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Sur une tentative faite pour déceler la conductibilité électrique du radium D
L. Kolowrat
To cite this version:
L. Kolowrat. Sur une tentative faite pour déceler la conductibilité électrique du radium D. Radium
(Paris), 1911, 8 (11), pp.401-404. �10.1051/radium:01911008011040100�. �jpa-00242504�
MÉMOIRES ORIGINAUX
Sur une tentative faite pour déceler
la conductibilité électrique du radium D
Par L. KOLOWRAT
[Faculté des Sciences de Paris.
-Laboratoire de Mme CURIE.]
Lorsque de l’émanation se détruit spontanément
dans un volume clos, il
seforme sur les parois un dépôt de ses produits à évolution rapide, lesquels se
transmutent à leur tour en RaD. Si des surfaces char-
gées négativement soiit présentes dans le volume, le dépôt se fait de préférence sur ces surfaces; mais si
tout est au même potentiel, il semble probable a priori que le RaD doive former une couche d’épaisseur
uniforme tapissant les parois. On
atoutes les r8isons pour supposer que le RaD possède les propriétés d’un métal; cependant, dans les conditions ordinaires, c’est- à-dire en présence d’air, les atomes métalliques
entrent probablement en combinaison avec l’oxygène
aussitôt formés, et la couche active consiste principale-
ment en produits d’oxydation du RaD. Si toutefois on
arrive à n’avoir, à l’intérieur du volume considéré,
que des gaz n’attaquant pas le RaD, on pourrait espérer obtenir une couche métallique qui eût une
conductibilité mesurable. Il faut pour ccla, première-
ment, éliminer d’une façon complète l’oxygène et les
gaz qui donnent de l’oxygène par décomposition en présence d’émanation (tel est par exemple l’anhydride carbonique) ; car les quantités de RaD auxquelles on
aura affaire seront de l’ordre du inillièmc de milli- gramme, même si l’on utilise une solution contenant
plusieurs décigrammes de radium, et un dixième de
11lm7.. d’oxygène suffira pour une oxydation complète.
Il faut, en second lieu, que le volulne ou l’on enferme l’émanation soit extrêmement petit, car
cen’est qu’alors que la faible quantité de métal pourra don-
ner une couche assez épaisse pour que la conductibilité
en soit normale. On sait, en effet, que la résistance des couches métalliques minces ne varie en raison inverse de l’épaisseur que lorsque celle-ci n’est pas trop faible; pour des épaisseurs qui ne sont plus très grandes par rapport aux dimensions moléculaires, la
résistance augmente tout fait hors de proportion.
Ainsi, selon M. Vincent1, la résistance d’une couche
d’argent est inversement proportionnelle à l’épaisseur jusqu’à 5.10-0 cm, mais une couche de 3,6.10-6
cmn’est plus conductrice; de même, d’après miss Stone2,
1. Journ. de phys., 9 (1900) i8.
2. Phys. Rev., 6 (1898) 1.
le produit de la résistance d’une couche d’argent par
son épaisseur commence a subir une augmentation rapide entre 5 et 7.10-6 cm. Pour le platine déposé
par pulvérisation cathodique, Longden 1 a trouvé des
nombres du même ordre de grandeur; il dit, par
exemple, que si une couche de 2.10-5 cm d’épaisseur
a
une résistance de plusieurs ohms, une couche dix
fois plus mince aura plusieurs centaines d’ohms de
résistance, et une couche cent fois plus mince, plu-
sieurs centaines de milliers ou même plusieurs mil-
lions d’ohms. Patterson2 a observé que la résistance des couches cathodiques de platine était normale jus- qu’à 10-6 cm, et qu’une montée rapide commençait
entre 0,8 et 0,5.10-6 cm. Pour que l’expérience avec
le RaD puisse réussir, il faut donc que l’épaisseur du dépôt, supposé uniforme; soit au moins de l’ordre de
10-5 à 10-6 cm; ceci conduit à des dimensions très
petites de l’appareil, étant donnée la faible quantité
de matière dont on dispose. Par exemple, 0,25 gr de Ra (élément) accumulent en six jours 1 mm3 d’éma- nation, soit 10-6 gr, et ce sera aussi le poids approxi-
matif du RaD formé. Supposons que cette émanation soit introduite dans un tube cylindrique de 5 mm de longueur et de 0,2 mm de diamètre intérieur, que le
RaD se distribue uniformément sur la surface et que
sa densité soit égale à 8, comme celle du plomb ; le
calcul montre alors que la couche de RaD aura une
épaisseur de 4.10-6 cm, c’est-à-dire de l’ordre de
grandeur voulu. Si les deux bases du cylindre sont
constituées par des électrodes métalliques et que
sasurface latérale soit isolante, on pcut calculer facile- ment la résistance que l’on aura entre les électrodes
après que la couche de RaD se sera formée; en admet-
tant que la résistance spécificlue soit égale à celle du plomb, soit à 0,2 par rapport au mercure, on trouve qu’une couche de 4.10-6
CIl1déposée sur la surface latérale aura une résistance de 40 ohms. L’effet
auquel on doit s’attendre dans les hypothèses 1’aites
est donc considérable.
