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Gestion de l’acquisition des données hydro-climatiques

De nombreuses expertises ont été faites sur l’organisation des services en charge de la collecte de l’information et sur leur capacité à traiter les données et à les rendre disponibles aux utilisateurs . Ainsi, en 1992 a été publié un ensemble de rapports pays par pays (23) de l’Afrique de l’Ouest et Centrale rendant compte de la gestion de l’acquisition des données hydroclimatiques et des banques de données par les services de la Météorologie, des Eaux Souterraines et de l’Hydrologie. Financés par la Banque Mondiale, le Programme des Nations Unies pour le Développement, la Banque Africaine de Développement et le Ministère Français de la Coopération, ces travaux ont été réalisés par les bureaux d’étude Mott MacDonald Int., BCEOM, SOGREAH, et l’Institut français ORSTOM et sont connus sous le nom de « Water Assessment Project ». Ils ont montré dans leur ensemble une vision assez contrastée entre les données météorologiques et hydrogéologiques et les données hydrologiques. Pour la Météorologie, les stations synoptiques sont généralement très bien suivies et le maintien d’un bon niveau de sécurité de la navigation aérienne n’est certainement pas étranger à cet état de choses. Les postes pluviométriques sont assez bien tenus et le problème résiderait plutôt dans la diffusion de l’information, notamment pour toucher les paysans en temps utile en matière d’information agrométéorologique . En hydrogéologie, l’encadrement qui subsiste après les projets – ou qui les accompagne – en petite hydraulique rurale ou pastorale donne une certaine garantie à la qualité des observations, mais celles-ci

Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

En hydrologie, la seule donnée de hauteur d’eau est insuffisante (sauf lorsqu’il ne s’agissait que de navigation fluviale) ; il faut aussi des équipes pour aller sur le terrain « étalonner » la station limnimétrique, c’est-à-dire faire des jaugeages (ou mesures de débits) soit pour établir la relation hauteurs-débits, soit pour contrôler qu’il n’y a pas détarage de la station, changement de la relation précédemment établie. Ces équipes, ou brigades dans le jargon généralement utilisé, ont un coût souvent trop élevé pour les budgets des services nationaux.

Pour les pays qui nous intéressent, le constat en matière d’hydrométrie était assez mitigé.

Pourtant, régulièrement depuis que les services nationaux ont repris officiellement cette charge, des projets de réhabilitation des réseaux hydrométriques ont été financés par la coopération française (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire), par d’autres aides bi-latérales avec toujours le souci de s’approcher, en termes de densité du réseau des normes prévues dans les

« Pratiques d’Hydrologie Opérationnelle » de l’OMM, complètement inadaptées pour les pays de l’Afrique Sub-Saharienne. Les budgets de fonctionnement ne survivant pas dans les quelques années qui suivent l’achèvement de tels projets, tout est rapidement à refaire. A partir des années 1980 apparaissent des technologies nouvelles en matière d’hydrométrie, notamment les stations automatiques d’acquisition des données avec télétransmission par satellite soit dans le système Argos soit dans le système Météosat.

Le programme de lutte contre l’Onchocercose sur les bassins du Niger et de la Volta a été un des premiers utilisateurs de ces technologies. Grâce à ce programme ont été mises au point les Plates-formes de Collecte des Données (PCD), installées, pour ce qui nous intéresse, au nord de la Côte d’Ivoire, au Sud Mali et en Guinée, et les Stations de Réception Directe Argos dans les centres de décision du programme OMS-Oncho à Bobo-Dioulasso, Bamako et Odienné.

En 1985, le projet HYDRONIGER devient opérationnel avec la mise en place du Centre Inter-Etats de Prévision Hydrologique à Niamey, sous tutelle de l’ABN, avec sa station de réception, l’installation de 65 plate-formes de collecte de données, la fourniture d’un logiciel de traitement des données (Hydrom) conçu par l’Orstom et la formation des techniciens hydrologues à ces matériels nouveaux. Financé par le PNUD, la CEE et l’OPEP, le projet a pour agence d’exécution l’OMM. Les problèmes de l’ABN qui on été évoqués plus haut expliquent la dégradation de ce réseau malgré plusieurs tentatives de réhabilitation.

Dégradation certes, mais, en octobre 2001, 15 stations fonctionnaient encore.

Une autre initiative de l’OMM en 1993 a entamé la promotion d’un système mondial d’observation du cycle hydrologique, WHYCOS, (Rodda, et al.,1993), recommandant le suivi de stations de références (observatoires hydrologiques) avec transmission des données en temps réel ou quasi réel. Un projet AOC-HYCOS est lancé en 1996 avec financement de la Coopération française ; le projet « Pilote AOC –HYCOS » était basé à Ouagadougou et le financement français avait été reconduit en janvier 2000. L’intérêt de ce projet était de permettre à tous les services hydrologiques nationaux de présenter leur structure, leurs observations sur un site Web parfaitement maîtrisé par ses gestionnaires basés à l’EIER de Ouagadougou.

