HAL Id: jpa-00207246
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Analyse spectrale de la lumière diffusée par la surface libre d’un cristal liquide nématique. Mesure de la tension superficielle et des coefficients de viscosité
D. Langevin
To cite this version:
D. Langevin. Analyse spectrale de la lumière diffusée par la surface libre d’un cristal liquide nématique.
Mesure de la tension superficielle et des coefficients de viscosité. Journal de Physique, 1972, 33 (2-3),
pp.249-256. �10.1051/jphys:01972003302-3024900�. �jpa-00207246�
ANALYSE SPECTRALE DE LA LUMIÈRE DIFFUSÉE PAR LA SURFACE LIBRE
D’UN CRISTAL LIQUIDE NÉMATIQUE.
MESURE DE LA TENSION SUPERFICIELLE
ET DES COEFFICIENTS DE VISCOSITÉ
D. LANGEVIN
Laboratoire de
Spectroscopie Hertzienne, 24,
rueLhomond,
Paris 5e(Reçu
le 9septembre 1971)
Résumé. 2014
L’analyse spectrale
à haute résolution de la lumière diffusée par la surface libre d’un cristalliquide nématique
permet la mesure de la tensionsuperficielle
et deplusieurs
coefficients de viscosité duliquide.
Ces mesures ont été faites sur deuxliquides nématiques :
le P. A. A. à 122 °C et le M. B. B. A. dans une zone detempérature
allant de 2014 10° à + 7° dupoint
de transition.Abstract. 2014
Spectrum analysis
withhigh
resolution of thelight
scattered from the free surface ofa nematic
liquid crystal
allows to measure the surface tension and severalviscosity
coefficients. The measurements have been done on twoliquid crystals :
P. A. A. at 122 °C and M. B. B. A. in a tem-perature range
going
from 2014 10° to + 7° of the clarificationpoint.
Classification Physics Abstracts :
14.82, 14.83
Introduction.
- L’agitation thermique
crée à lasurface libre d’un
liquide
desaspérités
trèspetites (N
10Â)
dontl’évolution
est décrite par leséquations
de
l’hydrodynamique.
Pour un cristalliquide,
ceséquations
font intervenir l’orientation moyenne des moléculesreprésentée
par un vecteur unitaire no.Dans une
publication
récente[1 ],
nous avons calculé lespectre
des fluctuations dudéplacement
verticaldes
points
de la surface libre de vecteur d’onde q donné.Nous avons montré
qu’il
étaitanisotrope :
ildépend
de la
position
de l’orientation moyenne no par rap-port
à q. Dans ce calcul nous nous sommes intéressés à lapartie
duspectre correspondant
à desfréquences
suffisamment élevées pour que la contribution des forces
élastiques
au mouvementhydrodynamique
soitentièrement
négligeable.
Lapuissance spectrale
duchamp électrique
diffusé par la surfacereproduit
exac-tement celle des fluctuations et c’est cela que l’on détecte
lorsqu’on
observe les battements lumineux entre la lumière diffusée par l’interface et une fraction de la lumière incidente(détection hétérodyne).
Un
champ magnétique permet
d’orienter les molé- cules de cristalliquide,
c’est-à-dire de fixer no. En utilisant différentesgéométries : champ magnétique horizontal, parallèle
ouperpendiculaire
à q,champ magnétique vertical,
nous avons pu mettre en évi- dence uneanisotropie
duspectre
de la lumière diffusée.Nous avons effectué
l’analyse systématique
de lapartie haute fréquence
duspectre
en fonction del’angle
de diffusion et déduit les valeurs de la tension
superfi-
cielle
J et de 3 coefficients deviscosité,
combinaisons linéaires des coefficients de Leslie[2], [1]
Nous avons étudié 2 cristaux
liquides
différents.Nous avons tout d’abord effectué des mesures
préliminaires
sur lepara-azoxyanisole (P.
A.A.), nématique
dans le domaine detempérature
118o t 135°C. La faible viscosité de ce
produit (11 ’"
3cp)
le situe dans un domaine où l’amortisse- ment des fluctuations de surface est tel que l’on nepeut
déduire del’analyse
duspectre
de la lumière diffusée que J et deux coefficients de viscosité112 et
il, +113/8.
