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Academic year: 2021

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146 Trimestriel 2005-1

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^ ■- - ■ LIBRE SARINE

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«...et là, soudain, à travers les branches des sapins et au-dessous d'elles, l'oeil aperçoit la rivière verte et glissante et les vastes murailles de la falaise de molasse qui forme ses berges. » John Ruskin, 1856

(MAHFinv. 1984-11).

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LIBRE SARINE LA RIVIÈRE, LA VILLE ET LES GENS

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IMPRESSUM SOMMAIRE

Du site au paysage 5 Hermann Schöpfer Le milieu naturel

21 Jacques Eschmann

23 Michel Monbaron / Michelle Bollschweiler 29 Gregor Kozlowski / Christian Purro 35 Jacques Eschmann

39 Benoît Magnin

41 Michel Beaud / Simon-Pierre Parrat L'économie, la société, la culture

49 Marie-Thérèse Torche 53 Jean Steinauer 59 Laurence Perler Antille 63 Pierre Pauchard 71 Jean Steinauer Protéger, aménager

81 Patrice Bulliard 86 Patrice Bulliard 89 Jean-Claude Morisod 91 Catherine Martinson

Panorama friburgensis Une coulée de nature

...et la Sarine s'enfonça dans le sol Ein grosser Pflanzenreichtum Les poissons à la peine

Gloire et déclin des chauves-souris La rivière aux 162 noms d'oiseaux Un flux de prospérité

Guillaume Ritter ou le rêve industriel Une piscine pour miroir

Les Augustins à l'ère glaciaire Rivages publics, terrains de conquête Retour au paysage

Public, privé: la problématique foncière Ecouter les associations

Laissez-les respirer!

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PRO FRIBOURG

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EEF FEW Croupe EEF.ENSA

PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 Fax 026 323 23 87 profribourg@greenmaiI.ch CCP 17-6883-3 Rédaction (resp.):

Jean Steinauer Résumés allemands:

Hubertus von Gemmingen Iconographie:

Colette Guisolan-Dreyer, Gérard Bourgarel Concept graphique:

Grafix - Corrado Luvisotto et le design de Sophie, Fribourg

Mise en page:

ARP sa - Fribourg Impression:

MTL sa - Villars-sur-Glâne Tirage: 5000 ex.

Prix: 29 francs ISSN: 0256-1476 Abonnements 2005 Ordinaire: Fr. 55.- De soutien: Fr. 88.- Réduit: Frs 44.- (AVS, étudiants, apprentis)

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AVANT-PROPOS

MIEUX QU'UNE RIVIÈRE DE PERLES

Des rochers du lac de Pérolles à ceux du Grabensaal, de la Maigrauge aux Neigles, la vallée de la Sarine est le site matriciel de la ville de Fribourg. Elle mérite notre attention, notre respect, notre sollicitude, mais à quel titre?

Pour le foisonnement de ses richesses naturel¬

les ou les rebondissements de son histoire économique? Pour sa fertilité artistique et litté¬

raire? Pour la qualité urbanistique des quartiers riverains et leurs trésors d'architecture? Pour le caractère sacré qui en émane ou pour les fêtes truculentes qui s'y déroulent? Pour toutes ces raisons confondues. Nous n'avons qu'un seul patrimoine, en ses multiples dimensions.

C'est pourquoi l'aménagement et la protection du site sont un même problème, à résoudre dans son ensemble. Nous ne devons plus, nous ne pouvons plus nous contenter d'une planification parcellaire, au coup par coup, au gré des événements qui se bousculent et des intérêts qui se pressent - un bout de parking par ci, un bout de chemin par là. Par exemple,

comment admettre que la dynamique environ¬

nementale fondée sur la réserve naturelle du lac de Pérolles, et relancée à grands frais par les EEF à la Maigrauge, s'arrête subitement, vers l'aval, au mur du barrage? Comment accepter que, pour remédier à la faiblesse des finances communales, on bétonne à la va-vite l'espace abandonné déjà par l'usine à gaz et bientôt par les Services industriels?

Lautorité communale est tenue de réviser le plan d'aménagement de la ville. Ce n'est pas trop lui demander de mettre à l'étude, puis en discussion, un concept de développement durable qui couvre enfin dans sa totalité le cours urbain de la Sarine, et qui garantisse au cœur de la ville cette coexistence du sauvage et du bâti caractéristique de Fribourg. Il est même raisonnable d'exiger, dans la foulée, que rien d'irréversible - constructions, voirie, équi¬

pements - ne soit fait, entre la Maigrauge et les Neigles, jusqu'à l'adoption d'un tel plan d'ensemble.

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C'est notre affaire. Pour libérer la Sarine en ville de Fribourg, pas besoin de la Confé¬

dération ni de l'Unesco. Et gageons que pareil projet mobilisera la population de la ville plus vivement et plus sûrement que l'ambition, aujourd'hui déçue, de voir inscrire Fribourg au patrimoine mondial de l'humanité. Un indice?

Lan dernier, plus de 5000 citadins ont pétition¬

né, contre le projet de construction «Plancha», pour la sauvegarde de la rive droite et du somptueux paysage qu'on y a sous les yeux, entre pont de Saint-Jean et pont du Milieu.

Dans le même sens, il faut souligner que cette publication résulte d'un travail commun de mouvements de défense du patrimoine (Pro Fribourg, Société fribourgeoise d'art public) et d'organisations environnementalistes (WWF, Pro Natura).

Enfin, on peut se fixer des échéances rapides.

Pourquoi pas 2007? Chiche!

Pour les 850 ans de Fribourg, on sauvegarde son cœur sauvage et raffiné, on lui rend la Sarine. Mieux qu'une rivière de perles, un vrai cours d'eau, avec ses rives. Et bon anniversai¬

re ma vieille, ma ville!

Pro Fribourg

Post scriptum- Parce que la Sarine, comme toutes les frontières dites naturelles (fleuves, mers, montagnes...), relie plutôt qu'elle ne sépare les aires linguistiques qu'elle délimite, on a traduit, respectivement résumé, en alle¬

mand ou en français les articles de ce cahier.

Une ville dont la forme est déterminée par la topographie plus que par les hommes (Römmler & Jonas, Dresde, 1880/90).

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VILLE ET RIVIÈRE, NATURE ET CULTURE EN SYMBIOSE PANORAMA FRIBURGENSIS Hermann Schöpfer (historien de l'art)

Certaines villes anciennes présentent une telle densité architecturale qu'elles se suffi¬

sent, en quelque sorte, à elles-mêmes; on dirait qu'elles se détachent du paysage, qu'el¬

les peuvent se passer du «plat pays» entou¬

rant leurs murs. La nécessité de ces fortifica¬

tions s'imposa jusqu'à l'âge baroque, mais lorsqu'elles devinrent trop coûteuses leur périmètre fut réduit au minimum indispensa¬

ble. Bien que située sur le Plateau, Fribourg n'appartient pas à ce type de ville où s'entas¬

sent les constructions. Dès l'origine, sa forme et son évolution furent déterminées par la topographie davantage que par la volonté humaine. Ce conditionnement s'exerce enco¬

re de nos jours; en dépit du progrès tech¬

nique, les obstacles d'un terrain tourmenté restent insurmontables.

Depuis la dernière période glaciaire, la Sarine s'est creusé un lit d'une profondeur atteignant jusqu'à cent mètres en développant des méandres successifs, flanqués de rives verti-

Es gibt Städte, die fast ausschliesslich aus dicht gebauter Architektur bestehen, sich von der Landschaft abgrenzen und sich so selbst zu genügen scheinen. Das ist bei vielen alten Städten der Fall, vor allem in flachen Gebieten. Die notwendigen Befestigungs¬

werke, auf die noch im Barock keine Stadt ver¬

zichten konnte, waren kostspielig. Ihr Umfang wurde deshalb so kurz wie möglich gehalten.

Freiburg gehört nicht zu diesen Haufen- oder Blockstädten. Hier hat, obwohl sie im Mittelland liegt, nicht der Mensch, sondern dieTopographie bestimmt und hat in der Folge die Entwicklung einen anderen Weg genom¬

men. Diese Voraussetzungen sind bis heute dieselben geblieben und bilden, ungeachtet moderner technischer Möglichkeiten, weiter¬

hin unüberwindliche Hindernisse.

Hier hat sich die Saane seit der letzten Eiszeit bis achtzig Meter tief in die Molasse des Mittellandes eingegraben, in teilweise sich

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gineuses et de falaises inhospitalières que nous trouvons romantiques parfois, monumentales souvent, majestueuses toujours.

Sur une longue distance, la rivière n'offre aucune possibilité de franchissement. Elle articule en deux moitiés, Est / Ouest, le pla¬

teau qu'elle traverse. Or, Fribourg se situe sur l'un des rares passages possibles, aux abords d'un gué utilisé depuis les temps préhisto¬

riques; on n'y construisit un pont, vraisembla¬

blement, qu'un siècle après la fondation de la ville. La première agglomération fortifiée, d'un type classique à la fin du haut Moyen Age, fut le quartier du Bourg. Sur cette terras¬

se défendue par des rives abruptes et des fossés s'épanouit une fondation urbaine - la première sur le territoire de la future Confédération depuis l'époque romaine, soit depuis presque un millénaire! - petite et bien organisée mais privée, de par sa configura¬

tion, de vastes perspectives d'expansion.

