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La médicalisation en question: Genève, l'Ancien Régime et la demande médicale

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La médicalisation en question: Genève, l'Ancien Régime et la demande médicale

RIEDER, Philip Alexander

Abstract

Cet article reprend le concept de la médicalisation à travers l'histoire du marché thérapeutique genevois. En procédant à un inventaire des soignants présents sur le marché thérapeutique et de l'évolution de leur activité, l'auteur montre que la société d'Ancien Régime était profondément médicalisée et propose un modèle historique plus nuancé.

RIEDER, Philip Alexander. La médicalisation en question: Genève, l'Ancien Régime et la demande médicale. Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève , 2011, vol. 38, p. 3-31

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:26007

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La médicalisation en question.

Genève, r Ancien Régime et la demande médicale'

par Philip Rieder

Léon Gautier a signé il y a maintenant près de cent ans un ouvrage bien docnrnenté sur rhistoire de la médecine genevoise.

Aujouc;~d'hui, le lecteur y trouvera une mine d'inform~tions sur l'histoire de la corporation regroupant les médecins, les chirurgiens et les apothicaires: la Faculté2: ainsi que sur les vies et les écrits des praticiens reç.us à la pratique à Genève, C'est une référence incontournable pour l'histoire genevoise: un statut qui justifie sa réimpression récente par Georg'. D'un point de vue méthodologique, il serait facile de dénigrer cet ounage aux relents positivistes face à la production récente, plus critique, des historiens de métier. Gautier était médecin avant d'être historien. Le procès de la tradition dont il est issu est sans cesse rejoué depuis un quart de siècle, Or. il semble aujourd'hui plus approprié de s'interroger concrètement sur les apports des problématiques récentes de l'histoire médicale à l'histoire de la médecine genevoise au cours de

r

époque moderne, N'en déplaise aux détracteurs de l'histoire faite par des médecins_

les nouveaux contours de la discipline sont le plus clairement des- sinés par des médecins historiens tels qu'Henrv Sigerist et Er"in Ackerknecht4, La transformation la plus radicale et la plus durable

La recherche expo:;~(' ici a béndicîé (funf' suhwntion du F.\"S (no 11-t-068111 ). }t' remercie Andrea Carliuo C't \Iichclüw Louis-Coun.-oisier pour leur lecture COIJStnlctivc de versions antéricun·.~.

2 L<' tcnne Faculté désigne alors la corporation médicale et n'a aucun lien aYtC ]"insti- tution cr enseignement qui OU\TÎra S{'S portes à Genève Cil 13-:'6.

:~ Léon G.\lTJEH. La médeciw à Genèr·c jusqu la fin du dLT-IIIlitihne sif.cle. Gcnèw.

Georg .. 2001 ( 1 ". éd. 1906).

4 Pour un premier aperçu de la contriblllion de ces ck·ux auteurs, \·oîr Erwin H. Ac-

KERK'>ECifL :f Short Hùtor}··ofJ!edicine. Baltimore etc .. John Hopkins Cniv. Press. 1932 ( 1963):

Henry E. SiCEHIST. /1/li.~ün~· ofJ!edicine, 2 vol. . .\"cw )'ork. Oxford l"niv. Pres,;. 19.51-1961.

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GE'\f:YE. L',\'\CJE'\ HÉGJ\!E ET LA DD!A\DE 'IÉD!CALE

élaborée par ces auteurs esL dans la perspective adoptée ici, la redé- finition même de ce qu'est la médecine et par conséquent du champ historique envisagé. Pour Sigerist et AekerknechL la n1édecine ne se cantonne pas à une science toujours plus performante alimentée par une lignée de penseurs introduisant successiven1ent de nouveaux faits scientifiques. mais s ·apparente à un vaste champ englobant r en- semble des pratiques et des savoirs (nais ct faux) qui conditionnent la gestion de la santé.« L~histoire de la médecine~ écrit par exenrple Sigerist en 1%1 déjà. étudiera la santé et la maladie à tracers le temps. les conditions pour la santé et la maladie, et l'histoire des actiàtés humaines qui tendent à promoul'oir la santé, à prérenù·la maladie, et à ramener le malade à son état origineL et ce quels que soient les indicidus actifs "'· L emploi du futur n'est pas anodin et de ces principes érnergeront des travalLX sur les rnédecins irrégu- liers, les médecins itinérants._ les pratiques médicales don1estiques~

les politiques médicales étatiques, etc. La finalité de ces quelques pages est de penser les effets de ce changement de perspective sur la façon dont on peut appréhender aujourd'hui rhistoire de la 1nédecine geneYoise.

Positiver l'histoire, médicaliser la société

Cn des premiers constats pour celui qui cherche à restituer la médecine genevoise dans une perspective historienne est la diffi- culté de donner sens à cette histoire sur la longue durée. La grille de lecture articulée autour de notions de « progrès » et « d~efficacité »

étant n1ise de côté en raison de son inaptitude à énoncer autre chose que le gouffre qui sépare la médecine d'aujourd'hui de celle d'hier, il est tentant d'emboîter le pas à une historiographie croissante qui mobilise le concept de médicalisation pour signifier les changements du moude médical à travers le temps. Rarement définie avec pré- cision dans la littérature historique. la médicalisation y désigne le plus souwnt deux mouvements complémentaires. Le premier est le tnonopole progressif érigé par les tnédeeins de fonnation scientifique sur la pratique médicale. Le second est la mainmise de la bio-mé-

. '5 Cette traductioll est la mirnnP (Sigeri.st._ A llislo0·o/:lfedicine. t. 1. p. 7). Il faut f.g.ale- ment citer !"appel fait par :\ekerkno::dn en fawur d"un élargissement des contours ck l"hisroire médicale en pa,:;sant. notammPnt. par une histoire des pratiques: En>in H. AcKERJ..:'\ECllT. " .-\

Plea for a ·BdwYiorist",-\pproach in \Yriting the History of :\ledicine ». ]ollmal rlthe !-lis tory t~f.l!edirirw and A/lied Sciences. :22 (196?). pp. 211-214.

AHTICLE

deeine sur de nombreuses sphères de la vie quotidienne (naissance.

sport~ Inort~ sexualité" etc. )6. La n1édiealisation est générale1nent décrite eon1me un processus cOininençant au n1ilieu du X\lir siècle et se poursuivant jusqu'à aujourd'huf. Elle désigne des innovations ou des évolutions qui tendent à rapprocher le modèle historique envisagé de la réalité médicale d'aujourd'hui, e'est-à-dire le chemine- ment menant à une médecine conçue et pratiquée par des médecins formés à runiversité. Cette notion aune sur la possibilité de com- plexifier le schéma historique en lui associant la notion de résistanee:

il de,ient dès lors possible de rendre compte de cahots rencontrés sur le chemin de la médiealisation, voire plus réeemment de démédiea- lisations. Le coneept de médicalisation est fortement enraciné dans la tradition foucaldienne où il signifie l'invasion progressive de la vie quotidienne par un discours médical élaboré par des chercheurs universitaires et promulgué parr autorité politique, mais également le processus d~'assujettissen1ent des laïcs à ce discours9. Deux chantiers

6 Ce dernier point est présenté comme une dépendance toujoms crois5ante de la soeihé Yis-à->-îs de la profession médicale pour la >ie quotidienne (Ivan h.ucn. Xémésù, ml:rlicale:

texpropriation de la santé. Paris. Seuil. 19?5 [1 ,. éd. anglaise 197.')]. Pour des déwloppenwnts plus théoriques, voir Francisca Loetz. f-'Om Kranken zum Patient en: diedikalisierung ~ und medbinùclw f"ergesellschaftungam Beùpiel Badens 1750-1 S/iO. Snmgart. E Steiner [.lfedi.::;in.

