HAL Id: jpa-00237968
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Submitted on 1 Jan 1882
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Sur la polarisation des électrodes et sur la conductibilité des liquides
E. Bouty
To cite this version:
E. Bouty. Sur la polarisation des électrodes et sur la conductibilité des liquides. J. Phys. Theor.
Appl., 1882, 1 (1), pp.346-364. �10.1051/jphystap:018820010034601�. �jpa-00237968�
346
inconnue,
niais certainementconsidérable,
ons’explique
par làcomment on observe des indices
d’électrolyse
avec des courantsmême très
faibles;
mais lephénomène
s’arrêteaussitôt,
en raisondes
changements
survenus dans la constitutionchimique
et dansla conductibilité des
électrodes,
pour recommencer à mesure que les gaz unis auplatine
auront été écartés par ladissociation,
ladiffusion dans les
liqueurs,
l’actionoxydante
de l’airdissous,
enun mot par les diverses influences secondaires
qui
tendent à réta-blir l’état initial du
système.
A cetégard,
l’électrodenégative, qui
absorbe une dose notable
d’hydrogène,
devra secomporter
autre-inent que l’électrode
positive, qui
n’absorbe que des doses presque insensiblesd’oxygène.
Lesexpériences
suivantes de AI.Bouty
sontconformes à cette induction.
Soit encore
l’inflammation
d’unrnélang’e d’hydrogène
etcl’oxyg’è12e
par leplatine.
Câ’est la formation del’hydrure
le moinsstable et son
oxydation
à froid parl’oxygène qui expliquent
lephénomène.
Eneffet, l’hydrogène
arrivant au contact duplatine s’y combine,
endégageant
une certainequantité
de chaleur.L’hy-
drure ainsi formé étant
inattaquable
à froid parl’oxygène,
avecproduction d’eau, dégage
une nouvellequantité
dechaleur;
cequi
élève la
température
dusystème,.
Une nouvelle dosed’hydrogène,
arrivant
incessamment, reproduit l’hydrore, puis l’eau,
et la tem-pérature
montecontinuellement, jusqu’à
atteindre ledegré
où leplatine rougit
et où lemélange
gazeuxd’oxygène
etd’hydrogène
s’enflamme de lui-même. Cette
explication
est conforme depoint
en
point
auxphénomènes
que tous les chimistes ont observés dans la réaction duplatine
sur lemélange
tonnant.SUR LA POLARISATION DES ÉLECTRODES ET SUR LA CONDUCTIBILITÉ
DES LIQUIDES;
PAR M. E. BOUTY.
1. En
1876,
M.Lippmann (1)
a décrit une méthode électron1é-(1) LIPPMANN, Con2ptes rendus des séances de:ZJAcad. des Sciences, t. LXXXIII,
p. 192: iS76. Voir aussi FCCHS, Pogg. Ann., t. CLVI, p. 161; 18,5.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018820010034601
347
trique
pour la mesure de la conductibilité desliquides.
On meperm e ttra
d’enrappeler
leprincipe.
Le circuit d’une
pile
Pcomprend
une résistance111étalljque
connue R et une colonne
cylindrique
AB d’unélectrolyte ( fig’. 1)-
Fig. 1.
Les électrodes A et B ont une section
égale
à celle ducylindre,
detelle sorte que AB est parcouru par un courant uniforme et que le
potentiel
a une valeur constante dans toute l’étendue d’une section ciatquelconque
ducylindre.
Deux filsmétalliques
isolés et identi-ques, m et n, sont en communication avec deux sections aa’ et
bb’, comprenan t
en tre elles la résistanceliquide x
à mesurer : onpeu t
mettre ces fils en relation avec les deux
pôles
d’un électromètrecapillaire
maintenu au zéro par une force électromotrice compen-satrice ;
etpuisque,
dans cesconditions,
ils ne livrent passage àaucun courant, ils ne se
polarisent
pas, la différence depotentiel
equ’ils présentent
estégale
à cellequi
existe entre les tranchesliquides
aa’ et bh’. Soit i l’intensité du courant : on a doncEn mesurant de même la difl’érence de
potentiel
E aux deuxextrémités de la résistance connue
R,
on aet, par
suite,
348
2. La méthode de M.
Lippmann
peut être étendue à la mesuredes forces électromotrices de
polarisation qui
seproduisent pendant
le passage du courant
(1). Désignons,
eneffet,
par p lapolarisation
de l’électrode
A,
par r la résistance ducylindre liquide Aa;
la diffé-rence de
potentiel
y de l’électrode A et du fil m se compose : il de lapolarisation p
deA;
2° duproduit
inquimesurerait
la différence depotentiel
s’iln’y
avait pas depolarisation.
