HAL Id: jpa-00207267
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Submitted on 1 Jan 1972
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Étude de la chaleur spécifique du chlorure et du bromure ferreux
M. C. Lanusse, P. Carrara, A.R. Fert, G. Mischler, J.P. Redoulès
To cite this version:
M. C. Lanusse, P. Carrara, A.R. Fert, G. Mischler, J.P. Redoulès. Étude de la chaleur spé- cifique du chlorure et du bromure ferreux. Journal de Physique, 1972, 33 (4), pp.429-433.
�10.1051/jphys:01972003304042900�. �jpa-00207267�
ÉTUDE DE LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DU CHLORURE
ET DU BROMURE FERREUX
M. C.
LANUSSE,
P.CARRARA,
A. R.FERT,
G. MISCHLER et J. P.REDOULÈS
Laboratoire de
Physique
des Solides(*)
Institut National des Sciences
Appliquées, 31, Toulouse,
04(Reçu
le 28septembre 1971,
révisé le 5 novembre1971)
Résumé. 2014 Les chaleurs spécifiques de monocristaux de chlorure et de bromure ferreux ont été mesurées entre 4 °K et 70 °K. La détermination de la température de Néel et de la variation d’énergie
lors de la transition magnétique a permis de calculer la valeur du paramètre d’interaction ferro-
magnétique. L’étude de la variation d’entropie et l’analyse du comportement critique de la chaleur spécifique au voisinage de la température de Néel suggèrent l’existence dans ces composés d’un couplage magnéto-cristallin important.
Abstract. 2014 Specific heats of ferrous chloride and ferrous bromide single crystals have been
measured between 4 °K and 70 °K. The determination of the Néel temperature and of the energy variation associated with the magnetic transition have allowed the calculation of the ferromagnetic
interaction parameter. A study of the variation of the entropy and an analysis of the critical beha- viour of the specific heat near the Néel temperature suggest the presence of a large magneto- crystalline coupling.
Classification : Physics Abstracts
17.68
Introduction. - Les nombreuses études
théoriques
et
expérimentales
deshalogénures
ferreux et,plus particulièrement,
du chlorure ferreux[1], [2], [3], [4], [5], [6]
ont montré une structureantiferromagné- tique
à bassetempérature TN -
10 °K à 25 OK. La forteanisotropie
cristalline de cescomposés
conduità un comportement
métamagnétique
caractéristi- que[7].
Nous avons réalisé l’étude
expérimentale
entre4,2
OK et 60 °K de la chaleurspécifique
du chlorureet du bromure ferreux.
L’analyse
de ces résultats dansun modèle de
champ
cristallin et dansl’approxima-
tion du
champ
moléculaire fournit des informationsprécieuses
sur les valeurs desparamètres d’anisotropie
cristalline et d’interaction
d’échange
entre ionsmagné- tiques.
D’autre part, nous avons confronté le compor- tementcritique
de la chaleurspécifique
auvoisinage
de la
température
de Néel aux divers modèles théori- ques existants.Donnons tout d’abord le cadre
théorique
danslequel
nousinterprétons
nos résultatsexpérimentaux.
Présentation
théorique.
-- La structure cristalline du chlorure ferreux et du bromure ferreux est consti- tuée par desempilements
deplans
d’ions Fe++séparés
par deuxplans
d’ions CI- ou Br-. Le groupeponctuel
du site du fer est legroupe 3
m, les six ionshalogènes premiers
voisins d’un ion Fe+ +occupant
les sommets d’un octaèdre
légèrement
déformé.La structure
antiferromagnétique
observée à bassetempérature
est formée deplans ferromagnétiques
dont les aimantations
[4], dirigées
suivant l’axe ter- naireOz,
sont alternativement de sensopposés.
L’ensemble des ions
magnétiques
sedécompose
aussien deux sous-réseaux notés a et
fi.
