Universit´ e Claude Bernard Lyon 1
M1 – G´ eom´ etrie
Corrig´ e du contrˆ ole continu 2 du lundi 22 octobre 2018
Les documents sont autoris´ es mais les calculettes et les t´ el´ ephones por- tables sont interdits. Il sera tenu compte de la qualit´ e de la r´ edaction pour l’attribution d’une note.
Probl` eme. – Le but de ce probl` eme est d’´ etudier l’effet sur les courbes de l’application suivante :
Ψ : R
2−→ R
2(ρ, θ) 7−→ (ρ cos θ, ρ sin θ)
Attention : contrairement aux coordonn´ ees polaires usuelles, l’ensemble de d´ epart ´ etant R
2, on permet ` a ρ d’ˆ etre n´ egatif.
Premi` ere partie : ´ Etude d’exemples
1) ´ Ecrire l’´ equation cart´ esienne de l’image par Ψ des droites suivantes : i) ρ = a avec a ∈ R .
ii) θ = a avec a ∈ R .
R´ep.– i) Notons (x(θ), y(θ)) = (acosθ, asinθ) les coordonn´ees du point Ψ(a, θ). On a : x2(θ) +y2(θ) =a2.
Par cons´equent Ψ({ρ = a}) est inclu dans le cercle de rayon |a| et de centre l’origine.
R´eciproquement, siP = (x, y) est un point de ce cercle et siθest l’angle entre l’horizontale et le rayon [OP] alors (x, y) = (|a|cosθ,|a|sinθ). C’est donc que P = Ψ(a, θ) sia >0 ou queP = Ψ(a, θ+π) sia <0.
ii) Notons (x(ρ), y(ρ)) = (ρcosa, ρsina) les coordonn´ees du point Ψ(ρ, a).On a sina x(ρ)−cosa y(ρ) = 0.
Par cons´equent Ψ({θ=a}) est inclu dans la droite passant par l’origine et faisant un angle aavec l’horizontale. R´eciproquement, siP = (x, y) est un point de cette droite et siρest la distance entreP et l’origine, alors (x, y) =(ρcosa, ρsina) avec=±1. C’est donc que
P = Ψ(ρ, a) si= 1 ou queP = Ψ(−ρ, a) si=−1.
2) Soit a ∈ R
∗. On consid` ere la courbe θ 7→ α(θ) = Ψ(aθ, θ) avec θ ∈ R . i) Montrer que la courbe α est r´ eguli` ere.
ii) Montrer que la courbure k
algen tout point θ ∈ R vaut k
alg(θ) = 2 + θ
2a(1 + θ
2)
3/2. iii) D´ eterminer sa d´ eriv´ ee k
0alg.
iv) En d´ eduire que l’image de la droite ρ = aθ est compos´ ee de l’origine et de l’union de deux spirales.
R´ep.– Pour les calculs, on peut ´evidemment directement appliquer les formules du cours relatives aux courbes en polaires ou passer en notation complexe.
i) On a α(θ) =a(θcosθ, θsinθ) d’o`u
α0(θ) =a(cosθ−θsinθ,sinθ+θcosθ) et kα0(θ)k2=a2(1 +θ2)≥a2>0 est r´eguli`ere.
ii) On a
α00(θ) =a(−2 sinθ−θcosθ,2 cosθ−θsinθ) d’o`u
kalg(θ) = 1 a
(cosθ−θsinθ)(2 cosθ−θsinθ)−(sinθ+θcosθ)(−2 sinθ−θcosθ) (1 +θ2)3/2
NotonsA le num´erateur. On a
A = 2 cos2θ−3θsinθcosθ+θ2sin2θ
+ 2 sin2θ+ 3θsinθcosθ+θ2cos2θ
= 2 +θ2 Finalement
kalg(θ) = 2 +θ2 a(1 +θ2)3/2. iii) On a
k0alg(θ) = 2θ(1 +θ2)3/2−(2 +θ2)(3θ(1 +θ2)1/2) a(1 +θ2)3
= 2θ(1 +θ2)−3θ(2 +θ2) a(1 +θ2)5/2
= − θ(4 +θ2) a(1 +θ2)5/2
iv) On akalg0 (θ) = 0 ⇐⇒ θ= 0 ainsiαrestreinte `aR>0est une spirale. Il en est de mˆeme de sa restriction `a R<0.
3) Le but de cette question est de dessiner le support de α pour a = 1. On distingue deux cas selon que θ ≥ 0 ou que θ < 0.
i) ´ Etudier α pour θ ∈ [0, +∞[ et tracer le support α([0, +∞[).
ii) Soit R la r´ eflexion par rapport ` a l’axe des ordonn´ ees R(x, y) = (−x, y).
Montrer que pour tout θ ∈ R on a α(−θ) = R(α(θ)).
iii) Dessiner le support de α pour θ ∈ ] − ∞, 0[.
R´ep.– i) et iii)
A gauche : le support` α([0,+∞[), `a droite le supportα(]− ∞,+∞[) ii) On a
α(−θ) = (−θcos(−θ),−θsin(−θ)) = (−θcosθ, θsinθ) =R(α(θ)).
