HAL Id: jpa-00207201
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Spectre des fluctuations thermiques a la surface libre d’un cristal liquide nématique
D. Langevin, M. A. Bouchiat
To cite this version:
D. Langevin, M. A. Bouchiat. Spectre des fluctuations thermiques a la surface libre d’un cristal liquide
nématique. Journal de Physique, 1972, 33 (1), pp.101-111. �10.1051/jphys:01972003301010100�. �jpa-
00207201�
101
SPECTRE DES FLUCTUATIONS THERMIQUES A LA SURFACE LIBRE D’UN
CRISTAL LIQUIDE NÉMATIQUE
D. LANGEVIN et M. A. BOUCHIAT
Université de Paris
VI,
Laboratoire deSpectroscopie
Hertzienne de l’E. N. S.(*) Paris,
France(Reçu
le I Sjuillet 1971)
Résumé. 2014 Nous calculons le spectre des fluctuations thermiques de la coordonnée verticale des points de la surface libre d’un cristal liquide nématique placé dans un champ magnétique, en utili-
sant le théorème de fluctuation-dissipation. La fonction de réponse à une force de pression extérieure
de caractère sinusoïdal s’exerçant à la surface est évaluée à partir des équations linéarisées de l’hydro- dynamique. Nous avons utilisé la théorie hydrodynamique de Eriksen et Leslie dans laquelle inter-
viennent 5 coefficients de viscosité. Cependant, pour le domaine de fréquences et de vecteurs
d’onde qui nous intéresse, le tenseur des contraintes visqueuses a sa partie antisymétrique négli- geable et s’exprime uniquement à l’aide de 3 coefficients qui représentent les 3 viscosités cinétiques typiques d’un milieu incompressible uniaxe. Le spectre des fluctuations dépend en outre de la
tension superficielle que nous supposons isotrope. Nous indiquons explicitement la répartition spectrale, quelles que soient les conditions d’amortissement et pour plusieurs géométries corres- pondant à diverses orientations relatives de la direction des molécules vis-à-vis du vecteur d’onde q des fluctuations. Enfin, nous envisageons l’effet d’une orientation des molécules en volume contra- riant l’orientation imposée par la surface libre. La présence près de la surface d’une zone où l’orientation des molécules est distordue a le même effet qu’une viscosité de surface ~s lorsque
son épaisseur est petite devant q-1 ; ~s peut s’évaluer pour chaque géométrie en fonction
de l’épaisseur de la distorsion et des viscosités du liquide.
Abstract. 2014 We derive the power spectrum for thermal fluctuations of the free surface of a
nematic liquid crystal in a magnetic field, using the fluctuation-dissipation theorem and the Eriksen- Leslie hydrodynamic theory, and computing the response function of the free surface to an external sinusoidal force. For the range of frequencies and wave vectors of interest the asymetric part of the Leslie viscous stress tensor is shown to be negligible : one is left with three independent shear visco- sities as for any uniaxial incompressible system. A fourth parameter affecting the spectrum shape is
the surface tension 03C3 which is supposed isotropic. The theoretical spectrum depends on the orienta- tion of the molecules with respect to the wave vector q of the fluctuations; its expression is explicitly given in different geometries whatever the damping conditions. Finally, we consider the effect of a
molecular order in the bulk which competes with the order imposed at the free surface. The distor- sion zone is shown to have the same effect as a surface viscosity ~s if its thickness is small compared
to q-1 ; ~s can be evaluated for any geometry as a function of the thickness of the zone and of the
liquid viscosities.
LE PHYSIQUE 33, 1972,
Classification Physics Abstracts :
14.82, 14.83
Les molécules d’un
liquide nématique [1]
sont desmolécules de forme
allongée qui
ont lapropriété
de s’orienter
spontanément parallèlement
les unesaux autres. Cette orientation
spontanée
s’établitsur des distances de l’ordre de
0,1 u- lorsque
leliquide
n’est soumis à aucune contrainte extérieure. On peut réaliser une orientation
complète
sur des distancesbeaucoup plus grandes,
enplaçant
parexemple
leliquide
dans unchamp magnétique
H. Cephénomène
est dû à la valeur élevée de
l’anisotropie
de la suscep- tibilitémagnétique xa
= x ||- xi
(Xa -
10-7 C. G.S.).
