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Sur une série de niveaux nucléaires
W.M. Elsasser
To cite this version:
SUR UNE
SÉRIE
DE NIVEAUXNUCLÉAIRES
Par W. M.ELSASSER.
Institut Henri-Poincaré. Paris.
Sommaire. 2014 Le spectre des rayons 03B1 de long parcours (du RaC’ contient cinq groupes intenses dont les énergies sont entre elles à 1 pour 100 près comme
~3 : ~3 : ~7 : ~9 : ~11.
L’analyse théorique dece phénomène montre que ces nombres sont les valeurs propres d’un opérateur qui apparaît dans la théorie des forces d’échange d’Heisenberg-Majorana et qui représente l’interaction d’échange entre un neutron et plusieurs protons (ou vice-versa). Il est très probable que nous sommes en présence d’une activation nucléaire d’un type inconnu jusqu’ici et qui se caractérise par un changement partiel à
l’intérieur du noyau d’un neutron en proton (ou vice-versa). Ce changement pourrait être conçu comme
préalable à la transformation nucléaire par émission 03B2. Le
spectre
des rayons a delong
parcours du RaC’ a été mesuré avecgrande précision
parRutherford,
Lewis et BoBvden(’ )
à l’aide d’ungrand
aimant annu-laire. Les noyauxqui
émettent cesparticules
se trouvent dans un état activé par suite de ladésintégra-tion p qui précède
l’émission a. Lespectre x
contient en tout 12 groupes dont 5 forts et 7 faibles. Le groupe de 1~.1~ X 10’ e-volts est de loin leplus
fort,
ilcorres-pond
à 22particules
sur 106désintégrations.
Les autres groupes forts sont à peuprès égaux
entre eux enintensité,
ilscorrespondent
à1,5
particules
émises dans 106désintégrations,
tandis que les groupes faibles sont 3-4 fois moins intenses. Les excès desénergies
des groupes forts des niveaux sur le niveau fonda-mental obéissent à une loisimple,
elles sont succes-sivementproportionnelles
àV3,
B/5,
V~ %/9,
comme le montre le tableau suivant où lesénergies
des groupes ultérieurs ont été calculées àpartir
del’énergie
dupremier :
Les
énergies
sont données en 105 e-volts. On voit que ladivergence
des valeurs calculées et observées nedépasse
pas 1
pour100,
cequi
est environ letriple
de la margeexpérimentale
donnée parRutherford,et
sescollaborateurs.
Le niveau de 14.12 X ~0~ e-volts a
déjà
étél’objet
d’uneétude
spéciale.
On sait que dans lespectre p
secondaire du RaC’ il existe une raie extrêmement forte
qui correspond
exactement à la conversion interne de laditeénergie
dans un niveauélectronique
mais on ne trouvepoint
lerayonnement y correspondant
qui,
parcomparaison
aux autres rayons yqu’on
amesurés,
devrait être facilement observable. Fowler(2)
a donnél’explication théorique
de ces faits auprime
abord assezétranges.
Il suppose que toute transition parrayonnement
entre les deux niveaux enquestion
estrigoureusement
interdite. Ceci est p. ex. le cas, si les deux niveaux sont des niveaux Sayant
un moment résultant nul. Fowler admet alorsqu’il
existe uneinteraction directe entre l’électron l( et le noyau
qui
conduit en fin decompte
àl’expulsion
de l’électron. Il n’est pas nécessaire despécifier davantage
cetteinterac-tion ;
le calcul montre toutefois que des forces relative-ment faibles suffisent pourexpliquer
la durée de vie observée du niveau. Ils’agit
donc d’un niveaumétas-table,
salongue
durée de vieexplique
songrand
rende-ment enparticules x
delong
parcours.Il semble fort
probable
que les autres niveaux de notre série soientégalement
des niveauxS,
eneffet,
dans le
spectre 8
secondaire émis par le RaC’(3)
il ne se trouve pas de combinaison ydirecte,
ni de ces niveaux entre eux ni avec le niveau fondamental. D’autrepart
il existe des combinaisons en deuxétapes
de ces niveaux avec le niveaufondamental;
c’estpeut-être
là une des raisonsqui
font que les niveauxsupérieurs
de la série donnent lieu à une émission a moins forte que lepremier
niveau. Notons encore que les niveauxqui
correspondent
aux groupes très faibles de rayons(qui
ne font pas
partie
de notresérie)
ontquelquefois
des combinaisons directes avec les niveaux de la série ou avec le niveau fondamental. Ce faitindique
que de tels niveaux n’ont pas un moment résultant nul. Oncom-prend
alors que les groupescorrespondants
soientplus
faibles ;
ceciprovient
non seulement de l’existence d’unrayonnement
yplus intense,
mais encore de la diminu-tion que subit laprobabilité
d’émission apourunniveau
d’unspin
élevé(~).