L'eau des tanneurs et des drapiers

Avec cette place forte, le duc de Zaehringen s'implantait militairement et administrative- ment dans une région peu sûre. Au surplus, il octroya d'emblée aux habitants des droits fondamentaux «modernes», encourageant l'artisanat et le commerce, garantissant la propriété et sa transmission, instituant une large autonomie. Cette «révolution par le haut» libérait les citadins sujets de l'Eglise et des seigneurs - et du fondateur lui-même, en définitive. Elle favorisa l'économie et permit, à terme, l'émergence d'une conscience poli¬

tique nouvelle, axée sur l'indépendance et la prospérité.

knapp folgenden Mäandern, waagrecht abfal¬

lenden Steilufern und unwirtlichen Canyons, die uns bald romantisch, bald monumental, doch immer grossartig und ausserordentlich anmuten.

Der Fluss ist auf weite Strecken nicht passier¬

bar und teilt das von ihm durchfurchte Plateau förmlich in eine westliche und eine östliche Hälfte. Freiburg liegt jedoch an einem der sel¬

tenen Flussübergänge, an einer seit vorge¬

schichtlicher Zeit begangenen Furt in der heu¬

tigen Au, die erst spät - vermutlich erst ein Jahrhundert nach der Stadtgründung - eine Brücke erhielt. Befestigte Siedlung war zunächst allein das Burgquartier, oben auf einem Plateau, das rundum durch Steilufer und Gräben gesichert war. Hier entstand eine klassische Stadtgründung des ausgehenden Hochmittelalters, klein und gut organisiert, doch, was den Platz betrifft, ohne augenfällige Entfaltungsmöglichkeiten. Übrigens war Frei¬

burg die erste Stadtgründung auf dem Boden der späteren Schweiz seit römischer Zeit, will heissen: seit fast einem Jahrtausend.

Ging es zunächst um einen sicheren Stütz¬

punkt in einem eher ungesicherten Gebiet, so enthielt das Stadtrecht mehr als militärische und administrative Verordnungen. Der Herzog von Zähringen verlieh den Bewohnern gleich¬

zeitig wichtige «moderne» Grundrechte wie Gewerbe und Handel zu treiben, Eigentum zu erwerben und zu vererben sowie ein gutes Stück Selbstverwaltung. Das war eine Revo¬

lution von oben, die Adel und Kirche - und letztlich dem Stadtgründer selber - die Untertanen entzog, das Handwerk aufwerte-

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Ce que les habitants, partant de telles prémis¬

ses, réussirent dans les siècles suivants, en défiant la topographie, fait encore notre éton- nement et notre admiration. La ville ne cessa de s'étendre et de s'élever sur les deux rives Philippe de Fégely, vers de la Sarine, malgré les difficultés du terrain, 1830 : le pont de Berne en direction du nord et de l'ouest. Cela s'ex- (lithographie). plique par le développement proto-industriel

te und langfristig die Entstehung eines politi¬

schen Bewusstseins erlaubte, das zu Selb¬

ständigkeit und Reichtum führte.

7 Gegen eine widerständige Topographie

Was die Stadtbürger unter diesen Voraus¬

setzungen in den nachfolgenden Jahrhunder¬

ten - und trotz der widerständigen Topographie

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précoce de la tannerie et de la draperie, fortes consommatrices d'une eau que la rivière seule offrait à grand débit. D'où l'intime sym¬

biose de la ville et de la rivière. D'où l'exten¬

sion du bâti, partant du quartier assez exigu du Bourg pour s'élargir vers la Sarine, sur la rive gauche en lÄuge et à la Neuveville, de l'autre côté à la Planche et à la rue des Forgerons. Mais alors que sur les axes de la rue de Morat, de la rue de Lausanne ou de la rue de l'Hôpital le relief autorisait l'élargisse¬

ment continu de l'enceinte, à l'image des cer¬

nes d'un arbre, il en allait différemment au niveau de la rivière. La ville dut s'y développer, par «rejets» ou métastases, aux seuls empla¬

cements où l'on pouvait construire en rusant avec la force du courant, la pente des rives, le faible ensoleillement, les menaces de crue et les difficultés d'accès.

La préséance du paysage

Il en résulta cette ville tout en contrastes puis¬

sants, où le paysage et l'architecture, l'eau et la pierre, les bas quartiers et les hauteurs, le vert et le gris, l'ombre et la lumière évoluent dans un incessant jeu de miroirs, et rivalisent tour à tour de romantisme et de monumenta- lité. Une ville qui n'a pas sa pareille en Suisse (Berne est prise dans une seule boucle de lAar, Fribourg s'enroule dans deux méandres).

Une ville articulée en quartiers qui sont autant de villages ou de petites cités, que relient des ponts et qu'enserrent des remparts surplom¬

bant avec audace le cours de la rivière. Fait unique, assurément, pour une ville de 5000 habitants, elle s'est équipée au Moyen Age de trois ponts - une entreprise alors très com¬

plexe techniquement. Non moins exception-

- daraus machten, ist überraschend und bleibt ausserordentlich. Die Stadt wuchs und wuchs, beidseits des Saaneufers und oben gegen Norden und Westen. Dass sie hier und nicht anderswo trotz aller Hindernisse des Geländes entstand, hat seine Gründe. Sie vorab in den bald protoindustriell betriebenen Gerber- und Tuchgewerben zu suchen, die ohne Wasser, das hier nur am Fluss in grossen Mengen zur Verfügung stand, nicht denkbar sind. Daher die enge Verbindung mit dem Fluss, daher das Bauen hinunter an den Fluss, nicht nur in die Au und die Neustadt, auch an das andere Ufer auf die Matten und die Schmiedgasse. Erlaubte an der Murten- und der Lausanne-, Spital- und Murtengasse das Gelände den Befestigungsring zu verschieben, was an die Jahrringe der Bäume erinnert, war dies unten am Fluss anders. Dort konnte sich die Siedlung nur in Form von «Ablegern» ausdehnen, immer dort gesetzt, wo Bauen überhaupt möglich war, unterbrochen vom Wasserlauf, von Steilufern, unbesonnten Nordlagen, von Hoch¬

wasser bedrohten oder sonst unzugänglichen Zonen. Es fällt auf, dass nirgends ein Haus direkt am Fluss steht.

Das ergab eine Siedlung voll spannender Gegensätze, in der Landschaft und Architek¬

tur, Fluss und Stadt, Unten und Oben, Hinauf und Hinunter, Grün und Grau, Dunkel und Hell wechseln und in bald romantischen, bald monumentalen Gesten miteinander wettei¬

fern. Eine in der Schweiz einzigartige Stadt, die nicht - wie Bern - in eine, sondern gleich in zwei Flussschlaufen gesetzt ist, aufgeteilt in verschiedene Quartiere, die teils an Dörfer, teils an Kleinstädte erinnern, mit Brücken

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nelle, l'ampleur des surfaces nécessaires aux fortifications. Là encore, les aléas de la topo¬

graphie conditionnaient les constructions.

L'empreinte du sacré

Hormis la cathédrale (dont Jean Tinguely di¬

sait qu'elle était la mieux située de toutes les cathédrales gothiques), quelques tours inté¬

grées aux remparts ou la chapelle somptueu¬

sement mise en scène de Lorette, fort peu de constructions se détachent de l'ensemble.

Avec une simplicité somme toute bourgeoise, l'architecture s'intègre dans le paysage dont elle paraît découler naturellement. Elle lui est subordonnée. C'est à lui que revient toujours la préséance, y compris dans l'ordre monu¬

mental.

Autre donnée primordiale, la persistance tout au long de la rivière de l'empreinte religieuse héritée du Moyen Age. Du côté des Planches, la commanderie de Saint-Jean occupe avec ses jardins le cœur d'un bassin exposé au soleil et à la vue, au centre du panorama des méandres où la rivière s'élargit pour inviter à la contemplation, et où ses boucles s'arron¬

dissent pleinement. Les Augustins se sont établis en un lieu plus resserré de lAuge; vu de la rivière, leur couvent fait songer à un châ¬

teau fort, mais à l'intérieur du quartier il se confond parmi les immeubles. Lui faisant pen¬

dant vers l'amont, dans la courbe du premier méandre, l'abbaye cistercienne de la Maigrauge. Reposant sur un banc peu élevé, extra muros, dans un environnement vierge de constructions, elle donne malgré la proxi¬

mité de la ville une impression de retraite soli¬

taire bien dans l'esprit de Hauterive, l'abbaye

untereinander verbunden sind und über eine aufwendige und kühn in die Flusslandschaft gesetzte Befestigung zusammengefasst wer¬

den. Drei Brücken - im Mittelalter technisch höchst anspruchsvoll - waren für eine Stadt mit etwa 6000 Einwohnern wohl einmalig, ver¬

mutlich ebenso die Grösse des in die Stadt¬

befestigung einbezogenen Geländes von rund fünfundsiebzig Hektaren, auch dies bedingt durch die Topographie.