Si Xa est
positif
comme c’est souvent le cas, les molé-cules s’orientent
parallèlement
auchamp
H.L’orientation des molécules au
voisinage
d’unesurface libre pose
davantage
de difficultés. Il semblequ’un
casfréquent
soit celui où la surface libreimpose
une orientation des molécules
parallèle
à son propreplan.
Dans de tellesconditions, l’application
d’unchamp magnétique
horizontal sur un échantillon ayant une surfacelibre, produira
une orientation moyenne uniforme dans tout le volume. Il estd’usage
de la
repérer
à l’aide d’un vecteur unitaire no(le directeur).
Mais il existe aussi desliquides nématiques
pour
lesquels
les molécules à la surface libre se dis- posent de manière à faire unangle
0 fixé vis-à-vis de la normale : pour le M. B. B. A. parexemple,
cetangle qui dépend
de latempérature
vaut environ 150[2].
Lorsqu’on applique
unchamp magnétique
horizontalla
configuration d’équilibre correspond
à un vecteurno situé dans le
plan
normal à la surface libre conte- nant H avec une orientationqui
est fonction de z :pour z =
0,
no faitl’angle
0 avec lanormale,
en pro-Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01972003301010100
fondeur no est
parallèle
à H.(L’épaisseur
de la zonesur
laquelle
l’orientation des moléculesvarie
demanière
appréciable
est de l’ordrede = IKIHIX.,
K
désignant
un coefficient d’élasticitémoyen.)
Unedistorsion dans
l’arrangement
moléculaire d’un type semblable est à attendrechaque
fois que l’orientationen volume
(produite
parH)
contrarie l’orientationimposée
par la surface libre.Les molécules au
voisinage
de la surface libre subissent de faiblesdéplacements
du fait de leuragitation thermique.
Il en résulte une déformation de la surface àlaquelle
estcouplée
une variation localede l’orientation par rapport à l’orientation moyenne no.
La surface déformée est soumise à une force de
rappel
decapillarité
et son retour àl’équilibre
s’effectueavec un amortissement dû à la viscosité. Il
apparaît
ainsi des ondes à la surface du
liquide.
Nous verronsque la différence essentielle par rapport à un
liquide
ordinaire tient à
l’anisotropie
des forces de viscosité.La surface déformée se comporte comme une super-
position
de réseaux. Chacun d’entre euxproduit
unediffusion de la lumière dans une direction reliée au
pas p du réseau. La
répartition spectrale
de la lumièrediffusée dans cette direction permet d’étudier l’évo- lution
temporelle
des ondes de surface delongueur
d’onde rl = p, exactement comme dans le cas d’un
liquide
ordinaire[3].
Notreproblème
est celui del’interprétation
détaillée du spectre mesuré.Etant donnée l’échelle
macroscopique
de tempset de distance
qui
caractérise l’évolution des fluctua-tions,
onpeut
décrire leur évolution à l’aide de la théoriehydrodynamique.
Une formulation nouvelle de la théorie de Eriksen et Leslie pour lesliquides nématiques
a été élaborée récemment[4], [5], [6], [7], [8].
Nous l’avons utilisée pour calculer la fonction deréponse
de la surface à une force depression
exté-rieure ;
enappliquant
le théorème de fluctuation-dissipation,
onpeut
en déduire lapuissance spectrale
des fluctuations
thermiques
de la coordonnée verti- cale despoints
de la surface libre. Notons que leproblème
traité ici avaitdéjà
étépartiellement
envi-sagé
parPapoular
etRapini [9] qui
ont écritl’équa-
tion de
dispersion
pour les ondes de surface en uti- lisant la théoriehydrodynamique
de Eriksen et LeslieCependant,
ils n’ont pas calculé lapuissance spectrale
des fluctuations
thermiques.
Ce dernierproblème
ne peut pas se réduire à celui de la détermination des racines de
l’équation
dedispersion.