Il convient de
signaler
une anomalie fort intéres-sante dans notre série de niveaux. On devrait s’atten-dre à trouver le niveau fondamental à ==1),
desorte que les
rapports
desénergies
successives soient non pasy 3 :
B/5
etc.,
mais(V3 - 1) :
(+/5
- 1),
etc.Enréalité,
le niveau leplus
bas se trouve àl’énergie
0 dans l’échelleadoptée
par nous et iln’y
a pas trace d’unrayonnement x
correspondant
àl’énergie
1.Procédons maintenant à une tentative
d’interpréta-tion
théorique
de la série trouvée. Onpeut
écrireles
énergies relatives
sous la+-avec
n = 1,2,...
Cette suite de nombresreprésente
les racines carrées des valeurs propres de l’oscillateurharmonique.
Onpeut
partir
de ce fait pour rechercherl’opérateur qui
a ces nombres comme valeurs propres. L’hamiltonien de313
l’oscillateur
harmonique est,(à
des constantesprès).
Formons la racine carrée de cetteexpression
selon leprocédé
bien connu de Dirac. On auraOn donnera difficilement à cet
opérateur
unesignifica-tion
physique
simple.
Mais il existe uneexpression
d’une structure trèsanalogue
que l’onpeut
plus
faci-lementinterpréter.
Soient "CI, ’t2, T3 trois matrices de Pauli etM (Mi,
lll2,
M3)
un moment de rotationquel-conque avec
Nous étudions maintenant les
propriétés
de cetteexpression
dontl’analogie
avec(1)
saute ’aux yeux. Ilsera montré dans
l’appendice
que les valeurs propres de(2)
sontL
----où
1,
m ont lasignification
courante : valeurs propres de M et deJf3.
On verraégalement
dansl’appendice
quel’expression (3)
reste valable dans le cas où 1 et msont des nombres demi-entiers. Il est donc
possible
d’interpréter
M comme étant une résultante despins.
Pour obtenir les termes de notresérie,
posons d’abord 1 - m =0,
cequi
donne W = 0. Posons ensuite 1 - m = 1 etajoutons
comme conditionsup-plémentaire
que m soittoujours positif.
Dans ce cas, la valeur laplus petite
et demi-entière de lcompatible
avec 1 - m = 1 sera 1 =
3/2
cequi
donne W = 3. PourL 3p, j, 7/2
..on obtient alors successivement
On trouve donc par ce
procédé
non seulement les valeurs propres de lasérie,
mais encore par suited’une condition
supplémentaire
assezsimple
l’anomaliesignalée
ci-dessusqui
consiste en l’existence d’unelacune entre le niveau fondamental et le
premier
niveauactivé. Une série suivante serait donnée
par W
=VS,
valeurqui
necorrespond
pas à un groupe a observé. Il nous faut maintenant chercher uneinterprétation
physique
de ce formalisme. On pensera d’abord à l’in-teraction d’unspin
avec une résultante despins
ouavec un moment orbital. Mais dans ce cas,
l’expres-sion(2)
devraitégalement
contenir un terme’t3M3,
cequi changerait profondément
les valeurs propres. Nous pouvons donner uneinterprétation plus
satisfaisante en considérant les T non comme lescomposants
d’un véri-tablespin,
mais commereprésentant
unegrandeur
introduite parHeisenberg (°),
dans sa théorie de la constitution nucléaire.Heisenberg
attribue àchaque
particule
lourde dans le noyau unegrandeur
que nousdésignons
par r etqui
peut
avoir deux valeursseu-lement ; lorsque
_-_1,
laparticule
lourde enquestion
est unneutron,
lorsque T
_ -1,
laparticule
est unproton.