Akzente in der gleichmacherischen Bürgerlichkeit

Eines fällt indessen auf: Abgesehen vom Münster, das Jean Tinguely die schönstpla- zierte gotische Kathedrale fand, abgesehen von einzelnen Turmgruppen der Stadtbefesti¬

gung oder Loretokapelle, ragen selten Bauten besonders heraus. Die Architektur ist gewis- sermassen gleichmacherisch bürgerlich in die Landschaft eingebettet, fügt sich ihr gehor¬

sam ein, ja schmiegt sich an, als wäre sie aus ihr gewachsen. Primär - auch primär monu¬

mental - ist deshalb immer wieder die Landschaft.

Unübersehbar ist daneben, wie die mittelal¬

terlichen religiösen Stiftungen bis heute Akzente in die Flusslandschaft setzen. Die Johanniter auf den Matten mit ihrem Garten, in der Mitte des kleinen und gut besonnten Bassins, zu dem sich hier das Flussbett aus¬

weitet, an einem Ort, der zum Schauen und Verweilen verleitet, liegt er doch gleichzeitig im Zentrum des Panoramas der Flussschlaufen, das sich nur hier so abgerundet darbietet. Die Augustiner siedelten auf knappem Platz in der Au. Vom Fluss aus erinnert ihr Kloster an eine

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qui la patronne, située quelques kilomètres plus haut.

Visible uniquement du Nord, le couvent des capucines de Montorge occupe un segment du panorama friburgensis. Cet établissement du premier âge baroque vient rompre la ligne continue de la montée vers la porte de Bourguillon; loin de se blottir à l'orée d'une forêt ou au bord d'une rivière, il s'étend au soleil. La chapelle de Lorette érigée peu après constitue - on l'a dit - un sommet du baroque théâtral. Elle n'a pas son pareil à Fribourg, et représente en Suisse une des plus audacieu¬

ses réalisations de ce type.

La ligne des toits

Lélément qui, dans l'image de la ville, impres¬

sionne le plus, par sa très souple intégration au relief, est l'arête des toits, ligne faîtière qui monte ou descend suivant la perspective où l'on se place. Des Ursulines à l'Auge par la rue des Alpes, la Grand-Rue puis le Stalden et la Samaritaine, par exemple, c'est un tracé long d'un kilomètre pour un dénivelé supérieur à cent mètres. A de certains moments, la lumière révèle la merveilleuse souplesse de cette longue échine, qui juxtapose les toitures étroites comme les pièces d'un domino. On est épaté par l'ordonnance sans faille d'un jeu de construction insérant une centaine de mai¬

sons dans la topographie sans jamais lasser le regard. Au contraire, une force et une tension surprenantes émanent de l'ensemble. Ces pentes résultent de la configuration du site.

Elles se retrouvent en divers endroits, bâties à la Grand-Fontaine, à la route des Alpes ou à la Planche-supérieure, libres de constructions

Burg, im Quartier selber verschwindet es im Häusergewirr. Die Nonnenzisterze der Mage- rau, ganz unten und in der Kurve der ersten Flussschlaufe, bildet ein Gegenstück dazu. Sie liegt auf einer niedrigen Bank in der Aumatte, extra muros und in einer unverbauten Um¬

gebung. Sie macht so, trotz Stadtnähe, den Eindruck eines in die Flusseinöde gebauten Klosters, noch ganz im Geist des ein paar Kilometer weiter oben ebenfalls an die Saane gebauten Klosters Hauterive.

In die Silhouette des Aufstiegs zum Bürglentor integriert und damit ebenfalls ein Teil des Panorama friburgensis, wenn auch nur vom Norden her zu sehen, ist das Kapuzinerinnen¬

kloster Montorge. Diese frühbarocke Grün¬

dung durchbrach die bisher unverbaute aufstei¬

gende Linie zum Bürglentor, ist nicht mehr versteckt im Wald unten am Fluss, sondern exponiert und an die Sonne gesetzt. Höhe¬

punkt der barocken Inszenierung bildet die kurz darauf errichtete Loretokapelle. Sie blieb in Freiburg ein Einzelfall und gehört zu den kühn¬

sten Lösungen dieser Art in der Schweiz.

Geschmeidig integriert

Am eindrücklichsten im Stadtbild und am ge¬

schmeidigsten in die Topographie integriert sind vielleicht die grossen - und je nachdem wie wir sie verfolgen - fallenden oder steigen¬

den Linien der Dächer, zum Beispiel vom Rathaus her die Reichengasse, den Stalden und die Samaritaine hinunter in die Au, eine Linie von einem Kilometer Länge und einem Gefälle von über hundert Metern. Bei einem bestimmtem Lichteinfall überrascht die lange, doch geschmeidige Kante, die aus der domi-

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au chemin de Lorette. Elles produisent ces grandes diagonales mises à profit par les petits maîtres du XVIIIe siècle avant d'être consacrées par le romantisme.

Mais les diagonales ne sont pas tout.

Lhorizontale, autre composante à prendre en compte, s'impose avec la ligne des toits du quartier du Bourg ou celle des forêts et des

noartigen Addition schlichter Dachflächen ent¬

steht. Überraschend hierbei ist auch die naht¬

lose Einordnung von rund hundert Häusern in Bauordnung und Topographie, ohne zu ermü¬

den, sondern im Gegenteil mit einer besonde¬

ren Spannkraft zu überraschen. Diese durch die Flusslandschaft bedingten Gefälle sind an mehreren Orten zu finden, mit Hauszeilen besetzt in der Grand-Fontaine, der

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arbres qui couronnent les rives abruptes. Rien de plus spectaculaire que le cordon boisé dominant, entre la porte de Bourguillon et la tour de Dürrenbühl, une paroi de molasse de quatre-vingts mètres. Sans égal dans le pay¬

sage urbain de la Suisse entière, cet ensem¬

ble offre au regard des citadins, pour ainsi dire en pleine ville, un immense écran où le soleil et la lune, les nuages et le ciel, l'ombre et la lumière, font leur cinéma chaque jour.

Photo aérienne, v. 1920:

dominant les trois ponts de la ville médiévale, le trait du Grand Pont suspendu.

Un paysage relativement intact

Il est évident que l'industrialisation moderne ne pouvait guère modifier les données fonda¬

mentales de la topographie et de la ville. Dès lors, l'ensemble du site est resté exempt d'in¬

tervention lourde - si l'on excepte la construc¬

tion des ponts suspendus dans les années 1830. Le chemin de fer lui-même fut relégué sur la tangente occidentale de la ville. C'est pourtant à partir de la Sarine que l'aggloméra¬

tion relança son industrialisation, en captant l'énergie hydraulique au moyen d'une techno¬

logie nouvelle. Dès 1870, un barrage fut érigé en amont de la Maigrauge. Une prouesse technique, un ouvrage pionnier! Une station de pompage pouvait dès lors envoyer l'eau de la Sarine sur la colline du Guintzet d'où, aujourd'hui encore, elle est distribuée à tous les ménages. Puis vint l'électrification;

Fribourg fut la deuxième cité suisse à installer un réseau électrique, juste après Lucerne. Là- bas, c'était pour le tourisme, ici pour l'Uni¬

versité.

Lexploitation hydro-électrique de la Sarine allait, à terme, diminuer les quantités d'eau disponibles. Aujourd'hui, sur certains sec-

Alpengasse oder der Oberen Matte, noch unverbaute Landschaft am Loretoweg. Sie ergeben die grossen Diagonalen im Bild, wel¬

che die Kleinmeister des 18. Jahrhunderts zurecht betont haben und die zum Kanon der Romantik geworden sind.

Neben der Diagonale ist eine andere Grund¬

komponente zu erwähnen: die Horizontale, zu finden vor allem in den Silhouetten der Dächer des Burgquartiers oder in den Wäldern und Bäumen auf den Kanten der Steilufer. Am ein¬

drücklichsten - und in der schweizerischen Stadtlandschaft ebenfalls einmalig - ist das mit einem Baumkranz gesäumte Steilufer zwi¬

schen dem Bürglentor und dem Dürren- bühlturm, über der vertikal abfallenden, wiede¬

rum achtzig Meter hohen Sandsteinbank, voll im Gesichtsfeld der Stadtbewohner, sozusa¬

gen mitten in der Stadt, eine Riesenleinwand für das tägliche Cinéma von Sonne und Mond, Wolken und Himmel, Licht und Schatten.

Selbst die Industrie

Es versteht sich von selbst, dass selbst die Industrialisierung am Grundkonzept von Topo¬

graphie und Stadt wenig verändern konnte und deshalb das Ganze, von den Hänge¬

brücken der 1830er Jahre abgesehen, vor ein¬

greifenden Veränderungen verschont blieb.

