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Après toutes ces pertes, le Niger s’infléchit vers le sud-est à partir de Tossaye-Bourem sans recevoir d’autres apports ; le premier affluent est burkinabé, c’est le Gorouol qui amène en année moyenne 100 millions de m3 pour un bassin de 45 000 km² (0.07 l s-1km² ou 22 mm de lame écoulée), une journée d’évaporation dans le delta intérieur ! Jusqu’à Niamey, trois autres affluents burkinabés (dont la Sirba) peuvent apporter environ 1 milliard de m3 en année moyenne. En définitive le régime du fleuve est assez peu modifié, sauf qu’en septembre au moment de la crue des affluents sahéliens une première pointe de crue peut être observée renforçant le débit du fleuve de 5 à 20%, suivant l’hydraulicité de ces affluents. Le module moyen du Niger à Niamey était de 1020 m3s-1, il est de 670 m3s-1sur les 20 dernières années…les 2/3 de la moyenne antérieure. Le maximum moyen annuel était de 1840 m3s-1et il arrive assez fréquemment que la crue due aux affluents sahéliens (en septembre) soit plus forte que la crue tardive de l’amont . Les étiages sont sévères et le Niger s’est même arrêté de couler en 1985.

La figure montre quelques hydrogrammes annuels des dernières années communiqués par le CIP/ABN… et l’on peut déjà parler de crue blanche (chargée en sédiments) et de crue noire.

De Niamey à la frontière du Nigéria, le fleuve gagne 20% d’apports grâce à ses affluents de rive droite venus du Bénin : la Mékrou, l’Alibori et la Sota. Les lames écoulées de ces cours d’eau sont en moyenne de l’ordre de 100 mm, mais l’irrégularité interannuelle est grande : on passe pour les lames décennales sèches et humides à des valeurs inférieures à 40 mm et

Synthèse des connaissances hydrologiques et potentiel en ressources en eau du fleuve Niger Juin 2002

L’hydrogramme annuel est modifié de manière beaucoup plus sensible que les débits proprement dits ; la crue des affluents béninois arrive dès juillet d’où des étiages plus soutenus qu’à Niamey et deux crues blanche et noire de valeurs médianes équivalentes (2200 m3s-1) et une crue blanche décennale de 2800 m3s-1.

Figure 3.8 : Hydrogrammes des 8 dernières années hydrologiques à Niamey (1994-2002).

Les premières pointes aiguës correspondent aux crues des affluents burkinabés tous proches, tandis que le second maximum correspond de décembre à février à la crue amortie du Niger supérieur.( Whycos-OMM/CIP-ABN)

Au Nigeria, le Niger ne va plus cesser de s’enrichir des apports de tributaires recevant des précipitations de plus en plus abondantes. Après avoir reçu en rive gauche la Sokoto qui draine un bassin mi-sahélien, mi-tropical en amont du barrage réservoir de Kainji, le débit moyen annuel s’est considérablement enrichi d’autres apports plus méridionaux et, à Jebba , le Niger a un débit de 1600 m3s-1 ; mais celui-ci est tombé en moyenne à 950 m3s-1au cours des 15 dernières années.

Après avoir reçu la Kaduna (BV de 65 500 km²) dont le module est de l’ordre de 600 m3s-1 (crues puissantes de 3000 m3s-1 en moyenne mais étiages nuls), le Niger roule à Baro en année moyenne 2500 m3s-1 sur la période 1914-1960, soit un volume de 79 km3, pour un bassin versant de 730 000 km². Le maximum annuel est passé à 9000 m3/s et la crue décennale à 12000 m3s-1. Comme à Koulikoro, on a un hydrogramme aigu avec maximum en septembre de la crue blanche, mais la crue noire n’est plus qu’un souvenir, toutefois tangible,

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A Lokoja, le Niger reçoit le renfort de la Bénoué. Celle-ci, sur la période 1950-1980 a un débit moyen à Garoua (Cameroun) de 350 m3s-1, dont 250 m3s-1mesurés à Riao, sortie de l’actuel barrage de Lagdo, et 100 m3s-1du Mayo Kébi (Nord Cameroun et Tchad) ; sur l’ensemble de la période d’observation, dont l’information parcellaire obtenue depuis 1980, le débit moyen à Garoua serait de 330 m3 /s soit un volume écoulé annuel de 10, 4 km3. En régime naturel, les crues pouvaient atteindre des maximums exceptionnels (6000 m3s-1en 1948) fin août ou septembre mais le maximum médian est de l’ordre de 2900 m3s-1. Les étiages pouvaient être réduits à quelques dizaines de litres par seconde, voire des débits nuls.

