• Aucun résultat trouvé

TORES ET VARI ´ET ´ES AB ´ELIENNES COMPLEXES

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "TORES ET VARI ´ET ´ES AB ´ELIENNES COMPLEXES"

Copied!
132
0
0

Texte intégral

(1)

Olivier Debarre

TORES ET VARI ´ ET ´ ES AB ´ ELIENNES

COMPLEXES

(2)

7 rue Ren´e Descartes, 67084 Strasbourg C´edex, France.

E-mail :debarre@math.u-strasbg.fr

Url :http://www-irma.u-strasbg.fr/˜debarre

Classification math´ematique par sujets(2000). — 14-01, 14K20, 14K25, 14H52, 18F20, 32C10, 32C17, 32C18, 32G13 55N10, 55N30, 55Q52, 58A10, 58A12.

Mots clefs. — Tore complexe, vari´et´e ab´elienne, fonction thˆeta, espace de modules, th´eor`eme de Riemann–Roch, thˆetaconstante (ou thetanull).

(3)

TORES ET VARI ´ ET ´ ES AB ´ ELIENNES COMPLEXES Olivier Debarre

R´esum´e. — Un des buts de ce livre est d’initier le lecteur `a des aspects modernes de la g´eom´etrie analytique et alg´ebrique complexe `a travers la th´eorie classique des tores com- plexes et des vari´et´es ab´eliennes. Partant des courbes elliptiques complexes, on passe ensuite au cas de la dimension sup´erieure, en caract´erisant de plusieurs points de vue les tores com- plexes qui sont des vari´et´es ab´eliennes, c’est-`a-dire qui se plongent de fac¸on holomorphe dans un espace projectif. On d´emontre des th´eor`emes classiques sur les vari´et´es ab´eliennes et on passe en revue la construction de leurs espaces de modules. Le dernier chapitre contient des r´esultats nouveaux sur la g´eom´etrie et la topologie de certaines sous-vari´et´es d’un tore complexe.

Abstract(Complex Tori and Abelian Varieties). — This book takes the classical theory of complex tori and complex abelian varieties as an excuse to go through more modern aspects of complex algebraic and analytic geometry. Starting with complex elliptic curves, it moves on to the higher-dimensional case, giving characterizations from different points of view of those complex tori which are abelian varieties, i.e. which can be holomorphically embedded in a projective space. Standard theorems about abelian varieties are proved, and moduli spaces are discussed. The last chapter includes new results on the geometry and topology of some subvarieties of a complex torus.

(4)
(5)

TABLE DES MATI ` ERES

Introduction. . . 1

I. R´eseaux et tores complexes. . . 5

1. R´eseaux . . . 5

2. Tores complexes . . . 6

3. Espaces projectifs . . . 8

Exercices . . . 9

II. Courbes elliptiques. . . 11

1. La fonction℘de Weierstrass . . . 11

2. Fonctions thˆeta et diviseurs . . . 15

3. Diviseurs et th´eor`eme de Riemann–Roch . . . 17

4. Espace de modules . . . 19

5. Organisation du livre . . . 21

Exercices . . . 21

III. Formes diff´erentielles et cohomologie de de Rham. . . 25

1. Formes altern´ees . . . 25

2. Formes diff´erentielles et cohomologie de de Rham . . . 26

3. Int´egration des formes diff´erentielles, formes enti`eres . . . 29

4. Formes diff´erentielles sur les tores complexes . . . 31

5. Formes diff´erentielles sur les espaces projectifs, formes de K¨ahler . . . 34

Exercices . . . 35

IV. Fonctions thˆeta et diviseurs. . . 37

1. Fonctions thˆeta . . . 37

2. Diviseurs sur les vari´et´es complexes . . . 41

3. Fonctions m´eromorphes sur les tores complexes . . . 43

Exercices . . . 46

(6)

V. Fibr´es en droites, cohomologie des faisceaux et premi`ere classe de Chern. . . 49

1. Fibr´es en droites . . . 49

2. Construction de fibr´es en droites sur les tores complexes . . . 53

3. Faisceaux . . . 54

4. Cohomologie . . . 56

5. Premi`ere classe de Chern . . . 57

Exercices . . . 63

VI. Vari´et´es ab´eliennes. . . 65

1. Conditions de Riemann . . . 65

2. Th´eor`eme de Riemann–Roch . . . 67

3. Plongement dans un espace projectif . . . 69

4. Dualit´e des tores complexes . . . 72

5. Sections des fibr´es en droites . . . 74

6. Vari´et´es ab´eliennes . . . 76

7. Corps des fonctions d’une vari´et´e ab´elienne . . . 78

8. Th´eor`eme de r´eductibilit´e de Poincar´e . . . 79

9. D´ecomposition d’une vari´et´e ab´elienne polaris´ee en produit . . . 80

10. Endomorphismes des vari´et´es ab´eliennes . . . 82

Exercices . . . 84

VII. Espaces de modules. . . 89

1. Espaces de modules de vari´et´es ab´eliennes polaris´ees . . . 89

2. Fonctions thˆeta de Riemann . . . 94

3. Formes modulaires . . . 95

4. Plongement des espaces de modules . . . 98

Exercices . . . 102

VIII. Sous-vari´et´es d’un tore complexe. . . 105

1. Sous-tore engendr´e par une partie . . . 106

2. Intersection de sous-vari´et´es . . . 107

3. Th´eor`eme de connexit´e, groupe fondamental des sous-vari´et´es . . . 110

4. Application de Gauss . . . 116

Exercices . . . 121

Bibliographie. . . 125

(7)

INTRODUCTION

Ce livre est une version ´etoff´ee d’un cours de D.E.A. donn´e `a l’Universit´e Louis Pasteur au printemps 1997, dont le but ´etait d’offrir une introduction `a la th´eorie classique des tores complexes qui soit la plus ´el´ementaire possible, un peu dans l’esprit du livre [SD], tout en pr´esentant en parall`ele un point de vue plusmoderne, ce qui permet d’une part d’´eclairer les calculs des math´ematiciens du XIXesi`ecle, d’autre part de familiariser le lecteur avec des th´eories plus r´ecentes (faisceaux, classes de Chern, cohomologie, etc.). Les tores complexes sont id´eaux de ce point de vue : on peut faire tous les calculs`a la main, sans que la th´eorie soit totalement triviale. Les connaissances demand´ees au lecteur sont donc tr`es limit´ees ; il devrait pouvoir lire les chapitres I `a VI en sachant simplement ce que sont une vari´et´e et une fonction holomorphe. Les deux derniers chapitres, qui n’ont pas ´et´e abord´es dans le cours proprement dit, sont d’acc`es peut-ˆetre plus difficile : l’avant-dernier parce qu’il est assez technique, le dernier parce qu’il n´ecessite quelques connaissances (tr`es ´el´ementaires) de g´eom´etrie analytique (ou alg´ebrique) complexe. Je n’ai cependant pas du tout cherch´e ni

`a ´ecrire un texteauto-suffisant, n’h´esitant au contraire pas `a interpr´eter (souvent en note de bas de page) certains des r´esultats dans le cadre de th´eories plus vastes mais inutiles au bon d´eroulement logique du livre, ni `a fournir partout des d´emonstrations compl`etes. Chaque chapitre est suivi d’un nombre variable d’exercices.

Apr`es un court premier chapitre consacr´e `a des r´esultats ´el´ementaires sur les r´eseaux, on passe dans le chapitre II `a la th´eorie analytique classique des courbes elliptiques complexes : d´efinition et propri´et´es de la fonction℘de Weierstrass, r´ealisation des courbes elliptiques comme cubiques planes, d´efinition des fonctions thˆeta, des diviseurs et du groupe de Picard d’une courbe elliptique. On termine par la construction d’un espace de modules pour les courbes elliptiques, en expliquant comment l’ensemble de leurs classes d’isomorphisme peut ˆetre param´etr´e, via l’invariant modulairej, par la droite complexe. Ce panorama rapide per- met d’expliquer dans un cadre simple beaucoup des questions (mais pas toutes !) trait´ees dans la suite du livre pour les tores complexes de dimension quelconque.

