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SYNTHESE des CONNAISSANCES HYDROLOGIQUES et POTENTIEL en RESSOURCES en EAU du FLEUVE NIGER

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SYNTHESE des CONNAISSANCES HYDROLOGIQUES et POTENTIEL en RESSOURCES en EAU du FLEUVE NIGER

Jean-Claude Olivry

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Section Intitulé page

Avant-propos 5

Introduction 7

Chapitre 1 Généralités socio-économiques et géopolitiquesdes états appartenant au bassin du fleuve Niger

- Etats riverains et états du bassin hydrographique

- Accords juridiques inter-états .L’Autorité du bassin du Niger - Usages du fleuve avant l’époque moderne

- Voies navigables.

- Gestion de l’acquisition des données hydroclimatiques - Cartes hors-texte

11 11 18 20 21 22 25 Chapitre 2 Le milieu physique du bassin du fleuve Niger

- Cadre physique et géographique - Hydrographie du bassin du Niger - Cadre géologique et hydrogéologique - Les formations pédologiques

- Cadre climatique

29 30 22 30 32 34 Chapitre3 Les grands traits des régimes hydrologiques

- Bassin supérieur et delta intérieur du Niger - Le Niger moyen et inférieur et la Bénoué - Tableaux et carte des écoulements

49 50 58 62 Chapitre 4 Les transports de matières et la qualité des eaux

- Transports solides et dissous - La qualité des eaux

65 65 72 Chapitre 5 Les changements climatiques et les variations

de la ressource en eau

- Effets durables des variations climatiques sur les Régimes hydrologiques.

- Révision des normes de prévisions hydrologiques

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75 79 Chapitre 6 Les aménagements hydrauliques

- Les aménagements existants - Les aménagements en projet

85 86 91 Chapitre 7 Gestion des ressources, utilisation et partage des eaux

du fleuve Niger, recherches et observations

- Avantages et inconvénients des aménagements

- Impacts de la gestion des aménagements sur le delta intérieur - Les aménagements du Niger moyen et inférieur

- Recherches et observations sur le fleuve Niger

97 98 100 106 108

Conclusions 111

Annexes 115

Annexe 1 Références bibliographiques 117 Annexe 2 Termes de Références de ce projet 131 Annexe 3 Cartographie complémentaire 135 Annexe 4 Tableaux des débits, hydrogrammes et transports solides 145

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Avant-Propos

L'eau fait partie intégrante de l'environnement et ce n’est pas un hasard si la biodiversité de la biosphère est la plus forte dans les régions tropicales humides où l’eau est abondante et disponible. C’est aussi une évidence qu’elle revêt également une importance vitale pour tous les secteurs socio-économiques et qu’un approvisionnement en eau sûr et stable conditionne le développement des sociétés humaines. D'un autre côté, l'eau peut avoir des effets néfastes dans le domaine de la santé publique et peut également être destructrice (crues et inondations).

Dans le monde, ces dernières décennies, les conflits entre usagers sont devenus plus fréquents. La mauvaise utilisation des ressources en eau et des pratiques de gestion peu satisfaisantes entraînent souvent une diminution des approvisionnements, la diminution de l'écoulement des cours d'eau jusqu'à des niveaux écologiquement dangereux, d’autant que la pollution de l'eau de plus en plus répandue diminue le volume d'eau utilisable pour de nombreux usages. Ceci justifie qu’à travers de nombreuses organisations ou associations internationales – dont la multiplication n’est pas forcément synonyme d’efficacité – l'accent ait été mis sur les aspects sociaux des ressources en eau. Cela ne doit pourtant pas se substituer, comme cela est souligné par le PHI-UNESCO, à l’essentiel qui reste l’évaluation hydrologique des ressources dans l'environnement naturel et dans un monde de plus en plus modifié par l’homme. On écrivait il y a une vingtaine d’années : « La soif inextinguible de l’homme pou un « mieux-vivre » suppose une maîtrise des ressources en eau en harmonie avec son environnement. Rendez-vous de la vie, promesse d’énergie, mais aussi vecteur d’endémies, l’eau, abondante ou rare, n’est jamais neutre. Sa connaissance est la clé de tout développement ». Depuis il y a eu la Conférence de Rio, l’Agenda 21 …et le « développement durable » auquel aucun projet ne peut échapper s’il veut être examiné par des bailleurs de fonds.

Parmi les grands problèmes qui se posent en termes de gestion de la ressource en eau, celui des bassins des grands fleuves internationaux est sans doute un de ceux qui s’imposeront de manière de plus en plus critique au XXIème siècle. C’est le cas du fleuve Niger qui concerne neuf pays regroupés au sein de l’Autorité du Bassin du fleuve Niger (A.B.N.) dont les objectifs seront précisés plus loin. Comme toute organisation internationale ou régionale, l’ABN ne peut fonctionner financièrement qu’avec les cotisations des états- membres, l’aide extérieure d’autres états ou d’organismes de financement. De grands projets ne peuvent être réalisés qu’avec cette aide extérieure. L’ABN a demandé l’appui de la Banque Mondiale pour répondre aux souhaits des états riverains d’une mise en valeur cohérente et concertée à l’échelle du bassin. Pour la Banque Mondiale, un tel engagement nécessite une compréhension d’ensemble de la problématique du bassin du fleuve Niger. Les défis et les

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

la Banque Mondiale de mieux envisager les enjeux et possibilités du bassin afin de pouvoir prendre les décisions stratégiques qui s’imposent pour l’appui à l’ABN.

L’étude demandée a pour but de faire une évaluation stratégique de ce potentiel en eau du bassin du fleuve Niger. Tout en récapitulant l’état des connaissances, l’étude a aussi pour objectif d’être analytique, en vue de déterminer avec précision la trame des défis et opportunités du point de vue ressources en eau pour asseoir une mise en valeur globale du bassin du fleuve Niger. Ainsi, tout en étant axé sur l’hydrologie et les ressources en eau du bassin, l’étude devra renseigner autant que possible sur l’ensemble des facteurs connexes à l’hydrologie qui d’une façon ou d’une autre peuvent s’avérer des facteurs limitant à la mise en valeur du bassin. Il va de soi que la Banque Mondiale est très largement documentée sur les problèmes que pose le développement du bassin du fleuve Niger en matière de gestion des ressources en eau pour avoir commandité de nombreuses études sur le sujet. Celles-ci ont rarement concerné le caractère plurinational de la gestion du bassin, sauf dans la démarche concertée d’un réseau d’observations hydrométriques sur l’ensemble du bassin, mais ont nécessité un large investissement en temps et en hommes. Ce travail est beaucoup plus modeste, car le propos de ce rapport n’est pas de proposer une monographie hydrologique du Niger, mais seulement d’aborder les connaissances acquises susceptibles d’aider à la compréhension du système et à sa gestion.

Ce travail a été possible grâce à la collaboration d’un certain nombre de personnes que je tiens à remercier ici. Je pense en particulier à ceux qui m’ont fourni une information de base et tenu au courant de travaux récents sur le sujet : à Messieurs Ould Aly et Ibrahim Olomoda respectivement Coordonnateur du CIP et responsable du Bulletin Hydrologique à l’ABN, à Messieurs Daniel Sighomnou et Luc Sigha Nkamdjou, hydrologues de l’IRGM au Cameroun, à Messieurs Ousmane Maiga et Adama Mariko, respectivement hydrologue à la DNH, anciennement responsable à l’Agrhymet au Niger, et professeur à l’ENI, à Bamako (Mali), au Professeur Lekan Oyebande, vice-président de l’AISH à Ibadan (Nigeria), à Monsieur Emmanuel Naah Représentant Hydrologie-Environnement de l’UNESCO à Nairobi, à Marcel Kuper, chercheur du CIRAD à Montpellier, à Didier Orange, hydrochimiste à l’UMR Sisyphe de l’Université Paris VI, à Jérôme Marie, professeur à l’Université de Nanterre, à Paul Carré, Jean-Claude Bader, Christian Leduc, hydrologues et hydrogéologue à la Maison des Sciences de l’Eau à Montpellier, à Monsieur Gil Mahé hydrologue de l’IRD au Burkina Faso, à Messieurs Bernard Thébé et Michel Gautier de l’Unité de Service OBHY de l’IRD Montpellier, à Mesdames Laurence Gourcy et Cécile Picouet-Hingray respectivement à l’AIEA à Vienne et à l’Institut Polytechnique de Lausanne. Je remercie également Joëlle O’Sughrue, documentaliste à la Maison des Sciences de l’Eau à Montpellier.