Auch wurde die Bahn oben an der Westtan¬

gente angelegt. Allerdings setzte die Industrie doch wieder auf dem Fluss, dessen Wasser¬

energie weiterhin, wenn auch auf neue Weise 13 und mit einem neuartigen baulichen Eingriff

genutzt wurde. Schlüssel hierzu war der Bau eines Staudamms oberhalb der Magerau ab 1870. Eine technische Pionierleistung! Hierbei

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teurs, en particulier dans son cours urbain, la rivière n'est plus qu'un ruisselet. La Sarine, domptée, a largement perdu sa capacité de surprise - mais, comme par compensation, ses crues sont devenues maîtrisables.

Au magasin des souvenirs

Cependant, les surfaces improductives ou inexploitables du bassin de la rivière et de ses abords demeurent importantes. Dans l'en¬

semble, les rives abruptes et le lit du cours d'eau n'ont guère été touchés. Même les importants remblaiements effectués dans les secteurs de la Motta, des Grandes-Rames, de la Planche inférieure et des Augustins, où jus¬

qu'à la fin du XIXe siècle l'eau attaquait enco¬

re les talus abrupts ou se répandait sur les prairies basses, ont peu modifié le paysage.

Ces travaux adoucirent le choc des éléments tout en atténuant le contraste entre la rivière sauvage et la ville. Aujourd'hui tous ces ter¬

rains sont cultivés, arborisés, ouverts aux habitants pour les loisirs et la détente,

^augmentation des zones de verdure, des rives boisées, des jardins et des prairies est significative, au regard des photos anciennes;

elle a aussi favorisé le développement de la flore et de la faune.

Lévolution dont nous sommes les témoins montre que l'exploitation des terrains ga¬

gnés sur la rivière est susceptible de changer d'affectation. La place d'exercices militaires des Grandes-Rames et la patinoire des Augustins sont déjà reléguées au magasin des souvenirs. Dans les années 1920, la construction de la piscine de la Motta offrit une solution urbanistique exemplaire et pro-

entstand ein Wasserpumpwerk von der Saane auf das Guintzet, von wo aus bis heute Trinkwasser in alle Haushaltungen verteilt wird, und folgte, mit demselben Stauwerk, die Elektrifizierung. Freiburg war die zweite Stadt in der Schweiz, die ein Stromnetz erhielt, nach Luzern, dort für den Tourismus, hier für die Universität.

Der anschliessende Ausbau der Nutzung des Saanewassers bedeutete allerdings langfristig eine Änderung, die an der Wasserquantität ablesbar ist. Der Fluss ist heute streckenweise, so vor allem durch die Stadt, ein Rinnsal gewor¬

den, hat seine Unberechenbarkeit weitgehend verloren, ist gezähmt, was - in Kompensation zum Verlust an elementarer Kraft - immerhin die Flochwasser zu regulieren erlaubt.

Doch bleibt der Anteil an nicht nutzbarer und ungenutzter Natur des Flussbeckens und seiner Uferzonen gross. Steilufer und Fluss¬

bett sind weitgehend unberührt. Selbst die Aufschüttungen bei der Motta, an den Grandes Rames, an der Unteren Matte oder in der Au beim Augustinerkloster, wo das Flussbett noch am Ende des 19. Jahr¬

hunderts bis zum Steilufer reichte oder in einer Aumatte verlief, haben das Bild nicht grundlegend verändert. Sie mildern etwas den Kontrast zwischen dem wildem Fluss und der Stadt, sind heute bepflanzt, von Bäumen bewachsen und dienen als Erho¬

lungsräume. Der Zuwachs an Grün, an Au- und Uferwald, Gärten und Wiesen ist bedeu¬

tend, entsprechend auch der Lebensraum für Flora und Fauna.

Die Nutzung dieser hinzu gewonnenen

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duisit une réussite incomparable grâce, une fois de plus, à son arrière-plan architectural et paysager.

Un biotope, un refuge, un modèle

Le moment est venu pour nous d'approfondir le sens de cette singulière connivence, de cette extraordinaire symbiose entre la ville et la rivière. Grâce à celle-ci des pans de vie sau¬

vage résistent à l'urbanisation et pourtant - l'histoire le démontre - la ville en tire profit, au travers de modus vivendi renouvelés. La riviè¬

re, en cela, renouvelle en quelque sorte les Titans de la Grèce ancienne. Personnifiant les forces élémentaires, ces personnages mytho¬

logiques intervenaient de manière fantasque, parfois hostiles et parfois bienveillants, dans la vie des humains; et ceux-ci ne pouvaient les fléchir qu'avec ruse et astuce.

Malgré ponts, remblaiements, digues et bar¬

rages, la rivière n'a jamais tout à fait renoncé à faire usage de sa force et à manifester des sautes d'humeur imprévisibles. Lors même de son passage dans la ville, elle continue d'occuper de larges surfaces qu'elle soustrait à l'emprise des hommes. De ce fait, malgré une urbanisation séculaire, les gorges de la Sarine restent le biotope d'une multitude d'or¬

ganismes vivants. La nature sauvage consti¬

tue un abri protecteur pour des espèces menacées.

Mais pour nous aussi, de toute évidence, ce biotope est une chance magnifique. Il nous permet de vivre dans une ville qui est en même temps un paysage extraordinaire, impressionnant de naturel, resté pareil à lui-

Terrains ist, wie die heutige Entwicklung zeigt, veränderbar. Bereits Erinnerung ist die Verwendung der Grandes Rames als Exer¬

zierfeld der Kaserne auf den Matten oder der Platz bei den Augustinern als Patinoire des HC Gottéron. Eine urbanistisch beispielhafte Lösung aus den 1920er Jahren ist die Anlage des Motta-Bades in den Petites Rames, unten in der Neustadt, auch sie - einmal mehr - umgeben von einer Architektur- und Landschaftskulisse, die ihresgleichen sucht.

Als Partner ein Titan

Es ist vielleicht der Augenblick, uns dieser besonderen, ja ausserordentlichen Synthese und Symbiose von Stadt und Landschaft ver¬

tieft klar zu werden. Diesem Stück Natur, das sich der Stadt widersetzt und - wie die Geschichte zeigt - sich mit ihr immer wieder neu verbindet und ihr dienstbar wird.

Der Fluss hat immer etwas vom Charakter der Titanen aus der Mythologie der alten Griechen behalten, welche als Urgewalten in das Leben der Menschen launisch eingreifen, bald feindlich, bald wohl gesinnt, und sich nur mit List für die Bedürfnisse des Menschen gewinnen lassen. Trotz Brücken, Aufschüt¬

tungen, Verbauungen und Stauwerken hat der Fluss seine Gewalt und Unberechenbarkeit nie ganz verloren, selbst beim Durchgang durch die Stadt, wo er nach wie vor weite Teile des Terrains beherrscht und sich dem Zugriff entzieht. So ist die Saaneschlucht trotz jahr¬

hundertelanger Urbanisierung ein Biotop für viele Arten von Lebewesen geblieben, ja eini¬

ge haben hier einen Überlebensraum gefun¬

den. Wildheit und Unzugänglichkeit des

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même malgré toutes les tentatives de domestication. Un paysage qui offre son lot de surprises, de beautés révélées, et qui porte le plus authentique témoignage de ce que peut être l'accord entre nature et culture.

En un mot, un modèle pour la ville de l'avenir!

H. S

(Traduit de l'allemand par Raymond Chassot)

Titanen erweisen sich hier als ein Schutzraum bedrohten Lebens.

Eigentlich ist dieses Biotop auch für den Menschen eine besondere Chance, erlaubt es ihm doch, in einer Stadt zu leben, die gleichzei¬

tig Landschaft ist, eindrückliche, ausserordent- liche, natürliche, nach vielen Zähmungsver¬

suchen sich selber gebliebene Landschaft mit all ihren Überraschungen und Schönheiten, wohl der denkbar schönste Ausdruck für die Verbindung von Natur und Kultur. Eigentlich ein Modell auch für die Stadt der Zukunft!

H. S.

16

(19)

17 L'horizontale du Bourg:

un paysage urbain impressionnant de naturel, resté pareil à lui-même...

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18 Du Bourg à la Sarine:

la longue échine, merveilleusement souple, formée par la ligne des toits.

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(22)

Des beautés révélées:

quand la ville émerge des brumes du matin.

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LE CAPITAL EST BIEN CONSERVÉ, IL S'AGIT DE LE PRÉSERVER UNE COULÉE DE NATURE Jacques Eschmann (président de Pro Natura)

Entre Rossens et Schiffenen, la Sarine décrit une trentaine de méandres encaissés que d'aucuns regardent comme les plus beaux d'Europe. Le développement des courbes est tel que la longueur du cours d'eau atteint le double de la distance mesurée à vol d'oi¬

seau. Pour suivre le lit de la Sarine du pont de Pérolles à celui de Zaehringen (2 km en ligne droite), vous devrez parcourir 4 bons kilomètres et vous pourrez admirer 6 méan¬

dres; dans le temps, la promenade vous ramènera aux origines de ce canyon qui atteint par endroits 100 m de profondeur (p.23).

Grâce à cette topographie tourmentée, la nature est encore très présente au cœur d'une ville devenue capitale cantonale. La rai¬

deur des pentes a permis de conserver la forêt qui fournit, avec les falaises et la réser¬

ve naturelle du lac de Pérolles, des biotopes précieux pour de nombreuses espèces d'oi¬

seaux (p.41). Moins visibles mais tout aussi

intéressantes, les chauves-souris sont bien présentes le long de la Sarine (p.39).

