41 - SUITES ARITHM ´ ETIQUES, SUITES G ´ EOM ´ ETRIQUES.
CHANTAL MENINI
1. Point programme
Apparition en premi` ere S et ES, la d´ emonstration de la formule donnant la somme des n premiers termes d’une suite g´ eom´ etrique ou arithm´ etique doit ˆ etre connue, glissement de la limite en terminale avec les nouveaux programmes seule doit ˆ etre donn´ ee une approche de la notion de limite par les exemples en premi` ere. Vu aussi en BTS.
2. Un plan possible 2.1. Suites arithm´ etiques.
D´ efinition 2.1. Soit (u n ) une suite de r´ eels, la suite est dite arithm´ etique s’il existe un r´ eel r tel que pour tout entier n
u n+1 = u n + r r est appel´ e la raison de la suite.
Remarque 2.2. (Justification du nom)
Pour tout entier n sup´ erieur ou ´ egal ` a 1, un+1+u 2
n−1 = u n . Proposition 2.3. (Formule explicite)
Soit (u n ) une suite arithm´ etique de raison r alors – pour tout entier n, u n = u 0 + nr,
– pour tous les entiers n et p, u n = u p + (n − p)r.
Remarque 2.4. Si (u n ) est une suite arithm´ etique alors la variation absolue u n+1 − u n est constante.
Th´ eor` eme 2.5. (Variations et limites)
Soient r un r´ eel et (u n ) une suite arithm´ etique de raison r.
– Si r > 0 alors la suite (u n ) est croissante et lim n→+∞ u n = +∞.
– Si r = 0 alors la suite (u n ) est constante.
– Si r < 0 alors la suite (u n ) est d´ ecroissante et lim n→+∞ u n = −∞.
Commentaire : une suite arithm´ etique de raison non nulle est toujours divergente.
Proposition 2.6. (Somme des n premiers termes) Pour tout entier naturel non nul n
1 + 2 + · · · + n = n(n + 1)
2 .
Corrolaire 2.7. Soit (u n ) une suite arithm´ etique alors pour tout entier n u 0 + u 1 + · · · + u n = (n + 1) u 0 + u n
2 .
Remarque 2.8. On peut ´ echanger les rˆ oles de la proposition et du corollaire.
– Exercices d’application directe du type : v´ erifier si une suite est ou non arithm´ etique, formule explicite, calcul de sommes de termes cons´ ecutifs.
– Reconnaitre la somme des termes d’une suite arithm´ etique : le chˆ ateau de cartes (nombre de cartes de l’´ etage n est u n = u n−1 + 3 et u 1 = 2), les nombres polygonaux.
Date: 3 mars 2014.
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2.2. Suites g´ eom´ etriques.
D´ efinition 2.9. Soit (u n ) une suite de r´ eels, la suite est dite g´ eom´ etrique s’il existe un r´ eel q tel que pour tout entier n
u n+1 = qu n
q est appel´ e la raison de la suite.
On supposera dans la suite q 6= 0.
Remarque 2.10. (Justification du nom)
Prenons q > 0 et u 0 > 0, pour tout entier n sup´ erieur ou ´ egal ` a 1, √
u n+1 u n−1 = u n .
Commentaire : savoir en donner une illustration graphique avec la hauteur du triangle rectangle issue de l’angle droit.
Proposition 2.11. (Formule explicite)
Soit (u n ) une suite g´ eom´ etrique de raison q alors – pour tout entier n, u n = u 0 × q n ,
– pour tous les entiers n et p, u n = u p × q n−p .
Remarque 2.12. Si (u n ) est une suite g´ eom´ etrique non nulle alors la variation relative un+1u −u
n
n
est
constante.
Th´ eor` eme 2.13. (Variations et limites)
Soient q un r´ eel et (u n ) une suite g´ eom´ etrique de raison q.
– Si q > 1 alors la suite (u n ) est croissante si u 0 > 0 et d´ ecroissante si u 0 < 0. De plus lim n→+∞ u n = +∞
si u 0 > 0 et lim n→+∞ u n = −∞ si u 0 < 0.
– Si q = 1 alors la suite (u n ) est constante.
– Si 0 < q < 1 alors la suite (u n ) est d´ ecroissante si u 0 > 0 et croissante si u 0 < 0. De plus la suite converge vers 0.
– Si −1 < q < 0 alors la suite (u n ) n’est pas monotone et la suite converge vers 0.
– Si q = −1 alors la suite (u n ) ne prend que les valeurs u 0 et −u 0 . – Si q < −1 alors la suite (u n ) n’est pas monotone et n’a pas de limite.
