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Jacques Laurent Gilly Général d Empire

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Jacques Laurent Gilly Général d’Empire

À travers les documents d’archives et la presse de son époque

Yves Meunier

© Février 2020

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INTRODUCTION

La biographie du général Gilly et de sa famille a fait l’objet de plusieurs ouvrages. La présente étude, basée pour l’essentiel sur des documents d’archives, des lettres ou des proclamations du général, a pour objet de les compléter. Un dépouillement minutieux de ces archives et de la presse d’époque apporte un éclairage nouveau sur la vie de cet homme.

C’est ainsi qu’ont été consultées les archives de l’Armée de Terre, celles du Ministère de la Police et de la Justice aux Archives nationales, celles de la Légion d’Honneur.

Pour chaque information citée, on trouvera la référence précise de la source utilisée.

La première partie retrace la carrière de cet homme, brillant général, tiraillé entre son attachement au Gouvernement légitime, qui en ces périodes troublées, n’était pas toujours clairement établi, et son sens de l’honneur et de la probité reconnu par tous, amis ou ennemis. Le meilleur exemple n’est- il pas celui du Duc d’Angoulême qui vaincu au Pont Saint-Esprit intercéda auprès du roi pour obtenir la grâce du Général condamné à mort par contumace pour haute trahison.

Par ailleurs, de nombreuses biographies ont été écrites, souvent par recopie d’une autre reproduisant ainsi les erreurs et les inexactitudes, elles ont été regroupées en annexe pour que chacun puisse juger par lui-même de la fin carrière, controversée, du Général.

Une deuxième partie est consacrée à la famille et aux origines de Gilly. La transcription de l’ensemble des actes la concernant constitue une annexe de ce document.

Enfin, je remercie Jean-Paul Peton pour sa relecture attentive de ce dossier et les compléments de contexte historique qu’il a bien voulu ajouter.

Yves Meunier

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION...2

PREMIÈRE PARTIE JACQUES LAURENT GILLY (1769-1829)...8

La période révolutionnaire : De 1789 au 18 brumaire...8

L’Empire : 18 brumaire (9 novembre 1799) - 6 avril 1814...12

La première restauration 6 avril 1814 à mars 1815...19

Les Cent-Jours, du 1er mars au 28 juin 1815...20

La seconde restauration 8 juillet 1815 - 30 juillet 1830...23

Gilly se cache...23

Gilly est jugé par contumace et condamné à Mort...26

Gilly se rend et est gracié...28

Le temps de la retraite...30

Fournès rend hommage à l’enfant du pays...31

ANNEXE I – DOCUMENTSMILITAIRES...32

État des services et affectations du Général Gilly...32

Le rapport du Général Etienne Charvet sur les évènements du 8 Thermidor An III...34

Lettre de Gilly, Commandant de la place de Lyon...38

Rapport détaillé des événements insurrectionnels qui se sont manifestés à Rome dans les journées des 6, 7, 8 et 9 ventôse l’an VI ...38

Fonds du baron Damas – Rapports et correspondances relatives au Général Gilly...40

La signature de la Convention de la Palud...42

ANNEXE II : LESHONNEURS...44

Gilly sollicite et obtient la Légion d’Honneur (1804)...44

Le 5 janvier 1803, il sollicite la Légion d’Honneur auprès du Ministre de la Guerre...44

Le 27 janvier 1804 : la Légion d’Honneur lui est remise...44

Gilly baron d’Empire (1808) – Lettre patente du 27 novembre...45

Constitution du Majorat de Gilly en 1808...46

Constitution du Majorat de Gilly en 1811...51

Gilly baron d’Empire - Lettre patente du 11 novembre 1814...59

Inauguration de la statue du général Gilly...60

ANNEXE III – DUDÉSHONNEURÀLARÉABILITATION...62

Lettre du duc d'Angoulême, datée de Barcelone le 18 avril [1815]...62

Lettre à son Excellence le Mal Prince d'Eckmühl ...63

Ordonnance du 24 juillet 1815 ...65

Avis de recherche (Signalement)...66

(4)

Lettre de Ministre de la Police au Duc d'Angoulême...67

Projet de développement de la proposition d'accusation contre M. le duc Decazes...67

La condamnation à mort du Général et sa grâce ...69

Jugement rendu par le 1er Conseil de guerre permanent de la 1re Division militaire...69

Compte-rendu du procès du Général Gilly dans le Journal des débats...71

Note du ministère de la guerre sur l'attitude à prendre après que le Général Jacques Laurent Gilly se sera constitué prisonnier (1819)...74

Rapport au Ministre de la Guerre (1819)...76

Ordonnance de Louis XVIII amnistiant le Général Jacques Laurent Gilly et le rétablissant dans tous ses droits (1820) ...77

ANNEXE IV – GILLYDANSLESLIVRES...78

Le lieutenant général Gilly par Dupin ...78

Le Lieutenant-Général Jacques Laurent Gilly par Gratien Charvet...80

Terreur Rouge, Terreur Blanche dans le midi de Christian Hérail-Gilly...80

Le général Jacques Laurent Gilly par Christian Hérail Gilly...81

Napoléon et l'Europe Par Alexandre Doin...84

ANNEXE V - BIOGRAPHIES...91

le Duc d’Angoulême...91

Biographie des hommes vivants, ou histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits....94

Biographies des condamnés pour délits politiques, depuis la restauration des bourbons en France jusqu'en 1827...95

Statistique morale de la France ou biographie par département des hommes remarquables dans tous les genres par une société de gens de lettre – Gard ...95

Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850...96

L'Univers. France : dictionnaire encyclopédique. T. 8...96

La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts...97

Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours...98

Fastes de la Légion-d’Honneur...99

Campagnes des Français en Italie, en Égypte, en Hollande, en Allemagne...100

Biographie extraite du Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889...101

Chute de l’Empire Histoire des deux Restauration jusqu’à la chute de Charles X ...101

Histoire de la restauration par Lamartine...103

Histoire de la Restauration par Lubis...106

L'Univers : Gilly capitule...109

Éducation morale et pratique dans les écoles de garçons...110

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DEUXIÈME PARTIE

LAFAMILLEDE JACQUES LAURENT GILLY...111

Les enfants de Jacques Laurent Gilly et Marie-Thérèse Guillabert...112

1 - Zilia Alidore Fleurie GILLY...112

2 - Cyprien Polydore GILLY...113

3 - Louis Hector Amédée Gilly...113

4 - Ernest Hector dit Albert Gilly...114

5 - Alfred Polidore Gilly...114

L’ascendance de Jacques Laurent Gilly ...114

A - Ses parents...114

B – Ses grands-parents paternels...115

C – Ses grands-parents maternels...115

Jean Etienne Cyprien Gilly, le frère, lieutenant-colonel d’infanterie...115

Déclaration de la succession de Jeanne Basclet...116

Article publié à la suite du décès de Cyprien Gilly...117

ANNEXES : TRANSCRIPTIONS...118

Acte de baptême de Jacques Laurent Gilly *...118

Acte de mariage de Jacques Laurent Gilly et Marie Thérèse Guillabert *...118

Testament olographe de Jacques Laurent Gilly (1826) ...118

Acte de décès de Jacques Laurent Gilly (1826) *...120

Procès-verbal de la première exhumation (1830) *...120

Procès-verbal de la seconde exhumation (1864)...120

Déclaration de la succession du Général Gilly...121

Donation-partage de Marie-Thérèse Guillabert à ses enfants...121

Acte de décès de Marie Thérèse Guillabert...122

Acte de naissance de Alidore Fleurie Zilia Gilly...123

Contrat de mariage de Alexandre Jean Baptiste Doin et Zilia Alidore Fleurie Gilly...123

Acte de mariage de Alexandre Jean Baptiste Doin et Zilia Alidore Fleurie Gilly en l’église Saint- Roch à Paris...123