Une amicale pensée s’adresse plus particulièrement à ceux et celles dont j’ai dirigé ou encadré les travaux de thèse.

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Introduction

Le Niger, dans son ensemble, constitue par la combinaison des différents éléments de son cours, un bassin fluvial qui allie une grande richesse hydraulique convertible en énergie, en capacité de transport et en capacité d’irrigation, à l’essentiel de la richesse agricole produite dans les états riverains (culture, pêche et élevage), et à l’existence de milieux riches par leur biodiversité.

La longueur du fleuve et la variété des paysages traversés pourraient faire que l’on attribue à telle ou telle partie telle ou telle vocation : zone à très fort potentiel hydroélectrique prenant le pas sur l’agriculture, zone à vocation agricole qu’il convient de développer, de protéger, etc.

La réalité montre en fait des systèmes complexes où ce type de démarche n’est pas possible.

Par exemple, le delta intérieur du fleuve Niger est la première zone de pêche continentale en Afrique de l’Ouest ; il offre en outre des pâturages à très haute productivité d’où une forte concentration d’éleveurs et des périmètres submersibles permettant un développement de la riziculture ; c’est également un refuge de biodiversité (nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs et d’espèces sédentaires). Bien que ces ressources soient menacées par l’évolution climatique, par l’évolution écologique du bassin versant et des zones sahéliennes ou par l’homme à travers divers projets d’aménagement, la concertation entre décideurs et usagers n’est pas encore effective. Au niveau des Etats, c’est bien cette concertation que s’efforce de stimuler l’Autorité du bassin du Niger .

Dans les dernières décennies, le bassin du fleuve Niger a fait l’objet de très nombreux travaux de chercheurs ; les uns ont étudié le fleuve Niger lui-même en proposant souvent modèles hydrologiques ou hydrauliques ; d’autres ont étudié les ressources spécifiques de la région, les modes de vie et l’organisation des sociétés complexes qui y vivent et y travaillent. C’est aussi le constat de la Banque Mondiale : « de nombreuse publications ont été faites sur le bassin du fleuve Niger sans pour autant embrasser le bassin dans sa globalité et dégager des perspectives de développement régionales. Les rares esquisses en ce sens concernent, entre autres, la monographie hydrologique de l’Orstom. C’est pourquoi, dans le cadre d’une approche de développement intégré à l’échelle du bassin, il importe dans un premier temps de mieux connaître le potentiel en eau du bassin ainsi que les contraintes et opportunités de développement offertes. De telles informations permettront de renforcer et d’orienter les décisions à prendre au fur et à mesure que s’ébaucheront les actions prioritaires à entreprendre au sein du bassin du fleuve Niger ».

On constate aussi que les relations des chercheurs avec les décideurs souffrent le plus souvent d’un déficit évident de communication. Pourtant, le potentiel d’informations offert par l’ensemble de ce type de travaux, parfois académiques, est important et il ne doit donc pas être sous estimé. Pris dans son ensemble, complété au besoin sur des points qu’il convient de

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L’efficacité de telles concertations conduites par l’ABN suppose une implication réelle des états au delà des seuls textes d’accords ou de conventions dont l’application n’est pas rigoureusement effective (à commencer par le paiement des cotisations à l’organisme plurinational). Cela n’est pas très étonnant, chaque état n’ayant pas la même position géographique par rapport à la ressource en eau ou pas les mêmes besoins pour des raisons purement démographiques. Ainsi la valorisation des richesses hydriques et énergétiques peut orienter la politique d’un pays amont, tandis que celle d’un pays aval sera de sauvegarder le niveau des apports qui lui parviennent. Les accords sont là pour harmoniser les usages de l’eau entre états dans la perspective d’un développement durable ; il peut aussi y avoir concertation bilatérale, voire décision propre d’un état, suivant l’importance du projet … et

« au bout du fleuve », en l’occurrence pour le Nigeria, la tentation d’imposer au plan national une politique d’exploitation des ressources disponibles sans contingences extérieures avec les risques de perturbations environnementales et sociales.

C’est un peu cet état des lieux que nous proposerons dans un premier chapitre pour les différents Etats du bassin du fleuve Niger avec quelques généralités socio-économiques ; on donnera un aperçu des différents usages du fleuve, avant aménagements et depuis la mise en service de certains barrages ; l’historique des accords entre états sur la gestion du fleuve sera brièvement évoquée ainsi que l’évolution récente de l’Autorité du bassin du Fleuve Niger.

Un second chapitre sera consacré à une description physique du bassin du Niger, renvoyant à plusieurs annexes plus documentées (cartographie) ; la description du réseau hydrographique y occupera une place importante ainsi que les aspects du climat ; on y trouvera aussi des informations sur la géologie, l’hydrogéologie et la pédologie.

La gestion de la ressource en eau du fleuve Niger doit bien évidemment s’appuyer sur les besoins des populations qui ont cette eau, ou les ressources qui en découlent, en partage, mais doit d’abord prendre en compte sa disponibilité. Les recherches hydrologiques doivent donc être en mesure de fournir une information sur la ressource en eau et ses flux associés sur le bassin du Niger dans toute sa variabilité :

- que celle-ci soit géographique et il faudra distinguer les aires contributives à l’alimentation du fleuve et les aires consommatrices, autrement dit les aires où le bilan hydrologique est positif (avec son résidu exportable qui est le débit transitant à un lieu donné), et celles où il est négatif (avec des pertes par évapotranspiration naturelle ou d’origine anthropique).

- que celle-ci soit saisonnière ( crues et étiages et évolution de l’amont vers l’aval), plus ou moins abondante suivant le climat, et c’est ce que l’on précise dans l’étude des régimes hydrologiques.

- que celle-ci soit pluriannuelle, aussi bien comme le résultat statistique d’une variabilité interannuelle de précipitations aléatoires, que comme la conséquence d’évolutions climatiques, suivant une tendance donnée, ou affichant une réelle rupture climatique dans le régime et l’abondance des pluies.

C’est cette connaissance de la variabilité des ressources en eau qui peut permettre d’en définir la part exploitable, de réfléchir et s’accorder sur un partage au niveau de l’Etat – qui doit prendre en compte la gestion des autres Etats riverains du fleuve Niger – au niveau de la région afin d’arbitrer entre les différents usages et les utilisateurs de la ressource.

Le troisième chapitre est donc l’ébauche de cette synthèse de nos connaissances en matière d’hydrologie, le problème étant de faire une certaine homogénéisation de l’information

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Nous aborderons également la qualité des eaux de surface dans plusieurs domaines ; ce chapitre parlera d’abord des flux associés , matières en suspension et matières dissoutes, du transport des sables, des quelques mesures dont nous avons connaissance dans le domaine des pollutions par les métaux lourds ou les intrants organiques et de la qualité des eaux en termes d’alimentation humaine et de santé publique.

Le chapitre suivant est consacré à l’évolution de la ressource en eau en relation avec les changements climatiques. Il reprend et complète l’information donnée au chapitre 3 en présentant comme facteur limitant incontournable les variations naturelles des écoulements.

Les variations dues à l’homme, à travers les aménagements hydrauliques réalisés ou en projet, font l’objet du cinquième chapitre.

Le dernier chapitre voudrait être une réflexion sur les questions qui se posent en matière de gestion intégrée dès lors que l’environnement socio-économique risque d’être modifié par des aménagements projetés. Un bilan de l’utilisation effective des aménagements réalisés (surfaces irriguées, production électrique) en regard de ce qui était prévu peut permettre de nuancer certains discours et d’introduire avec l’éco-hydrologie des notions d’économie écologique.

