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Emploi de la chambre d’ionisation a pression élevée pour
l’étude des rayonnements γ et neutrons
P. Savel
To cite this version:
EMPLOI DE LA CHAMBRE D’IONISATION A PRESSION
ÉLEVÉE
POUR
L’ÉTUDE
DES RAYONNEMENTS 03B3 ET NEUTRONSPar M. P. SAVEL.
Sommaire. 2014 L’auteur décrit l’installation et le fonctionnement d’une chambre à pres-sion élevée reliée à un électromètre sensible de Hoffmann. La chambre a été successive-ment remplie d’hydrogène, d’azote, et d’argon. On a comparé l’ionisation due au
rayonne-ment 03B3 d’un étalon de radium à celle du rayonnement complexe émis. par le glucinium
irradié par les particules 03B1 du polonium.
Introduction. - Dans le but d’étudier le
rayonnement
ypénétrant
des substances radioactives telles queRa(B+c), ThC! ;
ainsi que lerayonnement ultra-pénétrant
(cosmique),
de nombreux auteurs
(’) employèrent
la chambre d’ionisation àpressiou
élevée.Ce
dispositif expérimental
permet : 1° d’augmenter
considérablement le courant d’ioni-sation(les
mesuresélectrométriques
sont ainsi renduesplus faciles;
2° desupprimer
enpartie
les fluctuations dues auxparticules
aparasites.
«
L’emploi
d’une telle chambre d’ionisation devait faciliter l’étude des neutrons et des rayons y émis par les corpslégers
irradiés par lesparticules a (2).
En
effet,
lerayonnement
excité par lesparticules a
dupolonium,
dans lelithium,
glu-cinium,
bore...etc.,
esttoujours complexe
et se composegénéralement
d’unrayonnement
de nature
électromagnétique
et de neutrons(particules
de masse voisine de 1 et decharge 0).
Enremplissant
une chambre d’ionisation ordinaire de différents gaz à
pression atmosphérique
on a vuqu’il
était assez facile(dans
certainscas)
d’identifier ces deux sortes derayonnements
~1).
Les neutrons s’absorbantprincipale-lnen
t par
projection
de noyaux, leur effet estaugmenté
dans une
atmosphère d’hydrogène,
tandisqu’un
gazlourd tel que
l’argon
absorbeplus
facilement lerayon-nement y
(effet Compton).
Le but de cet article est
d’exposer
la réalisation et le fonctionnement d’une chambre d’ionisation à pres-sion élevée reliée à un électromètre sensible deHoffmann.. ,
Dispositif
expérimentale. -
La chambre d’ioni-sation(fig.1)
se compose essentiellement d’uncylindre
d’acier de i cm
d’épaisseur,
6,5
cm de diamètre inté-rieur et de 20 cm de hauteur. La baseinférieure,
surlaquelle
sc fixe l’électrode collectrice isolée se visse sur lecylindre,
et l’étanchéité entre ces deuxpièces
estassurée par un
joint métallo-plastique.
L’électrodecentrale est soudée au bouchon d’ambre
conique
aumoyen de
piscéine,
et avec la même substance on fixe ce bouchon isolant sur la chambre. Lesystème
d’ali-mentation se compose d’un
tube,
fermé par un robinet Hg. 1.à
pointeau,
vissé dans laparoi
latérale de la chambre.Un manomètre monté sur ce tube
indique
lapression
du gaz.Les essais à la
pression
ont eu lieu au laboratoire du Conservatoire National des Artset
Métiers,
et ont étéconcluants,
aucune fuite ne s’étant révélée pour unepression
de 90610
En raison du
poids
élevé de la chambre on nepouvait
pas laplacer
directement sur la tête de l’électromètre Holiniann. Ces deuxparties
devant être reliées par undispositif
souple
et étanche on aprolongé
le raccordconique
des chambres ordinaires parun,tube
métallique spécial
« Résisto »(*).
Variation du courant d’ionisation avec la
pression. -
Dans leurs recherches surla
variation,
en fonction de lapression,
du courant d’ionisation dû : soit aurayonnement y
émis par les substances
radioactives,
soit aurayonnement
cosmique,
tous les auteursdéjà
cités constatèrent que, contrairement à ce que l’on
attendait,
l’ionisation n’était paspropor-tionnelle à la
pression
et semblait atteindre une valeur maximum vers 130-140atmosphères.