Résumé le l’inventaire après décès de Alexandre Doin...124

Acte de naissance de Cyprien Polidore Gilly à Remoulins...125

Acte de naissance de Louis Hector Amédée Gilly...125

Acte de naissance de Anne Catherine Cécile Bessy à Chalon-sur-Saône...125

Acte de mariage de Louis Hector Amédée Gilly et Anne Catherine Cécile Bessy à Paris...125

Acte de mariage religieux de Louis Hector Amédée Gilly et Anne Catherine Cécile Bessy en l’église Saint-Roch...126

Acte de décès de Louis Hector Amédée Gilly à Pontarlier...126

Déclaration des mutations par décès de Louis Hector Amédée Gilly...127

(6)

Acte de décès de Anne Catherine Bessy à Périgueux...128

Acte de naissance de Ernest Hector dit Albert Gilly à Strasbourg...129

Acte de décès d’Ernest Hector dit Albert Gilly à Remoulins...129

Acte de naissance d’Alfred Polidore Gilly...129

Acte de décès d’Alfred Polidore Gilly...130

Acte de baptême de Louis Gilly à Fournès...130

Acte de baptême de Suzanne Raison à Remoulins...130

Acte de mariage de Louis Gilly et Suzanne Raison à Remoulins ...130

Acte de sépulture de Suzanne Raison à Remoulins...131

Acte de décès de Louis Gilly à Remoulins ...131

Déclaration de succession par mutation de Louis Gilly...131

Acte de naissance d’Antoine Gilly à Mazan...131

Acte de mariage d’Antoine Gilly et de Marie Isnarde à Fournès...131

Acte de décès d’Antoine Gilly à Fournès...132

Acte de décès de Marie Isnard à Fournès...132

Acte de mariage d’Antoine Gilly et Louise Lauriane à Mazan...132

Acte de sépulture d’Antoine Gilly à Mazan...132

Acte de sépulture de Jacques Raison à Remoulins ...132

État des services, campagnes et blessures de Jean Etienne Cyprien Gilly ...133

Mariage de Jean Etienne Cyprien Gilly et Jeanne Colombe Louise Basclet ...134

Acte de décès de de Jean Etienne Cyprien Gilly ...134 Notes :

L’orthographe des documents originaux a été conservée.

Ce document comporte de très nombreux liens hypertextes qui permettent de retourner à la source de l’information : actes d’état civil ou notariaux originaux, publications.

(7)

PREMIÈRE PARTIE

(8)

JACQUES LAURENT GILLY (1769-1829)

Jacques Laurent Gilly voit le jour à Fournès, petit village du département du Gard, non loin du Pont du Gard, le 12 août 1769*, fils de Louis Gilly, Viguier1 du Duc d’Uzès, François-Emmanuel de Crussol2 et de Suzanne Raison fille d’un chirurgien. Il a pour parrain Jacques Raison son grand-père maternel et pour marraine Marie Isnard sa grand-mère paternelle.3 Il reçoit une solide éducation qui permet au général Charlet de porter cette appréciation en 1793 : « L’officier ci-contre (Gilly) est très instruit, fait son service avec zèle et exactitude. Homme probe et de bonne mœurs. »4

Quel homme était Gilly ?

Dans l’avis diffusé, lorsqu’il est recherché en 1815, il est décrit ainsi : « taille de 5 pieds 2 pouces (1m58), cheveux, sourcils et barbe noirs, yeux noirs petits et très vifs, front couvert, nez pointu, bouche moyenne et qui se tourne quand il parle, menton pointu, visage un peu long, l'air riant, teint basané, peu d'embonpoint, épaules larges, les jambes et les bras assez forts. Il a conservé l'accent des provinces méridionales. »5

La période révolutionnaire : De 1789 au 18 brumaire

En juillet 1789, lorsque débute la Révolution, Jacques Laurent Gilly a 20 ans. Dès le 13, pour tenter de rétablir l’ordre, les électeurs de Paris ont décidé de créer une milice bourgeoise, dont La Fayette est élu commandant en chef le 15 juillet suivant, et que celui-ci nomme garde nationale. Chaque ville de province veut imiter Paris. C’est ainsi que Gilly rejoint la garde nationale de la commune de Remoulins en qualité de « fusilier adjoint sous aide Major ».6 Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre au « roi de Bohème et de Hongrie », s’engageant ainsi dans un conflit qui allait durer 23 ans.

La guerre commence si mal que, le 11 juillet 1792, l'Assemblée législative déclare « la patrie en danger » et ordonne la levée de 50.000 nouveaux « volontaires » parmi les gardes nationales, pour renforcer les 60 bataillons existants. Gilly se porte volontaire et le 1er août 1792, il intègre le 2ème bataillon de grenadiers du Gard en qualité de fourrier7.

Son avancement, comme pour beaucoup à cette époque, est rapide : le 26 aout 1792, moins d’un mois après son arrivée, il est élu par ses camarades chef de bataillon en second du bataillon.

1 Le viguier rend la justice au nom du duc.

2 Pair de France, 9e Duc d'Uzès (1762-1802) , Comte de Crussol, Prince de Soyons, Marquis de Montausier, de St Sulplie, de Monisalès, de Montespan et de Gondrins, Baron de Florensac, Vias, Aimargues, Bellegarde, Remoulins, St-Geniès, Puycornet Seigneur d'Acier, Brenouille, Capdennas, Pont Saint-Maxence, Le Munil, Seigneur incommutable du domaine que le roi avait dans la ville d'Uzès, haute et basse viguerie d'Uzès, St Jean de Marvejols et pays d'Uzège.

3 Source : Registre paroissial de Fournès consultés en mairie 4 État des services du général au SHAT - 7 YD 500

5 Archives nationales F/7/6778

6 Attestation du maire de Remoulins : « Nous soussignés Maire et officiers municipaux de la commune de Remoulins district d'Uzès département du Gard certifions que le citoyen Jacques Laurent Gilly, actuellement lieutenant-colonel du second bataillon des grenadiers du Gard a continué son service dans la garde nationale de cette commune depuis le mois de juillet mil sept cent quatre-vingt-neuf en qualité de fusilier adjoint sous aide Major jusqu'à ce que la Garde nationale ayant été organisé conformément à la loi par canton, époque où il fut élu lieutenant-colonel en second du bataillon qu'il arriva que le colonel en premier fut élu chef de Légion, ledit citoyen Gilly fut élu chef dudit bataillon de ce canton et qu’en cette qualité il a servi jusqu'au 24 avril dernier, qu’il quitta pour entrer volontaire dans un des bataillons levés alors par le département. En foi de quoi lui avons délivré le présent auquel nous avons à apposé le sceau de la commune le huitième avril mil sept cent quatre-vingt-treize l'an second de la République française. (Dossier du général au SHAT - 7 YD 500)

7 Caporal-fourrier, ou brigadier-fourrier ; ce n'est pas un grade, mais une fonction, qui implique notamment la gestion des registres de soldes d'habillement.

(9)

Le 26 mars 1793, il est nommé par le Conseil exécutif provisoire lieutenant-colonel commandant du 4ème bataillon de la Légion des Montagnes, corps d’infanterie légère créé par décret du 9 février 1793 dans le cadre des mesures prises pour organiser la défense de la frontière des Pyrénées face à la menace espagnole. Il reste néanmoins au bataillon du Gard, sa nomination en qualité de chef de bataillon en second ayant été confirmée le 1er mai suivant.

La déclaration de guerre de l’Espagne à la République française, le 17 avril 1793, en réponse à l’exécution de Louis XVI, entraîne la formation de l’Armée des Pyrénées Orientales, qui opère dans ce département et en Catalogne jusqu’à la paix, signée à Bâle le 22 juillet 1795. C’est dans cette armée que Gilly sert d’avril 1793 à janvier 1795.

Le 1er décembre 1793, son frère Jean Etienne Cyprien Gilly, le rejoint comme aide de camp, il restera à ses côtés jusqu’en 18078.