Gesellschaft und Geschichte Brih. 2], 1993. pp. 43-56: \hulin DI'\GES. " The R<'ceplion of

~'lichel Foucault"s ldeas on Social Discipline. :\lent al Aslyums. Ho.:;pirab and rhe :'.ledical Pro- fession in German Historiography »._in Colin Jo'\ES et Roy PoRTEB [ éds J, Heasscssing Fourault.

London &. :'\ew York. Routledge. 199-t. pp. 190-19:.L Karine HtBEH.T. " La médicalisation.

évolution du di:;cours médical français aux .\Ylll'" et Xl:\" sièdes "'·Cahiers d"histoire. La Renœ du Département d1Iistoire de l"Cnicersité de .lfontréaL 18 [1998]. pp. -+:3-53: Olh-ier FM."!\1·:.

" La médicalisation YlH' par les historiens '"- in Pierre .-\.L\CJl et Daniel DEL\'\OË [ éds l L "Pre de la médicalisation: ecce homo sanitas. Paris, Antbropos, 1998. pp. 5:3-68: Rohert :\.. "'\YE.

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- Yoir par exemple Jean-Pierre GoCREHT. "The :\"ledicalization of french Socicty ~.

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3 Cn proccssu:; historique qui Yoir baisser raulürité culturelle de la médecine. \"oir le dévdoppemelll de Janet GOLDE\". ~·An Argument That Goes Baek to the \Y.omb·: The De- medicalization of Fetal Alcohol Syndrome, 19?:3-1992 » . .Journal of Social Hùtol)·. 1999.

pp. 2?0-271 .

9 :'.Iichel F oucauh lui-mênw tend à l'employer pour signifier r assujeHis>wment des laïcs à rautorité du pouYoir médical (le docteur médecin). Pour l"usage simultané de~ denx sens.

voir l"article d'Annr; TH.-\L\.\IY._ «La médicalisation de !"hôpital"' in :\liche! Fou:AU.T (éd.).

Les machines à gufrir (ara origines de ["hôpital moderne). Brnxclles <'tc .. Architecture et

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GE:\1':\T. L'A:\CIE:\ HJ:GI\IE ET 1 A DDL\:\DE \IÉDIC\LE

sont mobilisés spécifiquement dans les récits de médicalisation. Celui de l'histoire de !"hôpital et celui de !"histoire des métiers: plus les hôpitaux seraient techniques~ plus Jes nlédecins fonnés à runiversité seraient nmnbreux~ plus la société serait n1édicalisée.

Pour l'historien du monde médical de l'époque moderne, la rhétorique de la rnédicalisation a Pinconvénient de laisser entendre ql1e la sodété d:avant 1750 n'-était pas: ou du rnoins~

peu médicalisée. Il '" aurait donc deux champs historiques. celui d'avant et celui d" après le début du processus de médicalisation.

Le monde médical d:Ancien Régirne se n1ue ainsi en repoussoir des dhcloppements postérieurs. relégué dans l'univers conceptuel de l'inefficace. voire du folklorique. Or. s'il est légitime de considé- rer cette période comme bénéficiant c1· un contrôle des pratiques Inédica}es peu centralisé- ressentie] des décÎSÎOHS étant prises SUT

un plan local-. les archives ne signalent ni rabsence de praticiens ni celle d'une demande pour des serYiees médicaux. De nombreux soianants a tL~ titres très différents étaient alors actifs. Les historiens ang}o-saxons problématisent la pluralité des praticiens en termes de marché médical: r offre médicale serait régie par la demande.

Le modèle est souple dans sa capacité à coller à la réalité des

échanges~ n1ais flou lorsqu._il est question Œévoquer les transfonna- tions sur le long terme10 Si on peut adhérer à cette lecture, il faut égaletnent tenir C0111pte des transfom1ations importantes de roffre médicale. Le survol de l"histoire genevoise qui suit a pour objectif de sonder le dvnamisme propre au monde médical d" Ancien Régime et d'isoler les variables influant sur révolution des commodités et des services médicaux à la disposition des habitants de la ville.

Les nombres et les acteurs

Linclice le plus couranunent n1obilisé pour évaluer le niveau de médicalisation d'une communauté, dans un cadre qui prend à la fois une dimension géographique et professionnelle, est le nombre

:\rchin·s. 19?9. pp. 31-38.

10 Yoir IPs analyses présPnt{·es in .\lark S. H. Jl:\\ER x·t Patrick \'i/,\LU;,o. ~ The .\ledical .\{arketplace "·in .\fpdirùw and tlw Jlorlœt in England and ils ColonÎPs. c.J..i.50-c.JS50.

BasiugstokC" Ne .. Palgran; .\lacmillan. :WO'?". pp. 1-2:3: Philip RIEoElt " \kdeeius C't palients à GenèYe: offre ct consommations thérapeutiquc-5 à l"tpoque moderne"· Rerue d'histoire modenw el corrlemporoirw 52 (2005). pp. :39-6:3.

ARTICLE

de tnédeeins. _Les cmnpagnes n'auraient bénéficié~ avant la << n1é- diealisation "• que d'un encadrement médical limité._ eL une fois le processus déclenché: des cohortes toujours croissantes de jeunes pro- fessionnels s· Y répandraient. apportant la médecine dans les contrées toujours plus reculées11. Ce schéina: mêtne s~il n~est pas toujours formulé de façon explicite demeure largement tributaire de lldée que la médicalisation est une finalité souhaitable. L'histoire sociale a hérité iei de quelque chose de la téléologie propre à !"histoire de la médecine traditionnelle. Face à la définition large de la médecine qu'offre Sigerist, la notion de médicalisation ne pe;:;t s'expliquer que par le remplacement d'une pluralité d'acteurs par un seuL le méde- cin universitaire~ et par conséquent~ par la substitution d'une seule rnédecine à une m.ultitude de médecines. Pour pouvoir intégrer nos données dans un tableau plus large, il faut procéder à des compa- raisons. Genève se présente d~emblée cOinine une vi.lle intéressante dans cette perspective. Cne haute concentration de praticiens s\·

déploie dès la Héforme. La densité médicale genevoise peut être évaluée à approximativement un rnaître chirurgien/un médecin pour 1000 habitants dès le milieu du

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sièele. La densité fluctue alors considérablement en raison de la mobilité de la population, mais se stabilise au :\\'Il' siècle de nouveau autour d'un praticien pour 1000 habitants, avant de croître considérable1nent au n1on1ent du Second Refuge. Cn premier pic est atteint en 1700 lorsque la ville compte un maître-chirurgien/un médecin pour 500 habitants. Ccst trop.

