É D I T O R I A L
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a presse a largement marqué les quarante ans de mai 68. Ayant vécu cette période comme jeune post-doc à l'Institut Pasteur, ces événements me semblent à la fois très proches et très lointains. L’Institut Pasteur occupe toujours les mêmes terrains et le bâtiment où ont œuvré Jacques Monod, Françoise Jacob et leurs équipes est resté quasiment dans le même état jusqu’aux grands travaux de renouvellement initiés depuis peu.C
e qui rend cette époque très lointaine est le changement qui s’est produit dans la carrière des chercheurs. La « révolution » de mai 68 a marqué le début d’une période d’expansion et un sentiment d'optimisme parmi les jeunes chercheurs.Il y avait dans les années qui ont suivi un nombre important de postes disponibles, et les critères pour se distinguer comme chercheur talentueux ne semblaient pas hors de portée. Le rêve d'une vie créative dans un environnement dynamique était permis, sans trop de souci pour arrondir les fins de mois.
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e printemps 2008 s’inscrit dans une autre logique. La tendance est de mieux structurer le recrutement et l’évaluation des chercheurs, ainsi que la distribution des crédits de recherche, par une standardisation de mesures. Le dossier du mois présente plusieurs aperçus du système qui s’installe. Il est clair que les efforts apportés dans le cadre des législations récentes ont de nombreux points forts, tout en soulevant certaines interrogations que nous adressons ici.Le but de rendre le processus plus objectif est louable, mais le rêve des jeunes chercheurs dure- t-il encore ?
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our que la science en France s’épanouisse, il faudrait inciter les meilleurs étudiants à choisir la voie d’une carrière scientifique. Il est urgent de rendre les conditions plus attractives : les perspectives de 2 000 €par mois à bac +10 sont profondément rédhibitoires.GStuart Edelstein
Directeur du comité scientifique de Biofutur
Nostalgie
des printemps optimistes
BIOFUTUR 289 • JUIN 2008 1
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