Deuxi` eme partie : Effet de Ψ sur les courbes passant par l’origine
Soient I un intervalle ouvert contenant 0 et δ : I → R
2t 7→ (ρ(t), θ(t))
une courbe param´ etr´ ee bir´ eguli` ere de classe C
∞. On consid` ere la courbe pa- ram´ etr´ ee γ = Ψ ◦ δ : I → R
2' C , t 7→ ρ(t)e
iθ(t).
4) Montrer que si γ ne passe pas par l’origine alors γ est r´ eguli` ere.
R´ep.– Identifions R2 avec Cet posons δ(t) = (ρ(t), θ(t)) ainsi γ(t) = ρ(t)eiθ(t). On a γ0= (ρ0+iθ0ρ)eiθ d’o`u
γ0(t) = 0 ⇐⇒
ρ0(r) = 0 θ0(t)ρ(t) = 0
Commeγ ne passe pas par l’origine, on aρ(t)6= 0 pour toutt∈I.Par cons´equent γ0(t) = 0 ⇐⇒
ρ0(r) = 0
θ0(t) = 0 ⇐⇒ δ0(t) = 0.
Puisque δest r´eguli`ere, on en d´eduit qu’il en est de mˆeme pourγ.
5) On suppose maintenant que δ passe par l’origine au temps t = 0 tout en restant bir´ eguli` ere : δ(0) = (0, 0).
i) Montrer que γ est r´ eguli` ere en t = 0 si et seulement si la tangente ` a δ en t = 0 n’est pas verticale.
ii) Montrer que γ est bir´ eguli` ere en t = 0 (i.e. γ
0(0) et γ
00(0) sont lin´ eairement ind´ ependants) si et seulement si la tangente ` a δ en t = 0 n’est ni verticale, ni horizontale.
R´ep.– i) D’apr`es le calcul pr´ec´edent et le fait queρ(0) = 0, on a γ0(0) =ρ0(0)eiθ(0).Le vecteur directeur de la tangente `aδent= 0 estδ0(0) = (ρ0(0), θ0(0))6= (0,0).Puisque par hypoth`ese, cette tangente n’est pas verticale, c’est que ρ0(0)6= 0. Ainsiγ0(0)6= 0.
ii) On a
γ00 = (ρ00+iθ00ρ+iθ0ρ0)eiθ+iθ0(ρ0+iθ0ρ)eiθ
= (ρ00−θ02ρ) +i(θ00ρ+ 2θ0ρ0) eiθ Puisque ρ(0) = 0,
γ00(0) = (ρ00(0) + 2iθ0(0)ρ0(0))eiθ(0)
Ainsi γ0(0) et γ00(0) sont lin´eairement ind´ependants si et seulement si ρ0(0)θ0(0) 6= 0.
Puisque γ0(0) =ρ0(0)eiθ(0),on en d´eduit :
γ bir´eguli`ere ent= 0 ⇐⇒ ρ0(0)6= 0 etθ0(0)6= 0.
Or, l’hypoth`ese sur la tangente deδsignifie pr´ecis´ement queρ0(0)6= 0 etθ0(0)6= 0.
6) On suppose maintenant que δ est bir´ eguli` ere, passe par l’origine au temps t = 0 et que sa tangente en ce point est verticale. En particulier, γ n’est pas r´ eguli` ere au temps t = 0.
i) Montrer que γ
00(0) = ρ
00(0)e
iθ(0)avec ρ
00(0) 6= 0.
ii) On admet que
000 000 0 00
Montrer que γ admet un point de rebroussement de premi` ere esp` ece en t = 0.
R´ep.– i) D’apr`es les calculs effectu´es pr´ec´edemment on a
γ00(0) =ρ00(0) + 2iθ0(0)ρ0(0))eiθ(0)=ρ00(0)eiθ(0) car l’hypoth`ese sur la tangente deδ impliqueρ0(0) = 0. Concernantδ, on a
δ0(0) = (0, θ0(0)) et δ00(0) = (ρ00(0), θ00(0)).
Puisque δest bir´eguli`ere, on a n´ecessairementθ0(0)6= 0 etρ00(0)6= 0.
ii) On a
γ000 = (ρ000−2θ0θ00ρ−θ02ρ0) +i(θ000ρ+θ00ρ0+ 2θ00ρ0+ 2θ0ρ00) eiθ +iθ0 (ρ00−θ02ρ) +i(θ00ρ+ 2θ0ρ0)
eiθ .
Deρ(0) =ρ0(0) = 0, il d´ecoule que
γ000(0) = (ρ000(0) + 3iθ0(0)ρ00(0))eiθ(0)
(ce calcul n’est pas demand´e, il figure dans cette correction `a titre informatif). Puisque θ0(0)6= 0 etρ00(0)6= 0, on en d´eduit que γ00(0) etγ000(0) sont lin´eairement ind´ependants.
D’apr`es le cours, cela signifie quet= 0 est un point de rebroussement de premi`ere esp`ece.