La densité baisse alors jusqu'en 1770, plombée par de nouwaux règle1nents qui restreignent !"accès à la xnaîtrise et le nmnbre de bou- tiques. Ces mesures débouchent sur une multiplication des échelons au sein de la corporation sans restreindre sérieusement le non1brc de chirurgiens et d" apothicaires actifs dans la ville"-

La densité médicale à Genève est forte lorsqu'elle est com- parée aux données disponibles pour d'autres lieux. L'Anjou. la Bretagne et même Paris connaîtraient des densités plus faibles H 11 Selon Jacques Ltn:\,\RD: « llndice de la médîcalî~ation est le rapport entre le nomhre de médecins et celui de la population " (Les mfdecin.> de roues! au .u.r: siède . . 3 YOL Lille etc.. Atelier de Reproduction des Thèse,;._ 1978. t. 1. p. 7:)).

12 Philip RlEDEfL Analomi<' d'une institution mtfc/icale: la Fawlté de médPcine de Cenère JS76-!920. GPnèn·-[ete.], .\Iédeeîne et Hygiène. 2009. pp. 22<~3.

13 1 médecin N 6 chirurgiens pour 1 o·ooo habitant,; en Anjou: François LFIHll'\.

Les homnws et la mort eu Anjou O!l.T .Yf!f" et .\!llf. siècle.~: es.wi di" dimogmphif' el de p.~n·ho­

logie historiques. Pari~ etc .. \-fouton. 1971. p. 218. 1 praticien pour 4000--t.SOO habitant,. en

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GE:\E\"E. L•A:\CIE:\ RE(;!\ IL ET LA DE.\L\'\Dlc \ILIJJC,>LL

Cne densité proche de celle de Genève est attestée dar;_s certaines villes italiennes de taille movenne à la fin du Moven AgeH dans des villes de petite importm~c:e du Rovaume de :\aplescau cours de l'époque moderne'·' ou encore, dans de petites villes du nord de rltalie"'· Des villes spécialisées comme les villes portuaires de :\antes, de St-Malo et de Rennes pouvaient également se targuer d'une densité médicale proche de celle de Genève". Cne différence s'impose pourtant: dans l'ensemble des lieux mentionnés, la pré- sence de Jnédecins universitaires était netten1ent m.oins fmi:e qu'à Genève et le soignant ordinaire était le plus souvent un chirurgien ou un apothicaire. La haute densité genevoise peut être partielle- xnent corrélée avec rétablisseinent de non1breux praticiens réfugiés au milieu du :wl" et au début du :\\li!'. siède13. S'il est évident que les cadres médicaux étaient nombreux à Genève, la réalité de la pratique signale les faiblesses de ce mode d. évaluation. Calculer la densité Inédicale en ne tenant cmnpte que des maîtres chirurgiens et des docteurs entraîne deux distorsions regrettables. La première est d'écarter les praticiens subalternes (compagnons, domestiques et apprentis) et les apothicaires pourtant nombreux: la seconde est que le calcul n'a de sens que 'is-à -vis du monopole des médecins

Bretagne: .kan .\ÏEYEFL" Le personnel médical en Bretagne à la fin du X \"Ill'" siècle''·. in Jféde- cins. elima! et épidémies à la fin du _ïflff" siècle. Paris etc .. \lon ton & co, 1972. pp. 17-t-179.

100 mé.decim cl 2;')0 maîtres chirurgiens pour une population de quelques .500'000 âmes à Paris. Il y aurai! de nombreux chirurgien;; exerçant illfgalcmcnt dans cette \"ille (env. 2000 en 17:2":): Toby GEJ..F.\:"D, Pro.fesûonalizing modern medicine: Parù surgeons and medical science and institutions in the 1Sth Cenlwy. \\"estport c1c .. Greenwood Press (Contributions in mr:diml his tory ne 6). 1980. pp. -tO cl 17. Pour la population de Paris: Daniel Hocr-JE. Le prup!<? de Paris, Paris. :\uhier. 198L pp. 21-23.

14 Katlwrinc P_-\ll!\ arri·n~ à des chîffrps similaires dans son étude sur Florence au Sfuil de la Renaissance (1 rnédf'cin pour un pen moins de 1'000 habitant.~ [Doc/ors and .lfedicùw in EGr~r /?('naissance Fforl?nœ. Princf'ton. Princeton CniY. Press. 1985, pp . .36-58]).

1'~ DaYid GE'>TILCOHE. I-Ieahn ond 1-!ealin{! in Ear(y Jfodl?rn lta!,r. \Ianchc.swr etc ..

.\lauchcster L"ni Y. Pres:-::. 1998.

16 Cne petitf' yilJc. par exemple. comptait 1" 450 habitant~ pour trois magasins d' apothi- caire~ f't un barbin: ( Ewlyn S. \YELCI-L Shopping in the Renaùsonœ: Consumer Cultures in !toZ': 1-J.00-1600. :'\cw l-IaYen etc .. -.\'"alf' Cniv. Press. 2005. p. 9 ).

17 .\lErEH. «Le personnel médical en Bretagne à la fin du X\"lll" siècle"· pp. 17+179.

Hl Rohr:rt .\L\:\Dl\OL «Les Françai:; hors de France aux \\T'et :'\YI( siècles». Annales:

histoire. scienres sociales. 1-t (19S9). pp. 662-666: Hobcrt \·b:\DHOl". « Les protestants français rdngîés à GPnève après la St-Barthélémy ». Rerue Suisse dlJistoire, 16 (1966 ), pp. 2-t:3-2-±9:

Paul Frédéric GEISE:\DOHF. Lirre des habitants de Genère, 2 vol.. Genève. Droz ( Trarou:r dïuunanisme et Renaissance), 19S'?' & 1961: Alfred PEI\HlC::\Ol"D er Gene,--ièYe PEnHET. Lirre des /-labitanls de Genère 16.54-! 792, Genhc etc .. SHAG (Jfémoirr'.> ('/ documents) .. 198.5.

\HTICLlc

universitaires du :\1:\'' dont il permet, finalement, de jauger mala- droitement de la progression. Les autres acteurs du monde médicaL.

notmnment les charlatans._ les rnèges19~ les guérisseurs et les sages- fernnles sont négligés. Si une poignée

cr

auteurs ont été plus loin et ont cherché à p~~c~,der à des rece'---'nsernents plus larges. ineluant les acteurs dont le statut de rnédecin était reconnu à leur époque~ ces essais ne permettent pas encore d. établir des comparaisons: on ne peut que constater la présence de nombreux saignants subalternes ou non-orthodoxes dans différents lieux"'·

Au-delà de la présence d'une élite médicale, comment ha- luer l'importance de la médecine dans la société d'Ancien Régime?

