L.E.G.T.A. Le Chesnoy TB2−2010-2011
D. Blotti`ere Math´ematiques
Correction du devoir surveill´ e n˚5
Probl`eme 1 (Concours A TB 2008) : ´Etude d’une fonction d´efinie par une int´egrale
1. Domaine de d´efinition
(a) Soitxappartenant `a ]1,+∞[. Justifier l’existence de l’int´egrale Z x2
x
dt
ln(t) et d´eterminer son signe.
(b) Soitxappartenant `a ]0,1[. Justifier aussi l’existence de l’int´egrale Z x2
x
dt
ln(t) et d´eterminer son signe.
Nous pouvons ainsi d´efinir une fonction num´eriquef surR+×\ {1}par :
∀x∈R+×\ {1} f(x) = Z x2
x
dt ln(t). 2. Etude de la d´´ erivabilit´e
(a) i. Justifier l’existence d’une primitiveH de la fonctiont7→ 1
ln(t) sur ]1,+∞[, puis exprimer pour tout r´eelxappartenant `a ]1,+∞[,f(x) en fonction de H(x2) etH(x).
ii. En d´eduire que f est d´erivable sur ]1,+∞[ et calculer f′. iii. Quel est le sens de variation def sur ]1,+∞[ ?
(b) i. Montrer quef est d´erivable sur ]0,1[ et calculerf′. ii. Quel est le sens de variation def sur ]0,1[ ?
3. Etude des limites aux bornes du domaine de d´´ efinition (a) Etude en´ 0 par valeurs sup´erieures
i. Soit x∈]0,1[. Montrer que pour tout t ∈[x2, x] : 1
ln(x) ≤ 1
ln(t) ≤ 1
ln(x2), et en d´eduire que : x(x−1)
2 ln(x) ≤f(x)≤ x(x−1) ln(x) .
ii. Montrer alors que f est prolongeable par continuit´e en 0 et pr´eciser la valeur en 0 de f ainsi prolong´ee.
La fonction f ainsi prolong´ee est toujours not´eef dans la suite.
iii. `A l’aide de l’encadrement pr´ec´edent, montrer que f(x)
x a pour limite 0 en 0. Que peut-on en d´eduire sur la fonctionf? Interpr´eter g´eom´etriquement ce r´esultat.
(b) Etude en l’infini´
i. En s’inspirant de la m´ethode d´ecrite en (a).i, encadrerf(x) pour tout r´eelx∈]1,+∞[.
ii. En d´eduire la limite de f en +∞.
iii. ´Etudier la nature de la branche infinie de la courbe repr´esentative def au voisinage de +∞. (c) Etude en 1 par valeurs sup´´ erieures
i. Soitx∈]1,+∞[. Montrer que : Z x2
x
dt
tln(t)= ln(2),puis, en remarquant quef(x) = Z x2
x
t dt tln(t), prouver que :xln(2)≤f(x)≤x2ln(2).
ii. En d´eduire l’existence et la valeur de la limite def en 1 par valeurs sup´erieures.
(d) Etude en 1 par valeurs inf´´ erieures
Par un travail similaire `a la question (c), montrer quef(x) a pour limite ln(2) lorsquextend vers 1 par valeurs inf´erieures.
(e) Prolongement par continuit´e de f en 1
i. Montrer quef est prolongeable par continuit´e en 1 en posant :f(1) = ln(2).
La fonction f ainsi prolong´ee est toujours not´eef dans la suite.
ii. Montrer quef est d´erivable en 1 et pr´eciser la valeur def′(1).
(f) Repr´esentation graphique de f
i. R´esumer les r´esultats pr´ec´edents en dressant le tableau de variations def, ce tableau pr´ecisant les prolongements et la nature g´eom´etrique des points particuliers ´etudi´es.
ii. Repr´esenter la fonctionf. On pr´ecise que ln(2) est voisin de 0,69.
Correction
1. (a) Soitx∈]1,+∞[.
• De x ∈]1,+∞[, on d´eduit 1 < x < x2 (x2−x = x(x−1) >0). Ainsi a-t-on x, x2 ∈]1,+∞[ et [x, x2]⊂]1,+∞[.
• La fonction u: ]1,+∞[→R, t7→ln(t) est continue et ne s’annule pas sur ]1,+∞[. Par suite (cf.
op´erations sur les fonctions continues), la fonction 1
u est (d´efinie et) continue sur ]1,+∞[ ; elle admet donc une primitive sur l’intervalle ]1,+∞[. L’int´egrale
Z x2 x
dt ln(t) =
Z x2 x
1
u(t) dt est bien d´efinie.
• La fonctionuest strictement positive sur ]1,+∞[. La fonction 1
uest donc aussi strictement positive sur ]1,+∞[.