On a
donc,
engénéral,
Quand
on aura mesuré i et r par la méthode de M.Lippmann, l’équation (5)
fournira la valeurde p (2).
Au reste, la méthode estsusceptible
de sesimplifier
dans des casparticuliers,
comme on leverra par ce
qui
suit.Électrolyse
de l’eatc acidulée.3. Dans un
premier
grouped’expériences j’ai
déterminé lespolarisations
d’électrodes deplatine
dans l’eauacidulée, produites
par des courants de très faible densité
(3).
A cet
effet, j’ai employé
un voltamètre(4)
fermé par un bouchon de verre rodé danslequel
étaientniastiqués
les fils conducteurs des électrodes A et B et un filparasite
m2. Un tube soudé au bouchon(1) En 1875, M. Fuchs avait indiqué une méthode analogue pour la mesure de la polarisation individuelle de chacune des électrodes (Pogg. Annalen, t. CLVI,
p. 161).
(2) Cette formule suppose qu’il n’y a pas en A de résistance au passage de l’é- lectricité. S’il y avait une résistance p de cette espèce, on aurait
En réalité, il est rare qu’il y ait une résistance au passage appréciable. Quand
elle se produit, elle tient soit au dégagement d’un gaz, soit à la formation, à la
surface de l’électrode, d’une couche solide, mauvaise conductrice, qui en ternit vi- siblement l’éclat. Au reste, la marche même des différences de potentiel permet, le plus souvent, de distinguer cette résistance p de la-polarisation proprement dite.
Les expériences dont j’ai à rendre compte se rapportent, en général, à des cas ou’
la résistance au passage est négligeable.
(3) J’appelle densité du courant son intensité rapportée à l’unité de surface de l’électrode.
(4) Ce voltamètre a été construit par M. Alvergniat.
349
et muni d’un robinet de verre
permettait,
aubesoin,
de faire le vide dansl’appareil.
Les électrodes A et B avaient une surface utile de 10cq environ etplongeaient
dans de l’eau acidulée au dixième etrécemment bouillie. Le circuit
comprenait
unepile
de force élec- tromotriceégale
ou inférieure à 1d11 et une résistancemétallique
extérieure d’au moins 100 000 et
parfois
de 200000 ohms. Dansces
conditions,
l’intensité du courant est trèsfaible,
et le terme irde
l’équation (5)
absolumentnégligeable.
La différence depoten- tiel y qui
existe à un moment donné entre l’une des électrodes etFig. 2.
le fil m mesure donc la
polarisation p
de cette électrode à l’instantconsidéré.
Quelle
que soit la force électromotrice de lapile,
on constateque la valeur initiale
de p, pourl’une
ou l’autreélectrode,
est infé-rieure à toute limite
assignable.
Toutefois le mouvement du mer- cure dans l’électromètre est sirapide qu’on
nepeut
effectuer demesure sérieuse avant une minute
environ.,
et alors lapolarisation
a
déjà
une valeur notable. Elle augmente ensuite deplus
enplus
lentement et avec une vitesse différente à
chaque
électrode. Elleest
beaucoup plus. grande
à l’électrodepositive qu’à
l’électrodenégative.
Le tableau suivant se rapporte à uneexpérience
faite dansle vide et donnera une idée suffisante de la marche du
phénomène.
La résistance
métallique
extérieure était de 200 000 ohms.350
La
polarisation
atteint sa limite d’abord à l’électrodenégative,
où elle peut même finir par
décroître,
comme on le voit dans letableau : elle n’atteint que très lentement sa limite à l’électrode
positive.