Le deuxième volet de cet article vise à donner une idée de la na- ture des prestations rnédicales mobilisées par les Genevois entre la Réforme et la fin du XVlll' siècle. Il s'agit d'établir le degré et la na- ture de la médicalisation de la société ~!'Ancien Hégime

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travers un inventaire des figures offrant des soins à Genève ~t dans sa région.

Pour ce faire~ une attention particulière est prêtée mu: pratiques et à leur évolution au cours du te1nps. Les pratiques réputées supers- titieuses et/ou rnagiques constituent un bon point de départ étant donné qu'elles bénéficient d'un statut particulier à Genève; d'autres ..

cormne celles des artisans et des docteurs genevois., dont il sera ques- tion plus loin, témoignent de réalités répandues ailleurs auxquelles les règlernents locaux confèrent une teinte spécifique.

19 Cnhissf'nr sédentaire-. médîca:=:.trc.

20 Lt>s travaux cnvîsagC'ant des praticiPns au-delà de leur cadre corporatif sU"icto seTh\!

condu0nt à des dcnsitP:; élevées de praticiens. Toby Gu.F.-\.\"0 éYalUf~ la pré~enee de pr~s d\m chirurgien pour 1000 habitants en France au .\\ïll" siède . .\Iargaret Pclling élargit aussi ses

criti:~res dans son tranlil sur :\ol'\\icb. nne Yille de taille comparabk à Gcnèn où elle trouYc des densités devéf's de praticiens. Son éYaluation de 1 praticien (barbier, chirnrgicn ou médecin) pour quelque 2":':) habîtan!s est dîfî-iC'ile à comparer an·(· les donn0cs exposée." ici.

Andrew \"\"t>ar a C<.'rtainement raison de compter le." chirurgiE'n.".méde<'iJJs f't apothicaire~ pour conclure à une densité d' t"JlYiron un praticien pour 400 habitants en AngletcrTe wrs 1600 (Toby GEI..FA'\0. "Denx ntltnn·s. nne profession: les chirurgiens français au X\ïf!' siècle ,, RPrur? d"histoirP modPrne rf contemporaim:. 2'?' (1980). pp. -t68--t8-t: :\hrgaret Pa.u:-;c.

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GE:\EYE. L'A\C:IE\ REGl\IE ET LI DDl\\TJE \IEDIC:ALE

La Heligion et la santé

Par rapport à la Genève d'avant la Héformation, outre

r

afflux de praticiens réfugiés déjà mentionné, la principale caracté- ristique médicale de la ville après 1;5.36 est celle d'être une commu- nauté interdite aux thérapeutes religieux et alL\: saignants recourant à des artifices << superstitieux ». I. .. a guerre rnenée par les cadres du n1ouvernent réfonné contre les faiseurs de mi rades et la superstition dont la médecine religieuse faisait très logiquement partie, est bien connue21. La répression elle-n1ên1e nous renseigne non seuJen1ent sur la nature de la demande pour des soins de ce tvpe au moment de la Réformation. mais aussi sur le maintien de eette demande pendant l'ensemble de l'époque moderne. L'histoire du recours à la méde- cine surnaturelle dans des contrées réfonnées reste encore à écrire.

La publication en cours des archives du Consistoire geneYois permet- tra d'élaborer une étude de cas substantielle 22Pour l'heure., seuls des sondages peuvent nous permettre de dresser une esquisse historique de ees pratiques. Au lendemain de la Réformation, de nombreux Ge- nevois peinent à renoncer soit au recours à des soignants employant des incantations ou des rituels surnaturels. soit à rintercession d:un saint. soit encore aux services d~un centre spécialisé con1n1e le centre de répit ?\otre Dame de Seyssel où les parents d'enfants morts-nés ponYaient espérer \·oir leur enfant revivre le temps d'être baptisé23. Saint-Claude figurait parmi les saints les plus populaires et de nom- breux pèlerins se rendaient à Saint-Claude dans le Jura, notamment le 6 juin~ jour consacré à ce saint. pour lui rendre grâce pour son aide2"'. La répression menée par le Consistoire pennet d:-isoler des Genevois recourant à rune ou à rautre de ces« pratiques supersti- tieuses ».voire encore des noms d:indiYidus consultant des men1bres de la Contre-Héfonne établis dans des villages savovards situés à quelques encablures des murailles de la Yille ~euleme1~t. Le 25 avril 160.5, par exemple, Michel :Vlonard est cité à comparaître pour être

« allé avec sa femrne et un sien petit enfant ünpotent en un village ici

21 Beth l-Yonne L\:'\C:O:T\FF. Tempomt.<· G{(!s: John Calrin :5 Doctrine Of the Cessation of .lfiracles. Phd di;;;; .. Princeton. L\11 .\linofomJ. 1999.

22 Thoma;; :\. L"mErrr Pf al. Heçâstres du ConsistoirP de C:cnère au temps de Calrin.

-t Yo\.. Genhc. Droz. 1996-2007.

2:l Sur les centre;; de répit. nJir Jacques G1~1.1:0:. Les er!(ants des limbes: mort~nr!s ct parents daru; l'Europe dmitiennP. Pari;;. L. :\udilwn. 2006.

24 D. P. BE\"OJT. Histoire de rrtbba.w et de la terre de Saint-Claude. 2 nJl.. \lontreuil- Sur-\·ler. Imprimerie rk ln Char1Teuse rk ~otre-Dame de;; Près. 1890-1892 .. t. 2. p. 2·H.

AHTICLE

près pour trouyer un prestre pour le prier de guerir ledit enfant >>::.).

Des cas comme celui de ;\!onard ressurgissent régulièren1ent jusqu:au

xnne

siècle. Entreprendre une guérison « superstitieuse » ne requiert pas svstématiquement la présence d"un prêtre. Le 21 juin 1649.

Rolette F alquet comparaît devant le Consistoire, soupçonnée d'a,·oir fait dire des neuvaines pour son fils malade. Elle s'en défend, mais avoue avoir envové son fils à Pouilh-à la fois pour qu'il change d'air et que le septième fils de son frère le touche, un geste qui devait le guérir des écrouelles"'. Comme cette mère de famille. de nombreux fidèles s:·efforcent de nier ou du moins de minimiser leurs gestes sans pourtant toujours prêter si maladroitement le flanc à

la

critique.

A cette époque, les Genevois étaient nombreux à c;msulter Tvwnt Collomb et ses successeurs, des gué1isseurs établis à Etrembières. qui offraient à la fois de remèdes orthodoxes et des soins rituels ou surna- turels :r:-. La lecture des non1s des Genevois accu~és par le Consistoire de recourir aux services rnédicaux proposés à Etren1bières révèle à quel point il est difficile de séparer Ia médecine officielle de la mé- decine irrégulière. On v trouw Pierre Blandin (né 1618), chirurgien.

em·ové en 1640 par sa famille pour consulter le guérisseur sur le cas de son oncle, lui-même docteur en médeeine"8 Les malades d'Ancien Régime n'opéraient pas de distinction radicale entre Ies praticiens réguliers et les saignants iJTéguliers : face à la maladie. le choix du pr'ittieien n'est pa~ arrêté encfonction de son degré d'orthodoxie.