Le 29 septembre 1793, à la demande de Dagobert, général en chef provisoire, il est nommé chef de bataillon du 2ème bataillon du Gard par les représentants du peuple Fabre, Bonnet et Gastard.

Pour comprendre ce qui suit, il convient de faire un rapide rappel des faits 9.

Dès l’entrée en guerre, l’armée espagnole, sous le commandement du général Ricardos, bouscule les troupes françaises peu aguerries, envahit le Roussillon et s’approcha de Perpignan. Le 4 août, Villefranche-de-Conflent se rend, ouvrant ainsi la porte de la Cerdagne française. La ville n’est reprise que le 19 septembre suivant. En septembre, les Espagnols lancent une offensive en vue de prendre Perpignan, mais le 17 septembre, ils sont défaits à la bataille de Peyrestortes, qui met fin à leur progression dans le Roussillon. Dès le 5 août, le général Dagobert est désigné pour libérer la Cerdagne défendue par le fort de Mont-Louis, assiégé par les Espagnols. Le 28 août, la contre- attaque, victorieuse, débute par le combat du col de la Perche, qui permet aux Français de prendre Puigcerda et Beliver et de repousser les Espagnols jusqu’à Urgell. Puis, le 4 septembre, Dagobert s’empare par surprise du camp espagnol d’Olette. Cette nouvelle victoire sauve Mont-Louis, le

« verrou » de la Cerdagne. Les combats se poursuivent. Les Espagnols continuent à tenter de s’emparer de Perpignan. La situation se dégradant, Dagobert est rappelé de la Cerdagne par les représentants en mission. Il décide une contre- attaque générale, l’objectif étant de s’emparer de Thuir puis de Truillas, quartier général de Ricardos.

Les combats débutent le 22 septembre : c’est une défaite complète.

À la lettre qu’il adresse en 1795 au Ministre de la Guerre pour demander l’expédition de son brevet de lieutenant-colonel, Gilly joint un état de ses services10, dans lequel il parle de lui à la troisième personne et fait état de ses actions d’éclats, justifiant sa nomination au grade de chef de bataillon.

« Il avait puissamment contribué à la tête du bataillon qu’il commandait au succès des affaires de la Perche et d’Olette où le général Dagobert avec peu de troupes avait battu deux fortes divisions ennemies, pris 22 pièces d’artillerie etc., le général Dagobert l’ayant laissé commandant du Camp d’Olette avec deux bataillons, il s’était emparé du château de Villefranche et rétabli les communications

8 Base Leonore - Dossier de Légion d’Honneur - L2786009

9 Pour plus de détails, cf. J.-N. Fervel, Campagnes de la Révolution française dans les Pyrénées Orientales 1793-1794-1795, 2 vol., Paris, Pillet Fils aîné, 1851-1853.

10 Dossier du général au SHAT - 7 YD 500

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de Perpignan à Mont-Louis. Le 21 7bre [septembre]1793, il reçut ordre de se porter le lendemain à la pointe du jour sur les hauteurs de Thuir. Ses instructions portaient de surveiller et de contenir au besoin le corps qui s’y était renfermé, mais l’armée française qui attaqua dès le grand matin l’armée espagnole dans ses lignes de Trouillas ayant été battue et se retirant dans le plus grand désordre, abandonnant son artillerie dans la plaine de Trouillas où la cavalerie de Curten [Juan Curten, général espagnol] débouchait de toute part, de son propre mouvement et sans autre ordre laissant un des deux bataillons qui étaient à ses ordres sur les hauteurs de Thuir, il descendit avec l’autre dans la plaine se porter en avant de plusieurs pièces de canon abandonnées, soutint plusieurs fois le choc de la cavalerie ; il y fut si maltraité qu’il ne rendra avec son drapeau qu’une soixantaine d’hommes, les autres restèrent morts ou blessés sur le champs de bataille qu’il fallut enfin abandonner à l’ennemi ; mais dans cet intervalle on avait retiré l’artillerie et l’armée s’étant ralliée au bataillon suisse sur les hauteurs de Thuir, rentra en bon ordre dans le camp qu’elle occupait la veille. Le général en chef me donna beaucoup d’éloges, demanda et obtint pour moy le grade de chef de bataillon, mais les représentants qui étaient à l’armée ayant rendu compte au Gouvernement des événements de cette journée comme d’une simple reconnaissance dont le résultat aurait été à notre avantage, n’entrèrent dans aucun détail et ne parlèrent d’aucune action particulière. C’est pourquoi j’ai cru devoir les rapporter, plusieurs officiers qui occupent aujourd’hui les premiers emplois de l’armée en furent les témoins. 11

Le 15 mars 1794, Gilly est promu adjudant général chef de brigade par les représentants Milhaud et Soubrany, sur la demande du général Dugommier, remplaçant de Dagobert depuis le 16 janvier 1794.

La guerre continue. En Cerdagne, elle se limite à des incidents secondaires, Dugommier ayant ordonné à la division, commandée par le général Charlet, qui y est cantonnée de rester sur la défensive. En octobre 1794, Gilly est cantonné à Puigcerda, lorsque est décidée une expédition contre les Espagnols retranchés sur le col de Tosas, près du village de Castellar-de- Nuch, lui aussi occupé par l’ennemi. Le 23 octobre, Gilly participe victorieusement à cette expédition et se distingue en prenant le village voisin de Doria.12 Il commande toujours Puigcerda lorsqu’en juillet 1795, les Espagnols décident de reprendre la Cerdagne. Le 26 juillet, ils se lancent à l’assaut de la bourgade qui fut prise après un dur combat. Quant à Gilly, comme il l’écrit dans son état de service :

Le 8 thermidor de l’an 3 [26 juillet 1795], il fut fait prisonnier de guerre en défendant le plateau de Puicerda où il avait ordre de tenir jusqu’à la dernière extrémité.13

Nous ignorons où il fut emprisonné, mais sa détention est relativement courte. Il poursuit :

À l’époque de son retour en France dans le mois de vendémiaire an 4 [septembre- octobre 1795], l’armée ayant déjà filé en Italie, il se trouva sans emploi et […] dans ses foyers, il demanda sans retard à

être remis en activité à l’armée d’Italie, et le général en chef l’ayant demandé lui-même, il lui fut expédié bientôt après des lettres de service, mais la lettre d’avis me fut également adressée au quartier général de l’armée d’Italie où je ne pouvais pas être, et ce ne fut que longtems après que le directeur des Postes de l’armée ayant su que j’habitais Remoulins département du Gard m’y adressa cette lettre, 11 État des services du général au SHAT - 7 YD 500.

12 Cf. J.-N. Fervel, op. cit., t. 2, p. 316.

13 Cf. J.-N. Fervel, op. cit., t. 2, pp. 326-327.

Lettre de Gilly après sa nomination comme lieutenant-colonel

(11)

je m’empressai de joindre, mais déjà l’armée victorieuse était sur le Taggliamento et le traité de Campoformio14 mit fin à ses victoires. Ainsi cette circonstance m’a privé de prendre part aux succès de l’an 4.

On trouvera en annexe un rapport du Général Etienne Charlet sur ces combats. (Annexe I) Après son retour en France, profitant de sa

disponibilité, et alors âgé de 26 ans, il épouse à Carpentras le 10 avril 1796*, Marie-Thérèse Guillabert, de huit ans sa cadette, fille d’un négociant. Comment l’a-t-il connu ? Bien sûr nous l’ignorons ; tout juste pouvons-nous remarquer que Carpentras n’est qu’à quelques kilomètres de Mazan, village dont étaient originaires ses grands- parents paternels. Leurs pères négociants avaient peut-être eu l’occasion de se rencontrer.

Il reçoit ensuite diverses affectations.

