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(2)

LES FEMMES ET LA POLICE: ÉTUDE DES DÉTACHEMENTS DE LA GRC DE LA RÉGION IMMÉDIATE DE VANCOUVER

N° 1984-93

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Solliciteur général Canada Secrétariat du Ministère

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Département d-e sociologie Université du Manitoba

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/LES FEMMES ET LA POLICE: ÉTUDE DES DÉTACHEMENTS DE LA GRC DE LA RÉGION IMMÉDIATE DE VANCOUVER,

N° 1984-93

Le présent document de travail a été rédigé en 1980 à la demande du Solliciteur général du Canada. Les idées énoncées dans le présent document de travail n'engagent que cet auteur; elles ne reflètent pas nécessairement les vues du Ministère.

Ce document de travail est disponible en anglais. This working paper is available in English.

(4)

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ÉVOLUTION DU RECRUTEMENT DES FEMMES-AGENTS

Les femmes dans la GRC

Les premières femmes-agents ont été embauchées à Vancouver, en 1912;

Toronto, Winnipeg et Edmonton ont suivi, en 1913, 1917 et 1919 respectivement (Owings, 1969). La GRC a recruté des femmes depuis de nombreuses années. Il s'agissait d'employées soumises aux mêmes règles que les agents, mais qui n'avaient ni pouvoirs policiers, ni uniforme. La GRC a commencé à envisager la possibilité d'employer des femmes-agents en 1970, et la Commission royale d'enquête sur le statut de la femme a fortement recommandé que la Gendarmerie aille en ce sens. Après plusieurs années d'étude, la GRC a commencé à former un groupe de femmes en septembre 1974; le 3 mars 1975, les premières

femmes-agents recevaient leur diplôme. Depuis 1975, environ 10% des recrues sont de sexe féminin. Aujourd'hui, la GRC emploie près de 240 femmes-agents, ce qui représente environ 1.6% des effectifs.

Les tableaux 1-1 et 1-2 présentent le taux d'accroissement du nombre des femmes-agents au Canada de 1960 à 1977 ainsi que la proportion des agents féminins au sein des effectifs des principales villes du pays.

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(5)

TABLEAU 1

Proportion des femmes-agents à l'emploi des services de police du Canada, certaines années, 1960-1977*

Année Sexe masculin Sexe féminin Proportion de femmes

1960 13,617 167 1.2%

1965 13,038 189 1.4%

1970 16,748 189 1.1%

1971 18,088 190 1.0%

1972 18,704 189 1.0%

1973 20,588 208 1.0%

1974 21,423 260 1.2%

1975 22,296 369 1.7%

1976 24,321 397 1.6%

1977 24,711 433 1.8%

*NOTE Ces chiffres portent sur les villes et les secteurs de plus de 50,000 habitants.

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TABLEAU 2

Pourcentage des femmes-agents en service dans des villes et . des secteurs de plus de 100,000 habitants en 1977

Sexe Sexe Proportion masculin féminin de femmes

Burnaby (GRC) 201 4 2.0%

Calgary 889 27 3.0%

Région de Durham (Ont.) 325 7 2.2%

Edmonton 851 37 4.3%

Halifax 275 2 0.7%

Région de Halton (Ont.) 265 4 1.5%

Hamilton-Wentworth 694 10 1.4%

Laval 338 0 0.0%

London 313 7 2.2%

Longueuil 186 4 2.2%

Montréal 5077 7 0.1%

Région de Niagara (Ont.) 562 15 2.7%

Ottawa 583 6 1.0%

Région de Peel (Ont.) 553 33 6.0%

Québec 429 4 0.9%

Regina 276 8 2.9%

Saint-Jean (N.-B.) 188 7 3.7%

Saskatoon 247 4 1.6%

Région de Sudbury (Ont.) 209 7 3.37e

Surrey (GRC) 168 4 2.47e

Thunder Bay 175 2 1.1%

Toronto 5640 96 1.7%

Vancouver 913 55 6.0%

Région de Waterloo 429 8 1.97o

Windsor 381 5 1.37e

Winnipeg 1011 24 2.4%

Région de York (Ont.) 302 2 0.7%

(7)

L'avenir des femmes dans la police

En 1977, le Parlement canadien a adopté la Loi sur les droits de la personne. Comme les provinces ont toutes adopté des textes analogues, la législation sur les droits de la personne s'étend maintenant à tous les organismes de compétence fédérale et provinciale. Les lois ainsi adoptées interdisent toute forme de discrimination sexuelle, sauf dans les cas où elle s'exerce de bonne foi, pour des raisons d'ordre professionnel. Ces

dispositions s'appliquent aussi bien au recrutement qu'aux possibilités offertes aux personnes qui font déjà partie d'un organisme. Bien que les commissions des droits de la personne n'aient pas encore déterminé si les femmes pouvaient être exclues de bonne foi du travail policier, les décisions de tribunaux américains et britanniques et les mesures prises par certaines commissions provinciales donnent à penser que le travail policier ne pourra pas faire exception à la règle.

Bien que l'évolution de la législation explique en grande partie - et continuera d'expliquer - l'accroissement du nombre des femmes-agents, d'autres facteurs entrent en ligne de compte. Premièrement, même si l'on ne s'entend pas sur le nombre des femmes-agents que les services de police devraient recruter et sur la nature de leurs fonctions, tous s'accordent pour dire que les femmes ont un rôle à jouer dans la police. Elles peuvent notamment rendre de précieux services en effectuant sur place des fouilles sur des personnes de sexe féminin, en agissant comme agents d'infiltration ou en travaillant dans les services de renseignements. Deuxièmement, au fur et à mesure que la structure par âge de la population évolue, le réservoir d'aspirants policiers se résorbe. La chute du taux de natalité qui a suivi l'explosion

démographique entraînera un accroissement marqué

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de l'âge moyen de la population canadienne. Robert Brown, statisticien au service de l'université de Waterloo, a estimé que le taux d'accroissement moyen de la population active du Canada attribuable aux 15-24 ans a augmenté de 3.7% de 1960 à 1965, qu'il s'établissait à 4.8% de 1965 à 1970 et qu'il a atteint 5.2% de 1970 à 1975. Depuis 1975, il a cependant fléchi, et il

devrait tomber à moins 2.2% en 1990 (Brown, 1979). Au cours des années 1980, il y aura donc environ 20% moins d'hommes qui atteindront l'âge du

recrutement. Le Québec ayant un taux de natalité particulièrement faible, le problème y sera plus sensible qu'ailleurs, et la diminution du réservoir de candidats éventuels pourrait y atteindre une proportion de 40%. Martin (1979) a étudié des projections de la demande de recrues au cours des années 1980 et il a montré que, même si le taux actuel d'entrées sur le marché du travail se maintient, les services de police auront de la difficulté à attirer un nombre suffisant de recrues de sexe masculin. D'après les projections de Martin, les effectifs policiers devraient augmenter au rythme de 8% par an d'ici 1982.

Même si elle ne fait pas problème en période de fort chômage, la question du recrutement peut devenir inquiétante. C'est d'ailleurs ce que révèle l'exemple des forces armées américaines, qui font déjà face à un problème de pénurie de main-d'oeuvre. En effet, le réservoir des recrues admissibles diminue si rapidement que, selon Cookson (1980), les États-Unis devront recruter d'ici la fin de la décennie de 30% à 50% de l'ensemble des jeunes hommes aptes au service et qualifiés.

Comme la demande de main-d'oeuvre ne cesse d'augmenter alors que le réservoir des candidats éventuels se résorbe,

(9)

les services de police ne se trouveront plus dans une situation aussi

favorable qu'aujourd'hui et devront se faire la concurrence pour attirer de jeunes agents. A moins que les rémunérations n'augmentent sensiblement ou que les normes de recrutement soient radicalement modifiées, ils devront donc recruter davantage de femmes. Ces problèmes de recrutement se compliqueront si les services de sgcurité privés, qui ont connu une expansion rapide ces dix dernières années, décident de concurrencer la police dans ses efforts de

recrutement.