On aborde dans le chapitre III une des questions centrales de ce livre : `a quelle condi- tion un tore complexe admet-il un plongement(1)holomorphe dans un espace projectif ? On explique d’abord une condition n´ecessaire, valable d’ailleurs pour toute vari´et´e complexe :

1. Nous utilisons la terminologie habituelle : un plongement est une applicationXPnqui induit un isomor- phisme de vari´et´es complexes entreXet son image.

(8)

l’existence d’une forme de K¨ahler enti`ere sur la vari´et´e. C’est le pr´etexte `a une introduction rapide `a la cohomologie de de Rham et `a sa description pour les espaces projectifs et surtout pour les tores complexes, cas dans lequel une forme de K¨ahler enti`ere admet une description extrˆemement concr`ete en termes du r´eseau associ´e.

On examine dans le chapitre IV la mˆeme question, mais d’un point de vue tr`es classique, en se limitant ce coup-ci uniquement aux tores complexes. L’id´ee est de montrer que tout morphisme d’un tore complexe vers un espace projectif est donn´e par des fonctions d’un type tr`es particulier, dites fonctions thˆeta. C’est l’occasion de parler de diviseurs sur une vari´et´e complexe, le point essentiel ´etant de construire, pour tout diviseur effectif sur un tore com- plexe, une fonction thˆeta dont il est le diviseur (nous admettons certains des rudiments de la th´eorie des diviseurs, en partie le fait que l’anneau des germes de fonctions holomorphes sur une vari´et´e complexe est factoriel). On retrouve ainsi le fait qu’un tore complexe admettant un plongement holomorphe dans un espace projectif poss`ede une forme de K¨ahler enti`ere, en obtenant un r´esultat g´en´eral plus pr´ecis : toute application holomorphe d’un tore complexe Xvers un espace projectif se factorise `a travers un tore quotient deXappel´eab´elianis´e de X, qui, lui, admet une forme de K¨ahler enti`ere. Toutes les fonctions m´eromorphes et tous les diviseurs deXproviennent de son ab´elianis´e (cor. IV.3.6, p. 45).

On fait le lien dans le chapitre V entre les approches des deux chapitres pr´ec´edents en d´efinissant les fibr´es en droites sur une vari´et´e complexe. Un bref survol (sans d´emonstration) de la th´eorie des faisceaux et de leur cohomologie nous permet de d´efinir la premi`ere classe de Chern d’un fibr´e en droites de fac¸on cohomologique comme une application du groupe de Picard vers le second groupe de cohomologie enti`ere. On explique aussi comment calculer la premi`ere classe de Chern r´eelle `a l’aide d’une m´etrique hermitienne. La plupart de ces r´esultats ne sont pas essentiels pour la suite. Ils nous permettent cependant de d´eterminer tous les fibr´es en droites sur un tore complexe (th´eor`eme d’Appell-Humbert V.5.10, p. 62).

Le lien entre les approches pr´ec´edentes est alors clair : `a toute application holomorpheud’un tore complexeXvers un espace projectifPWest associ´e un fibr´e en droitesLsurX, `a savoir l’image inverse du fibr´eOPW(1)paru. Lorsqueur´ealise un isomorphisme sur son image, la forme de K¨ahler enti`ere surX construite dans le chapitre III repr´esente l’image inverse parude la premi`ere classe de Chern r´eelle deOPW(1), tandis que celle construite dans le chapitre IV repr´esente la premi`ere classe de Chern deL: elles co¨ıncident.

On ´etudie dans le chapitre VI la r´eciproque de la question pos´ee plus haut : un tore com- plexe admettant une forme de K¨ahler enti`ere peut-il se plonger dans un espace projectif ? La r´eponse est bien sˆur affirmative pour toutes les vari´et´es complexes compactes (c’est le c´el`ebre th´eor`eme de Kodaira), mais on peut d´emontrer ce r´esultat`a la maindans le cas des tores complexes, en construisant explicitement un tel plongement `a l’aide des fonctions thˆeta de Riemann. On d´emontre tout d’abord les conditions de Riemann, qui caract´erisent concr`etement, en termes du r´eseau associ´e, les tores complexes sur lesquels existe une forme de K¨ahler enti`ere. Le ph´enom`ene nouveau par rapport `a la dimension 1 est quela plu- partdes tores complexes ne v´erifient pas ces conditions en dimension>1(leur ab´elianis´e

(9)

INTRODUCTION 3

est nul). On d´emontre ensuite le th´eor`eme de Riemann–Roch dans le cas d’un fibr´e en droites ample sur un tore complexe (c’est-`a-dire que l’on calcule la dimension de l’espace de ses sections). Le th´eor`eme de Lefschetz s’en d´eduit, qui montre qu’un tel fibr´e en droites (qui existe sur un tore complexe satisfaisant aux conditions de Riemann) permet de construire un plongement holomorphe du tore dans un espace projectif. On a ainsi compl`etement r´epondu `a la question initiale, en obtenant une condition n´ecessaire et suffisante sur un r´eseau pour que le tore complexe associ´e se r´ealise comme sous-vari´et´e d’un espace projectif. Par le fameux th´eor`eme de Chow, une telle sous-vari´et´e est alors alg´ebrique, c’est-`a-dire qu’elle est d´efinie par des ´equations polynomiales (homog`enes). C’est ce que l’on appelle une vari´et´e ab´elienne complexe.

Ce chapitre se termine par quelques constructions classiques sur les tores complexes : dualit´e, dimension de l’espace des sections d’un fibr´e en droites quelconque, polarisation sur une vari´et´e ab´elienne, th´eor`eme de r´eductibilit´e de Poincar´e pour les vari´et´es ab´eliennes, description (rapide) de l’alg`ebre des endomorphismes rationnels d’une vari´et´e ab´elienne, in- volution de Rosati. On montre que le corps des fonctions m´eromorphes sur un tore complexe est une extension de type fini du corps des nombres complexes, de degr´e de transcendance

´egal `a la dimension de son ab´elianis´e. Sont aussi inclus quelques r´esultats moins connus, comme l’unicit´e de la d´ecomposition d’une vari´et´e ab´elienne polaris´ee en produit de facteurs ind´ecomposables (cor. VI.9.2, p. 81).

Le but du chapitre VII est de pr´esenter un survol de la th´eorie des espaces de modules de vari´et´es ab´eliennes polaris´ees, en sacrifiant le d´etail des d´emonstrations plutˆot que la pr´ecision des ´enonc´es, l’id´ee ´etant d’une part de ne pas noyer le lecteur d´ebutant, d’autre part d’aider les sp´ecialistes `a se retrouver dans le maquis parfois ´epais des notations des ouvrages de r´ef´erence sur le sujet. Les conditions de Riemann du chapitre pr´ec´edent per- mettent de montrer que les vari´et´es ab´eliennes polaris´ees de dimension et de type donn´es sont param´etr´ees par le quotient d’un demi-espace de Siegel par un sous-groupe arithm´etique du groupe symplectique, qu’un th´eor`eme de Cartan permet de munir d’une structure d’es- pace analytique dont on d´etermine pr´ecis´ement les points singuliers (th. VII.1.5, p. 94, et prop. VII.3.4, p. 98). En dimension 1, l’invariant j permettait de r´ealiser un isomorphisme entre cet espace de module et la droite complexe. De fac¸on tout-`a-fait analogue, on montre, en suivant Igusa, que lesthˆeta-constantes(d´efinies `a partir des fonctions thˆeta de Rie- mann) sont des formes modulaires pour certains sous-groupes arithm´etiques du groupe sym- plectique et permettent de plonger ces espaces de modules comme vari´et´es alg´ebriques quasi- projectives dans des espaces projectifs. C’est le th´eor`eme principal de ce chapitre, aboutis- sement des travaux de J. Igusa, D. Mumford et G. Kempf, dont on esquisse de fac¸on assez d´etaill´ee la preuve. Les d´emonstrations compl`etes se trouvent dans l’ouvrage de r´ef´erence [LB].