Dans les conclusions, on reviendra au problème de l’acquisition des données hydro- pluviométriques sur un bassin de cette taille en proposant d’éventuelles solutions au déficit actuel d’information.

Diverses annexes sont données (certaines déjà mentionnées) avec figures, cartes et tableaux.

Parmi elles, nous citerons notamment une compilation des références existant sur le bassin que nous avons pu consulter.

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Chapitre 1

Généralités socio-économiques et géopolitiques des états

appartenant au bassin hydrographique du fleuve Niger. Aspects juridiques de la coopération inter-états. L’Autorité du Bassin du Niger (A.B. N.) Usages historiques du fleuve et voies navigables Gestion des observations hydroclimatiques

Etats riverains du fleuve Niger et états du bassin hydrographique

Nous avons choisi à dessein ce sous-titre « d’états riverains » ou « riparian states » des textes anglophones de l’Autorité du bassin du Niger car il est souvent employé, à tort, pour désigner les neuf états-membres de l’ABN ; en langue française, comme en anglais (basin state), on préférera parler des pays ou des états du bassin du fleuve Niger.

La Guinée, le Mali, le Niger, le Bénin et le Nigeria sont riverains du fleuve Niger ; le Cameroun et le Nigeria sont riverains de la Bénoué. En plus, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Tchad comptent une partie de leur territoire dans le bassin hydrographique du Niger.

Que neuf pays aient souhaité conjuguer leurs efforts de développement au sein d’une organisation commune traduit une volonté d’union positive, que les motivations de chacun d’entre eux soient au même niveau est une autre chose. Que tous soient placés sur le même pied au sein de l’organisation résulte de négociations difficiles des années 1963 et 1964. La mission d’Italconsult, chargée de préparer la conférence de Niamey de 1963, recommandait que la future Commission fasse l’inventaire des projets envisagés par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Bénin et le Tchad, afin de juger de leur incidence, jugée a priori marginale, sur les grands aménagements déjà prévus sur le fleuve.

Un rapide tour d’horizon des pays membres de l’ABN permet de préciser la part relative de chaque état dans le niveau des ressources en eau du bassin. Le tableau 1.1 récapitule un certain nombre de données récentes et de projections sur le futur relatives à ces pays. On y a en particulier cité les principales ressources agricoles en choisissant celles qui concernaient le bassin du Niger. Nos sources ne nous ont pas permis de préciser ces données au plan local et nous avons seulement souligné celles qui concernaient pour l’essentiel la partie nigérienne de chaque pays. Dans la deuxième partie du tableau nous avons repris des données couramment admises mais dont on peut contester l’aspect « conventionnel » par rapport à l’usage effectif ou prévisible des ressources en eau du bassin. Nous y reviendrons dans les conclusions de ce paragraphe.

La Guinée :

Le Niger et ses affluents drainent la Haute Guinée (et une partie de la Guinée forestière, par le

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arachidière sur le bassin du Tinkisso (environ 60 000 tonnes / an , soit le 1/3 de la production guinéenne), le riz en submersion plus ou moins contrôlée dans les vallées du Niger, du Niandan et du Milo (production estimée à 300 000 tonnes). Sur les contreforts montagneux et le Milo supérieur, on cultive aussi le café (20 000 tonnes) . C’est aussi dans ces régions qu’on a des ressources diamantifères, mais le chancre des guerres civiles du Liberia et de Sierra Leone déborde aujourd’hui sur la Guinée, comme s’il y avait une relation de cause à effet. A noter les gisements miniers exploités de bauxite sur le Tinkisso et d’or près de Siguiri.

La ville principale est Kankan (200 000 habitants). La province de Haute Guinée paraît coupée des dynamiques de développement de la Guinée maritime et, depuis la mise en œuvre des aménagements hydroélectriques du bassin du Konkouré (avec les développements industriels induits), le potentiel hydroélectrique du bassin du Niger, avec ses ouvrages de régulation des débits, n’apporteraient un plus à l’économie guinéenne qu’en fonction de besoins affichés par les pays aval. Il n’en reste pas moins que la Guinée reste le château d’eau du fleuve Niger avec en année moyenne un volume de 36 milliards de m3, cédés à l’aval par Siguiri et le Sankarani.

Le Mali :

Dans sa partie malienne, le bassin du Niger s'étend conventionnellement sur 390 000 km². La partie vraiment active du bassin ou susceptible d’être aménagée à partir des eaux du Niger ne dépasse pas 300 000 km². Des quatre grands pays arrosés par le cours du Niger, c'est le Mali qui dispose sur son territoire national de la partie la plus longue du fleuve, entre les frontières guinéenne et nigérienne, soit environ 1700 km. Pour le Mali, l'intérêt du bassin du fleuve Niger est focalisé sur l'existence de quatre zones particulières, importantes vis-à-vis de l'économie du pays et des populations qui en dépendent pour leur vie quotidienne :

- la ville de Bamako, et son environnement industriel et péri-urbain et de cultures maraîchères, qui compte près de 1,5 million d’habitants.

- L'Office du Niger, qui représente l'un des plus grands et des plus anciens périmètres irrigués de l'Afrique de l'Ouest. Cette zone a encore des potentialités de développement qui doivent être analysées dans le contexte de la gestion intégrée des ressources en eau..

- La Zone Cotonnière qui couvre l’ensemble du Sud-Mali et assure une grande partie des ressources d’exportation ; elle couvre 122 000 km² et représente 1/3 de la population malienne (densité 30 hab/km²), soit 3 300 000 habitants (Bonnefoy,1998).

- Le Delta intérieur du Niger, écosystème inondé encore peu aménagé, qui est la principale zone de pêche continentale, la seule zone de pâturages à très haute productivité de l'Afrique de l'Ouest et une zone importante de production agricole (plus d ‘un million d’habitants) ; il se prolonge par la boucle du Niger et la région de Gao.

Le Mali a des ressources essentiellement agricoles en grande partie liées aux aléas pluviométriques, d’où une irrégularité des récoltes et la volonté de développer les périmètres irrigués. Il produit 400 000 tonnes de coton-graine dont 220 000 tonnes de coton-fibre produit par 125 000 exploitants et est passé au premier rang africain des producteurs devant l’Egypte.

A la différence de celle-ci, le coton est en culture pluviale au Mali. La CMDT1, qui encadre les paysans et traite leurs récoltes, est une société d’économie mixte (60% Etat malien et 40%

CFDT) ; elle est actuellement menacée par la « mondialisation », le Mali étant fortement invité à ouvrir ce marché aux sociétés privées. Le Mali-Sud produit encore, toujours en

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culture pluviale, 230 000 tonnes de millet-sorgho, 215 000 tonnes de maïs, 18 000 tonnes d’arachide.

Les cultures irrigués le long du fleuve, à l’Office du Niger et dans le Delta Intérieur assurent une production rizicole de 500 000 tonnes par an, ainsi que 300 000 tonnes de canne à sucre.

La production de poissons en pêche continentale est plus importante que celle des pêches maritimes du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Cameroun ou même de Guinée avec 108 000 tonnes (1997). De fait, la production varie avec l ‘ampleur de l’inondation du delta entre 30 et 110 mille tonnes, dix mille tonnes restant à prélever sur les lacs de retenue de Sélingué et Manantali et sur le fleuve. Le delta intérieur, c’est aussi le point de ralliement de plus de 2 millions de bovins à l’intersaison assurés de trouver un fourrage d’excellente qualité.

Le bilan hydrologique montre que le Mali qui a reçu, en année moyenne, 36 km3 de la Guinée et 4 km3 de Côte d’Ivoire apporte lui-même au fleuve 5 km3 par le Sankarani et affluents divers en amont de Koulikoro, 10 km3 par le Bani et affluents mineurs du pays dogon, mais qu’il perd 28 à 30 km3, dont 25 dans le delta intérieur, avant l’arrivée du fleuve en République du Niger.

Le Mali est avec le Nigeria le pays le plus intéressé par les ressources en eau du fleuve Niger.

Contrairement aux indications portées dans le tableau, c’est plus de six millions d’habitants qui sont concernés par ses ressources.