En recevant juste avant la frontière du Nigeria, les apports du Faro (environ 310 m3s-1), la Bénoué camerounaise apporte en année moyenne au Nigeria 22 milliards de m3 (dont 1,6 milliard de m3 seulement en provenance du Tchad), soit un débit interannuel de 700 m3s-1ou 7,4 l s-1km². La lame écoulée est de 230 mm pour une lame précipitée de 1240 mm et un coefficient d’écoulement de 18,6%.(Olivry,1986).

Au Nigeria, les apports vont se succéder, d’abord avec un module de 200 m3s-1pour la Gongola (des maximums de crue moyens de l’ordre de 1200 m3s-1), puis surtout des apports en rive gauche issus de régions beaucoup plus arrosées, pour être montagneuses (dorsale camerounaise, Adamaoua et plateau de Jos en rive droite) et surtout soumises à des climats plus méridionaux du type tropical de transition. Ces apports, - de la Taraba, de la Donga et de la Katsena Ala - totalisent environ 1700 m3s-1 en année moyenne, soit 54 milliards de m3 pour 63500 km² de superficie des bassins, soit une lame écoulée de 844 mm/an ; sur ce total, 14 milliards de m3 sont issus de la province du Nord-West du Cameroun où les têtes de bassins ne couvrent pourtant que 8750 km² de superficie : soit une lame écoulée d’environ 1600 mm et un débit spécifique interannuel de 50 l s-1km² pour des précipitations interannuelles de 2600 mm, (coefficient d’écoulement de 60%). Les étiages restent soutenus (4 l s-1km² pour l’étiage absolu). Mesurées près de leur confluence avec la Bénoué, les crues moyennes annuelles sont de 1800 m3s-1 pour la Taraba et la Donga et de 2800 m3s-1 pour la Katsena Ala.

Les hydrogrammes présentent une montée rapide en juin, puis une forme dentelée jusqu’en fin octobre avec maximum début octobre et un léger fléchissement en août qui annonce déjà une légère influence équatoriale qui sera plus sensible au sud- ouest et notamment dans le delta maritime.

A Makurdi, la Bénoué est totalement transformée : le module y atteint 3150 m3s-1 pour un bassin de 305 000 km² ; le volume annuel écoulé est de 100 milliards de m3. On doit noter ici que c’est sensiblement la valeur (97 km3) du volume annuel écoulé sur les 20 dernières années… ce qui voudrait dire qu’ici l’incidence de la sécheresse a été moins forte qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest (sauf pour les années 1980). L’hydrogramme montre une pointe nette en septembre-octobre marquant les apports du bassin amont décalés dans le temps et en juin, juillet-août une première intumescence des débits ou une montée progresssive correspondant aux affluents aval dont on vient de parler, ; suit un tarissement progressif plus lent que sur le bassin amont avec un étiage absolu de 240 m3s-1en moyenne. La crue moyenne annuelle atteint 12 000 m3s-1. Au confluent avec le Niger, sur la même période la Bénoué a un débit

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hydrogrammes de Baro et de Makurdi. : montée progressive des eaux en juin juillet, maximum atteint en octobre (le maximum annuel moyen est de 25 000 m3s-1), puis tarissement se terminant par un palier légèrement ascendant maintenant un débit de 2000 – 2500 m3s-1, correspondant à la crue noire, avant un étiage absolu assez confortable (mai) avec 1500 m3s-1.

Cette abondance sur les longues séries de données ne doit pas occulter les périodes déficitaires ; sans y inclure les années 1970 déjà sèches, le module interannuel mesuré à Onitsha de 1980 à 2000 est de 4720 m3s-1 seulement, soit un volume écoulé de 149 km3/an et donc ¼ en moins. L’année 1984, la plus déficitaire jamais mesurée, n’apporte à Onitsha que 109 km3. On reviendra sur ces aspects déficitaires dans un autre chapitre.