L’absence
d’anisotropie
duspectre indique
d’autrepart
que ces deux coefficients de viscosité sont très voisins et confirmel’isotropie
de la tensionsuperfi-
cielle. Nous avons étudié ce
liquide
à une seuletempérature t
= 122°C etuniquement
enchamp magnétique
horizontal.Nous avons étudié de
façon plus complète
leméthoxy-benzilidène-butylaniline (M.
B. B.A.),
néma-tique
dans le domaine detempérature
200 t 45°C.Ce
produit
est environ dix foisplus visqueux
que le P. A.A.,
cequi
le situe dans un domaine où l’onpeut
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01972003302-3024900
250
déduire du
spectre
de la lumière diffusée les 4paramè-
tres U, 111, 112, 113. Nous avons mis en évidence une
anisotropie marquée
duspectre
enchamp magnétique
horizontal.
Les molécules de ce
liquide
ont une orientationimposée
à la surface libre : elles font unangle 0
avecla normale de l’ordre de 15° et variant avec la
tempé-
rature
(alors
que, pour le P. A.A.,
les molécules sont horizontales à la surfacelibre) [3].
Enprésence
dechamp magnétique horizontal,
il se crée unerégion
distordue au
voisinage
de la surfaced’épaisseur ç.
Dans le cas
où q 0,1,
le calcul montre que la distorsion n’a pas d’effet sur la formespectrale,
et que tout se passe comme si les molécules étaient horizon- tales à la surface libre.Toujours
dansl’hypothèse q 0, l,
on montre que lespectre
obtenu enchamp
vertical est
identique
auspectre
obtenu enchamp
horizontal pour q
Il
H. C’est ce que nous avonsobservé
expérimentalement ;
d’un autrepoint
de vue, cecipeut
être considéré comme une confirmation del’isotropie
de la tensionsuperficielle.
Nous
présentons
les résultats obtenus dans la zonede
température -
10° t- te
7°(te température
de transition
nématique = isotrope)
en nous limitantà la
partie
hautefréquence
duspectre typique
desondes de
capillarité
à la surface desliquides.
Nous discutons ensuite
quelques
résultats concer-nant la
polarisation
de la lumière diffusée et lapartie
du
spectre
située à bassefréquence.
Dans une
première partie,
nousindiquons
lesconclusions essentielles du calcul
théorique
duspectre
des fluctuations. Lemontage expérimental
est décritdans la
partie II,
et les résultatsexpérimentaux
dansla
partie
III.I.
Spectre
des fluctuations de surface. - Onpeut envisager
différentesgéométries
suivant laposition
desmolécules à la surface et l’orientation du
champ magnétique.
a)
CHAMPMAGNÉTIQUE
HORIZONTAL ET MOLÉCULES PARALLÈLES A LA SURFACE. -Supposons
tout d’abordque la surface
impose
une orientationprivilégiée
desmolécules telle que no soit horizontal au
voisinage
dela surface
(cas
du P. A.A.).
Si onplace
leliquide
dans un
champ magnétique horizontal,
no sera hori- zontal etparallèle
auchamp
dans tout le volume.Les
équations
del’hydrodynamique
et le théorème defluctuation-dissipation permettent
alors de calculer lespectre
des fluctuations[1] ]
D(v)
= 0désignant l’équation
dedispersion
desondes de surface.
Dans le cas
q Il H,
si on introduit lesquantités
réduites
(p
étant la densité duliquide) :
l/ désigne
la détermination de la racineayant
une par- tie réellepositive.
Dans le cas q 1
H,
lespectre
se réduit auspectre
d’unliquide
ordinaire de viscosité 172’En
effet,
les molécules sont en moyenneperpendi-
culaires au
plan
dumouvement, lequel
n’a alors pasd’effet sur leurs orientations
(Fig. 1).
FIG. 1. - Aspect d’une fluctuation de surface de vecteur d’onde q : a) molécules parallèles à la surface, champ magnétique
Il
q ; b) molécules parallèles à la surface, champ magnétique 1 q ; c) molécules perpendiculaires à la surface, champ magné-tique vertical.
Si le
liquide
est peuvisqueux (yl, Y2 » 1),
cesspectres
deviennent trèssimples ;
ils secomposent
de 2 Lorentziennes centrées auxfréquences :
et dont les
demi-largeurs
sont :Le
spectre expérimental
nepermet
donc la mesure que de 3paramètres
(1, 112 et 111 +113/8.
Si le
liquide
est au contraire trèsvisqueux (Yl, Y2 « 1),
lespectre
est la différence de 2 Lorent- ziennes centrées à lafréquence
0 et dedemi-largeur :
avec
Expérimentalement,
on nepeut
observer la 2equi
est très
large.
