applications
Dans ce chapitre, K d´esigneraR ou C.B(0;R) d´esignera la boule ouverte de centre 0 et de rayon R >0.
1 G´ en´ eralit´ es
D´efinition 1 Soit f une application deKdansK. On dit que f est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 s’il existe une s´erie enti`ere P
n>0
anxn de rayon de convergence R >0 et un voisinage V de 0 tels que :
∀x∈V ∩B(0;R), f(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
Si z0 ∈K, on dit que f est d´eveloppable en s´erie enti`ere en z0 s’il existe une s´erie enti`ere P
n>0
anzn de rayon de convergence R >0 et un voisinage V de z0 tels que :
∀z∈V ∩B(z0;R), f(z) =
+∞
X
n=0
an(z−z0)n.
Remarque : Siz0 ∈K, alors f admet un d´eveloppement en s´erie enti`ere en z0 si et seulement si la fonction g d´efinie surKparg(z) =f(z+z0) admet un d´eveloppement en s´erie enti`ere en 0. C’est la raison pour laquelle nous nous int´eresserons dans la suite aux d´eveloppements en s´erie enti`ere en 0.
2 S´ eries de Taylor
Proposition 1 Soit f une fonction de R dans K, d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0. Il existe un voisinage V de 0 et une s´erie enti`ere P
n>0
anxn de rayon de convergence R >0 telle que :
∀x∈V∩]−R;R[, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
Alors f est de classe C∞ sur V∩]−R;R[et :
∀n∈N, an= f(n)(0) n! .
Preuve - NotonsS la fonction somme.S est d´efinie sur ]−R;R[ par : S(x) =
+∞
X
n=0
anxn. On sait que S est de classe C∞ sur ]−R;R[ et que :
∀n∈N, an= S(n)(0) n! .
(voir le chapitre sur les s´eries enti`eres).f etS co¨ıncident surV∩]−R;R[ donc f est de classe C∞ sur V∩]−R;R[ et on a :
∀n∈N, an= S(n)(0)
n! = f(n)(0) n! .
2
D´efinition 2 Si f est une fonction de R dans K, d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0, la s´erie P
n>0 f(n)(0)
n! xn est appel´ee s´erie de Taylor de f en 0.
Remarque :La r´eciproque de la proposition 1 est fausse. En effet, consid´erons la fonctionf d´efinie sur Rpar :
f(x) =
( e−x21 six6= 0 0 six= 0
f est de classeC∞ surR∗. Montrons par r´ecurrence la propri´et´e suivante :
∀n∈N, ∃Pn∈R[X], x∈R∗, f(n)(x) = Pn(x) x3n e−x21 . Pour n∈N, notonsP r(n) la propri´et´e :
∃Pn∈R[X], x∈R∗, f(n)(x) = Pn(x) x3n e−x21 . n= 0 :P0 = 1 doncP r(0) est vraie ;
n= 1 :f est d´erivable surR∗ et on a :
∀x∈R∗, f′(x) = 2 x3e−x21 doncP1 = 2 et doncP r(1) est vraie ;
Soit n∈N∗. SupposonsP r(n) vraie :
∀x∈R∗, f(n)(x) = Pn(x) n3n e−x21 . f(n) est d´erivable surR∗ et on a :
∀x∈R∗, f(n+1)(x) =
x3Pn′(x) + 3nx2Pn(x) + 2Pn(x) x3(n+1)
e−x21 .
Donc P r(n+ 1) est vraie et donc P r(n) est vraie pour tout n∈N.
Pour tout entier natureln,f(n) est continue en 0, f(n) est d´erivable surR− {0} etf(n+1) admet 0 pour limite en 0 doncf(n)est d´erivable en 0 et f(n+1)(0) = 0. Par cons´equent, f admet 0 comme d´eveloppement en s´erie de Taylor en 0, mais f ne s’annulant qu’en 0, il n’existe pas de voisinage V de 0 tel que :
∀x∈V, f(x) =
+∞
X
n=0
f(n)(0)
n! xn= 0.
Proposition 2 Soient V un voisinage de 0 dans R, f une fonction de V dans K admettant un d´eveloppement en s´erie enti`ere en 0, not´e P
n>0
anxn. – Si f est paire, alors : ∀n∈N, a2n+1 = 0; – Si f est impaire, alors : ∀n∈N, a2n= 0.