La médecine irrégulière faisait alors partie de l'offre médicale.

La liste exhaustive des affaires traitées devant le Consistoire per- mettrait d" établir une cartographie des soins alternatifs disponibles autour de Genève. Pour l'beure, il suffit de retenir l'idée que l'offre était forte et que les habitants réformés de la 'ille continueront à Y recourir jusqu'au X \'!Il" siècle, date à laquelle ee tvpe d'affaire semble cesser d:întéresser les rninistres et les anciens du Consistoire.

Le refus réformé d'admettre non seulement la possibilité de guérisons 111iraculeuses: mais égale1nent les pratiques elles-tnênH'S:

est perçu comme une faille par certains membres de la Contre-Ré-

2;j 26

AEG. Registre du Comistoin~ [désormais: R. Consist.J. :3.3. p. 19 ( 2:5 aYrîl 160.3 ).

.AEG. R. ConsisL :36. p. +4 (21 juin 16-t9).

27 Yoir Philip RlEDER {'1" Chri~tine Tou~\". " Le Conseil et la santé: hii'IOire

cr

UUt' autorité médicale laïque ».Les regù!res du Conseil de la République de Genère sous l>lwien Régime.

,\·m,relles approches. nourelles perspect.ires. GenPn~. :\rchin·s de l'État de Genève/Fondation de rEncyclopédie de Cenèw. pp. 1-tû-1-+1.

23 AEC. R. Consist. 55. 1'.111 (31 mars 16-tO).

11

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12

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GL\E\T. L . .\:\CIE:\ REGü!E ET L\ DDH:\DE \IEIJIC\LE

forme qui profitent pour exercer une pression à la fois médicale et religieuse sur la cmnrnunauté. De nmnbreux cas jalonnent rhistoire de la cité. mais les guérisons miraculeuses de Claude RomeYille en 1702 en sont hllust~:ation la plus aboutie.

A

cetre date, Romeville est un père jésuite établi depuis peu à La Hoche. soit à 25 km emiron de Genève. Il possède un anneau qu'il affirme avoir été au doigt de saint François-Xavier (1506-1562). Fort de cet atout._ il opère des guérisons. Les malades touchent la bague. boivent à l'occasion de

!-eau dans laquelle elle avait été trempé~ et récitent des neuvaines"'- Le succès est ~mportant et des malades affluent de contrées proches et éloignées. A Genhe, le Consistoire s'active et accuse cinq habi- tants de la ville d. avoir tenté le rituel thérapeutique à La Roche.

La correspondance adressée par Homeville à l'évêque rh·èle ses intentions: il réclame à la fois patronage et finances pour établir une chapelle~ un « boulevart eontre les hereticques qui paroissent un peu ébranlés ,:;o Dans ses lettres, il fait état de plusieurs Gene- vois intéressés par le potentiel de guérison catholique. Le 15 août

1 ?02, le jésuite se réjouît. « :Vfrs de GenèYe eomrneneent à venir icy.

Cn Messieur m· a porta son Enfant que je fis marcher. Cn Gentil- homnw rne dkt amener deux de ses enfans rnercredi prochain »:31.

Ailleurs. il affirme ne pas clouter " qu'ils ne sont convaincu par les actes incontestables que nostre Religion est la Veritable où se font de si grands n1iracJes et on a ouy ces jours passé des Genevois qui dirent apres avoir bien disputé qt/ilz eroyoient qu~il estoit plus sur d'être dans la Religion ou les muets parlaient que clans la leur ""'·

En énurnérant les 1nalades guéris dans ses lettres à

r

évêque. il insiste

particulièreinent sur ses patients genevois et n1entionne des nobles des familles Tremblev et Tronchin. ainsi que l'effet supposé des cures sur la ville réformée'13 Le 17 aoùt 1703, il affirme avoir fourni

2<~ Lf'au de Françoi:" XaYier t~M égalenwnt employée par df':" jé~uitc::, opérant dans les territoires aliemand:-quelques années plu:; tard (Tn·Yor JoJJ:\"ciO\. "'Blood. Tears. and ..XaYier

\Yater ,,_in Bob SCHIB\EH and TreYor .loJ 1:\"30:\ L édsJ. Popular Ne!igion in Gcrmanyond (entrai Europe. J-j(}O-JSOO. ::\C"w York. S1. :\lartilù Press. 1996. pp. 18.3-202).

:~o Arehiws départementales de la Hamc-SaYoic [ADJ-ISJ. 1 G 226. Claudf' Romf'Yille à

\[icbel Gabrif'l de R11ssillion de Bernex. La Roche. s.d. !mai 1:0:31.

:n .\DHS. 1 G 226. Claude HomeYitle à \lidwl Gabriel de RtJ~;;illîon de Bemcx. La Hoche (1.') aoùt 1702).

:1:2 :\DHS. 1 G 226. Chmde Homnille à \lichel Gabrif'l de HtJSsillîon de Bernn. La Roch(' (après 11 noYembrc 1702!.

:b La memion de non~s de nobles geneYois est in1éressante à plus <hm litre. Lf' Consis- toire ne prend pas la peine de i~·;; conYoquer. confirmant ainsi la thèse d_p Bernard lX:'C-\ZE

ARTICLE

aux Genevois de quoi « reconnoistre la puissance du Seigneur .. ces messieurs eornmencent à parler 1noins haut et à n1oins combattre les merveilles opérées qu'ils ne faisaient auparavant ,.,,_ Homeville arnbitionne explicit:ernent de convertir les Réformés genevois:3.>.

Dans les rues de Genhe._ un noble savovarcl. le baron de :\"ovén- se promenait " guéri " de la malformation aux pieds avec laquell~

il était né'16 En dépit de renthousiasme que la nouvelle des mi- racles de la Roche aurait suscité à la cour de Louis .\IL la hiérarchie catholique hésite à cautionner des pratiques en apparence si proches de la charlatanerie. L'évêque elu diocèse de Genève-Annecv réclame des tén1oürnages et des attestations sérieuses dans une lettre diocé- saine

daté~

duc11 novemhre 1702. De nombreuses réponses de clercs font état cl\m certain scepticisme eL sans se prononcer officiellement, l'évêque décide d'étouffer l'affaire. En prétextant le danger militaire que représentaient alors les foules d'étrangers, il prie le père jésuite de se retirer'" ... Le discours rationalisant qui accompagne le siècle des Lumières ou, plus généralement, le discrédit dont jouissaient alors les phénomènes préternaturels ou surnaturels._ expliquent la méfiance elu clergé catholique et tendent à réduire la \isibilité de ce type de pratiques, sans pour autant en assurer la disparition'"'·

Les sources p1ivées attestent de la permanence elu recours de familles à des pratiques médicales irrégulières proches de l'occulte. L'attrait constant exercé par l'offre de soins catholiques sur les Genevois se prête à plusieurs niveaux de lecture. Il illustre d'une part les difficul- tés éprouvées par les cadres réformés pour empêcher leurs ouailles de consulter la concurrence et signale clairement que les pratiques

selon laquelle le CoŒistoire r&serYcrait un traitement sp~cial aux ll1C'mLres de rélites <k ln République ("Tunus Consistori. o misf'rere ~-: l'é§!:alüé de traitement devant le Consistoire de Genèse autour de 1600 "·in Danièle Tos.no-Rrco ct \!cole ST .. IRE.\!BEHC [&ds]. So11s !"œil du consistoir('. Lausanne. Études de lettres. 2004. pp. 41-.53).