Lensemble de ces milieux abrite quelque 1100 espèces de plantes, plus du double de ce qu'on peut trouver dans les villes comparables.

C'est le constat réjouissant des spécialistes de la flore, qui craignent cependant un affaiblisse¬

ment de la diversité (p.29). Plus préoccupante, la situation de la faune aquatique: le saumon a disparu depuis bientôt un siècle, le nase - espèce emblématique de la Basse-Ville - n'en a plus pour longtemps et la truite est sous per¬

fusion. La faute aux aménagements qui canali¬

sent et segmentent nos cours d'eau (p.35).

Bien qu'entamé, notre capital naturel a mieux été conservé qu'ailleurs. Mais la diversité et la richesse des paysages, des biotopes et des espèces doivent être défendues contre le

«tout à l'économie» afin de préserver cette coulée de nature unique en milieu urbain.

J.E.

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Entre le pont de Saint- Jean et la Maigrauge:

les gorges de la Sarine, biotope d'une infinie richesse.

(25)

CE N'EST PAS LE COLORADO, MAIS C'EST UN VRAI CANYON

.. .ET LA SARINE S'ENFONÇA DANS LE SOL Michel Monbaron, Michelle Bollschweiler (professeur et assistante à l'Institut de géographie de l'université de Fribourg)

La géomorphologie est l'étude des formes du relief: en d'autres termes, c'est la géologie de la surface de la terre. Que nous dit-elle du relief de Fribourg, qui fut généré par la Sarine? Et d'abord, quelle est la nature de son sous-sol?

Sous la ville s'étagent trois catégories de roches:

-la molasse, qui en constitue le soubasse¬

ment général;

-puis des graviers, déposés dans le lit d'une ancienne Sarine;

-enfin, de la moraine, qui scelle le tout (fig. 1).

La molasse tout d'abord. Il s'agit de couches de grès (= sables consolidés) déposées ici il y a 15 à 20 millions d'années, auTertiaire. Ce matériel trouvait son origine dans les Alpes, alors en cours de surrection, et il se dépo¬

sait dans une mer occupant l'actuel Plateau suisse. Plusieurs centaines de mètres de

molasse se sont ainsi accumulés à l'aplomb de Fribourg.

En certains endroits, une formation grave¬

leuse et sableuse surmonte la molasse.

Ces débris rocheux proviennent également des Alpes et des Préalpes, mais leur dépôt ne date «que» de quelques dizaines de milliers d'années. Ils comblent en le jalon¬

nant un ancien lit de la Sarine, vers 580 m d'altitude. Ces graviers se sont déposés peu avant que Fribourg ne soit, pour la der¬

nière fois, recouverte par le Glacier du Rhône.

Ennoyée sous plus de 300 m de glaces vers -18 000 ans environ (18 000 BR selon la ter¬

minologie en vigueur), la région fribourgeoise a vu durant cette époque, puis lors de la phase de retrait du glacier, se déposer une couche de moraine assez épaisse, mélange de débris de roches de toutes tailles, allant du gros bloc erratique à l'argile la plus fine. Cette

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moraine fait toute la valeur des sols arables du pays fribourgeois.

Que s'est-il passé après le retrait du glacier?

Un nouveau réseau fluvial s'est établi, dès 16 000 BR La Sarine post-glaciaire voyait alors ses méandres divaguer sur une plaine couver¬

te de moraine, vers 630 m d'altitude. Au cours des quelques milliers d'années qui ont suivi, la rivière s'est peu à peu enfoncée verticalement dans le manteau sédimentaire relativement peu compact fait de moraines et de graviers, puis également dans la molasse, créant ainsi

le paysage caractéristique des méandres encaissés qui fait le charme de Fribourg. On parle ainsi souvent du «canyon» de la Sarine.Actuellement, le lit de la Sarine se trou¬

ve à environ 540 m d'altitude près de la Motta, ce qui signifie que le cours d'eau s'est enfon¬

cé d'environ 90 m dans son substratum, soit en moyenne de 5 à 6 mm par an.

Le cours des rivières est souvent méandrifor- me, car cette disposition est celle qui requiert le «moindre effort», de la part du cours d'eau, pour changer de direction. Dans un méandre,

— direction de l'écoulement de l'eau

| suintements d'eau avec formation de draperies de glace

24

Fig 1 : Le sous-sol de Fribourg. L'eau souter¬

raine s'écoule sur les couches de molasse et suinte dans les falaises de la Sarine ce qui provoque en hiver de superbes draperies de glace.

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l'eau s'écoule plus rapidement dans la partie externe (rive concave) que dans la partie inter¬

ne (rive convexe), si bien que la première est continuellement sapée par l'érosion, qui favo¬

rise à son aplomb la création de hautes falai¬

ses. La rive convexe au contraire se caractéri¬

se par une pente beaucoup plus douce, sur laquelle se déposent même des sédiments.

Un bel exemple d'une telle disposition se reconnaît sur la transversale Montorge - La Maigrauge - Pérolles (fig. 2). La rive concave avec sa falaise escarpée, qui se découpe en bordure du plateau de Pérolles, se trouve sur

la rive gauche de la Sarine. La rive convexe, à la pente beaucoup moins raide, porte sur rive droite les deux couvents susmentionnés.

Les constructeurs ont su, au Moyen Age, tirer parti au maximum des méandres et des falai¬

ses pour bâtir une ville quasi imprenable, enserrée dans des murs de défense au tracé minimal s'appuyant, de proche en proche, contre des falaises infranchissables.

Les couches de molasse ne sont pas totale¬

ment horizontales à Fribourg, mais elles pré-

Fig. 2: Coupes géolo¬

giques schématiques à travers le canyon de la Sarine et le site de Fribourg (échelle verticale x5; modifié de Monbaron &

Indermühle, 1987).

1—3 Eboulis Moraine de fond argileuse Alluvions postwürmiennes,

*—1 argiles éluviales ■ Graviers

□ Moraine de fond informe ■■ Molasse

500 I | ^,

12 3 (km)

25

(28)

sentent un léger pendage (= pente géolo¬

gique) d'environ 5° vers le Nord-Ouest (fig. 1).

Cela se remarque tout particulièrement en hiver. Leau qui s'infiltre dans le soubassement rocheux à l'Est de la ville s'écoule en profon¬

deur sur les surfaces de couches molassiques, en suivant le pendage. Parvenue aux falaises de la rive droite, par exemple en face de la Pisciculture ou au-dessous de Bourguillon, cette eau suinte et gèle, constituant de super¬

bes draperies de glace qui garnissent les parois rocheuses durant les grands froids. En face en revanche, sur la rive gauche, pas de draperies,

car le même pendage des couches tend à conduire l'eau d'infiltration vers l'intérieur de la roche molassique. Il faut se rendre vers le pont de l'autqroute A12, au-dessus du lac de Schiffenen, pour voir un phénomène sembla¬

ble sur la rive gauche de la Sarine, là où la pente des couches est, au contraire, orientée vers l'Est.

M. M., M. B

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DER FREIBURGER SAANE-CANYON

Die Geomorphologie ist die Studie der For¬

men des Reliefs, anders gesagt, die Geologie der Oberfläche der Erde. Was kann sie uns über das durch die Saane gebildete Relief von Freiburg und insbesondere über die Art des Untergrunds sagen?

Unter der Stadt Freiburg liegen drei Ge¬

steinsarten: Molasse, Flusskies und zuoberst Moränenmaterial. Bei der Molasse handelt es sich um Sandsteinschichten, die hier vor rund 15 bis 20 Millionen Jahren (Tertiär) abgelagert wurden. Darüber befindet sich an bestimm¬

ten Orten eine kies- und sandhaltige For¬

mation, die angeschwemmt wurde, kurz bevor die Region vor ca. 18'000 Jahren mit mehr als 300 m Eis bedeckt war. Damals und beim Rückzug des Rhonegletschers wurde eine - heute fruchtbare - Moränenschicht deponiert.

Es dauerte mehrere Tausend Jahre, bis sich die postglaziale Saane mit ihren Mäandern 90 m tief (jährlich ca. 5-6 mm) durch die Moränenschicht in die Molasse eingegraben hatte, um den so genannten Saane-Canyon zu bilden. Bei Mäandern fliesst das Wasser an der Aussenseite einer Biegung (Prallhang) schneller als an der Innenseite (Gleithang), so dass aussen steile Felswände entstehen, während sich innen auf dem flacheren Gelände sogar Sedimente ablagern.

Ein anschauliches Beispiel für dieses Phäno¬

men ist der Bereich Bisemberg - Magerau - Pérolies. Der Prallhang befindet sich auf der orografisch linken Seite und begrenzt mit der steilen Felswand die Pérollesebene. Der Gleithang auf der gegenüberliegenden Seite mit der bedeutend weniger starken Hangnei- gung bietet Platz für die beiden Klöster Bisemberg und Magerau. Die Erbauer im Mit¬

telalter verstanden es, die Mäander und Felswände des Saanegrabens bestmöglich zu nutzen und eine beinahe uneinnehmbare Stadt zu bauen, umschlossen von Verteidi¬

gungsmauern mit minimaler Länge, die sich an unüberwindbare Felswände anlehnen.

