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Article p.1 du Vol.27 n°293 (2008)

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É D I T O R I A L

Les anglophones l’appellent malaria, « mauvais air » en italien, un nom qui remonte à l’époque où le

paludisme sévissait en Europe. À l’exception des cas importés, le vieux continent en est aujourd’hui débarrassé, les anophèles de nos contrées n’étant plus compatibles avec les cinq espèces de Plasmodium qui continuent à répandre la maladie en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique.

Le mois dernier, le paludisme tuait 401 personnes au Nigeria, sur 50 311 cas recensés à la même

période. Avec les fortes pluies qui se sont abattues sur le pays, les moustiques ont trouvé un terrain propice pour se multiplier, plus qu’à l’accoutumée. C’est l’Afrique qui paye le plus lourd tribut au paludisme, surtout ses enfants. Il en meurt deux chaque minute. Ceux qui survivent ont souvent des séquelles compromettant leur apprentissage, faisant grimper l’absentéisme scolaire puis professionnel. Si l’on ajoute les dépenses liées à la prévention, aux traitements et aux hospitalisations – jusqu’à 40 % des dépenses de santé publique dans les pays endémiques –, l’impact du paludisme sur la croissance économique devient considérable.

Certains pays voient ainsi la leur chuter annuellement de près d’1,3 %.

La science suit, heureusement, ce tragique parcours. En 1976, on

parvenait à mettre en culture P. falciparum et, en 2002, son génome était dévoilé. Les défis restent cependant nombreux, à commencer par le très attendu vaccin. D’autres pistes semblent tout aussi prometteuses : on connaît finalement assez mal le rôle de la salive du moustique ou de la flore intestinale de l’homme dans l’infection. On pense même à stériliser génétiquement les moustiques. Car il est encore trop tôt pour crier victoire et donc impensable de faire l’économie de la lutte antivectorielle.

Ce sera peut-être là le secret de l’éradication de la première endémie parasitaire mondiale : une approche combinant toutes les stratégies.

En attendant, on traite les accès palustres, y compris leurs formes les plus graves. Mais les traite-

ments restent hors de portée de bien des familles. Comment considérer qu’une « maladie de pauvres » ne soit pas un marché ? Surtout quand les pauvres en question, touchés par ce « palu » dont nous nous sentons bien éloignés, représentent potentiellement la moitié de l’humanité. G

Safi Douhi

Paludisme

Une catastrophe sanitaire et économique

BIOFUTUR 293 • NOVEMBRE 2008 1

© S. DOUHI

“Le mauvais air”, Pont des Arts.

Inaugurée le 9 septembre, en pleine semaine internationale contre le paludisme, l’exposition du photographe William Daniels tranchait avec le décor parisien.

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com

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