Troisi` eme partie : Effet d´ esingularisant de Ψ
−1Soient p et q deux entiers tels que 0 < p < q avec p pair et q impair. On note C
p,q(I) l’ensemble des courbes param´ etr´ ees γ : I −→ R
≥0× R de classe C
∞telles que :
a) γ(0) = (0, 0),
b) pour tout t ∈ I, x(t) ≥ 0 avec ´ egalit´ e si et seulement si t = 0,
c) x
(k)(0) = 0 pour tout 0 ≤ k < p, y
(k)(0) = 0 pour tout 0 ≤ k < q et x
(p)(0) 6= 0 et y
(q)(0) 6= 0.
Ces conditions impliquent que la courbe γ admet en t = 0 un point de re- broussement de premi` ere esp` ece si q est impaire et de seconde esp` ece sinon.
7) Montrer que t 7→ (t
p, t
q) est dans C
p,q( R ). Dessiner le support de cette courbe pour (p, q) = (2, 3).
R´ep.– Les v´erifications sont imm´ediates. La courbe correspondant `a (p, q) = (2,3) des- sine un point de rebroussement de premi`ere esp`ece.
8) Soit γ ∈ C
p,q(I). Montrer que : i) lim
t→0 y(t)x(t)
= 0.
ii) arctan
y(t) x(t)
=
p!q!yx(q)(q)(0)(0)t
q−p+ o(t
q−p) (on rappelle que arctan x = x + o(x)).
iii) p
x
2(t) + y
2(t) =
x(p)p!(0)t
p+ o(t
p) (on rappelle que √
1 + x
2= 1 +
x22+ o(x
2)).
R´ep.– i) On a
x(t) = x(p)(0)
p! tp+o(tp) et y(t) = y(q)(0)
q! tq+o(tq) d’o`u
y(t)
x(t) = p!y(q)(0)
q!x(p)(0)tq−p+o(tq−p) et limt→0y(t)
x(t)= 0.
ii) Puis
px2(t) +y2(t) =x(t) s
1 + y(t)
x(t) 2
=
x(p)(0)
p! tp+o(tp) q
1 +o(t2(q−p−1)) Par cons´equent
px2(t) +y2(t) =x(p)(0)
p! tp+o(tp).
iii) Enfin, de arctanx=x+o(x), on d´eduit arctan
y(t) x(t)
= p!y(q)(0)
q!x(p)(0)tq−p+o(tq−p).
Pour tout γ ∈ C
p,q(I), on d´ efinit e γ : I −→ R
≥0× R
t 7−→ ( x(t) = e p
x
2(t) + y
2(t), y(t) = arctan e
y(t)x(t))
On convient que, en t = 0, l’´ ecriture arctan
x(0)y(0)signifie 0 et on admet que e γ est C
∞.
9) Soit γ ∈ C
p,q(I). Montrer que Ψ ◦ e γ = γ.
R´ep.– Sit= 0 alors (Ψ◦γ)(0) = (0,e 0) =γ(0).Supposonst6= 0. Par d´efinition de Ψ on a
(Ψ◦eγ)(t) =p
x2(t) +y2(t)eiarctan
y(t) x(t)
ce qui est l’´ecriture en polaire de γ.
10) Soit γ ∈ C
p,q(I) (avec toujours p pair).
i) Montrer que si q − p > p alors e γ ∈ C
p,q−p(I). La nature du point de rebroussement en t = 0 est-elle conserv´ ee ?
ii) Montrer que si q − p < p alors e γ pr´ esente en t = 0 un point ordinaire (on dit alors que l’on a
r´ esolu
le point singulier).
iii) Montrer qu’en it´ erant un nombre fini de fois l’application γ 7→ γ e , on obtient une courbe qui pr´ esente en t = 0 un point ordinaire.
R´ep.– i) Il d´ecoule directement de la d´efinition deeγ que eγ(0) = (0,0) et que ex(t)≥0 avec ´egalit´e si et seulement sit= 0.Si q−p > p, les r´esultats de la question 6 montrent que les pointsbetcde la d´efinition sont satisfaits pour la paire d’entiers (p, q−p).Puisque l’entier pest pair,q−pet qsont de mˆeme parit´e et la nature du point de rebroussement reste inchang´ee.
ii) Si q−p < palors la (q−p)-`eme d´eriv´ee deγe(q−p)(0) devient la premi`ere d´eriv´ee non nulle. Son ordre est impair. La d´eriv´eeeγ(p)(0) devient la premi`ere d´eriv´ee d’ordre sup´erieur
`
aq−plin´eairement ind´ependante deeγ(q−p)(0).Son ordre est pair. Le pointt= 0 est donc un point ordinaire.
iii) ´Ecrivons la division euclidienne deqparp: on aq=mp+ravecm∈N∗et 1≤r≤p−1 (rne peut pas valoir z´ero carqetpn’ont pas la mˆeme parit´e). Notonsγ1pourγ,e γ2 pour γe1 = eeγ, etc... D’apr`es la question pr´ec´edente, la courbe γm pr´esente en t = 0 un point ordinaire.