Il n’est pas très difficile de préparer en verre des
tubes à électrodes ayant les dimensions requises.
L Phys. Rev., 1.1. (1900) 40-85.
"2. Pjail. Mag., 4(1902) 652.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:01911008011040100
402
Ceux (lue j’ai fabriqués, d’une capacité variant entre 0’,1 et 1 mn1:;, avaient la forme indiquée sur la fig. 1,
avec un agrandissement de 5: 1 environ. Les électrodes étaient des fils de platine de 0,2 mm de diamèlre, et
le diamètre intérieur du verre était
juste suffisant pour contenir ce fil.
On commençait par étirer au dia- mètre exigé un tube capillaire ayant les parois d’une épaisseur convena-
blement choisie, puis on bouchait
l’unc des extrémités, on plaçait les
deux fils de platine d et
een souf-
flant dans l’autre extrémité, on mé- nageait l’étranglement c,
ondébou-
chait le bout fermé et on argentait
tout l’intérieur du tube, sauf sur une
zonc centrale entre les électrodes;
à cet effet, on fixait le tube vertica- lement, on aspirait la solution argen- tifère jusqu’au niveau de l’électrode inférieure, on laissait le dépôt se former, puis on retournait le tube
et on agissait de même avec l’autre
extrémité. On fermait ensuite le tube à la flamme en f, on grattait le dépôt d’argent dans la partie bc afin
de la laisser transparente, et on sou- dait en b un tube de 5 mm de dia- mètre, destiné i relier le tout a l’ap-
Fig. 1. pareil qui servait à condenser l’éma- nation. L’argenture des tubes devait
servir, selon mon idée primitive, à assurer un bon contact entre les électrodes et le dépôt actif qui allait
sc déposer sur le verre; mais il s’est trouvé qu’elle
était rongée peu à peu en présence de l’émanation et finissait par devenir presque entièrement transpa-
rente. J’ai néanmoins continué à arbcnter mes tubes de la façon décrite, pensant qu’il s’agissait d’une oxydation qui se faisait aux dépens des traces d’oxy- gène libre et qui pouvait finalement fixer cet oxygène
en totalité.
La résistance entre les électrodes des tubes ainsi
préparés a toujours été supérieure à un mégohm;
d’autre part, on a pu s’assurer que le contact entre le
platine et l’argullt était bon, car un tube identiques,
lllais arbelté sur toute sa longueur, a possédé une
résistance de 5,80 ohms aussitôt après avoir été pré- paré, et de 5,87 ohms après qu’on enl scellé ses deux
bouts (f et c) à la flamme1.
L’expérience consistait à recueillir l’émanation accumulée pendant plusieurs jours par une solution de 0,55 gr de BaCI2 (0,27 gr de Ra), u la séparer des
autres gaz présentes et à la refouler par du mercure
1. Cette résistance
aaugmeuté ensuite graduellement, pro- bahtcmcnt à
caused’une oxydation superficielle ; elle
aété de olimb après ciuq mois.
dans un des petits tubes à électrodes, fixé à l’appareil
dans une position verticale. On fermait alors le tube
en c, soit ii l’aide d’une toute petite flamme de gaz, soit encore au moyen d’un fil de platine mince enroulé
autour de l’étranglement et rongi par un courant. Il
ne restait plus alors qu’à mesurer, de temps à autre,
la résistance du tube, à l’aide d’un pont de Whcat- stone, afin de voir si elle ne diminuait pas à mesure
qu’il se formait du RaD.