Comme 1 < x < x2 et comme 1
u est continue, positive et non identiquement nulle sur ]1,+∞[, l’int´egrale
Z x2 x
dt ln(t) =
Z x2 x
1
u(t) dt est strictement positive (le ≪strictement≫ d´ecoule du th´eor`eme de positivit´e).
(b) Soitxappartenant `a ]0,1[.
• De x∈]0,1[, on d´eduit x2 < x <1 (x2−x=x(x−1)<0). De plus commex6= 0, on a x2 >0.
Ainsi a-t-onx, x2∈]0,1[ et [x2, x]⊂]0,1[.
• La fonction v: ]0,1[→ R , t 7→ ln(t) est continue et ne s’annule pas sur ]0,1[. Par suite (cf.
op´erations sur les fonctions continues), la fonction 1
v est (d´efinie et) continue sur ]0,1[ ; elle admet donc une primitive sur l’intervalle ]0,1[. L’int´egrale
Z x2 x
dt ln(t) =
Z x2 x
1
v(t) dtest bien d´efinie.
• La fonctionv est strictement n´egative sur ]0,1[. La fonction 1
v est donc aussi strictement n´egative sur ]0,1[. On en d´eduit que la fonction−1
v est strictement positive sur ]0,1[.
Comme 0 < x2 < x < 1 et comme −1
v est continue, positive et non identiquement nulle sur ]0,1[, l’int´egrale
Z x x2− dt
ln(t) = Z x
x2− 1
v(t) dtest strictement positive (le≪strictement≫ d´ecoule du th´eor`eme de positivit´e). Mais
Z x x2− dt
ln(t) = Z x2
x
dt
ln(t). Ainsi a-t-on Z x2
x
dt ln(t) >0.
2. (a) i. On a vu en 1.(a) que la fonction 1
u: ]1,+∞[→R, t7→ 1
ln(t) est continue sur ]1,+∞[. La fonction 1
u admet donc une primitive sur l’intervalle ]1,+∞[. SoitH l’une d’elles.
Pour toutx∈]1,+∞[, on a donc : f(x) =
Z x2 x
dt
ln(t) =H(x2)−H(x).
ii. La fonction carr´ee est d´erivable sur ]1,+∞[ et envoie ]1,+∞[ sur ]1,+∞[. De plus, la fonction H est d´erivable sur ]1,+∞[ (puisque c’est une primitive de 1
u sur ]1,+∞[). Une compos´ee de fonctions d´erivables ´etant d´erivable, la fonctionx7→H(x2) est d´erivable sur ]1,+∞[.
La diff´erence de deux fonctions d´erivables ´etant d´erivable, on en d´eduit finalement que f est d´erivable sur ]1,+∞[.
Comme pour toutx∈]1,+∞[,H′(x) = 1
ln(x) (cf. d´efinition d’une primitive), on a : f′(x) = 2xH′(x2)−H′(x) = 2x
ln(x2)− 1
ln(x) = 2x
2 ln(x)− 1
ln(x) =x−1 ln(x). iii. Six >1, alorsx−1>0 et ln(x)>0. On a donc :
∀x∈]1,+∞[ f′(x) = x−1 ln(x) >0.
La fonctionf est donc strictement croissante sur ]1,+∞[.
(b) i. On proc`ede de fa¸con analogue `a l’´etude faite sur ]1,+∞[.
On a vu en 1.(b) que la fonction 1
v: ]0,1[→R, t7→ 1
ln(t) est continue sur ]0,1[. La fonction 1 v admet donc une primitive sur l’intervalle ]0,1[. Soit Gl’une d’elles.
Pour toutx∈]0,1[, on a donc : f(x) =
Z x2 x
dt
ln(t) =G(x2)−G(x).
ii. La fonction carr´ee est d´erivable sur ]0,1[ et envoie ]0,1[ sur ]0,1[. De plus, la fonction G est d´erivable sur ]0,1[ (puisque c’est une primitive de 1
v sur ]0,1[). Une compos´ee de fonctions d´erivables ´etant d´erivable, la fonctionx7→G(x2) est d´erivable sur ]0,1[.
La diff´erence de deux fonctions d´erivables ´etant d´erivable, on en d´eduit finalement que f est d´erivable sur ]0,1[.
Comme pour toutx∈]0,1[,G′(x) = 1
ln(x) (cf. d´efinition d’une primitive), on a : f′(x) = 2xG′(x2)−G′(x) = 2x
ln(x2)− 1
ln(x) = 2x
2 ln(x) − 1
ln(x) =x−1 ln(x). iii. Si 0< x <1, alorsx−1<0 et ln(x)<0. On a donc :
∀x∈]0,1[ f′(x) =x−1 ln(x) >0.