En février-mars 1798, il est à Rome, que les armées françaises occupent depuis le 17 février. La situation de l'armée, forte de seize cents hommes environ, est mauvaise. La solde n’est pas payée, les vêtements et les subsistances manquent : l'ordonnateur des guerres Haller a commis de nombreuses exactions et s’est attiré la haine des

soldats. On accuse tout haut les généraux de favoriser les voleurs. C’est dans ce contexte que Masséna reçoit une délégation de douze officiers qui lui demandent l'arrestation de Haller la mise aux arrêts pour quinze jours de l'adjudant de Gilly, parce qu'il leur avait dit la veille que, s'ils ne voulaient dissoudre leur assemblée, Masséna était décidé à faire marcher contre eux le canon pour les mitrailler. (Voir le rapport de Masséna en annexe)

Gilly fait publier et afficher le 16 ventôse [6 mars] de l’an VI, un ordre du jour en français et en italien, rappelant que les chevaux employés à l’agriculture et au transport ne devaient pas être réquisitionnés, et que les réclamations des agriculteurs à qui on aurait demandé des chevaux seraient écoutées.15

Il est ensuite affecté en France, dans l’Ariège. Le 11 novembre 1798, il écrit au Ministre de la Guerre pour l’informer des résultats obtenus dans l’exécution des lois contre les déserteurs et montrer le patriotisme de certaines communes16.

Au directeur de la Correspondance des représentants du peuple, etc.17 Foix, 21 brumaire18

Citoyens, comme la publicité des services que rendent à la patrie les administrations municipales est la seule récompense qu’elles en en reçoivent, je vous prie de faire insérer dans votre prochain numéro la lettre que j'écris en date de ce jour au ministre de la guerre, et dont je vous donne ci-joint copie.

Salut et fraternité,

GILLY jeune 14 Le traité de Campo-Formio est signé le 18 octobre 1797 (26 vendémiaires an VI) entre Napoléon Bonaparte, général en chef de l'armée française en Italie représentant la République française, et le comte Louis de Cobentzel, représentant l'empereur François II du Saint-Empire. Il met fin une première fois à la guerre franco-autrichienne.

15 BNF - Presso i Lazzarini Stampatori Nazionali 1798 - K- 161 (71)

16 Correspondance des représentans du peuple Stevenotte (de Sambre-et-Meuse), Dessaix (du Mont-Blanc), Dethier (de l’Ourthe) et de plusieurs autres députés avec leurs commentans du 1er frimaire an VII (21 Novembre 1798). Page 2

17 Correspondance des représentans du peuple Stevenotte (de Sambre-et-Meuse), Dessaix (du Mont-Blanc), Dethier (de l’Ourthe) et de plusieurs autres députés avec leurs commentans du 1er frimaire an VII (21 Novembre 1798). Page 2 18 11 novembre 1798

Portrait de Marie Thérèse Guillabert

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Au ministre de la guerre, Foix, 21 brumaire

J'ai eu l'honneur de vous informer, par ma lettre du 3 du courant, des difficultés qu’éprouvait dans ce département, l'exécution des lois contre les déserteurs réquisitionnaires ; de l'enlèvement fait de quelques-uns d'entre eux à la gendarmerie nationale, par une troupe de ces révoltés, dans la commune de Nesens.

J'ai aujourd'hui un compte plus satisfaisant à vous rendre…. L'administration municipale du canton de St.-Girons, commune qui n'a jamais dévié des principes du vrai républicanisme ; qui, dans le tems où les réacteurs royaux ensanglantaient sur tous les points les bords de l'Ariège, a servi d'asyle aux persécutés, et en a souvent imposé aux persécuteurs, vient de puiser dans son patriotisme constant et toujours actif, des mesures qui ont produit le meilleur effet.

Cinquante jeunes gens de ce seul canton ont été amenés ici par ses soins dans les cinq derniers jours de la dernière décade, et en sont partis pour rejoindre l'armée Les parents de ceux qui restent encore s'empressent de les amener eux même, et l'on me fait espérer qu'avant dix jours, il n’en restera pas un seul dans cet arrondissement.

Cet exemple sera sans doute suivi dans le reste du département, et déjà les conscrits de plusieurs cantons se sont rendus ensemble à l’invitation de l’administration centrale pour suivre leur destination.

Salut et respect,

GILLY

Début 1799, il est toujours à Foix où, le 10 janvier, nait sa fille Zilia*. Le 30 juillet de la même année, il est promu général de brigade.

L’Empire : 18 brumaire (9 novembre 1799) - 6 avril 1814

Début novembre 1799, il est en Vendée, où les Chouans ont repris les armes en octobre précédent.

Une « brève » du Moniteur Universel du 6 novembre nous apprend que « le général Gilly jeune sorti du Mans avec une colonne de 1.700 hommes a rencontré les rebelles à Sillé-le-Guillaume, les a battus, et a repris un des canons qu’ils avaient emmené du Mans. ».

Après le 18 brumaire, écrit-il, je reçus ordre à l’armée où j’étais de me rendre à Lyon pour y prendre le commandement de la ville en état de siège, je le conservai jusques à l’installation du Préfet de Police, je commandai pendant deux mois après la 19ème division militaire que le général Moncey avait quittée pour se rendre à l’armée où je le rejoignis au passage du Mont Gotard. C’est le seul (ami ?) que j’ai servi dans l’intérieur pendant la guerre. »19

Effectivement, le 1er décembre 1799, alors que le nouveau Premier consul vient de prendre le commandement de la deuxième campagne d’Italie, Gilly est nommé commandant de la place de Lyon. Le 14 mai 1800, il franchit le Saint-Gothard avec la division Moncey, et est chargé du siège de la citadelle de Milan, où Bonaparte entre le 2 juin. Le14 Messidor an 8 (3 juillet 1800), Gilly reçoit l’ordre de se rendre à Lyon pour être employé à l’Armée de Réserve. Le premier consul lui confie alors le gouvernement de Lyon en état de siège. Ses fonctions comprenaient des missions de polices comme en témoigne la lettre qu’il écrit à l'administration centrale du département du Rhône rendant compte de l’arrestation d’un dénommé Bertrand soupçonné d’appartenir à une bande de brigands20.

19 État des services du général au SHAT - 7 YD 500.

20 Bibliothèque municipale de Lyon : Fonds Coste (Ms Coste 813 ; Ancien Coste 7417, 7420, 7422)

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21 décembre 1800, nait à Remoulins son fils Cyprien Polidore*. L’acte de naissance très succinct ne permet pas de savoir si le général était à Remoulins durant cette période.

Le 1er mai 1801, il est employé au corps d’observation de la Gironde puis, le 15, à l’Armée du Portugal.

À compter du 19 mars 1802, il est employé à la 9ème division militaire (Ardèche, Lozère, Gard, Aveyron, Tarn, Hérault), puis, à partir du 17 juillet 1803, à la 10ème division militaire (Gers, Haute Garonne, Hautes-Pyrénées, Ariège, Aude et Pyrénées-Orientales)21.

Le 14 juillet 1802, naît à Carcassonne*, où Gilly réside, son second fils Louis Hector Amédée. Cyprien Polidore décédera quelques jours plus tard le 26 août 180222.

Le 5 nivôse de l'an 11 (5 janvier 1803), Gilly écrit depuis Remoulins pour solliciter la Légion d’Honneur.23

« Le Général de Brigade GILLY jeune, employé dans la 9ème division militaire Au Ministre de la Guerre

Citoyen Ministre,

Persuadé qu'en créant la Légion d'Honneur le Gouvernement a voulu non seulement récompenser les actions éclatantes, mais aussi les bons et honorables services, je crois pouvoir prétendre à l'honneur d'y être admis.

En conséquence comptant autant sur votre justice que sur les bontés que vous avez bien voulu me marquer dans plusieurs occasions, je vous prie de transmettre ma demande au Premier Consul en l'appuyant d'un avis favorable ; si celle-ci est accueillie comme il y a lieu de le croire, si vous avez cette bonté, je désirerais être classé dans la 9ème cohorte; mes propriétés étant situées dans le département du Gard, cette honorable distinction ajouterait à l'estime et à la considération que m'accordent mes concitoyens.