Lerapport
des deuxpolarisations
a pour valeur maximum 5 environ dansl’expérience précédente ;
mais cerapport
varie dans des limites extrêmementlarges,
suivant les conditions del’expérience,
etpeut
descendrejusqu’à 2 ;
ildépend
non seulementde la densité finale du courant,
mais
encore de laprésence
ou del’absence d’air dissous dans le
liquide,
de l’état antérieur des élec- trodes(2),
etc. Je n’ai pas cherché à reconnaître les lois numé-riques
duphénomène :
leur détermination auraitexigé
desdispo-
sitions
expérimentales beaucoup plus compliquées (3).
En tout cas, on voit nettement, par des
expériences
de ce genre, que lapolarisation
des électrodes deplatine
n’est que le résultant du passage d’un courantqui
traverse d’abord le voltanièti-eavec la
pleine
intensité déternzinée par laforce
électrolnotrice(1) Zinc, sulfate de zinc, sulfate de cadmium, cadmium.
(2) Rougies au gaz et refroidies brusquement au sein du liquide, ou dépolarisées
sur place par la fermeture, prolongée pendant vingt-quatre heures au moins, d’une dérivation sans résistance par laquelle on les réunit. 31. Blondlot a observé
qu’elles présentent dans la première condition une capacité de polarisation trois
ou quatre fois plus grande, et je trouve que la polarisation est en effet plus lente
à s’établir dans le premier cas que dans le second.
(’) En particulier, dans l’expérience telle que je viens de la décrire, la densité
du courant, et par suite la polarisation, n’est pas la méme aux divers points d’une
même électrode.
351 et la résistance totale
enlplovvées,
euqui s’affaiblit progressivement
à mesure que les surfaces de contact du métal et du
liquide
sont taltérées par
l’électrolyse.
Achaque
valeur attribuée à la force élec-tromotrice et à la résistance totale
correspond
une valeur limite dela
polarisation,
et le courant permanentqui
s’établit estjustel11ent
suffisant pour la maintenir. Dans
l’expérience indiquée ci-dessus,
le courant permanent
produit
par 1dll est telqu’il
décom-poserait
0gr, oog d’eau en trois ans et demienviron ;
lapolarisation
totale n’est toutefois que les
o,83
de la force électromotrice exté-rieure, et le courant
représente
encore les 0,17 de celui que donne- rait lapile
dans la résistanceemployée
si lapolarisation
n’existaitpas (1).
J’insiste à dessein sur ces
faits,
bienqu’ils
fussent enpartie
connus avant mes recherches. Il
importait
de les mettre en lumièrepour bien établir la
signification
des mesuresdont je
vais maintenant rendrecompte.
4. Plusieurs
physiciens
inclinaient à attribuer auxliquides
deuxsortes de conductibilité :
l’une,
diteélectrolytique)
étaitinvoquée
pour
expliquer
le passage des courants intensesqui
mettent enliberté les
produits
del’éleelrolyse
sous leur formeordinaire;
l’autre, lnétallique)
àlaquelle
on attribuait le transport des faiblesquantités
d’électricitéqui
traversent unélectrolyte quand
la forceélectromotrice
employée
dans le circuit est insuffisante pouropérer
la
décomposition
normale. Ces deux sortes deconductibilité, superposées
dans les cas où l’on seplaçait
d’ordinaire pour mesurer la résistance desliquides,
devaient se trouverséparées
dans mesexpériences.
Il y avait donc un réel intérêt à mesurer la conducti- bilité de l’eau acidulée enemployant
des forces électromotrices trèsfaibles,
parexemple
celle de i élément zinc-cadmium.La méthode
électrométrique
de M.Lippmann permet d’opérer
cette mesure sans la moindre difficulté. Deux auges contenant de l’eau acidulée
renferment,
l’ une l’électrodepositive A(fig. 3), l’autre
(’ ) En admetant pour la capacité de mes électrodes de platine le nombre le plus fort trouvé par 31. Blondlot (o, i554 microfarads par millimètre carré, Journal de Physique, t. X, p. 444), le courant final produirait, en moins de i5s, la quantité d’électricité nécessaire pour charger les électrodes à la différence de potentiel de 0volt,8938 qu’elles présentent. C’est donc la diffusion, au sein du liquide, des pro- duits de l’électrolyse qui limite ici la polarisation.
352
1 électrode
négative B ;
ellescommuniquent
par unlong siphon capillaire C, également plein
d’eauacidulée,
et l’on mesure ladifférence de
potentiel
entre leliquide
des deux auges à l’aide des filsparasites
m et m ; on en déd uit la résistance dusiphon.