Dans une
approximation
dechamp cristallin,
lepotentiel
cristallin Vc sur un ion Fe+ + est la sommed’un terme K de
symétrie cubique
et d’un termeT,
très
inférieur,
associé à la distorsiontrigonale
del’environnement :
Nous avons fait en outre
l’hypothèse supplémen-
taire
[8] :
où vLS
représente
lecouplage spin-orbite
d’un ion Fe+ +.La structure de niveaux d’un ion Fe+ + dans le
potentiel
cristallincomprend
untriplet
inférieurcaractérisé par un
spin
fictif S = 1 etséparé
par la distorsiontrigonale
T = 2013DS2Z ,
D >0,
en un doublet fondamental et unsingulet
distants deD,
les autresniveaux n’intervenant pas pour l’étude de la transi- tion
magnétique.
Dans un modèle de
champ
moléculaire où lesArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01972003304042900
430
aimantations moyennes à la
température
T sontdirigées
suivant l’axeOz,
les interactionsmagnétiques dipolaires
etd’échange
sont caractérisées par deuxparamètres Ji
> 0 etJ2
0 d’interaction effective entre un ion et les deux sous-réseauxmagnétiques,
l’hamiltonien de
champ
moléculaire d’un ion du sous-réseau s’écrivant :où
Si
> etSpz
> sont les aimantations moyennes réduites des deux sous-réseaux[8].
Les mesures à très basses
températures (T « TN)
du
champ
seuil associé à la transitionmétamagné- tique [9], [10]
et de lasusceptibilité perpendiculaire [11 ], [12], [8]
du chlorure et du bromure ferreux ontpermis
de déterminer la valeur à 0 OK du
paramètre
d’ani-sotropie
cristalline D et duparamètre
d’interactionantiferromagnétique
entresous-réseaux J2 :
La détermination
expérimentale
de latempérature
de Néel et de la variation
d’énergie magnétique
lorsde la transition conduisent à la valeur du
paramètre
d’interaction
ferromagnétique Jl
1 à l’intérieur d’un même sous-réseau.Température
de Néel. Variationd’énergie magné- tique.
- La mesure de la variationthermique
de lachaleur
spécifique
du chlorure ferreux et du bromure ferreux nous apermis
de déterminer lestempératures
de Néel de ces deux
composés (Fig.
1,2, 3) :
FIG. 1. - Chaleur spécifique du chlorure ferreux : 1) chaleur spécifique totale ; 2) chaleur spécifique de réseau.
FIG. 2. - Chaleur spécifique du bromure ferreux.
3 m cu
FIG. 3. - Chaleur spécifique du bromure ferreux au voisinage de la transition : 1) chaleur spécifique totale ; 2) chaleur spéci-
fique de réseau ; 3) anomalie Shottky (D = 40 OK).
Les mesures de
températures
ont été effectuées à l’aide de deux thermomètres à résistance de germa- nium dontl’étalonnage
est connu avec uneprécision
meilleure que 1
%.
Lepremier (cryostance CGE)
a été étalonné au Centre d’Etudes Nucléaires de
Saclay
par une mesure de tension de vapeur de fluidescryogéniques,
et mesure desusceptibilité
de l’alunde chrome et de
potassium.
Le deuxième thermomètrea été étalonné par le constructeur
(Scientific
Instru-ments).
Lesétalonnages
ont été vérifiés auxtempé-
ratures de l’hélium
liquide
et del’hydrogène liquide.
La valeur de la
température
de Néel obtenue pour le chlorure ferreux est en accord satisfaisant avec le résultat obtenu parTrapeznikowa [2],
tandis que latempérature
de Néel du bromure ferreux est sensi-blement différente de celle obtenue par Bizette
[11] ]
et Brade
[13].
Dans un modèle de
champ moléculaire,
la connais-sance de la
température
deNéel,
duparamètre
d’ani-sotropie
cristalline D et duparamètre
d’interactionantiferromagnétique J2
permet de déterminer la valeur duparamètre
d’interactionferromagnétique:J1 :
D’autres méthodes
statistiques
permettent de cal- culer latempérature
de Néel. Dans le casprésent,
l’étude
comparée
des diverses méthodes[14]
montreque seule la méthode des fonctions de Green peut donner de bons résultats. D’une
façon
assezempirique,
en utilisant les résultats obtenus par Lines
[15],
nouspouvons admettre :
TN (Green)
=0,75 TN (champ moléculaire) .