Commentaire : Si on veut s’´ epargner de distinguer les cas en fonction du premier terme, on peut simplement
´
enoncer le r´ esultat pour la suite (q n ) n dans la mesure o` u l’on a d´ ej` a ´ etabli que u n = u 0 × q n . Proposition 2.14. (Somme des n + 1 premiers termes)
Pour tout entier naturel n, pour q 6= 1
1 + q + · · · + q n = 1 − q n+1 1 − q .
– Exercices d’application directe du type : v´ erifier si une suite est ou non g´ eom´ etrique, formule explicite, calcul de sommes de termes cons´ ecutifs (par exemple l’´ echiquier et les grains de bl´ e).
– Exercice plus ´ elabor´ e : Flocon de Von Koch, voir Indice 1e S ou ES et L ed. Bordas ou Hyperbole 1eS ed. Nathan ou D´ eclic 1e S ed. Hachette, le triangle de Sierpinski, voir Math’x 1e S ed. Didier ou D´ eclic 1e S ed. Hachette.
– Algorithme possible au niveau premi` ere (cf. n’ont pas encore le logarithme) : Calcul du premier entier n tel que u n d´ epasse (ou soit plus petit dans le cas de la convergence) une valeur donn´ ee, test de doublement de capital dans le cas d’int´ erˆ ets compos´ es, calcul de “demi-vie” d’un corps radioactif, etc
– Utilisation dans d’autres parties du programme de premi` ere : Calcul de l’esp´ erance d’une variable al´ eatoire suivant une loi g´ eom´ etrique tronqu´ ee (outils : d´ erivation et somme des premiers termes d’une suite g´ eom´ etrique). Voir le document ressource “Statistiques et probabilit´ es” de premi` ere.
– Comparaison d’une suite arithm´ etique et d’une suite g´ eom´ etrique : placement avec int´ erˆ et simple ou compos´ es (travail avec les pourcentages), ceci peut ˆ etre illustr´ e sur tableur.
2.3. Suites arithm´ etico-g´ eom´ etriques.
D´ efinition 2.15. Soit (u n ) une suite de r´ eels, la suite est dite arithm´ etico-g´ eom´ etrique s’il existe deux r´ eels a et b tels que pour tout entier n
u n+1 = au n + b.
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Remarque 2.16. Pour a = 1 on retrouve la d´ efinition d’une suite arithm´ etique, pour b = 0 celle d’une suite g´ eom´ etrique.
Proposition 2.17. Soient a 6= 1 et b deux r´ eels, (u n ) la suite aritm´ etico-g´ eom´ etrique d´ efinie par la relation de r´ ecurrence u n+1 = au n + b alors pour tout entier n
u n = b
1 − a + a n (u 0 − b 1 − a ).
Commentaire : cette proposition peut ne pas ˆ etre mise, l’important est de savoir comment on se ram` ene ` a une suite g´ eom´ etrique avec
– recherche de point fixe l solution de l = al + b, soit l = 1−a b ,
– introduction d’une suite auxiliaire (v n ) en posant v n = u n − l qui sera g´ eom´ etrique de raison a.
– Illustration graphique : avec par exemple Geogebra, visualiser les droites d’´ equations y = ax + b et y = x, construction des premiers termes d’une suite arithm´ etico-g´ eom´ etrique, curseurs permettant de faire varier premier terme, a et b. Commentaire : Remarquer que l’introduction de la suite auxiliaire (v n ) revient juste ` a faire un changement d’origine du rep` ere. Peut aussi ˆ etre utilis´ e pour une approche de la notion de limite. Fait dans Transmath 1eS ed. Nathan,
– Exemples conduisant ` a l’´ etude de suites aritm´ etico-g´ eom´ etrique :
– Les tours de Hano¨ı : voir Math’x 1e S ed. Didier ou D´ eclic 1e S ed. Hachette, Math´ ematiques L1 ed. Pearson Education.
– Accroissement de population avec flux migratoire.
– Evolution d’un capital avec int´ erˆ ets compos´ es et versement r´ egulier, remboursement d’un prˆ et avec mensualit´ es fixes.
– Les graphes probabilistes ` a 2 ´ etats, voir Hyperbole Term ES ed. Nathan.
2.4. Comparaison ` a une suite g´ eom´ etrique, applications.
2.4.1. Croissance compar´ ee.
Th´ eor` eme 2.18. Soit la suite (u n ) de terme g´ en´ eral strictement positif, s’il existe q ∈]0, 1[ et un entier N tels que
∀n ≥ N u n+1
u n ≤ q alors la suite (u n ) converge vers 0.
Corrolaire 2.19. Soit la suite (u n ) de terme g´ en´ eral strictement positif, si
n→+∞ lim u n+1
u n = l ∈ [0, 1[
alors a suite (u n ) converge vers 0.