Le’
Fig. 3
tableau suivant donne les résultats de
quelques
mesures obtenuesavec un
siphon
deom, go
delongueur environ, plein
d’ea-ti aciduléeau -11,-).
353
Dans cette
expérience,
la force électromotrice a varié dans lerapport
de i à 3a et l’intensité du courant de 1 à237;
mais celle-ci est demeurée
toujours
assez faible pour que l’échauffement du filliquide
restât absolumentnégligeable;
sa résistance s’est aussi trouvée constante, àmoinsde 1 50 près,
pour lesplus
faibles intensités du courant, à moins de -1 150-
pour lesplus
fortes. C’estprécisément
la limite de
précision
que comporte, dans cesconditions, l’emploi
de l’électromètre. Dans d’autres
expériences
faites avec le mêmeliquide,
mais enemployant
dessiphons
moinsrésistants, j’ai
pu faire croître l’intensitéjusqu’à uamp ,0012.0, produire
à volonté oususpendre
ledégagement
de gaz àl’une desélectrodes,
enremplaçant
la
large
lame A par un gros fil ou inversement : lapolarisation
a seule
changé;
la résistance d’unemême
colonneliquide
esttoujours
demeurée invariable.Un
liquides
n’a doncqu’un
seule manière de conduire l’élec-tricité) quels
que soiej2t lesphénolnènes particuliers
dont lesélectrodes sont le
sic-g-e.
Les mots de conclllctibilitémétallique
et
électrolj-tique
doiventdisparaître
de la science.La
disposition
des deux auges et dusiplion
est très propre àmontrer que la
polarisation
des électrodespart
d’une valeur ini tialenulle,
comme on l’adéjà
établi ci-dessus. On peut en effetremplir
le
siphon
C d’unliquide plus
résistant que celui des auges, parexemple
d’une eau aciduléeplus
étendue ou même d’eauordinaire, qui
se maintient dans lesiphon
en vertu de sa faible densité et ne se diffusequ’avec
une lenteur extrême dans leliquide sous-jacent.
On introduit ainsi entre les deux électrodes une résistance
liquide
énorme,
et l’onpeut
obtenir ce résultatremarquable
que ladiflé-
354
rence de
potentiel
de lapile
se trouve presque entièrenzent entre lesfils parasites
nI et n, tandis que lapolarisation
en A et Best presque nulle.
L’expérience qui
suit a été faite ayec lesiphon
de
olll,go déjà elnployé
ci-dessus et de l’eau des fontainespubliques.
Électrolyse
desmélanges.
5. J’ai étudié au
point
de vue de laconductibilité,
et surtout despolarisations, l’électrolyse
de diversmélanges
dont l’un des élémentsétait
toujours
un sel de cuivre. Comme les courants devaient cettefois atteindre une densité très
considérable, j’ai
dûemployer,
danstoute sa
généralité,
la méthodeexposée
au n° 2.Le
liquide
étudié est contenu dans une cuverectangulaire,
auxdeux extr émi tés de
laquelle
se trouvent des électrodes A et B de mêmelargeur
que la cuve et vernies sur leur facepostérieure.
Deuxfils
parasites
m et j2, recouverts d’uneenveloppe isolante,
sauf àleur
extrémité, plongent
dans leliquide. Chaque
déterminationcomprend :
1° une série de mesures de la différence depotentiel
entre l’une des électrodes et le fil
parasite voisin;
2° une sériecorrespondante
de mesures de la diflérence depotentiel
ii°’ entreles deux fils
parasites :
ons’arrange
autant quepossible
pour que r’soit très voisin de
r’;
3° et 4° ledécapage
des électrodes et larépé-
tition des mesures
comprises
sous les n°S i et 2, en renversant lesens du courant dans le voltamètre de telle sorte que la lame A
qui
avait servi d’électrode
positive
devienne l’électrodenégative;
5° lacomparaison
de la résistanceliquide comprise
entre les fils para- sites à une résistancemétallique extérieure,
pour une série de va-leurs de l’intensité du courant.