Le dernier chapitre est de nature franchement plus g´eom´etrique et contient des r´esultats plus r´ecents dont certains apparaissent pour la premi`ere fois dans un livre. On y utilise

(10)

quelques outils g´eom´etriques suppl´ementaires : dimension d’une vari´et´e analytique (peut- ˆetre singuli`ere), dimension des fibres d’une application holomorphe, vari´et´es normales, th´eor`eme de puret´e, factorisation de Stein, mais rien n’empˆeche le lecteur de les admettre (des r´ef´erences pr´ecises sont fournies). Le r´esultat principal de ce chapitre est un th´eor`eme de connexit´e (th. VIII.3.1, p. 111) du type Fulton-Hansen, dont on tire deux cons´equences principales. La premi`ere est que, sous quelques hypoth`eses simples, le groupe fondamental d’une sous-vari´et´e d’un tore complexeXde dimension strictement plus grande que la moiti´e de celle deXest isomorphe `a celui deX(cor. VIII.3.4, p. 115). La seconde est que l’applica- tion de Gauss d’une sous-vari´et´e lisse d’un tore complexe invariante par translation par aucun sous-tore non nul, est `a fibres finies (cor. VIII.4.4, p. 120), de sorte que son fibr´e canonique est ample. Ce dernier r´esultat n’est pas original, mais il est obtenu comme cons´equence d’un nouveau th´eor`eme (th. VIII.4.2, p. 119) montrant que pour des sous-vari´et´esAetBd’un tore complexe avecB ⊂A, la dimension deA−B est ´egale `a celle de la r´eunion des espaces tangents `aAen les points deB.

(11)

CHAPITRE I

R ´ ESEAUX ET TORES COMPLEXES

1. R´eseaux

SoitV un espace vectoriel r´eel de dimension finien.

D´efinition 1.1. — Un sous-groupeΓ de V est dit discret si pour tout compactK de V, l’ensembleK∩Γest fini.

De fac¸on ´equivalente, pour qu’un sous-groupe deV soit discret, il faut et il suffit qu’il soit ferm´e et que la topologie induite par celle deV soit la topologie discr`ete. Par exemple, le sous-groupeZndeRnest discret. Si l’on choisit une norme surV, un sous-groupe deV est discret si et seulement s’il ne contient qu’un nombre fini de vecteurs de norme au plus1.

Th´eor`eme 1.2. — SoitΓun sous-groupe deV. Pour queΓsoit discret, il faut et il suffit qu’il existe un entierr≤net des vecteurse1, . . . , erlin´eairement ind´ependants surRtels que

Γ =Ze1⊕ · · · ⊕Zer.

D´emonstration. — On proc`ede par r´ecurrence sur la dimension deV. On consid`ere une familleR-libre maximale{f1, . . . , fr}d’´el´ements deΓet on pose

K=Pr

j=1tjfj |0≤t1, . . . , tr≤1 .

Pour tout ´el´ementxdeΓ, il existe des r´eelsx1, . . . , xruniquement d´etermin´es tels quex= Pr

j=1xjfj. Pour tout entierp, le point x(p)=px−

r

X

j=1

[pxj]fj=

r

X

j=1

(pxj−[pxj])fj

est dans l’ensembleK∩Γ, qui est fini puisqueΓest discret. Il existe donc des entiers distincts petqtels quex(p)=x(q), de sorte que lesxjsontrationnels. Pour tout ´el´ementxdeΓ, on a

x=x(1)+

r

X

j=1

[xj]fj,

(12)

de sorte que leZ-moduleΓest engendr´e parf1, . . . , fret l’ensemble finiK∩Γ. Il existe donc un entierdtel que tout ´el´ement dedΓ s’´ecrive comme combinaison lin´eaire `a coefficients entiersdef1, . . . , fr. Choisissons un ´el´ementf =Pr

j=1ajfjdeΓtel quedarsoit un entier strictement positif minimal parmi toutes lesri`emescoordonn´eesdes ´el´ements dedΓ. Pour toutx=Pr

j=1xjfjdansΓ, on fait la division euclidiennedxr=qdar+sdedxrpardar, avec0≤s < dar. L’entiersest lari`emecoordonn´ee de l’´el´ementdx−qdf dedΓ, donc est nul. SiW est le sous-espace vectoriel deV engendr´e parf1, . . . , fr−1, on en d´eduit

Γ =Zf⊕(W∩Γ).

Le sous-groupeW∩ΓdeW est discret : on peut lui appliquer l’hypoth`ese de r´ecurrence, ce qui termine la d´emonstration.

L’entierrqui apparaˆıt dans le th´eor`eme est uniquement d´etermin´e : c’est la dimension du sous-espace vectoriel deV engendr´e parΓ. On l’appelle lerangdeΓ.

D´efinition 1.3. — Un r´eseau dansV est un sous-groupe discret de rang la dimension deV. 1.4. — SoitΓun sous-groupe discret deV de rangr; on munitV /Γde la topologie quotient, c’est-`a-dire qu’un sous-ensemble deV /Γest ouvert si et seulement si son image r´eciproque par la surjection canoniqueπ:V →V /Γest ouverte dansV. Le th´eor`eme montre queV /Γ est hom´eomorphe `a(R/Z)r×Rn−r, donc `a(S1)r×Rn−r, o`uS1est le cercle unit´e. En particulier, pour queΓsoit un r´eseau, il faut et il suffit queV /Γsoitcompact.

Si Γest un r´eseau dansV, la surjection canoniqueV → V /Γest un revˆetement topo- logique ; commeV est simplement connexe, c’est le revˆetement universel deV /Γ, dont le groupe fondamentalest donc isomorphe `aΓ.

2. Tores complexes

On supposera `a partir de maintenant queV est un espace vectoriel complexe de dimension get queΓest un r´eseau dansV. Il est donc de rang2g. On noteXle toreV /Γ.

2.1. — On peut mettre surX une structure de vari´et´e complexe, que l’on peut d´efinir soit par la famille de cartesπ|: Ω → π(Ω), o`uΩest un ouvert deV qui ne rencontre aucun de ses translat´es par des ´el´ements deΓnon nuls (on dira queΩestΓ-petit) : les chan- gements de cartes sont alors des translations par des ´el´ements deΓ, qui sont holomorphes ; soit en d´ecr´etant que siU est un ouvert deX, une fonctionf:U → Cest holomorphe si et seulement sif ◦πest holomorphe sur l’ouvertπ−1(U)deV (on d´efinit en fait ainsi le faisceau des fonctions holomorphes surX;cf.§V.3, p. 54). En d’autres termes, les fonctions holomorphes surUcorrespondent aux fonctions holomorphesΓ-p´eriodiques surπ−1(U).

Toute fonction holomorphe sur un tore complexe est constante, puisqu’elle induit une fonction holomorphe born´ee sur son revˆetement universel, donc constante par le th´eor`eme de Liouville.

(13)

2. TORES COMPLEXES 7

On d´efinit de fac¸on analogue les fonctionsm´eromorphessurX: ce sont tout simplement les fonctions m´eromorphes(1)surV qui sontΓ-p´eriodiques. Elles forment un corps que l’on noteM(X), et que l’on appelle lecorps des fonctionsdeX.