La fonctionf est donc strictement croissante sur ]0,1[.
3. (a) i. Soit x ∈]0,1[. On a donc 0 < x2 < x (x2−x = x(x−1) < 0). Soit t ∈ [x2, x]. On a donc x2≤t≤x.
x2≤t≤x <1 =⇒ ln(x2)≤ln(t)≤ln(x)<ln(1) = 0 (ln strictement croissante sur ]0,+∞[)
=⇒ 1
ln(x2) ≥ 1
ln(t) ≥ 1
ln(x) (inverse (strictement) d´ecroissante sur ]− ∞,0[) On a donc :
∀t∈[x2, x] 1
ln(x) ≤ 1
ln(t) ≤ 1
ln(x2). (1)
En int´egrant (1) entrex2 etx(x2< x), on a alors : Z x
x2
1 ln(x)dt
| {z }
1 ln(x)(x−x2)
≤ Z x
x2
1 ln(t) dt≤
Z x x2
1 ln(x2) dt
| {z }
1
ln(x2 )(x−x2)
(2)
En multipliant chacun des membres de (2) par −1<0 et en remarquant quex−x2=x(1−x) et que ln(x2) = 2 ln(x), on a alors :
− 1
ln(x)x(1−x)
| {z }
x(x−1) ln(x)
≥ − Z x
x2
1 ln(t) dt
| {z }
Rx2 x
1
ln(t)dt=f(x)
≥ − 1
2 ln(x)x(1−x)
| {z }
x(x−1) 2 ln(x)
.
On a donc :
x(x−1)
2 ln(x) ≤f(x)≤ x(x−1)
ln(x) . (3)
ii. Comme lim
x→0+x(x−1) = 0 et lim
x→0+ln(x) =−∞, on a :
x→0lim+
x(x−1) 2 ln(x) = lim
x→0+
x(x−1) ln(x) = 0.
De ces calculs de limites, de (3) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit que f(x) tend vers 0 quand xtend vers 0. La fonction f est donc prolongeable par continuit´e en 0 (`a droite). La fonctionf prolong´ee par continuit´e en 0, que l’on note toujoursf, prend la valeur 0 en 0.
iii. Soitx∈]0,1[. Si l’on divise chacun des membres de l’in´egalit´e (3) parx >0, il vient x−1
2 ln(x) ≤f(x)
x ≤ x−1
ln(x). (4)
Comme lim
x→0+x−1 =−1 et lim
x→0+ln(x) =−∞, on a :
x→0lim+ x−1
2 ln(x) = lim
x→0+
x−1 ln(x) = 0.
De ces calculs de limites, de (4) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit que f(x)
x tend vers 0 quandxtend vers 0+.
On remarque que, si x∈]0,1[, alors f(x)
x = f(x)−f(0)
x−0 (taux d’accroissement de f entre 0 et x). Le calcul pr´ec´edent de limite nous dit que f(x)−f(0)
x−0 tend vers 0 quand x tend vers 0+. Par suite, la fonctionf est d´erivable en 0 `a droite et on afd′(0) = 0.
G´eom´etriquement, on en d´eduit que la courbe repr´esentative Cf de f dans un rep`ere du plan admet une demi-tangente horizontale en 0 `a droite.
(b) i. Soit x∈]1,+∞[. On a donc 1 < x < x2 (x2−x=x(x−1) >0). Soit t ∈[x, x2]. On a donc x≤t≤x2.
1< x≤t≤x2 =⇒ 0 = ln(1)<ln(x)≤ln(t)≤ln(x2) (ln strictement croissante sur ]0,+∞[)
=⇒ 1
ln(x)≥ 1
ln(t)≥ 1
ln(x2) (inverse (strictement) d´ecroissante sur ]0,+∞[) On a donc :
∀t∈[x, x2] 1
ln(x2) ≤ 1
ln(t) ≤ 1
ln(x). (5)
En int´egrant (5) entrexetx2 (x < x2), on a alors : Z x2
x
1 ln(x2)dt
| {z }
1
ln(x2)(x2−x)
≤ Z x2
x
1 ln(t) dt
| {z }
f(x)
≤ Z x2
x
1 ln(x) dt
| {z }
1 ln(x)(x2−x)
(6)
En remarquant quex2−x=x(x−1) et que ln(x2) = 2 ln(x), on a alors : x(x−1)
2 ln(x) ≤f(x)≤ x(x−1)
ln(x) . (7)
ii. Comme lim
x→+∞
x
ln(x) = +∞(croissances compar´ees) et lim
x→+∞
x−1
2 = +∞, on a :
x→+∞lim x
ln(x)×x−1 2
| {z }
x(x−1) 2 ln(x)
= +∞.