D’une part,parmi
les
racines,
certainespeuvent
êtrepurement parasites,
introduites par artifice de calcul et
privées
de sensphysique ;
il ne leurcorrespondra
rien departiculier
dans le spectre. D’autre
part,
on a constaté sur lecas du
liquide simple [10]
que même si on connait les solutionsphysiques
del’équation
dedispersion,
du type Q = 2
n(- 1 ji
±iv)
on nepeut
pastoujours
en déduire le spectre en assimilant les fluctuations à un gaz libre de
phonons
de surface defréquence
vet de durée de
vie i,
desphénomènes
dedissipation
en volume’
pouvant
affecter le spectre.L’expression
de la
puissance spectrale
des fluctuations est indis-pensable
pourl’interprétation
correcte desexpé-
riences : c’est ellequi
relie lesignal
mesuré aux para- mètres duliquide,
tensionsuperficielle
et viscosités.Le calcul
présenté
ici aboutit à la formeexplicite
du spectre
théorique quelles
que soient les conditions d’amortissement des ondes. Pour yparvenir,
nousavons
simplifié
dès ledépart
leséquations
del’hy- drodynamique :
nous avonsremarqué
que dans le domaine delongueur
d’onde et defréquence qui
nousintéresse,
le tenseur des contraintesvisqueuses
a sapartie antisymétrique négligeable,
ils’exprime
uni- quement à l’aide des 3 coefficientsqui représentent
les 3 viscositéscinétiques typiques
d’un milieu incom-pressible
uniaxe. Ceci nous a aussipermis
de résoudrele
problème
dans le cas oùl’arrangement
moléculaireau
voisinage
de la surface est distordu.Nous commençons par
présenter
la formulation récente[8]
de la théoriehydrodynamique
de Eriksenet Leslie utilisée dans la suite
(I).
Nous montronsqu’on
peut lasimplifier
dans un domaine delongueur
d’onde et de
fréquence correspondant
aux ondesde surface détectées
optiquement
sur unliquide
ordinaire de viscosité
comparable (II).
Nousrappelons
la méthode de calcul du spectre des fluctuations
(III)
et nous
l’appliquons
pour différentesgéométries : champ magnétique horizontal, parallèle
ouperpendi-
culaire au vecteur d’onde des fluctuations de
surface, champ magnétique
vertical(IV).
Nousprésentons
sur un
exemple
les différences que l’on peut attendreentre ces spectres
théoriques
et le spectre relatif auliquide
ordinaire(V).
Enfin nousenvisageons
l’effetproduit
par la distorsion dansl’arrangement
desmolécules au
voisinage
de la surface dans le cas où lechamp magnétique
est horizontal et les molécules verticales à la surface libre(VI).
I. Théorie
hydrodynamique
pour un cristalliquide nématique.
- La théoriehydrodynamique
de Erik-sen
[5]
et Leslie[6]
introduit comme variables d’étatla vitesse du fluide v, sa
pression
p et l’orientation des moléculesreprésentée
par un vecteur unitaire n.L’évolution de ces variables peut être décrite par les
équations
fondamentales traduisant la conservation de la masse, del’impulsion
et del’énergie.
Pour unfluide
incompressible
ceséquations
s’écrivent :p
désignant
ladensité,
(J ij le tenseur descontraintes,
F
l’énergie
libre par unité devolume, qui comprend
un terme
d’énergie élastique Fd
et un termed’énergie
magnétique F mag :
Les coefficients
Kii
sont les coefficients d’élasticité de Frank[4],
xa lapartie anisotrope
de lasusceptibi- lité,
H lechamp magnétique.
Le tenseur des contraintes contient 3 termes : un terme depression,
un termedissipatif U;j
et un termeélastique Jà.
Dans le casoù l’on étudie de
petits
mouvements autour de laposition d’équilibre lorsque
celle-cicorrespond
à uneorientation uniforme
J)
est une fonctionquadratique
des fluctuations de n, nous
négligerons
ce termeEn
exprimant
l’invariance deséquations
par rota- tionrigide (rotation
simultanée des axes des molé- cules et de leur centre degravité)
onparvient
àdémontrer le résultat suivant
[8] :
(Bijk
=signe
de lapermutation i, j, k,
0 si 2 indices sontégaux).
hdésigne
lechamp moléculaire,
c’estle terme de volume de la dérivée fonctionnelle de F :
Comme
conséquence
de cerésultat, l’équation (1. c)
peut se mettre sous la formeoù
et
A représente
le tenseur desgradients
de vitesseet N la vitesse
angulaire
relative décrivant la rotation de l’axe d’une molécule vis-à-vis de celle du fluidequi
l’entoure.La fonction
dissipative
TdSIdt apparaît
comme lacombinaison linéaire de
produits
de flux(N, A)
et deforces
(h Q’,).