SoientX0 = V00 un autre tore complexe etu:X → X0 une application continue ; comme V est simplement connexe et que la surjection canonique π0: V0 → X0 est le revˆetement universel deX0, l’applicationuse rel`eve en une application continueu:e V →V0 telle que le diagramme suivant soit commutatif

(1)

V −→eu V0

π y

 yπ0

X −→u X0

Vue la d´efinition des structures complexes surX etX0, l’applicationuest holomorphe si et seulement sieul’est. En particulier, les op´erations de groupe deXsont holomorphes : on dit queX est ungroupe de Lie complexe.

D´efinition 2.2. — On appelletore complexetout quotient d’un espace vectoriel complexeV par un r´eseau, muni de la structure de groupe de Lie explicit´ee ci-dessus. Sadimensionest la dimension de l’espace vectoriel complexeV.

Th´eor`eme 2.3. — Soitu:X →X0une application holomorphe.

a) Il existe une applicationaffineeu:V →V0qui induitupar passage aux quotients.

b) Supposonsu(0) = 0; l’applicationuest un morphisme de groupes de Lie. Son image est un sous-tore deX0; la composante connexe(Keru)0de0dansKeruest un sous- tore deXqui est d’indice fini dansKeruet

dimX = dim(Keru)0+ dim Imu.

D´emonstration. — Reprenons le diagramme (1). Soitγun ´el´ement deΓ; l’application ho- lomorphe deV dansV0qui `avassocieu(ve +γ)−u(v)e est `a valeurs dansΓ0, donc constante.

Cela entraˆıne que chaque d´eriv´ee partielle deeuestΓ-p´eriodique holomorphe, donc constante par le th´eor`eme de Liouville. Il s’ensuit queueest affine, ce qui montre a).

Siu(0) = 0, on peut supposereulin´eaire. Le sous-groupeeu(V)∩Γ0est discret danseu(V); c’est mˆeme un r´eseau puisqu’il contienteu(Γ)qui engendreu(Ve ). L’image deuest donc le sous-toreeu(V)/u(Ve )∩Γ0deX, de dimensiondimu(Ve ).

Le noyau deuestue−10)/Γ. PosonsW = Kerue; le sous-groupeue−10)/W deV /W est discret (il est ferm´e eteuinduit une injection continueue−10)/W ⊂ Γ0). Il en est de mˆeme de son sous-groupe(W+ Γ)/W; comme celui-ci engendreV /W, ce sont tous deux des r´eseaux dansV /W. On en d´eduit que le groupeue−10)/(W + Γ)est fini. On a donc (Keru)0 '(W + Γ)/Γ 'W/W∩Γ; ce groupe est d’indice fini donc ferm´e dansKeru;

1. On rappelle qu’une fonction m´eromorphe sur un ouvert est localement repr´esent´ee comme le quotientf /gde fonctions holomorphesf etg, o`ugn’est pas identiquement nulle. Ce n’est pas `a proprement parler une fonction, mˆeme si l’on admet la valeur∞, puisqu’elle n’est pas d´efinie l`a o`ufetgs’annulent. On donnera de ces fonctions une d´efinition pr´ecise dans l’exemple V.3.2.3), p. 54.

(14)

il est donc compact et c’est bien un sous-tore deX, de dimensiondimW. La formule sur les dimensions en r´esulte.

2.4. — On dit qu’un morphisme de groupesu: X →X0est uneisog´eniesiuest surjectif et de noyau fini. SiΓ0est un r´eseau deV contenu dans le r´eseauΓ, la surjection canonique V /Γ0 →V /Γest une isog´enie.

3. Espaces projectifs

SoitW un espace vectoriel complexe de dimensionn+ 1. On va munir l’espace projectif PW des droites vectorielles deW d’une structure de vari´et´e complexe compacte de dimen- sionnpour laquelle l’application quotient canoniquep:W r{0} →PW est holomorphe.

Faisons-le pourPn, l’espace projectif associ´e `aCn+1, muni de la topologie quotient associ´ee

`ap.

Pour0 ≤j ≤ n, on noteUej le ferm´e deCn+1 (isomorphe `aCn), d´efini parzj = 1et Uj son image (ouverte) parp(appel´eeouvert standardde Pn). La structure complexe est d´efinie par la famille de cartesϕj:Cn 'Uej

p Uj; le changement de cartes entreUe0etUe1

est(z1, . . . , zn)→(1/z1, z2/z1, . . . , zn/z1), holomorphe sur son domaine de d´efinition. On peut pr´ef´erer, comme on l’a fait plus haut pour les tores complexes, d´ecr´eter que siU est un ouvert dePn, une fonctionf:U →Cest holomorphe si et seulement sif◦pest holomorphe sur l’ouvertp−1(U)deCn+1r{0}. En d’autres termes, les fonctions holomorphes surU correspondent aux fonctions holomorphes surp−1(U)invariantes par l’action deC. 3.1. — On s’int´eressera beaucoup dans ce livre aux applications holomorphes d’un tore complexeX = V /Γ dans un espace projectifPn. Un moyen d’en construire (on verra au

§IV.2, p. 41, que c’est le seul) est de partir d’un diagramme commutatif (2)

V −→eu Cn+1r{0}

π y

 yp X −→u Pn

o`u les composanteseu0, . . . ,uen deeusont des fonctions holomorphes surV sans z´ero com- mun ;on ´ecrira souvent, pour simplifier les notations,u(z) = (eu0(z), . . . ,uen(z)). Ces fonc- tions doivent bien sˆur v´erifier certaines conditions pour qu’une telle factorisation existe ; d`es queuexiste, elle est automatiquement holomorphe.

3.2. — On cherche sous quelles conditions l’application u induit un isomorphisme de vari´et´es complexes entreXetu(X)(on dit queuest unplongement holomorphe). Par le th´eor`eme des fonctions implicites, il faut et il suffit queusoit injective et que son application tangente(2) soit injective en tout point (cf.exerc. I.4). L’espace tangent en un pointπ(z)de X s’identifie `aV, et l’application tangente `auest simplement l’application tangente `ap◦ue

2. Aussi appel´ee sa diff´erentielle !

(15)

EXERCICES 9

enz. L’application tangente `apeny=u(z)e a pour noyau la droiteCy, de sorte que le noyau de l’application tangenteTz(p◦eu)est l’image inverse de la droiteCyparTzeu. Ainsi, pour que l’application tangente `ausoit injective, il faut et il suffit que la matrice

eu0(z) ∂ue0

∂z1

(z) · · · ∂ue0

∂zg

(z)

... ... ...

eun(z) ∂uen

∂z1

(z) · · · ∂uen

∂zg

(z)

soit de rangg+ 1pour toutzdansV (comme plus haut,gest la dimension deV).

Exercices

I.1. — Soitmun entier strictement positif. D´eterminer la nature du groupeX[m]des points dem-torsion d’un tore complexeX(c’est-`a-dire le groupe des pointsxdeXtels quemx= 0).

I.2. — a) SoientX=Cgun tore complexe etY un sous-tore deXde dimensionh. Montrer qu’il existe un sous-groupeΓ0deΓde rang2htel que l’espace vectoriel r´eelWengendr´e parΓ0soit stable par multiplication par i, et queY =W/Γ0.

b) IdentifionsCg `aR2g. `A toute matrice r´eelleM inversible d’ordre2g, on associe le r´eseauΓM deCg engendr´e par les colonnes deM. On param`etre ainsi l’ensemble des r´eseaux dansCg(donc aussi l’ensemble des tores complexes de dimensiong) par l’ouvert denseU = GL2g(R)deR4g2. Montrer qu’il existe une famille d´enombrable(Zn)n∈Nd’hypersurfaces alg´ebriques r´eelles deR4g2 telle que, pour toute matriceMdansUr S

n∈NZn, les seuls sous-tores complexes deX =CgM soient{0}etX. On dit qu’un tore complexetr`es g´en´eralest simple.