Die Molasse ist in Freiburg nicht absolut hori¬

zontal, sondern ca. 5° nach Nordwesten ge¬

neigt. Dies lässt sich im Winter daran erken¬

nen, dass an steilen Felswänden, wie bei der Pisciculture oder unterhalb von Bürglen, Wasser aus dem Fels austritt und gefriert, während gegenüber, wo die gleiche Neigung das Wasser ins Innere der Molasse führt, keine Eiszapfen entstehen.

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Rochers à la Maigrauge:

un site refuge pour de nombreuses espèces.

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ALS DIE BOTANIKER IN DIE UNTERSTADT PILGERTEN

EIN GROSSER PFLANZENREICHTUM Gregor Kozlowski (Wissenschaftlicher Leiter des Botanischen Gartens der Universität Freiburg) Christian Purro (Biologe, Büro ATENA)

Die Saane prägt nicht nur das Stadtbild Freiburgs, sondern auch seine Vegetation und Flora und macht die Zähringerstadt dies¬

bezüglich zu einer «besonderen» Stadt. Der Fluss bietet mit seinem mäandrierenden Lauf und einem äusserst reichen Mosaik von Lebensräumen zahlreichen Pflanzen geeigne¬

te Habitate. Dank der Saane ist der Pflan¬

zenreichtum um einige hundert Arten grosser als dies in einer mitteleuropäischen Stadt ver¬

gleichbarer Grosse der Fall ist. Dieses Phäno¬

men wurde bereits Anfang des 20. Jahr¬

hunderts erkannt, insbesondere durch den berühmten Freiburger Botaniker Firmin Jaquet. Er hat in seinem «Catalogue raison¬

né» (Jaquet 1930) die Grundsteine zur Erforschung der Freiburger Flora gelegt.

Jedoch wurde es erst in den letzten Jahren, nach detaillierteren Forschungsarbeiten und der Publikation des Buches «Flore de la ville de Fribourg» (Purro & Kozlowski 2003) klar, wie wichtig die Saane für den Reichtum der Pflanzenwelt der Stadt und des Kantons

Freiburg ist. Heute wissen wir, dass die Stadt Freiburg nahezu 1100 Pflanzenarten beher¬

bergte). In einer Stadt vergleichbarer Grösse in Deutschland beispielsweise wachsen nicht mehr als 500 Arten (also nur ca. 40%). Der Grund dafür liegt in der Tatsache, dass die Saane der Stadt Freiburg drei Lebensräume bietet, die sonst selten mitten in einem Urba¬

nen Zentrum vorkommen: (1) die steilen Felswände, (2) die bewaldeten Steilhänge und (3) die Ufer- und Auengebiete.

Bergpflanzen (Orophyten)

Eine Besonderheit der Stadt Freiburg stellen die sogenannten Orophyten (Bergpflanzen) dar. Keine Schweizer Stadt kann mit Freiburg in diesem Bereich konkurrieren. Bis heute hat man ca. 45 Arten dieser Pflanzengruppe beobachtet. Es sind Pflan¬

zen, die sonst nur in den Voralpen, ab ca.

1000 m ü. M. vorkommen und in den kühlen und feuchten Tälern der Saane einige der letzten Refugien in Richtung Mittelland vor-

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finden. Leider ist jedoch die Hälfte davon seit mehreren Jahrzehnten nicht mehr beob¬

achtet worden. Ein wesentlicher Grund für das Verschwinden dieser Arten war der Bau des Staudammes von Rossens im Jahre 1948, ca. 15 Kilometer flussaufwärts.

den gut etablierten und nicht bedrohten Bewohnern der Felsen und steilen Hänge gehören beispielsweise der Bewimperte Steinbrech (Saxifraga aizoides), die Niedliche Glockenblume (Campanula cochleariifolia) oder der Grossblütige Fingerhut (Digitalis

Einerseits wurde damit der Samentransport für die Anschwemmlinge aus den Alpen ver- unmöglicht, andererseits wurden die Auen¬

dynamik des Flusses sowie das Entstehen von offenen, steinigen Standorten entlang der Saaneufer praktisch lahmgelegt. Ohne Samentransport und geeignete Lebens¬

räume werden einige der früher beobachte¬

ten Alpenpflanzen nie mehr nach Freiburg zurückkehren. Zu diesen ausgestorbenen Pflanzen gehören beispielsweise das Alpen- Leinkraut (Linaria alpina), die Kahle Wachs¬

blume (Cerinthe glabra) oder der Schild¬

blättrige Ampfer (Rumex scutatus), die auf Felsschutt-, Geröllstandorte und steinige Ufer angewiesen sind. Glücklicherweise gibt es auch Bergpflanzen, die entlang der Saane noch zahlreiche Standorte bewachsen. Zu

grandiflora). Zu den Bergflora-Besonderhei¬

ten der Saanefelsen gehört ohne Zweifel das Alpen-Fettblatt (Pinguicula alpina), eine insektenfressende Pflanze. Das Fettblatt ist im Mittelland sehr selten, in Freiburg dage¬

gen wächst es noch in der Mageren Au und im Galterengraben an mehreren Standorten.

Les Rames - ein botanisch wertvoller Halophytenstandort

Die steilen Felsen, die von der Grand-Rue und vom Stalden in die Saane fallen, waren in ver¬

gangenen Jahrhunderten in Fachkreisen im ganzen Land bekannt. Es handelte sich um den praktisch einzigen Halophytenstandort in der Schweiz. Halophyten sind Pflanzen, die hohen Salzgehalt im Boden ertragen. Einer der früheren Botaniker, Hubert R C. Savoy, der im

Von links nach rechts:

Iris pseudacorus, Campanula chochlearii- fblia, Echium vulgäre.

(33)

Von links nach rechts:

Erucastrum nasturtiifo- lium, Fagus sylvatica, Aquilegia atrata.

19. und Anfang des 20. Jahrhunderts die Freiburger Flora erforschte, schrieb über Les Rames: «ravins chéris des botanistes, où se rencontrent plusieurs espèces fort rares et quelques plantes marines qui demandent aux eaux saturées de sel de cuisine les sucs parti¬

culiers dont elles ont besoin». Hunderte Botaniker pilgerten auf diese Felsen, bewun¬

derten und sammelten (vielleicht auch zu intensiv) die hier wachsenden Raritäten der Schweizer Flora. Besonders berühmt war das sogenannte Freiburger «Salz-Trio»: die Niederliegende Salzkresse (Hymenolobus procumbens), das Bürstengras (Polypogon monspeliensis) und die Breitblättrige Kres¬

se (Lepidium latifolium). Die zwei ersten Arten wuchsen in der Schweiz nur auf den Felsen von Les Rames. Sie sind leider heute an diesem Standort mit grosser

wände.

Saanetal - eine Welt der Kontraste

Eine Erklärung für den aussergewöhnlichen Artenreichtum des Saanetals ist das Vorkommen von zahlreichen Lebensräumen auf relativ kleiner Fläche. In den steilen Hängen des Tales kommen sehr kontrastrei¬

che Habitate nebeneinander vor: die südexpo¬

nierten, besonnten und warmen Abschnitte auf der einen Seite und die kühlen, feuchten und schattigen Gebiete auf der anderen Seite.

Ein ideales Beispiel dafür ist die Magere Au, eine der artenreichsten Gegenden entlang der Saane. Auf den sonnigen Felsen und in den trockenen Wiesen und Waldstückchen findet man zahlreiche Arten, die man nahezu als mediterran bezeichnen könnte, wie zum Beispiel die schöne Traubige Bisamhyazinthe

Wahrscheinlichkeit ausgestorben. Die dritte Art, Lepidium latifolium, wurde vor einigen Jahren wiederentdeckt und wächst noch in wenigen Gruppen auf schwer zugänglichen kleinen Terrassen an der Basis der Fels-

(Muscari racemosum). Weitere trockenheits- liebende Arten der Mageren Au sind das Nickende Leimkraut (Silene nutans) im Wald, der Gemeine Natterkopf (Echium vulgäre) in der Wiese, oder die Gelbe Reseda (Reseda

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lutea) und die Brunnenkressenblättrige Ram¬

pe (Erucastrum nasturtiifolium) auf den offe¬

nen Felsen. Das Bild ändert sich drastisch, wenn man die Talseite wechselt. Die feuch¬

ten und schattigen Felsen der nordexponier¬

ten Hänge der Mageren Au sind mit einem dichten Moos-Teppich bewachsen. Dazu ge¬

sellen sich mehrere Farne, von denen einige recht selten sind, wie zum Beispiel der Schuppige Wurmfarn (Dryopteris affinis), der Gelappte Schildfarn (Polystichum aculeatum) oder der Tüpfelfarn (Polypodium vulgäre).

