MT242, Cours no 22, Lundi 15 Mai 2000.
On va donner quelques indications sur une d´emonstration de la formule de change- ment de variables. Cela donne une excellente occasion de r´eviser le calcul diff´erentiel.
Principe 1 :on consid`ere une application T d´efinie sur un voisinage dex0 ∈R2, `a valeurs dans R2 et telle que T(x0)6= y0, o`u y0 est un autre point de R2. Si T est diff´erentiable au pointx0 et (dT)x0 inversible, on peut trouver des points x voisins de x0 tels que Tx se rapproche dey0 (par rapport `a T(x0), c’est `a dire que kT(x)−y0k<kT(x0)−y0k).
Raison : on sait que pourt r´eel petit
T(x0+th)∼T(x0) +t(dT)x0(h),
on choisit t > 0 et le vecteur h de fa¸con que la direction (dT)x0(h) = y0 −T(x0) aille vers le point y0 vis´e. On peut trouver h puisque (dT)x0 est inversible. Alors x=x0+th convient pourt > 0 petit.
Principe 2.Si T est continue sur un carr´e ferm´e C, diff´erentiable avec (dT)x inversible pour tout point x de l’int´erieur C0 du carr´e et s’il existe un point x0 de l’int´erieur du carr´e tel que T(x0) soit plus proche de y0 que tous les points T(x0) image des points x0 du bord ∂C de C, alors y0 est dans l’image T(C0) de l’int´erieur du carr´e.
Raison : la fonction continue f :x → kT(x)−y0k atteint son minimum en un point x1
du compact C. Ce point ne peut pas ˆetre au bord de C puisque x0 fait d´ej`a mieux que tout point x0 du bord : f(x1) ≤ f(x0) < f(x0), donc x1 6= x0. Alors x1 ∈ C0, et (dT)x1
inversible par hypoth`ese. Si on avait T(x1) 6= y0, on pourrait faire un peu mieux pour des points voisins de x1 d’apr`es le principe 1, ce qui contredirait le fait quex1 minimise f sur C. On a donc y0 = T(x1)∈T(C0).
Principe 3. On consid`ere un carr´e ferm´e C de cˆot´e 2δ et de centre a, et deux autres carr´es ferm´es Cint et Cext de mˆeme centre a, et respectivement de cˆot´e 2 (1−t)δ et 2 (1 +t)δ, avec 0< t <1, de fa¸con que Cint ⊂C⊂Cext.
On suppose que T est continue sur C, diff´erentiable dans l’int´erieur C0 de C avec (dT)x inversible pour toutx∈C0, et on d´esigne parSa l’application affine tangente `aT au pointa,
Sa(x) = T(a) + (dT)a(x−a).
On suppose quem >0 est tel que pour touth ∈R2 on ait
k(dT)a(h)k ≥4mkhk, et on suppose kT(x)−Sa(x)k ≤t mkx−ak pour tout x∈C. Alors
Sa(Cint)⊂T(C0)⊂T(C)⊂Sa(Cext).
D´emonstration. Pour montrer que Sa(Cint) ⊂ T(C), on consid`ere un point quelconque x0 ∈ Cint, on pose y0 = Sa(x0) et on veut montrer qu’il existe x1 ∈ C0 tel que T(x1) = y0 = Sa(x0). Pour cela on applique le principe 2 : on va v´erifier que dans le probl`eme de minimiserf(x) =kT(x)−y0ksur le compact C, le point x0 int´erieur `a C fait mieux que tout point x0 ∈ ∂C. Le r´esultat voulu en r´esultera par le principe 2. On commence par estimer la performance de x0,
f(x0) =kT(x0)−Sa(x0)k ≤t mkx0−ak ≤t m δ√ 2.
Soit maintenantx0 sur le bord de C ; alors kx0−x0k ≥tδ (parce que x0 ∈Cint et x0 au bord de C), et
kSa(x0)−Sa(x0)k=k(dT)a(x0−x0)k ≥4mkx0 −x0k ≥4tmδ.
D’autre part, kT(x0)−Sa(x0)k ≤tmkx0−ak ≤tmδ√
2. Par l’in´egalit´e triangulaire, f(x0) =kT(x0)−Sa(x0)k ≥ kSa(x0)−Sa(x0)k − kT(x0)−Sa(x0)k ≥tmδ(4−√
2)> f(x0).
D’ap`es le principe 2 on en d´eduit que Sa(x0) =y0 est dans l’image T(C0) de C0 par T.