Lespectre
est donc encore moins richeen
informations,
il nepermet
de mesurer que 2 para-mètres,
Le
régime
d’amortissement leplus
intéressant se situe auvoisinage
de y,, Y2 - 1. Lapremière forme
de raie
(spectre Pi(v))
estlégèrement
sensible à la variation de A[1].
Enfait,
il faut un excellentrapport
signal/bruit
pourpouvoir
déduire une valeurprécise
de A de
la forme
duspectre expérimental. Cependant,
si l’on veut rendre
compte
d’unspectre
de forme donnée avec des valeurs de Adifférente,
on estamené à choisir pour yl 1 et il des valeurs très diffé- rentes. Par
exemple,
sur lafigure
1 de la référence[1 ],
on a
représenté
deuxspectres
voisinscorrespondant
àAinsi,
les valeurs de 6 et 1, que l’onpeut
tirer d’unspectre expérimental
sont fonctions de A : pour y L--1, AulAA = 1,5 dyne/cm.
Si l’on connaît par ailleurs la valeur de la tensionsuperficielle (à partir
des
spectres
q 1 H et ensupposant a isotrope),
onvoit
qu’il
estpossible
de déterminer A.Ensuite,
onpeut envisager
d’améliorer la détermination de 6, 113 et A en faisantlégèrement
varier cesparamètres
autour des valeurs
précédentes
et en cherchant leminimum de l’écart
quadratique
moyen entrespectre expérimental
etspectre théorique.
Enprincipe,
onpeut
donc déduire 2paramètres u
et 112 àpartir
desspectres expérimentaux
obtenus enchamp
hori-zontal pour q 1 H
(spectre P2(V»
et 3paramètres
a, 1, et A àpartir
desspectres expérimentaux
obtenussoit en
champ
horizontal pour q//
H soit enchamp
vertical
(spectre Pi(v)) ;
onpeut
donc vérifier si latension
superficielle
est bien la même pour ces diffé- rentesgéométries.
b)
CHAMPMAGNÉTIQUE
VERTICAL ET MOLÉCULES PARALLÈLES A LA SURFACE. - Si l’onplace
mainte-nant le
liquide
dans unchamp magnétique vertical,
l’effet duchamp
vas’opposer
à l’orientationimposée
par la surface libre.
Il se forme alors au
voisinage
de la surface une zoneperturbée d’épaisseur ç [4] (Fig. 2) :
K : Coefficient d’élasticité moyen ;
xa :
Anisotropie
de lasusceptibilité magnétique ;
H :
Champ magnétique.
FIG. 2. - Aspect de la distorsion au voisinage de la surface lorsque le champ magnétique est vertical et les molécules hori-
zontales à la surface.
Lorsque q « 1, l’équation
dedispersion D(v)
= 0est
identique
àl’expression (1)
obtenue enchamp magnétique
horizontal pour q//
H.Lorsque qç ;5 0,1,
ce résultat reste valable. On montre que le
spectre
estidentique
auspectre
duliquide placé
dans unchamp
horizontal H
Il
q et recouvert d’un filmd’épaisseur j
et de viscosité de surface ils =
r’ ç,
oùil’
est unecombinaison linéaire des 3 coefficients de viscosité r¡ 1, r2 et ’13’ Le
paramètre
réduit ilsqltl - q
restant del’ordre de
0,1
le calculnumérique
montre que l’effet de ce film estnégligeable.
C)
MOLÉCULES NON PARALLÈLES A LA SURFACE. -Lorsqu’au
contraire les molécules sont verticales(Fig. le)
ou bien font unangle 0
avec la normale à lasurface
libre,
on est amené aux mêmes conclusions.Si
qç ;5 0,1,
lespectre
enchamp magnétique
vertical ouen
champ
horizontalH //
q est lespectre P,(v),
et lespectre
enchamp
horizontal H 1 q est lespectre P2(v).
Remarque. -
Pour desfréquences
et des vecteursd’onde v »
1Hz, q
1 000cm-’,
onpeut négliger
la contribution au
spectre
des modes :252
Ces modes ont été observés en volume à de
plus grands angles
de diffusion[5].