Il est facile de voir que cettegrandeur
a les mêmespropriétés
formelles que lespin.
On trouve alors quel’énergie
potentielle
d’échange
entre deuxparticules a
et b dont l’une est unproton
et l’autre unneutron, peut
être mise sous cette forme :+ T2,, -2b]
(~’)
où rab
désigne
la distance des deuxparticules.
Si l’onremplace
le termed’échange d’Heisenberg
par celui deMajorana
(6),
plus
conforme aux faitsexpérimentaux,
ondoit,
au lieu de J(r)
écrire dans(4)
1 . - 1
où q
désigne
maintenant le véritablespin
du corpus-cule. Dans cet ordred’idées,
on identifiera notre vec-teur M de(2)
avec la résultante desgrandeurs
T deplusieurs particules, l’expression
(2)
étant encore àmultiplier
par 8,
où i est la valeur moyenne de J ou bien del’expression (5), prise
à l’aide de la fonction deSchrôdinger
de l’état enquestion.
On devra doncadmettre que la fonction de
Schrôdinger qui
serap-porte
à larépartition
spatiale
et à celle desspins
desparticules
reste enpremière approximation
la même lors des activations de notre série. Précisons encore un peu le sens de notre schéma formel. Dans l’étatfonda-mental,
on a 1 - m donc lYlparallèle
àM,.
Celasignifie
qu’on peut
dire sansambiguïté quel
est le nombre de neutrons etquelle
nombre deprotons
du noyau.Lorsque
m = 1- 1,
le vecteur lVl sera inclinépar
rapport
àlYl3.
Onpeut
alorsindiquer
le nombre departicules
d’unesorte,
- deneutrons,
parexemple
seulement à une unitéprès,
uneparticule
étanttou-jours
en train dechanger
dans l’autreespèce
Si cetteinterprétation
estjuste,
ils’agit
sans doute là d’uncouplage
du noyau avec le réservoir d’électronsnéga-tifs,
couplage qui
résulte dans la création d’unepaire
à l’intérieur du noyau, mais sans que ce processus donne dans ce cas lieu à une émission~.
S’il faut trouver un nom pour cephénomène
nouveau, nousl’appellerons
« activation de
charge
». A cette activationparticipe
successivement un nombre croissant departicules,
puisque
1 croit successivement dans la série. Il reste àexpliquer, pourquoi
des valeurs demi-entières de 1 sontseulement
permises,
de sorte que seul un nombreimpair
decorpuscules
puisse produire
cet effet.Natu-rellement,
ilpeut
aussi hiens’agir
de la transformation d’un neutron enproton
que d’unproton
enneutron,
la théorie deHeisenberg
étant enpremière
approxima-tionsymétrique
parrapport
aux deuxtypes
departi-cules.
Pour
terminer,
remarquons que l’existence d’une sériespectrale
ne semble nullement unphénomène
exceptionnel
dans les noyaux, même si lesénergies
enquestion
sontpetites
parrapport
auxénergies
deliai-sons. En
1931,
Rutherford et Ellis(’)
ontdéjà signalé
de nombreusesrégularités
numériques
dans lespectre
314
y du RaC’. Nous avons été amenés à la recherche
qui
pré-cède par une note récemmentpubliée
de Rosenblum(8)
où il a découvert une véritable série de bandes dans la structure fine des rayons ce du ThC.Lorsqu’on
prend
comme
énergie
zéro lepremier
niveauappartenant
à labande,
les termessupérieurs
se trouvent à des dis-tances relatives de2, 3,
4. La décroissancerégulière
de l’intensité à travers la bande prouvequ’il
s’agit
bien d’une série de niveaux dûs à un mécanisme commun et non pas une coïncidence fortuite.Cependant
lequan-tum
d’énergie (qui
est de1,44
X 10~e-V)
semble debeaucoup trop petit
pourcorrespondre
à un mode de vibrationmécanique
del’assemblage
desparticules
qui
forment le noyau - comme nous l’avons pu constater par une étudeplus approfondie.