Nous avons ainsi évalué les valeurs du
paramètre
d’interaction
ferromagnétique Jl :
Nous pouvons obtenir une autre évaluation du
paramètre
d’interactionferromagnétique Jl
en mesu-rant la variation
d’énergie
AE lors de la transition :La
principale
difficulté réside dans laséparation
dela chaleur
spécifique
de réseau et de la chaleurspéci- fique magnétique.
Dans undéveloppement
au deu-xième ordre de la chaleur
spécifique magnétique
àhaute
température,
le terme croisé entre l’interactionmagnétique
etl’anisotropie
cristalline estnul,
donc les deux contributions seséparent.
Nous avons calculé la chaleur
spécifique
d’interac-tion
magnétique
par une méthode dedéveloppement
à haute
température,
l’hamiltonien dusystème
s’écri-vant :
On obtient alors
l’expression asymptotique
de lachaleur
spécifique
d’interactionmagnétique
à hautetempérature :
A l’aide de
quelques approximations
dans l’évaluation desparamètres d’échange,
on obtient :L’anomalie
Shottky
de la chaleurspécifique
dans lecas d’un ion dont le doublet fondamental et le
singulet supérieur
sontséparés
par uneénergie D,
s’écrit :La chaleur
spécifique
de réseau à hautetempérature (T
> 30 °K pourFeC12,
T > 20 OK pourFeBr2)
a été calculée en soustrayant les deux contributions
précédentes
à la chaleurspécifique
totale mesurée.Aux
températures inférieures,
la chaleurspécifique
de réseau a été déterminée en supposant pour
FeCl2
et
FeBr2
des lois de variationsthermiques analogues
à celles observées par Itskevich dans les
composés isomorphes diamagnétiques CdCl2
etCdBr2 [16].
Nous avons évalué la variation
d’énergie
AEen prenant
plusieurs
valeurs d’essai pour leparamètre d’anisotropie cristalline D (D/k = 7 °K,10 °K, ..., 50 °K).
Comme on
pouvait l’attendre,
la détermination par la méthode ci-dessus de la valeur duparamètre J1
est
pratiquement indépendante
de la valeur de D.Nous avons ainsi obtenu une bonne confirmation de la valeur du
paramètre
d’interactionferromagné- tique
déterminée àpartir
de latempérature
de Néel :Variation
d’entropie magnétique.
- La mesurede la chaleur
spécifique
permet ainsi d’obtenir la variationd’entropie magnétique
lors de la transition.Dans
l’analyse
des résultatsexpérimentaux,
il estindispensable
de tenir compte de l’ordre degrandeur
relatif de
l’anisotropie
cristalline et des interactionsmagnétiques.
Eneffet,
si leparamètre d’anisotropie
cristalline D est peu dînèrent de
kTN,
la variationd’entropie
AS = RLog
3 seproduit
essentiellementau
voisinage
de latempérature
de Néel. Par contre, si D estplus grand,
lamajeure partie
de lavariation
d’entropie
due àl’anisotropie
cristalline(ASD = R Log 2)
seproduit
au-dessus deTN.
Laforme très
aplatie
de l’anomalieShottky
associéene permet pas alors de la
séparer
facilement de la chaleurspécifique
de réseau. La déterminationexpé-
rimentale de la variation
d’entropie
lors de la transi- tion permet donc d’obtenir indirectement un ordre degrandeur
duparamètre d’anisotropie
cristalline D.Dans le cas du chlorure
ferreux,
la variation d’en-tropie
observées’interprète
bien en considérant la valeur à 0 OK duparamètre d’anisotropie
cristalline D =10,5
°K.Par contre, dans le cas du bromure
ferreux,
l’accordentre la valeur
expérimentale
de la variation d’en-tropie
et sa valeurthéorique
dans notre modèle n’apu être réalisé
qu’en
considérant une valeur du para- mètred’anisotropie
cristallineDlk
45 OK trèssupérieure
à sa valeur à0 °K, D/k -
10 °K. Cerésultat
suggère l’hypothèse
d’unegrande
variationdu
paramètre d’anisotropie
cristalline du bromure ferreux lors de latransition,
en raison d’un fortcouplage magnéto-cristallin.
432
Comportement critique.