Je joins à ma demande une nottice 24 de mes services pendant la Révolution.

Salut & Respect »

« Nottice des services du Général brigade Gilly jeune, qui demande à être admis dans la Légion d'Honneur

J'ai commencé la guerre à l'armée des Pirénées orientales dans le 2ème bataillon du Gard qui fait partie aujourd'hui de la 63ème ½ brigade

À l'ouverture de la campagne de 1793 le commandant du bataillon ayant été fait chef de bataillon et passé à un autre commandement, je le remplaçai par le choix des officiers.

Ce bataillon servit dans un grand corps d'armée jusque dans le mois de juin et prit part aux affaires qui eurent lieu, aucune de très marquante, à cette époque il passa dans un corps commandé par le général Dagobert, qui le dirigea sur le Mont-Libre, menacée d'être assiégée par les ennemis qui campaient à la vue de la place dans la Sardaigne [Cerdagne] française.

Le 4 thermidor, le général ordonna une sortie qu'il commandait en personne, ses troupes étaient divisées en trois colonnes, après un combat de trois heures longtemps incertain et meurtrier, le succès fut déterminé par la colonne de gauche où était le bataillon que je commandais et qui, après avoir repoussé deux charges de cavalerie donna l'élan à cette colonne en chargeant l'ennemi à la baïonnette.

Le camp de l'ennemi, ses équipages, huit pièces de canon, beaucoup de prisonniers et la conquête de la Sardaigne espagnole furent les suites de cette journée.

Le général loua la bravoure du bataillon et me donna les plus grands témoignages de satisfaction pour ce qui m'était personnel.

Dans le courant du même mois l'Ennemi croyant le corps du général Dagobert au fond de la Sardaigne espagnole marcha sur le Mont-Libre par Villefranche avec un corps considérable et un gros train

21 D’après l’État militaire de l’an VIII, la France est partagée en 25 divisions militaires commandée par un général de division.

22 AD 11 - Décès Carcassonne AN X - 100NUM/5E69/76 - Vue 222 23 Dossier de la Légion d’Honneur L113055

24 Cette notice écrite et signée de la main de Jacques Laurent Gilly, sur un papier à entête « Le Général de Brigade GILLY, jeune », est la preuve que Jacques Laurent Gilly est bien surnommé « Le jeune » pour le différencier d’un autre général GILLY.

La confusion est fréquente dans plusieurs documents, Jacques Laurent Gilly n’a, par exemple, jamais participé à la campagne d’Égypte contrairement à Gilly le Vieux.

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d'artillerie, il s'empara du camp d'Aulette25 et de deux pièces de canon. Le général en ayant instruit fit partir sur le champ avec ordre de marcher sans reposer le bataillon que je commandais et quelques compagnies d'un autre corps. Le lendemain à la pointe du jour, nous nous trouvâmes en présence, après avoir fait quelques dispositions, le général m'ordonna de charger à la baïonnette au premier coup de canon. Cet ordre ayant été exécuté, l'Ennemi étonné, au nombre de plus de six mille hommes, fut battu si complètement qu'il abandonna toute son artillerie, ses équipages, six cent prisonniers et se retira en confusion sur Villefranche.

Le général Dagobert qui me donna de nouveaux témoignages de satisfaction et de confiance, s'étant dirigé sur Perpignan, alors menacée par les Ennemis, me laissa avec douze cent hommes sur les hauteurs d'Aulette. Quelques jours après, ayant été informé que les Ennemis avaient éprouvé des revers à leur grand corps d'armée, je marchai sur Villefranche. Le commandant de cette place la rendit sur le champ, ainsi les communications du Mont-Libre à Perpignan, interceptées depuis longtemps, furent rétablies. Le général me donna des nouveaux éloges et rendit compte de cette opération au Comité de Salut Public d'une manière très satisfaisante pour moy.

Le 22 7bre le général Dagobert devenu général en chef de l'armée attaqua l'armée Ennemie dans son camp retranché de Trouillas, après une affaire longue et saignante, l'armée française fut obligée à la retraite, le bataillon dont j'étais chef ayant été chargé de la soutenir perdit dans différentes charges de cavalerie contre lesquelles il eut à se défendre 465 hommes.

Le lendemain sur la demande du général je fus fait chef de brigade.

Je continuai à servir sous les ordres du général Dagobert jusqu'à ce qu'une chute que je fis dans une affaire de nuit où le général m'avait donné le commandement de quinze compagnies de grenadiers m'obligea de quitter l'armée pour deux mois.

À mon retour à l'armée, le général Dagobert n'y était plus, je servis dans la division du général Augereau en qualité d'adjudant général. Ce général m'a souvent donné des témoignages de satisfaction.

Le général Dagobert était revenu à l'armée, je passai de nouveau sous ses ordres, mais bientôt la mort l'enleva à la Patrie et ses amis. Sa division qui fut commandée par le général Doppet resta sur la défensive (à l'exception d'une incursion qu'elle fit en Catalogne et à laquelle je me trouvai) la suite de la campagne.

La campagne suivante, cette division extrêmement affaiblie continua à rester sur la défensive à l'exception de la prise de Castella où l'Ennemi était fortement retranché, elle ne fit rien de remarquable.

Je fus chargé de cette opération, l'Ennemi fut délogé à la baïonnette, son camp brûlé, ses retranchements dévastés. Le général en chef Dugommier m'en témoigna sa satisfaction et en rendit compte au Comité de Salut Public.

Le 8 thermidor de l'an 3, l'Ennemi ayant attaqué la Sardaigne avec des forces supérieures, l'action s'engagea à la pointe du jour avec un corps de six cent hommes que je commandais sur le plateau de Puicerda, après un combat ou l'Ennemi, malgré la grande supériorité de son nombre fut deux fois repoussé, ayant ordre de tenir cette position jusqu'à ce que j'en reçu de contraire, je fus fait prisonnier sur le champ de bataille.

Dépouillé jusques à la chemise, je n'ai jamais reçu aucune indemnité pour les pertes que j'éprouvai.

En rentrant en France, je demandai des lettres de service pour l'armée d'Italie, elles furent expédiées peu de temps après, mais par une erreur des bureaux de la guerre, la lettre d'avis comme les lettres de services me furent adressées au quartier général de cette armée où je n'étais pas, et où je n'étais pas connu, ce ne fut que longtemps après que la lettre d'avis me fut envoyée dans mes foyers où je me trouvais, je m'empressai de partir sur le champ, mais bientôt le traité de Campo-Formio m'enleva l'occasion de prendre part aux exploits mémorables de cette armée. Depuis cette époque, j'ai servi sans interruption, à la reprise des hostilités après le congrès de Rastadt, me trouvant employé dans l'intérieur, je demandai d'aller à l'armée, et je reçus l'ordre d'aller à celle du Rhin.

Le général Masséna qui la commandait en chef m'employa auprès de lui et dans le cours de la campagne, après plusieurs affaires où je l'avais toujours accompagné, il demanda le grade de général de brigade pour moy et il me fut accordé.

Après le 18 brumaire, sur la demande du général Leclerc, je fus nommé commandant de la place de Lyon en état de siège. Les comptes satisfaisants qu'a rendu de mes services à cette époque le général

25 Olette, commune des Pyrénées orientales

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Moncey qui commandait alors la 19ème division et les nombreux témoignages d'estime que m'ont donné les habitant de cette grande cité m'ont bien dédommagé des peines et des tribulations que m’y firent éprouver dans les premiers jours des hommes ennemis de tout gouvernement.

Sur la demande du général Moncey, je joignis sa lieutenance à l'armée de réserve, après l'armistice, je reçus l'ordre de retourner à Lyon d'où je joignis bientôt l'armée des Grisons où je finis la campagne.

Sur la demande du général Leclerc, je fus envoyé au Corps d'observation de la Gironde. Ce général qui m'accordait beaucoup de confiance m'y donna le commandement d'une division, et je me félicitais de cette circonstance qui m'offrit l'occasion de rendre de nouveaux services, lorsque la paix vint m'enlever cet espoir.