Pour montrer que T(C)⊂Sa(Cext), on r´ep`ete en gros le mˆeme argument en ´echan- geant les rˆoles de T et Sa; choisit un pointx0 ∈C, on posey0 = T(x0) et on veut montrer qu’il existex1 ∈Cext tel que Sa(x1) =y0 = T(x0). Pour cela on applique le principe 2 `a l’application affine Sa : on v´erifie que dans le probl`eme de minimiserg(x) =kSa(x)−y0k sur le compact Cext, le pointx0 fait mieux que tout pointx0 ∈∂Cext. On commence par estimer la performance de x0,
g(x0) =kSa(x0)−T(x0)k ≤t mkx0−ak ≤t m δ√ 2.
Soit maintenantx0 sur le bord de Cext; alors kx0−x0k ≥tδ et on a comme avant kSa(x0)−Sa(x0)k=k(dT)a(x0−x0)k ≥4mkx0−x0k ≥4tmδ.
D’autre part, kT(x0)−Sa(x0)k ≤tmkx0−ak ≤tmδ√
2. Par l’in´egalit´e triangulaire, g(x0) =kSa(x0)−T(x0)k ≥ kSa(x0)−Sa(x0)k−kT(x0)−Sa(x0)k ≥tmδ(4−√
2)> g(x0).
La philosophie est tr`es claire : si T est suffisamment proche de son application affine tangente, on a la situation du principe 3 avec t > 0 petit et l’ensemble image T(C) est encadr´e entre deux parall´elogrammes Sa(Cint) et Sa(Cext) qui sont tr`es proches. Si T(C) a une aire, elle sera tr`es voisine de l’aire de Sa(C), qui est ´egale `a |det(JT)a|aire(C).
C’est le fond du th´eor`eme de changement de variable.
Le r´esultat et la d´emonstration qui suivent n’ont pas ´et´e donn´es `a l’amphi. Je les donne ici pour les amateurs.
Proposition 5.3.1. Soient U et V deux ouverts quarrables, T une application bijective deUsurV, de classeC1 surU, avec une diff´erentielle inversible en tout point deU. Pour tout compactK⊂U qui est une r´eunion finie de carr´es, l’image T(K) est quarrable et
aire(T(K)) = Z Z
K
|det(JT)u|du1du2. Il en r´esulte que si u →det(JT)u est born´ee sur U, on a
aire(V) = Z Z
U
|det(JT)u|du1du2.
D´emonstration. Puisque K est compact et u→(JT)−u1 continue (clair sur la formule qui donne l’inverse d’une matrice), il existe une constante M telle que k(JT)−u1k ≤ M pour toutu∈K. Posons m= 1/(4M). D’autre part ´etant donn´e t >0 (petit) on peut trouver par uniforme continuit´e de u →(dT)u sur K un δ0 >0 tel que k(dT)u−(dT)u0k < t m siu, u0 ∈K peuvent ˆetre plac´es dans un mˆeme carr´e de cˆot´e ≤2δ0. D´ecoupons K en un
nombre fini de petits carr´es Ci de cˆot´e 2δ < 2δ0. Pour chaque carr´e Ci de centre ai on construit les deux carr´es Ci,int et Ci,ext associ´es (voir le principe 3). Pour chaque point ai on a k(JT)−a1
i k ≤M = 1/(4m) ce qui implique que k(dT)ai(h)k ≥4mkhk pour tout h∈R2. D’autre part, siu∈Ci on aura par le th´eor`eme des accroissements finis appliqu´e
`
a l’application V(v) = T(v)−Sai(v), puisque k(dT)v −(dT)aik = k(dV)vk < t m pour tout pointv du segment qui joint ai `a u,
kT(u)−Sai(u)k=kV(u)−V(ai)k ≤t mku−aik.
D’apr`es le principe 3, chaque image T(Ci) est encadr´ee par les parall´elogrammes Bi = Sai(Ci,int) et Di = Sai(Ci,ext), donc (en utilisant le caract`ere bijectif de T ; pour ˆetre tout `a fait rigoureux, il faudrait se d´ebrouiller pour ne compter les bordures des carr´es qu’une seule fois, en rempla¸cant les carr´es ferm´es Ci par des carr´es semi-ouverts)
1K =X
i
1Ci, 1T(K) =X
i
1T(Ci), 1Bi ≤1T(Ci) ≤1Di, ce qui donne l’encadrement
f =X
i
1Bi ≤1T(K) ≤X
i
1Di =g.