La Côte d’Ivoire :

Le bassin du Niger intéresse une bande frontalière avec la Guinée et le Mali au nord-ouest du pays de 15 000 km² environ. Une population de 800 000 habitants vit sur ces hauts bassins de la Bagoe, de la Kankelaba et du Baoulé du nord, formateurs du Bani.. Les villes principales sont Odienné et Boundiali. C’est la prolongation au sud de la zone cotonnière du Mali ; c’est aussi une zone de production de noix de kola et surtout une zone d’élevage et de transit pour les troupeaux de bovins , viande sur pied en route vers la côte et Abidjan.

On l’a dit, on peut estimer en année moyenne à 4 km3 la contribution de la Côte d’Ivoire aux écoulements vers le fleuve Niger, soit une lame écoulée de 270 mm. Localement des aménagements de petites dimensions (étangs, petits barrages) permettent aux paysans la culture maraîchère et l’aquaculture. Même si des aménagements plus conséquents ont été projetés – ce que nous ne savons pas – leur incidence sur le régime du Bani et du fleuve paraît minime.

Le Burkina Faso

Le quart du pays (60 000 km²) appartient au bassin du Niger ; le quart de la population y vit aussi ; c’est, depuis le Gourma malien au nord jusqu’à la frontière du Bénin au sud, le domaine des bassins d’affluents sahéliens décrits par ailleurs ; c’est sans doute la région la plus pauvre du pays, la plus sèche aussi, consacrée à l’élevage semi-nomade au nord et à l’élevage sédentaire au sud. Tant de fleuves constituent des frontières en Afrique qu’on peut s’interroger sur les vicissitudes de l’histoire (coloniale ici) qui n’ont pas permis au Burkina d’accéder au fleuve. La contribution du Burkina Faso aux débits du fleuve n’est que de 1 milliard de m3 en année moyenne. C’est dire que ce pays n’a pas de ressources à exploiter de ce côté-là.

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Le Niger

C’est sans doute pour être à l’origine de l’organisation inter-états du fleuve Niger, pour y héberger son siège, que l’on a retenu une superficie conventionnelle de bassin de 345 000 km². En fait, le bassin nigérien du fleuve se limite à un couloir étroit entre Mali et Nigeria et à la région de Maradi partie intégrante du bassin de la Sokoto au Nigeria. Le réseau venant de l’Aïr et de l’Azaouak est totalement fossile et son endoréisme l’a complètement coupé du Niger, sans même la moindre opportunité géographique d’une mise en valeur des vallées à partir des ressources du fleuve. En définitive c’est tout au plus 80 000 à 100 000 km² qui peuvent être rattachés au cercle géographique du fleuve Niger.

Pays enclavé, il reste cependant le plus proche des voies navigables du Nigeria

Niamey, la capitale avec environ 1 million d’habitants, est à mi-distance du parcours nigérien du fleuve ; de larges plaines alluviales sont en partie irriguées tant sur le fleuve que les bas- fonds du Dallol Bosso, du Dallol Maouri et de la région de Maradi. La production de riz reste faible mais celle des céréales classiques de l’Afrique sèche est importante (près de 2,4 millions de tonnes), sujette toutefois aux aléas climatiques. L’arachide a laissé la place au niebé qui est exporté ; le coton ne constitue plus une culture adaptée aux conditions sèches des terroirs et l’agriculture nigérienne a connu de profondes mutations depuis les grandes sécheresses des dernières décennies. En dehors de la vallée du Niger, la population est concentrée sur la frontière du Nigeria (1,5 million d’habitants pour le bassin du Niger) où les conditions pluviométriques sont moins drastiques et où diverses économies parallèles , un secteur informel, se développent.

Il est certain qu’un développement des surfaces irriguées dans la vallée du fleuve suivant l’aménagement de Kandadji apportera un accroissement des ressources vivrières dont ce pays a bien besoin, la baisse de ses revenus miniers ne lui permettant pas en recettes d’exportations de faire face aux besoins du pays et de ses habitants.

Sa contribution aux débits du fleuve est nulle et plus précisément négative (évaporation) ; si l’écoulement annuel a augmenté à Gaya, c’est grâce aux apports purement béninois.

Le Bénin

Riverain du fleuve Niger sur 140 km environ, le Bénin apporte environ 3 milliards de m3 par année moyenne à travers les affluents Mekrou, Alibori et Sota issus du massif de l’Atakora et du Borgou. La population est relativement dense (65 h /km²), avec près de 2 millions d’habitants pour 30 000 km² La région est surtout une région d élevage. Les zones arachidières se sont considérablement réduites et le coton s’est beaucoup développé avec 1/3 de la production nationale dans le nord. La principale ville est Kandi, Malanville étant le port fluvial qui devait être relié à Cotonou par chemin de fer avant de poursuivre sa voie sur Niamey ; mais celui-ci s’est arrêté à Parakou, au centre du pays. A part quelques aménagements potentiels sur la Mékrou, le bassin béninois du Niger ne prend qu’une part mineure dans l’évolution des régimes du fleuve. On soulignera tout de même que la Mekrou traverse le Parc International du W du Niger, immense zone de protection de la faune et de la flore partagée entre le Burkina, le Niger et le Bénin.

Avant de passer au Nigeria, aboutissement ultime de tous ces apports, nous repartons en tête de bassin côté Bénoué avec le Tchad et le Cameroun

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Le Tchad

Quinze mille km² du Tchad sont homologués comme faisant partie du bassin du Niger, à travers le haut Mayo Kébi, la Kabia et les lacs de la dépression toupouri, avec une population rurale peu dense qui se consacre aux culture vivrières et à la culture du coton. L’apport tchadien à la Bénoué est de 1,6 km3 en année normale ; c’est surtout la voie de passage obligée d’éventuels transferts d’eau d’Afrique centrale qui ne passe pas par le lac Tchad (projet Transaqua) et peut-être une raison supplémentaire de la présence du Tchad à l’ABN au côté de son puissant voisin déjà très actif à la CBLT2.

Le Cameroun

Le Cameroun participe au bassin du Niger pour 60 000 km². La population de cette zone dépasse 2 millions d’habitants.

Le bassin de la Bénoué au Cameroun est une zone essentiellement rurale avec, outre les cultures vivrières, des cultures de rente comme le coton (les ¾ de la production nationale) et à un moindre degré l’arachide. L’élevage et également important surtout sur l’Adamaoua. Le développement des plaines alluviales par irrigation est loin d’être à la hauteur des projections faites après la construction du barrage de Lagdo. Celui-ci devait aussi permettre de gagner quelques mois de navigation sur la Bénoué, rendant à Garoua son rang de port fluvial par lequel transitaient balles de coton dans un sens et hydrocarbures et gros matériaux à la montée. Les déficits hydrologiques limitent toujours la durée de la période de navigation. Les possibilités de production électrique du barrage de Lagdo sont très au dessus des besoins des provinces du Nord-Cameroun.

Trois grands parcs nationaux (Faro, réserve de la Bénouè et Boubandjida) assurent la conservation de la faune et de la flore.

Yola, au Nigeria, peut compter sur les apports de 20 milliards de m3 en année moyenne provenant de la Bénoué camerounaise.

Plus au sud les régions arrosées de Bamenda et Nkambé ont d’importantes ressources d’élevage en altitude ; la culture du thé, du café et du maïs complète les revenus d’une population assez dense; les bas-fonds sont utilisés en rizières. Un énorme potentiel hydroélectrique est en attente. (cf. plus loin). Les apports camerounais qui vont alimenter la Donga et surtout la Katsena Ala s’élèvent à 14 milliards de m3, en année moyenne.

Soit un total de 34 km3, pour Tchad et Cameroun, plus qu’il n’en arrive au Nigeria par le fleuve Niger.

Le Nigeria

Le basin du Niger occupe au Nigeria le 1/3 de la superficie conventionnelle (1,5 millions de km²) définie par l’ABN ; cela représente surtout, avec ses 495 000 km², 45% du bassin total actif du fleuve Niger et 54 % de la superficie du pays.