De ce calcul de limite, de (7) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit quef(x) tend vers +∞ quandxtend vers +∞.
iii. Soitx∈]1,+∞[. Si l’on divise chacun des membres de l’in´egalit´e (7) parx >0, il vient x−1
2 ln(x) ≤f(x)
x ≤ x−1
ln(x). (8)
Comme lim
x→+∞
x
ln(x) = +∞(croissances compar´ees) et lim
x→+∞
1
ln(x) = 0, on a :
x→+∞lim 1 2
x
ln(x)− 1 ln(x)
| {z }
x−1 2 ln(x)
= +∞.
De ce calcul de limite, de (8) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit que f(x)
x tend vers +∞ quandxtend vers +∞. La courbeCf n’admet donc pas d’asymptote oblique en +∞.
(c) i. Soitx∈]1,+∞[. Alors 1< x < x2(x2−x=x(x−1)>0) et donc la fonction ln est strictement positive sur [x, x2].
Z x2 x
dt tln(t) =
Z x2 x
1 t × 1
ln(t) dt
= Z x2
x
ln′(t) ln(t) dt
= [ln(ln(t))]xx2
= ln(ln(x2))−ln(ln(x))
= ln(2 ln(x))−ln(ln(x))
= ln(2) + ln(ln(x))−ln(ln(x))
= ln(2).
Soitt∈[x, x2]. On a 1< x≤t≤x2et donct >0 et ln(t)>0. On en d´eduit que 1
tln(t)>0. En multipliant chacun des membres dex≤t≤x2par 1
tln(t) >0, on a donc : x 1
tln(t) ≤t 1
tln(t) ≤x2 1
tln(t). (9)
En int´egrant l’in´egalit´e (9), valable pour toutt∈[x, x2] entrexetx2 (x < x2), on obtient : Z x2
x
x 1
tln(t) dt
| {z }
x Rx2 x
1 tln(t)dt
≤ Z x2
x
t 1 tln(t) dt
| {z }
f(x)
≤ Z x2
x
x2 1 tln(t) dt
| {z }
x2 Rx2 x
1 tln(t) dt
Par suite (cf.
Z x2 x
dt
tln(t) = ln(2)), on a :
xln(2)≤f(x)≤x2ln(2). (10)
ii. On a lim
x→1+xln(2) = ln(2) et lim
x→1+x2ln(2) = ln(2). De ces calculs de limites, de (10) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit quef(x) tend vers ln(2) quandxtend vers 1+.
(d) Soitx∈]0,1[. Alorsx2< x <1 (x2−x=x(x−1)<0) et donc la fonction ln est strictement n´egative sur [x2, x]. On a :
Z x x2
dt tln(t) =
Z x x2
ln′(t)
ln(t) dt= [ln(−ln(t))]xx2 = ln(−ln(x))−ln(−ln(x2)) =
(∗)−ln(2).
L’´egalit´e (∗) d´ecoule de :
ln(−ln(x2)) = ln(−2 ln(x)) = ln(2×(−ln(x))) = ln(2) + ln(−ln(x)).
Soitt∈[x2, x]. On a 0< x2≤t≤x <1 et donct >0 et ln(t)<0. On en d´eduit que 1
tln(t)<0. En multipliant chacun des membres dex2≤t≤xpar 1
tln(t) <0, on a donc : x2 1
tln(t) ≥t 1
tln(t) ≥x 1
tln(t). (11)
En int´egrant l’in´egalit´e (11), valable pour toutt∈[x2, x] entrex2 etx(x2< x), on obtient : Z x
x2
x2 1 tln(t) dt
| {z }
x2 Rx x2 1
tln(t) dt
≥ Z x
x2
t 1 tln(t) dt
| {z }
−
Z x2 x
t 1 tln(t) dt
| {z }
f(x)
≥ Z x
x2
x 1 tln(t)dt
| {z }
xRx x2 1
tln(t)dt
.
Par suite (cf.
Z x x2
dt
tln(t) =−ln(2)), on a :
−x2ln(2)≥ −f(x)≥ −xln(2).
En multipliant cette derni`ere in´egalit´e par−1<0, on trouve :
x2ln(2)≤f(x)≤xln(2). (12)
On a lim
x→1−x2ln(2) = ln(2) et lim
x→1−xln(2) = ln(2). De ces calculs de limites, de (12) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit que f(x) tend vers ln(2) quandxtend vers 1−.
(e) i. On sait d´ej`a que la fonctionf est continue surR+\ {1}. D’autre part, d’apr`es 3.(c).ii et 3.(d), on a :
x→1lim−f(x) = lim
x→1+f(x) = ln(2).