L’application affine Sai transforme les aires de la mˆeme fa¸con que sa partie lin´eaire (dT)ai, donc elle multiplie les aires par|det(JT)ai|. On a donc
aire(Sai(Ci,int)) =|det(JT)ai| aire(Ci,int) = (1−t)2|det(JT)ai| aire(Ci)
et l’analogue pour Ci,ext. Les fonctions f et g sont clairement int´egrables, et on a en notant l’aire d’un ensemble A par|A|
Z Z
f =X
i
|Bi|= (1−t)2X
i
|det(JT)ai| |Ci|, Z Z
g =X
i
|Di|= (1 +t)2X
i
|det(JT)ai| |Ci|. Par continuit´e de la fonctionu → |det(JT)u|sur K, la quantit´e P
i|det(JT)ai| |Ci|tend vers RR
K|det(JT)u|du1du2 lorsque δ tend vers 0. On obtient donc un encadrement de 1T(K) entre deux fonctions int´egrables qui ont presque la mˆeme int´egrale. Il en r´esulte que T(K) est quarrable et que
aire(T(K)) = Z Z
1T(K) = Z Z
K
|det(JT)u|du1du2.
Puisque V est quarrable on peut choisir L ⊂V, L compact r´eunion finie de carr´es, qui a presque la mˆeme aire que V, disons aire(V) ≤ aire(L) +ε. Puisque T−1(L) est compact contenu dans U, on peut trouver K comme ci-dessus tel que T−1(L)⊂K⊂U.
Puisque L⊂T(K)⊂V, on aura aire(V)−ε ≤aire(L)≤aire(T(K)) =
Z Z
K
|det(JT)u|du1du2 ≤ Z Z
U
|det(JT)u|du1du2. Inversement siu→det(JT)u est born´ee par M sur U, on choisit K⊂U tel que aire(U)≤ aire(K) +ε/M. La diff´erence entre les deux int´egrales doubles RR
K|det(JT)u|du1du2 et RR
U|det(JT)u|du1du2 est alors ≤ε, donc Z Z
U
|det(JT)u|du1du2−ε≤ Z Z
K
|det(JT)u|du1du2 = aire(T(K))≤aire(V).
Chapitre 6. Int´egrales d´ependant d’un param`etre
Le probl`eme g´en´eral est le suivant : on se donne une fonction f(x, t) et on pose F(t) =
Z b
a
f(x, t)dx.
A quelles conditions cette fonction F sera-t-elle continue, d´erivable ? Les mˆemes deux questions se posent pour les int´egrales g´en´eralis´ees.
6.1. Continuit´e
Th´eor`eme 6.1.1. Supposons donn´ee une fonction r´eelle f, d´efinie et continue sur le produit [a, b]×I, o`u I est un intervalle ouvert de R. Posons pour t∈I
F(t) = Z b
a
f(x, t)dx.
La fonction F est alors continue sur l’intervalle I.
D´emonstration. Soit t0 un point de I et choisissons c, d de fa¸con que c < t0 < d et [c, d] ⊂ I. Il suffit de montrer que f est continue sur l’intervalle [c, d]. La fonction f
´etant continue sur le compact [a, b]×[c, d] est uniform´ement continue sur [a, b]×[c, d].
Pour tout ε > 0 donn´e, il existe η > 0 tel que |f(x, t)−f(x0, t0)| < ε/(b−a) d`es que
|x−x0|+|t−t0|< η. On a alors si t ∈[c, d] et |t−t0|< η
|F(t)−F(t0)| ≤ Z b
a
|f(x, t)−f(x, t0)|dx≤(b−a) ε
b−a =ε, ce qui montre que F est continue au point t0.
Th´eor`eme 6.1.2. Supposons donn´ee une fonction r´eelle f, d´efinie et continue sur [a, b[×I, o`u I est un intervalle ouvert de R et o`u b est soit un nombre r´eel, soit +∞. On suppose qu’il existe une fonction g≥0 sur [a, b[, telle que
∀(x, t)∈[a, b[×I, |f(x, t)| ≤g(x) et que l’int´egrale g´en´eralis´ee Z b
a
g(x)dx
soit (absolument) convergente. Alors la fonctionF d´efinie sur I par
∀t ∈I, F(t) = Z b
a
f(x, t)dx
est une fonction continue sur l’intervalle I (la valeur F(t) est une int´egrale g´en´eralis´ee absolument convergente, d’apr`es les hypoth`eses sur f etg).