Le « géant » de l’Afrique de l’Ouest compte 67 millions d’habitants sur le bassin du Niger, soit près de 60% de sa population et 80% de la population de l’ensemble du bassin.

Le tableau 1.1 donne un aperçu des productions agricoles de ce pays. Les chiffres sont évidemment énormes par rapport à ceux des autres pays. A ces chiffres, il faut ajouter la

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

l’ABN et ceci explique cela ; les fortes densités démographiques – surtout dans les états du Nord très pauvres- expliquent aussi que ce pays, a priori riche, n’ait un PIB/habitant qu’à peine supérieur à ceux du Mali et du Niger. Cette richesse, due pour 30% du PIB aux gisements de pétrole et de gaz du delta maritime (Port Harcourt), ne suffit pas. Tout en étant le 10ème producteur mondial avec 100 millions de tonnes de pétrole et 6,5 milliards de m3 de gaz en 1999, le Nigeria n’arrive pas à entretenir ses raffineries ; il en est de même pour ses usines hydroélectriques qui « marchent » au quart de leurs possibilités, comme d’une manière plus large pour ses industries et ses services (transports, etc .)

La République Fédérale du Nigeria est passée en quarante ans de 4 à 16, puis aujourd’hui à 36 Etats avec le souci d’éviter les oppositions entre le Sud et le Nord, que le colonisateur Hugard avait bien connues à la fin du XIXème siècle. De fait, la dilution des décisions et des responsabilités, la multiplication des prébendes ne sont pas des gages de grande efficacité. On peut s’interroger sur les réelles possibilités d’action de services fédéraux comme celui des Ressources en eau et du Développement Rural lorsqu’un Plan directeur national sur les ressources en eau est lancé.

Le bassin du Niger au Nigeria a la forme d’un Y bien ouvert au cœur duquel le plateau de Jos au sens large constitue le propre château d’eau du pays. On reviendra plus longuement au chapitre 3 sur les régimes hydrologiques, mais nous devons d’ores et déjà préciser que sur les 182 km3 en année moyenne qui s’écoulent à Onitsha, seulement 65 km3 proviennent des pays amont. C’est-à-dire que près des 2/3 des écoulements sont produits sur le pays lui- même. Cela reste insuffisant pour un pays qui a déjà épuisé les ressources en eau de ses états du nord-est et réduit la Komadougou Yobe à un filet d’eau supposé faire frontière avec le Niger…et explique sans doute son engagement dans de gigantesques projets de transferts d’eau entre grands bassins fluviaux de l’Afrique.

En conclusion, ce rapide descriptif des éléments caractéristiques du bassin du Niger pour chacun des états-membres montre des situations très contrastées et une importance relative très variable suivant que l’on parlera de ressource brute, d’usage de la ressource et de besoins réels pour le développement, de survie pour des populations ou de profit marchand.

Une hiérarchie n’est pas dans l’esprit de l’Autorité du bassin du Niger, mais on peut quand même dire :

- Que trois états sont peu concernés par la gestion des ressources en eau du Niger qui sont la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Tchad.

- Que trois autres états sont concernés par cette gestion en tant que « producteurs de la ressource ; ce sont la Guinée, le Cameroun et le Bénin à moindre titre.

- Que trois états sont très concernés par les ressources en eau du Niger en tant que consommateurs, ce sont le Mali, le Niger et le Nigeria, ce dernier étant à la fois producteur et consommateur.

Enfin, il faut bien convenir que le Nigeria pourrait être tenté de disposer comme il l’entend de la ressource du Niger avant que le fleuve ne rejoigne l’océan. Mais son appartenance à l’ABN n’implique pas seulement son intérêt pour les ressources amont mais indique aussi son engagement à ne pas porter préjudice à certaines de ses populations, ou à la conservation de l’environnement, qui est une affaire globale, et à ne pas priver l’océan des apports en nutriments qui font la ressource halieutique de plusieurs pays du golfe de Guinée.

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Tableau 1.1: Quelques caractéristiques statistiques socio-économiques des états du bassin du fleuve Niger (d’après Gamblin (2001), L’Etat du monde (2001), AtlasObs (2001))

Paramètre Unité Guinée Mali C.Ivoire Burkina Niger Bénin Nigeria Cameroun Tchad Superficie Mkm² 0.246 1.24 0.322 0.274 1.27 0.112 0.924 0.475 1.284 Population Mhab. 7.6 10.6 14.5 10.7 10.2 6.23 114 14.9 7.3

Croissance %/an 2.1 2.7 2.1 2.3 3.5 2.7 2.7 2.3 3.2

Pop.Urban. % 32.1 29.4 45.8 18 20.1 41.5 43.1 48.1 23.5

PIB/hab. US $ 1934 753 1653 965 753 933 853 1573 850

Estimation Popul.2025

Mhab.

14 22.7 29.9

21.7 19.2

11.5 235

27.8 13.4 Production

agricole

Riz 103t 750 590 1162 89 54 36 3400 65 100

Arachide « 182 140 144 205 2783 160 372

Maïs « 89 341 573 378 5 662 5127 600-850 173

Millet « 10 641 65 979 2391 29 5956 71 366

Canne Suc « 220 303 174 675 280

Coton « 16 218 130 136 150 55 75-79 103

Bovins Mtêtes 2.37 6.06 1.35 4.55 2.17 1.35 19.8 5.90 5.58 Ovins « 0.69 6.0 1.39 6.35 4.31 0.63 20.5 3.80 2.43 Pêche mer

Continentale 103t

103

108 68

6

44 383 89

6

Electricité GWh 3.21 15.2 3.18

Part

Hydraulique

% 36.8 99

BV NIGER **

Superficie 103Km² 90 390 15 60 345 30 495 60 15

Convention. % 6 26 1 4 23 2 33 4 1

Population Mhab. 2.5 3.96* 0.80 2.4 2.6 1.95 67.6 2.1 0.08

N.B. : Les valeurs en italiques se rapportent à des données intéressant l’ensemble du pays concerné ; en écriture droite, la donnée se rapporte pour l’essentiel à la partie du pays située sur le bassin du Niger. ;** Sources ABN sur le bassin conventionnel du Niger reprises dans « Projet Niger-Hycos ; sous-composante du Projet AOC-Hycos ; document provisoire de projet, avril 2002, WMO ».

* D’après d’autres sources, recensements maliens et rapports régionaux (Bonnefoy,1998 ; Kuper et al., 2002 ; Marie, 2000), c’est plus de 6 millions d’habitants qui habitent le bassin du Niger au Mali.

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Les accords juridiques entre états. L’Autorité du bassin du Niger.

Historiquement, les premiers accords signés entre puissances coloniales se rapportant à la région du fleuve Niger concernent un partage territorial des influences de chacun. A l’époque où Bismarck est l’arbitre de l’Europe et où l’Allemagne veut créer « ses » colonies, ce qui conduit à définir sur la carte les parts de chacun ( Cameroun pour l’Allemagne, Nigeria pour les Anglais, Soudan nigérien et Oubangui-Chari pour les Français), un accord est signé à la Conférence de Berlin le 26 février 1885 ; il proclame, pour ce qui concerne notre propos, l’entière liberté de navigation et de commerce sur la base d’une complète égalité entre toutes les Nations ; la pénétration à l’intérieur du continent étant souvent liée à ses voies fluviales, cet accord entre les trois pays prévoyait donc l’accès à la navigation sur le fleuve Niger et la Bénoué. Il s’agissait pour l’Allemagne d’utiliser la Bénoué pour rejoindre plus facilement le nord du Cameroun , la navigation sur le moyen Niger n’étant pas encore dans les perspectives françaises. D’autres accords sur le commerce ont été conclus à cette époque ( General Act et Declaration of Brussels, 1890). Le traité franco-allemand de 1911 entraîne la cession par la France de territoires à l’est et au sud de la colonie du Kamerun et notamment de la partie Est du bassin de la Bénoué (Mayo Kébi), aujourd’hui au Tchad.