Ilspeuvent également
existeren surface du fait du
couplage
entre les fluctuations d’orientation des molécules et les fluctuations de surface.Dans nos conditions
d’expériences,
ils sont trèsdifficiles à étudier et nous nous sommes limités à l’étude de la
partie
hautefréquence
duspectre, typique
des ondes de
capillarité
desliquides
ordinaires.II.
Montage expérimental.
- La surface déforméese
comporte
aupoint
de vueoptique
comme unesuperposition
de réseaux depériodicité
2n/q.
Chacunde ces réseaux provoque une diffusion de la lumière dans une direction faisant avec le faisceau de réflexion
régulière
unangle 0,
liéà q
par une relationbiunivoque
(nous
ne considérons que lesspectres
du 1 erordre,
étant donné quel’amplitude
des fluctuations(N
10À)
est
petite
vis-à-vis de lalongueur
d’onde  du faisceaulumineux). Lorsque l’angle
0 estpetit
et le faisceauincident voisin de la
normale : q
= 27rO/Â.
Si la lumière incidente est
monochromatique
defréquence vo, la
lumière diffusée ne l’estplus.
Lapuis-
sance
spectrale
duchamp électrique
diffusé se déduitsimplement
de celle des fluctuations de surfaceP(v)
par translation de vo dans l’échelle des
fréquences.
Sion effectue le battement de la lumière diffusée et d’une
partie
de la lumière laser(méthode hétérodyne)
surla
photocathode
d’unphotomultiplicateur,
lapuissance spectrale
du courantphotoélectrique
restitueP(v).
Le
montage expérimental
a été décritprécédem-
ment
[6].
La source utilisée est un laser multimodeHe-Ne
(Â
= 6 328Â)
de 60 mW. Le faisceau éclaire la surface sur un cercle de diamètre 5 mm,l’angle
d’incidence est de 30.
Après
réflexion sur lasurface,
le faisceau converge au centre d’undiaphragme
annu-laire recueillant la lumière diffusée par toutes les fluctuations de vecteur d’onde q.
Lorsqu’on
veut selimiter à des vecteurs d’onde q de direction
donnée,
on utilise un
diaphragme percé
de 2 troussymétriques
par
rapport
au centre. Lesangles
de diffusion sontcompris
entre 5’ 040’,
cequi correspond
à desvecteurs d’onde .
Pour
appliquer
unchamp magnétique
et thermostater leliquide,
onprocède
de manière différente suivant lagéométrie adoptée.
Le
champ magnétique
horizontal est créé par unélectro-aimant de 85 mm d’entrefer et 75 mm de diamètre de
pièces polaires.
Sa valeur maximale est de 3 500 G. Leliquide
est alorsplacé
dans une cellulecylindrique
enquartz
de 100 mm de hauteur et 55 mmde diamètre que l’on
peut
sceller sous vide. Cette cellule estplacée
dans un thermostat en cuivre formé de 2parties.
Lapartie
inférieure est thermostatée avec un thermomètre à contactgradué
au1 / 1 Oe
dedegré.
Ceci
permet
de maintenir leliquide
à unetempérature
fixe à
1/10e
dedegré près
environ. Le couvercle duthermostat est isolé
thermiquement
de lapartie
infé-rieure et il est chauffé à une
température
de 5°supé-
rieure environ. Sa
température
estrepérée
à l’aided’un
thermocouple.
Cecipermet
de maintenir la facesupérieure
de la cellule à unetempérature supérieure
àcelle du
liquide
afin d’éviter toute distillation venant salir la facesupérieure.
La hauteur de la cellule est d’autrepart
suffisante pour que legradient
ainsi crééà l’intérieur du
liquide
soitnégligeable (la
hauteur duliquide
est de l’ordre de 2 à 3mm).
Pour faire varierl’angle
entre q etH,
il suffit de faire tourner le dia-phragme percé
de 2 trous.Le
champ magnétique
vertical est créé par un aimantpermanent
dont lespièces polaires
ont été conçues de manière àpermettre
aux faisceaux lumineux incident et réfléchi de traverser l’une d’entre elles(Fig. 3).
FIG. 3. - Schéma du dispositif expérimental permettant de thermostater le liquide dans un champ magnétique vertical.
Les
pièces polaires
ont un diamètre de 30 mm et unécartement de 15 mm
permettant
d’obtenir unchamp magnétique
de 2 000 G. Leliquide
estplacé
dans unepetite
cellule enquartz
de 6 mm de hauteur et 45 mmde diamètre sans fenêtre
supérieure.