D´emonstration. On va traiter le cas o`u a = 0 et b = +∞ pour simplifier les notations.
Pour toute fonctionh d´efinie sur [0,+∞[ et dont l’int´egrale g´en´eralis´ee est convergente, on a
Z +∞ 0
h(x)dx=
+∞
X
n=0
Z n+1
n
h(x)dx .
Posons pour tout n≥0 et tout t∈I un(t) =
Z n+1
n
f(x, t)dx.
La fonction un est continue sur I d’apr`es le th´eor`eme 6.1.1. L’hypoth`ese de majoration donne pour tout t∈I
|un(t)| ≤ Z n+1
n
g(x)dx=vn et
+∞
X
n=0
vn= Z +∞
0
g(x)dx <+∞ ce qui montre que la s´erie de fonctions continuesP
un est normalement convergente sur I, donc sa somme S(t) est une fonction continue sur I. Mais on a
S(t) =
+∞
X
n=0
un(t) = Z +∞
0
f(x, t)dx= F(t).
Exemple : la fonction Γ. On pose pour tout t >0 Γ(t) =
Z +∞ 0
xt−1e−x dx.
Dans le cas 0 < t < 1, il s’agit d’une int´egrale g´en´eralis´ee avec deux probl`emes de convergence, en 0 et en +∞. On va v´erifier que Γ est continue sur ]0,1[, en d´ecoupant le probl`eme en deux,
F1(t) = Z 1
0
xt−1e−x dx, F2(t) = Z +∞
1
xt−1e−x dx.
On a ici f(x, t) = xt−1e−x. Soit t0 tel que 0 < t0 < 1 et choisissons c, d tels que 0< c < t0 < d <1. Alors
0≤f(x, t)≤g1(x) =xc−1e−x pour tout x ∈ [0,1] et tout t ∈ [c, d], et l’int´egrale R1
0 g1(x)dx converge. D’apr`es le th´eor`eme 6.1.2, la fonction F1 est continue sur ]0,1[. Pour traiter F2 il faut changer de majorant : on prendrag2(x) =xd−1e−x, qui majore f(x, t) pour toutx ≥1 ett∈]0,1[, et qui v´erifie R+∞
1 g2(x)dx < +∞. En additionnant les deux r´esultats on trouve que Γ est continue sur ]0,1]. La d´emonstration de la continuit´e de Γ sur [1,+∞[ est analogue, en plus simple (un seul probl`eme de convergence).
Cours no 23, Mercredi 17 Mai 2000.
Une application `a certaines int´egrales curvilignes
On consid`ere une courbe γ dans le plan, joignant un point q0 `a un point q1. Pour traduire plus pr´ecis´ement l’id´ee d’une courbe du plan, parcourue dans le sens qui va de q0 `a q1, on supposera que γ est l’image d’un intervalle [a, b] par une fonction continue f : [a, b]→ R2, telle que f(a) = q0 et f(b) = q1. On dit que f est un param´etrage de la courbe.
On suppose qu’un vecteur F(p)∈R2 est attach´e `a chaque point pde γ. On cherche si la limite
n−1
X
i=0
F(pi).(pi+1−pi)
(somme de produits scalaires) existe, lorsqu’on divise la courbe ennmorceaux parn+ 1 points de subdivision p0 = q0, . . . , pn = q1 (correspondant `a des valeurs croissantes du
param`etre), et qu’on fait tendre le pas de la subdivision vers 0. Si la limite existe, on la notera
Z
γ
F(p). dp;
elle correspond `a ce qu’on appelle en physique lacirculation d’un champ de vecteurs. Un cas particulier est la notion de travail d’une force. Avec des notations plus math´emati- ques, on consid´erera les composantes de F, soit F(p) = (U(p),V(p)) ∈ R2 et on ´ecrira p= (x, y). L’int´egrale pr´ec´edente sera alors not´ee aussi
Z
γ
U(x, y)dx+ V(x, y)dy et appel´ee int´egrale curviligne.
Proposition 6.1.1.Si le champ Fest continu sur γ et si γ admet une param´etrisation de classe C1 par morceaux par f(t) = (f1(t), f2(t)) d´efinie sur un intervalle [a, b], alors la limite existe et
Z
γ
U(x, y)dx+ V(x, y)dy
= Z b
a
(U(f(t))f10(t) + V(f(t))f20(t) dt.