Dans le delta maritime, les précipitations sont de l’ordre de 2700-3000 mm/an sur 30 000 km² ; l’évapotranspiration réelle est de l’ordre de 1000 mm/an ; c’est donc 1700-2000 mm de lame écoulée – et un volume supplémentaire de 50-60 milliards de m3 – qui participent au bilan hydrologique du système Niger de manière diffuse et non mesurable… et, en définitive, 250 km3 /an arrivent dans le golfe de Guinée.

Pour conclure ce chapitre, nous donnons ci-après un tableau (3.4)des débits et volumes écoulés au stade des observations acquises en 1960, avec indication des aménagements hydrauliques qui existent ou sont en projet à l’heure actuelle et un second tableau (3.5)dans lequel nous avons reporté les débits moyens annuels observés de 1980 à nos jours. Dans les deux cas, nous avons confirmation que l’apport de la Bénoué est supérieur à celui du Niger à leur confluence à Lokoja , ainsi que la carte du bilan hydrologique des écoulements.

On donne également en annexe cette carte qui schématise les volumes écoulés à divers niveaux du bassin du Niger, y compris, pour les zones de la boucle du Niger, les volumes des pertes importantes par évaporation..

Tableau 3.4: Débits et volumes annuels moyens écoulés sur les bassins du Niger et de la Bénoué de l’amont jusqu’à l’océan suivant données antérieures à 1960. (Sources Orstom et J.Rodier), avec indication des pays concernés, des superficies des bassins versants aux stations indiquées, débits en m3s-1, volumes en km3, indication d’ouvrages [Bar. pour barrage] en projet (*) ou réalisés(**) en 2002 ou de sites particuliers et des affluents principaux avec leur débit moyen annuel. En rouge , les valeurs négatives correspondent à des pertes significatives. A comparer avec données plus récentes, beaucoup plus faibles.

Pays S km² Station Débit Volume Site particulier Affluent et débit annuel

Guinée NIGER Tinkisso 220

*Bar.Fomi Niandan 260

Milo 275

67 400 Siguiri 1015 32

**Bar.Sélingué Sankarani 405

Mali 120 000 Koulikoro 1545 49

**Off.Niger Irrigation - 80

+ C.I. *Bar.Talo Bani 670

+B.F. 222 000 Entrées delta

2195 70

330 000 Diré

(sortie)

1110 35 Delta Intérieur Evaporation -1085, Soit 34 km3

* Bar.Tossaye

Niger Niamey 1020 32 *Bar.Kandadji Evaporation -90

*Bar. W

Bénin 440000 Malanville 1140 36 *Bar.Mékrou

Nigeria ** Bar. Goronyo,

Bakolori Sokoto 200

**Bar. Kainji

Jebba 1600 50,5 **Bar.Jebba

** Bar Shiroro Kaduna 600

730 000 Baro 2525 80

Cameroun BENOUE ** Bar. Lagdo

27 600 Riao 280 8,8

Tchad M. Kébi 100

Cameroun 64 000 Garoua 375 12

Nigeria Gongola 200

Taraba 500 Donga 500

Cameroun Katsena 800

Nigeria 305 000 Makurdi 3150 100 Lokoja 3400 107

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Tableau 3.5 : Evolution des débits (en m3s-1 ) observés de 1980 à nos jours (estimations d’après données disponibles par l’auteur du rapport)

Pays S km² Station Débit Affluent et débit annuel

Guinée NIGER Tinkisso 160

Niandan 189 Milo 160

67 400 Siguiri 755

Sankarani 265 Mali 120 000 Koulikoro 1040

Irrigation - 80

+ C.I. Bani 207

+B.F. 222 000 Entrées delta

1247

330 000 Diré

(sortie)

750 Evaporation - 490

Niger Niamey 670 Evaporation -90

Bénin 440000 Malanville 800

Nigeria Yedere

Bode

820 Sokoto 100

Jebba 950

Kaduna 400

730 000 Baro 1370

Cameroun BENOUE

27 600 Riao 212

Tchad M. Kébi 80

64 000 Garoua 308

Nigeria Gongola 120

Taraba 380 Donga 400

Cameroun Katsena 675

Nigeria 305 000 Makurdi 2380 Lokoja

2500

NIGER

Lokoja

1600

1 100 000 Onitsha

4570

m3s-1 ou

144 km

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Chapitre 4