Application de ce qui pr´ ec` ede :
Th´ eor` eme 2.20. Soit a > 1 un r´ eel et p un entier naturel non nul alors n p
+∞ a n
+∞ n!
2.4.2. Convergence de s´ eries ` a termes positifs.
Proposition 2.21. Soient q un r´ eel, la s´ erie de terme g´ en´ eral q n converge si et seulement si −1 < q < 1 et alors
+∞
X
n=0
q n = 1 1 − q . Th´ eor` eme 2.22. (Crit` ere de d’Alembert)
Soit P
u n la s´ erie de terme g´ en´ eral u n > 0, si – lim
n→+∞
u
n+1u
n= l ∈ [0, 1[ alors P
u n converge.
– lim
n→+∞
u
n+1u
n= l ∈]1, +∞[ alors P
u n diverge.
Remarque 2.23. Si l = 1 on ne peut rien dire, penser aux s´ eries de Riemann (u n = n 1α).
La limite peut ne pas exister par exemple u n = 3 1n pour n pair et u n = 3 2n pour n impair.
pour n impair.
Le corrolaire 2.19 peut aussi se voir comme corrolaire du th´ eor` eme de d’Alembert puisque le terme g´ en´ eral
d’une s´ erie convergente tend vers 0.
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2.5. Encore des exercices possibles. Exercice 1. Achille et la tortue (Paradoxe de Z´ enon, environ -500 av JC)
Achille fait la course avec une tortue (course rectiligne), il lui laisse 100m d’avance. Achille avance ` a la vitesse V m.s −1 et la tortue v m.s −1 (bien sˆ ur v < V ). Lorsqu’Achille arrive au point de d´ epart de la tortue not´ e T 0 , celle-ci aura avanc´ e et sera au point not´ e T 1 , lorsqu’il arrive au point T 1 elle aura encore avanc´ e et sera au point T 2 et ainsi de suite. La tortue ne sera jamais rattrap´ ee.
Nous savons que la tortue sera rattrap´ ee (du moins si l’arriv´ ee est suffisamment loin), d´ eterminer ` a quelle distance de D Achille rattrape la tortue et la dur´ ee de la course jusqu’au point de d´ epassement. Voir par exemple Hyperbole TES et L (programmes 2012 p36) ed. Nathan, avec V = 10 m.s −1 et v = 0.1 m.s −1 . Les grandes lignes, on note t n le temps que met Achille pour arriver en T n (position de la tortue ` a la n ieme
´
etape), alors
t n − t n−1 = T n−1 T n
V T n−1 T n = v(t n−1 − t n−2 ).
La suite (t n − t n−1 ) est g´ eom´ etrique de raison V v et de premier terme t 1 − t 0 . Ainsi en sommant les termes t n = t 0 + (t 1 − t 0 ) 1 − (v/V ) n
1 − v/V t 1 − t 0 = v
V t 0 t 0 = 100 V
et a pour limite V 100 −v lorsque n tend vers +∞, temps (en secondes) que met Achille pour rattraper la tortue.
Exercice 2.
P +∞
k=1
(−1)
k−1k = ln 2
Trouver la bonne suite g´ eom´ etrique, voir expos´ e “S´ eries num´ eriques”.
Exercice 3. D´ eveloppement d´ ecimal p´ eriodique
0, 999999999 . . . = 1 ou variantes, voir par exemple Terracher Analyse 1e S ed. Hachette (rappel : les rationnels sont les r´ eels qui ont des d´ eveloppement d´ ecimaux p´ eriodiques ` a partir d’un certain rang, voir par exemple Math´ ematiques L1 ed. Pearson Education)
3. D´ eveloppements
Toutes les d´ emonstrations des propositions ou th´ eor` emes, ainsi que toutes les r´ esolutions d’exercices peuvent ˆ
etre demand´ ees.
Les exercices sans r´ ef´ erences pr´ ecises se trouvent dans de nombreux manuels scolaires.
Pour les d´ emonstrations de la partie 2.4 nous renvoyons ` a la le¸ con sur les s´ eries.
Pour les d´ emonstrations de niveau premi` ere ou terminale elles sont faites en g´ en´ eral dans les ouvrages de ce niveau. Juste quelques points cl´ es.
Pour les formules explicites ou sommes des premiers termes, les d´ emonstrations seront faites avec des pointill´ es en premi` ere et pourront ˆ etre l’occasion de premiers exemples de d´ emonstrations par r´ ecurrence en terminale.
Pour la monotonie des suites g´ eom´ etriques on utilisera le rapport u un+1
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