Si l’onpostule
des relations linéaires entre flux et forcesu’
et h se mettent sous la forme :La dernière
équation
est relative à la compo-sante de h
perpendiculaire
à n. Les coefficients a et y ont tous les dimensions d’une viscosité. En uti-lisant les relations
d’Onsager [11],
on montre[7], [8]
qu’il
existe entre eux les relations suivantes :Dans les
équations (6. a)
et(6. b)
il n’intervient donc que 5 coefficientsindépendants.
II.
Simplification
deséquations hydrodynamiques
pour résoudre le
problème
des ondes de surface. - Considérons une fluctuation par rapport à l’orien- tation moyenne no : Ôn =n(r) -
no.Soient q
et v levecteur d’onde et la
fréquence caractéristiques
del’évolution de cette fluctuation. Nous allons estimer l’ordre de
grandeur
des différents termesfigurant
dans
l’équation (6. b)
On a évalué h à
partir
deséquations (5)
et(2),
K
désignant
un coefficient d’élasticité moyen.Typi-
quement les ordres de
grandeurs
sont les suivants(en C. G. S.) :
K-10-6,
y -10-1,
;(a -10-’,
q N 300
(pour
les ondes de surface détectéesopti- quement)
et H N 3 000 G. En utilisant ces valeurs onobtient :
Kq2 N 10-1, xa H2 _ 1, 2
avy - v(en Hz).
On voit que si la condition v » 1 Hz est
satisfaite,
on peut très bien
négliger
h devant les 2 autres termes deJ’équation (6. b). Or,
on doit s’attendre à retrouver dans le spectre des ondes de surface d’unliquide nématique
desfréquences caractéristiques approxi-
mativement
égales
à celles d’unliquide
ordinaire deviscosité
comparable.
L’ordre degrandeur
de laviscosité des
liquides nématiques (10-2
à10-1 poise)
nous amène à les comparer à un
liquide
pourlequel
le
régime
des ondes estpériodique
mais très amorti :Nous nous limiterons dans la suite à l’étude de cette
partie
du spectre pourlaquelle
la contribution de l’élasticité au mouvementhydrodynamique
estentièrement
négligeable. L’équation (6. b)
s’écrit alors :En tenant compte de ce que n.N = 0 on obtient :
Le tenseur des contraintes
(éq. (5. a))
peut se réécriresous la forme :
On a la relation fX 5 - a2
721Y1 =
a6 - a3Y 2/Y 1
et on constate que 6’ est maintenant un tenseur
symé- trique
comme ons’y
attendaitpuisqu’on
anégligé
le
couple élastique
r = n Ahqui
s’exerce sur lefluide du fait de l’orientation des molécules
(éq. (4)).
Nous poserons :
ce
qui
conduit à :Simplifié
de cette manière leproblème hydrody- namique
est formulé exactement dans les mêmes termes que si l’on étaitparti
de l’une ou de l’autre desthéories
hydrodynamiques
des cristauxliquides
propo- sées récemment par M. P. S.[12]
et F. L. M. P. S.[13].
La
correspondance
entre les coefficients de viscosité définis par les différents auteurs estrappelée
dansle tableau ci-contre.
En
négligeant
les termesd’énergie élastique
etmagnétique,
la fonctiondissipative (éq. (l.d»
peutmaintenant s’écrire :
Sans restreindre la
généralité
duproblème
nouspouvons
prendre
nparallèle
à OxCette
expression
est en fait laplus générale qui puisse
décrire la fonction dedissipation
del’énergie cinétique
dans un milieu uniaxeincompressible [12], [13].
Elle doit êtretoujours positive
cequi impose
lesconditions :
Les mouvements
hydrodynamiques
considérés dans la suite seront décrits à l’aide deséquations (l.a)
et(1. b),
les contraintes étantdéfiniespar
leséquations (3)
et
(8).