34 ADHS. 1 G 226. Claude Romeville à .\fichcl Gabriel de Russillion de Bernex. La Rodw (1? aoüt 177-3).

3;) :\DI-JS .. 1 G 226. Claude Homeville à \Iiclwl Gabriel de Hussillion de Bernex. La Hoche (11 septembre 1702).

36 François :\It-C'\IEH. ,, :\otes cl documC'ntS snr révêché ck Gen(~w~ "·He rue Saroisierme (1887). pp. 4.3-4.5.

37

Pour plus de détails. voir Philip HTEDER .. "\Iiracles and Heretics: Protrstams and Catholic Healing Practiecs in and around GeneYa 1 :).30-1 7.30 "· Social !list01y (/:lfedir:Îne

presse).

Sur le retraiT progressif du ment:illeux. voir Keith T!-!0\L\S. Relip:ion and the Declinf' London, Pcnguin. 19?6 (1970); Lorraine .L DASTO\' et Katherirw PARI.:. lf·(mden the Order of;Yaturl? 1150-17.50. ::\ew York. Zone Book;;. 1998.

13

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GE:\f:\T. L'A:\ CIE:\ Hi:GœE ET L\ DDL\:\DE yJf:DTC.-\LE

thérapeutiques étaient un enjeu dans les tensions confessionnelles entre le

xn·

et le \\Ill' siède. D'autre part, cette histoire incite à penser que s'il

s

agit de définir le degré de médicalisation d'tme société d'Ancien Hégime à tra\·ers le temps. Il faut comprendre par ce terme non seulement le discours médical académique et les cadres corporatifs de la médecine officielle. mais aussi les autres pratiques et soignants qui étaient soit tolérés soit dairen1ent intégrés à roffre de soins. La capacité de guérir est soeialen1ent reconnue à d~autres figures et « tnédicaliser » pouvait encore signifier convertir au début du XYI!( siècle.

Les irréguliers: sédentaires et itinérants

Les agents de la Contre-Héforme ne sont pas les seuls à pro- poser des produits peu orthodoxes. En se plaçant à rextérieur des catégories dialectiques classiques~ la science à la 1nagie~. force est de constater que de nmnbreux actenrs offrant des senices 1nédicaux tendaient à associer des pratiques médicales eomnulnes avec un ingrédient surnatureL Cette particularité ne conditionne pas une rupture elaire avec les remèdes plus conventionnels._ notmnment la grande majorité de ceux dont la cmnposition était jalousement gardée secrète. Globalement, le remède et le tour de main qui guérissent re- levaient souvent du secret avant la mé-deeine scientifiqué9Du point de vue de rusager des services InédicaUX, refficacité é111ane nlOÎDS de la compositi'ün objeetiw du remède qu-'il ne peut que rarement connaître. ni des raisonne1nents anatmniques ou physiologiques qui le cautionnenL 1nais dans les succès antérieurs obtenus par ce moyen thérapeutique. L'essentiel réside à la fois dans la réputation du soi- gnant et dans celle de ses remèdes. La place que prennent ces critères pour expliquer roption thérapeutique prise par le malade est une des raisons de re:xistence d\u1e frontièTe floue entre le soignant donleS- tique: celui qui offre ses services dans son voisinage:

~1:

un soignant professionnel. F onnelle1nenL la Jnédecine dmnestique se caractérise par rabsence de réJnunération~ alors que la médecine régulière devait êtTe payante"'0 . La question de la rén1unération est systén1atique1nent

39 Sllr les line~ de ;;cen·ts. YOir \\llliam E.\Wl:\. Science and th(' s·ecr('{S of.Yature: Books of Secrets in .1/edieral and Eor/y Jiodem C11lture. Chichester. Princeton CniY. Press, 199-t.

40 Pom un aperçu plus d(~tailk wîr Philip RlEDUL ~ Poor Healrh and Hcalth for the Poor in Earl y :\lockrn Cenexa n. J-fnziea fntemationalis. S (200'?). pp. 3:3-:)0: Elaine Lr::o:-;(:.

« .\l8king :\kdieines in the Earl y :\lodern Hou;;.chold ""·-Bulletia of the History of .lkdicine.

AHT!CLE

abordée pour qualifier la médecine irrégulière: seuls les produits et les services rémunérés étaient illégaux. Les praticiens i.ITéQUliers agis- saient sciemment à la linlite des ~phères dmnestiques et'professi~n­

nelles, acceptant par exemple des dons en lieu et place d'honoraires.

Leur pratique rnédieale est bien souYent une actiYité secondaire et il est malaisé

rr

en évaluer la portée éconornique aujourd.hui.

La figure de rirréaulier est traditionne1len1ent reconstituée grâce aux

~rchives

de ]a

~·épression.

On ne peut déroger à cette

règÎ~

îci.

La nature dangereuse ou potentiellen1ent « superstitieuse )) de cer- tains thérapeutes irréguliers attirait l:attenrion soit des autorités poli- tiques soit de rinstance garante des IllŒUrs réfonnécs._ le Consistoire.

Les contours des irréguliers se dessinent progressi,-ement et par exclusion~ à nlE'sure que s'-affinent les silhouettes des figures régulières. La distinction entre les irrézu1iers tolérés et les réguliers ag~égés était ténue à r époque de Calvi~-Jacques Carr. par ex~mple, était rnarchand et citoyen. Il justifie sa pratique de soignant spé- cialisé dans la réduction d~os brisés et le traiten1ent de ruptures par le fait que son père le lui avait enseigné~ con1n1e ce dernier ayait lui-mène été instruit par son père"'1Les autorités laïques con11J1e Jes autorités ecclésiastiques et la Faculté ne s·-intéressent pas de près à des pratiques de eette nature. Ce n-'est pas à proprement parler l'activité médicale de Carr qui attirera r attention du tribunaL mais la possible association des soius qu'il prodiguait avec des pratiques dites << superstitieuses )) . Sous la pression du tribunaL Carr a\"Ouera finalement l'emploi de brevets. soit des billets sur lesquels étaient inscrits des mots et des fornmles censés guérir. n·autres habitants de Genève continueront à exereer des aci:ivités sünilaires au siède suivant, en dépit de la codification toujours plus précise des modalités

d~accès aux professions 1nédicales. De tels praticiens se situent du n1auvais côté de Ja linlite du superstitieux dressée par les autorités ré:forn1ées. En 1650. une femn1e aurait cherché à soigner une Ina- lade en se faisant donner ses habits. 4". et les rozneures "des ondes de ses mains et pieds et a le tout porté hors les fr~ncbises de la ~:ille et faire bruller puis faire boire les cendres à la malade et que ladicte fem1ne a di ct avoir den1euré trois jours et trois nuicts par les lieux déserts pour prier pour la malade » "'-Tl serait possible de multiplier

8:2 (2008). pp. 1+3-168.