On obtient en définitive une série de valeurs des
polarisations
355
p
et p’
des deuxélectrodes,
et des résistances d’une même colonnecylindrique
deliquide
pour une sériecorrespondante
de valeurs de la densité du courant.Voici)
à titred’exemple,
le tableaucomplet
d’uneexpérience,
relative à un
mélange
de deux dissolutions de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc purs, saturées àfroid;
laproportion
en volumesde la solution de sulfate de cuivre est
de 1
et laliqueur
contientpar litre environ
oéq,35
deCu O,
S03+ 5HO
et5éq,22
deZn O, S03 + 7HO,
évalués en grammes. Les électrodes de cuivre offrent chacune une surfaceimmergée
de37cq, 8;
les filsparasites
sont en cuivre et entourés de
gutta-percha,
sauf à leurextrémité,
tranchée récemment : leur distance est d’environ
0m,03,
ainsi que la distance de chacun des fils à l’électrode laplus
voisine. Lapile
est de 6él Bunsen. F
désigne
la différence depotentiel
entre lesfils,
V la différence de
potentiel
entre un fil et l’électrodevoisine,
R larésistance
métallique extérieure,
D la différence depotentiel
auxdeux extrémités d’une dérivation
égale
à 2ohms, p
etp’
lespolarisations
calculées de l’électrodepositive
et de l’électrodenégative,
d la densité du courant calculée enampères
par centi- mètre carré de surface del’électrode,
enfin ol la résistance ducylindre liquide compris
entre les filsparasites.
1 et 2. - É"lectrode positive.
356
3 et 4. - Électrode
négative.
Dans cette
expérience,
la résistance i-’ duliquide compris
entreles
plans
des deux filsparasites
est à peuprès rigoureusement égale
à la résistance r, de sorte que les
polarisations p
etp’
s’obtiennent parsimple
différence des valeurs de V et de F. On voit que, pour des densités de courantcomprises
entre0amp,000585 etoamp,001263,
la
polarisation p
de l’électrodepositive
conserve une valeur con-stante de
0volt,0088,
tandis que lapolarisation p’
de l’électrodenégative
subit dans le même intervalle une variaLion énorme. Pourune densité de courant de
0amp,000289,
elle estdéjà
de0volt,0206,
croît ensuite lentement avec la densité du courant et conserve
pour
chaque
intensité une valeur sensiblement constantequand
onpralongel’action du courant; mais, pour
une densitéde 0amp,000858,
un
phénomène
nomveau seproduit;
lapolarisation
augmente avec letemps,
d’abord trèslentelnent, puis
d’une manière deplus
enplus rapide,
et passe ainsi d’une valeur voisine de0volt,04
à0volt,6494;
357
en même temps, on observe que le
dépôt métallique
et brillant decuivre pur, que l’on avait obtenu
jusque-là,
estremplacé
par undépôt rougeâtre
et nonadhérent;
à mesurequ’il
seproduit,
lapolarisation
augmente, et ledépôt
envahit l’électrode avec unerapidité
croissante.Enfin,
si l’on augmente encore la densité du courant, ledépôt
passe peu à peu du rouge aunoir,
tandis que lapolarisation
augmente d’une manièrecontinue,
et, pour une inten- si tésuffisante,
ledépôt acquiert
de nouveau une certaineadhérence ;
il est alors d’un
gris noirâtre,
très riche enzinc,
etrappelle
par son aspect lesdépôts
de zinc obtenus dans le sulfate de zincimpur
ducommerce.
Quant à
la conductibilité ditliquide)
elle est del1leuréeinvariable) malgré
la variété des réactionsélectrolytiques
donttémoignent
à la fois l’étude despolarisations et l’aspect
dudépôt.
Les circonstances de
l’électrolyse
dumélange particulier
desulfate de cuivre et de sulfate de zinc que nous venons d’étudier
se
reproduisent
pour tous les autresmélanges
de la mêmeespèce;
on observe seulement que le
dépôt
rougeaccompagnant
l’accroisse-ment
rapide
de lapolarisation
seproduit
pour unedensité p
ducourant d’autant
plus
faible que laliqueur
estpl us
riche en sulfatede zinc.