Un thermostaten cuivre renferme à la fois les
pièces polaires
et lacellule. Il est
régulé
avec un thermomètre à contact.La
précision
derégulation
detempérature
est moinsbonne que pour le
montage précédent :
le thermostatest
plus petit
et il y a des fuitesthermiques
par le corps de l’aimant. Cetteprécision
est de l’ordre du demi-degré.
III. Résultats
expérimentaux. 2013 1)
PARA-AZOXYANI-SOLE
(P.
A.A.).
- Les résultats sur celiquide
doiventêtre considérés comme
préliminaires.
Les molécules de P. A. A. sont horizontales à la surface libre
[7], [3].
Nous n’avons donc étudié celiquide qu’avec
lepremier montage : champ magné- tique horizontal,
pourlequel
l’orientation des molé- cules est uniforme dans tout l’échantillon. Nous nous sommesplacés
à latempérature
de 122°C.Nous avons utilisé du
produit
fourni soit parAldricht,
soit par EastmanKodak,
que nous avonsdistillé sous vide directement dans la cellule de mesure.
Cette cellule a été ensuite scellée sous vide. La durée moyenne d’un tel échantillon est de l’ordre de
quelques jours.
Au bout de cetemps,
lesspectres expérimentaux
ne sont
plus reproductibles
et on constate dans leproduit,
à l’endroitéclairé, l’apparition
de tachesnoires, probablement
dues à lapolymérisation
duproduit.
La
figure
4 montrel’aspect
d’unspectre expérimental correspondant
à un vecteurd’onde q
= 400cm-’
età un
champ magnétique
H’ = 2 000 G. Il est compa-FIG. 4. - Spectre de la lumière diffusée par la surface libre du P. A. A. à 122 °C correspondant à un vecteur d’onde
q = 400 cm-1.
tible avec une forme Lorentzienne
(courbe
en traitspleins).
Lesignal
autour de lafréquence
0 est dû àla diffusion en volume vers l’avant autour du faisceau réfléchi sur le fond de la cellule
(cf. 111-3) :
salargeur
et son intensité sont en effet
compatibles
avecl’aspect
observé par le groupe
d’Orsay [4].
On a vérifié d’autrepart
que cettelargeur
ne variait pas avec q mais semodifiait
lorsqu’on
inclinait différemment la cellule.On a
porté
sur lafigure
5 en échellelogarithmique
les résultats obtenus concernant la
fréquence v.
duFIG. 5. - Courbes de dispersion et d’amortissement des ondes de surface pour le P. A. A. à 122°C.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE. · T. 33, N° 2-3, FÉVRIER-MARS 1972.
pic
desspectres expérimentaux
et leurlargeur Av q
enfonction de q. On constate que la
pente
de la courbevq = , f (q)
est bien3/2
ainsi que leprévoit
la théorielorsque y
estgrand :
ici 9 y 52. Enrevanche,
dans ce domaine de valeurs de y, la loi
asymptotique
décrivant la variation de la
largeur
pour y trèsgrand :
n’est pas
rigoureusement
exacte, on a :Av Av’
On a tracé en traits
pleins
sur lafigure
5 la droite depente
2correspondant
àLog Avo.
Pour lesgrandes
valeurs de q, on constate bien que les valeurs
expéri-
mentales
Av q
seplacent
au-dessous deAvo. Mais,
pour les
petites
valeurs de q, on remarque au contraire queAvq
estsupérieur
àavq :
ceci est dû àl’élargisse-
ment instrumental
qui
devientappréciable
auxfaibles vecteurs d’onde.
Les mesures ont été effectuées avec q
Il
H et q 1H,
mais nous ne
présentons qu’une
seule série de résul- tats pour lalargeur
de raie. Eneffet,
nous n’avonspu mettre en
évidence,
à laprécision
des mesures,aucune
anisotropie
duspectre expérimental.
Cecinous mène à la conclusion que les viscosités 112 et 11 1 +
113/8
sont très voisines(cf. éq. (3)
et(4)),
etconfirme d’autre
part l’hypothèse d’isotropie
de latension
superficielle.
En utilisant pour la densité à 122 °C la valeur p =
l,16 g/cm3 [8],
nous déduisons des mesuresde vq :
et des mesures de
Av., après
correction del’élargis-
sement instrumental et utilisation de la loi de
dispersion
exacte
La valeur
de 12
est en bon accord avec la valeur mesu-rée par Miesowicz
[9]
à cettetempérature 112
=3,4
cp.Si nous utilisons sa valeur
de il, :
il, =2,4
cp nous en tironsq3/11
= 4 et 3 =9,6
cp. La valeur du rap-port q3ll,
1 est tout à faitcomparable
à la valeur quenous avons pu mesurer pour le M. B. B.