Depuis un an , le projet a été domicilié à Niamey au CIP de l’ABN en association avec AGRHYMET. Il manque malheureusement pour le moment les compétences d’un webmaster pour actualiser les données et fournir les informations venant des différents états de la Région.

La tendance actuelle, proposée par l’OMM, est d’adapter sa stratégie WHYCOS par grand bassin international, ce qui nous ramènerait à un HYDRONIGER nouvelle norme ce dont on ne peut que se féliciter. Il conviendra cependant d’encourager les états membres à respecter leurs engagements (communication de leurs observations à l’ABN, interventions sur le terrain), alors qu’aujourd’hui un certain désintérêt est manifeste.

D’autres projets plus modestes ont l’avantage d’être plus proches des services nationaux avec des retombées plus concrètes en termes d’équipement et de fonctionnement. Depuis la volonté

plus ou moins déclarée de l’IRD4 de se désengager d’actions ne ressortant pas directement de la Recherche, position qui est d’ailleurs en train d’évoluer, d’autres opérateurs comme le Danemark ou les Pays-Bas sont assez présents dans la Sous-Région. Ainsi, par exemple, la coopération néerlandaise finance un projet GHENIS sur le bassin du Niger supérieur (Mali et Guinée) à partir de Bamako où les plates-formes d’acquisition de données et de télétransmission par satellite comprennent des capteurs d’hydrométrie et de mesure de la qualité des eaux (conductivité, turbidité, température, etc.) malheureusement mal adaptés aux conditions tropicales.

Au Nigeria, le plan directeur national des ressources en eau (NWRMP5) s’appuie sur des régions hydrologiques qu’on pourrait assimiler à des agences de bassin, mais qui ne coïncident pas avec les frontières des régions administratives (les états de la fédération). Pour le bassin du Niger, on a ainsi la Région Nord-Ouest HA-1, Centre-Ouest HA-II, les régions Centre-Est HA-III/IV et les régions Sud-Est HA-V/VII, régions hydrologiques (hydrological areas) pour lesquelles différentes autorités de bassin (RBDA, River basin development authority) gèrent la plupart des stations hydrométriques. Le département fédéral des voies navigables gère également ses propres stations ; il en va de même pour la NEPA (National Electric Power Agency) pour les sites de barrages. La liste des intervenant en hydrométrie est loin d’être close De précédents rapports (Mott MacDonald, et al, 1992, SANYU & SUMIKO, 1995) dénombrent environ 160 stations sur le bassin du Niger. Hydroniger a retenu 19 stations au Nigeria, mais sur les derniers bulletins consultés en 2002, les observations de deux ou trois stations seulement sont mentionnées. Cela ne veut pas dire que les données n’existent pas, mais leur accès est d’autant plus difficile que ce sont des sociétés privées qui gèrent ces stations pour leurs besoins propres sans se soucier de l’intérêt que leurs observations peuvent avoir pour la communauté hydrologique. Ce même type de problèmes se retrouve d’ailleurs au Cameroun où les hydrologues de l’IRGM, en charge officielle d’un réseau national mais sans crédits de fonctionnement, n’ont même plus accès aux données recueillies par la Société nationale d’Energie (SONEL), qui gérait son propre réseau, depuis que celle-ci a été privatisée.

Comme on le voit, on rencontre ici un grave dysfonctionnement auquel doit faire face l’ABN si celle-ci veut émettre des avis pertinents sur la gestion des ressources en eau.

Peut-on envisager un futur dans une gestion intégrée et concertée du fleuve Niger, si l’appréciation quantitative de la ressource n’est pas possible ? Nous reviendrons sur cette question en fin de rapport.

Heureusement un partenariat scientifique s’est établi dans la plupart des pays du bassin du Niger entre instituts de recherche et universités « du Nord » et les structures nationales de recherche en général universitaires. La formation d’ingénieurs et d’universitaires aboutit finalement à travers divers programmes de recherche internationaux à un tissu de connaissances qu’il convient de valoriser comme nous l’indiquions en introduction. Les chapitres qui suivent tentent de présenter une part des connaissances acquises en insistant sur les parties du bassin qui, à notre sens, ressortent plus directement d’actions potentielles de l’ABN.

La carte donnée ci-après représente un fac simile de la page 2 du bulletin hydrologique du

Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

Carte générale de l’Afrique de l’Ouest et Centrale appartenant au bassin du Niger

Synthèse des connaissance hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

Chapitre 2