La seule différence parrapport
à unliquide
ordi-naire
incompressible
réside dans l’introduction de 3 coefficients de viscositécinétiques
au lieu d’un seul.REMARQUE. - Les déformations de la surface de vecteur d’onde q donné entraînent des fluctuations d’orientation de même vecteur d’onde
bnq ;
lesfréquences qui
caractérisent l’évolution debnq
envolume
[14]
sont de l’ordre de us -Kq’lil
etavec les ordres de
grandeurs déjà
utilisésDu fait du
couplage
entre l’écoulement etl’orientation,
on peut s’attendre à retrouver ces
fréquences
dansle spectre des ondes de surface. Il faut noter
qu’en
faisant les
approximations précédentes
nous renonçons à décrire lapartie
très bassefréquence
du spectre de(q qui
peut résulter ducouplage
entrebnq
etCq-
Cet aspect du
problème
seraenvisagé
par ailleurs.III. Puissance
spectrale
des fluctuations de la coor-donnée verticale des
points
de la surface libre. - Laposition d’équilibre
de la surface duliquide
est unplan
horizontal que nousdésignons
par z =0,
leliquide
de hauteur infinie se situant dans larégion
z
0; ( désigne
ledéplacement
vertical d’unpetit
élément de surface par rapport à sa
position d’équi- libre ;
comme on s’intéressera à desdéplacements
très
petits (devant 1/q, qui
caractérise leurpériodicité), C
est relié à la vitesse du fluide à la surface parNous écrivons
l’énergie libre,
par unité desurface,
associée à ladéformation Ç
sous la forme :u
désignant
la tensionsuperficielle.
Cetteexpression implique
certaineshypothèses
sur lespropriétés élastiques
de la surface libre(isotropie,
absencede modules de
compression
et decisaillement)
quenous
justifions
dans la remarqueplacée
à la fin dece
paragraphe.
Il s’exerce une force verticale sur le
liquide
par unité de surface :Les conditions aux limites à la surface libre
imposent l’égalité
entre les composantes de cette force et les forces de viscosité :Supposons qu’à
l’aide d’une sourceextérieure,
on exerce sur la surface une force de
pression
verticaleII(r, t).
Ilapparaît
dansl’énergie
de surface un terme deperturbation - f d2r((r, t) lIer, t). L’équation
auxlimites
(10. c)
devient :A l’aide des
équations
del’hydrodynamique
linéa-risées
(1.
a),(l.b)
et des conditions aux limites(10. a)
et
(10. d)
on peut calculer la fonction deréponse
linéaire du
système
à laperturbation
II :ou en introduisant les transformées de Fourier sur r
et t :
On sait que les fluctuations d’une
grandeur phy- sique caractéristiques
d’unsystème
àl’équilibre
peu- vent être reliées auphénomène
dedissipation
associéà la
réponse
de cesystème lorsqu’il
est soumis à uneforce
extérieure, d’après
le théorème de fluctuation-dissipation
dans la limiteclassique [15] :
REMARQUE. - On a
négligé l’énergie élastique
dedistorsion et
l’énergie magnétique qui
accompagnentl’apparition
de la déformationÇ.
Montrons que ceci est bienjustifié.
Comme nous le verrons dans lasuite,
les conditions aux limites
imposent
que les moléculesrestent
parallèles
à la surfacedéformée,
ou encore1 bu 1 ,...., q’ ;
cequi
entraîne pour variationd’énergie élastique :
K
désigne
un coefficient d’élasticité moyen, avecK N
10-6, q l"tJ 300, (7 -
30 C. G. S. on trouveOn peut aussi estimer la variation
d’énergie magnétique
L’énergie
de la surface n’est doncpratiquement
pasmodifiée par
l’application
d’unchamp magnétique.
En l’absence de
champ,
la surface a lasymétrie
axialeautour de la normale si on l’observe à une échelle de l’ordre de
1/q, grande
devant laportée
des corré-lations d’orientation en surface.
IV. Calcul
explicite
dePq(o)
en l’absence de dis- torsion d’orientation auvoisinage
de la surface libre. - On s’intéresse aux fluctuations dudéplacement
ver-tical,
de vecteur d’onde q donné. Dans la suite on choisit l’axe Oxparallèle
au vecteur d’onde q. En utilisant les transformées de Fourier par rapport à xet t les
équations
de volume(1. a)
et(1. b)
s’écrivent :L’élimination de la
pression
conduit à :Les conditions aux limites
(éq. (10))
deviennent :et
Nous récrirons la dernière en
exprimant p
en fonc-tion de la vitesse à l’aide de
(12. d’) :
Il faut y
ajouter
la conditionqui exprime
que tous lesdéplacements
considérés s’annulent enprofondeur
Pour
poursuivre
lecalcul,
il est nécessaired’expli-
citer
u’,
donc depréciser
l’orientation moyenne parrapport à q. Nous considérons
plusieurs
casgéomé- triques simples.