Preuve - NotonsR le rayon de convergence de la s´erie P
n>0
anxn. On a :
∀x∈V∩]−R;R[, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
Soit I un intervalle sentr´e en 0, inclus dans V∩]−R; [R[. Soit g la fonction d´efinie sur I par g(x) =f(−x). On a :
∀X∈I, g(x) =
+∞
X
n=0
an(−x)n=
+∞
X
n=0
(−1)nanxn. Sif est paire, alorsf =g, c’est-`a-dire :
∀x∈I, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn=
+∞
X
n=0
(−1)nanxn.
Le d´eveloppement en s´erie enti`ere ´etant unique, on en d´euit :
∀n∈N, (−1)nan=an. Pour nimpair, on a alors −an=an, c’est-`a-dire an= 0.
Soit h la fonction d´efinie surI parh(x) =−f(−x). On a :
∀x∈I, h(x) =−
+∞
X
n=0
an(−x)n=
+∞
X
n=0
(−1)n+1anxn. si f est impaire, alorsf =h, donc :
∀x∈I, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn=
+∞
X
n=0
(−1)n+1anxn.
Le d´eveloppement en s´erie enti`ere ´etant unique, on en d´eduit :
∀n∈N, (−1)n+1an=an.
Pour npair, on a alors −an=an, c’est-`a-direan= 0. 2
Proposition 3 Soient a >0, f une fonction d´efinie sur ]−a;a[, `a valeurs dans K, de classe C∞. Soit n∈N. La formule de Taylor avec reste int´egral donne :
∀x∈]−a;a[, f(x) =
n
X
k=0
f(k)(0) k! xk+
Z x
0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt.
Pour que f soit d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0, il faut et il suffit qu’il existe b∈]0;a]tel que :
∀x∈]−b;b[, Z x
0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt−−−−−→
n→+∞ 0.
Preuve - Supposons que f soit d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0. Il existe alors une s´erie enti`ere P
n>0
anxn de rayon de convergenceR >0 et un voisinageV de 0 inclus dans ]−a;a[ tels que :
∀x∈V∩]−R;R[, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn. Soit b∈]0;a] tel que ]−b;b[⊂V∩]−R;R[. D’apr`es la proposition 1, on a :
∀n∈N, an= f(n)(0) n! . Soit x∈]−b;b[. Soitn∈N.
f(x)−
n
X
k=0
f(k)(0)
k! xk−−−−−→
n→+∞ 0 c’est-`a-dire
Z x
0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt−−−−−→
n→+∞ 0.
Supposons maintenant qu’il existe b∈]0;a] tel que :
∀x∈]−b;b[, Z x
0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt−−−−−→
n→+∞ 0.
Soient n∈N,x∈]−b;b[.
n
X
k=0
f(k)(0)
k! xk=f(x)− Z x
0
(x−t)n
n! f(n+1)(t)dt−−−−−→
n→+∞ f(x).
Donc P
k>0 f(k)(0)
k! xkconverge versf(x) et ceci pour toutx∈]−b;b[. Le rayonRde P
k>0 f(k)(0)
k! xk v´erifie 0< b6R et doncf est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0. 2
3 Op´ erations sur les s´ eries enti` eres
3.1 Combinaison lin´eaire
Proposition 4 Soientλ∈K, f et g deux applications deKdansKadmettant pour d´eveloppements en s´erie enti`ere respectifs P
n>0
anzn et P
n>0
bnzn. Alors f+λg est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et on a au voisinage de 0 :
(f +λg)(x) =
+∞
X
n=0
(λan+bn)zn.
Preuve - Notons R et R′ les rayons de convergences respectifs de P
n>0
anzn et P
n>0
bnzn. f est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 doncR >0 et il existe un voisinageV de 0 tel que :
∀z∈V ∩B(0;R), f(z) =
+∞
X
n=0
=anzn.
g est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 donc R′ >0 et il existe un voisinage V′ de 0 tel que :
∀z∈V′∩B(0;R′), g(z) =
+∞
X
n=0
=bnzn.
Le rayonR1 de la s´erie enti`ere P
n>0
(λan+bn)zn est strictement positif carR1 >min(R, R′), R >0 etR′ >0. Soit V′′=V ∩V′.V′′ est un voisinage de 0 et on a :
∀z∈V′′∩B(0;R1), (λf+g)(x) =
+∞
X
n=0
(λan+bn)zn.
(voir le chapitre sur les s´eries enti`eres). 2
3.2 Produit
Proposition 5 Soient f et g deux applications de K dans K admettant pour d´eveloppements en s´erie enti`ere respectifs P
n>0
anzn et P
n>0
bnzn. Alors fg est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et on a auvoisinage de 0 :
(f g)(z) =
+∞
X
n=0
anzn
! +∞
X
n=0
bnzn
!