Gilly jeune »

Le 11 décembre, il est promu chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur et, le 27 janvier 1804, à onze heures du matin, il prête le serment prescrit par la loi dans la salle des audiences du Tribunal criminel de l’Aude.

Six mois plus, le 14 juin 1804, il est élevé au grade de commandant de la Légion d’Honneur.

À la suite de l’exécution du duc d’Enghien, le 21 mars 1804 et de la proclamation de l’Empire, la Russie et l’Autriche constituent la troisième coalition contre la France, et déclenchent les hostilités à la mi-août 1805 en envahissant la Bavière. Napoléon, qui organise au Camp de Boulogne la Grande Armée contre l’Angleterre, décide le 29 août de diriger ses troupes sur Vienne. Un mois plus tard, elles sont aux bords du Rhin. C’est le début de la campagne d’Autriche qui prend fin le 2 décembre 1805 par la victoire d’Austerlitz.

Parallèlement à cette campagne, une armée française, commandée par le maréchal Masséna, prend l’offensive contre les Autrichiens en Italie. Le 11 septembre 1805 (24 fructidor an 13), Gilly prend le commandement de la 1ère brigade de la 5ème division (Seras), à l’Armée d’Italie.

À la suite de la victoire d’Austerlitz et du traité de Presbourg, la Dalmatie (aujourd’hui la Croatie) a été cédée par l’Autriche au royaume d’Italie. Napoléon, roi d’Italie, envoie un corps d’armée commandé par le général Molitor pour l’occuper. Le 20 février 1806, Zara (= Zadar) est occupé. Mais les Russes, qui occupent les îles Ioniennes, s’emparent des Bouches de Kotor (Monténégro). Le 16 avril, Napoléon décide de transformer les troupes françaises d’occupation en Armée de Dalmatie, qui occupe Raguse (= Dubrovnik) le 28 mai. En juillet 1806, Gilly est affecté à Macarsca (= Makarska) 2627 en Dalmatie avec un bataillon du 81ème de ligne.

Pendant que se déroulaient les opérations en Dalmatie, la Prusse, inquiète des conséquences du traité de Presbourg et mécontente de la création de la Confédération du Rhin (12 juillet 1806), envahit la Saxe le 13 septembre suivant. Napoléon réagit rapidement et la campagne de Prusse se termina à Iéna et à Auerstaedt par la déroute de la Prusse et l’entrée des Français à Berlin le 25 octobre 1806.

Mais si la Prusse était vaincue, les hostilités se poursuivirent avec la Russie. La campagne de Pologne commençait. En mars 1807, peu après la bataille d’Eylau (8 février 1807), Gilly rejoignit le 3ème corps d’armée du maréchal Davout, le vainqueur d’Auerstaedt, pour prendre le commandement de la 1ère brigade de la division Friant. Mais le 3ème corps, très éprouvé à Eylau, ne prit pas part à la victoire de Friedland (14 juin 1807).

Par lettre patente du 27 novembre 1808, Napoléon confère à Jacques Laurent Gilly, général de brigade commandant de Légion d'honneur le titre de baron de notre Empire2829.

26 Les troupes françaises l’occupèrent le 8 mars 1806 et ce jusqu’en 1813, date à laquelle elle redevint autrichienne.

27 Voir l’ouvrage de l'abbé Paul Pisani : La Dalmatie, de 1797 à 1815 : épisode des conquêtes napoléoniennes - A. Picard et fils (Paris) 1893 – Page 259

28 Archives nationales CC//242 folio 198

29 On lira avec intérêt « l’étude de la noblesse crée par Napoléon 1er « thèse de doctorat d’Edmond Pierson publié en 1910.

(En ligne sur Gallica)

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21 novembre 180830 Gilly obtient de l'Empereur une rente sur un domaine de Westphalie d'un montant de 4.000 francs annuels pour constituer son majorat31

En 1808, le général achète une propriété à Aramon dans le Gard, appelée La Vernède. À plusieurs reprises il y adjoint de nouvelles parcelles. Dans son testament*, il décrit ce vaste domaine qui s’étendait jusqu’au Rhône qu’il estime à 250.000 francs.

Il prend ensuite pendant quelques mois le commandement de la 3ème brigade (25ème et 85ème de ligne) de la division Gudin, avant de reprendre, le 1er mars 1809, la tête de sa 1ère brigade (15ème léger) de la 2ème Division (Friant), juste avant le début de la campagne d’Allemagne et d’Autriche, provoquée, le 9 avril, par l’invasion autrichienne de la Bavière et du grand-duché de Varsovie, alliés de la France.

Au cours de cette campagne, Gilly s’illustre à plusieurs reprises : lors de la bataille de Tann32, le 19 avril, puis à celle d’Eckmühl le 2133 et à celle de Ratisbonne le 23. Le 25, il écrit de son bivouac à Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel, pour demander à être promu général de Division.34

Au bivouac sous Ratisbonne, le 25 février 1809 Prince,

Vos moments sont trop précieux pour que j'ose prendre la liberté de demander à votre Altesse la permission de lui présenter mes hommages respectueux quelque dessin que j'en aye, mais je me flatte qu'elle ne trouvera pas mauvais que je lui demande sa toute puissance bienveillance.

Sa Majesté impériale ayant daigné dire en ma présence à haute voix au général Friant qu'elle était satisfaite de mes services, qu'elle m'honorait de son estime, et qu'elle m'avancerait à la première occasion, je supplie votre altesse de me rappeler à S. M. lorsque cette occasion arrivera.

Dix ans de service en qualité de général de Bde pendant lesquels j'ai toujours eu le bonheur de mériter l'approbation des chefs sous lesquels je me suis trouvé, comme je l'ai fait dans cette dernière circonstance, me donnent peut être quelques droits à un avancement ; néanmoins, si je 30 Archives nationales : AN - BB/30/1026

31 Institué par Napoléon Ier par les statuts du 1er mars 1808, la constitution d'un majorat était indispensable pour rendre un titre de noblesse d'Empire transmissible à la descendance masculine. Il fallait donc posséder un certain niveau de fortune, gradué suivant l'importance du titre.

Ces majorats pouvaient être concédés en dotations par l'Empereur en tout ou en partie. Il y en eut environ 800 avant la chute du régime.

Alors que la Restauration a maintenu l'essentiel de la législation napoléonienne en matière de titres et de majorats, la Monarchie de Juillet a, quant à elle, supprimé progressivement les majorats par la loi du 12 mai 1835.

L'institution du majorat a été définitivement abolie par la révolution de 1848. (Wikipédia)

32Tann est une commune de Bavière (Allemagne), située dans l'arrondissement de Rottal-Inn, dans le district de Basse- Bavière.

33 Il n’y a donc plus que la brigade Gilly pour attaquer le village. Une première attaque d’un bataillon du 48° de ligne sur le bois est sèchement repoussée par le 2° bataillon de Jägers. Le général Barbanègre renouvèle aussitôt son effort avec trois bataillons soutenus par son artillerie et cette fois, les diables gris doivent céder. Il faudra aussi deux assauts pour se rendre maître de Paring. En effet, lors de leur attaque les 15° légers et 33° de ligne sont pris de flanc par l’artillerie autrichienne très bien placée. Il faudra malgré tout, toute la ténacité du 1° bataillon de Jägers pour rejeter les Français des faubourgs du village.

Le général Gilly ne laisse pas aux Autrichiens le temps de se ressaisir. Il envoie ses deux derniers bataillons à l’attaque. Il faudra encore une demi-heure d’âpres combats de rues aux français pour occuper le village en entier (Par Jean Luc Dorel et Gilles Carry)

34 Lettre figurant dans le dossier du général Gilly au SHAT - 7 YD 500 La Vernède aujourd'hui

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l'obtiens je le considèrerai entièrement comme l'effet de vos services, et ma reconnaissance égalera le très profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,

Prince,

De votre Altesse Sérénissime

Le très humble, très obéissant et très dévoué serviteur

Signé : Gilly Gal de Bde à la 2e Dion du 3e Corps

Le 25 Napoléon le nomme chevalier de la Couronne de Fer35.