A.,
commele sont par ailleurs les
rapports 112/qI.
Ce résultatparaît
assez raisonnable et l’absenced’anisotropie
duspectre peut
donc êtreexpliquée
de manière tout à faitplausible.
La valeur de a est d’autre
part
en bon accord avec les mesuresdéjà
existantes[10].
2)
MÉTHOXY-BENZILIDÈNE-BUTYL-ANILINE(M.
B. B.A.).
- Les molécules de M. B. B. A. font unangle
0de l’ordre de 15° avec la normale à la surface
libre,
et variant avec la
température [3] (Fig. 6).
Ilen résulte que l’on obtiendra une
configuration
dis-tordue aussi bien en
champ magnétique
horizon-tal, qu’en champ magnétique
vertical. Mais commeqç 0,1,
cette distorsion n’a pas d’effet sur la formespectrale.
Nous nous sommesparticuliè-
17
254
FIG. 6. - Différence relative entre les coefficients de réflexion p
Il
correspondant à un champ électrique incident Ei parallèle au champ magnétique H et p 1 correspondant à Ei perpendiculaire
à H en fonction de to - t. Angle 0 des molécules de M. B. B. A.
avec le plan de la surface que l’on déduit de ces mesures.
rement attachés à l’étude d’une zone de
température
voisine de la
température
detransition te
néma-tique
=isotrope.
Aplus
bassetempérature
lapréci-
sion des mesures devient
plus mauvaise,
car lerégime
d’évolution de surface devient très
amorti,
la viscositéaugmentant,
et lesspectres expérimentaux
n’ontplus
de maximum distinct de la
fréquence
0. Ceci nepermet
plus
de déduire dechaque spectre qu’un
seul para-mètre.
Nous avons utilisé différents
produits
pour nosmesures : du M. B. B. A. pur
(te
=45 °C) [11] ]
etdu M. B. B. A. stabilisé fourni par
Varylight (te
=42°),
que nous avons
placés
soit sousvide,
soit enprésence
d’air. Dans ce dernier cas l’évolution du
produit
estplus rapide :
reste constantpendant
2jours environ, puis
baisserégulièrement
et se stabiliseensuite,
si la cellule estscellée,
à unetempérature
inférieure de 5° environ. Nous avons constaté quequelle
que soit lavaleur de t,,,
les résultats obtenus étaientidentiques,
à condition de se
placer
à des valeurs de t - teégales
pour tous nos échantillons : sous vide ou non, neufs
ou datant de
plusieurs
mois. Nous avonsuniquement
noté une différence de viscosité entre le M. B. B. A.
pur et le
produit Varylight
nedépassant
pas l’incer- titude de mesure dans laphase nématique (6 %)
maissemblant se confirmer dans la
phase isotrope
où cetteincertitude est
plus
faible(3 %).
Nous avons contrôlé à l’aide d’un
microscope polarisant,
que l’orientation de nos échantillons étaitparfaite
dans unchamp magnétique
de l’ordre de 1 000 G(à température
de lapièce).
Nous avons d’autre
part
testé l’influence de lapuissance
laser sur lesspectres expérimentaux
en ladiminuant
jusqu’à 1/100e
de sa valeur : nous n’avonsnoté aucune modification du
spectre
due à un éventuel échauB’ement duliquide.
Pour le M. B. B.
A.,
lerégime
d’amortissement sesitue dans la zone y N 1 où les
spectres expérimentaux
sont riches en information. Le mode de
dépouillement
que nous avons en
pratique adopté
est le suivant :un calcul
programmé
sur ordinateurpermet
de mini- miser l’écartquadratique
moyen entrespectre
théo-rique
etspectre expérimental
enprocédant
par ité- ration àpartir
de certaines valeurs initiales des para- mètres. Ondépouille
d’abord lesspectres P2(W)
d’oùl’on déduit a et 112- On utilise cette valeur de u pour
interpréter
ensuite lesspectres P,(co)
et en déduire111 et A. La
précision
obtenue sur A est alors de 10%,
et sur il,, 112 et a de 6
%.