D´emonstration. Supposons que les fonctions coordonn´eesf1 etf2 du param´etragef sont de classe C2 pour simplifier. La somme de produits scalaires dont on cherche la limite comporte pour la partie qui traite la coordonn´ee x
A =
n−1
X
i=0
U(f(ti)) f1(ti+1)−f1(ti) et de mˆeme pour la deuxi`eme coordonn´ee
B =
n−1
X
i=0
V(f(ti)) f2(ti+1)−f2(ti) .
Traitons le cas de A (le cas de B est identique). Avec Taylor-Lagrange `a l’ordre deux on a
f1(ti+1)−f1(ti) =f10(ti)(ti+1−ti) + 1
2f100(ci)(ti+1−ti)2 o`u ci est un point entre ti et ti+1, ce qui donne
A =
n−1
X
i=0
U(f(ti))f10(ti)(ti+1−ti) + E.
On reconnaˆıt dans la premi`ere expression une somme de Riemann de la fonction continue t → U(f(t))f10(t), qui convergera vers l’int´egrale de Riemann Rb
a U(f(t))f10(t)dt lorsque le pas de la subdivision tend vers 0. Le terme d’erreur
E = 1 2
n−1
X
i=0
U(f(ti))f100(ci)(ti+1−ti)2
tend vers 0 parce que les fonctionst→U(f(t)) etf100 sont born´ees sur [a, b], et parce que Pn−1
i=0(ti+1−ti)2 →0 lorsque le pas de la subdivision tend vers 0.
Cas particulier. Longueur d’une courbe C1 par morceaux. En chaque pointpde la courbe o`u celle-ci est C1, on peut consid´erer le vecteur tangent unitaire T(p) dirig´e dans le sens du parcours. L’int´egrale curviligne
L = Z
γ
T(p). dp
repr´esente la longueur L de la courbe. Si f(t) = (f1(t), f2(t)) est un param´etrage de classe C1 (par morceaux), on obtiendra apr`es petit calcul (mal fait `a l’amphi)
L = Z b
a
q
f10(t)2+f20(t)2dt.
ChampF d´erivant d’un potentiel
Dans le cas o`u le champ F est d´efini sur un ouvert Ω et d´erive d’un potentiel P d´efini sur cet ouvert, c’est `a dire qu’il existe une fonction P de classe C1 sur l’ouvert Ω telle que F(p) =∇P(p) pour tout point p∈Ω, on a
Z
γ
F(p). dp= P(q1)−P(q0)
lorsque la courbe γ est contenue dans Ω. En particulier, l’int´egrale ne d´epend pas du chemin suivi pour aller de q0 `aq1, pourvu que ce chemin reste dans l’ouvert Ω.
Nombre de tours
Posons F(x, y) = (−y/p
x2+y2, x/p
x2+y2). Si on se place dans l’ouvert Ω =R2\ {(x,0) :x ≤0},
ce champ F d´erive du potentiel donn´ee par la fonction P(x, y) = θ(x, y), l’angle polaire du vecteur (x, y) calcul´e dans ]−π, π[. Dans le sous-ensemble de Ω form´e des points (x, y) tels que x > 0, on v´erifie facilement cette affirmation en notant que dans ce cas θ(x, y) = Arctan(y/x). Si γ est une courbe ferm´ee (c’est `a dire q1 = q0) qui reste dans Ω, on en d´eduit que
N(γ) = 1 2π
Z
γ
−y dx+x dy x2+y2
=θ(q1)−θ(q0) = 0.
Si γ0 = (q0, q1) est une courbe ne passant pas par (0,0) et dont les points sont dans Ω,
`
a l’exception des extr´emit´es q0 et q1 qui sont sur la demi-droite “interdite”, on aura N0 = 1
2π Z
γ0
−y dx+x dy x2+y2
=θ(q1,−)−θ(q0,+),
en notant parθ(q1,−) la limite de θ(p) quand on tend vers q1 par des points p de γ0, et de mˆeme pour θ(q0,+) ; ces deux valeurs limite sont ´egales `a ±π, donc N vaut 1, −1 ou 0 suivant queγ0 tourne autour de (0,0), dans un sens, dans l’autre ou bien pas du tout.
En d´ecoupant si n´ecessaire une courbe ferm´ee γ qui ne passe par (0,0) en morceaux de la forme γ0, on peut se convaincre que pour toute courbe ferm´ee γ qui ne passe pas par (0,0), la quantit´e N(γ) repr´esente le nombre de tours autour de 0 effectu´es par la courbe, et compt´es dans le sens trigonom´etrique direct.