Früher wuchs hier sogar der Rippenfarn (Blechnum spicant), eine Bergfarnart, die in den Nadelwäldern der Freiburger Voralpen häufiger ist. An feuchteren Standorten in Felsnähe wächst hier das Fettblatt (Pinguila alpina) und der Bewimperte Steinbrech (Saxi- fraga aizoldes) beide Orophyten, sowie das

und zwar durch das Beobachten der Baum¬

und Strauchschicht in den normalerweise durch die Rotbuche (Fagus sylvatica) domi¬

nierten Waldhängen. Ein guter Zeiger der wärmeren Standorte ist die Wald-Föhre (Pinus sylvestris) oder die Strauchwicke (Hippocrepis emerus). Die kühleren Ab¬

schnitte hingegen werden von der Weiss¬

tanne (Abies alba) und der Fichte (Picea abies) dominiert. Viele Abschnitte der fluss¬

nahen Wälder haben bis heute ihren ursprünglichen Charakter erhalten, die unzu¬

gänglichsten und steilsten davon kann man sogar als Urvegetation bezeichnen. Zahl¬

reiche der schönsten, doch bedrohten Wald¬

pflanzen gedeihen deshalb noch in der Stadt Freiburg. Hierzu gehört beispielsweise die Dunkle Akelei (Aquilegia atrata), der Schwal¬

benwurz-Enzian (Gentiana asclepiadea) und

Sumpf-Herzblatt (Parnassia palustris).

Diese gegensätzlichen Lebensräume (warm und trocken versus kühl und feucht) kann man bereits aus Entfernung wahrnehmen,

mehrere Orchideen, wie die Braunrote Sumpfwurz (Epipactis atrorubens) oder das Weisse Waldvögelein (Cephalanthera dama- sonium).

Die Ufer der Saane, die Felsen und die bewal-

Von links nach rechts:

Pinus sylvestris, Asplenium trichomanes, Reynoutria japonica

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deten Hänge entlang des Flusses gehören zu den wichtigsten Habitaten, die zur Erhaltung der Pflanzenvielfalt in der Umgebung von Freiburg beitragen.

Bedrohte Vielfalt

Da sie inmitten einer Stadt liegen, ist es unvermeidlich, dass sie unter ständigem Druck der Anthropopression leiden. Art- und standortspezifische Schutzmassnahmen müs¬

sen unbedingt erarbeitet werden, um diesen einzigartigen Reichtum zu bewahren. Eine be¬

merkenswerte Massnahme war hingegen die Erstellung des Naturschutzgebietes um den Pérollessee. Die gleiche Aufmerksamkeit ver¬

dienten jedoch weitere Ufer- und Felsen¬

partien bei der Mageren Au, bei Les Rames oder Abschnitte von Palatinat. Auch die kleinen und grösseren Gräben, Schluchten und Bäche, insbesondere der Galterengraben, müssten einer aufmerksamen Bewertung unterzogen werden, damit geeignete Schutzmassnahmen ergriffen werden könnten.

Ein weiteres Problem stellen die invasiven Pflanzen dar. Es sind die sogenannten Neo- phyten, die in der letzten Zeit die Ufer der Saane erobern. Zu diesen «Problempflanzen»

gehört beispielsweise der Riesen-Bärenklau (Heracleum mantegazzianum), der aus dem Kaukasus in die Schweiz eingeschleppt wurde.

Er bedeckt bisweilen grosse Partien von Les Rames und verdrängt die oben erwähnten sel¬

tenen Pflanzen aus diesem Standort. Noch gefährlicher, und bereits seit langem entlang der Saane etabliert, ist der Japanische Stau¬

denknöterich (Reynoutria japonica) oder die beiden Goldrute-Arten (Solidago gigantea und

S. canadensis) aus Amerika, die in den flachen Ufer- und Auenpartien stellenweise in einer

«Monokultur» wachsen und den einheimi¬

schen Pflanzenarten keinen Platz mehr gewähren.

G. K„ Ch. P

(36)

UN TRÉSOR VÉGÉTAL

La ville de Fribourg abrite quelque 1100 espè¬

ces de plantes, alors qu'on n'en recense pas plus de 500 dans une ville d'Allemagne de taille comparable. Cette richesse, elle la doit à la Sarine, à ses méandres et à la mosaïque de biotopes qu'elle offre. Rares sont en effet les villes qui disposent à la fois de falaises aussi raides, de versants couverts de forêts et de rives restées sauvages.

Aucune ville ne peut concurrencer Fribourg pour les plantes de montagne, qu'on trouve sinon uniquement dans les Préalpes.

Malheureusement, la construction du barrage de Rössens a détruit des biotopes et gêné le transport des semences. Résultat: la moitié de ces espèces n'a plus été observée depuis des décennies.

Aux siècles passés, les falaises de la Grand- Rue et du Stalden ont attiré des centaines de botanistes à la recherche de plantes suppor¬

tant une forte teneur en sel. Ils étaient surtout intéressés par trois raretés, dont deux ont disparu (trop cueillies?). La troisième ne pous¬

se plus que sur de petites terrasses difficiles d'accès.

La grande richesse en espèces de la vallée de la Sarine est due à la multiplicité des biotopes se côtoyant sur un espace restreint. Les ver¬

sants exposés au sud (chauds et secs) favori¬

sent d'autres espèces que ceux exposés au nord (frais et humides). Certaines forêts pro¬

ches de l'eau ont conservé leur caractère d'origine. Dans les plus raides et inaccessi¬

bles, on trouve même des plantes menacées d'extinction, dont plusieurs orchidées.

Cette richesse est menacée par toutes sortes de pressions, y compris celle des plantes invasives originaires d'autres régions du monde, qui repoussent les espèces indigè¬

nes. La mise sous protection du lac de Pérolles a préservé la diversité. Mais il faut prendre d'autres mesures pour protéger des rives et des falaises à la Maigrauge, aux Rames, au Palatinat et dans la vallée du Gottéron.

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SAUMON DISPARU, NASE EN SURSIS, OMBRE RARE.

LES POISSONS À LA PEINE Jacques Eschmann

Années 1860: la première échelle à poissons de la Maigrauge, taillée dans la molasse (coupe).

Avant la période des endiguements et la cons¬

truction des barrages, la Sarine était extraordi- nairement riche en poissons. Foisonnement d'individus et d'espèces: aujourd'hui mena¬

cés de disparition, les nases pullulaient et côtoyaient le saumon. Ce dernier a même résisté à la construction du barrage de la Maigrauge après 1860, grâce à une échelle à poissons taillée dans la molasse. Mais le rehaussement de 1910 et la multiplication d'obstacles sur le Rhin, l'Aar et la Sarine lui ont été fatals.

Bien qu'à Fribourg la Sarine soit restée plus sauvage que la plupart des cours d'eau urbains, la faune piscicole n'est pas à la fête.

Sur la distance - moins de 3 kilomètres - qui sépare les lacs de Pérolles et de Schiffenen, le débit n'a plus rien de naturel. Quand elle fonctionne à pleine puissance, l'usine de l'ŒIberg, en l'Auge, lâche 100 m3 par seconde, un vrai raz-de-marée en comparaison des 4 m3

que les EEF sont tenus de restituer au pied de

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la Maigrauge. Trop d'eau en aval - les jeunes 36 poissons détestent ça -, pas assez en amont.

La rivière a perdu sa dynamique naturelle. Les barrages retiennent les sables et les graviers si prisés par certains poissons pour frayer.

Presque partout, la molasse affleure. Les

zones de frayères ont quasiment disparu entre les deux lacs. Où aller? Le barrage de Schiffenen est infranchissable, le Gottéron inaccessible à cause d'une cascade. Seule échappatoire: l'échelle et l'ascenseur à pois¬

sons de l'usine de la Maigrauge, grande nou-

En ce temps-là, les saumons fréquentaient encore la Sarine...

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veauté 2004 en phase de test. À eux seuls, ces dispositifs ne permettront pas d'enrayer le déclin.

Car déclin il y a. Après la disparition du sau¬

mon, les spécialistes ne donnent pas cher du nase, dont l'espérance de vie dans la Sarine est estimée à trois ou cinq ans. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, ce «poisson du pauvre»

était considéré comme une plaie par certains, qui ne se gênaient pas de l'estourbir à coups de bâton! Lombre de rivière, autrefois fré¬

quente, est devenue rare. Quant à la truite de rivière, elle ne se maintient à ce niveau que grâce à des mesures de repeuplement.

Autrefois fructueuse et nécessaire à l'alimen¬

tation des habitants de la Basse-Ville, la pêche est devenue une activité sportive ou de délas¬

sement. Une école de patience aussi. Selon la statistique de 2002, seuls quatre poissons

ont été péchés (et déclarés) en moyenne quo¬

tidienne: soit pour l'année entière 1200 trui¬

tes, quelques dizaines d'ombres ou de sand¬

res, quelques unités de perches, de barbeaux ou de chevaines, et un brochet, un!

La faute aux prédateurs naturels? Il est bien connu que les gros poissons mangent les petits. Jadis, ce rôle était joué par la truite, le saumon ou l'ombre. Mais depuis que la Sarine est un chapelet de lacs, les habitants de ceux-ci, comme le brochet ou la sandre, se montrent les plus voraces. Le danger peut aussi venir des airs: le cormoran et le harle bièvre pèchent en eau calme, tandis que le héron cendré a commencé à faire de la Sarine sa chasse gardée.