La méthode utilisée pour séparer l’émanation ne diffère pas essentiellenent de celles dont se sont ser- vis MM. Rutherford et Ramsay d’une part, M. Debierne de l’autre; elle consiste à éliminer la majeure partie
des gaz par des réactions chimiques appropriées, puis
à condenser l’émanation dans un tube plongé dans de
l’air liquide, et à extraire les gaz non condensés à l’aide d’une trompe a mercure. Dans une partie des expériences, jc me suis servi d’un appareil (fig. 2)
Ii,ig. 2.
muni d’un dispositif spécial qui permettait de ne pas faire le vide directemeni sur l’émanation condensée,
alin de ne pas en entraîner dans la trompe ; on sait en clléi que l’émanation possède une tension de vapeur
appréciable même à la température de l’air liquide.
L’appareil comportait en outre une burette à explo-
sion C qui servait à mesurcr l’excès d’hydrogène con-
tenu dans le mélange tonnant que dégage la solution radifèrc.
Sur la Hg. 2, A est une noie contenant la solution
de HaC12, B un ballon qui sert à accumuler l’émana- tion. Après un temps d’accumulation convenable, on
fermait le robinet R1, on ouvrait R3 et R4 et on pous- sait le gaz
aumoyen de mercure qu’on faisait arriver
jusqu’en R4 ; bien entendu, tout l’appareil, à partir
du robinet Il.,, était préalablement évacué à l’aide
de la trompe a mercure, jusqu’à un vide de l’ordre
de 0,0001 mm. Avant, d’évacuer l’appareil, on le
lavait à plusieurs reprises avec de l’hydrogène électro- lytique, en y faisant le vide, en introduisant l’hydro- gène par R5, en le laissant séjourner pendant plusicurs
heures dans l’appareil et en l’enlevant ensuite à la
trompe.
Lorsque le mercure était parvenu en R4, on fcr-
mait 1B4 et on se servait, pour refouler le gaz dans C, du mercure contenu dans le récipient K. On mesurait le volume, ou provoquait l’explosion dti mélange ton-
nant, puis on faisait redescendre lc mercure jusqu’en H10 et on introduisait un peu d’oxygène obtenu par la chauffe d’oxyde de mercure contenu en L. On conti-
nuait à faire passer l’étincelle et à ajouter de nouvelles quantités d’oxygène, jusqu’à ce que le volume du gaz
nc cessât de diminuer par le passage de l’étincelle 1 ;
on ouvrait alors lly et on faisait passer le gaz dan
le tube 1) contenant de la potasse, du cuivre chaufl’é au
rouge, âc l’oxyde de cuivre, également chauffé
aurouge, et de l’anhydride phosphorique; ces substances
servaient à absorber respectivement les gaz CO2, O2, H2
et H20. Le tube D était relié au tube E destiné à la condensation de l’émanation, et au dispositif Fi T2
qui n’était autre chose qu’un robinet à mercure jouant le rôle d’un robinet ordinaire à trois voies ; on sait, cn effet, que l’émanation débarrassée de CO2 ne
doit plus être mise en contact avec des robinets graissés. IJans la position représentée sur la figure, le
robinet à mercurc est ouvert, et D se trouve en coni- munication aussi bien avec G qu’avec la trompe;
mais si on incline légèrement tout l’appareil à gauche
et qu’on ferme ensuite le robinet H9, le mercure cou-
pera la communication en Fi, et une différence de
pression se produisant entre D et G ne fera qu’élever
le mercure dans le tube vertical 2 ; la pression que le robinet peut supporter ainsi est de plusieurs centi- mètres, ce qui était suffisant en l’espèce. Si, au con- traire, on incline l’appareil à droite, F2 est fermé et
D est mis en communication avec G. Pour permettre le mouvement de bascule nécessaire, toutes les parties
de l’appareil, h partir de R4, étaient fixées à un même support de fonte; le tube de verre entre Rg et R4 était
1. L’emploi de la burette eudiométrique n’était pas d’une néccssité absolue, puisque l’oxygène et l’hydrogène devaient
être absorbés chimiquement par la suite; mais il m’a paru inté- ressant de faire cette expérience, afin d’examiner de plus près certaines anomalies observées dès le début. L’excès d hydrogène
dans le gaz dégagé par la solution
atoujours été de l’ordre de 10 pour 100 par rapport
auvolume total, c’est-à-dire notable- ment supérieur a celui qu’on aurait dû avoir selon les données les plus récentes de M. Ramsay (1 pour 100 cnviron); la différence peut s’expliquer par l’action de l’émanation
surla graisse des
robinets Ri, R2, R3. Lorsqu’une explosion avait
eulieu,
onremarquait qu’en produisant
unesérie continue d’étincelles,
onfaisait diminuer graduellement le volume du gaz, surtout si la
décharge était
asseznourrie pour que les extrémités des élec- trodes fussent incandescentes ; cet effet était probablement dû à
la combinaison de l’oxygène
avecl’azote présent.