I.3. — SoitP un polynˆome homog`ene enn+ 1variables. On consid`ere le sous-ensembleXdePndes points dont les coordonn´ees homog`enes annulentP(cette propri´et´e est bien ind´ependante du choix des coordonn´ees). Pour queXsoit une sous-vari´et´e complexe dePn, il faut et il suffit que le seul z´ero commun desn+ 1d´eriv´ees partielles dePsoit0.

I.4. — SoientXetY des vari´et´es complexes compactes etu:XY une application holomorphe injective dont l’application tangente est partout injective. Montrer queu(X)est une sous-vari´et´e complexe deY et queuinduit un isomorphisme deXsuru(X).

(16)
(17)

CHAPITRE II COURBES ELLIPTIQUES

Dans ce chapitre, nous ´etudions en d´etail les courbes elliptiques, c’est-`a-dire les tores complexes de dimension1: fonction ℘de Weierstrass, r´ealisation comme cubiques planes, fonctions thˆeta, diviseurs, espace de modules. On retrouve d´ej`a dans ce cadre simple la plupart des ´el´ements (mais pas tous) de la th´eorie en dimension quelconque. Il sert donc aussi, `a part son int´erˆet propre (et historique), d’introduction au reste du livre.

1. La fonction℘de Weierstrass

Une courbe elliptiqueEest un tore complexe de dimension1; elle s’´ecrit doncE=C/Γ, o`uΓ =γ1Z⊕γ2Z, avecγ1etγ2non nuls etγ12non r´eel.

Remarques 1.1. — 1) Posonsτ=±γ12, le signe ´etant choisi de fac¸on queImτ >0, et notonsΓτ le r´eseauτZ⊕Z; la courbeEest isomorphe `a la courbe elliptiqueEτ =C/Γτ

par l’application holomorpheu:E →Eτinduite pareu(z) =±z/γ2.

2) L’applicationz 7→ e2iπz induit un isomorphisme de groupes entreC/ZetC, donc aussi entreEetC/qZ, o`uq=e2iπτ etqZest le sous-groupe (discret) deCengendr´e par q. C’est un point de vue important pour l’´etude des courbes elliptiques sur des corps autres queC.

Notre premier but est de d´eterminer le corps des fonctions m´eromorphes deE, c’est-`a-dire le corps des fonctions m´eromorphes surCqui sontΓ-p´eriodiques (le r´eseauΓ ´etant fix´e, on parlera simplement de fonction elliptique). On consid`ere la s´erie

1 z2 +X

γ∈Γ0

1

(z−γ)2 − 1 γ2

, o`uΓ0d´esigne le r´eseauΓpriv´e de l’origine.

Th´eor`eme 1.2. — La s´erie ci-dessus converge absolument et normalement sur tout compact deCrΓ. Elle d´efinit une fonction paire℘m´eromorphe dont les seuls pˆoles sont les points deΓ; ils sont d’ordre2.

(18)

D´emonstration. — On majore, sur chaque compact de CrΓ, chaque terme de la s´erie par une constante fois |γ|−3, et la s´erie P

γ∈Γ0|γ|−3 converge. Plus pr´ecis´ement, posons µ= 12minz∈Γ0|z| >0. Pourγetγ0distincts dansΓ, on a|γ−γ0| ≥ 2µ, donc les boules ouvertesB(γ, µ)etB(γ0, µ)sont disjointes. On en d´eduit que pourN > µ, on a

Card{γ∈Γ|N ≤γ≤N+ 1} ≤π((N+µ+ 1)2−(N−µ)2)/πµ2=O(N), de sorte que la s´erie

X

γ∈Γ0,N≤γ≤N+1

1

3| =O 1 N2

converge.

Il est clair que℘est paire ; pour montrer qu’elle est elliptique, on passe par sa d´eriv´ee

0(z) =X

γ∈Γ

−2 (z−γ)3,

qui l’est clairement. Pour chaqueγdansΓ, il existe donc une constantec(γ)telle que

℘(z+γ) =℘(z) +c(γ) pour toutz. En faisantz=−γ/2, on obtientc(γ) = 0.

On peut obtenir le d´eveloppement de Laurent de℘`a l’origine : pour|z|<2µ, on a

℘(z) = 1 z2 + X

γ∈Γ0

1

(z−γ)2 − 1 γ2

= 1 z2 + X

γ∈Γ0

1 γ2

1

1−zγ2−1

= 1 z2 + X

γ∈Γ0

X

n=1

1

γ2(n+ 1)z γ

n

= 1 z2 +

X

n=1

(n+ 1)Gn+2zn, o`u l’on a pos´eGn=P

γ∈Γ0 1

γn pour tout entiern≥3. Comme℘est paire, on en d´eduit

℘(z) = 1 z2 +

X

k=1

(2k+ 1)G2k+2z2k. En tout ´etat de cause,℘est bien m´eromorphe.

Proposition 1.3. — Pour tout complexez, on a

0(z)2= 4℘(z)3−60G4℘(z)−140G6. D´emonstration. — On ´ecrit les d´eveloppements de Laurent en0:

℘(z) =z−2+ 3G4z2+ 5G6z4+· · ·

0(z) =−2z−3+ 6G4z+ 20G6z3+· · ·,

(19)

1. LA FONCTIONDE WEIERSTRASS 13

d’o`u il ressort que

0(z)2= 4z−6−24G4z−2−80G6+· · · 4℘(z)3= 4z−6+ 36G4z−2+ 60G6+· · ·.

On en d´eduit que la diff´erence des deux membres de l’´egalit´e de la proposition est une fonc- tion elliptiqueholomorphe, donc constante. Comme elle est nulle en0, elle est identiquement nulle.

On consid´erera aussi les fonctions℘et℘0comme des fonctions m´eromorphes surE. On d´efinit une application holomorpheu:Er{0} →P2par la formule suivante en coordonn´ees homog`enes

u(x) = (℘(x), ℘0(x),1).

Avec les notations de I.3.1, p. 8, on peut aussi d´efinir u `a partir de la fonctioneu: C 99K C3 r{0} telle queu(z) = (ze 3℘(z), z30(z), z3) qui est holomorphe au voisinage de0, de sorte que l’on peut prolongeruen une application holomorpheu: E → P2 en posant u(0) = (0,1,0).

Son image est contenue dans la cubique planeCd’´equation homog`ene Y2Z = 4X3−g2XZ2−g3Z3

(cf.exerc. I.3, p. 9), o`u l’on a pos´eg2 = 60G4 etg3 = 140G6. Nous allons montrer queu induit un isomorphisme de vari´et´es complexes entreEetC.

Soitfune fonction m´eromorphe non identiquement nulle surE, c’est-`a-dire une fonction m´eromorpheΓ-p´eriodique surC. Pour tout pointxdeE, on noteordx(f)l’ordre d’annu- lation def enxsif est d´efinie enx, l’ordre de son pˆole sinon. En int´egrantf le long d’un parall´elogramme ne contenant pas de pˆole defet de cˆot´es une base deΓ, on obtient grˆace au th´eor`eme des r´esidus

(3) X

x∈E

resx(f) = 0, d’o`u, en l’appliquant `af0/f,

(4) X

x∈E

ordx(f) = 0.

1.4. — Posons γ3 = γ12; le groupe E a trois points d’ordre 2, `a savoir les images dans E des complexesγ1/2,γ2/2et γ3/2; ce sont des z´eros de℘0, puisque℘0j/2) =

0(−γj/2) =−℘0j/2). Comme℘0a un seul pˆole,0, qui est triple, ce sont par (4) les seuls z´eros de℘0surEet ils sont simples.

1.5. — Pour tout pointx0non nul deE, la fonctionx7→℘(x)−℘(x0)a un seul pˆole,0, qui est double. Ses deux seuls z´eros dansE sont donc x0 et−x0 (six0 est d’ordre2, on a℘0(x0) = 0, de sorte quex0 est un z´ero double de℘). On a donc℘(x) = ℘(x0)si et seulement six=±x0.

