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Conductibilité électrique du verre
Bui Dinh-Vuong, R. Guizonnier
To cite this version:
LE
.JOURNAL
DE
PHYSIQUE
PHYSIQUE
APPI.IQUÉE
Tome 24 SUPPLÉMENT Au No 3 MARS 1963
CONDUCTIBILITÉ
ÉLECTRIQUE
DU VERREBUI DINH-VUONG et R. GUIZONNIER
Laboratoire
d’Électrotechnique
de la Faculté des Sciences de Bordeaux.Résumé. 2014
Application
d’une tension continue ; étude du courant en fonction, du temps d’application de la tension, de la tension appliquée ; répartition des potentiels. Les courbesobte-nues rappellent celles qu’on obtient dans l’étude des liquides isolants et s’interprètent de façon
analogue. Abstract. 2014
Application of a continuous voltage ; study of the current according to the time of application of the voltage applied ; distribution of the potentials. The curves obtained are
similar to the curves we obtained in the study of insulating liquids and are explained in the
same manner.
Nous avons
jusqu’ici
étudié la conductibilitéélectrique
des couchesmétalliques
mincesdépo-sées,
parévaporation
thermique
sousvide,
sur des lames de verre. Il nous a paru intéressantd’étudier,
enelle-même,
la conductibilité du verre.1. Obtention d’un mileu
électrique
bien défini.- Le
verre est
toujours plus
ou moins propre, sa surfaceplus
ou moinshumide,
et,
sansprécaution,
il constitue un milieuélectrique
maldéfini, n’ayant
pas, en
particulier,
une résistivité constante dans les mêmes conditions.Nous avons utilisé des lames de verre de dimen-sions 75 mm X 25 mm, servant habituellement de
porte-objets
enmicroscopie.
Lesélectrodes,
dis-tantes de 30 mm, étaient constituées par des
dépôts
d’argent
effectués sous vide.Nous avons tout d’abord
essayé
denettoyer
ces lames de verre seulement par voiechimique
(bain
d’acidenitrique, rinçage
abondant à l’eaudistillée,
puis
à l’alcoolabsolu, séchage
enétuve).
Mais les résultats obtenus sur la même lame n’étaient pastoujours reproductibles.
Nous avons alorsprocédé
à un
nettoyage
par effluvecathodique, après
unnettoyage
chimique.
Les lames ainsi traitées don-naient des résultatsreproductibles
aux erreursd’expérience près.
2. Nature de la conductibilité. - LIEN ENTRE LE
COURANT ET LA TENSION
APPLIQUÉE.
- Si l’onconsidère les valeurs initiales du
courant,
c’est-àdire celles que l’on mesure dès
l’application
de latension,
on constate alors que la loi d’Ohms’ap-plique.
Nous avonsopéré
avec des tensions allantjusqu’à
1 000volts,
et à destempératures,
allant de latempérature
ordinaire à 60°C.Mais si l’on maintient la tension
constamment,
on constate que le courant diminue à mesure quecroit le
temps
d’application
de latension, passant
de la valeur initialeio à
une valeur finale if. Parexemple,
à latempérature
ordinaire,
la tensionappliquée
étant 800volts,
le courant diminue envi-ron du1 /6
de sa valeurprimitive
etgarde
prati-quement
cette dernière valeur.Ce
phénomène
est
bien connu engénéral
dans l’étude des isolantssolides
ouliquides [1].
Le
courant,
de l’ordre de 10-1°ampère,
étaitmesuré par une méthode de mesure de très faibles
courants mise au
point
au laboratoire[2].
RÉPARTITION DES POTENTIELS. - Méthodeexpé-rimentale. - Il est
toujours
intéressantd’envisager
comment se
répartissent
lespotentiels
entre lesélectrodes. La difficulté
provient
du fait que les sondes sontlongues
àprendre
lepotentiel
dupoint
où
elles
setrouvent,
etpendant
letemps
nécessaireà cette
équilibre,
l’électromètreperd.
°Nous avons utilisé une méthode
simple,
égale-ment mise au
point
au laboratoire[3],
méthodequi,
endéfinitive,
consiste àcharger
par lasonde
au
potentiel
V un condensateur sansfuite,
et àdécharger
ce condensateur dans l’électromètre.2 A
Les sondes étaient réalisées par des fils de cuivre
très
fins,
fixés sur la surface du verre, à intervalleréguliers
entre lesélectrodes,
à l’aide d’unepein-ture
d’argent
qui,
enséchant,
assurait uneparfaite
conduction.Résultats : 1. Cas oia une électrode est
à :1:
ho,
l’autre étant au sol. - La
figure
1 montre lesré-FIG. 1. -
Répartition des potentiels :
cas où une électrode est à + Vo, l’autre étant au sol.