La fonctionf est donc prolongeable par continuit´e en 1 en posant :f(1) = ln(2).
La fonctionf ainsi prolong´ee est toujours not´eef dans la suite.
ii. D’apr`es 2.(a).ii et 2.(b).i, on a :
∀x∈]0,1[∪]1,+∞[ f′(x) = x−1 ln(x). Soitx∈]0,1[∪]1,+∞[. Alors ln(x)
x−1 =ln(x)−ln(1)
x−1 est le taux d’accroissement de ln entre 1 et x. La fonction ln ´etant d´erivable en 1 avec ln′(1) = 1, on a donc :
x→1lim ln(x) x−1 = 1.
On en d´eduit (op´erations sur les limites) que lim
x→1
x−1
ln(x) = 1.Par suite :
x→1limf′(x) = 1.
D’apr`es le cours, la fonctionf est donc d´erivable en 1 et on af′(1) = 1.
(f) i. Le tableau de variations n’est pas donn´e dans la correction, mais il n’est pas difficile `a dresser.
Les informations suivantes doivent y figurer.
• f(0) = 0
• f(1) = ln(2)
• f est strictement croissante sur [0,+∞[ (car strictement croissante sur ]0,1[, strictement crois- sante sur ]1,+∞[ et prolongeable par continuit´e en 0 et en 1).
• lim
x→+∞f(x) = +∞.
Quant `a la nature g´eom´etrique des points ´etudi´es, compte tenu de l’avanc´ee du cours, on atten- dait les remarques suivantes.
• Au point d’abscisse 0, la courbeCf admet une demi-tangente horizontale `a droite.
• Au point d’abscisse 1, la courbeCf admet pour tangente la droite d’´equationy=x−1 + ln(2).
Prochainement, nous aurons des outils pour pr´eciser la nature des points d’abscisses 0 et 1 de la courbeCf.
ii. La repr´esentation graphique est laiss´ee en exercice. Pour tracer la courbe Cf, on veillera bien `a d’abord tracer la demi-tangente au point d’abscisse 0 et la tangente au point d’abscisse 1.
Probl`eme 2 : ´Etudes de fonctions, ´etude d’une suite d´efinie par r´ecurrence et calculs d’aires.
1. Etudes de fonctions´
(a) On consid`ere la fonctionf d´efinie sur Rparf(x) = (x2+ 1)e−x pour toutx∈R.
i. ´Etudier les limites en−∞et en +∞def.
ii. Justifier que f est d´erivable surR, puis montrer que pour tout x∈ R, f′(x) = −(1−x)2e−x. Dresser le tableau de variations def.
iii. Calculerf′(0) etf′(1) et donner une interpr´etation g´eom´etrique de ces deux nombres.
iv. On donne les encadrements suivants 0,75< f(12)<0,76 et 0,73< f(1)<0,74. Montrer que pour toutx∈
1 2,1
,f(x) appartient `a 1
2,1
. v. Montrer que pour toutx∈
1 2,1
,|f′(x)| ≤ 1 4.
(b) On consid`ere la fonctionhd´efinie surRparh(x) =f(x)−xpour toutx∈R. i. Montrer quehest strictement d´ecroissante surR.
ii. ´Etablir que l’´equationf(x) =xposs`ede une unique solution surR, not´eeα.
iii. Montrer queα∈ 1
2,1
.
iv. Un rep`ere Rorthonorm´e du plan ´etant fix´e, on note Cf la courbe repr´esentative de f dans R. Etudier la position relative de´ Cf et de la droite d’´equationy=x.
(c) Repr´esenter l’allure de la courbeCf et la droite d’´equationy=xsur le mˆeme graphique, en utilisant les propri´et´es g´eom´etriques obtenues `a la question 1.(a).iii. On prendra comme unit´e 5 cm et on placera≪approximativement≫, mais de fa¸con coh´erente avec les r´esultats pr´ec´edents, le nombreα sur l’axe des abscisses.
2. Etude d’une suite d´´ efinie par r´ecurrence
Soit (un)n∈Nla suite d´efinie paru0= 1 et la relation valable pour toutn∈N,un+1=f(un).
(a) Montrer grˆace `a la question 1.(a).iv que pour toutn∈N, un∈ 1
2,1
.
(b) D´eduire de la question 1.(a).v que pour toutn∈N,|un+1−α| ≤ 1
4 |un−α|. (c) En d´eduire que pour toutn∈N, |un−α| ≤
1 4
n
|u0−α|.
(d) Conclure quant au comportement asymptotique de la suite (un)n∈N. (e) Construire les abscissesu0,u1et u2 sur le graphique de la question 1.(c).