(20)

Th´eor`eme 1.6. — Le discriminant∆ =g32−27g32n’est pas nul(1), de sorte que la courbe planeCest une vari´et´e complexe. L’applicationuinduit un isomorphisme de vari´et´es com- plexes entreEetC.

D´emonstration. — La fonction℘0 s’annule en chaqueγj/2par 1.4. Les℘(γj/2)sont donc racines du polynˆome4X3 −g2X −g3; ils sont distincts par 1.5, donc∆ n’est pas nul.

Cela est ´equivalent au fait que les trois d´eriv´ees partielles de l’´equation homog`eneY2Z = 4X3−g2XZ2−g3Z3deCn’ont pas de z´ero commun hors de l’origine, de sorte queCest une vari´et´e complexe (cf.exerc. I.3, p. 9).

Soit(α, β,1)un point deC; la fonctionx7→ ℘(x)−αa un z´erox0(sinon son inverse serait holomorphe, donc constant). On a alors℘0(x0)22; quitte `a remplacerx0par−x0, on a℘0(x0) =βetu(x0) = (α, β,1). Commeu(0) = (0,1,0), l’applicationuest surjective.

Supposons enfinu(x1) =u(x2)avecx1etx2non nuls dansE; on a alors℘(x1) =℘(x2), d’o`ux2 = εx1par 1.5, avecε ∈ {−1,1}, de sorte que ℘0(x2) = ε℘0(x1)puisque ℘0 est impaire. Comme℘0(x1) =℘0(x2), on en d´eduitε= 1, c’est-`a-direx1 =x2, sauf peut-ˆetre si℘0(x1) = 0, auquel casx1est d’ordre 2 et−x1=x1; on a donc dans tous les casx1=x2. L’application holomorphe uest donc bijective. Pour montrer qu’elle induit un isomor- phisme surC, il faut v´erifier que son application tangente est partout injective, c’est-`a-dire, par I.3.2, p. 8, que la matrice

z3℘(z) z3℘(z)0

z30(z) z30(z)0

z3 3z2

est de rang 2 pour tout nombre complexe z. En z = 0, c’est

0 1

−2 0

0 0

; ailleurs, c’est

´equivalent `a

℘(z) ℘0(z)

0(z) ℘00(z)

1 0

, qui est de rang2puisque℘0n’a pas de z´ero double (cf.1.4).

On peut montrer (en utilisant le th´eor`eme 4.3 ;cf.[R, (3.13), p. 49]) que r´eciproquement, pour toute cubique lisse d’´equationY2Z = 4X3−aXZ2−bZ3dansP2, il existe une courbe elliptique isomorphe (en tant que vari´et´e complexe) `a cette cubique.

1. Il faut mentionner ici la tr`es belle formule de Jacobi ([S, th. 6, p. 153]) : pour le r´eseauΓτ =τZZd´efini dans la remarque 1.1.1), on a

∆ = (2π)12

Y

n=1

(1e2inπτ)24.

(21)

2. FONCTIONS TH ˆETA ET DIVISEURS 15

2. Fonctions thˆeta et diviseurs

Il y a (au moins) deux fac¸ons d’approcher le probl`eme de la construction d’un plongement holomorphe d’une courbe elliptique, ou plus g´en´eralement d’un tore complexeV /Γ, dans un espace projectifPn. La premi`ere approche consiste `a cherchernfonctionsΓ-p´eriodiques m´eromorphesf1, . . . , fn et `a essayer de prolonger l’application m´eromorphe u:V /Γ 99K Pnd´efinie par

u(x) = (f1(x), . . . , fn(x),1)

en une application holomorphe. C’est l’approche suivie dans le th´eor`eme 1.6 pour les courbes elliptiques. La seconde approche consiste, comme dans I.3.1, p. 8, `a chercher des fonctions holomorpheseu0, . . . ,uensurV, sans z´ero commun, telles que l’application holomorphe

(ue0, . . . ,eun) :V −→Cn+1r{0}

induise par passage aux quotients une applicationV /Γ→Pn. Il faut pour cela qu’il existe pour chaque ´el´ementγdeΓune applicationfγ:V →Ctelle que

euj(z+γ) =fγ(z)euj(z)

pour toutj ∈ {0, . . . , n}. Cela motive la d´efinition suivante, dans laquelle on revient au cas de la dimension1: on fixe un r´eseauΓet on noteEla courbe elliptique associ´ee.

D´efinition 2.1. — On appellefonction thˆetaassoci´ee `aΓtoute fonction enti`ereϑsurCnon identiquement nulle telle qu’il existe, pour chaque ´el´ementγdeΓ, des constantesaγ etbγ

satisfaisant `a

ϑ(z+γ) =e2iπ(aγz+bγ)ϑ(z) pour toutzdansC. La famille(aγ, bγ)γ∈Γest appel´ee letypedeϑ.

L’´equation fonctionnelle est ´equivalente `a θ0

θ(z+γ) = 2iπaγ0 θ(z).

En d’autres termes, les fonctions thˆeta sont les fonctions enti`eres non identiquement nulles pour lesquelles(ϑ0/ϑ)0est une fonction elliptique. Des fonctions thˆetaϑ0, . . . , ϑnde mˆeme type sans z´ero commun d´efinissent une application holomorphe deEdansPn.

Exemples 2.2. — 1) Toute fonction du type z 7→ eaz2+bz+c est une fonction thˆeta, dite triviale ;ce sont exactement les fonctions thˆeta qui ne s’annulent pas (cf.exerc. II.3).

2)La fonctionσde Weierstrass, d´efinie par le produit infini σ(z) =z Y

γ∈Γ0

1−z

γ

e

γz+z2 2, est une fonction thˆeta, puisque la d´eriv´ee deσ0/σest−℘.

3)Les fonctions thˆeta de Riemannsont d´efinies pour tout couple(a, b)de r´eels par ϑha

b

i(z) = X

m∈Z

eiπ(τ(m+a)2+2(m+a)(z+b))

(22)

(que l’on note aussiϑha b i

(z, τ)). Elles v´erifient, pour tous entierspetq, ϑha

b i

(z+τ p+q) =eiπ(−2pz−p2τ+2pb−2aq)ϑha b i

(z), donc sont des fonctions thˆeta pour le r´eseauΓτ.

2.3. — Un diviseursur E est une combinaison lin´eaire formelle P

x∈Enx[x], o`u lesnx

sont des entiers nuls sauf pour un nombre fini d’entre eux ; sondegr´eest la somme desnx. Ce diviseur esteffectifsi les entiersnxsont tous positifs.

A toute fonction m´eromorphe` fnon identiquement nulle surE, on associe le diviseur div(f) =X

x∈E

ordx(f) [x],

qui est de degr´e0par (4). Bien qu’une fonction thˆetaϑne d´efinisse pas une fonction surE, sondiviseur surCest invariant par translation parΓ; on peut ainsi d´efinir le diviseur div(ϑ)deϑsurE. Commeϑest holomorphe, ce diviseur est effectif.

Exemples 2.4. — 1) Le diviseur deσest[0].

2) Le diviseur deϑha b i

est le translat´e de celui deϑh0 0 i

parτ a+b.

Proposition 2.5. — Soient(γ1, γ2)une base directe deΓetϑune fonction thˆeta. On a aγ1γ2−aγ2γ1= deg(div(ϑ)).