<I 42

L\\IBE:.HT el al.. Registre.\· du Comistoire. t. 1. p. 4+ ( 20 anit1.5+2).

AEG. H. Con~i~t. 56. p. 100 (:22 anùi 16.50).

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t~l:..\t. \ 1: .. L '.\:'\Cil: •. \ HJ::.,t;nu·. 1::., 1 L:\ Ut.·.,\1.-\.\UL .\JUJJL:\Ll::.,

les exemples de cas, mais ressentie] est de révéler la permanence de ces pratiques, en dépit d-un affaissement du nombre d'affaires touchant des praticiens « superstitieux » établis à rintérieur de la ville au cours du

xnr

siècle .. soit que ces pratiques disparaissent~

soit qu-elles sont mieux dissimulées du regard de tiers. La pratique rnédicale irrégulîère non superstitieuse était largernent tolérée.

Lne habitante de la Yille accusée de pratiques divinatoires au tout début du :\YIJI' siècle, par exemple, se défend en affirmant distri- buer des rernèdes~ sans que cette dernière affinnation ne suscite la moindre réprobation"'1. Débiter illégalement des médicaments pent être présenté cornn1e une actiYité légitim.e et honnête. La persistance des activités de saignants irréguliers dans la ville est attestée indi- recteJnent. Cn désa'--~cord intei~~'enu entre le soignant et son client à propos du payement révèle la pratique de Yiarguerite Davie!•• alors que c~est raccusation d'être une ernpoisonneuse qui rnet à jour en 170.3 le débit par Claude d'Arlay de " sublimé ,.,, dont elle aurait appris les vertus auprès d. un rnédeein-;6 ... De toute évidence~ la vente d'un rernède pouvait eneore être justifiée con1n1e un service de voisinage. L'activité elu marguillier Jacob Pittard (env. 1662-?) s'·intègre dans eette nébuleuse. An cours des prenlières décennies du :\\ïll" siècle, Pinard soignait les maladies vénériennes à l'aide de poudres qui contenaient certainement du mercure. Pittard n'éYeille pas rintérêt des autorités consistoriales lorsqu~il est rnentionné comme le soignant chm mari vérolé. Il faut attendre qu'il accepte un objet volé en pavement de ses poudres pour que les autorités judieiaires s:intéressent à sa pratique rnédicaJe.;~ ....

Si les irréguliers s'imposent en tant que groupe à la fin du :x:n(· siècle, leurs pratiques den1eurent proches de celles des praticiens réguliers. Les critères de distinction se trouvent rnoins dans la fonna-

"

:\EC. H. Consist. "?1. p. 2:}.3 (11 juin 1":'0.3).

44 Les 13 .~oh payPs nf' <:OUf'lÎ1Uent pas mw somme énonnc pour un remède. mais elle est tout de même conséquent(' pour ml ménage modeste. Cn manœm-re gagnait enYiron 20 sol:o par jour en 1:20 alors qu'à la mênw époque une lh-re de pain coûtait -t :;ols (.-\nnc-:'darie Pn7 .. "' ,lr:an \JarL OU"\-TÎer italien rHugié ù Cenf.ve [ nrs 16q0-1 "?72] "· .A Genère et autour de Gcnèn? (ll!.r _\ï!( C'l_mrt sièc!C'. Lausamw. PayoL 1985. pp. :262-:27:3).

-+ii Lf: mot "" sublimé " dé~igne du rnereur<' qui a én:· élevé ~ par le moyen du feu dans un matra.". ou dans une cornuë ~(Dictionnaire de L:,lcadfmiefmnçaüe. Paris, 169--t).

.tb :\EG. R. Consist. "':'1 (29 nm·emhre et 6 décembre 1?0.')).

4: Sur Pinard. Yoir au~::i RtEDEH. ~ \lédecin.s ct patients i:t Genhc ».pp. 50-51.

.IHT!C:LE

tion que dans la nature des affiliations et des statuts indiYicluels ,g

La grande mobilité des praticiens comme de 1~ population clans son ensemble, prend fin après la signature de l'Edit de '\antes par Henri IY en 1 ,S98. Le X\'Ilc siècle sera cahne et les praticiens réguliers se recrutent alors systénlatiquenlcnt au sein de

r

élite sociale de la République: il faudra, à partir de 16-58 être bourgeois de Genèn pour accéder à run des trois Inétiers réguliers" SOit Inédecin: apothi- caire ou chirurgien. C'est au cours de ce processus de durcissen1ent des contours des métiers orthodoxes, et alors que les épidémies de peste s'espacent, qu'apparaît un nom-el acteur .. le charlatan. Trop a été dit et écrit sur cette figure pour qu\1 soit abordé sereinen1ent sans précaution. Avant toute ehose~ il s:agit d'-être conscient que fiinage que nous en avons anjourd'-hui a été élaborée presqu~exdusivernent

à partir des critiques intéressées de ses concurrents~ les docteurs.

Le tenne de charlatan recouvre dans un prenüer te1nps des itinérants d:-origine italienne. 1nais il est rapidernent étendu ensuite pour cOin- prendre rensemble des itinérants~ les vendeurs de re1nèdes secrets~

les vendeurs de thériaque (triacletlrs)._ les vendeurs d'-oniétan"9~

les dentistes ainsi que les opérateurs itinérants. Les produits des charlatans partagent les caractédstiques secrètes ou oceultes des ren1èdes officiels avec~. en prin1(\ une origine lointaine et souvent exotique qui justifie le prix demandé. Le charlatan simpose sur la place publique. Ses arours sont riches et imposams et il se fait connaître le plus sou,·ent par affiches ou en nwttant en scène un spectacle. Le prernier charlatan n1entionné dans les registres du Conseil est un vendeur de giroflée- une plante fortement odorante et propre à protéger des n1iasmes- qui arrive à s:introduire en ville en novembre 1611 alors que la peste menace .;o Les charlatans et les opérateurs itinérants suscitent dès lors alternativeinent la réprobation de la Faenlté qui essave de les interdire" et celle du Consistoire qui cherche à prohiber leurs pratiques théâtrales"- !Js receVTont néan- moins sans cesse des licences provisoires du ConseiL à rexen1ple du" charlatan anglais" qui obtient en aoùt 1613 l'autorisation de

48 La proximité df's fonmllions e;::.r parfois étonnante. Le praticien irrégulier le plus célf:.bre au XYIJJ" siècle Ptai1 Bernard HildbnumC'r. dit Fontaine. Il a Y ait h·é formé dans les uniYcrsités de Bâle ct rk \'ah:nee. mai." ne sera jamais admis dans la Faculté.

4{) tlec1Uaire de composition complexe. nès en vogue aux :\\Tet au \\'JI'" si t'des.