(10)

CHAPITRE 2

MÉTHODOLOGIE

Pour préparer ce travail, nous avons fait en 1978 une analyse approfondie de la documentation disponible et publié nos observations, en 1979, dans un travail intitulé Les femmes et la police: bilan. Nous avons ensuite défini la forme de nos instruments de recherche de janvier à avril

1979, puis recueilli nos données de mai à septembre de la même année. Le principal responsable de l'étude a passé six semaines à Vancouver pendant cette période; deux de ses adjoints y sont restés environ quatre mois. La figure 1 présente une liste des sources d'information qui ont été mises à profit. Une étude analogue a été faite auprès du service de police de Vancouver; il n'en sera cependant pas question ici. Le projet comportait également une enquête menée auprès des agents masculins et féminins de la GRC

travaillant en milieu rural; ces 'données seront présentées dans un rapport ultérieur.

Cette étude est la plus complète qu'on ait consacré à la question des femmes dans la police. Jamais auparavant n'a-t-on fait un travail d'interview d'une telle ampleur, fût-ce aux États-Unis. Nous sommes également les

premiers à nous être intéressés aux répartiteurs ou à avoir analysé les

dossiers de répartition. En revanche, les auteurs de deux études antérieures - l'étude de New York et celle de Philadelphie - ont soumis les agents à une observation directe beaucoup plus poussée. Dans chaque cas,

(11)

des observateurs ont accompagné des agents de patrouille pendant plus de 3,000 heures. Certains autres chercheurs, enfin, se sont intéressés à l'attitude du public à l'égard des femmes-agents. Notre travail ne comportait pas de

sondage d'opinion.

(12)

TYPES D'INSTRUMENTS Questionnaire

(agents masculins)

TAILLE DE L'ÉCHANTILLON

200 agents masculins choisis au hasard

Observation directe

Environ 90 heures

Interview et enquête

(superviseurs)

33 superviseurs d'agents féminins

Interviews (répartiteurs)

7 répartiteurs

Interviews (agents féminins)

Interviews (homologues masculins)

Rapports de répartition

40 agents féminins

40 agents masculins

Rapports d'un mois de travail

INSTRUMENTS DE MESURE

DESCRIPTION SOMMAIRE

Le questionnaire a été envoyé par la poste à 200 agents masculins.

Le questionnaire portait notamment sur les antécédents des agents, leur attitude générale et leur attitude l'égard des agents féminins.

A l'aide d'une formule normalisée, les observateurs ont pris des notes détaillées des circonstances

entourant 54 incidents ayant entrain des contacts

police-citoyens.

Les interviews ont toutes été faites par l'auteur de l'étude.

Chaque répondant recevait un

questionnaire qu'il devait remplir et renvoyer par la poste.

Les répartiteurs de Burnaby ont tous été interviewés

individuellement, sur place.

Une adjointe a interviewé chacune des femmes-agents du service.

Toutes ont été invitées à remplir un questionnaire et à le renvoyer

par la poste.

Un adjoint a interviewé 40 agents masculins présentant des

caractéristiques analogues à celles des agents féminins. Chacun a été invité à remplir un questionnaire et à le renvoyer par la poste.

Comparaison, à l'aide de rapports informatiques de répartition, de la situation des agents des deux sexes à l'égard de diverses variables:

types d'appels, appui nécessaire, etc.

(13)

TYPES TAILLE DE

D'INSTRUMENTS L'ÉCHANTILLON DESCRIPTION SOMMAIRE

Analyse de 40 agents féminins Analyse des dossiers personnels et dossiers 40 homologues des évaluations des supérieurs.

masculins

(14)

CHAPITRE 3

RENDEMENT

Ceux qui connaissent bien l'état des recherches sur la police savent que l'évaluation du rendement d'un service ou d'un agent est une question fort controversée (Engstad et Lioy, 1980). La question qui nous intéresse ici est de savoir si les agents féminins remplissent leurs fonctions aussi

efficacement que les agents masculins. La tâche serait relativement facile si l'on s'entendait sur la façon d'évaluer le rendement des agents masculins.

Par exemple, si l'on dit que le bon agent est celui qui fait beaucoup

d'arrestations, il suffira de comparer le nombre des arrestations des agents

des deux sexes pour apprécier leur efficacité relative. Certains affirmeront toutefois que cette comparaison risque d'être trompeuse. En effet, même si on laisse de côté les problèmes méthodologiques comme la comparabilité des

affectations des membres des deux groupes et la possibilité que les

arrestations soient davantage portées au crédit d'un groupe que de l'autre, on peut soutenir que le nombre des arrestations constitue une piètre mesure de l'efficacité d'un agent de police. Dans un conflit familial, par exemple, l'arrestation peut être un signe d'inefficacité si l'agent a provoqué une confrontation avec un citoyen plutôt que de le calmer. Par ailleurs, une arrestation peut être injustifiée ou peu susceptible de mener à une

condamnation.

(15)

D'autres mesures de rendement présentent des problèmes analogues. Les évaluations du rendement du personnel, par exemple, donnent une meilleure image de l'attitude des superviseurs que de l'efficacité des agents. L'étude des dossiers sur les félicitations et les plaintes ne donne qu'une image fragmentaire des aptitudes d'un agent, car les incidents spéciaux, bons ou mauvais, auxquels il a été mêlé n'ont pas nécessairement été tous portés à l'attention du service. Enfin, l'observation directe du comportement d'un agent suppose une comparaison de l'attitude des agents féminins à une norme fixée par des agents masculins dont le comportement ne correspond pas

nécessairement à ce qu'on pourrait attendre d'un bon policier (Sichel et al., 1978).

Bien que les mesures de rendement classiques ne soient pas idéales, elles demeurent disponibles et elles continueront d'être utilisées jusqu'à ce qu'on en trouve de meilleures. Dans cette section, nous allons examiner les évaluations des superviseurs, qui constituaient les seuls indicateurs de rendement disponibles, et nous nous pencherons sur les recherches consacrées à diverses autres mesures dans d'autres services.

Évaluations des superviseurs

De façon générale, les superviseurs évaluent les femmes-agents moins favorablement que les agents masculins, mais, ici encore, les écarts sont minces. A Washington, par exemple, on a estimé que le niveau de rendement de la quasi totalité des agents des deux sexes avait été satisfaisant, même si les femmes, en moyenne, ont été évaluées moins favorablement que les hommes.

Par ailleurs, les agents de formation

(16)

les agents de formation de la police routière de la Californie ont attribué la même note aux aspirants des deux sexes. La formation sur le terrain terminée, les agents des deux sexes ont continué de donner un bon rendement, bien que les hommes se soient généralement plus améliorés avec le temps que les

femmes. A Newton et dans le comté de St. Louis, hommes et femmes ont obtenu presque la même note.

A la GRC, on évalue tous les ans le rendement des agents. Les données sur les évaluations de rendement que nous avons utilisées portaient sur

l'année 1978. Elles reposent sur des évaluations objectives et subjectives du travail des agents, tant dans l'exercice de leurs fonctions policières

générales que dans l'application du code de la route. La note maximale de la partie objective de l'évaluation (diagnostic à choix forcé) est 40, et celle de la partie subjective (échelle de comportement pondérée), de 35. Pour ce qui est des fonctions policières générales, les femmes—agents ont obtenu dans le premier cas une moyenne de 20, la moyenne pour l'ensemble des agents étant de 21.7 (ce chiffre comprend les femmes, mais comme elles ne sont que 114 contre 3,837 hommes, leur présence n'agit pas sensiblement sur les résultats de l'évaluation). Pour la partie subjective de l'évaluation, les notes se sont établies respectivement à 24.28 et 25.68. Chez les agents affectés à la patrouille, les notes objectives ont été de 25.1 pour les femmes (N=12) et de 24.98 pour les hommes (N=868), alors que les notes subjectives ont

respectivement été de 25.42 et 25.50. A en juger par ces évaluations, le rendement des agents des deux sexes varie peu.