=
+∞
X
n=0
cnzn o`u
∀n∈N, cn=
n
X
k=0
akbn−k.
Preuve - Reprenons les notations de la preuve de la proposition 4. Consid´erons la s´erie P
n>0
cnzn, produit de Cauchy de P
n>0
anznet P
n>0
bnzn. NotonsR2 le rayon de convergence de cette s´erie.R2>0
car R2 >min(R, R′),R >0 et R′ >0. On sait que pour tout z∈C v´erifiant|z|< R2, on a :
+∞
X
n=0
anzn
! +∞
X
n=0
bnzn
!
=
+∞
X
n=0
cnzn c’est-`a-dire
(f g)(z) =
+inf ty
X
n=0
cnzn.
f g est donc d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0, le d´eveloppement ´etant donn´e ci-dessus. 2
3.3 D´erivation
Proposition 6 Soit f une application de R dans K, d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0, dont le d´eveloppement est P
n>0
anxn. Alorsf′ est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et au voisinage de 0 :
f′(x) =X
n>1
nanxn−1.
Preuve - Soit Rle rayon de convergence de la s´erie P
n>0
anxn.R >0 et il existe un voisinageV de 0 tel que :
∀x∈V∩]−R;R[, f(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
On sait que f est de classe C∞ sur V∩]−R;R[ (voir chapitre sur les s´eries enti`eres). On sait par ailleurs que :
∀x∈V∩]−R;R[,
+∞
X
n=0
anxn
!′
=
+∞
X
n=1
nanxn−1 donc
∀x∈V∩]−R;R[, f′(x) =
+∞
X
n=1
nanxn−1.
Le rayon de convergence de la s´erie d´eriv´ee est R > 0 (voir chapitre sur les s´eries enti`eres). Par cons´equent,f′ est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et on a au voisinage de 0 :
f′(x) =
+∞
X
n=1
nanxn−1.
2
4 D´ eveloppements usuels
4.1 Fonction exp
Le fonction exp est d´efinie surR, `a valeurs dansR∗+, par exp(x) =ex. exp est de classeC∞ surR et on a :
∀n∈N, exp(n)= exp donc
∀n∈N,exp(n)(0) = 1.
Appliquons la formule de Taylor avec reste int´egral. On a :
∀n∈N, ∀x∈R, exp(x) =
n
X
k=0
1 k!xk+
Z x
0
(x−t)n
n! exp(t)dt.
Z x
0
(x−t)n n! etdt
6max(1, ex)
Z x
0
(x−t)n n! dt
6max(1, ex) |x|n+1 (n+ 1)!. Comme max(1, ex)(n+1)!|x|n+1 −−−−−→
n→+∞ 0, il en est de mˆeme du reste int´egral d’ordren. D’apr`es la propo- sition 1, on en d´eduit que exp est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et au voisinage de 0 :
ex=
+∞
X
n=0
xn n!. Pour tout n ∈N, notons an = n!1. ana+1n = n+11 −−−−−→
n→+∞ 0 donc le rayon de convergence de la s´erie P
n>0 xn
n! est +∞ donc :
∀x∈R, ex=
+∞
X
n=0
xn n!. 4.2 Fonctions sin et cos
cos et sin sont des fonctions de classeC∞ surR et on a :
∀n∈N, ∀x∈R,
( cos(n)(x) = cos x+nπ2 sin(n)(x) = sin x+ nπ2 donc
∀n∈N, cos(n)(0) = cosnπ 2
=
( 0 sin= 2p+ 1 (−1)p sin= 2p et
∀n∈N, sin(n)(0) = sinnπ 2
=
( 0 sin= 2p
(−1)p sin= 2p+ 1 Appliquons la formule de Taylor avec reste int´egral :
∀n∈N, ∀x∈R, cos(x) =
n
X
k=0
cos(k)(0) k! xk+
Z x
0
(x−t)n
n! cos(n+1)(t)dt.
Z x
0
(x−t)n
n! cos(n+1)(t)dt
6 1 n!
Z x
0
(x−t)ndt
6 |x|n+1 (n+ 1)!. Comme (n+1)!|x|n+1 −−−−−→
n→+∞ 0, il en est de mˆeme du reste int´egral d’ordren. D’apr`es la proposition 1, on en d´eduit que exp est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et au voisinage de 0 :
cos(x) =
+∞
X
n=0
cos(n)(0) n! xn=
+∞
X
n=0
(−1)n (2n)!x2n. Soit x∈R.
(−1)n+1x2n+2
(2n+ 2)! : (−1)nx2n (2n)!
= x2
(2n+ 1)(2n+ 2) −−−−−→
n→+∞ 0.