Enfin, dans la Convention de Saint-Germain-en-Laye du 10 septembre 1919 (mandat confié par la Société des Nations à la France et à l’Angleterre sur l’ancien Cameroun allemand), les dispositions concernant la navigation sur le Niger et la Bénoué sont renouvelées ; à cette époque la structuration des territoires colonisés est achevée et « l’Entente Cordiale » entre les deux pays colonisateurs permettra une utilisation effective des voies navigables.

Aux indépendances en 1960, ces traités sont rapidement abrogés, d’abord dans leur esprit de libre commerce, les états instituant des associations douanières et par suite créant des taxes sur les produits extérieurs. Dès février 1960, une réunion de travail entre le Mali et le Nigeria posait déjà les bases d’un développement concerté du bassin du Niger, mais c’est surtout aux contacts pris par le président Hamani Diori du Niger que l’on doit d’avoir progressé dans cette voie. A signaler la réunion de la 16ème session de la Commission pour une Coopération technique en Afrique au sud du Sahara à Mamou (Guinée) en 1960, recommandant la coopération et l’échange d’informations entre hydrologues du bassin du Niger.. ce qui ressemblera à un voeu pieux dans la mesure où les contacts avec les hydrologues du Nigeria et ceux des pays francophones (de l’ORSTOM en poste dans des centres de recherche ou détachés dans les directions nationales de l’hydraulique) n’ont pas vraiment eu lieu. La conférence de Ségou (Mali) en mai 1961 soulignait le danger de réalisations de projets nationaux de façon unilatérale et non coordonnée entre états.

Mais, ce n’est qu’en 1963, après une première conférence en février à Niamey, qu’est signée une nouvelle Convention à l’issue de la Seconde Conférence de Niamey des 24-26 octobre. Cette Convention passée entre les neuf états du bassin du Niger, outre l’abrogation des anciens traités de 1885 et 1919, traite de la navigation et de la coopération entre états en reconduisant le principe de libre navigation sur le Niger, tributaires et sous- tributaires et, en introduisant le principe d’une coopération pour l’étude et l’exécution de projets susceptibles de modifier certains aspects du régime du fleuve ( conditions de navigation, exploitation agricole et industrielle, qualité sanitaire des eaux et… déjà, caractéristiques biologiques de la faune et de la flore, ce qui va plus loin que les ressources piscicoles), jetait les bases d’une organisation inter-gouvernementale.

Celle-ci verra le jour à l’issue d’une nouvelle conférence tenue à Niamey le 25 novembre

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réunion définira en outre les règles concernant les utilisations agricole et industrielle des eaux et leur développement ainsi que celles de la navigation et du transport. Cet accord sera amendé en 1968 et en 1973.(Bonaya, 1985).

En 1980 , les chefs d’état ou de gouvernement des états riverains signent une nouvelle convention créant, en remplacement de la Commission, l’Autorité du Bassin du Niger.

Arguties juridiques ou non, le texte de la Convention de 1980 a considérablement amendé celui de 1964. L’objectif à long terme de l’ABN est de « promouvoir la coopération entre les pays membres et d’assurer un développement intégré dans tous les domaines grâce au développement de ses ressources, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’hydraulique, de l’agriculture, de l’exploitation forestière, des transports et communications, et de l’industrie ». Dans le même temps, la Convention 1980 reconnaît à chaque état le droit individuel d’exploiter les ressources intérieures à sa portion de bassin en insistant lourdement sur les droits souverains de chaque état, au point que le rappel de limitations toujours reconnues n’est que de pure forme. Dans la foulée, en novembre 1980, un protocole est signé à Faranah (Guinée) portant création d’un Fonds de développement du bassin du Niger appelé FONDAS, dont l’objectif est de collecter les ressources financières nécessaires à la réalisation des objectifs de l’Autorité. L’autogestion de ressources extérieures est en soi un objectif classique dans les organisations de ce type.

Cette transformation de « commission » en « autorité », qui semblait dans les mots garantir une certaine efficacité, a conduit en fait à une crise institutionnelle et à une perte de crédibilité des pays membres à son endroit, sinon leur désintérêt, et, par voie de conséquence, au désengagement de plusieurs partenaires au développement (Banques, Coopération bi- latérale ou internationale…). Un projet comme HYDRONIGER piloté par l’OMM et financé par différents bailleurs a pratiquement « capoté » lorsqu’il a fallu que l’ABN prenne la suite du financement des dépenses de fonctionnement. Cette période de léthargie, en dépit des efforts d’intervenants extérieurs, coïncide d’ailleurs avec celle qu’a connue la Commission du Bassin du Lac Tchad et pourrait correspondre au désintérêt du puissant Nigeria gouverné à l’époque par des dictateurs militaires.

En 1998, la crise financière et institutionnelle avait pratiquement paralysé l’ABN. La 17ème session ordinaire de l’ABN à Abuja (Nigeria) a été l’occasion pour les ministres des états- membres de s’engager de nouveau vis-à-vis de l’institution, les pays-membres ayant pris conscience de la dégradation progressive de l’environnement du bassin fluvial. On a parlé alors de « phénomènes d’ensablement liés aux facteurs érosifs accentués par la dégradation du couvert végétal et la fragilisation des sols, (on verra au chapitre 4 ce que nous en pensons), de pollution, de prolifération des plantes aquatiques flottantes, de sévérité des étiages (comme si c’était nouveau). L’objectif était donc de repartir du bon pied…Cela fait déjà quatre ans.

En conclusion, quels que soient les accords signés entre états du bassin du fleuve Niger, il convient de préciser que l’appartenance à l’Organisation des Nations Unies suppose de souscrire aux conventions internationales, en l’occurrence ici à la Convention de Barcelone de 1921 prévoyant le partage des eaux de fleuves internationaux.

(voir récapitulation des accords juridiques dans le tableau 1.2)

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

Tableau 1.2 : Récapitulation des principaux accords juridiques intéressant le bassin du fleuve Niger

Année Lieu ou nom de l’accord

Signataires Contenu

1885 Conférence de Berlin

Royaume-Uni, Allemagne, France

Liberté de navigation et de

commerce entre nations sur Niger et Bénoué

1919 Convention de

St.Germain en Laye

Sous l’égide de la Société des Nations

Après redécoupage colonial, confirmation de l’accord de Berlin 1921 Convention de

Barcelone

SDN ; Accord

international toujours garanti par l’ONU

Modalités de partage des ressources en eau des bassins internationaux.

1960 Réunions bilatérales ou multilatérales des nouveaux états indépendants

Guinée, Mali, Niger, Nigeria, Côte

d’Ivoire, Burkina Faso, Bénin, puis Cameroun, Tchad

Accord de coopération technique et scientifique pour une meilleure connaissance de la ressource et projets de développement 1963 Conférences de

Niamey

Neuf états du bassin du Niger

Abrogation des traités de 1885 et 1919 pour leurs connotations coloniales.

Nouvelle convention sur la libre navigation sur le fleuve et ses affluents

et sur la coopération pour les grands projets hydrauliques.

1964 Conférence de Niamey

Neuf états du bassin du Niger

Création de la Commission du Bassin du Niger ; Précisions su règles relatives à la navigation et à l’utilisation agricole et industrielle des ressources en eau.

1968,1973 Réunions ordinaires de la CBN

Neuf états du bassin du Niger

Amendements à l’accord de 1964 1980 Conférence de

Niamey

Neuf états du bassin du Niger

Convention remplaçant la CBN par l’Autorité du Bassin du Niger et revoyant à la baisse les compétences de l’organisation inter-états.