2. Ce tube doit avoir
undiamètre intérieur suffisant, par exemple 5
mm.coupé aussitôt qu’on avait fait arriver le mercure jus- du’en B4; quant u la communication anec la trompe, elle était constituée par un tube de plomb flexible J.
Pendant que l’émanation était cn contact avec les substances chimiques, le robinet à mercure était fermé en F1, et
unvide parfait était maintenu en G.
Lorsqu’on pouvait penser que l’absorption des gaz
était terminée,
oncntourait d’air liquide le tube E et on l’aisait remonter le mercure jusqu’au voisinage de
E; après un temps suffisant, on basculait l’appareil a droite, on faisait passer ainsi en G les gaz non con-
densés, on rétablissait l’inclinaison à gauche et on
retirait les gaz de C par la trompe. On répétait ces
mouvements quatre ou cinq fois, et on n’avait plus
en h qu’une pression négligeable. On laissait alors
l’appareil dans la position inclinée à droite, on enle-
vait l’air liquide et on permettait à l’émanation de diffuser dans G; on faisait monter le mercure de K qui refoulait lcs gaz dans G, puis dans le tubc H con-
tenant les mêmes réactifs que D ; après avoir été sou-
mise à leur action, l’émanation purifiée était intro-
duite dans le tube à électrodes fixé sur la partie supérieure de H, et on scellait le tube, en faisant
attention de ne pas y laisser pénétrer du mercure.
Ce dispositif un peu compliqué ne m’a servi que dans une partie du travail. Au cours d’expériences entreprises simultanément avec les miennes, Duanc
a élaboré un appareil plus simple qui lui a permis
de purifier l’émanation sans perte notable, quoique le
tube contenant l’émanation condensée y ait été mis en
communication directe avec la trompe. Par suite de
cette constatation, j’ai eu recours, dans le reste de
mes expériences, à un dispositif sernblable à celui de M. Duanc. Ce dispositif nc m’a toutefois pas permis
de réduire l’émanation a son 01u111e théorique; il
restait toujours une fraction de lllm3 de gaz étrangers,
condensables pour la plupart. Du reste, l’appareil à
radium dont je nle suis servi (AB sur la fjg. d) était
construit d’une façon défavorable à une purification facile, car la graisse des robinets produisait beaucoup
de gaz condensables (CO2, hydrocarbures) sous l’action de l’émanation et s’abîmait en outre assez rapidement,
en donnant lieu à de petites fuites d’air, ce qui se
traduisait par la présence d’azote dans le gaz à purifier.
Jusqu’ici, les résultats obtenus n’ont pas répondu
à 1’:J ttente, et je n’ai pu observer aucune augmentation
de conductibilité causée par la formation du dépôt
actif. Il y a eu en tout trois expériences qui aient
abouti à enfermer dans un tube u électrodes une
quantité suffisante d’émanation1. Dans la première,
le tube contenait au moment de la fermeture 20 mil- licuries d’émanationp. Comme toujours, le dépôt
1. Plusieurs autres n’ont pas donné de résultat, surtout à
caused’accidents
survenues auinoment de la fcrmeture, opération
assez