- Nous avons étudié le comportementcritique
du chlorure et du bromure ferreux afin de le comparer aux résultatsthéoriques
existant pour les différents modèles.
FeC12.
- Au-dessous de latempérature d’ordre,
nous observons une
singularité logarithmique (Fig. 4)
avec :
FIG. 4. - Comportement critique de la chaleur spécifique de FeCl2 au-dessous de la température de Néel (TN = 23,98 °K).
La loi
précédente
est valable pour lestempératures
définies par :
Au-dessus de la
température d’ordre,
nous observonsune loi
asymptotique (Fig. 5) :
Fic. 5. - Comportement critique de la chaleur spécifique de FeCl2 au-dessus de la température de Néel
(TN
= 23,90 -K).avec
Cette loi est valable pour :
FeBr2.
- Nous observonségalement
une diver-gence
logarithmique
au-dessous de latempérature
d’ordre
(Fig. 6) :
avec
FIG. 6. - Comportement critique de la chaleur spécifique de FeBr2 au-dessous de la température de Néel (TN = 14,19 °K).
FIG. 7. - Comportement critique de la chaleur spécifique de FeBr2 au-dessus de la température de Néel (TN = 14,19 OK).
Cette loi est valable pour :
Au-dessus de la
température d’ordre,
nous observonsune loi
asymptotique
de la forme :avec
Notons que le choix de l’étendue du domaine de
température
influe considérablement sur la nature de la loiasymptotique. Ainsi,
les loisasymptotiques précédentes
ont été obtenues de sortequ’elles
soientvalables dans l’intervalle maximum de
température (écart
relatif par rapport àTN).
Mais nous pouvonsprendre
d’autres critères de choix de la loi asympto-tique
et obtenir ainsi des résultats différents.Comparaison
avec la théorie. - Le chlorure ferreux et le bromure ferreux ne peuvent êtredécrits,
ni parun modèle
d’Ising,
ni par un modèled’Heisenberg.
En
effet,
on aurait un modèled’Ising
si leparamètre d’anisotropie
cristalline D étaitsupérieur
aux para- mètres d’interactionmagnétique (anisotropie
trèsforte)
et dans le cas contraire(D ~ 0),
on aurait unbon modèle
d’Heisenberg.
Nous pouvons remarquer que pour les deux compo-
sés,
les indicescritiques
a et a’ ne vérifient pas les relationsd’homologie
a = a’.D’autre part, la valeur de ce est
supérieure
dans lesdeux cas à toutes les valeurs
théoriques prévues
dansles différents modèles. L’écart est
particulièrement important
dans le cas du bromure ferreux.Dans la
majorité
des étudesthéoriques développées
à ce
jour,
on ne tient pas compte des variations éven- tuelles desparamètres
d’interactionmagnétique
entrespins
lors de la transition.Or,
cet effet peut avoir une influence considérable sur la nature dessingularités
des
grandeurs magnétiques.
Enparticulier,
il estpossible
que ladivergence rapide
de la chaleurspéci- fique
au-dessus deTN
soit une manifestation d’une certaine instabilité du réseau auvoisinage
de latransition
magnétique.
Dans le cas du bromureferreux,
cette remarquerejoint l’hypothèse
d’un fortcouplage magnéto-cristallin
émiseprécédemment
pourinterpréter
la valeur de la variationd’entropie
ASlors de la transition.
Conclusion. - La mesure de la variation
thermique
de la chaleur
spécifique
apermis
de déterminer leparamètre
d’interactionferromagnétique Jl
pour le chlorure et le bromure ferreux.D’autre part, l’étude de la variation
d’entropie
lors de la transition et
l’analyse
ducomportement critique
de la chaleurspécifique magnétique
au voisi-nage de la
température
de Néel peuvent conduire àl’hypothèse
d’un fortcouplage magnéto-cristallin.
Cependant,
cettehypothèse
estétayée
sur la mesurede
quantités
dont le comportement est à l’heure actuelle encore malcompris,
même en l’absence decouplage magnéto-cristallin.
Il serait donc nécessaire de faire une étudeexpérimentale plus poussée,
parexemple
en mesurant la variationthermique
desparamètres
cristallins afin d’estimerl’importance
d’untel
couplage
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