D´emonstration. — Il suffit d’int´egrerϑ0/ϑ sur un parall´elogramme de cˆot´es γ1 etγ2 ne contenant aucun z´ero deϑ, en utilisant le fait que(ϑ0/ϑ)(z+γj) = (ϑ0/ϑ)(z) + 2iπaγj. Exemples 2.6. — 1) Pour toute fonction thˆeta de Riemann, on aaτ m+n = −m; son divi- seur est donc de degr´e1. Commeϑh1/2

1/2 i

est impaire et sans pˆole, son diviseur est[0]et l’exemple 2.4.2) entraˆıne(2)

divϑha b i

=

τ(a+ 1/2) + (b+ 1/2) . 2) Fixons un entierd≥1. On v´erifie que la fonctionz7→ϑha

b i

(dz, dτ)est une fonction thˆeta pour le r´eseauΓτ, avec aτ m+n = −md; son diviseur est donc de degr´e det il est invariant par la translationz7→z+1d. On a par exemple (utiliser l’exemple 2.4.2))

divϑhl/d 0

i

(d, dτ) =

d−1

X

j=0

h2l+d

2d τ+2j+ 1 2d

i .

2. Ici et plus bas, on confond, pour ne pas alourdir le texte, un nombre complexe et son image dansE.

(23)

3. DIVISEURS ET TH ´EOR `EME DE RIEMANN–ROCH 17

2.7. — Les fonctions thˆeta de Riemann permettent aussi de r´ealiser une courbe elliptique comme une cubique plane. Posons pour simplifier

ϑ00=ϑh0 0 i

ϑ10=ϑh1/2 0

i

ϑ01=ϑh 0 1/2

i

ϑ11=ϑh1/2 1/2 i

. On v´erifie que les fonctionsϑ0010etϑ01sont paires, tandis queϑ11est impaire.

Proposition 2.8. — L’application holomorpheu: E → P2 d´efinie (comme en I.3.1, p. 8) par

z7−→ ϑ00(z)ϑ11(z)2, ϑ10(z)ϑ01(z)ϑ11(z), ϑ00(z)3 induit un isomorphisme deEsur la cubique lisse d’´equation homog`ene

Y2Z=X(βZ+αX)(αZ−βX), o`u

α= ϑ10(0)2

ϑ00(0)2 β= ϑ01(0)2 ϑ00(0)2.

Indications de d´emonstration. — Les trois fonctions d´efinissantun’ont pas de z´ero com- mun par l’exemple 2.6.1). Le fait queusoit bien `a valeurs dans la cubique et que cette cu- bique soit lisse r´esulte de l’exercice II.6, b) et c). Pour montrer queuest bijective, on proc`ede comme dans la d´emonstration du th´eor`eme 1.6.

2.9. — Le corps des fonctions m´eromorphes d’une courbe elliptique est engendr´e surCpar

℘et℘0, et son degr´e de transcendance est1; de plus, toute fonction m´eromorphe sur une courbe elliptique est quotient de deux fonctions thˆeta de mˆeme type (cf.exerc. II.8).

3. Diviseurs et th´eor`eme de Riemann–Roch

Revenons aux diviseurs sur une courbe elliptiqueE, d´efinis en 2.3. Ils forment un groupe ab´elien, not´eDiv(E); les diviseurs de degr´e0 forment un sous-groupe not´eDiv0(E). Un diviseur principalest le diviseur d’une fonction m´eromorphe non identiquement nulle surE.

Comme on adiv(f g) = div(f) + div(g)etdiv(1/f) =−div(f), les diviseurs principaux forment un sous-groupe deDiv(E); par (4), c’est mˆeme un sous-groupe deDiv0(E).

On dit que des diviseursD etD0sontlin´eairement ´equivalents, et l’on noteD ≡D0, si D−D0est principal. On appellegroupe des classes de diviseurs, ougroupe de PicarddeE, et l’on notePic(E), le quotient deDiv(E)par le sous-groupe des diviseurs principaux. On note aussiPic0(E)le noyau du degr´ePic(E)→Z.

Th´eor`eme 3.1. — Le morphisme

ϕ: E −→ Pic0(E) x 7−→ classe de [x]−[0]

est un isomorphisme de groupes.

(24)

D´emonstration. — Pour montrer queϕest un morphisme de groupes, nous utiliserons la fonctionσde Weierstrass d´efinie dans l’exemple 2.2.2). Soientz1etz2des nombres com- plexes ; on pose

f(z) =σ(z−z1−z2)σ(z) σ(z−z1)σ(z−z2).

Le fait queσest une fonction thˆeta entraˆıne que la fonction m´eromorphef est elliptique, de diviseur[π(z1) +π(z2)]−[π(z1)]−[π(z2)] + [0]. On a doncϕ(π(z1) +π(z2)) =ϕ(π(z1)) + ϕ(π(z2)).

A cause de (3), une fonction elliptique ne peut avoir un unique pˆole simple : le diviseur` ϕ(x)n’est donc pas principal pourx6= 0etϕest injective. SoitD =P

xnx[x]un diviseur de degr´e0; on ´ecrit

D=X

x

nx([x]−[0]) =X

x

nxϕ(x) =ϕX

x

nxx , ce qui montre queϕest surjective.

3.2. — Pour tout diviseurD=P

nx[x]de degr´e0, on a D=X

nx([x]−[0])≡hX nxxi

−[0];

de sorte queDest principal si et seulement sis(D) =Pnxxest nuldansE.

SiDest un diviseur (quelconque), on pose

(5) L(D) ={0} ∪ {f fonction elliptique m´eromorphe |f 6= 0 et div(f) +D≥0}.

C’est un espace vectoriel. Il est r´eduit aux constantes si D = 0, `a cause du th´eor`eme de Liouville, etL(−D)est nul pourDeffectif non nul. Pour tout pointxdeE, l’espaceL([x]) est aussi r´eduit aux constantes puisqu’une fonction elliptique ne peut avoir un seul pˆole, simple (cf.(3)).

Sigest une fonction elliptique non nulle, la bijectionf 7→f genvoieL(D+ div(g))sur L(D). La dimension deL(D)ne d´epend que de la classe deDdans le groupePic(E).

Th´eor`eme 3.3(Riemann–Roch). — SoitDun diviseur de degr´ed≥1sur la courbe ellip- tiqueE. L’espace vectorielL(D)est de dimensiond.

Indications de d´emonstration. — NotonsD=P

xnx[x]; soitD0le diviseur de la fonction ϑ(z) = ϑh0

0 i

(dz, dτ)´etudi´ee dans l’exemple 2.6.2). Soitz0 un nombre complexe tel que dπ(z0) = s(D0)−s(D)dansE. L’application qui `af associe la fonctionz 7→ f(z−z0) induit un isomorphisme deL(D)surL(D0), o`uD0 =P

xnx[x+π(z0)]. Par construction, s(D0) =s(D0); par 3.2, le diviseurD0−D0est principal, de sorte que les espaces vectoriels L(D0)etL(D0)ont mˆeme dimension. Il suffit donc de montrer queL(D0)est de dimen- siond. L’applicationf 7→ f ϑinduit un isomorphisme deL(D0)sur l’espace vectoriel des

(25)

4. ESPACE DE MODULES 19

fonctions thˆeta de mˆeme type queϑ. Un calcul direct (th. VI.2.2, p. 67, ou [R, pp. 23–25]), montre que ce dernier a pour base les

ϑhl/d 0

i

(d, dτ) l∈ {0, . . . , d−1};

il est donc de dimensiond.

4. Espace de modules

On cherche `a param´etrer les classes d’isomorphisme de courbes elliptiques. Toute courbe elliptique est isomorphe `a une courbe elliptiqueEτ =C/Γτ, o`uτest dans le demi-espace de Siegel

H ={τ ∈C|Imτ >0}.

Observons que le groupeGL+2(R)op`ere `a gauche surH par la formule a b

c d

·τ= aτ+b cτ+d (on v´erifie l’´egalit´eIm aτ+bcτ+d

= (ad−bc)|cτ+d|−2Imτ >0).

Proposition 4.1. — Pour que les courbes elliptiquesEτetEτ0 soient isomorphes, il faut et il suffit qu’il existe une matriceM dansSL2(Z)v´erifiantτ0=M·τ.