Suivi hydrologique HYDRONIGER 1980 Protocole de

Faranah (Guinée)

Neuf états du bassin du Niger

Création Fonds de développement du bassin (FONDAS)

16 sessions

annuelles

Neuf états du bassin du Niger

Problèmes financiers et structurels 1998 17° session de

l’ABN à Abuja

Neuf états du bassin du Niger

Relance de l’institution

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Usages de l’eau, usages du fleuve avant l’époque moderne et les aménagements

Pour les populations riveraines traditionnelles, le fleuve et ses tributaires ont toujours constitué la source même de leurs besoins en eau. Pour les voyageurs, l’apparition de cette mer d’eau douce entre Tombouctou et Gao à l’issue de longues traversées sahariennes devenait même source de vie. Les besoins en eau de boisson, filtrée le cas échéant dans des vasques creusées dans les bancs de sable en basses eaux, en eaux domestiques, en corvées d’arrosage, renvoient à l’image classique des cohortes de femmes et d’enfants allant et revenant du fleuve mais aussi du puits villageois à l’intérieur des terres. C’est aussi sur les plages de ces cours d’eau que se font les lessives, la toilette et occasionnellement les travaux des teinturières . Les hommes attaquent les sédiments des berges et fabriquent des briques en pisé pour leurs édifices (« d’argile, d’herbe et d’eau »)… et, surtout, les hommes, les jeunes garçons pêchent au jour le jour ou en pêches organisées, commandées dans le delta intérieur du Niger par le Maître des Eaux qui dit ce qu’il faut faire, où et comment, suivant le niveau de la crue et surtout de la décrue. Le commerce du poisson séché ou fumé n’est pas loin d’autant qu’il a été précédé du commerce du bois pour fumer ce poisson dans les villages provisoires des familles de pêcheurs, sur des bancs de sables qui seront noyés à la prochaine crue.

Le commerce, c’est aussi ces grosses pinasses nigériennes qui ramènent vers le sud le sel arrivé à Tombouctou par caravanes chamelières depuis Taoudénit et y remontent produits vivriers produits au sud. C’est aussi les voyages sur les mêmes pinasses des hommes et femmes, un brassage entre ethnies que seul un fleuve rend possible. Le fleuve, c’est encore les cultures par submersion lors de l’arrivée de la crue et les cultures de décrue sur les rives et les mares.

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

Ce sont tous ces usages qui contribueront à l’existence de différents empires ou royaumes du Moyen-Age jusqu’à l’époque des colonisateurs : empires du Mali (Niani, Djenné, Tombouctou), empire du Songhaï à Gao, royaumes du Macina, de Ségou, ou royaume du Bénin englobant le delta maritime et le pays Ibo au Nigeria.

Ces voies empruntées par voyageurs et commerçants le seront aussi par des guerriers pendant d’incessantes guerres et renversements d’alliances et en dernier lieu par les militaires des pays colonisateurs, et le Niger connaîtra ses petites canonnières, même au Mali, où il aura fallu acheminer les matériaux et les monter sur place.

Les voies navigables du Niger et de la Bénoué

Considérées comme stratégiques au point de vue militaire ou commercial, les voies navigables ont été considérées par les colonisateurs comme une option prioritaire des aménagements à réaliser sur les cours d’eau, bien avant que la houille blanche prenne toute son importance en Europe et bien avant les projets d’aménagements de périmètres irrigués.

Cette tradition demeure encore, que ce soit dans les « produits attendus » de tel ou tel aménagement hydraulique, dans les accords de l’ABN qui prévoient même que « les canaux , voies terrestres destinées à relier deux biefs, écluses, font partie de la voie navigable,…

accessible à tous pour le même droit de péage », ou dans des projets de réhabilitation du réseau hydrométrique.

Pourtant, les voies de communication ont changé ; les voies terrestres qui n’existaient pas ou étaient en terre et impraticables en saison des pluies sont en grande partie bitumées et le trafic de camions, comme partout dans le monde, allie les options de rapidité et de souplesse. Les voies ferrées ont, il est vrai, eu le temps de se dégrader et la rectification du tracé des chemins de fer pour adaptation au transport moderne, fort coûteuse, n’apparaît pas prioritaire .

Ceci dit pour exprimer une certaine réserve quant à d’éventuels travaux pharaoniques dont le but essentiel serait la seule navigation fluviale.

Un rapide descriptif montre les principaux biefs de navigation existant sur le bassin :

Au Nigeria, pour commencer, le réseau navigable aurait eu plus de six mille kilomètres de longueur, dont une bonne part dans les lagunes de la côte et les défluents du delta maritime où le trafic de Warri à Port Harcourt n’a pas grand chose à voir avec le Niger lui-même. Pour Sanyu et al. (1995) il ne serait que de 3000 km, le Niger constituant avec la Bénoué les axes majeurs du réseau. La navigation est possible toute l’année pour de grosses unités à faible tirant d’eau jusqu’à Onitsha et jusqu’à Jebba, à 900 km de la mer, d’août à février. La Bénoué est navigable jusqu’à Makurdi de juin à décembre et jusqu’à Garoua au Cameroun, d’août à novembre. Le lac de Kainji est navigable sur 130 km mais nous n’avons pas trouvé de renseignements sur une liaison possible jusqu’à la frontière du Niger. La navigation est entravée par le développement des jacinthes d’eau et autres plantes aquatiques flottantes. Le tonnage transporté qui représentait 30% des transports dans le pays a considérablement chuté depuis la guerre civile des années 1960 et les travaux de dragage nécessaires n’ont pas été faits.

Le Niger est navigable en hautes eaux depuis la frontière du Nigeria (Malanville-Dolé) jusqu’à Niamey même avec de gros chalands.(336 km). En amont de Niamey, la navigation est encore possible jusqu’à Meana-Tillabery en dépit de nombreux écueils (170 km).Ensuite, rapides et rochers ne permettent plus de navigation même pour des vedettes à fond plat, sauf

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en très hautes eaux, ce qui ne présente aucun intérêt et le tronçon Méana-Ayorou-Fafa (123 km) est inexploitable.

De Fafa à Ansongo, Gao puis Tossaye, (nous sommes au Mali), des chalands de moyen tonnage peuvent emprunter les 270 km du tronçon en hautes eaux, la navigation n’étant entravée par les bancs de sable qu’en basses eaux.

Sur le bief supérieur entre Tossaye et Koryoume, port de Tombouctou, la navigation est possible presque toute l’année (327 km).

En amont de Koryoume et jusqu’à Kirango, 610 km, l’essentiel de la navigation se fait dans le delta intérieur où plusieurs bras sont navigables en hautes eaux et où le cours principal du fleuve est praticable par les grosses pinasses toute l’année, avec quelques risques d’échouage dans le lac Débo, faute d’un chenal matérialisé, en très basses eaux. Le port principal est celui de Mopti, les installations portuaires étant sur le Bani juste avant sa confluence avec le Niger.

Les gros chalands et les navires de la COMANAV3 peuvent circuler du mois d’août à décembre-janvier et relier Koulikoro, 200 km, en amont en franchissant près de Kirango l’écluse du barrage de Markala. Autrement dit, de Koulikoro, à 70 km de Bamako, on a une voie navigable en hautes eaux continue de 1400 km.

En amont de Bamako, les pinasses légères peuvent remonter jusqu’à Siguiri et en Guinée ce même type de navigation est possible dans les basses vallées, sur le Niger, le Milo et le Tinkisso. Il n’y a pas de trafic marchand vraiment établi entre Mali et Guinée. L’exploitation de sables fluviaux en amont de Bamako constitue l’essentiel du trafic artisanal de ce petit bief malien.

Gestion de l’acquisition des données hydro-climatiques

De nombreuses expertises ont été faites sur l’organisation des services en charge de la collecte de l’information et sur leur capacité à traiter les données et à les rendre disponibles aux utilisateurs . Ainsi, en 1992 a été publié un ensemble de rapports pays par pays (23) de l’Afrique de l’Ouest et Centrale rendant compte de la gestion de l’acquisition des données hydroclimatiques et des banques de données par les services de la Météorologie, des Eaux Souterraines et de l’Hydrologie. Financés par la Banque Mondiale, le Programme des Nations Unies pour le Développement, la Banque Africaine de Développement et le Ministère Français de la Coopération, ces travaux ont été réalisés par les bureaux d’étude Mott MacDonald Int., BCEOM, SOGREAH, et l’Institut français ORSTOM et sont connus sous le nom de « Water Assessment Project ». Ils ont montré dans leur ensemble une vision assez contrastée entre les données météorologiques et hydrogéologiques et les données hydrologiques. Pour la Météorologie, les stations synoptiques sont généralement très bien suivies et le maintien d’un bon niveau de sécurité de la navigation aérienne n’est certainement pas étranger à cet état de choses. Les postes pluviométriques sont assez bien tenus et le problème résiderait plutôt dans la diffusion de l’information, notamment pour toucher les paysans en temps utile en matière d’information agrométéorologique . En hydrogéologie, l’encadrement qui subsiste après les projets – ou qui les accompagne – en petite hydraulique rurale ou pastorale donne une certaine garantie à la qualité des observations, mais celles-ci

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

En hydrologie, la seule donnée de hauteur d’eau est insuffisante (sauf lorsqu’il ne s’agissait que de navigation fluviale) ; il faut aussi des équipes pour aller sur le terrain « étalonner » la station limnimétrique, c’est-à-dire faire des jaugeages (ou mesures de débits) soit pour établir la relation hauteurs-débits, soit pour contrôler qu’il n’y a pas détarage de la station, changement de la relation précédemment établie. Ces équipes, ou brigades dans le jargon généralement utilisé, ont un coût souvent trop élevé pour les budgets des services nationaux.