3. Calculs d’aires
(a) `A l’aide de deux int´egrations par parties, d´eterminer une primitive de la fonctionf surR.
(b) Que vaut l’aire du domaine du plan d´elimit´e par la courbeCf, l’axe des abscisses, l’axe des ordonn´ees et la droite d’´equationx= 1 ?
(c) Montrer que l’int´egrale g´en´eralis´ee Z +∞
0
f(t)dtest convergente, d´eterminer sa valeur et interpr´eter g´eom´etriquement le r´esultat.
Correction
1. (a) i. • Etude de la limite en´ −∞
Comme lim
x→−∞−x= +∞et lim
X→+∞eX= +∞, on a :
x→−∞lim e−x= +∞ (composition de limites). (13) De plus on a :
x→−∞lim (x2+ 1) = +∞. (14)
De (13) et (14), on d´eduit alors que :
x→−∞lim (x2+ 1)e−x
| {z }
f(x)
= +∞.
• Etude de la limite en +´ ∞
Pour tout x ∈ R, on a f(x) = (x2 + 1)e−x = x2+ 1 ex = x2
ex + 1
ex. Comme lim
x→+∞
x2 ex = 0 (croissances compar´ees) et lim
x→+∞
1
ex = 0, on a :
x→+∞lim x2 ex + 1
ex
| {z }
f(x)
= 0.
ii. La fonctionx7→x2+1 est d´erivable surR(fonction polynˆome) et la fonctionx7→exest d´erivable et ne s’annule pas surR. On en d´eduit (op´erations sur les fonctions d´erivables) que la fonction
f:x7→(x2+ 1)e−x= x2+ 1 ex est d´erivable surR.
Soitx∈R. On a :
f′(x) = 2x e−x+ (x2+ 1)×(−e−x) =e−x(2x−(x2+ 1)) =e−x(−x2+ 2x−1
| {z }
−(1−x)2
) =−(1−x)2e−x.
On d´eduit du calcul pr´ec´edent quef′(x)<0 six∈R\ {1}. La fonctionf est donc strictement d´ecroissante surR.
iii. Comme pour toutx∈R,f′(x) =−(1−x)2e−x, on a :
f′(0) =−1 et f′(1) = 0.
Ces calculs ont l’interpr´etation g´eom´etrique suivante. SiCf d´esigne la courbe repr´esentative def dans un rep`ere du plan, alors le coefficient directeur de la tangente `aCf au point d’abscisse 0 est
−1 et le coefficient directeur de la tangente `aCf au point d’abscisse 1 est 0 (tangente horizontale).
iv. Soitx∈ 1
2,1
. Alors 1
2 ≤x≤1.
1
2 ≤x≤1 =⇒ f(1)≤f(x)≤f 1
2
(f ´etant (strictement) d´ecroissante surR)
=⇒ 0,73< f(1)≤f(x)≤f 1
2
<0,76 (cf. encadrements donn´es dans l’´enonc´e).
Commef(x) est compris entre 0,73 et 0,76 on af(x)∈ 1
2,1
. v. Soitx∈
1 2,1
. On sait quef′(x) =−(1−x)2e−x≤0.Par suite, on a|f′(x)|= (1−x)2e−x. 1
2 ≤x≤1 =⇒ −1
2 ≤x−1≤0 (soustraction de−1 `a chacun des membres)
=⇒ 1
4 ≥(x−1)2
| {z }
(1−x)2
≥0 (fonction carr´ee (strictement) d´ecroissante sur ]− ∞,0])
On a donc :
0≤(1−x)2≤ 1
4. (15)
D’autre part : 1
2 ≤x≤1 =⇒ −1
2 ≥ −x≥ −1 (multiplication par −1<0 de chacun des membres)
=⇒ e−12 ≥e−x≥e−1 (exp (strictement) croissante surR) Comme 1≥ 1
√e=e−12 ete−1>0, on en d´eduit :
0≤e−x≤1. (16)
En multipliant les in´egalit´es (15) et (16) mettant en jeu uniquement des nombres positifs ou nuls membre `a membre, il vient :
0≤(1−x)2e−x
| {z }
|f′(x)|
≤ 1 4.
(b) i. Comme les fonctionsf etx7→ −xsont d´erivables surR, la fonctionhest d´erivable surRcomme somme de deux fonctions d´erivables surR.
De plus, pour toutx∈R, on a :
h′(x) =f′(x)−1 =−(1−x)2e−x
| {z }
<0
−1<0.
La fonctionhest donc strictement d´ecroissante sur R. ii. L’´equation f(x) = x est ´equivalente `a f(x)−x
| {z }
h(x)
= 0. Il s’agit donc de montrer que l’´equation h(x) = 0 poss`ede une unique solution surR.