50 AEG. H.C. 108. f. 290\· (23 noYernbre 1 ô 11).

51 Cne première fols le:) a'\Til 16:2-t (AEG. R.C. 12:3. f. 1 07Y [21 mai 162-t]) .

"2

:\EG. R. Consist. 3?. p. :2:39 (H octobre 16.38): R. Consist. 67, p. 8-:' (1,., nowmbre 169-±).

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GE:-;J':n:. L\V:n::-; RÉGL\1E ET l A DDL\:-;DE: \ll:D!c\l.E

vendre ses drogues pendant deux semaines5:3Pen de traces subsis- tent des pratiques n1édicales des vagues régulières de charlatans qui déferlent dès lors sur la ville. tnais i] est intéressant de relever qu'en dépit de la forte opposition des ministres et des praticiens, ils continuent d'affluer .. de soigner et d:opérer à Genève .. soit sur les places publiques lorsqu.ils bénéficient d'une licence proYisoire. soit en attirant leurs clients au-delà des Inurs: dans des villages échap- pant à la juridiction de ]a Seigneurie. Certains re\·iennent réguliè- rement pendant plusieurs années: d:atitres abusent de leur licence et pratiquent illégalement en Yille jusqu· à ce qu'on les en chasse.

Cne certitude s'impose. Si le charlatan se présente aujourd'hui con1n1e une figure médicale roublarde~ il n~en était pas ainsi dans le passé. Les n1édeeins et les ehirurgiens s~intéressaient aux produits comme aux pratiques opératoires des itinérantss-<. Les laïcs et le Conseil de la Hépublique se méfiaient des mis intéressés des médecins contre les praticiens itinérants et tendaient à assurer aux habitants de la yi]]e un accès à des produits et à des services introuvables en ville·'J5.

Les rnalades~ eux~ s:informaient frénéric-riCment des succès des uns et des autres et étaient prêts à tenter les remè.des de tout praticien qui pan"enait à les convaincre. Dans la deuxièrne ITIOitié du X\"lW siècle aussi bien :Vlarie-Jeanne De la HiYe .. épouse du célèbre naturaliste Charles BonueL que la fille elu célèbre médecin Théodore Tronchin seront opérées par un abbé itinéranL en dépit des liens privilégiés qne leur famille entretenaient avec

r

élite de la corporation"'·

Les services médicaux proposés par les irréguüers sont rnul- tiples et comprenaient des gestes et: des opérations thérapeutiques peu maîtrisés par les praticiens é1ablis. Ils contribuaient à « tnédi- caliser » les localités éloignées, 1nais aussi les praticiens orthodoxes~

en introduisant des nouve.autés opératoires et thérapeutiques. I}art dentaire, par exemple. est alors une spécialité souvent revendiquée

:;:3 êi4

:\EG. H. C. 111. f. 2():3 (30 jul!lct 161:3).

Ponr le :\\"!!!'" sièck. Yoir \!icheline LOrl:-'·CornYOl:O.IF:H. '" HhabîllPurs. expert,:;.

chirurgif'"n:'. S1\2J:s-fermw~s ct pasteurs: les malades ct leurs soignants en Suisse ronutndt~

au \Œf sîèclf' "'-i11 \lnc·ent R\HHA:-:o el" \lîchdine Lous-Col"Jl\"OISIE!l (ùls). La rnédecinf' df's

!.AtmÙ:rf's: toul ou/ourdi? Tissot. Genèn~. Georg. 2001. pp. 18?-100.

:;:; RJF.DEH !-:T Ton\'\. "Le ConY:ll et la santé"'·

r;r,

Pour Jr. poim de YUC" dn p:nicnt sur le." itiné.rants. Yoir Philip Hn·:DEB. ·< Fiir Pine an- thmpolog:îsclw nnc rnedizini~dw Lektiire dC'r BriefkttltlJJ" im hhrhundcrt der Attfkliinmg )'. in

\!artin D1:\CES et \lnœnt B.\IŒ:\S ( éds ). J..-rankheit in Brù:fen im dmtschen undfran::.Oû.~clwu Sprochraum. Stunpm. Franz Steiner \'erlag. 2007, pp. 143-136.

.\!UICLE

par des opérateurs itinérants. s~adresser à un tel acteur: spécialiste des extractions et du soin des dents: était plus attirant que de re- courir à un chirurgien peu expérünenté et ignorant des dernières techniques. Lhistoire des irréguliers met en lumière la perméabilité des mondes médicaux orthodoxes ct alternatifs tout en révélant une caractéristique essentielle du n1onde médical: les praticiens agrégés bénéficient d'un monopole basé sur des notions de police et n~n pas de maîtrise théorique ou chme quelconque supériorité de pratique.

La finalité pren1ière de ]"·organisation en corporation est de protéger le patient du soignant dans;ereux. Le rn onde médical de1neure assez souple pour intêgrer tout~ soignant qui guérit et~ en consé.quence ..

le 1nalade devait être assez avisé pour choisir lui-tnêJne le praticien qui lui convenait.

Les réguliers: chirurgiens ct apothicaires

Les statuts de Ja F acuité genevoise. adoptés une pretnière fois en 1569. réitérés et adaptés à plusieurs occasions par la suite, définissent clairement le cadre clans lequel devait pratiquer rapothi- caire et le chirurgien. Ce cadre est attendu et correspond précisément à celui qui est tnis en place dans de nombreuses autres localités européennes à la ntême époque: le chirurgien devait se contenter de soigner les affections externes et

r

apothicaire se linliter à préparer les remèdes tels qu'ils étaient prescrits par les médecins·". Si les choses étaient aussi sünples: il ne resterait plus qu~à éntnnérer le nombre de praticiens recensés à Genhe pour aYOir une idée der offre thérapeutique. La réalité est bien plus complexe et une approche plus factuelle rhèle un tissu économique particulièrement souple.

L'apothicaire est aujourd.hui la figure médicale dont le passé est le IllOins bien COilnlL tant rillusÎOll qu:il était un simple vendeur de remèdes demeure forte. Pourtant .. pour rohservareur avisé. rapothîcaire s ··inlpose eonune un pratieien de premier plan .)S.

Comtne les chirurgiens:. une fois ad1nis à la tnaîtrise. les apothicaires étaient libre d'ouHir leurs boutiques où bon leur semblait dans la ville. Les emplacements pri,·ilégiés étaient proches des lieux cam-

.';; Les orJonnmH:es ~Oil1 publiées dan" C.-\lTJEH. La médecine à Cenèi:e. pp. 61 0-613.

•38 Yoir à ce propos Dcn·id CE.'\Tli.COI\E (éd.). "The \\'orld of the ftalîan :\pothecary.

:\.potlwcaries. ·Charlatans·. and the \lcdical :\larkerplace in lully. H00-1-:':}0 n. Phormor_1·

ù1lh$fOry. -t-3/.3 (200.3).

19

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Une modification de cette dernière méthode a été finalement utilisée pour comparer les teneurs en lysine cc disponible » ainsi déterminées aux teneurs en lysine

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Situer des objets les uns par rapport aux autres et