(17)

Nous avons pu obtenir l'évaluation des 40 agents féminins visées par cette étude et de leurs 40 homologues de sexe masculin. La note moyenne des hommes s'est établie à 74.3%, et celle des femmes, à 72.9%. Il ressort donc des évaluations des superviseurs que le rendement des - agents des deux sexes n'est pas très différent.

Arrestations

Le nombre d'arrestations faites par les agents des deux sexes a souvent fait l'objet de comparaisons dans les études consacrées à la situation des femmes dans la police. Bloch et Anderson (1974) rapportent que les

femmes-agents de Washington faisaient moins d'arrestations et donnaient moins de contraventions que leurs homologues de sexe masculin. Les arrestations effectuées par les agents des deux sexes avaient autant de chances de mener à une inculpation. Apparemment, l'écart entre le taux d'arrestations des agents tenait au fait que les femmes-agents étaient moins souvent affectées à la patrouille que les agents masculins. Toutefois, l'écart devenait marqué lorsque la comparaison ne visait que les femmes affectées régulièrement à la patrouille.

Dans son étude des agents féminins du comté de St. Louis, Sherman (1975) a lui aussi constaté que les femmes-agents faisaient moins

d'arrestations et interceptaient moins de véhicules que leurs camarades de sexe masculin. En revanche, elles donnaient plus de contraventions que les hommes. Dans une évaluation de la police routière de la Californie

(California Highway Patrol, 1976), on a constaté que les agents des deux sexes avaient un rendement voisin, les hommes ayant cependant un niveau d'activité légèrement supérieur à celui des femmes. L'écart en faveur des hommes se situait à 13% dans le cas des arrestations

(18)

l'étude n'ont cependant pas estimé que ces écarts étaient significatifs, dans la mesure oa les superviseurs des agents ont favorablement évalué le travail des femmes à tous égards et après avoir constaté que, dans bien des cas, les agents féminins avaient un niveau d'activité supérieur à celui de leurs

camarades lorsqu'on tenait compte de leur degré de participation à la patrouille.

Dans l'étude de Sichel - et al. sur la police de New York, les agents féminins avaient un taux d'arrestations sensiblement inférieur à celui de leurs homologues de sexe masculin. Il faut toutefois signaler que les agents féminins et masculins observés faisaient généralement équipe avec un agent masculin d'expérience et que les femmes-agents recevaient moins souvent le crédit des arrestations que leurs homologues de sexe masculin.

A l'inverse, les auteurs des études de Denver et Newton (Massachusetts) ont constaté que les agents des deux sexes faisaient autant d'arrestations. A Denver, les femmes-agents ont fait autant d'arrestations que leurs homologues de sexe masculin, et ce, tant dans les affaires qu'elles avaient prises en main de leur propre initiative que dans les affaires que leur avait confiées un répartiteur. A Newton, par ailleurs, on a observé que, en moyenne, les agents des deux sexes avaient fait le même nombre d'arrestations par jour et porté autant d'accusations les uns que les autres. Par contre, les agents féminins avaient porté deux fois plus d'accusations de délit grave que leurs homologues de sexe masculin, ceux-ci ayant en revanche fait deux fois plus d'arrestations pour infraction au code de la route que leurs collègues de sexe féminin.

Les données sur les arrestations tirées de mon étude du service de police de Vancouver sont présentées au tableau 3-1. Sont exclues les fouilles ainsi que les arrestations effectuées en vertu de la loi sur le contrôle de la vente d'alcool et de la loi sur les véhicules à moteur. Ont également été exclus les agents en congé de maladie ou de maternité prolongé

(19)

TABLEAU 3-1

Nombre moyen de personnes arrêtées par des agents masculins et féminins*

Juillet-septembre 1979 et mars-mai 1980**

Agents masculins Agents féminins

1979 Juillet 2.25 2.31

Août 2.41 2.0

Septembre 2.0 2.30

1980 Mars 2.13 1.82

Avril 2.21 1.49

Mai 2.71 2.46

Ont été exclus les agents affectés à la garde de prisonniers, aux communications ou à la formation des recrues ainsi que les agents en congé de maternité ou de maladie prolongé.

Sont exclues les fouilles et les arrestations faites en vertu de la loi sur le contrôle de la vente d'alcool et de la loi sur les véhicules à moteur.

ainsi que les agents affectés à la prison, au service des communications et à la formation des recrues. Les autres fonctions des agents masculins et

féminins restants sont analogues. A l'étude du tableau, on constate que les hommes ont fait plus d'arrestations, mais que l'écart est mince. Les femmes oat fait plus d'arrestations que les hommes dans deux des six mois observés;

le reste du temps, elles ont obtenu des résultats sensiblement égaux à ceux de leurs homologues masculins. Les écarts observés au chapitre des arrestations ne semblent donc pas significatifs.

* *

(20)

Accidents de la circulation

Nos chiffres sur les accidents de la circulation ont également été tirés des dossiers personnels des agents. Les données montrent que les

femmes-agents ont fait moins d'accidents que leurs homologues masculins. En effet, les hommes ont été associés à 31 accidents, et les femmes, à 26.

Toutefois, 57.7% des accidents des femmes ont été imputés à une conduite

négligente, le pourcentage correspondant s'établissant à 48.4% dans le cas des hommes. En somme, les agents féminins font moins d'accidents que les hommes, mais leurs accidents sont plus souvent imputables à une conduite négligente.

Congés de maladie et réduction naturelle des effectifs

Les pertes de temps imputables à la maladie et aux blessures subies en service ont également fait l'objet d'études. A Washington, par exemple, on a constaté que, bien que les femmes agents souffrant de blessures aient été affectées à des travaux légers plus souvent que les hommes, leur taux

d'absentéisme demeurait inférieur à celui de leurs camarades. Par ailleurs, la police routière de la Californie a observé que les recrues de sexe féminin en formation se blessaient proportionnellement plus souvent que les hommes, et que les dépenses associées à leurs blessures étaient également plus élevées.

A New York et Denver, enfin, on a constaté que les femmes prenaient plus de congés de maladie que les hommes.

Le même phénomène a été observé dans le service de police de Vancouver. De juillet à septembre 1979, les femmes-agents ont pris, en moyenne, 2.7 jours de congé de maladie (congés de maternité non compris), et

les hommes, 2.0 jours. Si l'on exclut l'agent féminin et l'agent masculin qui se trouvaient pendant cette période en congé de maladie prolongé,

(21)

ces moyennes passent respectivement à 2.2 jours et 0.7 jour.

Par contraste, on observe que le nombre des blessures subies en service et les pertes de temps imputables à ces blessures ont été moins élevés dans le cas des femmes que dans celui des hommes. Au total, les hommes étudiés ont subi à 16 occasions depuis leur entrée en fonctions des blessures suffisamment graves pour que la chose soit consignée dans leur dossier. En moyenne, chaque blessure a entraîné des pertes de 12.2 journées de travail. Les agents

féminins, de leur côté, ont subi, au total, 13 blessures qui ont entraîné, en moyenne, des pertes de 11.6 jours de travail.

Il n'y a pas de données sur le taux d'absentéisme des agents masculins et féminins de la GRC. La Gendarmerie dispose toutefois de chiffres sur la réduction naturelle de ses effectifs. Le taux de départs naturels des agents féminins est sensiblement plus élevé que celui des hommes: 16.3% des femmes et 8.7% des hommes entrés en service après septembre 1975 avaient quitté la GRC en août 1978. D'autres grands corps de police — la police routière de la Californie, notamment — ont observé le même phénomène. En revanche, les études réalisées dans plusieurs villes (Vancouver comprise) ont montré que la réduction naturelle des effectifs des deux sexes est à peu près égale. La GRC cherche actuellement à expliquer le phénomène.