Th´eor`eme de Brouwer dans R2
Th´eor`eme 6.1.3. Pour toute application continue ϕ du disque unit´e ferm´e D dans lui-mˆeme, il existe un point fixe, c’est `a dire un pointp∈D tel que ϕ(p) =p.
Indication, dans le cas o`u ϕ est de plus de classe C1. Supposons par l’absurde que ϕ(p) = (ϕ1(p), ϕ2(p)) est toujours diff´erent de p. On peut consid´erer le champ non nul d´efini sur D par
∀p∈D, F(p) =ϕ(p)−p= (ϕ1(x, y)−x, ϕ2(x, y)−y).
Consid´erons ensuite les param´etrages de chemins ferm´es ne passant pas par (0,0) γr(t) = F(rcost, rsint)
avect ∈[0,2π], et o`u la variable r varie dans [0,1]. On voit que N(γr) s’exprime par une horrible int´egrale en t, de 0 `a 2π qui est de la forme
G(r) = N(γr) = Z 2π
0
g(t, r)dt
avec g continue sur [0,2π]×[0,1] (on utilise ici l’hypoth`ese additionnelle que ϕ est de classe C1; la premi`ere moiti´e de cette horrible expression a ´et´e ´ecrite au tableau). En posantcr(t) = (rcost, rsint) et avec des notations un peu condens´ees on trouve que
G(r) = 1 2π
Z 2π
0
−(ϕ2(cr(t))−rsint)(∇ϕ1(cr(t)). c0r(t) +rcost) kF(cr(t))k2 + +(ϕ1(cr(t))−rcost)(∇ϕ2(cr(t)). c0r(t)−rsint)
kF(cr(t))k2 dt
.
Il en r´esulte quer →G(r) est continu sur [0,1]. Mais ce nombre est en fait un entier ! Il est donc constant quandr d´ecrit [0,1], donc N(γ0) = N(γ1). Mais on voit que N(γ0) = 0 (clair intuitivement : le vecteur γ0(t) ne tourne pas, puisqu’il est constant ´egal `a F(0,0), ou bien clair sur l’horrible expression). En revanche, le vecteur γ1(t), trac´e au point p(t) = (cost,sint), pointe toujours vers l’int´erieur du cercle (parce que ϕ(p(t)) est dans le disque D), ce qui l’oblige `a faire un tour quand on parcourt le cercle de rayon un, donc N(γ1) = 1. On a une contradiction qui termine la d´emonstration.
6.2. D´erivabilit´e
Th´eor`eme 6.2.1. Supposons donn´ee une fonction r´eelle f, d´efinie et continue sur le produit [a, b]×I, o`u I est un intervalle ouvert de R, et poss´edant une d´eriv´ee partielle g(x, t) = ∂f∂t(x, t) par rapport au param`etre t, pour tout point (x, t) ∈[a, b]×I. Posons pour t∈I
F(t) = Z b
a
f(x, t)dx.
Si la fonction (x, t) → ∂f∂t(x, t) est continue sur [a, b]×I, la fonction F est d´erivable sur l’intervalleI et
F0(t) = Z b
a
∂f
∂t(x, t)dx.
pour tout t∈I.
D´emonstration. Remarquons d’abord que G(t) =
Z b
a
∂f
∂t(x, t)dx
est une fonction continue sur I d’apr`es le paragraphe pr´ec´edent. Consid´erons comme avant un intervalle ferm´e [c, d] contenu dans I. Pour toutt∈[c, d], on obtient en calculant l’int´egrale double de ∂f
∂t sur le rectangle [a, b]×[c, t]
Z t
c
Z b
a
∂f
∂t(x, s)dx ds=
Z b
a
Z t
c
∂f
∂t(x, s)ds dx= Z b
a
f(x, t)−f(x, c)
dx= F(t)−F(c) d’o`u le r´esultat, puisqu’on a montr´e que
F(t) = F(c) + Z t
c
G(s)ds pour tout t∈I tel que t > c.
Exemple. Posons
F(t) = Z 2
1/2
xt−1e−x dx.
La fonction f(x, t) = xt−1e−x = e−x+(t−1) lnx admet une d´eriv´ee en t donn´ee par ln(x)f(x, t), qui est continue sur [1/2]×R donc F est d´erivable sur R et
F0(t) = Z 2
1/2
ln(x)xt−1e−x dx.
De la mˆeme fa¸con on voit que F est ind´efiniment d´erivable. En particulier, F00(t) =
Z 2
1/2
ln(x)2xt−1e−x dx≥0 donc F est une fonction convexe sur R.