Nous renonçons donc à déduire 3
paramètres
desspectres P,(co)
parce que la forme duspectre
esttrop
peu sensible à la valeur de A et il ne serait paspossible
de déterminer A dans ces conditions à mieux de 100
% près,
il, et 112 à mieux de1 S % près
et a à mieux de 20% près.
La valeur de la densité a été déterminée
indépen-
damment pour les 2
produits
utilisés en fonction de latempérature
avec unpicnomètre (à
1% près).
Les
figures
7 et 8 montrentl’aspect
despectres expérimentaux correspondant respectivement
àq 11
Het q 1
H,
pour un vecteurd’onde q
= 263cm-1,
unFIG. 7. - Spectre de la lumière diffusée par la surface libre du M. B. B. A. en champ magnétique horizontal H
Il
q pourtoc - = 3° et q = 263 cm-1.
FIG. 8. - Spectre de la lumière diffusée par la surface libre du M. B. B. A. en champ magnétique horizontal H 1 q pour
tc-t = 3 ° et q = 263 cm-1.
champ magnétique
H’ = 3 000G, et te - t
= 3o. Onnote une
anisotropie marquée.
Les courbes en traitspleins
sont les courbesthéoriques.
Lapremière
courbe
(q // H) correspond
à :soit
tl, = 0,163 p ; u = 38,53 dynes/cm.
La deuxième
(q
1H) :
soit fl2 =
0,252
p ; 6 =38,03 dynes/cm.
La
figure
9 montrel’aspect
d’unspectre expéri-
mental pour le même vecteur
d’onde,
la mêmetempé-
FIG. 9. - Spectre de la lumière diffusée par la surface libre du M. B. B. A. en champ magnétique vertical pour tc - t = 3° et
q = 263 cm- 1.
rature, pris
enchamp
vertical. On note la ressemblanceavec la courbe de la
figure
7. La courbethéorique (en
traits
pleins) correspond
à :soit f/3 =
0,161
p ; u =37,73 dynes/cm.
Pour
chaque température,
nous avonsenregistré
uncertain nombre de ces
spectres correspondant
à desvecteurs d’onde 138 q 509
cm-1. Après
avoirmoyenné
cesrésultats,
nous les avonsreprésentés
surla
figure
10 avec leur barred’erreur,
en fonction de latempérature.
Nous constatons que les valeurs
de il,
mesurées enchamp
horizontal pour q//
H et enchamp
verticalsont les
mêmes,
à l’incertitude de mesuresprès.
Cecipeut
être considéré comme une confirmation de l’iso-tropie
de la tensionsuperficielle :
enchamp vertical,
laprojection
horizontale de l’orientation moyenne des molécules no auvoisinage
de la surface libre a uneorientation
quelconque,
tandisqu’en champ
horizon-tal,
elle estparallèle
auchamp.
Dans les deux cas, il interviendrait donc des tensionssuperficielles
diffé-rentes s’il y avait une
anisotropie
de u. On a cherchéd’autre
part
une confirmation de l’absence d’influence de la zone distordue sur lespectre
en faisant varierFIG. 10. - Résultats des mesures de tension superficielle et de
viscosité pour le M. B. B. A.
son
épaisseur ç
avec lechamp magnétique.
Dansl’intervalle 1 000 g H 3 500 g
(15 Jl :5 ç :5
4Jl),
on n’a observé aucune modification des
spectres expérimentaux.
Nos mesures de
111(t)
concordent avec des mesuresexistantes faites avec un viscosimètre à
capillaire [12], [13].
En
revanche,
les mesures de112(t) et rll(t)
parabsorption
ultrasonore[13] présentent
un net désac- cord avec les nôtres. Etant donné que nous étudions leliquide
dans un domaine de bassesfréquences (v
20kHz),
il semble raisonnable d’attribuer cet écart à unphénomène
de relaxationprenant part
à unefréquence
intermédiaire entre 20 kHz et lesfréquences ultrasoniques.
Remarquons
que la valeur de113/11
=4,5
trouvée pour t, -t k
3° est voisine de la valeur correspon- dante trouvée pour le P. A. A. à122°, q/qi
= 4. Demême,
lerapport 112/11
=1,47
est voisin durapport correspondant
déduit pour le P. A.A., 1,41.
3)
POLARISATION DE LA LUMIÈRE DIFFUSÉE. - Les fluctuations de surfacepeuvent
être considérées commedes fluctuations de
densité,
et en tant que telles elles diffusent de la lumièrepolarisée.
