, x j+
12
[ (b) On décompose la fonction ˜ u n (x) en série de Fourier, ∀x ∈ [0, 1]
u ˜ n (x) = X
k∈ Z
u ˆ n k e 2iπkx avec ∀k ∈ Z
u ˆ n k = Z 1
0
u ˜ n (x) e −2iπkx dx
(c) On utilise la formule de Plancherel qui relie le produit scalaire dans L 2 (]0, 1[) au produit scalaire dans C Z des coefficients de la série de Fourier
Z 1 0
u(x) v(x)dx = X
k∈
Zu ˆ k v c k
pour obtenir les relations entre norme k.k 2 dans R J et norme L 2 dans C Z (on a le même résultat pour les produits scalaires associés).
kU n k 2 2 =
J
X
j=1
∆x|U j n | 2 =
J
X
j=1
Z x
j+ 12
x
j−1 2|U j n | 2 dx
=
J
X
j=1
Z x
j+ 12
x
j−1 2|˜ u n (x)| 2 dx = k u ˜ n k 2 L
2(]0,1[) = X
k∈
Z|ˆ u n k | 2
où on a utilisé la 1-périodicité de ˜ u n .
(d) On déduit du schéma aux différences finies une relation de la forme ˆ u n+1 k = A k u ˆ n k pour tout k ∈ Z . Pour cela on utilise le fait que la transformation en série de Fourier transforme un opérateur de translation en multiplication par un complexe : soit v une fonction 1-périodique et δ un réel, on note v(. + δ) la fonction translatée de δ, on a
v(. \ + δ) k = Z 1
0
v(x + δ) e −2iπkx dx = Z 1+δ
δ
v(y) e −2iπk(y−δ) dy
= e +2iπkδ Z 1+δ
δ
v(y) e −2iπky dy = e +2iπkδ Z 1
0
v(y) e −2iπky dy
= e +2iπkδ v ˆ k
On établit alors la condition pour laquelle |A k | ≤ 1 pour tout mode k ∈ Z dite condition
de stabilité de Von Neumann.
(e) Sous cette condition, on déduit que pour tout 0 ≤ n ≤ N , kU n k 2 =
X
k∈
Z|ˆ u n k | 2
1/2
≤
X
k∈
Z|ˆ u 0 k | 2
1/2
= kU 0 k 2 qui assure la stabilité L 2 du schéma.
Le θ-schéma se réécrit sous la forme, pour tout x ∈ [0, 1] : U n+1 = B θ I B θ E U n = A θ U n , soit
u ˜ n+1 (x) − u ˜ n (x)
∆t − θν u ˜ n+1 (x + ∆x) − 2˜ u n+1 (x) + ˜ u n+1 (x − ∆x)
∆x 2
− (1 − θ)ν u ˜ n (x + ∆x) − 2˜ u n (x) + ˜ u n (x − ∆x)
∆x 2 = 0.
En observant que
e 2iπk∆x − 2 + e −2iπk∆x = 2(cos(2πk∆x) − 1) = −4 sin 2 (πk∆x) il vient par transformation en série de Fourier pour tout k ∈ Z :
(1 + 4θCo d sin 2 (πk∆x))ˆ u n+1 k = (1 − 4(1 − θ)Co d sin 2 (πk∆x))ˆ u n k .
D’où comme 1+4θCo d sin 2 (πk∆x) ≥ 1 (ce qui remontre que la matrice B I θ est inversible) ,
A θ k = 1 − 4Co d sin 2 (πk∆x) 1 + 4θCo d sin 2 (πk∆x) ≤ 1
La condition de stabilité de Von Neumann s’écrit donc pour tout k ∈ Z , A θ k ≥ −1, soit 4Co d sin 2 (πk∆x)
1 + 4θCo d sin 2 (πk∆x) ≤ 2 ou encore
2Co d (1 − 2θ) sin 2 (πk∆x) ≤ 1 ∀k ∈ Z
Sous la condition 2Co d (1 − 2θ) ≤ 1, le critère est vérifié pour tout k. Si 1 − 2θ ≤ 0, la stabilité est inconditionnelle. Si 1 − 2θ > 0, on a stabilité sous la condition
Co d ≤ 1 2(1 − 2θ) soit en utilisant les pas de temps et d’espace
ν∆t
∆x 2 ≤ 1
2(1 − 2θ) si θ < 1 2
Quand ∆x → 0, on a sin 2 (πk∆x) ' π 2 k 2 ∆x 2 = π 2 k 2 ν∆t/Co d , et donc A θ k → A θ,0 k avec A θ,0 k = 1 − 4π 2 k 2 ν∆t
1 + 4θπ 2 k 2 ν∆t
En réécrivant ˆ u n+1 k = A θ,0 k u ˆ n k , on obtient le schéma : u ˆ n+1 k − u ˜ n k
∆t + 4θπ 2 k 2 ν u ˆ n+1 k + 4(1 − θ)π 2 k 2 ν u ˆ n k = 0
qui n’est autre que la discrétisation par un θ-schéma en temps de l’équation différentielle vérifiée par les fonctions ˆ u k (t) coefficients de Fourier de la solution exacte. La condition de stabilité sur A θ,0 k est comme A θ,0 k ≤ 1 est toujours vérifiée,
4π 2 k 2 ν∆t(1 − 2θ) ≤ 2
En notant a k = 4π 2 k 2 ν, on étend les résultats obtenus au TD précédent pour les schémas Euler implicite et explicite à tous les θ-schémas d’Euler : Si 1 − 2θ ≤ 0, il y a stabilité inconditionnnelle (en particulier pour θ = 1 Euler implicite) , si 1 −2θ > 0, on a stabilité sous la condition :
∆t ≤ 2
a k (1 − 2θ) (en particulier on retrouve ∆t ≤ 2
kAk pour θ = 0 Euler explicite).
8. Convergence en norme L 2 . On regroupe les résultats de consistance et de stabilité.
On a par récurrence immédiate, e 0 étant nul, d’après
(B θ I ) −1 e n+1 = B E θ e n − ∆tη n , (2) pour tout 0 ≤ n ≤ N − 1,
e n+1 = −∆t
n
X
k=0
h B I θ B E θ i n−k (B I θ )η k
Donc pour tout 1 ≤ n ≤ N ,
ke n k 2 ≤ ∆t
n−1
X
k=0
kA θ k n−1−k 2 kB θ I k 2 kη k k 2
Nous avons montré à la question précédente que kA θ k 2 ≤ 1 (sous condition CFL si θ < 1/2). De plus kB I θ k 2 ≤ 1, en effet si Y = B I θ X, il vient (I + θCo d B)Y = X et donc par positivité de B
kY k 2 2 =< Y, Y >≤< Y, Y > + < θCo d BY, Y >=< X, Y >≤ kXk 2 kY k 2
soit kY k 2 = kB θ Xk 2 ≤ kXk 2 . On peut aussi démontrer ce résultat par transformée de Fourier : l’opérateur B I θ devient le facteur multiplicatif pour chaque mode k ∈ Z :
(B I θ ) k = 1
1 + 4θCo d sin 2 (πk∆x) ≤ 1 Enfin on utilise le résultat de consistance : pour tout 0 ≤ k ≤ n − 1
kη k k 2 =
J
X
j=1
∆x|η k j | 2
1 2