On remarquera d’ailleurs que la résistance
spécifique
duliquide (proportionnelle
àr’)
passe par un minimum pour une certainecomposition
dumélange :
elle est donctoujours
inférieure à la résistance de la dissolution saturée de l’un des deuxsels,
et ccfortiori
à celle du même selpris
à l’état de dilution où il se trouvedans la
liqueur.
Les molécules des deux selsmêlés prennent
doncpart ait
transport
del’électricité)
alors mêmequ’un
sezcl desdeux métaux se
dépose
cc l’électrodeiîé-ative.
6. Cherchons à
reconnaître,
au moins d’une manièregénérale,
358
les causes
qui
limitent lapolarisation
à une valeur déterminée pourchaque
densité du courant. Soit d’abord un courant très faibletraver san t un
mélange
de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc.Puisque
le cuivre sedépose seul,
laliqueur s’appauvrit
en cuivreau
voisinage
de 1"électrodenégative,
tandisqu’elle
s’enrichit aupôle positif :
d’autrepart,
la diffusion entre couches différemment concentrées d’un mémeliquide
tend à rétablirl’équilibre
et limitel’altération du
liquide
autour des électrodes.Il en résulte que les forces électromotrices de contact du cuivre
et du
liquide
ne se fontplus équilibre
aux deuxélectr odes ;
levoltamètre devient un
couple analogue
aucouple cuivre,
sulfatede
cuivre,
sulfate dezinc,
cuivre d’autantplus énergique
etplus
voisin du
couple
formé avec les solutionsséparées
que la densité du courant estplus
considérable.Or,
dans cecouple,
dontj’ai
trouvé la force électromotrice
égale
àoVJlt,086,
c’est le cuivreplongé
dans le sulfate de cuivre
qui
est à l’extérieur lepôle positif;
laforce électromotrice
engendrée
est donc de sens contraire aucourant
qui
traverse levoltamètre;
elle suffit àexpliquer
lespolarisations produites
pour lesplus
faibles densités de courant.Ainsi,
dansl’expérience
de la page355,
la somme p -T-1/
despolari-
sations observées avant
laproduction
dudépôt
rouge n’a pasdépassé oYOlt,05, quantité
notablement inférieure àoYJlt,086.
Imaginons
maintenant que le courantacquiert
une densité telle que la diffusion ne suffitplus
à amener à l’électrode autant de cuivrequ’il
devrait normalement s’endéposer :
la loi deFaraday exige
que le déficit soit comblé par ledépôt
d’unequantité
de zincéquivalente.
Aussitôt la force électromotrice de contact de l’élec- trodenégative
et duliquide -prend
une v al eu r intermédiaire à cellequi correspondrait
à une lame de zinc pur et à une lame de cuivrepur
plongées
dans le mêmeliquide.
Celles-ci sont très différentes : lapolarisation
doit donc subir l’accroissementrapide
que nousavons
constaté,
etqui,
dansl’expérience
de la page355,
seprodui-
sait pour une densité de courant
égale
à oan’p, 000858. Au reste, unenouvelle cause intervient aussitôt pour limiter la
polarisation.
Eneffet,
le cuivre et lezinc, déposés
simultanément surl’électrode,
constituent une série de
couples
locaux danslesquels
le zinc estl’élément
attaquable ;
ce métal se redissout enprécipitant
une quan-tité de cuivre
équivalente,
et la chaleurcorrespondante
sedégage
359
tout entière dans le circuit des
couples locaux,
c’est-à-dire à la surface mésne, de l’électrode. L’intensité de ces courantsparasites
limite la
quantité
de zinc réellementdéposée,
et l’altération corres-pondante
de l’électrode. Lapolarisation
croît donc lentemen avecl’intensité du courant
principal
et tend vers une limite auplus égale
à la force électromotrice ducouple cuivre,
sulfate decuivre,
sulfate de
zinc, zinc,
c’est-à-dire à celle de I élément Daniell. Enfait,
dansl’expérienc2
de la page355,
lapolarisation
maximum n’a pasdépassé
1volt, 12.
La
diffusion
à l’intérieur duliquide,
les courants locauxà la
surface
del’électiode, expliquent
donc cl’une manièresatisfaisante
la limitation de lapolarisation
pour toittes lesdensités dit courant.
7. L’existence des courants locaux que
je
viensd’invoquer
estjustifiée
par desexpériences
d’une autreespèce.