(22)

CHAPITRE 4

INTERVIEWS DES RÉPARTITEURS ET RAPPORTS DE RÉPARTITION

Nous avons interviewé pour notre travail sept répartiteurs affectés au même quart de travail. Les interviews étaient assez brèves et visaient

principalement le mode de répartition de divers types d'équipes d'agents. La première question portait sur le choix des équipes. Aucun des répondants n'a affirmé que le sexe des agents intervenait dans le choix des équipes affectées à telle ou telle mission. Deux d'entre eux ont cependant indiqué plus tard qu'ils préféraient faire appel à une équipe homme—femme dans les conflits

familiaux ou les affaires impliquant des victimes de sexe féminin. Trois des répartiteurs confiaient de préférence les affaires de bagarre à des hommes.

Nos autres questions ont principalement porté sur la façon dont les

répartiteurs déterminaient l'opportunité d'envoyer des renforts à un agent.

Le tableau 1 montre que le sexe des agents de patrouille intervient peu dans la décision des répartiteurs. La variable la plus importante à cet égard semble être davantage le nombre d'agents envoyés sur place à l'origine*. Dans le cas des patrouilles simples, la décision des répartiteurs est apparemment étrangère au sexe des agents de police. Le même phénomène s'observe dans les patrouilles jumelées;

La GRC utilise généralement des patrouilles simples, mais a parfois recours à des patrouilles jumelées quand l'un des agents est en formation.

(23)

100.0 100.0 28.6 28.6 28.6 les répartiteurs sont cependant plus portés à envoyer des renforts aux équipes jumelées homme-femme ou femme-femme envoyées sur les lieux d'un incident

violent ou susceptible de dégénérer en violence. Interrogés sur la probabilité qu'ils envoient plus facilement des renforts à certains types d'équipe, deux des répartiteurs ont déclaré qu'il leur arrivait plus souvent de faire appuyer les femmes-agents auxquelles ils avaient confié une affaire susceptible de mal tourner.

TABLEAU 4-1

Proportion des répartiteurs qui enverraient des renforts dans divers types de situations

(N=7)

Type de patrouille 1 homme

1 homme 1 femme 2 hommes 1 femme 2 femmes

100.0 100.0 0.0 0.0 14.3

Fauteur de

troubles et personne en état d'ébriété Vol ou cambriolage

(en cours)

Personne malade ou blessée

Accident de la circulation Vol à main armée

(en cours) Bagarre

Dommages causés à une automobile ou vol d'automobile

(en cours)

Dispute dans une

résidence ou à proximité (2 personnes)

85.7 85.7 71.4 71.4 71.4

42.9 42.9 28.6 28.6 28.6

100.0 100.0 85.7 85.7 85.7

100.0 100.0 42.9 71.4 85.7

57.1 57.1 42.9 42.9 42.9

(24)

Invités à se prononcer sur le type d'équipe qui demandait le plus souvent des renforts, deux des sept répartiteurs qui ont répondu à la question ont affirmé que les hommes en patrouille simple étaient ceux qui faisaient le plus souvent appel à des renforts.

Dans la dernière partie de notre enquête, nous avons demandé aux

répartiteurs si les agents étaient souvent aidés par de simples citoyens. Ils ont affirmé que la chose se produisait assez souvent, surtout dans le cas des patrouilles simples. Ils ont également estimé que les citoyens se portaient plus volontiers à l'aide des agents féminins que des agents masculins. Comme on aurait pu s'y attendre, ces secours venaient le plus souvent quand les agents étaient aux prises avec des citoyens violents.

Pour nous faire une bonne idée de la réalité, nous avons ensuite

analysé les rapports informatiques de répartition. Notre analyse a porté sur les activités du détachement de Burnaby du ler au 30 juin 1979. Les résultats sont présentés aux tableaux 4-2 et 4-3. A en juger par les chiffres du

tableau 4-2, il n'y a pas de rapport évident entre la gravité des incidents et la composition des équipes auxquelles on les confie. En gros, les hommes en patrouille simple sont légèrement moins souvent affectées aux appels de troisième priorité, mais plus souvent affectées que les autres aux appels de quatrième priorité. Comme il s'agit d'appels de routine, les écarts n'ont pas été jugés importants. Ces données confirment les réponses des répartiteurs à notre question sur le choix des équipes envoyées en premier sur les lieux d'un incident.

(25)

0. 0 1 femme

1 homme

(0)

0. 0 (1)

77.4 3.7

(147) (7)

66.1 15.8

(2386) (570) 18.9

(36) 18.1 (655) TABLEAU 4-2

Proportion des appels de 1ère , 2e , 3e et 4e priorité' affectés à différents types d'unités du ler au 30 juin 1979

ière priorité 2e priorité 3e priorité 4e priorité

1 lere priorité - Cas urgent - Délit grave en cours nécessitant une réaction rapide de la part de la police pour protéger des citoyens ou appréhender le coupable sur le fait.

2e priorité - Cas pressant - Délit mineur en cours ou délit grave déjà commis, mais nécessitant une intervention immédiate.

3e priorité - Cas assez urgent - Délit déjà commis et ne nécessitant pas une intervention immédiate, les preuves matérielles du crime ne devant pas disparaître rapidement.

4e priorité - Dossiers - Affaire ne nécessitant pas l'intervention d'une patrouille, mais consignée dans les dossiers du détachement pour fins d'information.

(26)

TABLEAU 4-3

Nombre moyen d'unités de renfort envoyées à l'aide de différents types d'unités du ler au 7 mars 1979

ire priorité 2e priorité 3e priorité 4e priorité

1 femme

1 homme

0.0 2.4 1.1 0.0

(0) (36) (147) (7)

4.0 2.2 0.9 0.005

(1) (1655) (2384) (570)

Le tableau 4-3 confirme le fait que les répartiteurs ne prennent pas systématiquement en compte le sexe des agents dans la décision d'envoyer des renforts à une unité. En fait, les chiffres montrent que les répartiteurs ont à cet égard une attitude beaucoup plus égalitaire qu'ils ne le croient

eux-mêmes. Même si le nombre des interventions d'appui est plus élevé dans le cas des femmes-agents en patrouille simple, les écarts sont minces.

En somme, si les pratiques de répartition varient quelque peu selon le sexe des agents, les écarts observés sont minimes. Hommes et femmes sont affectés à des affaires comparables, et la décision de leur envoyer des renforts tient davantage à la gravité de la situation qu'au sexe de l'agent.

(27)

CHAPITRE 5

ATTITUDES À L'ÉGARD DES FEMMES—AGENTS

Attitude des agents masculins

L'un des principaux problèmes auxquels les femmes—agents doivent faire face est l'attitude même de leurs camarades de sexe masculin. Le phénomène a été relevé par de nombreux observateurs; l'un d'eux affirme même que "le seul problème des agents féminins.., c'est les agents masculins" (Lehtinen,

1976:55). Comme cette citation le laisse supposer, les agents masculins ne voient généralement pas d'un bon oeil l'idée de confier à des femmes des fonctions comme la patrouille. En fait, l'attitude des hommes constitue vraisemblablement le principal obstacle à l'élargissement du rôle des femmes dans la police.

Des études ont montré que les agents masculins n'acceptaient qu'à

reculons la présence des femmes dans la police. Dans leur étude du service de police de Washington, Bloch et Anderson ont pu constater que, aux yeux des agents masculins, les femmes ne faisaient pas d'aussi bons agents de

patrouille que les hommes. Les agents masculins s'inquiétaient tout

particulièrement de la possibilité pour les femmes de maîtriser les fauteurs de trouble. Certains ont avancé que cette attitude négative s'atténuerait au fur et à mesure que les agents masculins auraient l'occasion de voir des

femmes à l'oeuvre. Il est donc un peu étonnant de constater que des agents de patrouille qui ont travaillé dans des secteurs où il y avait des femmes—agents avaient à l'égard de ces dernières une attitude plus négative que ceux qui travaillaient dans des secteurs sans femmes, et que cette attitude n'a pas sensiblement changé en un an.