Le 6 juillet, il est blessé d’un coup de feu à la bataille de Wagram où il commande, sous les ordres de Friant, le 15ème régiment d’infanterie légère composé de 3 bataillons (1800 hommes) et le 33ème régiment d’Infanterie de ligne composée de 3 bataillons (1700 hommes), faisant partie du 3ème corps d’armée commandé par Davout.

Ces actions d’éclats lui vaudront une promotion au grade de général de division, le 16 août 1809.

Le général Friant appuie la demande de promotion du général Gilly d’une lettre élogieuse 36, auprès de son Altesse Sérénissime, Prince de Neuchâtel, Vice Connétable, Major Général 37

« Monseigneur,

J'ose prendre la liberté d'entretenir un instant votre Altesse Sérénissime d'un général de brigade dont la belle conduite à la guerre est depuis longtemps éprouvée. C'est Monsieur le Général Gilly employé depuis deux ans dans ma division. Le 14 avril, après m'être retiré du pays de Bayreuth38 j'eus un combat assez vif à soutenir entre Amberg et Neumarck ; le Gal Gilly m’y donna des preuves d'une valeur et d'un sang-froid peu ordinaires ; mais le 19, où le 3e Corps eut beaucoup à faire, je puis dire, à l'honneur de ce général, qu'avec une poignée de monde, il préserva notre gauche de toute insulte, en se jettant tête baissée, contre une colonne considérable d'autrichiens qui tentait de nous tourner.

Au 21, le Général Gilly se signala par un courage et une opiniâtreté sans exemple C'est un général vraiment fait pour commander la confiance des troupes.

Je me plais à rendre à votre Altesse Sérénissime, ce bon témoignage en faveur du Général Gilly afin qu'elle daigne mettre sous les yeux de Sa Majesté la conduite d'un aussi bon et fidèle serviteur en faveur duquel, je fais la demande ci-jointe.

J'ai l'honneur d'être, Monseigneur, avec le plus profond respect, De votre Altesse Sérénissime

Le très humble, très

obéissant et très dévoué serviteur

35 L'ordre de la Couronne de fer est un ordre honorifique fondé le 5 juin 1805 à Milan par Napoléon Ier, agissant en tant que roi du Royaume d'Italie (1805-1814), sur le modèle de la Légion d'honneur.

36 Source : Dossier détenu par le Service Historique de l’Armée de Terre : 7 YD 500

37 Louis-Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel et Valangin, prince de Wagram, est né à Versailles le 20 novembre 1753 et mort à Bamberg (Bavière) le 1er juin 1815. Il fait partie de la promotion de maréchaux de 1804, et est nommé Grand veneur la même année. Comblé de faveurs, il obtient la principauté de Neuchâtel en 1806, occupée en son nom et celui de l'Empereur par le général Nicolas-Charles Oudinot (il ne s'y rendra toutefois jamais, et qu'il rétrocède à la Restauration au royaume de Prusse). Il est ensuite nommé vice-connétable de l'Empire en 1807, et enfin prince de Wagram en 1809.

38 Bayreuth, Neumarkt an der Oberpfalz et Amberg sont des villes de Bavière

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Au camp sous Vienne

le 9 juin 1809 Le Gal de Don Comte de l’Empire

L. Friant

Aucun répit ne lui est laissé. Le 15 août 1809, et pour faire une diversion destinée à aider les Autrichiens, les Anglais mènent une expédition contre le port d’Anvers et se s’emparent temporairement de la ville de Flessingue (ville néerlandaise située dans l’ancienne île de Walcheren, en Zélande). Napoléon, déjà embourbé en Espagne, s’inquiète et envoie des renforts. C’est ainsi que le 24 août, Gilly est affecté à l’Armée d’Anvers où, dès le 5 septembre, il commande la 1ère division sous les ordres du général Reille39. Fin septembre, il occupe Middelbourg 40.

Marie Thérèse Guillabert s’est installée à Strasbourg ; c’est là, rue des Pucelles, que nait le 9 septembre 1809*, son fils Ernest Hector en l’absence de son père aux Armées.

Le 27 décembre 1809, le général fait publier et afficher une proclamation à Middelbourg dont la teneur est la suivante :

« Au quartier-général à Middelbourg,41 Le 27 décembre 1809.

Le général de division Gilly, baron de l'Empire, commandant de la Légion-d'Honneur, chevalier de l'Ordre Royal de la Couronne de Fer,

Aux Habitants de l'ile de Walcheren.

Votre île fait partie de l'Empire François. Vous êtes appelés à partager les heureuses destinées de quarante millions d'habitans, qui, en s'enorgueillissant d'être gouvernés par le plus grand monarque du monde, jouissent avec sécurité, sous sa protection toute puissante, des fruits de son génie créateur et vivifiant.

Habitans de Walcheren ! montrez-vous dignes d'une si haute faveur par votre obéissance aux lois de l'Empire, et votre dévouement à son illustre souverain. Cessez tout trafic mercantile, avec cette nation ennemie de toutes les nations du continent : désormais toute relation avec les Anglais seroit un crime ; mais comment pourriez-vous en conserver avec ceux qui n'ont mis pendant quelques semaines les pieds sur votre sol, que pour y porter la dévastation et l'incendie au moment de leur fuite ?

La présence des troupes destinées à votre défense ne sera point une charge pour vous ; elles vivront au moyen de distributions régulières, qui seront faites par les soins de l'administration de l'armée.

L'exacte discipline qu'elles observent vous garantit de leur part, non-seulement le respect qu'elles doivent à votre religion, à vos personnes et à vos propriétés, mais même une protection efficace contre quiconque oseroit y porter atteinte.

Jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, les autorités administratives et judiciaires établies dans l'ile de Walcheren avant l'entrée des Anglois dans cette ile ; reprendront leurs fonctions ; tous les actes de l'autorité publique seront rendus au nom de S. M. I. et R. Napoléon, Empereur des François et Roi d’Italie.

Le général de division

commandant supérieur de l'ile de Walcheren,

Gilly. »

39 Anvers, 16 septembre :

S.A. le prince de Ponte-Corvo a visité ce matin notre citadelle. Le général de division Gilly est arrivé ici aujourd’hui pour être employé à l'armée. Un bataillon de gardes nationales de la Marne a rejoint aujourd'hui le contingent de ce département. On dit que les dragons vont être envoyés à Bruxelles. Chaque jour le train d'artillerie devient plus considérable. (Journal de l’Empire 19 septembre 1809).

Anvers, 25 septembre :

L'organisation de l'armée d'Anvers en trois corps a eu lieu en vertu d'un décret impérial du 5 septembre. Le centre, qui est sous les ordres du général Reille, aide-de-camp de S.M., est formé de deux divisions, et de quatre brigades […], composées des 18, 4°, 5e, 21e, 6e, 7e, 19e et 20e régiments provisoires. La première division est sous les ordres du général Gilly, et la deuxième sous ceux du général Conroux. (Journal de l’Empire 26 septembre 1809. P 3

40 Middelbourg (Middelburg en néerlandais) est une commune et une ville néerlandaise située dans l'ancienne île de Walcheren sur le canal de Walcheren en Zélande.