D’apr`es la r`egle de d’Alembert pour les s´eries `a termes r´eels positifs, on en d´eduit que P
n>0 (−1)n
(2n)! x2n converge absolument pour tout r´eelx. Le rayon de cette s´erie enti`ere est donc +∞. Par cons´equent :
∀x∈R,cos(x) =
+∞
X
n=0
(−1)n (2n)!x2n. De mˆeme, on d´emontre que :
∀x∈R,sin(x) =
+∞
X
n=0
(−1)n
(2n+ 1)!x2n+1. 4.3 Fonction fα:x7→(1 +x)α, α∈R
Soit α ∈ R. On consid`ere la fonction fα d´efinie sur ]−1; +∞[ par fα(x) = (1 +x)α. fα est de classe C∞ sur ]−1; +∞[ et on a :
∀x∈]−1; +∞[, fα′(x) =α(1 +x)α−1= x
1 +xfα(x).
fα est donc solution sur ]−1; +∞[ de l’´equation diff´erentielle : (1 +x)y′−xy = 0.
Supposons qu’il existe une fonctionSd´eveloppable en s´erie enti`ere en 0, solution de cette ´equation diff´erentielle. Il existe alors une s´erie enti`ere P
n>0
anxnde rayon de convergenceR >0 et un voisinage V de 0 tels que :
∀x∈V∩]−R;R[, S(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
Soit a∈R∗+ tel que ]−a;a[⊂V∩]−R;R[. S est de classe C∞ sur ]−a;a[ et on a :
∀a∈]−a;a[, S′(x) =
+∞
X
n=1
nanxn−1. S ´etant solution de l’´equation diff´erentielle, on a :
∀x∈]−a;a[, (1 +x)S′(x)−αS(x) = 0.
(1 +x)S′(x)−αS(x) = (1 +x)
+∞
P
n=1
nanxn−1−α
+∞
P
n=0
anxn
=
+∞
P
n=1
nanxn−1+
+∞
P
n=1
nanxn−α
+∞
P
n=0
anxn
=
+∞
P
n=0
(n+ 1)an+1xn+
+∞
P
n=0
nanxn−α
+∞
P
n=0
anxn
=
+∞
P
n=0
((n+ 1)an+1+ (n−α)an)xn S ´etant solution de l’´equation diff´erentielle, on a :
∀x∈]−a;a[,
+∞
X
n=0
((n+ 1)an+1+ (n−α)an)xn= 0
Par unicit´e du d´eveloppement en s´erie enti`ere en 0, sachant que S est solution de l’´equation diff´e- rentielle et qu’on doit avoir S(0) = 1 :
( a0 = 1
∀n∈N, (n+ 1)an+1+ (n−α)an= 0 On d´emontre facilement par r´ecurrence que :
∀n∈N∗, an= α(α−1)· · ·(α−n+ 1)
n! .
Soit P
n>0
anxn la s´erie enti`ere o`u :
a0 = 1 et pour toutn∈N∗, an= α(α−1)· · ·(α−n+ 1)
n! .
an+1
an
=
α−n n+1
−−−−−→
n→+∞ 1 donc le rayon de convergence de la s´erie P
n>0
anxnest 1. NotonsSla somme de cette s´erie. On a alors :
∀x∈]−1; 1[, S(x) =
+∞
X
n=0
anxn.
On sait que S est de classe C∞ sur ]−1; 1[ et on v´erifie sans peine queS est solution de l’´equation diff´erentielle. Par cons´equent,fαetS sont deux solutions de l’´equation diff´erentielle. Cette ´equation diff´erentielle ´etant lin´eaire du premier ordre, l’ensemble des solutions est de la formeKfα, o`uK ∈R. Il existe donc K0 ∈Rtel que :
∀x∈]−1; 1[, S(x) =K0fα(x) =K0(1 +x)α.
Sachant que S(0) = 1, il en r´esulte queS =fα sur ]−1; 1[ doncfα est d´eveloppable en s´erie enti`ere et on a :
∀x∈]−1; 1[, (1 +x)α= 1 +
+∞
X
n=1
α(α−1)· · ·(α−n+ 1)
n! xn.
4.4 Fonction x7→ln(1 +x)
Soit f la fonction d´efinie sur ]−1; +∞[ par f(x) = ln(1 +x). f est de classe C∞ sur ]−1; +∞[
et on a :
∀x∈]−1; +∞[, f′(x) = 1
1 +x = (1 +x)−1. D’apr`es le paragraphe pr´ec´edent (avec α=−1), on a :
∀x∈]−1; 1[, f′(x) = 1 +
+∞
X
n=1
(−1)nn!
n! xn=
+∞
X
n=0
(−1)nxn. Soit S la fonction d´efinie sur ]−1; 1[ par :
S(x) =
+∞
X
n=0
(−1)nxn+1 n+ 1 =
+∞
X
n=1
(−1)n+1xn
n .