(28)

Dans son étude de la police du comté de St. Louis, Sherman (1975) a lui aussi observé que la majorité des agents masculins avaient une attitude

négative à l'égard de leurs camarades de sexe féminin. Toutefois, l'attitude des hommes s'était légèrement améliorée à la fin de la période de six mois pendant laquelle il a réalisé son étude.

Dans l'étude de la police routière de la Californie (1976), on s'est également intéressé à l'attitude des agents masculins. Tous les agents en uniforme des secteurs auxquels on a affecté des femmes ont été couverts par l'enquête avant l'entrée en service des agents féminins, puis un an plus tard. Dans les deux enquêtes, l'opinion des agents masculins à l'égard des femmes-agents n'a pas été très favorable. La plupart d'entre eux estimaient que les femmes ne pouvaient pas faire d'aussi bons agents de patrouille que les hommes. Ce sentiment était particulièrement évident à l'égard des

fonctions comportant un certain danger ou nécessitant l'usage de la force. Au bout d'un an, l'attitude générale des agents masculins s'était améliorée;

toutefois, ceux qui avaient eu des contacts professionnels directs avec des femmes-agents avaient conservé une attitude plus négative à leur égard que les autres agents masculins. Enfin, les agents masculins ont évalué beaucoup moins favorablement le rendement des femmes que celui des hommes.

Dans l'étude du service de police de Newton (Kizziah et Morris, 1977), on a également observé que les agents masculins avaient une attitude négative à l'égard des femmes. Dans le cadre d'une enquête faite peu après le

recrutement des premières femmes-agents, on a demandé aux agents masculins d'évaluer l'efficacité des agents des deux sexes à divers égards. Dans la plupart des cas, le travail des femmes a été évalué beaucoup moins

favorablement que celui d'hommes possédant une expérience équivalente. Font exception des tâches comme

(29)

l'interrogatoire des victimes de viol, fonction pour laquelle les femmes ont été jugées plus aptes que les hommes, ainsi que l'arrestation de prostituées et la rédaction de rapports, fonctions pour lesquelles hommes et femmes ont été jugés aussi compétents.

L'attitude des hommes n'a pas beaucoup changé plus de deux ans et demi plus tard, quand la deuxième enquête a été réalisée. Bien qu'on ait observé des changements mineurs à certains égards, les agents masculins n'en

continuaient pas moins de penser que les femmes ne faisaient pas d'aussi bons agents qu'eux, et ils ne voyaient pas d'un oeil très favorable leur présence dans la police. Des interviews ultérieures ont montré que, selon les hommes, les femmes n'avaient pas la force ni l'agressivité voulues pour faire du travail de patrouille. Il importe cependant de signaler que les hommes qui avaient travaillé en étroite collaboration avec des femmes-agents avaient à leur égard une attitude beaucoup plus favorable. Plusieurs d'entre eux ne voyaient même pas de différence entre les aptitudes des agents de l'un et l'autre sexe. Il semblerait donc que les hommes qui continuent de s'opposer à la présence des femmes dans la police réagissent plus à l'image qu'ils se font du policier qu'à l'efficacité réelle des femmes; cette observation n'a été faite cependant que dans un seul service de police.

La majorité des études canadiennes consacrées à la situation de la femme dans la police ont également fait ressortir l'attitude négative de la majorité des hommes. Dans l'enquête de Whetstone réalisée en Alberta (1978), les répondants de sexe masculin étaient d'avis que les femmes n'étaient pas aussi efficaces que les hommes. Laronde, pour sa part, a fait une enquête auprès de 30 agents masculins et 30 agents féminins de la GRC et a constaté que les hommes estimaient que les femmes ne pouvaient pas s'acquitter aussi bien qu'eux de tous les aspects du travail policier. Dans une enquête plus récente de Hylton et al. (1979)

(30)

menée auprès des membres du service de police de Regina, les réactions des agents masculins ont été plus favorables, les deux tiers d'entre eux ne faisant pas de différence entre le travail des agents des deux sexes.

Les résultats de l'étude du service de police de Vancouver confirment ceux de la plupart des études américaines. Près de la moitié des agents observés estimaient que les femmes pouvaient faire de bons agents de patrouille; le tiers s'opposaient à cette idée, et les autres demeuraient indécis. Invités à évaluer eux -mêmes leur aptitude à remplir diverses

fonctions policières, les agents masculins se sont évalués plus favorablement que ne l'ont fait les agents féminins. Les principaux écarts s'observaient dans les cas nécessitant l'usage de la force. Des résultats comparables ont été obtenus dans une évaluation des agents des deux sexes en fonction de diverses caractéristiques associées au travail policier. Il convient

cependant de signaler une exception intéressante. On a en effet observé que les agents masculins ayant une longue expérience du travail avec un coéquipier du sexe opposé - certains d'entre eux avaient fait équipe avec une femme-agent pendant deux ans - manifestaient à l'égard des femmes une attitude presque aussi favorable que celle des femmes-agents elles-mêmes. Ce fait est

important, car ces agents sont ceux qui connaissent le mieux les aptitudes des femmes.

Alors que l'attitude des agents masculins a fait l'objet d'études poussées, on s'est moins intéressé aux raisons pour lesquelles les hommes n'aiment pas

(31)

l'idée de partager une patrouille jumelée avec une femme. Les chercheurs expliquent le phénomène d'au moins trois façons. Premièrement, les agents masculins estiment que l'image de la police souffrira du recrutement de

femmes-agents. Laronde, par exemple, a constaté que cette question

constituait une source importance de mécontentement chez les agents de la GRC visés par son enquête. 38% des hommes de son échantillon étaient d'avis que

le recrutement de femmes-agents ferait baisser la Gendarmerie dans l'estime de la population. Cette opinion a été confirmée par un agent interviewé par Milton; pour lui: "notre fonction présente déjà trop l'image d'un travail

social; c'est un travail d'hommes; n'allons pas le dégrader en y mêlant des femmes" (1972:24). Sherman (1975), pour sa part, a relevé que beaucoup

d'agents masculins estimaient que le public s'opposait carrément à la présence de femmes dans la police. Cette idée a été infirmée par les résultats de certaines enquêtes d'opinion (cf. Linden et Minch, 1980) selon lesquels il ressort que l'attitude du public et l'image de la police n'ont pas souffert de

l'emploi d'un grand nombre de femmes-agents. En fait, il semble plutôt que les contacts avec des agents féminins rendent la population plus favorable à l'égard de la police.

Deuxièmement, les agents masculins seraient d'avis que les femmes ne manifestent pas le même engagement qu'eux à l'égard de leur profession et qu'elles envisageront de quitter la police au moment de se marier ou d'avoir des enfants. Les agents masculins sont par conséquent d'avis que les femmes ne sont pas aussi intéressées qu'eux à faire du bon travail. L'étude de Laronde le confirme d'ailleurs: 62% des répondants de sexe masculin

estimaient que, pour les femmes, le travail dans la GRC constituait plus un emploi temporaire ou à court terme qu'une carrière à long terme.

(32)

La troisième principale raison pour laquelle les agents masculins

s'opposent à l'intégration des femmes aux patrouilles est qu'ils craignent que celles—ci ne puissent pas supporter la violence associée à cette fonction policière. Les aptitudes des femmes à cet égard ont souvent été considérées avec beaucoup de scepticisme, et l'excuse a été maintes fois invoquée pour restreindre ou refuser l'accès des femmes aux patrouilles. Par exemple,

Conrad et Glorioso (1975) ont étudié un groupe d'agents masculins de l'État du Maryland qui s'inquiétaient d'avoir à protéger des femmes—agents incapables de se défendre elles—mêmes. Par ailleurs, dans une étude des recrues de l'école de police de l'État du Michigan, on a observé que les recrues de sexe masculin évaluaient assez favorablement les aptitudes scolaires et techniques de leurs camarades de l'autre sexe, mais estimaient que les femmes ne pourraient pas s'acquitter aussi bien que les hommes des aspects physiques du travail policier (Charles, 1978).