FIG. 1a. -
Répartition des potentiels : coïncidence des quatres courbes de la figure 1 après réduction des
ordonnées.
sultats obtenus pour diverses tensions
appliquées,
l’une des électrodes étant
portée
à -E-Vo,
l’autremise au sol.
FIG. 1b. - Répartition des potentiels ; courbes log V = f (h).
La
figure
2 concerne le cas où une électrode étaità -
Vo,
l’autre étant au sol.FIG. 2. -
Répartition des potentiels :
cas où une électrode est à -
Vo, l’autre étant au sol.
Dans chacune des
figures,
onpeut
passer d’une courbe à l’autre enmultipliant
les ordonnées de l’une par un facteur constant facteurqui
se révèleêtre le
rapport
des tensionsVo (fig. la).
Si nous
portons
log
V enordonnées ;
h enabscisses,
nous obtenons une droite(fig. 1b) ;
log
V == A - Kh.Nous pensons alors à la relation
L’étude des
liquides
isolants humides[4]
a con-duit à une loi de conductibilitéidentique,
quand
l’écartement entre électrodes est deplusieurs
centi-mètres.
Nous pouvons alors
appliquer
la loi dePoisson-Laplace
pour déduire lesigne
et ledegré
deconcen-tration des
charges
entre électrodes. Nousappli-quons pour cela la
règle suivante,
trèscommode,
l’origine,
la courbeapparaît
convexe, il ycorres-pond,
dans lemilieu,
descharges
designes
con-traires à celui de l’électrode. »Nous pouvons donc conclure de l’examen des courbes ici obtenues que si une électrode est
à:1:
Vo
l’autre étant au
sol,
il ycorrespond,
entreélec-trodes,
descharges respectivement
négatives
etpositives.
La concentration descharges,
intense du côté de l’électrodequi
n’est pas ausol,
diminueprogressivement jusqu’à
l’électrode au sol(courbes
à l’allure
exponentielle,
voirliquides
isolants[4]).
2. Cas où une électrode est à +
V o,
l’autre àvol
- Une telle étude s’étant révélée trèsinté-ressante dans le cas des
liquides isolants,
nous l’avonsreprise
dans le cas du verre. Cequi
nous a conduit à lafigure
3 : la courbe est formée de deux branchesd’exponentielles,
l’une allant de l’électrodeà +
Vo
jusqu’au
milieu del’espace
entre électrodes
(point
aupotentiel
zéro),
l’autre del’électrode
à -V 0 jusqu’au
point
àpotentiel
zéro.FIG. 3. -
Répartition
despotentiels :
cas où une électrode est à -E- Vo, l’autre à -
Vo.
Les
liquides
isolants humides ont conduit au mêmerésultat, quand
les électrodes sont distantesde
plusieurs
centimètres.3. Utilisation d’une seule électrode. - Cette
expérience
curieuse nous a étésuggérée également
par l’étude
déjà
mentionnée sur lesliquides
isolants. La lame de verre n’était dotée que d’une seule électrode.L’expérience
a conduit alors à lafigure
4 :a)
Unepremière
série de mesures effectuéesrapi-dement tout de suite
après
l’application
de laten-sion
Vo
donnait la courbe(a),
analogues
à cellesobtenues
précédemment
avec deux électrodes.b)
Lorsque
nous avons maintenu la tensionVo
pendant
untemps
suffisammentlong,
nous avons obtenu la courbe(b).
FIG. 4. -
Répartition des potentiels :
utilisation d’une seule électrode.
Cette
répartition
estcomparable
à celleprésentée
par les
liquides
isolants dans le cas où une seule électrode était utilisée[4],
etlorsqu’on
explorait
les
potentiels
entre électrodesà :1:
Vo
et laparoi
de verre durécipient.
Legonflement
caractéristique
de la courbe àl’opposé
de l’électrode montre bien une accumulation decharges
de mêmesigne
quel’électrode, repoussées
par cettedernière,
et,
nepouvant
s’écouler ausol,
se concentrant àl’opposé
de l’électrode.
CONCLUSION. INTERPRÉTATION. -
Puisque
noustrouvons des résultats
comparables
à ceuxauxquels
a conduit l’étude de la conductibilité desliquides isolants,
nous allonsinterpréter
lesphéno-mènes de la même
façon
qu’en
cette étude : 1. Seule une électrodequi
n’est pas au sol a une actionélectrostatique
sur lesparticules
conduc-trices ;
une électrode au sol nepeut
que collecter lesparticules
renvoyées
par l’autre électrode.2. Au
voisinage
de l’électrode àVo,
lesparticules
designe opposé
à celui de l’électrodequi
n’est pas ausol,
attirées par cettedernière,
sont constam-ment renouvelées par cellesqui
viennent,du’
verreentre électrodes. Les
particules
de mêmesigne,
repoussées,
peuvent
être difficilement renouvelées. D’où excès decharges
de mêmesigne
dans le cas d’une seule électrode. Cet excès s’atténue deplus
enplus
à mesurequ’on
s’éloigne
del’éleçtrode
àVo
3.Origine
de la conductibilité. -DESSICA-TION. - La
4A
porté
en ordonnéeslog io, io
étant le courantinitial mesuré dès
l’application
de la tensionVo,
en abscisses les valeurs de latempérature.