On sait que P
n>0
(−1)nxn et P
n>0
(−1)nxn+1
n+1 ont le mˆeme rayon de convergence (voir le chapitre sur les s´eries enti`eres, notamment le rayon de convergence d’une s´erie enti`ere et de sa s´erie d´eriv´ee).S est de classe C∞ sur ]−1; 1[ et on a :
∀x∈]−1; 1[, S′(x) =
+∞
X
n=0
(−1)nxn+1 n+ 1
!′
=
+∞
X
n=0
(−1)nxn=f′(x)
doncS etf diff`erent d’une constante. Il existe c∈Rtel que :
∀x∈]−1; 1[, S(x) =f(x) +c.
CommeS(0) = 0 et f(0) = 0, il en r´esulte quec= 0. f est donc d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et on a :
∀x∈]−1; 1[, ln(1 +x) =
+∞
X
n=1
(−1)n+1 n xn. Remarque :Six=−1, P
n>1
(−1)n+1
n xn=−P
n>1 1
n et la s´erie est divergente. Six= 1, P
n>1
(−1)n+1 n xn= P
n>1
(−1)n+1
n xn et la s´erie converge d’apr`es le crit`ere des s´eries altern´ees (voir chapitre sur les s´eries
`
a termes r´eels ou complexes). Donc :
∀x∈]−1; 1], ln(1 +x) =
+∞
X
n=1
(−1)n+1 n xn. En particulier,
ln(2) =
+∞
X
n=1
(−1)n+1
n .
4.5 Fractions rationnelles
Proposition 7 Toute fraction rationnelle n’admettant pas 0 pour pˆole est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 et le rayon de convergence du d´eveloppement en s´erie enti`ere est ´egal au minimum des modules des pˆoles complexes.
Preuve - Soit F ∈C(X). On suppose que F n’admet pas 0 pour pˆole. En effectuant la d´ecompo- sition deF en ´el´ements simples, on obtient des ´el´ements de la forme (z−zλ
0)n, o`uλ, z0 ∈Cetn∈N∗. Pour z∈C v´erifiant|z|<|z0|, on a :
λ
(z−z0)n = λ z0n
1 z
z0 −1n = λ (−z0)n
1− z
z0 −n
.
Pour |z|<|z0|, on a
z z0
<1 donc z 7→
1−zz
0
−n
est d´eveloppable en s´erie enti`ere (il en est de mˆeme pourz7→ (z−zλ
0)n). Le rayon de convergence du d´eveloppement en s´erie enti`ere dez7→ (z−zλ
0)n
est|z0|. Par cons´equent,F est d´eveloppable en s´erie enti`ere en 0 (somme de fonctions d´eveloppables en s´eries enti`ere en 0) et le rayon de convergence R du d´eveloppement v´erifie R > ρ, o`u ρ est le minimum des modules des pˆoles complexes de F).
Supposons maintenant que R > ρ. Il existe z0 ∈ C∗, pˆole de la fraction rationnelle F tel que
|z0|< R.F est continues surB(0;R) donc en z0, ce qui est impossible car|F(z)| −−−→
z→z0
+∞. 2
Exemple : Consid´erons la fraction rationnelle suivante : F :z7→ 10z
z3−2z2+z−2.
Pour tout z∈C, on a :z3−2z2+z−2 = (z−2)(z−i)(z+i). On a donc :
∀z∈C− {2, i,−i}, F(z) = 4
z−2 +−2−i
z−i +−2 +i z+i . Pour z∈C tel que|z|<2 :
4
z−2 = 4
−2 1−z2 =−2 1−z
2 −1
=−2
+∞
X
n=0
z 2
n
.
|z|<1 :
−2−i
z−i = −2−i
−i(1 +iz) = (1−2i)(1 +iz)−1= (1−2i)
+∞
X
n=0
(−iz)n.
−2 +i
z+i = −2 +i
i(1−iz) = (1 + 2i)(1−iz)−1= (1 + 2i)
+∞
X
n=0
(iz)n. Donc pour|z|<1 :
F(z) =
+∞
X
n=0
anzn avec an=− 1
2n−1 + (1−2i)(−i)n+ (1 + 2i)in. Le rayon de convergence de cette s´erie enti`ere est 1.