D’apr`es 1.(a).i, on a lim
x→−∞f(x) = +∞et lim
x→+∞f(x) = 0. On a donc :
x→−∞lim f(x)−x
| {z }
h(x)
= +∞ et lim
x→+∞f(x)−x
| {z }
h(x)
=−∞. (17)
La fonction h est continue (puisque d´erivable) et strictement d´ecroissante sur R. D’apr`es le th´eor`eme de la bijection hr´ealise une bijection deR surf(R) =
x→+∞lim h(x), lim
x→−∞h(x)
=R (cf. (17) pour la derni`ere ´egalit´e). On en d´eduit que l’´equation h(x) = 0 poss`ede une unique solution dansR. On la noteα.
iii. On af 1
2
>0,75 (cf. encadrement donn´e en 1.(a).iv) et donc :
f 1
2
−1 2
| {z }
h(12)
>0,25>0.
On a ´egalementf(1)<0,74 (cf. encadrement donn´e en 1.(a).iv) et donc : f(1)−1
| {z }
h(1)
<−0,26<0.
La fonction hest continue sur 1
2,1
et h(0)>0 et h(1)<0. D’apr`es le th´eor`eme des valeurs interm´ediaires, l’´equationh(x) = 0 admet donc au moins une solution appartenant `a
1 2,1
. La fonctionh´etant strictement d´ecroissante surR, il existe en fait une unique solution `a l’´equation h(x) = 0 sur
1 2,1
. Soitβ∈ 1
2,1
la solution deh(x) = 0. Commeβest solution de l’´equation h(x) = 0, on aα=β d’apr`es l’unicit´e prouv´ee en 1.(b).ii. 0n a doncα∈
1 2,1
.
iv. Pour ´etudier la position relative de Cf et de la droite d’´equationy =x, on ´etudie le signe de f(x)−x
| {z }
h(x)
. Commehest strictement d´ecroissante surRet s’annule uniquement enx=α, on a le tableau de signe suivant.
x −∞ α +∞
Signe deh(x) =f(x)−x + 0 −
On en d´eduit :
• la courbeCf est au-dessus de la droite d’´equationy=xsur ]− ∞, α[ ;
• la courbeCf est en-dessous de la droite d’´equationy=xsur ]α,+∞[ ;
• la courbeCf et la droite d’´equationy=xse coupent au point d’abscisseα.
(c) Repr´esentation graphique deCf
0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4
−0.2
−0.4
0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0
−0.2 Cf
α
y=x
b
2. (a) On montre par r´ecurrence que pour tout n∈N,un ∈ 1
2,1
| {z }
Pn
.
• Initialisation
La propositionP0 est vraie caru0= 1∈ 1
2,1
.
• H´er´edit´e
On supposePn vraie pour un entier n fix´e, i.e. :un ∈ 1
2,1
. Montrons que Pn+1 est vraie i.e. : un+1∈
1 2,1
. Comme un ∈
1 2,1
, on a f(un)∈ 1
2,1
, d’apr`es 1.(a).iv. Comme un+1 =f(un), on a un+1 ∈ 1
2,1
.
• Conclusion
D’apr`es l’initialisation au rang 0, l’h´er´edit´e et l’axiome de r´ecurrence, on aun ∈ 1
2,1
pour tout n∈N.
(b) Soitn∈N. La fonctionf est d´erivable (et donc continue) surR. On peut donc appliquer le th´eor`eme des accroissements finis entreun etα. Il existec strictement compris entreun etαtel que :
f(un)
| {z }
un+1
−f(α)
| {z }
α
=f′(c) (un−α).
En prenant la valeur absolue de chaque cˆot´e, on a donc :
| un+1−α|=|f′(c) (un−α)| =|f′(c)| |un−α|. (18)
On remarque que comme α∈ 1
2,1
(cf. 1.(b).iii),un ∈ 1
2,1
(cf. 2.(a)) et cest entreun et α, on a c ∈
1 2,1
. D’apr`es 1.(a).v, on a donc |f′(c)| ≤ 1
4. En multipliant chacun des membres de cette in´egalit´e par |un−α| ≥0, il vient :
|f′(c)| |un−α| ≤ 1
4 |un−α|. (19)
De (18) et (19), on d´eduit que :
|un+1−α| ≤ 1
4 |un−α|. (20)
(c) Montrons par r´ecurrence que pour toutn∈N: Pn : |un−α| ≤
1 4
n
|u0−α|.
• Initialisation
La propositionP0 s’´ecrit :
|u0−α| ≤ 1
4 0
| {z }
1
|u0−α|.
Elle est donc vraie.