Attitude des agents de police des détachements de la GRC de la région immédiate de Vancouver

Les données recueillies dans la région immédiate de Vancouver montrent qu'une grande proportion des agents masculins ne voient pas d'un bon oeil la présence des femmes dans la police et s'opposent à la participation des femmes à la patrouille. Notre analyse de l'attitude des agents masculins à l'égard de leurs camarades de sexe féminin s'appuie sur des données tirées de quatre enquêtes: le questionnaire envoyé par la poste à 200 agents masculins choisis au hasard, les interviews et les questionnaires des agents féminins et les interviews

(33)

et les questionnaires de leurs homologues masculins. Nous nous sommes

également appuyés sur certains renseignements tirés des questionnaires remplis par les superviseurs.

TABLEAU 5-1

A votre avis, les femmes devraient-elles participer régulièrement à la patrouille?

Oui Ne sais pas Non

— _

Enquête 200 47.4 21.6 31.0

Homologues masculins 55.0 20.0 25.0

Femmes-agents 100.0 0 0

L'attitude des agents observés est présentée au tableau 5-1.

L'attitude des homologues de sexe masculin est presque identique à celle des 200 agents choisis au hasard, la proportion de ceux qui ne voient pas d'un bon oeil la participation des femmes à la patrouille étant presque la même. Le même phénomène s'observe à d'autres égards. Nous l'avons constaté à l'étude des réponses des agents aux questions sur l'attitude de la population à

l'égard des femmes-agents, la proportion des agents masculins et féminins les plus motivés,

(34)

la réaction des conjoints au principe des équipes homme - femme, les

conséquences d'un accroissement de la proportion des femmes-agents à 50% des effectifs sur la profession et l'image de la police, et sur la réaction des répondants à divers scénarios d'affaires potentiellement dangereuses confiées à des équipes homme-femme.

Les tableaux 5-2 et 5-3 présentent deux autres ensembles de mesures de l'attitude des agents à l'égard des femmes. Dans le premier cas, nous avons demandé aux répondants de chaque groupe d'estimer la proportion des agents de chaque sexe ayant deux ans d'expérience qui obtiendraient de bons résultats dans différents types de situation. Si l'on examine tout d'abord les notes attribuées aux agents de sexe masculin, on constate que les quatre groupes d'évaluateurs ont fait preuve d'une grande uniformité, même si les femmes ont souvent été moins généreuses à l'égard des hommes que les trois autres

groupes. On ne peut pas en dire autant des notes attribuées aux agents de sexe féminin. Comme on aurait pu le prévoir, les femmes se sont donné les meilleures notes. En fait, elles se sont jugées aussi compétentes ou plus compétentes que les hommes dans huit des onze fonctions étudiées. En moyenne, elles ont évalué que leur rendement était de 6% meilleur que celui des

hommes. Si l'on examine maintenant les écarts moyens entre hommes et femmes par type de fonction, on observe que le deuxième groupe à témoigner l'attitude la plus favorable à l'égard des femmes est celui des superviseurs (écart moyen de 5% en faveur des des hommes); viennent ensuite les répondants de l'enquête postale et, enfin, les homologues de sexe masculin (écarts moyens de 6% et 7%

respectivement). Dans l'ensemble, on a jugé que les femmes obtenaient de meilleurs résultats que les hommes dans trois fonctions:

(35)

"efficaces" dans diverses fonctions de patrouille

FONCTIONS

SEXE DES

AGENTS GROUPE ATTRIBUANT LA NOTE

Agents Homologues "Enquête Superviseurs féminins masculins 200"

(N=35) (N=40) - (N=40) (N=173)

Dispersion de Femmes 75 76 74 70

mineurs bruyants Hommes 80 77 82 81

Contrôle de Femmes 65 73 61 61

personnes en Hommes 94 81 92 88

état d'ébréité

Contrôle d'hommes Femmes 58 67 52 49

à la conduite Hommes 80 73 81 78

inconvenante

Traitement Femmes 77 81 74 76

d'accidents de Hommes 82 80 80 80

la circulation

Interrogatoire de Femmes 69 77 70 72

victimes de viol Hommes 53 45 47 46

Patrouille et Femmes 78 83 78 77

observation Hommes 82 80 80 82

Contrôle de Femmes 48 65 53 49

situations Hommes 65 62 63 59

dangereuses

Contrôle de femmes Femmes 70 80 76 69

à la conduite Hommes 71 55 71 71

inconvenante

Rédaction de Femmes 71 75 80 74

rapports Hommes 63 62 73 66

Règlement de Femmes 72 73 70 67

conflits familiaux Hommes 67 62 70 66

Obtention de Femmes 69 73 73 68

renseignements sur Hommes 69 70 73 68

la scène de crimes

* Pour indiquer la proportion des agents jugés "efficaces", les répondants devaient tracer une croix sur une ligne portant trois indications: 0% à gauche, 50% au milieu et 100% à droite. Les réponses ont ensuite été codées en 11 catégories

(0-10), et les notes moyennes ont été établies en conséquence.

(36)

SEXE DES

CARACTÉRISTIQUE AGENTS GROUPE ATTRIBUANT LA NOTE

Agents Homologues "Enquête Superviseurs féminins masculins 200"

(N=35) (N=40) (N=40) (N=173)

Intelligence Femmes 60 72 66 62

pratique Hommes 70 73 74 71

Intégrité Femmes 78 75 73 71

Hommes 82 73 78 76

Solution de Femmes 54 67 50 53

problèmes Hommes 72 77 78 75

Résistance au Femmes 54 70 57 54

stress Hommes 75 70 74 72

Aptitude à Femmes 81 83 81 79

apprendre Hommes 78 79 78 77

Initiative Femmes 60 70 59 58

Hommes 71 72 75 72

Connaissance Femmes 68 73 73 . 69

du travail Hommes 71 75 75 72

Aptitude à prendre Femmes 60 68 63 59

des décisions Hommes 75 74 76 72

Faculté Femmes 71 77 72 72

d'observation Hommes 77 75 74 75

Sens de la Femmes 76 81 71 73

communication Hommes 72 70 75 73

Empathie Femmes 75 82 79 72

Hommes 70 62 63 66

Respect de Femmes 72 75 79 72

l'autorité Hommes 76 67 68 70

Influence Femmes 62 72 61 59

personnelle Hommes 72 69 75 73

Indépendance Femmes 61 73 61 59

Hommes 74 73 75 73

Force physique Femmes 43 50 31 36

Hommes 82 81 80 79

(37)

l'interrogatoire des victimes de viol, la rédaction de rapports et le

règlement de conflits familiaux. Dans cinq autres tâches, les hommes ont été évalués plus favorablement, mais de peu: dispersion de mineurs bruyants, traitement des accidents de la circulation, patrouille et observation,

contrôle de femmes à la conduite inconvenante et obtention de renseignements sur la scène de crimes. Les notes s'écartent sensiblement dans le cas des trois dernières fonctions: contrôle de personnes en état d'ébriété, contrôle d'hommes à la conduite inconvenante et contrôle de situations dangereuses.

Chacune de ces situations peut nécessiter l'usage de la force, et c'est

souvent dans ces domaines que les hommes ont été les plus critiques à l'égard des femmes.

Le tableau 5-3 présente les résultats d'un autre ensemble de mesures des aptitudes des femmes-agents. Dans ce cas, nous avons demandé aux

répondants d'estimer la proportion des agents des deux sexes avec deux années d'expérience qui possédaient un certain nombre de caractéristiques. Les caractéristiques utilisées avaient été antérieurement répertoriées par la commission de police de la Colombie-Britannique dans le cadre d'une analyse des qualités des agents de police. A ces caractéristiques, nous avons ajouté, pour les fins de notre étude, la force physique. Ici encore, on observe que les notes attribuées aux hommes se tiennent. Dans bien des cas, les réponses données par les divers groupes observés sont presque identiques. On ne peut cependant pas en dire autant de l'évaluation des femmes-agents. Les femmes se donnent en effet une note à peu près égale à celle de leurs camarades de sexe masculin et se classent avant eux dans 9 des 15 caractéristiques étudiées.