Dans mes recherchessur le
phénomène
de Peltier et la contraction desdépôts électroly- tiques (t), j’avais fait,
sur le cas desmélanges,
d’assez nombreuses observations dontj’extrairai
seulementquelques
résultats relatifsaux
mélanges
de sulfate de cuivre et de zinc.i° La contraction des
dépôts métalliques
decuiire,
pour uncourant de densité
déterminée,
estaugmentée
par laprésence
dusulfate de zinc.
2° Le
phénomène thermique
demeure normal à l’électrodepositive,
mais on nepeut
observer le refroidissement de l’électrodenégative
que pour des courants d’intensité très faible. Lephéno-
mène de
Peltier,
normalementsuperposé
audégagement
de chaleurqui
résulte de la résistance duliquide,
estprofondément
troublépar un
dégagement
de chaleurparasite qui apparaît
pour une densité de courant médiocre et augmente ensuiterapidement.
Le
dégagen1ent
de chaleur constaté à l’aide du thermomètre électrode est celuiqui correspond
aux courants locaux :quant a
l’accroissement de la contraction du
dépôt métallique,
c’est unenouvelle preuve à
ajouter
à cellesque j’ai
données ailleurs(2)
cle(1) Journal cle Physique, Ire série, t. VIII, p. 259 et 341; t. IX, p. 229 et 306;
t. X, p. 241.
(2) Journal de Physique, Ire série, t. X, p. 21 I.
360
la corrélation étroite des
phénomènes calorifiques
etmécaniques
dans
l’électrolyse.
8. Les circonstances
complexes
que vient de nous offrir l’étude desmélanges
de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc se retrouventdans tous les cas que
j’ai
examinés. Laplus simple
en apparence de toutes lesélectrolyse,
celle du sulfate de cuiBre pur, effectuéeentre des électrodes de
cuivre,
n’est pas exemp te decomlpli cati ons :
ce
liquide
secomporte
comme unmélange
de sulfate de cuivreet d’eau acidulée ou sulfate
d’hydrogène.
On sait que le sulfate de cuivre pur du commerce contient presquetoujours
un excèsd’acide ; mais,
n’en contiendrait-il pas,qu’il
ne tarderait pas àdevenir acide par
l’électrolyse,
car laquantité
de cuivre redissouteau
pôle positif
n’estjamais
tout à faitégale
à laquantité précipitée
à l’autre
pôle,
à moinsqu’on
ne maintienne artificielleineiit la neutralité de laliqueur (t );
l’acide rendu libre sediffuse,
atteintl’électrode
négative,
et l’on est ramené au casprécédent.
Dans le
mélange
de sulfate de cuivre et d’eauacidulée, l’hydro- gène j oue
le rôle que nous avons attribué au zinc dans lesexpériences précédentes.
Pour lesplus
faibles densités de courant, le cuivre seul sedépose,
mais pour une densitésuffisante,
d’autantplus
faible que la
liqueur
estplus
acide[elle
est relativement très considérable dans le cas du sulfate de cuivre pur(2)] ,
audépôt
brillant de cuivre succède un
dépôt
rouged’aspect
et depropriétés physiques variés,
mais contenanttoujours
une certaineproportion d’oxyde.
Le cuivrepolarisé
parFhvdrogène
forme avec le cuivrepur des
couples
locaux danslesquels
le cuivre est l’élément atta-quable ;
ils’oxyde,
mais ne se redissoutque partiellement
dans(1 ) D’ALMEIDA, -Annales de Claim2ie et de Physique, 3e série, t. II, p. 2.)7.
(2) Dans l’électrolyse du sulfate de cuivre pur très concentré, le dépôt brun s’est produit pour une densité de 0amp, 047; mais, comme il est très mauvais con-
ducteur et excessivement adhèrent, la densité du courant produit par 6 élément Bunsen est tombée en quelques minutes à une valeur près de six fois plus faible;
eu égard à la résistance connue du circuit et en admcttant arbitrairement une
valeur de ’ volt pour la force électromotrice de polarisation, j’ai trouvé que la
résistance du dépôt était alors de 82 ohms. Dans des liqueurs plus étendues le dé- pôt est boueux, sans adhérence, et sa résistance devient tout à fait négligeable.