C’est ce que nousavons vérifié
expérimentalement.
Nous avons utilisépour cela un
polariseur
dont le taux depolarisation
est de 99
%
et vérifié quelorsque
lechamp électrique diffusé, Ed,
estperpendiculaire
auchamp électrique
incident
E;,
lesignal
de diffusion tombe à 1%
de savaleur pour
Ed // Ei.
Le
spectre
de la lumière diffuséecomprend égale-
ment d’autres contributions que la
composante
quenous avons étudiée en
détail, typiques
des ondes decapillarité
à la surface desliquides simples.
Enparti- culier,
ilcomporte
unecomposante
très bassefréquence
dont on ne voit que l’aile à
l’analyseur
d’onde(la
bande
passante
de cetappareil
est au minimum 3Hz).
Son
origine
exacte est difficile àpréciser.
Peuvent y contribuer : les fluctuations de surface defréquences
256
caractéristiques
v N(Kq’
+xaH2)/r¡,
les fluctuations du coefficient deréflexion,
associées aux fluctuationsd’orientation,
etprobablement
enpartie
les fluctua- tions du laser et les vibrations dumontage.
Nousavons
également
vérifié que cettecomposante
étaitpolarisée (à
1% près).
Il serait intéressant d’étudier cettecomposante
enaugmentant l’angle
de diffusionafin
d’augmenter
salargeur
et en utilisant un laserplus
stable.Le
spectre
de la lumière diffuséecomprend
enfindeux contributions dues à la diffusion par les fluctua- tions d’orientation en volume
[5] :
0 une contribution basse
fréquence
due à la lumièrediffusée vers l’avant autour du faisceau réfléchi sur le fond de la cellule. On diminue son intensité en
inclinant la
cellule,
c’est-à-dire enaugmentant
le vec-teur d’onde pour la diffusion en volume
(tout
enconservant le même vecteur d’onde pour la diffusion
en
surface).
Ceciaugmente également
salargeur (typiquement
dv N 100 Hz pour le M. B. B.A.) ;
0 une contribution haute
fréquence
due à ladiffusion vers l’arrière autour du faisceau incident
(w N
30 kHz pour le M. B. B.A.), qui augmente
avec
l’épaisseur
deliquide.
L’intensité de la diffusion en volume est propor- tionnelle à
[14] :
[(5n.E,) (no. Ed)
+(5n.E,) (no. Ei)] 2
Elle est nulle
lorsque Ei
etEd
sontperpendiculaires
à no. Ceci fournit un moyen très
simple
desupprimer
la diffusion en volume afin d’étudier
uniquement
lesfluctuations de surface : il suffit de
prendre Ed parallèle
à
Ei
etperpendiculaire
auchamp magnétique.
Dans notre
montage expérimental,
lechamp magné- tique
est dans leplan
d’incidence et lechamp
élec-trique
incidentperpendiculaire
auplan
d’incidence.Nous avons effectivement constaté
qu’il
était intéres- sant d’utiliser unpolariseur
à la détectionpermettant
de sélectionner lechamp
diffuséEd Il E;.
D’unepart
on améliore le
rapport signal
sur bruit car unepartie
de la lumière diffusée
élastiquement
arrivant sur leP. M. est
dépolarisée.
On élimine alors avec lepola-
riseur la
composante Ed
1Ei
nepouvant participer
au battement. D’autre
part,
on diminue l’intensité de la lumière diffusée par le volume. On devrait enprincipe l’éteindre,
mais il estpossible qu’il
seproduise
un effet de diffusion
multiple
ou de la diffusionparasite
par les défauts sur le fond de la cellule
expliquant
que l’extinction soitincomplète.
Conclusion. - Notre méthode
permet
la mesure de la tensionsuperficielle
et de certains coefficients de viscosité d’un cristalliquide nématique.
Elleprésente l’avantage
sur les méthodes conventionnelles de nepas introduire de
perturbation
extérieurerisquant
dedonner lieu à des erreurs
systématiques.
Le saut de tension
superficielle
à latempérature
detransition du M. B. B. A. est
plus grand
que celui que d’autres auteurs ont mesuré pour le P. A. A.[10].
Afin de le
vérifier,
nousenvisageons
de refaire uneétude du P. A. A. en fonction de la
température.
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Le M. B. B. A. nous a été aimablement donné par M. Kelker(Firme Hoescht),
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