Les réponses des trois groupes d'hommes présentent'une assez grande uniformité.

(38)

En moyenne, les superviseurs ont été plus généreux envers les hommes (+9%).

Dans le cas des homologues de sexe masculin et des répondants de l'enquête postale, l'écart s'établit à +10%. Les femmes obtiennent une meilleure note que les hommes au chapitre de l'intégrité, de l'aptitude à apprendre, de la connaissance du travail, du sens de la communication, de l'empathie et du respect de l'autorité, alors que l'inverse s'observe au chapitre de la force physique, de la solution de problèmes, de la résistance au stress, de

l'influence personnelle, de l'indépendance, de l'aptitude à prendre des décisions et du sens de l'initiative.

En résumé, les résultats de notre étude de Vancouver et des recherches américaines montrent que les agents masculins ne voient pas d'un très bon oeil la présence des femmes dans les patrouilles. Dans nos interviews des

homologues masculins, nous avons pu constater que, même si la majorité des hommes approuvaient la présence des femmes dans les patrouilles, nombre d'entre eux aimeraient qu'on les confine à une escouade féminine qui

s'occuperait uniquement des fonctions traditionnellement réservées aux femmes:

mineurs, victimes de viol, fouille de femmes, etc. Certains vont même jusqu'à proposer que la Gendarmerie cesse de recruter des femmes.

(39)

CHAPITRE 6

ENQUÊTE HOMMES-FEMMES .

Notre travail a dans une large mesure consisté à interviewer les femmes-agents des détachements de la GRC de la région immédiate de Vancouver et à leur faire remplir un questionnaire. Les agents féminins ont ensuite été appariés à autant d'agents masculins passés par une période de formation

analogue et qui occupaient à peu près le même rang à leur sortie de l'école de police. Les femmes-agents et leurs homologues masculins ont tous été

interviewés par une personne de leur sexe. Les interviews duraient

habituellement une heure. A la fin de l'interview, on remettait aux agents un questionnaire qu'ils devaient remplir et renvoyer par la poste à l'équipe de recherche.

Les membres des deux groupes présentaient un certain nombre de différences sur le plan des variables démographiques étudiées. Comme on

aurait pu s'y attendre, les femmes avaient généralement une taille et un poids inférieurs à ceux des hommes. En moyenne, les femmes faisaient 5'7" et 141 lb, contre 5'11" et 173 lb dans le cas des hommes. 53% des hommes étaient mariés; chez les femmes, cette proportion s'établissait à 23%. L'âge moyen des agents était presque le même. Hommes et femmes venaient de milieux sociaux semblables et avaient un niveau de scolarité voisin.

(40)

Nous avons utilisé un grand nombre de mesures différentes pour évaluer la satisfaction professionnelle des agents. Bien que nous ayons observé des différences, hommes et femmes se révélaient en général aussi satisfaits les uns que les autres de leur travail. Nos observations en cette matière sont trop nombreuses pour être reprises en détail ici. Nous en donnerons néanmoins quelques exemples. Ainsi, nous avons constaté que les hommes estimaient plus souvent que les femmes que le travail policier leur fournissait l'occasion de donner le meilleur d'eux—mêmes, alors que les femmes attribuaient plus souvent que les hommes une note élevée au travail policier. De même, les femmes

estimaient plus souvent que la police avait répondu à leurs attentes, et que, si elles avaient à choisir à nouveau leur carrière, elles opteraient encore pour la police. Le tableau 6-1 montre que, même si les hommes se disent plus souvent très satisfaits du travail policier, les agents des deux sexes voient leur profession de façon assez positive'. Interrogés sur les raisons pour lesquelles ils aimaient leur travail, les agents des deux sexes ont

généralement donné les mêmes réponses. Les raisons qui revenaient le plus souvent étaient généralement associées à la nature du travail lui—même et aux possibilités de contacts avec le public qu'il offrait. Les hommes attachaient plus d'importance que les femmes à l'indépendance associée à leur travail, à la sécurité d'emploi et aux contacts avec le public qu'il rendait possibles;

par contraste, les femmes invoquaient plus souvent que leurs camarades des facteurs comme la possibilité de travailler avec des jeunes. Si l'on excepte l'importance accordée par les hommes au sentiment d'indépendance que leur donne leur travail, les écarts observés sont minces. On observe également des similitudes dans les réponses des agents à une question sur ce qu'ils

n'aimaient pas dans la police. Les réponses données le plus souvent

concernaient les fonctions déplaisantes du travail, l'attitude négative des agents à l'égard du système judiciaire, les servitudes imposées par le travail à la vie sociale et l'attitude négative du public. Ces réponses

(41)

étaient aussi souvent données par les hommes que par les femmes. La seule différence de quelque importance entre les deux groupes venait de ce que certaines femmes se disaient mécontentes de l'attitude négative à leur égard de leurs camarades de sexe masculin; les hommes, de leur côté, se sont plaints de l'influence abusive de l'administration.

TABLEAU 6-1

Degré de satisfaction professionnelle des agents masculins et féminins

Très Assez Assez peu

satisfait satisfait Indifférent Satisfait Insatisfait Hommes

Femmes

67.5 25.0 (27) (10) 55.9 41.2 (19) (14)

5.0 2.5 0.0

(2) (1) (0)

0.0 2.9 0.0

(0) (1) (0)

Les réponses des agents à une question sur leur état d'esprit montrent qu'hommes et femmes ont un degré de satisfaction voisin. Les chiffres du tableau 6-2 le confirment d'ailleurs.

(42)

5.0 5.0 47.5 (19) (2)

(2)

0.0 9.1 48.5

(0 ) (3 ) (16)

40.0 2.5

(16) (1)

39.4 3.0

(13) (1) Hommes

Femmes

TABLEAU 6-2

Auto-évaluation du moral des agents des deux sexes

Extrêmement

bas Bas Satisfaisant Bon Très bon

L'un des domaines dans lesquels les femmes se disent moins satisfaites que les hommes est celui de la reconnaissance de leurs talents. Les réponses à plusieurs questions le confirment, mais le tableau 6-3 est sans doute le plus éloquent. Nous y avons présenté une réponse à une question sur le sexe des agents qui devaient travailler le plus pour faire reconnaître leurs talents. Le tableau montre que 57.5% des femmes (et 20.5% des hommes) estimaient que les femmes devaient travailler plus fort que les hommes pour qu'on reconnaisse leurs qualités. Ces femmes estimaient que leurs talents n'étaient pas reconnus, mais que tous connaissaient leurs erreurs. L'une des répondantes a dit qu'elle se sentait examinée comme un poisson dans un

aquarium par des observateurs à l'affût de ses moindres erreurs. En gros, les femmes ont l'impression d'appartenir à un groupe minoritaire et d'avoir encore à faire leurs preuves. A leurs yeux, les femmes sont jugées incompétentes tant qu'elles n'ont pas démontré le contraire.

(43)

53.8 (21) 37.5 (15) TABLEAU 6-3

Réponses données par les agents à la question suivante:

"Qui des hommes ou des femmes doivent travailler le plus fort pour qu'on reconnaisse leurs qualités?"

Hommes Femmes Les deux autant

Sexe des répondants

Hommes 25.6 20.5

(10) (8)

Femmes 5.0 57.5

(2) (23)

Engagement professionnel

A l'image d'autres chercheurs, nous avons relevé dans le cadre de notre travail l'une des objections que formulent à l'égard des femmes-agents ceux qui s'opposent à leur présence dans la police: les femmes se sentent moins liées à leur carrière que les hommes et n'entrent dans la police que pour y trouver un mari. Les données que nous avons recueillies montrent que le degré d'engagement professionnel varie quelque peu en fonction du sexe des agents.