1)
CHAMPMAGNÉTIQUE
HORIZONTAL PARALLÈLE AOX ET MOLÉCULES PARALLÈLES A LA SURFACE LIBRE. -
On est dans une situation où l’orientation no est en tout
point parallèle
à Ox. Pour depetites
fluctuations bn =n(r) -
no on peutremplacer
n par no dans le tenseur6’ (éq. (7)) :
L’équation (312.b)
compte tenu de(14)
est uneéqua-
tion différentielle linéaire par rapport à
Vy(z)
et onvérifie facilement que la seule solution satisfaisant les conditions
(13. b)
et(13. d)
estidentiquement
nulle.Si on élimine v, entre les
équations (12. a) et (12 . c)
et si l’on pose u =
vz(z)
on obtient :Cette
équation
différentielle linéaire d’ordre 4 admet pour solutiongénérale
unesuperposition d’exponentielles
emz où m est racine del’équation :
Il existe 2 solutions pour m2 vérifiant :
Parmi les 4 valeurs de m satisfaisant
l’équation (15. b),
on ne
gardera
que celles ml et m2 àpartie
réellepositive,
pour satisfaire la condition aux limites(13. d).
On peut montrer
(*)
que ceci revient à choisir ml et M2 satisfaisant l’ensemble des conditions suivantes :avec + désignant
la détermination de la racine àpartie
réellepositive
et e tel que :v. est de la forme :
(*) Pour simplifier les notations, nous poserons :
donc
Si l’on décide de désigner les racines de telle sorte que Re ml > Re m2
La condition Re m2 > 0 conduit à
Elle est équivalente à l’équation (16 . c).
A1
etA2
sont déterminés par les conditions aux limites(13.a)
et(13. c) :
En résolvant ce
système
on obtient :avec
ml et m2 vérifiant les relations
(16).
Dl(co)
= 0représente l’équation
dedispersion
des ondes de surface. On en déduit la fonction de
réponse
dusystème :
Si on introduit les
paramètres
réduits :on obtient finalement
d’après l’équation (11),
lapuis-
sance
spectrale
des fluctuations :avec
On peut montrer que 8 = + 1
quel
que soit ce si A > - 2 ou encore si 112 > 111(compte
tenu desinégalités (9. b)
que doivent satisfaire les coefficientsil).
Il se trouve que la condition 112 > r 1 est satisfaite pour les
liquides nématiques
surlesquels
les mesuresde viscosité ont été faites
(P.
A.A.,
P. A. P. etM. B. B. A.
[16], [17]).
A ce stade on peut faire
plusieurs
remarques :- La condition aux limites
(13.a) implique
que les molécules restentparallèles
à lasurface déformée.
En effet Qxz
(z
=0)
= 0 entraîneAxz (z
=0)
= 0.Si on évalue
N,
en utilisantl’équation (7)
on trouve :La condition
(13. a)
entraîne doncN, (z
=0)
= 0.Evaluons
N,, :
Pour z = 0 on obtient :
iconz (z
=0)
=iroq(
soitencore nz
(z
=0)
=a yax qui exprime
bien le faitque n reste
parallèle
à la surface déformée.- La fonction de
réponse
de la surface considéréecomme fonction
analytique
de la variablecomplexe
clpossède
le même type desingularités qu’un liquide ordinaire,
deuxpôles
et unpoint
de branchementsur l’axe
imaginaire (pour
ro = -i/2 io) ;
elle n’apas d’autre
singularité,
car on constatequ’il
n’existeaucune valeur de ro telle que
Dans le cas d’un
liquide ordinaire,
on peut décrire le mouvement du fluide associé à laperturbation
ÍÍ(ro)
comme lasuperposition
de deuxécoulements,
l’un de type
potentiel Vz 1 = Al el’,
l’autre de type rotationnelz,2 = A2 e" (m = q /1 - 2 icvio) ;
seulle second
présente
undéphasage
par rapport à l’écou- lement ensurface, auquel correspond
unedissipation d’énergie [10].