Cetteénergie
est d’autrepart trop grande
pourreprésenter
une rotation du noyau entier. Nous inclinerionsplutôt
à croire que le mécanisme d’activation estapparentée
à celui quenous venons de décrire
plus
haut;
cette idée gagne enprobabilité
par lefait
que la série de Rosenblumpré-sente une lacune entre le niveau fondamental et le
premier
niveau activé enanalogie
avec la série décriteplus
haut. Desrégularités
dans le genre de celles duThC,
bien que moinsdistinctes,
semblentégalement
se trouverdans
nombre d’autresspectres
oc(9).
Notonsenfin
que 5
des 7 groupes faibles des rayons a du RaC’ont
l’apparence
de satellites des groupes forts du côté des moindresénergies.
La différenced’éuergie
entre le groupe fort et le groupe faiblequi
leprécède
a succes-sivement les valeurs~,~9
1,81
1,23
1,71
1,84
en 105 e-V. Cette différence
prend
donc seulement deux valeurs distinctes(moyennes 1,26
et1,74).
Il estsigni-ficatif que cette
énergie
estprécisément
du mêmeordre que celle
qui apparaît
dans la bande duThC,
cequi
laisse penserà
une coexistence des deuxtypes
de niveaux dans le cas du RaC’. Il semblejustifié
de con-clurequ’une
grande partie
oupeut-être
laplupart
des niveaux activés des corps radioactifsappartiennent
autype
signalé
dans cequi
précède.
Ceci n’exclutpoint
laprésence
d’autrestypes
de niveaux activés dont le mécanisme d’activationpourrait
se concevoir auxtermes de la
mécanique
ordinaire commechangement
d’orbite d’un certain nombre de
particules
lourdes.Appendice. -
La transformation aux axesprinci-paux de
l’opérateur (2)
s’écrit en substituant pour T1 etTa les valeurs bien connues des matrices de Pauli :
On a en coordonnées
polaires, lorsqu’on
n’admet que des nombres entiers comme valeurs propres de M -.Avec les valeurs propres
(3),
la solution de(6)
est don-née paroù
les p
sont des fonctionssphériques
normalisées. Pour la vérification on se sert d’unepaire
de formules que l’on déduit dans la théorie des fonctionssphé-riques (’°),
Ici les
9:l,m
sont les fonctions deLegendre adjointes
Lorsque
1 et m doivent êtredemi-entiers,
Mt
seraremplacé
par-et de même pour Les 0’ sont des matrices de Pauli
indépendants
des t et les M sont encore donnés par(7).
Au lieu de chacune des fonctions
(8)
on auramainte-nant une
paire
de fonctions :La vérification de
(6)
avec ni au lieu de ~1 se fait de lamême manière que dans le cas
précédent.
Manuscrit reçu le 13 mai 1936.
BIBLIOGRAPHIE
(1) RUTHERFORD, LEWIS et BOWDEN. Proc. Roy. Soc., 1933, 142,
347.
(2) FOWLER. Proc. Roy. Soc., 1930, 129, 1.
(3) ELLIS. Proc. Roy. Soc., 1934, 143, 350.
(4) GAMOW et ROSENBLUM. C. R., 1933, 197, 1620.
(5) HEISENBERG. Z.
Physik.,
1932, 77, 1; 1932, 78, 156; 1933,80,
587; voir également, Rapport 7e Congrès Solvay, Paris, 1934.
(6) MAJORANA. Z. Physik., 1933, 82, 137.
(7) RUTHERFORD et ELLIS. Proc. Roy. Soc., 1931, 132, 667. (8) ROSENBLUM. C. R., 1936, 202, 943.
(9) Selon une communication personnelle de M. Rosenblum
que je voudrais remercier pour beaucoup d’informations
intéres-santes.