Downey (l)
expliqua ce
phénomène
en attribuant auxrayons fi
secondaires émis par lesparois
1 ionisationprincipale;
au fur et à mesure que lapression augmente,
cesparticules ~
deviennent de
plus
enplus
efficaces,
et,
pour unepression
suffisante,
elles sontcomplète-ment absorbées dans le gaz; le courant d’ionisation est alors maximum.
L’explication
donnée par A. H.Compton (’) paraît
cependant beaucoup
plus
vraisem-blable.D’après
cet auteur ce défaut deproportionnalité
serait dû à un manque desatura-tion. L’électron
expulsé
de la molécule par unrayon ~
ionisantperdrait
s’on
énergie
initialeavant de s’ètre
déplacé
assez loin de l’ionpositif
pouréchapper
à l’effet de son actionélec-trostatique.
D’autrepart
l’agitation
moléculaireaugmente
avec latempérature,
l’électron est entraînéplus
vite ~et par suite à hautetempérature
la recombinaison doit être moindre. Les faitsexpérimentaux
suivants sont en bon accord avec cette théorie :a)
Des mesurescomparatives
faites avec les rayons y des substances radioactives etavec les rayons
cosmiques
montrent que le maximum d’ionisation est. atteint pour lamême
pression
du gaz. L’ionisation due auxparticules ~
étant à peuprès
indépendante
de leurvitesse,
et les parcours de cesrayons ~
excités dans lesparois
par les rayonscosmiques
étantbeaucoup
plus
grands
que ceuxqui
sontproduits
par les rayons y, il en résulte quedans ce dernier cas on devrait atteindre le maximum d’ionisation à une
pression beaucoup
plus
basse.b)
Broxon(1)
montra que la relationionisation/pression
est à peuprès indépendante
du diamètre de la chambre.
c)
Le courant d’ionisation mesuré avec une même tensionaugmente
avec latempérature.
Résultats
expérimentaux. - 1°
Sources de radiations. - Nous avons utilisé comme source de rayons y, un étalon de sel de radium de 10microgrammes
filtrépar 2
cm deplomb.
Les neutrons étaient émis par unepastille
deglucinium
irradiéepar les
rayons d’une très forte source depolonium
de 150millicuries,
Pour diminuer l’effet du rayonne-ment yaccompagnant
les neutrons on filtrait par4,5
cm deplomb.
2° La chambre d’ionisation a été
remplie
successivementde’plusieurs
gaz :Hydro-gène-Azote Argon.
On afait,
pour chacund’eux,
varier lapression
de 1 à 30atmosphères,
et,
les conditionsgéométriques
restanttoujours
lesmêmes,
on a éf,udié comment variait le courant d’ionisation dû aurayonnement
y du radium et aurayonnement
complexe ~Po
+
Be).
Les résultats obtenus
sont indiqués
sur lafigure
2.D’après
l’alluregénérale
des courbes relatives à l’ionisation par les rayons y, on voit que le manque deproportionnalité signalé
est bien un faitgénéral,
cependant
cephénomène
est nettement moinsimportant
pourl’argon.
Aupoint
de vuetechnique
nous avons observéqu’à
chaque
changement
de la pres-sion du gaz dans la chambre, il fallait attendre untemps
assezlong (~
à 3heures)
avantd’obtenir un courant d’ionisation stable.
j*) Le « résisto » est un tayau entièrement métallique, d’une seule pièce venue d’un tube étiré; il se
présenté comme une succession de spires ondulées Fabriquée en tombac (alliage spécial de cuivre), sans
joints d’amiante, ni de caouchouc, sans aucune soudure ni agrafes. Etanchéïté parfaite pouvant supporter
Par suite de
l’agitation
du gaz, despoussières
entraînées...etc.,
il devait se former de gtos ions ou des centres de combinaisonexpliquant
les grosses Îluctualiousenregis-trées ~
(~).
Fig . 2. I y Ra Hydrogène. H yRa Azote. III y Ra Argon. 1 Pô + Be Hydrogène. 2 Po+Be Azote. ,3 Po + Be APgon.Discussion des résuttats. - Les résultats les
plus
intéressants sont ceux relatifl’argon
et àl’hydrogène.