Pour les pays qui nous intéressent, le constat en matière d’hydrométrie était assez mitigé.

Pourtant, régulièrement depuis que les services nationaux ont repris officiellement cette charge, des projets de réhabilitation des réseaux hydrométriques ont été financés par la coopération française (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire), par d’autres aides bi-latérales avec toujours le souci de s’approcher, en termes de densité du réseau des normes prévues dans les

« Pratiques d’Hydrologie Opérationnelle » de l’OMM, complètement inadaptées pour les pays de l’Afrique Sub-Saharienne. Les budgets de fonctionnement ne survivant pas dans les quelques années qui suivent l’achèvement de tels projets, tout est rapidement à refaire. A partir des années 1980 apparaissent des technologies nouvelles en matière d’hydrométrie, notamment les stations automatiques d’acquisition des données avec télétransmission par satellite soit dans le système Argos soit dans le système Météosat.

Le programme de lutte contre l’Onchocercose sur les bassins du Niger et de la Volta a été un des premiers utilisateurs de ces technologies. Grâce à ce programme ont été mises au point les Plates-formes de Collecte des Données (PCD), installées, pour ce qui nous intéresse, au nord de la Côte d’Ivoire, au Sud Mali et en Guinée, et les Stations de Réception Directe Argos dans les centres de décision du programme OMS-Oncho à Bobo-Dioulasso, Bamako et Odienné.

En 1985, le projet HYDRONIGER devient opérationnel avec la mise en place du Centre Inter-Etats de Prévision Hydrologique à Niamey, sous tutelle de l’ABN, avec sa station de réception, l’installation de 65 plate-formes de collecte de données, la fourniture d’un logiciel de traitement des données (Hydrom) conçu par l’Orstom et la formation des techniciens hydrologues à ces matériels nouveaux. Financé par le PNUD, la CEE et l’OPEP, le projet a pour agence d’exécution l’OMM. Les problèmes de l’ABN qui on été évoqués plus haut expliquent la dégradation de ce réseau malgré plusieurs tentatives de réhabilitation.

Dégradation certes, mais, en octobre 2001, 15 stations fonctionnaient encore.

Une autre initiative de l’OMM en 1993 a entamé la promotion d’un système mondial d’observation du cycle hydrologique, WHYCOS, (Rodda, et al.,1993), recommandant le suivi de stations de références (observatoires hydrologiques) avec transmission des données en temps réel ou quasi réel. Un projet AOC-HYCOS est lancé en 1996 avec financement de la Coopération française ; le projet « Pilote AOC –HYCOS » était basé à Ouagadougou et le financement français avait été reconduit en janvier 2000. L’intérêt de ce projet était de permettre à tous les services hydrologiques nationaux de présenter leur structure, leurs observations sur un site Web parfaitement maîtrisé par ses gestionnaires basés à l’EIER de Ouagadougou.

Depuis un an , le projet a été domicilié à Niamey au CIP de l’ABN en association avec AGRHYMET. Il manque malheureusement pour le moment les compétences d’un webmaster pour actualiser les données et fournir les informations venant des différents états de la Région.

La tendance actuelle, proposée par l’OMM, est d’adapter sa stratégie WHYCOS par grand bassin international, ce qui nous ramènerait à un HYDRONIGER nouvelle norme ce dont on ne peut que se féliciter. Il conviendra cependant d’encourager les états membres à respecter leurs engagements (communication de leurs observations à l’ABN, interventions sur le terrain), alors qu’aujourd’hui un certain désintérêt est manifeste.

D’autres projets plus modestes ont l’avantage d’être plus proches des services nationaux avec des retombées plus concrètes en termes d’équipement et de fonctionnement. Depuis la volonté

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plus ou moins déclarée de l’IRD4 de se désengager d’actions ne ressortant pas directement de la Recherche, position qui est d’ailleurs en train d’évoluer, d’autres opérateurs comme le Danemark ou les Pays-Bas sont assez présents dans la Sous-Région. Ainsi, par exemple, la coopération néerlandaise finance un projet GHENIS sur le bassin du Niger supérieur (Mali et Guinée) à partir de Bamako où les plates-formes d’acquisition de données et de télétransmission par satellite comprennent des capteurs d’hydrométrie et de mesure de la qualité des eaux (conductivité, turbidité, température, etc.) malheureusement mal adaptés aux conditions tropicales.

Au Nigeria, le plan directeur national des ressources en eau (NWRMP5) s’appuie sur des régions hydrologiques qu’on pourrait assimiler à des agences de bassin, mais qui ne coïncident pas avec les frontières des régions administratives (les états de la fédération). Pour le bassin du Niger, on a ainsi la Région Nord-Ouest HA-1, Centre-Ouest HA-II, les régions Centre-Est HA-III/IV et les régions Sud-Est HA-V/VII, régions hydrologiques (hydrological areas) pour lesquelles différentes autorités de bassin (RBDA, River basin development authority) gèrent la plupart des stations hydrométriques. Le département fédéral des voies navigables gère également ses propres stations ; il en va de même pour la NEPA (National Electric Power Agency) pour les sites de barrages. La liste des intervenant en hydrométrie est loin d’être close De précédents rapports (Mott MacDonald, et al, 1992, SANYU & SUMIKO, 1995) dénombrent environ 160 stations sur le bassin du Niger. Hydroniger a retenu 19 stations au Nigeria, mais sur les derniers bulletins consultés en 2002, les observations de deux ou trois stations seulement sont mentionnées. Cela ne veut pas dire que les données n’existent pas, mais leur accès est d’autant plus difficile que ce sont des sociétés privées qui gèrent ces stations pour leurs besoins propres sans se soucier de l’intérêt que leurs observations peuvent avoir pour la communauté hydrologique. Ce même type de problèmes se retrouve d’ailleurs au Cameroun où les hydrologues de l’IRGM, en charge officielle d’un réseau national mais sans crédits de fonctionnement, n’ont même plus accès aux données recueillies par la Société nationale d’Energie (SONEL), qui gérait son propre réseau, depuis que celle-ci a été privatisée.

Comme on le voit, on rencontre ici un grave dysfonctionnement auquel doit faire face l’ABN si celle-ci veut émettre des avis pertinents sur la gestion des ressources en eau.

Peut-on envisager un futur dans une gestion intégrée et concertée du fleuve Niger, si l’appréciation quantitative de la ressource n’est pas possible ? Nous reviendrons sur cette question en fin de rapport.

Heureusement un partenariat scientifique s’est établi dans la plupart des pays du bassin du Niger entre instituts de recherche et universités « du Nord » et les structures nationales de recherche en général universitaires. La formation d’ingénieurs et d’universitaires aboutit finalement à travers divers programmes de recherche internationaux à un tissu de connaissances qu’il convient de valoriser comme nous l’indiquions en introduction. Les chapitres qui suivent tentent de présenter une part des connaissances acquises en insistant sur les parties du bassin qui, à notre sens, ressortent plus directement d’actions potentielles de l’ABN.

La carte donnée ci-après représente un fac simile de la page 2 du bulletin hydrologique du

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

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Carte générale de l’Afrique de l’Ouest et Centrale appartenant au bassin du Niger

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Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

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