41 Nouvelles littéraires et politiques n° 15 du 15 janvier 1810

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Le 24 février suivant, il fait son rapport42 sur la situation sur l’ile de Walcheren, rapport que publie le Moniteur Westphalien du 2 mars 1810 :

« Voici le rapport du général de division Gilly, commandant supérieur de l'isle de Walcheren, sur les pertes que les Anglois ont essuyées dans cette isle, publié par le Moniteur d'hier :

" D'après les renseignemens les plus exacts que l'on a pu se procurer, l'ennemi a eu jusqu'à 16.000 malades dans les mois d'août et septembre, dont 9.500 sont morts dans l'île, la majeure partie à Middelbourg. 5.500 ont été évacués sur l'Angleterre, mais on sait que 3.000 sont morts dans la traversée et dans les premiers jours de leur arrivée ; ce qui porte la perte de l'ennemi à 13.000 hommes, outre 5 à 400 tués dans les différentes escarmouches qui avoient eu lieu hors de Flessingue et pendant le bombardement de cette place.

" L'ennemi a éprouvé encore une perte considérable à l'époque de leur évacuation, en denrées ou effets d'équipement. Quinze bâtimens, chargés de différens objets que l'on ne connoît pas, étant mouillés à l'est-sud-est de Flessingue, furent engloutis, corps et biens, deux jours avant le départ de l'escadre. La même tempête fit périr aussi sur les bancs de Westkapelle deux autres vaisseaux, portant 1.100 hommes de troupes et quelques chevaux dont on ignore le nombre. Ainsi la Perte totale de l’ennemi, en hommes, est de 15.000 h. […] »

Le 11 mai 1810, Napoléon le nomme commandant des iles de la Zélande où il restera en poste durant 4 ans.

Il sollicite son admission dans l’ordre des Trois toisons d’or 43 : de Middelbourg, le 20 juillet 1810, il écrit au Grand Chancelier 44 « Quoique je n'aie été blessé que deux fois, la première à la prise de Puycerda, en juillet an III, et la seconde à Wagram, je crois que mes services dans diverses circonstances m'autorisent, à réclamer la bienveillance de V. E. pour mon admission dans l'Ordre des Trois Toisons d'Or et je la supplie de mettre ma demande sous les yeux de S. M.

lorsqu'elle le trouvera convenable. » Il est encore à Middelbourg quand il signe une procuration à Monsieur Chauveau- Lagarde avocat au Conseil d’État pour que lui soient délivrées en son nom les lettres d’investitures des biens que l’Empereur a attachés à son titre de Baron d’Empire45.

Le 30 juin 1811, il est promu Grand officier de la Légion d’Honneur46, mais son brevet ne sera signé qu’en 1821.

Le 27 octobre 1811 Napoléon inspecte les travaux réalisés à Flessingue ; il invite Gilly à sa table Le 25 août 1813 alors qu’il est en congé à Paris, il reçoit l’ordre de retourner sur le champ à Flessingue47, ordre annulant celui reçu le 21 de rejoindre Mayence. Sans doute était-il venu voir son dernier fils, Alfred Polidore, né le 15 février 1813*, 25 avenue de Neuilly dans le quartier des Champs- Élysées.

La situation s’aggrave. Le 19 octobre 1813, à l’issue de l’ultime campagne d’Allemagne, la Grande Armée est battue par les armées coalisées à la bataille de Leipzig (dite « bataille des Nations »), et le 42 Nouvelles littéraires et politiques n° 61 du 2 mars 1810

43 L'Ordre des Trois-Toisons d'Or est un ordre honorifique institué par Napoléon 1er à partir de Schönbrunn par lettres patentes 1,2 du 15 août 1809. Il n'a jamais été distribué, et a été dissous par Napoléon le 27 septembre 1813.

44 Gallica : Carnet de la Sabretache : revue militaire rétrospective, publiée mensuellement par la Société "La Sabretache" – 1907 (un seul numéro) - Page 623

45 Archives nationales BB/30/1026 46 Base Leonore - L113055

47 SHAT – 7 YD 500 – Attestation du ministère de la guerre Journal de l'Empire du 11 octobre 1811 - P. 2

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22 décembre l’armée de Schwarzenberg franchit le Rhin, suivie le 1er janvier 1814 par celle de Blücher.

La « campagne de France » commence.

Aux Pays-Bas, la situation s’aggrave également rapidement. Le 15 novembre 1813, Amsterdam se rebelle. Le 17, la garnison française évacue La Haye, le 19 c’est le tour de celle de Rotterdam. Au même moment les Russes et les Prussiens entrent dans le pays, et le 30, le prince d’Orange arrive à La Haye avec l’aide des Anglais. L’évacuation des troupes françaises s’accélère. Partant de la Zélande, en mars 1814, Gilly s’empare au passage de Bruges à la tête des garnissons d’Ostende, Dunkerque et Nieuport.

La première restauration 6 avril 1814 à mars 1815

Le 31 mars 1814, Paris tombe aux mains des coalisés. Sous la pression de ses maréchaux et du Tsar, Napoléon abdique le 12 avril à Fontainebleau. Gilly se soumet au nouveau pouvoir.

Dès le 8 juillet, Louis XVIII nomme dans l’ordre royal et militaire de Saint-Louis de nombreux généraux, dont Gilly, espérant sans doute les rallier à sa cause,48 et, par lettre patente du 11 novembre 1814 49, il confirme le titre de Baron du général Gilly.

Les Cent-Jours, du 1

er

mars au 28 juin 1815

Le 1er mars 1815 Napoléon débarque à Vallauris dans le Golfe Juan

Le 6 mars 1815, Gilly est mis à la disposition du Duc d’Angoulême50 pour commander la Réserve de Nîmes. Le 27, il est mis en disponibilité.

Le 4 avril, il se déclare pour Napoléon

Le 8, devenu commandant du 1er corps d’armée du Midi et des 8ème et 9ème divisions militaires, il marche contre le Duc d’Angoulême, signe avec lui, le 8 avril 1815, la convention de Lapalud. Cette convention prévoit que le Duc d’Angoulême embarquera à Sète et que son armée sera désarmée. Cet épisode, sans doute le plus connu de la carrière du général, a donné lieu à de nombreuses versions selon les époques où elles ont été rédigées (voir en annexe). Le général Grouchy n’avalise pas cette convention négociée sans sa participation et il retient le Duc jusqu’à ce l’Empereur se prononce.

Napoléon approuve la conduite de son général Gilly qu’il félicite à cette occasion 51. Le Duc d’Angoulême ne tient pas rigueur à Gilly de cette affaire puisqu’il intercède auprès de Louis XVIII pour obtenir la grâce du général comme nous le verrons plus loin.

Dans une lettre de Barcelone du 18 avril, publié le 16 mai 1815* par le Journal de l’Empire, le Duc d’Angoulême donne sa version des évènements qui se sont déroulés dans le Vaucluse et accuse le général Grouchy d’avoir empêché son embarquement, malgré la convention qu’il a signée avec Gilly.

Sur cette période les Archives départementales de Vendée conserve un petit fonds constitué par le baron de Damas, au terme des quarante jours qui furent nécessaires pour rétablir l'autorité royale dans le Midi de la France après Waterloo. Certaines des correspondances conservées éclairent les

48 Moniteur Universel du 10 juillet 1814 49 SHAT - 7 YD 500

50 Louis-Antoine d’Artois, né le 6 août 1775 à Versailles, France, et mort à Görz, Autriche — actuellement Gorizia (Italie) — le 3 juin 1844, petit-fils de France et duc d’Angoulême (1775-1824), puis Louis-Antoine de France, dauphin de France (1824- 1830) puis comte de Marnes (1830-1844), puis en 1836 Louis de France, est un prince de la maison royale de France, fils de Charles-Philippe de France, ce dernier étant comte d'Artois (et le futur roi Charles X), et de Marie-Thérèse de Savoie. En mars 1815, il est en voyage officiel à Bordeaux quand il apprend le débarquement de Napoléon à Golfe Juan. Il lève dans le Midi une petite armée, remporte quelques succès locaux.

51 Un entrefilet de la Gazette de France dans son numéro du 20 Avril 1815, indique que « le Ministre de la Guerre a témoigné la satisfaction de l’Empereur aux généraux [….] Gilly qui par la conduite qu’ils ont tenue, ont contribué si efficacement à réprimer la guerre civile »

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