1°
Quand
la chambre d’ionisation estremplie d’argon,
le courant durayonnement y
de l’étalon de radiumaugmente
dans de fortesproportions lorsqu’on
passe de t à 30 atmo.sphères :
~ - ~ ~ .Quant
aurayonnement
complexe (Po
+
Be)
il varie un peu moinsrapidement
;o atmosphères
, .... .= 17,
ce résultat nousindique
qu’une partie
au moins de cerayon-(Po+Be) 1 atmosphère
pment n’est pas de nature
électromagnétique.
(*) Dans une note récente (1er mai 1933) parue quanâ cette publication était en cours, J. J. Hopfjeld, Phys. Rev., 43 (1933), 675; publie les résultats qu’il a obtenus avec une chambre d’ionisation remplie d’argon et d’azote sous pression. Ceux-ci sont en excellent accord avec les nôtres.
1. Nécessité d’attendre plusieurs heures après le remplissage de la chambre pour commencer les mesures.
2. Plus lente recombinaison des ions dans l’argon, et, par suite plus grande proportionnalité de la relation ionisation/pression.
3. Ionisation relative due aux rayons y du radium dans l’azote et dans l’argon un parfait accord
J. J. Hopfield
donne Jargon "30 atmosphères
= 04 nous trouvons pour le même i,appoi,t ? ,0 1 .612
Une étude
complémentaire
de ce dernierphénomène
permet
d’affirmer que l’ionisationdans
l’argon
est bien due auxrayonnements y
et neutrons associésO.
Si nousdésignons
parIAV
le courant d’ionisation mesuré versl’avant,
c’est-à-dire dans la direction desparti-cules a incidentes
qui frappent
lapastille
deglucinium,
et parIAR,
le courant mesuré versl’arrière,
c’est-à-direlorsque
la source est retournée au-dessus de lachambre,
ou obtient alors lesrapports
suivants :IAV---
1,53;
lerayonnement
(Po
+
Be)
étant filtré par2,5
cm deplomb,
et= 9,38
AR
"4R
lorsqu’on
filtre ce mêmerayonnement
par uncylindre
deparaffine
de de 4 cm hauteur.Ces résultats
indiquent
laprésence
certaine de neutrons.Pour le
rayonnement
complexe
(Po
+
Be),
le mêmephénomène
estobservé,
tandis que pour celui du fluor l’ionisation due aux neutrons(chambre
pleine
d’argon)
est certainement très faible.2° Les mêmes séries
d’expériences
sontreprises,
la chambre d’ionisation étantpleine
d’hydrogène.
L’ionisation due aurayonnement y
du radium est alors trèsfaible;
soninten-...
730
atmosphères
sité croit avec la
pression
suivant lerapport
iH 30 atmosphères -
16;
avec la source deIH
1atmosphère
’neutrons
(Po
+
Be)
le courantaugmente plus
rapidement
et lerapport
devientJ’H 28
atmosphères _
33.
PI,
1atmosphère
3° Avec la chambre
remplie
d’azote,
les valeurs obtenues pour le courant dïoni:-ationsont intermédiaires entre celles relatives à
l’argon
et àl’hydrogène.
Conclusion. - Cette étude du fonctionnement de la chambre d’ionisation à
pression
élevée montre legrand
avantage
d’un teldispositif.
Pour l’étude du
rayonnement ;
des corps radioactifs et de celui émis par les corpslégers
bombardéspar les particules
(1., il y a lieud’employer
l’argon
souspression,
tandis que pour l’étude des neutrons il estpréférable
d’utiliser une chambreremplie d’hydrogène
à 3Datmosphères.
Ce travail a été effectué à l’Institut du Radium à Paris. J’adresse mes remerciements
sincères à Mime P. Curie pour les
quantités importantes
de matières radioactivesqu’elle
amises à ma
disposition.
Je remercie toutparticulièrement
et M. Joliot-Curiequi
m’ontproposé
cetravail,
et me l’ont facilité par les nombreux conseilsqu’ils
n’ont cessé de medonner.
Je remercie encore la fondation
Carnegie-Curie
qui
m’a fourni lapossibilité
matérielle depoursuivre
ces recherches.’
Manuscrit reçu le 10 août 1933.
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