Images en Dermatologie • Vol. XI - n° 1 • janvier-février 2018 28
prix
éditorial 2017
1er lauréatUne photodermatose qui laisse des traces...
A photodermatosis which leaves marks...
C. Fievet1, M. Levavasseur1,2, C. Scalbert1,2, D. Staumont-Salle1,2
( 1 Service de dermatologie, hôpital Claude-Huriez, CHRU de Lille ; 2 Université Lille 2)
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
maladies immuno-inflammatoires
L’hydroa vacciniforme est une photodermatose rare. Nous en rapportons ici un cas.
Observation
Un enfant âgé de 5 ans est amené aux urgences pédiatriques au mois de mai pour une dermatose évoluant depuis 10 jours. Cet enfant, caucasien, n’a aucun antécédent personnel ou familial particulier, hormis la varicelle, ni aucun contage infectieux. La mère précise que l’enfant a été exposé au soleil récemment de manière prolongée (match de football), et rapporte la notion d’une éruption similaire des avant-bras l’année précédente à la même période, d’évolution spontanément favorable. Aucun traitement n’a été instauré récemment.
L’enfant est en bon état général. On observe une éruption érythémateuse vésiculo- bulleuse malaire et des lobes des oreilles, avec évolution croûteuse ou hémorragique de certaines lésions (fi gures 1 et 2) . L’enfant décrit une sensation de brûlure cutanée.
Le reste du tégument est épargné.
La sérologie VZV (virus varicelle-zona) est en faveur d’une infection ancienne, la séro- logie EBV (virus d’Epstein-Barr) est positive en IgG, et la PCR pour l’EBV est positive.
Le diagnostic d’hydroa vacciniforme est retenu. Une photoprotection stricte et la prise de bêtacarotène sont proposées.
À la consultation de suivi, l’enfant présente des cicatrices varioliformes (fi gure 3) . Discussion
L’hydroa vacciniforme est une photodermatose pédiatrique rare (0,34/100 000), attei- gnant préférentiellement les enfants de sexe masculin âgés de 6 à 10 ans. Elle évolue de manière récurrente l’été, et disparaît spontanément à l’adolescence.
Le diagnostic est principalement clinique ; la biologie peut montrer une réactivation virale à EBV. L’histologie est non spécifi que et induit une rançon cicatricie lle ; elle n’est donc pas réalisée en pratique.
En cas de doute diagnostique, des explorations photobiologiques pourront être discu- tées : l’objectif est la reproduction des lésions par phototest UVA itératif à fortes doses (160 J/cm 2 ), mais, là encore, le risque cicatriciel est important.
La physiopathologie repose sur une réactivation virale EBV (1) à la suite d’une immuno suppression locale et systémique due à l’exposition aux UV.
Le traitement consiste à prévenir les récidives, avec photoprotection stricte (2) , plus ou moins associée à une prise de caroténoïdes (3) , du printemps à l’automne. Un traitement par antipaludéens de synthèse pourra être discuté en cas de persistance, de même qu’une photothérapie UVB TL01. Le traitement des cicatrices se fera à l’âge adulte par peeling ou laser CO 2 .
Conclusion
L’hydroa vacciniforme est une photodermatose rare à ne pas méconnaître.
Le diagnostic est clinique, et la protection solaire reste la meilleure prévention. II
Hydroa vacciniforme • Photo- dermatose • Enfant • UV.
Hydroa vacciniforme • Photo- dermatosis • Child • UV.
Légendes
Figures 1 et 2. Éruption vésiculo-bulleuse en zones photo-exposées.
Figure 3. Cicatrices varioliformes à distance de l’éruption.
1. Verneuil L, Gouarin S, Comoz F et al.
Epstein-Barr virus involvement in the patho- genesis of hydroa vacciniforme: an assess- ment of seven adult patients with long-term follow-up. Br J Dermatol 2010;163(1):174-82.
2. Gupta G, Man I, Kemmett D. Hydroa
vacciniforme: a clinical and follow-up study of 17 cases. J Am Acad Dermatol 2000;42 (2 Pt1):208-13.
3. Bruderer P, Shahabpour M, Christoffersen
S, André J, Ledoux M. Hydroa vacciniforme treated by a combination of beta-carotene and canthaxanthin. Dermatology 1995;190(5):343-5.
Références bibliographiques
0028_IDE 28 07/03/2018 11:54
Images en Dermatologie • Vol. XI - n° 1 • janvier-février 2018 29 2
3 1
0029_IDE 29 07/03/2018 11:54