D´emonstration. — Si Eτ etEτ0 sont isomorphes, il existe d’apr`es le th´eor`eme I.2.3 un nombre complexe non nulαtel queαΓτ0 = Γτ, donc des entiersa, b, c, dtels que

ατ0 =τ a+b et α=τ c+d, donc

τ0 =aτ +b cτ+d.

CommeImτ0 = (ad−bc)|τ c+d|−2Imτ, on aad−bc >0. Mais il existe aussi des entiers a0, b0, c0, d0tels que

α−1τ=τ0a0+b0 et α−10c0+d0. En multipliant ces ´egalit´es parα, on obtient

τ=a0(τ a+b) +b0(τ c+d) et 1 =c0(τ a+b) +d0(τ c+d), ce qui entraˆıne que les matrices

a b c d

et

a0 b0 c0 d0

sont inverses l’une de l’autre, donc de d´eterminant1.

(26)

4.2. — L’ensemble des classes d’isomorphisme de courbes elliptiques est donc en bijection avec l’espace quotientSL2(Z)\H. On peut, grˆace `a un th´eor`eme de Cartan (cf.th. VII.1.2, p. 91), munir cet espace quotient d’une structure de vari´et´e complexe, de fac¸on que, pour toute vari´et´e complexeX, une applicationSL2(Z)\H →Xest holomorphe si et seulement si la compos´eeH →SL2(Z)\H →X l’est. L’ensemble des classes d’isomorphisme est alors param´etr´e (en un sens ici vague, mais que l’on peut rendre beaucoup plus pr´ecis) par la vari´et´e complexeSL2(Z)\H ; on dit que cette derni`ere est unespace de modulespour les courbes elliptiques.

On remarquera que, pour tout ´el´ementM = a b

c d

deSL2(Z), on a ΓM·τ= (cτ+d)−1Γτ;

il en r´esulte que, pour tout entierk≥2, on a

G2k(M ·τ) = (cτ+d)2kG2k(τ).

On dit(3)queG2k est uneforme modulaire de poids2k. En particulier,g2,g3et∆sont des formes modulaires de poids respectifs4,6et12. On d´efinit l’invariant modulaire

j(τ) = 1728 g32(τ)

∆(τ)

(on a vu que∆ne s’annule pas surH) ; c’est une forme modulaire de poids0. L’application holomorphej:H →Cest donc invariante par l’action deSL2(Z); elle induit par passage au quotient une application holomorphe

J: SL2(Z)\H −→C.

Th´eor`eme 4.3. — L’applicationJ est bijective.

Indications de d´emonstration. — Celle-ci est bas´ee sur une identit´e analogue `a (4), d´emontr´ee par exemple dans [R, prop. (3.7), p. 40] ou [S, th. 3, p. 139], qui entraˆıne que J ayant un pˆole simple`a l’infini, a un unique z´ero dans un domaine fondamental pour l’action deSL2(Z). On applique cette remarque `aJ−λ, pour tout complexeλ, ce qui montre queJ est bijective.

En particulier, pour que des courbes elliptiques soient isomorphes, il faut et il suffit qu’elles aient le mˆeme invariant modulaire. Par ailleurs, si l’on munit SL2(Z)\H de la structure de vari´et´e complexe de 4.2, l’applicationJ et son inverse sont holomorphes :Jest un isomorphisme de vari´et´es complexes. Nous reviendrons sur toutes ces propri´et´es dans un cadre plus g´en´eral dans le chapitre VII.

3. Il y a en fait une autre condition technique ;cf.[S, p. 132].

(27)

EXERCICES 21

5. Organisation du livre

Notre objet est de g´en´eraliser nos r´esultats sur les courbes elliptiques en dimension quel- conque.

Plongement des tores complexes dans un espace projectif et fonctions thˆeta(§1 et§2).

Contrairement `a ce qui se passe en dimension1, la plupart des tores complexes n’admettent pas de plongement holomorphe dans un espace projectif. Ceux qui ont cette propri´et´e sont ap- pel´esvari´et´es ab´eliennes. Les fonctions qui nous permettront de construire ces plongements seront encore desfonctions thˆeta.

Diviseurs et th´eor`eme de Riemann–Roch(§3). On d´efinira la notion de diviseur sur une vari´et´e complexeX. Toute fonction m´eromorphe surXa un diviseur, qui est dit principal ; on note encorePic(X)le groupe des diviseurs modulo le sous-groupe des diviseurs principaux.

LorsqueXest une vari´et´e ab´elienne, nous construirons un sous-groupePic0(X)dePic(X), qui est encore unevari´et´e ab´elienne isog`ene `aX(cf.I.2.4). Nous calculerons aussi la dimen- sion des espaces vectorielsL(D)`a l’aide des fonctions thˆeta ; ils s’interpr`etent comme des espaces de sections de fibr´es en droites, et sont ´etroitement li´es aux plongements des vari´et´es ab´eliennes dans des espaces projectifs.

Espaces de modules(§4). Il y a deux parties que nous g´en´eraliserons : d’une part trouver un espace qui param`etre les classes d’isomorphisme de vari´et´es ab´eliennes polaris´ees (l’ana- logue deSL2(Z)\H), d’autre part r´ealiser cet espace comme vari´et´e alg´ebrique (ce que l’on a fait pour les courbes elliptiques au moyen de la fonctionJ). Ce sont encore les fonctions thˆeta qui nous permettront de traiter ce dernier point.

Exercices

II.1. — a) Montrer la formule d’addition

℘(z1+z2) +℘(z1) +℘(z2) =1 4

0(z1)0(z2)

℘(z1)℘(z2) 2

, valable pourz16=±z2.

b) Montrer que cette formule a l’interpr´etation g´eom´etrique suivante : soientp1,p2etp3 des points sur la cubiqueCdu th´eor`eme 1.6 ; pour quep1+p2+p3= 0dansE, il faut et il suffit quep1,p2etp3soient align´es.

II.2. — SoitDun diviseur de degr´edsur une courbe elliptique. Le th´eor`eme de Riemann–Roch (th´eor`eme 3.3) calcule la dimension de l’espace vectorielL(D)lorsqued1. Calculer cette dimension dans les autres cas (d0).

II.3. — Montrer que toute fonction thˆeta qui ne s’annule en aucun point est une fonction thˆeta triviale au sens de l’exemple 2.2.1) (Indication :montrerlogϑ(z) =O(1 +|z|2)).

II.4. — Montrer qu’il existe des constantesaetctelles que l’on ait, pour toutz, σ(z) =eaz2+cϑh1/2

1/2 i

(z).

II.5. — Int´egrales elliptiques.Soientδ1etδ2des r´eels strictement positifs ; notonsΓle r´eseauδ1Z2Zdans C. On pose comme d’habitudeγ1=δ1,γ2=2etγ3=δ1+2.

a) Montrer queg2etg3, ainsi que lesej=℘(γj/2)pourj= 1,2,3, sont r´eels. De plus, on ae1> e3> e2. Montrer queest strictement positif.

Références

Documents relatifs

3- Ne cessant d’améliorer notre commande, nous avons constaté qu’un phénomène d’oscillation de l’eau autour d’un niveau provoque de nombreux démarrage et arrêt

On décompose le volume du liquide en rotation en couronnes cylindriques de rayon r, d’épaisseur dr et de hauteur z(r). Exprimer le volume dV d’une telle couronne. En supposant que

7 Ce lemme ´ enonce que pour qu’un faisceau coh´ erent globalement engendr´ e G sur une vari´ et´ e propre Y soit ample, il faut et il suffit que sa restriction ` a toute

Le probl` eme de synchronisation d’une ligne de fusiliers (firing squad problem) est un probl` eme qui consiste ` a trouver la r` egle locale d’un automate cellulaire

[r]

[r]

Consid´ erons plus g´ en´ eralement p cartes et n jours; chaque jour on obtient l’une des p cartes prise

[r]