Pour leliquide nématique
dans le casoù q est
parallèle
à no notre calcul montre que ce résultat n’estplus valable,
les deux écoulementsVz,l = A1
emlZ etvz,2
=A2
em2z sont de type rota-tionnel si 113 :0
0 ; Vz,l
etvz,2
sontdéphasés
parrapport
à la vitesse en surface. On voit doncqu’il
n’existe pas de composante
spécifique
d’unliquide nématique,
seules sontmodgfées
lespropriétés
dedissipation
en volumequi
sereflètent
assez indirecte-ment sur le spectre, et les
propriétés
d’amortissementen
surface.
-
L’équation
dedispersion D1(co)
= 0(voir éq.
(17.a))
admet comme solution évidente les valeurs de m telles que ml - m2 =0,
cequi
a fait conclureà tort
qu’il
existait à cesfréquences
une composantespécifique
desliquides nématiques [9].
En fait pources valeurs
particulières
de m, la solution del’équation ,(l 5. a)
devient dutype ;z
=e’z(A 1
+A2 z)
etl’équa-
tion de
dispersion
n’aplus
de sens. Il n’est pasnécessaire de
développer
le calcul dans ce casparti-
culer on vérifie directement sur
l’expression
deXl(co),
(éq. (17.b»
que ces valeurs de ro necorrespondent
àaucune
singularité
de la fonction deréponse
et à riendue
particulier
dans le spectre.2)
CHAMP MAGNÉTIQUE HORIZONTAL PARALLÈLE AOy
ET MOLÉCULES PARALLLÈES A LA SURFACE LIBRE. -Dans ce cas no est
parallèle
àOy
dans tout le volume^
de l’échantillon. La relation entre û et
A
est la même que dans le casprécédent (éq. (14))
à condition d’inter-vertir x et y. Comme
précédemment,
on montre que Vyest
identiquement
nul. Ecrivonsl’expression
des seulescontraintes
visqueuses
intervenant dans la suite duproblème :
On remarque que no étant normal à la vitesse et à
son
gradient
il n’existe aucuncouplage
entre l’orien-tation et l’écoulement. Les
propriétés
de viscosité dufluide
nématique
deviennent alorsidentiques
à cellesd’un
liquide
ordinaire de viscosité 112. Nous nedétaillerons pas la suite du calcul en tout
point
identi-que à celui relatif au
liquide
ordinaire[10],
ou encoreau
précédent,
si l’on fait 113 = 0 et 111 = 112.On obtient pour la
puissance spectrale
des fluc-tuations :
avec
En utilisant les
paramètres
réduits :3)
CHAMP MAGNÉTIQUE VERTICAL ET MOLÉCULESVERTICALES A LA SURFACE LIBRE. - On considère maintenant le cas où no serait
parallèle
à Oz en toutpoint
de l’échantillon. Enpratique
comme nous le montrerons dans la suite(VI)
le résultat que nous allons obtenir est aussi valablelorsque
la surfacelibre
impose
aux molécules d’être horizontales et quel’application
d’unchamp
vertical crée une zonedistordue pourvu que
l’épaisseur ç
de cette zone soitsuffisamment faible pour que la condition
q «
1soit réalisée. La nouvelle
expression
deQ’
se déduitsimplement
de celle que nous avons écrite(éq. (14))
dans le cas où no était
parallèle
à Ox : les rôles de x et z sontéchangés.
Commeprécédemment,
on peutencore montrer que
vy
estidentiquement
nul et lescontraintes
qui
interviennent dans leproblème
s’écri-vent :
D’où on déduit
(compte
tenu de div v =0).
On remarque que cette
expression
et celle deu’xz
sont les mêmes que dans le cas
no//Ox. L’équation (12 . c)
conduit donc à la mêmeéquation
différentielleen
v,,(z) (15 . a),
avec mêmes conditions aux limites.La
puissance spectrale
des fluctuations est donc donnée parPl(co) (éq. (18))
comme dans le cas duchamp magnétique
horizontalparallèle
au vecteurd’onde q.
V.
Comparaison
des spectres relatifs à unliquide simple
et à unliquide nématique.