Mais que les ornithologues se rassurent: la raréfaction du poisson n'est pas due à leurs protégés. Elle est avant tout provoquée par

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les aménagements des cours d'eau. Ce n'est donc pas en s'attaquant aux oiseaux piscivo¬

res qu'on résoudra le problème, mais par une revitalisation des biotopes de la Sarine. Un apport de graviers pourrait recréer des frayé- res, si les ouvertures intempestives de van¬

nes n'emportaient pas tout. On parle aussi de mettre en place du bois mort pour constituer des caches et apporter le calme dont ont besoin les jeunes poissons. Et pourquoi ne pas élargir la rivière dans les zones de la Motta et des Augustins, ou au Grabensaal?

J. E.

Renseignements obtenus auprès de M. Jean- Daniel Wicky, chef du secteur pêche au Service cantonal des forêts et de la faune.

LA TRUITE

DE CHARLES-ALBERT

Nul mieux que Charles-Albert Cingria, le poète de «Musiques de Fribourg», n'a su capter le murmure de la Sarine et rendre la magie de ses rives, à l'aplomb des clochers et des falaises.

«Là, effectivement, tout est vieux. C'est même presque pré¬

historique. On peut s'aplatir sur le ventre et regarder filer dans très peu d'eau une truite-requin qui fait une ombre, sur le roc, bien plus précise qu'elle. En vain des fils pendent et des vers gigotent au bout des hameçons. Elle connaît bien son monde.

C'est une lente solennelle promenade qu'elle fait tous les jours, seulement pour être admirée. Le vieux roc est lisse comme son ventre et tout dans la nature rappelle ces teintes- là qui sont les siennes. On lève la tête et on regarde, et ces arbres qu'on voit sur les falaises trouées et en partie éboulées sont effectivement des sapins.»

«Fribourg jeune et vétusté» (1942), dans Œuvres complètes, Lausanne, t.VII, p. 161

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QUAND LA MAIGRAUGE ABRITAIT UNE NURSERY DE DIABLOTINS

GLOIRE ET DÉCLIN DES CHAUVES-SOURIS Benoît Magnin (membre de FRIbat, Groupe fribourgeois pour l'étude et la protection des chauves-souris)

Pour les chauves-souris, maîtresses des airs dès la nuit tombée, la coulée verte de la Sarine constitue un véritable «salon de l'habi¬

tat». Les diverses espèces y trouvent un milieu à leur convenance: anfractuosités des falaises, vieux arbres et galetas où passer l'été, caves humides et galeries de molasse pour l'hiver, plans d'eau, prés, jardins et rose- lières où abondent les insectes dont elles se repaissent. En traversant le pont de Berne à la tombée d'une chaude nuit de juin, on peut observer sur les «plats» de la Sarine des chau- ves-souris tournoyant à quelques centimètres de l'eau, l'effleurant parfois lorsqu'elles y cueillent un éphémère. Ce sont les murins de Daubenton, si bien nommés par les Allemands Wasserfledermaus. Ils viennent de s'extraire des profondeurs des blocs de tuf taillés qui endiguent le Gottéron, où ils ont passé la journée. Après une bonne heure de chasse, les chauves-souris repues iront se percher sous les ponts, digérer la quantité ahurissante (le tiers de leur poids chaque

nuit!) de moustiques et éphémères qu'elles ingurgitent pour satisfaire leur métabolisme d'athlètes de fond.

Plus haut dans le ciel croisent les noctules, occupées à écumer les essaims de mous¬

tiques qu'elles traversent la gueule grande ouverte, utilisant la même technique que les baleines dans les bancs de krill. En automne, plus d'un promeneur a pu se croire victime d'a- couphènes, quand passant près d'une vieille cheminée ou d'un arbre creux occupé par la noctule, ses oreilles captent le puissant chant d'amour que le mâle émet dans un registre très aigu mais perceptible à l'oreille humaine.

Les véritables ultrasons, les chauves-souris les réservent à l'orientation. Lécho des cris ultrasoniques - inaudibles à l'homme, heureu¬

sement pour la tranquillité de nos nuits - ren¬

seigne la chauve-souris sur la présence d'ob¬

stacles et de proies, lui permettant d'évoluer dans l'obscurité. Contrairement à la légende,

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les chauves-souris ne sont pas aveugles pour autant, et passent au mode visuel lorsque la luminosité le leur permet.

Limposant bâtiment du couvent de la Maigrauge a longtemps bourdonné de l'activi¬

té des grands murins, la plus grande espèce indigène (40 cm d'envergure pour un poids de 30 g), dont une bonne centaine de femelles se regroupaient chaque printemps dans les immenses galetas. Chacune y donnait nais¬

sance en juin à son unique rejeton, allaité et élevé dans cette véritable nursery, la chaleur étouffante de juillet faisant office de couveu¬

se. Une chauve-souris se reproduit en effet à un rythme équivalent à celui des humains, loin des rongeurs aux portées prolifiques.

Nocturne, la chauve-souris est associée dans la tradition chrétienne aux craintes et supersti¬

tions que l'obscurité a inspirées aux humains.

Un petit tour dans les églises de la ville permet d'admirer un riche bestiaire de démons et créatures infernales affublés d'ailes de chau¬

ves-souris, les plumes étant réservées aux anges. Un couvent n'était donc pas le plus sûr des refuges, et après plusieurs péripéties, des treillis ont définitivement banni ces diablotins de leur paradis, dans les années 1950.

C'est aussi de cette époque que date le déclin de la plupart des espèces: décimées insidieu¬

sement par les pesticides et affamées par la disparition de leurs garde-manger, les chau- ves-souris ont acquis le privilège discutable d'être protégées.

B. M.

Le grand murin a longtemps été l'hôte des cisterciennes de la Maigrauge (photo Michel Beaud).

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SQUATT DANS LES FALAISES: LE COLVERT POND CHEZ LE KROTSÈRAN

LA RIVIÈRE AUX 162 NOMS D'OISEAUX Michel Beaud, Simon-Pierre Parrat (membres du Cercle ornithologique de Fribourg)

La diversité des milieux traversés par la Sarine en ville de Fribourg entraîne celle des oiseaux qui les colonisent. Pas moins de 162 espèces, dont 94 nicheuses, y ont été recensées.

Dans les falaises de molasse on peut rencon¬

trer la chouette hulotte, le grand corbeau (le krotsèran), le choucas des tours (qui ne niche Lehadebièvre plus actuellement, aux abords de la Sarine, (photo Michel Beaud). que dans les murs de soutènement de la

Grand-RueI), le faucon crécerelle et, depuis quelques années, le faucon pèlerin. Il s'instal¬

le tantôt au-dessus du lac de Pérolles, tantôt dans la falaise de l'ŒIberg; de là, il chasse le pigeon domestique en ville, la haute tour du NH Hôtel et celle de la cathédrale lui servant de poste de chasse. Spécialité fribourgeoise, des canards colverts nichent régulièrement sur des vires à plusieurs dizaines de mètres de haut et ont même adopté le nid du grand corbeau pour y pondre leurs œufs! Le marti¬

net noir lui-même se fait nicheur rupestre au- dessus du barrage de Pérolles et à la Maigrauge. En hiver, les falaises sont réguliè¬

rement visitées par le tichodrome échelette, papillonnant petit insectivore rouge et gris descendu des hauteurs des Préalpes pour chercher sa nourriture dans les anfractuosités de la molasse. Il fréquente volontiers les constructions humaines, comme la tour de Saint-Nicolas, le pont de Pérolles ou celui de Grandfey.

Car les ponts sont souvent adoptés par les

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espèces des falaises. Celui de Pérolles par exemple, où des nichoirs ont été installés, abrite les couvées de la chouette hulotte ou celles du harle bièvre. Même les hirondelles de rocher, premières annonciatrices du prin¬

temps, utilisent les ponts comme falaises de substitution et y fixent leurs nids.

reproduisait autrefois sur les bancs de gravier au milieu du lit de la rivière. La pousse des buissons et des arbres a hélas sonné le glas de cette espèce dans notre ville. La guignette n'y est plus que de passage. Quant au martin- pêcheur, il creuse encore son terrier dans la berge de la Sarine et vous passe devant, éclair Sur les berges de la Sarine, en pleine ville,

nichent 3 à 4 couples de cincles plongeurs; il n'est pas rare, depuis le pont du Milieu ou le pont de Berne, de voir l'oiseau marcher au fond de l'eau, à la recherche de quelque nour¬

riture à ramener à sa nichée bien camouflée dans sa boule de mousse derrière une racine ou à l'abri d'un pont, toujours près de l'eau.

Un couple avait même, une fois, choisi les excitatrices de l'usine de l'ŒIberg pour y construire son nid! Le chevalier guignette se

En haut : le héron, en bas: l'hirondelle des rochers

(photos Michel Beaud).

Figure

Fig 1 : Le sous-sol de  Fribourg. L'eau souter¬
Fig. 2: Coupes géolo¬

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