C’est à ce dernier cas que se rapportent les mesures de force électromotrice de polarisation que je publie.
361
l’acide
sulfurique.
Ledégagement
de chaleur dû auxcouples
locauxa été constaté à l’aide de thermomètres électrodes
(1 ).
Il ne reste
qu’à
fixer la valeur limite de lapolarisation. L’expé-
rience a fourni à cet
égard
des nombres variables suivant la propor- tion d’acide libre et la dilution de laliqueur;
ils oscillent autourde 1- 3
de volt etparfois atteignent ’
volt. Si le cuivreoxydé
par lescourants locaux se dissolvait entièrement dans l’acide
sulfurique,
la
polarisation
devrait atteindre auplus 0volt, 280,
mais cette valeurdoit être
augmentée
pour tenir compte del’oxyde
librequi
restemêlé au
dépôt.
Dans le cas où iln’y
auraitpoint d’oxyde rcdissous,
la
polarisation
maximum serait0 volt ,690
environ. Les nombresfournis par l’observation sont
justement
intermédiaires à ces deux, limites.
9. Dans cette
électrolyse,
comme dans laprécédente,
nous vOyOnsque la
nëczetionélectrolytique qui se produit pour
lesplusfaibles
densités de courant absorbe
toujozcrs
moins de clzcclezcr que cellequi
lui succède pour des densitésplus fortes.
Cette extension aucas des
mélanges
de la belle loi énoncée par M. Berthelot(2)
pour le cas del’électrolyse
d’un selunique
est confirmée par l’étude detous les cas
particuliers.
Parexemple,
le tableau suivant résume mesobservations sur un
mélange
de9 10
en volume d’une solution de sulfate de soude et dej’-6
d’une solution de sulfate decuivre,
toutesdeux pures et saturées à froid. La
polarisation
à l’électrodepositive
est si faible
qu’on peut
lanégliger.
Jedésigne toujours
parp’
lapolarisation
de l’électrodenégative
et par cl la densité du couranten
ampères
par centimètre carré.(1) J’ai aussi constaté que, dans certaines limites, l’addition d’acide libre au
sulfate de cuivre développe la contraction du dépôt. Le phénomène mécanique et le phénomène calorifique sont encore corrélatifs.
(2) Voir Journal de PhJ/sique, 26 série, t. 1, p. i à 20.
362
Le
dépôt
brund’oxyde apparaît
dès que lapolarisation dépasse 0volt,280;
lapolarisation
augmente trèsrapidement d’abord, puis lentement,
et sa limite est à peuprès
le nombre(1volt,424) qui correspond
à ladécomposition
du sulfate de soude entre des élec- trodes de cuivre(’ ).
En somme, le sulfate decuivre,
dont la décom-position
entre des électrodes de cuivre ne consommethéoriquement
aucune
énergie,
sedécompose
d’abordseul; puis apparaît
ladécomposition
de l’eau acidulée(0volt,280),
enfin celle du sulfate de soude(1volt,424). Quant
à la conductibilité cluinélatig-e,
elleclenlellre
palfaitenzent invariable) nlalg7’é
la variabilité des réactionsélectrolytiques.
10. Mes
expériences
n’ontguère porté
que sur lesmélanges
dont un sel de cuivre
(sulfate
ouazotate)
faitpartie (2),
mais onpeut,
avec unegrande probabilité,
étendre leurs résultats à tousles cas. Je m’attacherai seulement à la
généralisation
de la loi deM.
Bertheloty
relative auxquantités
de chaleur.On
peut
résumer ce que l’on savaitjusqu’ici
del’électrolyse
desmélanges
par l’observationsuivante, empruntée
à Wiedemann(3 ).
(1) L/électrolyse élant ici accompagnée d’un dégagement de gaz, la polarisation
se complique d’une résistance au passage, d’ailleurs assez faible, mais dont il fau-
drait défalquer l’effet.
(2) Sulfate de cuivre seul ou avec eau acidulée, sulfate de zinc, sulfate de soude (entre des électrodes de cuivre); nitrate de cuivre seul ou avec nitrate de zinc (entre des électrodes de cuivre); nitrate de cuivre avec nitrate d argent, (entre de, électrodes d’argent).
(3) G. WIEDEMANN, Galvanismus, t. I, p. 563 de la 2e édition.