- Nous avonstracé sur la
figure
1 deux spectresPl(co) correspondant
FIG. 1. - Comparaison entre le spectre théorique caractéris-
tique d’un liquide nématique (A = Pl 3/11 1 = 4, y =
ap/411I q
= 2)pour
no//q
et le spectre d’un liquide ordinairesusceptibles de rendre compte d’un même spectre expérimental.
En abscisse, l’échelle des pulsations est la même pour les deux spectres ; on a choisi pour unité 2 q2 q2/p.
aux valeurs A = 0
(liquide simple)
et A = 4(liquide nématique
pourlequel
113 =4 n1,).
Nous avons choisiles valeurs
de y
pour ces deux spectres de telle sorte que le rapport de lafréquence
de leur maximum à leurlargeur
soit lemême,
cequi signifie qu’ils
sont lesmieux
adaptés
à décrire la même courbeexpérimen-
tale. Si on choisit :
ceci conduit à
prendre
une valeurde y
très différentepour le second :
Sur la
figure,
nous avons réduit les abscisses de l’un par rapport à l’autre dans le rapportSl js2
=0,75,
ainsi que les
hauteurs,
de manière à faire coïncider leur maximum et à mieux comparer leur forme. On voitqu’il apparaît
des différencessignificatives
entreles deux spectres sur l’aile et au
voisinage
de la fré-quence 0. L’examen de cette
figure
permet de conclure que la forme de raie est un peu sensible à la valeur de A et surtout que les valeurs desparamètres y
et oassociées à une courbe
dépendent
de manière trèsappréciable
de la valeur de A. Si l’onpossède
unedonnée
supplémentaire,
parexemple
la valeur de0
=Qq3/p
il devientpossible
de déduire A du rap-port de la
fréquence
du maximum du spectre à sademi-largeur,
sansanalyser
la forme de raie de manière détaillée. Les spectresexpérimentaux
sontobtenus en faisant
l’analyse spectrale
de la lumièrediffusée par la surface au
voisinage
de la direction de réflexionrégulière [3], [18].
On peutespérer
entirer les valeurs de J et 112 en
champ magnétique
horizontal
Hl
q, 113 et 111 enchamp magnétique
hori-zontal
H§q
ou enchamp
vertical. Donc au total la tensionsuperficielle
et les 3 coefficients de viscosité.Rappelons qu’il
existe d’autresprocédés
de mesurede ces coefficients. La diffusion en volume permet en
principe
la mesure des 5 coefficients de Leslie[14]r [19].
L’étude del’absorption
ultrasonore permet d’obtenir 111 et 112[17]. Enfin,
la mesure à l’aide d’un viscomètre àcapillaire
fournit uncoefficient il’,
voisinde 111
(dans l’hypothèse
72 - - yi où les molécules s’oriententparallèlement
àl’écoulement) :
La même mesure faite en
présence
d’unchamp magné- tique [16]
destiné à orienter les molécules dans unedirection autre que celle de l’écoulement permet d’atteindre t1z =
a4/2 (molécules
orientées perpen- diculairement à la vitesse et augradient)
ainsi que yi et enprincipe
ai.Toutefois,
avec ceprocédé,
il estdifficile de contrôler de
façon
sûre les conditions d’orientation.VI. Influence d’une
configuration
d’orientation dis- tordue auvoisinage
de la surface libre. - On peutimaginer
de nombreusesconfigurations
danslesquelles
l’orientation
imposée
par la surface libre est distincte de l’orientation enprofondeur
que détermine lechamp magnétique appliqué.
Le résultat des calculs étanttoujours analogue,
nous allonsprésenter
ici un descas les
plus simples :
nous supposerons que les molé- cules sont verticales à la surface libre et lechamp magnétique
horizontal etperpendiculaire
au vecteurd’onde q.
Nous
adopterons
une variation de no avec z du type :Si l’on suppose
qu’à
une échelle de distance de l’ordre de1/q
les 2 valeurs de noy sontéquiprobables
on pourra
remplacer
dans le tenseur des contraintes(éq. (8))
lesproduits
ni nj par 0 si i ej.
Le mouvement suivant
Oy
est alors entièrementdécouplé
du mouvement dans leplan
xOz. De même que dans les casdéjà étudiés,
on montre que vy est - 0.Les contraintes