FIG. 5. -
Effet de la dessication.
La courbe
(1)
concerne une lame de verre, étu-diée tout de suiteaprès
sapréparation
en milieu desséché par duP205,
pour éviter la formation d’humidité sur la surface du verre.La même lame de verre,
portée
à 135°Cpendant
une
quinzaine
de jours,
et étudiée dans les mêmesconditions que
précédemment,
nous a donné la courbe(2) :
nous voyons que la lame ainsi traitée conduitmoins,
et que la courbe(2)
neprésente
plus
de remontée pour lestempératures
inférieures à 4°C.MESURE DE LA TENSION RÉSIDUELLE. -
L’ana-logie
des résultats trouvés en l’étude desliquides
isolants humides et ceux donnés par nosexpériences
sur le verre nous a incités àreprendre,
dans le cas du verrequi
nous intéresse ces mesuresdéjà
faites sur lesliquides
isolants.Fixe. 6. - Mesure de la tension résiduelle v.
La méthode de mesure est
comparable
à celle utilisée pour l’étude de larépartition
despotentiels
déjà
mentionnée.Si nous
portons
les valeurs v de la tension rési-duelle enordonnées,
et en abscisses letemps t
exprimé
enminutes,
nous obtenons la courberepré-sentée dans la
figure
6. Lesliquides
isolants ontdonné des courbes de même forme.
La
figure
7représente
la courbe v =j( V 0),
v étant la tension résiduelle mesurée et
Vo
laten-sion
appliquée.
La limite verslaquelle
tend vquand
Vo
estsupérieure
à 900 volts est de l’ordre de170 volts. Les
liquides
isolants ont donné[5]
unetension limitez de l’ordre de 144 volts. Les
résul-tats obtenus sont donc du même ordre. Cette valeur de 144
volts,
commune à tous lesliquides
isolants a été attribuée à une cause de
conductibi-lité commune à tous les
liquides
isolantsc’est-à-dire à l’eau.
INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE. -
Lorsque
nous
portons
en ordonnéeslog
io, io
étant le courantinitial,
et en abscisses1 /?B
Treprésentant
latempé-rature
absolue,
nous obtenons pour diverses valeursde la tension
appliquée V 0’
un réseau de droitestoutes
parallèles
entreelles,
et depente
négatives
(fig.
8) :
Appliquons
au verre la loi de variation de larésistance en fonction de la
température
de la forme R = A e+W/ktdéjà
utilisée dans le cas desliquides
isolants(6) :
nous trouvons alors une valeur W de l’ordre de0,50
électron-volt. L’étude desliquides
isolants conduisait à une valeur de W de l’ordre de0,41
électron-volt[6]
ainsi que l’étude de l’eau désionisée[7],
quand
lechamp
moyenF’IG. 8. - Influence de la
température.
CONCLUSION. - Les
expériences
faites dans le casdu verre
ayant
donné des résultats très voisins de ceux obtenus en l’étude desliquides
isolantshumides,
nous attribuonsdonc,
dans le cas duverre, dans les conditions de nos
expériences,
comme dans le cas desliquides
isolants,
la respon-sabilité de laconductibilité,
à l’eau incluse dans cematériau. ,
Les valeurs
plus
élevées des résultats concernantle verre
pourraient s’interpréter
par le fait quel’eau se meut ici dans un milieu
solide,
donc beau-coup moins librement quequand
elle évoluait dans un milieuliquide.
Il est à remarquer que le
rapport
de la tension résiduelle dans lesliquides
isolants 144 volts à celle du verre 170 volts est très voisine de celui deséner-gies W,
cesrapports
étantrespectivement 0,82
et0,85.
Latempérature,
vers- 4OC,
verslaquelle
s’accomplit
lechangement
des courbures des courbes de lafigure
5 est aussi une preuve du rôleprépondérant
de l’eaupuisque,
à cettetempérature,
l’eau manifeste un
changement
depropriétés
phy-siques remarquable.
Manuscrit reçu le 25 juin 1962.
BIBLIOGRAPHIE
[1] GUIZONNIER (R.), Rev. Gén. Elect., 1956, 65, 358. [2] GUIZONNIER (R.), Rev. Gén. Elect., 1953, 62, 247 à 255. [3] GUIZONNIER (R.), Rev. Gén. Elect., 1956, 65, 373.
[4] GUIZONNIER (R.) et MOUCLIER (Mlle), J. Physique Rad.,
1962, 23, 155 A.
[5] GUIZONNIER (R.) et AGUIRE (M.), C. R. Acad. Sc. 1962,
255, 294.