• H´er´edit´e
On suppose quePn est vraie pour un entiernfix´e, i.e. que :
|un−α| ≤ 1
4 n
|u0−α|. (21)
MontronsPn+1, i.e. :
|un+1−α| ≤ 1
4 n+1
|u0−α|. D’apr`es 2.(b), on a :
|un+1−α| ≤ 1
4 |un−α|. (22)
En multipliant chacun des membres de (21) par 1
4 ≥0, on a : 1
4 |un−α| ≤ 1 4×
1 4
n
| {z } 1 4
!n+1
|u0−α|. (23)
De (22) et (23), on d´eduit alors :
|un+1−α| ≤ 1
4 |un−α| ≤ 1
4 n+1
|u0−α| et doncPn+1 :
|un+1−α| ≤ 1
4 n+1
|u0−α|.
• Conclusion
De l’initialisation de la propri´et´ePnau rang 0, de l’h´er´edit´e et de l’axiome de r´ecurrence, on d´eduit que :
∀n∈N |un−α| ≤ 1
4 n
|u0−α|.
(d) Soitn∈N. De 2.(c), on d´eduit que :
− 1
4 n
|u0−α| ≤un−α≤ 1
4 n
|u0−α|. (24) En effet si X ∈R et siA∈R+, |X| ≤ A⇐⇒ −A≤X ≤A. En ajoutantα`a chacun des membres de (24), il vient :
α− 1
4 n
|u0−α| ≤un≤α+ 1
4 n
|u0−α|. (25)
D’apr`es le cours et−1< 1
4 <1, on a : lim
n→+∞
1 4
n
= 0.En utilisant les op´erations sur les limites, on obtient alors :
n→+∞lim α− 1
4 n
|u0−α|=α et lim
n→+∞α+ 1
4 n
|u0−α|=α.
De ces calculs de limites, de (25) et du th´eor`eme d’encadrement, on d´eduit que la suite (un)n∈N
converge et que lim
n→+∞un=α.
(e) La construction des abscissesu0,u1 etu2 est laiss´ee en exercice.
3. Calculs d’aires
(a) La fonctionf ´etant continue surR, on sait d’apr`es le cours que la fonctionF d´efinie par : F: R→R, x7→
Z x 0
f(t)dt= Z x
0
(t2+ 1)e−tdt
est une primitive def surR. Plus pr´ecis´ement, c’est la primitive def qui s’annule en 0. Soitx∈R.
F(x) =
Z x 0
(t2+ 1)
| {z }
u(t)
× e−t
|{z}
v′(t)
dt
I.P.P.= [(t2+ 1)
| {z }
u(t)
×(−e−t)
| {z }
v(t)
]x0− Z x
0
|{z}2t
u′(t)
×(−e−t)
| {z }
v(t)
dt
= −(x2+ 1)e−x+ 1 + 2 Z x
0
te−tdt.
Il reste `a calculer Z x
0
te−tdt.
Z x 0
te−tdt =
Z x 0
|{z}t
u(t)
× e−t
|{z}
v′(t)
dt
I.P.P.= [ t
|{z}
u(t)
×(−e−t)
| {z }
v(t)
]x0− Z x
0
|{z}1
u′(t)
×(−e−t)
| {z }
v(t)
dt
= −xe−x+ Z x
0
e−tdt.
= −xe−x+ [−e−t]x0
= −xe−x−e−x+ 1
On rassemble les r´esultats obtenus dans ces deux calculs pour obtenir :
F(x) =−(x2+ 1)e−x+ 1 + 2(−xe−x−e−x+ 1) =−(x2+ 2x+ 3)e−x+ 3.
(b) D’apr`es le cours, comme la fonctionf est positive sur R, l’aire du domaine du plan d´elimit´e par la courbeCf, l’axe des abscisses, l’axe des ordonn´ees et la droite d’´equationx= 1 est ´egale `a :
Z 1 0
f(t)dt=F(1)−F(0) =F(1) = 3−6 e. (c) Soitx∈R. D’apr`es les calculs effectu´es en 3.(a), on a :
Z x 0
f(t)dt=−(x2+ 2x+ 3)e−x+ 3 =−x2 ex −2x
ex−3 1
ex+ 3. (26)
On a
x→+∞lim x2
ex = 0 (croissances compar´ees)
x→+∞lim x
ex = 0 (croissances compar´ees)
x→+∞lim 1 ex = 0.
De ces calculs de limites et de (26), on d´eduit que Z x
0
f(t)dt tend vers 3 quandx tend vers +∞. L’int´egrale g´en´eralis´ee
Z +∞
0
f(t)dtest donc convergente et l’on a : Z +∞
0
f(t)dt= 3. Cette valeur est l’aire du domaine du plan d´elimit´e par la courbeCf, l’axe des abscisses et l’axe des ordonn´ees.