Ainsi, les femmes au service de la GRC ont un taux de départs naturels deux fois plus élevé que celui des hommes. Par contraste, les données recueillies auprès des services de police du Canada et des États-Unis montrent que les hommes et les femmes ont un taux de départs analogue. Seuls les corps de police dont les effectifs sont très dispersés - c'est le cas, par exemple, de la police routière de la Californie - enregistrent des taux de départs

analogues à ceux de la GRC.

(44)

Pour apprécier le 'degré d'engagement professionnel des répondants, nous avons demandé s'ils pensaient qu'ils seraient toujours agents dans dix

82.5% des hommes et 57.5% des femmes ont répondu affirmativement. Les

~es ont justifié leur réponse par la satisfaction professionnelle que leur

;urait leur travail, et les femmes, par l'engagement qu'elles avaient à son

~d. Nous avons également demandé aux répondants s'ils continueraient de ,ailler s'ils gagnaient tout à coup assez d'arge~t pour vivre à l'aise.

)% des femmes et 77.5% des hommes ont répondu par l'affirmative à cette

;tion; 80% des femmes et 65.0% des hommes ont affirmé qu'ils demeureraient service de la police. La

GRe

étudie actuellement la question de la

.letion naturelle-de ses effectifs féminins. Le problème pourra donc faire bjet d'une étude plus approfondie quand ce travail sera terminé. La

~armerie aura sans doute intérêt à se pencher à cet égard sur la question l'engagement professiomïe12 •

le de police

Même si beaucoup - des agents de police, notamment - ont vu d'un vais oeil l'extension du rôle des femmes dans la police, d'autres ont

orablement accueilli la chose. Pour eux, les femmes apporteront une

velle dimension à la police. Les femmes seraient moins agressives et "plus tées à compter sur leur tact et leur ingéniosité dans les moments

'ficiles. Elles p~uvent calmer les esprits et désamorcer bien des

.uations." (Bouza, 1975:7) D'autres encore - Sherman (1973), par exemple .iment

,nt

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rman dre e de

re

.ts a à Le

• les

!lui

'é que es mêmes en

Ls

lt

.y

(45)

ait eu trop peu d'incidents violents impliquant des agents masculins ou

féminins pour qu'on puisse en tirer des conclusions, Bloch et Anderson croient que l'attitude des policiers se ressentira d'une présence accrue des femmes dans la police. Ils en concluent que "par leur présence, les femmes amèneront vraisemblablement la police à chercher de nouveaux moyens d'éviter la violence et de désamorcer les différends sans faire usage de la force" (1974:4).

La deuxième étude dans laquelle cette question est abordée est celle que Sherman a consacrée à la police du comté de St. Louis. Comme ce fut le cas pour l'étude de Washington, l'auteur n'a pu tirer de conclusions

définitives sur l'attitude des femmes dans les situations de conflit, ces incidents étant trop peu nombreux. Toutefois, Sherman est d'avis que les femmes sont mieux placées que les hommes pour éviter que des différends ne dégénèrent en violence. L'étude de l'Urban Institute sur la police de New York a donné des résultats comparables. On a en effet observé que, alors que

les agents des deux sexes abordaient les civils de la même façon, les hommes devenaient plus vite agressifs que les femmes, celles-ci adoptant plus

facilement des manières cordiales. Parallèlement, les civils eux-mêmes adoptaient une attitude plus amicale à l'égard des femmes-agents (Sichel et al. 1978). Des chercheurs de Denver, en revanche, n'ont pas observé de rapport entre le sexe d'un agent et le niveau de violence ou de tension des incidents étudiés ou l'attitude des observateurs ou des citoyens mêlés aux incidents en question.

(46)

Vu le grand nombre d'incidents que Sichel et ses collègues ont été en mesure d'observer pendant leur travail, c'est cette équipe qui a publié les meilleures données sur le sujet. Contrairement aux études dont il vient d'être question, leur travail ne leur a pas permis "de vérifier l'hypothèse selon laquelle les femmes seraient mieux placées que les hommes pour exercer une influence apaisante sur des citoyens en désarroi" (1978:43). Les citoyens observés par Sichel et son équipe estimaient néanmoins que les femmes-agents étaient plus compétentes, plus respectueuses et d'un commerce plus agréable que leurs homologues de sexe masculin. Comme nous l'avons déjà signalé, les techniques de prise en charge des agents des deux sexes étaient presque identiques, et les femmes faisaient autant usage de la force que les hommes pour maîtriser des récalcitrants. Enfin, même si les femmes-agents faisaient moins d'arrestations et d'interventions autoritaires que leurs collègues, les différences observées à ce chapitre n'étaient pas suffisamment marquées pour qu'il soit possible d'en conclure qu'on modifierait l'attitude des policiers en recrutant davantage de femmes.

Les données recueillies auprès des agents de la GRC nous renseignent sur l'image qu'hommes et femmes se font de leur style de police. En réponse à une question sur leur style de travail, 70% des hommes et seulement le tiers des femmes ont affirmé que les agents des deux sexes avaient un style de police différent. La majorité des femmes-agents estiment donc apparemment qu'elles s'acquittent de leur tâche de la même manière que les hommes. Les agents pour qui hommes et femmes avaient un style de police différent ont généralement déclaré que les hommes étaient plus dynamiques et aptes à prendre des décisions ou à faire usage de la force, alors que les femmes étaient plus patientes, qu'elles savaient mieux communiquer avec le public et qu'elles faisaient davantage appel à leur sens de la persuasion qu'à leur force physique.

(47)

Dans une question connexe, les répondants ont été invités à dire si les agents de l'un et l'autre sexe étaient plus aptes à faire face à certains types de situations. 82% des hommes et 40% des femmes ont répondu que les femmes-agents se révélaient particulièrement efficaces dans les domaines traditionnellement associés au sexe féminin: victimes d'assauts sexuels, mineurs, conflits familiaux. Un petit nombre d'hommes et de femmes ont cependant déclaré qu'ils croyaient les femmes-agents aptes à s'occuper des affaires dans lesquelles elles devaient faire usage de leur force physique.

89% des hommes et 35% des femmes ont déclaré que les agents masculins se révélaient particulièrement efficaces dans certains types de situations.

Comme on aurait pu le prévoir, la plupart des répondants ont déclaré que les hommes étaient mieux placés que les femmes pour s'occuper des affaires

nécessitant l'usage de la force.

Les répondants ont également été invités à dire qui, à leur avis, prenait habituellement les choses en main quand une équipe mixte répondait à un appel. 36% des hommes et seulement 25% des femmes ont déclaré que les agents masculins prenaient habituellement les choses en main; les autres

répondants estimaient qu'hommes et femmes intervenaient également, compte tenu du partage des tâches préalablement établi par les coéquipiers.

Nous avons enfin posé aux répondants un certain nombre de questions sur leur attitude à l'égard du travail policier. Pour vérifier l'hypothèse selon laquelle les femmes-agents préféraient le caractère social du travail

policier, nous avons demandé aux répondants de dire s'ils estimaient que le travail policier devrait être

(48)

57.5 (23)

26.5 (9)

plus axé sur l'application de la loi ou s'il faudrait lui donner davantage un caractère social. Comme le montre le tableau 6-4, l'écart, quoique minime, a joué dans le sens prévu. En gros, la majorité des répondants des deux sexes s'entendent sur le caractère qui doit être donné au travail policier.

TABLEAU 6-4

Réponses des agents masculins et féminins à une question sur l'orientation du travail policier

Caractère social Caractère répressif trop peu marqué

Hommes 7.5

(3)

Femmes 8.8

(3)

Bon équilibre trop peu marqué 35.0

(14) 64.7

(22)

Les résultats de cette étude et d'autres travaux de recherche

n'appuient pas beaucoup l'idée que les hommes et les femmes ont un style de police nettement différent. Cela n'est pas vraiment étonnant. En effet, même si les femmes apportaient à la police un caractère différent (ce qui reste à vérifier), elles n'en doivent pas moins travailler dans un système largement dominé par les hommes: elles sont formées par des hommes, elles travaillent presque exclusivement avec des hommes et elles sont évaluées par des hommes.

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